48. couleur & couture, la couleur des créateurs

couleur haute couture … ou la couleur des créateurs ... vu de l’atelier

&

l’inspiration Notre époque conserve de la palette d’un couturier le souvenir d’une couleur devenue emblématique, couleur qu’il a choisie et aimée en fonction de sa sensibilité acérée et expérimentée. La postérité retient, dans l’histoire de la mode, la rencontre entre un génie créatif et une qualité chromatique typique de ses collections.

La couleur finit par être associée au créateur, à force d’être récurrente dans ses collections et omniprésente dans ses défilés.

Le souvenir qu’un grand couturier laisse est souvent celui d’une couleur qu’il aime à utiliser, presque comme un leitmotiv, une signature. Celle-ci finit par entrer dans une palette culturelle, un répertoire de couleurs partagées. L’œil a donc mémorisé un registre de couleurs clairement attribué à un couturier, souvent en souvenir d’une collection mythique ou d’un défilé remarquable. Pour chacune des couleurs de cet imaginaire collectif, A3DC dresse son inventaire sensible des couleurs de couturiers. La question qu’explore le livret couleur & haute couture est de savoir laquelle… La base de travail, son étalon indiscutable et méthodologique est le portrait, témoin indestructible où le couturier s’est mis en scène dans la couleur qu’il affectionne ou dans la représentation qu’il a voulu donner de lui, dans sa volonté de transmission d’un message visuel intact, destiné à traverser le temps.

l’aspiration Mission passionnante que celle du coloriste, pour retrouver et ranimer un savoir collectif, lui donner forme et couleur, celui des couleurs attribuées à un créateur, parce qu’elle lui est ou lui fut une teinte de prédilection ou d’usage constant dans ses collections. En savoir plus sur le blanc Courrèges, le vert Carven ou le bleu Lanvin, et parler couleur en connaissance de cause, grâce à un vocabulaire établi selon l’histoire de la maison de couture…

Chaque page de ce cahier présente l’étalon d’une couleur attribuée à un des grands couturiers retenu dans ce Panthéon de la mode, telle qu’A3DC l’ a retrouvée, la conçoit et la mémorise, avec la référence à son portrait qui semble être un bon passage de témoin. Du temps suspendu, un voyage dans le monde de la mode et de la haute couture, comme un bain bouillonnant de culture… à la recherche de la palette des plus grands couturiers de l’histoire de la mode.

blanc Courrèges, gris Dior, gris Paquin Paquin, grey Flannel, métal Rabanne, bleu Lanvin,

primaires Castelbajac Touche-à-tout hétéroclite, Jean-Charles de Castelbajac, né en 1949 à Casablanca, est aussi bien costumier que designer, créateur de mode, auteur, dessinateur, collectionneur, illustrateur. Il est un authentique amoureux de la couleur libre dont il a un usage un peu fou, ludique, humoristique.

Son univers coloré s’exprime dans des dessins, rehaussés des quatre couleurs primaires de l’enfance, jaune, vert, rouge, bleu.

Toutes ses références viennent du pop’art, de la bande dessinée, du monde de l’art ou de l’enfance, dans des ambiances très colorées qu’il mettra en scène une fois dans les années 2000, pour la haute couture. Quittant les plateaux de mode, il privilégie désormais la scène, les artistes, les événements médiatiques et les installations éphémères et spectaculaires.

Excellent communicant, homme de plateaux de TV et de média, Castelbajac aime à être reconnu à travers une large palette de projets et de créativité dont les couleurs lui assurent à la fois une visibilité et une immédiate attribution à un monde reconnaissable entre tous.

bleu Montana, bleu Brummell, bleu Patou, bleu Mugler, bleu Gaultier, rose Poiret,

blanc Courrèges André Courrèges, né en 1923, révolutionne la mode féminine de la fin du XXe siècle.Architecte de formation, Courrèges dessine des créations géométriques,épurées et conçues pour le confort de la femme nouvelle, libre, sportive et heureuse.

