40. couleur & symbolique, les vertus de la couleur

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couleur & symbolique ...vu de l’atelier


la

symbolique

Tout autour du spectre chromatique, l’Atelier 3D couleur poursuit sa politique éditoriale d’éditions régulières de carnets de couleurs dont la thématique illustre un segment du spectre coloré. Du jaune à l’orange, de l’orange au rouge, du rouge au rose etc. forment une chaîne chromatique logique... Cette nouvelle édition, couleur & symbolique, a extrait de 14 premiers livrets chromatiques déjà parus les seules pages condensées consacrées à leurs valeurs symboliques, dans leurs dimensions positives et négatives. Car la couleur, en tant que grande manipulatrice de nos sens, est le plus puissant des langages. L’œil, la vue, la vision… devancent tous les autres sens, et notamment, la perception de la forme. Avant tout contenu informatif, il y a le message porté spontanément par la couleur… Autant donc en connaître les grandes règles.


l'inspiration Les couleurs portent leurs vertus et leurs vices, comme un étendard ou comme un fardeau. Car il y a du bon et du moins bon en toute chose, et en couleur aussi. La culture, l’usage, la religion, l’éducation, la simple perception et la seule appréciation visuelle des couleurs leur ont conféré avec le temps un faisceau d’influences, des valeurs, des compréhensions émanant de facteurs physiques, physiologiques, moraux, culturels, cultuels… forgés par l’expérience ressentie et partagée par toute une communauté humaine. L’apprentissage des couleurs appartient à un registre de connaissance presque primitif, caché au plus secret des individus, naturel et enfoui au plus profond de tous. De ces valeurs positives comme négatives, pour chacune de 14 couleurs emblématiques, ce carnet livre le résumé symbolique.


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blanc neige


BLANC CHAUD, BLANC FROID vu de l'atelier


la symbolique En Occident, le blanc est associé à la pureté, à l'innocence, à la chasteté, à la paix. L'origine de tant de vertus réside dans le caractère absolu et immaculé de la lumière blanche, c’està-dire sans présence de noir.Le blanc, c’est l’absence de faute, l’absence de tache. Le vide et le silence. L’absence et la solitude. Comme le désert glacé d’un paysage de neige… là où le blanc rejoint la symbolique funèbre de l’Orient, le blanc, couleur de mort et de deuil.

neige. alaska. névé. albe. aspirine. banquise.


l’inspiration Du zéro absolu, température la plus basse possible (-273°C) au plus habituel 0°Celsius, des dendrites filiformes aux cristaux hexagonaux, la neige, constituée d’eau sous forme de glace cristallisée et agglomérée en flocons, est froide. Et puisqu’il est question de température, le blanc neige l’est perçu ainsi, et même froid et sec. Nos premières expériences d’enfant nous l’ont appris. Les reflets bleus de la neige et de son manteau immaculé, son air clinique et aseptique, sa légèreté et sa transparence l’ancrent dans l’univers des couleurs froides du spectre. La classification des couleurs rejoint ainsi la simple perception sensorielle. Mêlée au sel qui la tache et la jaunit, la neige se réchauffe et fond. Une allégorie qui permet d’ouvrir un carnet de couleurs dédié à la saison du blanc, des blancs froids aux blancs chauds, où seuls les Inuits ont réussi, par une longue pratique de la banquise, à enrichir un vocabulaire de 30 mots pour désigner les différentes nuances du blanc neige qu'ils perçoivent.

aube. porcelaine . arctique. arum.


Couleur Le blanc est couleur de neutralité. Voix blanche, page blanche, drapeau blanc, bulletin blanc…, l’absence de couleur est comprise dans le langage courant comme une absence de position, d’émotion, de choix, d’affirmation. Une copie, une opération, un match, un examen, un vote… s’ils sont blancs, sont sans décision, sans verdict, sans effet. Le blanc est une indécision, ou plutôt une décision de ne pas trancher, sonnant comme une neutralité silencieuse.Tout comme l’espace vide entre deux lignes, le blanc est un vide, une absence, un manque, voire un échec. La nuit blanche sans sommeil, l’opération nulle qui fait chou blanc, le vide psychologique d’une activité blanche, le mariage blanc non consommé, le jeu blanc sans point marqué d’une saison blanche, sans résultat… indiquent l’insatisfaction, l’échec de la décision.La même interprétation mène donc logiquement à considérer que le blanc n’est pas une couleur, mais une absence de couleur et par conséquent, une non-couleur.La même interprétation mène donc logiquement à considérer que le blanc n’est pas une couleur, mais une absence de couleur et par conséquent, une non-couleur.

désert. grège. sable. lin.


sarrasin. bistre.coriandre.