Considéré aujourd’hui comme l’inventeur de la mode futuriste des années 60, il supprime de ses collections toutes les pièces contraignantes du vestiaire féminin et y ajoute combi-shorts, manteaux courts, bottes hautes, tailleurs à larges poches, pantacourts. Couronnement de sa vision de la mode, Courrèges fait entrer la mini-jupe dans la haute couture. Son travail est celui d’un visionnaire, adaptant des vêtements à l’évolution des mœurs, dans un univers radical, personnel où la femme adhère à un mode vie au lieu d’acheter simplement de la mode. Surnommé Le Corbusier de la couture, il laissera le souvenir impérissable de sa petite robe blanche et l’empreinte de sa couleur fétiche, un blanc immaculé, plastique, artificiel, brillant. Plus rien ne sera plus comme avant.Yves SaintLaurent parlera de bombe dans le paysage des collections, marquant ainsi des générations de créateurs, Thierry Mugler ou Jill Sander.

rose Yves-Saint-Laurent, rose Schiaparelli, rose Dior, rose Lacroix, rose Bertin, rose Polignac,

noir Rykiel Sonia Fils est née en 1930 à Paris où elle mourra en 2016, après une vie d’invention et de reconnaissance de son talent de découvreuse.

Surnommée la reine du tricot pour son amour de la maille qui moule le corps des femmes, elle inventera la démode, la couture à l’envers, l’abandon des ourlets et des doublures. Une liberté qu’elle revendiquera dans un usage exclusif du noir et de la rayure de couleur. Son talent s’exprimera dans le pull-over, le vêtement emblématique de Rykiel quand Audrey Hepburn fera la une de Elle en 1960. Elle brode des slogans révolutionnaires sur ses tricots en 1968, ses créations dans l’air du temps, impertinents et humoristiques, sont associées à l’image de la parisienne, féminine, libre, sensuelle et indépendante. La consécration arrive lors de la rétrospective de son travail au Musée des Arts décoratifs de Paris en 2009, sa griffe, sa mode, ses collections,ses parfums et ses accessoires arborant tous les couleurs emblématiques de la créatrice, lors de l’exposition “Sonia Rykiel, Exhibition“.

orange Lacroix, orange Hermès, rouge Cardin, rouge Valentino, vert Versace, vert Carven,

jaune Fendi Marque historique italienne créée par les époux Fendi en 1925, la réputation de la maison de luxe romaine repose essentiellement sur son offre de maroquinerie, de chaussures et de fourrures. Les cinq filles d’Adele et Eduardo font appel à Karl Lagerfeld en 1965 comme directeur artistique de la marque, pour une première collection couture en 1977. Celui qu’on surnomme le sixième fils redessine le logo de la maison, deux F imbriqués sur un fond jaune. Entre classicisme et modernité, élégance et glamour, la griffe est devenue un véritable empire de la mode et de l’art de vivre à l’italienne. Son jaune chic et pétillant ponctue ses collections. Le jaune Fendi est si caractéristique qu’il est destiné à devenir aussi célèbre que l’orange Hermès. Une couleur aussi fraîche qu’un bouton d’or,parfois nommée jaune or ou impérial.

La marque romaine n’a pas fini de poursuivre son ascension, avec ce jaune vibrant, solaire et dandy.

jaune Fendi, noir Chanel, noir Rykiel, noir Alaïa, grège Armani, beige Gucci, camel Burberry,

orange Hermès Hermès, c’est le nom de la dynastie familiale à la tête de l’entreprise depuis 1837. Au départ, l’orange d’Hermès est presque une erreur, faute de mieux. Il est né d’un manque, tant il est bien connu que l’invention est fille de la nécessité. Du fait de la pénurie de colorants sous l’Occupation, les boîtes seront orange, parce qu’il n’y a pas d’autre choix que ce papier un peu décoloré.

Durant la période de reconstruction, la renaissance d’Hermès prendra la couleur de l’aurore. L’orange fané de la période de guerre prendra des couleurs, s’affermira, se tonifiera vers un orange devenu celui d’une élégance statutaire de référence.Alors que la marque et l’entreprise Hermès contrôlent tout minutieusement, une partie de la légende est donc due au hasard de la vie. Hermès, fils de Zeus, s’il donne aux hommes l’écriture, leur donne aussi la danse et l’étincelle. Un dieu paradoxal, chargé de savoirs cachés et de mystère, dieu d’un univers agité pour une marque incroyablement discrète et calme. Comme un ça bouillonnant derrière le surmoi lisse et raffiné des carrés et des sacs Kelly.

primaires Castelbajac, blanc Courrèges, gris Dior, gris Paquin, grey Flannel, mÊtal Rabanne,

rouge Cardin Né en 1922 de parents italiens exilés en France, Pierre Cardin fait ses classes après la guerre chez Jeanne Paquin, travaille un temps chez Schiaparelli, devient premier tailleur chez Dior dès 1946, pour ouvrir sa propre maison de costumes de scène en 1950. Sa première collection de prêt-àporter voit le jour en 1953 et exprime déjà son désir de renouveau et d’inventivité. De la robe bulle au costume Mao, de la mode cosmonaute à la mode unisexe, de la chasuble à découpe hublot à la robe moulée en fibres synthétiques.

Pierre Cardin témoigne d’un appétit féroce pour l’expérimentation. Ses formes construisent des silhouettes géométriques à base de ronds et de triangles, et de couleurs primaires : cercles rouge pomme, carrés vert granny. Les volumes géométriques et sculpturaux imposent au corps de s’y adapter. La silhouette de ses mannequins évolue, toujours plus longiligne, sportive, enjouée. Il s’éprend de la culture japonaise en 1957, redessine et épure encore ses lignes, crée les costumes de scène des Beatles, habille John Steed de Chapeau melon et bottes de cuir. Sa consécration est partout. Couturier visionnaire, il est aujourd’hui considéré, avec André Courrèges et Paco Rabanne, comme l’inventeur de la mode futuriste des années 60.

bleu Lanvin, bleu Montana, bleu Brummell, bleu Patou, bleu Mugler, bleu Gaultier, rose Poiret,

rouge Valentino Né en 1932 à Voghera,Valentino Garavani, étudie à l’Institut de la Mode de Milan et, son diplôme en poche, s’envole à 20 ans pour Paris, capitale de la mode. Une expérience chez Guy Laroche plus tard,en 1959,il ouvre sa première boutique en solo à Rome. Le premier défilé Valentino à Florence en 1962 est triomphal : le monde de la mode découvre un couturier ambitieux et passionné, au savoir-faire irréprochable, possédant un sens du style proche de la perfection. La légende Valentino est lancée. Le gotha des célébrités, d’Audrey Hepburn, Elisabeth Taylor à Jacky Kennedy en feront l’égérie d’un luxe décomplexé et sensuel. L’élégance de Valentino se signe d’une couleur emblématique, un rouge italien plein d’allure. Les succès s’enchaînent. Valentino dessine les vêtements des Jeux Olympiques de Los Angeles, reçoit l’insigne de Cavaliere di Gran Croce, défile à Hollywood, présente en 1989 à Paris sa première collection haute couture. L’histoire s’arrête en 2007, avec l’ultime collection à Paris où 30 mannequins défilent, tous habillés du célébrissime rouge Valentino.

rose Yves-Saint-Laurent, rose Schiaparelli, rose Dior, rose Lacroix, rose Bertin, rose Polignac,

rose Schiaparelli Aristocrate italienne née en 1890, Elsa est la fille de l’égyptologue Ernesto Schiaparelli. En 1927, elle ouvre à Paris Pour le Sport, son premier magasin. Elle y crée des pulls avec de grands nœuds en trompe-l’œil qui font ses premiers succès. Fantasque, excentrique, pleine de fantaisie, elle collabore au cours des années 30 avec les artistes surréalistes, Jean Cocteau, Alberto Giacometti.A l’instar de Salvator Dali qui invente pour elle un tissu à décor de homard, les artistes vont lui créer objets, décors et accessoires.

Arletty compte parmi ses clientes. Elle introduit dans l’esthétique vestimentaire de l’époque la dimension symbolique et le détournement de fonction, en transformant un escarpin en chapeau.

En 1936, elle lance le parfum Shocking dont le flacon de torse de femme, moulé sur Mae West, fait scandale. Elle réalise des costumes pour le cinéma, embauche Hubert de Givenchy, jeune modéliste, développe les licences de fabrication.

Elle meurt ruinée en 1973 à Paris, après une vie pleine de créativité. Le rose Shocking, son rose mythique, passe à la postérité, un rose fuchsia pétard, exubérant, éclatant, plein de fantaisie, de puissance et de personnalité.

orange Lacroix, orange Hermès, rouge Cardin, rouge Valentino, vert Versace, vert Carven,

bleu Mugler Manfred Thierry Mugler est né à Strasbourg en 1948. Il est styliste, grand couturier, créateur de vêtements et de parfums, metteur en scène et photographe. En 1973, il crée sa première collection citadine et sophistiquée, défendant l’image d’une femme idéalisée, sexy, coquette, aguichante. Cette hyperféminité sera sa marque de fabrique, avec des silhouettes épurées et glamour, conçues pour des “superwomen“.

Membre invité de la haute couture,Il fait partie des créateurs des années 1990 qui hissent la mode au rang d’art visuel. Ses créations égalent ses défilés de mode, conçus comme des spectacles à part entière. Lassé de la mode, il lance en 1992 Angel à son nom, un flacon taillé en forme d’étoile, l’une des meilleures ventes de parfums en France.

Aucune couleur ne va mieux à Mugler que ce bleu profond de la nuit qui lui appartient et qu’il connaît si bien. La couleur de la fête, du spectacle devient générique et le bleu Mugler rentre dans l’alphabet des couleurs de mode. Depuis le début des années 2000, Mugler s’est définitivement tourné vers les arts de la scène et vers la mise en scène d’autres stars de son firmament.

jaune Fendi, noir Chanel, noir Rykiel, noir Alaïa, grège Armani, beige Gucci, camel Burberry,

bleu Gaultier Figure majeure de la vague des jeunes créateurs dans les années 80, Jean-Paul Gaultier est né à Bagneux en 1952. Ses expériences chez Pierre Cardin, Jean Patou ou Jacques Esterel lui valent de maîtriser magnifiquement la coupe et les classiques du métier. Une passion des couleurs trop violentes le recale d’être embauché par Yves Saint-Laurent mais une passion de la mode unisexe anime les deux créateurs.

Plus sage, la marinière de matelot qui revisite avec humour l’imagerie gay du marin est présente dès sa première collection emblématique en 1983, Toy Boy. La marinière devient robe du soir dans sa première collection haute couture en 1997 puis habille avec humour un éclair de la maison Paul pour fêter l’exposition Jean Paul Gaultier à Londres en 2014. Ses parfums reprennent ce code graphique de la rayure bleue, sous forme de bandes de verre dépoli. La rayure marinière est la signature de l’enfant terrible de la couture, un génie qui aime à casser les codes, couper les ponts, scier les barreaux et sortir des carcans, pour mieux en jouer avec ses corsets qui resteront mythiques d’un visionnaire de la mode.

primaires Castelbajac, blanc Courrèges, gris Dior, gris Paquin, grey Flannel, mÊtal Rabanne,

bleu Lanvin Jeanne Lanvin commence à 13 ans, comme garnisseuse de chapeaux, une carrière qui l’amènera à monter sa propre maison de haute couture à la fin du XIXe siècle. Née en 1867, elle révèle vite un talent particulier pour le dessin de robes qu’elle sublime par la couleur, une dimension qu’elle adore : vert Velasquez, rose Polignac, bleu Lanvin sont ses couleurs fétiches et de grands classiques de la maison. Pour conserver l’exclusivité de ses couleurs, elle fonde ses propres ateliers de teinture à Nanterre en 1923. Ses vêtements sont caractérisés par une élégance typiquement française. Jeanne ouvrira un département Lanvin Décoration en 24, une collection pour homme en 26, et un parfum-maison, Arpège. Grande rivale de Coco Chanel, Jeanne Lanvin est novatrice dans la technique de la coupe, le dépouillement des accessoires. Ses créations dépassent celles de Chanel “en succès critique et en renommée“, jusqu’en 1925. Jeanne Lanvin meurt en 1946, sa maison, gérée un temps par Claude Montana, est rachetée par Vuitton puis l’Oréal avant d’être vendue pour des licences et des parfums en tax-free shops…

bleu Lanvin, bleu Montana, bleu Brummell, bleu Patou, bleu Mugler, bleu Gaultier, rose Poiret,

vert Carven Carmen de Tommaso ouvre sur le rond-point des Champs-Élysées, Carven, sa maison française de prêt-à-porter en mai 1945, à Paris, capitale de la mode. La première collection présente une petite robe en coton blanc rayée de vert, “ma griffe“ qui deviendra emblématique d’un succès mondial. Madame Carven dessine des silhouettes espiègles, des petites robes pimpantes exultant la joie de vivre de l’après-guerre. Le monde raffole de ces tailleurs faciles à porter, les rayures, le vichy rose et cette note de fraicheur et d’insouciance.

Le vert Carven sera repris dès 1946 pour le parfum “ma griffe“, décliné du succès de la fameuse robe d’été. Suivront des lignes de maillots de bain, des collections Carven Junior, des parfums masculins…

La maison Carven bénéficiera du droit à l’appellation haute couture jusqu’en 1996 avant un dernier défilé commémoratif des 50 ans de la marque, en présence de la fondatrice, au Palais Galliéra. La marque Carven en déclin depuis vise à devenir désormais un label de prêtà-porter féminin abordable.

rose Yves-Saint-Laurent, rose Schiaparelli, rose Dior, rose Lacroix, rose Bertin, rose Polignac,

noir Chanel Née en 1883, Gabrielle Chanel est tout d’abord chapelière et modiste, avant de devenir créatrice de mode et grande couturière. Elle ouvre en 1910 sa première boutique à Paris, Chanel Modes, au 21 de la rue Cambon, l’embryon de la maison Chanel, symbole de l’élégance française. Suivront une boutique à Deauville, puis à Biarritz, deux stations balnéaires où la société fortunée s’est repliée pendant la guerre. Elle habite en 1919 sur les hauteurs de Garches une villa au “crépi beige et aux volets noirs“, couleurs qui scandalisaient ses voisins et devinrent ses couleurs fétiches en décoration. En 1926, Gabrielle créé sa petite robe noire, une couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil, un fourreau droit sans col, à la mode “garçonne“ effaçant les formes du corps féminin. Elle prône pour les femmes les corps maigres, les cheveux courts, la simplicité, récupère les éléments du vestiaire masculin pour une mode féministe qui sera conquérante jusqu’à mai 68. Elle déteste la mini-jupe et le jeans, crachera sur le nouveau féminisme militant, mourra seule et aigrie. Le côté obscur de Coco…

orange Lacroix, orange Hermès, rouge Cardin, rouge Valentino, vert Versace, vert Carven,

gris Dior Christian Dior, né en 1905, fonde sa maison de couture en 1946, rue Montaigne, avec le soutien de Marcel Boussac, l’industriel du textile. Des années de stylisme et de création auprès de grands couturiers de l’époque (Robert Piguet, Lucien Lelong) vont le conduire à révolutionner la mode d’après-guerre. La silhouette qu’il propose avec son premier défilé de hautecouture est d’une conception inédite : taille cintrée, poitrine haute, épaules étroites et une longueur de jupe caractéristique. Le succès immédiat du New Look l’entraîne dès 1947 aux États-Unis. Une politique novatrice de franchise, de dépôt de marque, de relations publiques auprès des stars de cinéma le font accéder à la gloire internationale.Times Magazine lui consacre sa première Une dédiée à un couturier français. Il aura dans son équipe les jeunes talents à venir de la couture, Pierre Cardin et Yves Saint-Laurent, entre autres.Amoureux du chic intemporel, Dior et sa vision de la beauté classique s’expriment le mieux dans le gris indémodable. «Tout se marie avec le gris, c’est donc la couleur recommandée pour les accessoires» disait Dior. Un gris qui lui colle à la peau et signe l’esprit d’un grand découvreur de la modernité et de l’élégance de la femme intemporelle.

jaune Fendi, noir Chanel, noir Rykiel, noir Alaïa, grège Armani, beige Gucci, camel Burberry,

métal Rabanne Francisco Rabaneda y Cuervo naît en 1934 au pays basque espagnol, célèbre comme couturier espagnol sous le nom de Paco Rabanne. Sa mère, première main chez Cristobal Balenciaga, fuit l’Espagne franquiste en 1939. De 1951 à 63, Paco fait des études d’architecture aux Beaux-Arts, puis produit des “pacotilles“, ses accessoires de mode et des bijoux en rhodoïd. En 1956, il présente sa première collection de 12 robes importables en matériaux contemporains. Sa formation le rattrape, ses créations de cuir riveté, aluminium, plastique tiennent plus à l’architecture qu’à la couture. A partir de 1967, il innove avec des robes en papier, cuir fluorescent, métal martelé, jersey d’aluminium, fourrure tricotée, robes en plaques d’or incrustées de diamant, vêtements moulés sur le corps. Le succès le pousse à d’autres expérimentations : mailles métalliques, tissus luminescents, papiers métallisés, daim tressé de métal. Son travail se passionne pour la lumière et ses reflets : fibre optique, laser, plexiglas, miroir, cottes de maille.

L’homme fait définitivement entrer le métal comme matière à création dans la couture. Son image reste à jamais le reflet de sa parfumerie, tous les flacons ayant un lien avec l’or, l’argent, la couleur métallisée, la lumière et son clinquant.

primaires Castelbajac, blanc Courrèges, gris Dior, gris Paquin, grey Flannel, mÊtal Rabanne...

grège Armani La maison Giorgio Armani est fondée en 1975 à Milan pour lancer une première ligne pour femme. Sobre et élégant à la fois, le style proposé par Giorgio Armani se veut minimaliste et discret, ancré dans la vie quotidienne. Le couturier choisit des coupes épurées, des lignes simples, des tissus nobles. Armani invente une nouvelle couleur, le grège, alliance de gris et de beige. En 1981, il signe Emporio Armani, une collection qui connait un succès immédiat grâce à la transposition à moindre prix d’un style capable de s’adapter à toutes les générations. La première fragrance intitulée Armani sort en 1982.

Dix ans plus tard, ce sera Gio. Pendant les années 2000, l’effervescence du groupe Armani déploie ses activités vers l’art de vivre, la cosmétique, le sport, la restauration, l’automobile ou l’hôtellerie.

La maison Giorgio Armani est alors reconnue à l’international comme un des symboles du luxe à l’italienne. Incarnation de l’identité prestigieuse de la maison, le grège reste la signature colorée emblématique du créateur, l’identité de la maison Armani, entre chic et glamour.

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couleur & haute couture... graphisme vu par chochana sfez-lévy

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