Couleur

foin. sisal. savane. brume . isabelle. paille .


Le blanc, en illustrant une absence de position, est la couleur de l’innocence, de la pureté et de la naïveté : blanc comme neige, oie blanche, blanche colombe et patte blanche. Comme le blanc est la couleur du bien et du divin, par pur angélisme, les nouveaux-nés sont vêtus de blanc, avant que la couleur ne les sexualise, rose ou bleu… La couleur remarquable du blanc en fait un sujet de rareté, d’admiration, de prix : être connu comme le loup blanc, trouver le merle blanc, marquer d’une pierre blanche, suivre le panache blanc d’un chevalier blanc… Cette exemplarité vient qu’avec la science, depuis Newton et sa décomposition de la couleur blanche en couleurs spectrales, le blanc est désormais compris comme la combinaison de toutes les couleurs du spectre, comme la synthèse de toutes les informations colorées fusionnées dans une seule, la plus lumineuse. Au-dessus de toutes les autres, le blanc est couleur de lumière.

beurre frais. brouillard. chanvre. ouate.


jaune tournesol


jaune > orange vu de l'atelier



L'inspiration

Jaune Soleil, le premier jaune des dessins d'enfant, l'une des trois teintes primaires, la couleur chaleureuse, rayonnante, solaire, franche et lumineuse. Le grand soleil des vacances, la chaleur accablante, le plein été, l'éclat torride, la lumière du rayonnement… Le grand soleil, autre nom du tournesol, de l'italien girasole, la fleur qui tourne avec le soleil. Une grande brêle héliotrope, originaire du Mexique, rapportée par les Espagnols au XVIème, qui regarde le soleil en face toute la journée et le suit des yeux dans sa course. Une folle de soleil qui ne pense qu'à y dorer ses graines…

La symbolique

Du jaune à l’orange

Jaune Soleil, c'est la traduction en couleur de l'éclatante clarté, de la lumière, de l'éblouissement, de l'illumination. Celle de la valeur aussi, de la richesse, de l'or. Celle de la révélation, de l'évidence, de l'énergie, du dynamisme, de la renaissance, de la joie de vivre. Une certaine simplicité, une rusticité écolo, une bonne couleur franche, vive, directe, essentielle, riche et généreuse…


Carton jaune Expression d’un certain dérèglement, le jaune qui sent le soufre a toujours marqué la félonie, le déshonneur, l’infamie, le malaise.


Couleur On en fit au Moyen-Âge la couleur des fous et celle des traîtres, Judas en premier. On safranait leurs maisons en signe de déshonneur, de rébellion, de banqueroute. D’inconfort, on rit jaune, même sans souffrir d’un ictère, cette jaunisse qui donne, d’un excès de bile, le teint et les yeux jaunes. On parle de jaune cocu de celui que Zola décrit comme «repeint en jaune de la tête au pied», dans «l’Assommoir». Le nain est jaune, pour un jeu d’enfant axé sur l’élimination progressive des joueurs. Le vêtement jaune est discriminatoire : Saint-Louis ordonna aux Juifs de porter un chapeau jaune. Etre habillé en jaune à la fin du XIXe siècle équivaut à porter l’infâmante étoile jaune durant l’Occupation. Pavillon jaune hissé, le bâtiment signale une quarantaine à bord. Le passeport des forçats libérés est jaune, aussi culpabilisant que le tatouage d’une chaîne à la cheville, trace de leur forfaiture. Une anecdote pour expliquer le jaune, l’ouvrier briseur de grève, vaut d’être citée. Elle fait remonter l’origine de l’insulte aux teintureries Chavanne d’Isieu près de Saint-Chamond. La poussière de soufre utilisée pour fixer les pigments sur les étoffes imprégnant les vêtements des ouvrières permettait d’un coup d’œil, comme leur odeur particulière, d’identifier celles qui étaient embauchées à la journée pour briser les grandes grèves de 1870. Jaune désignait aussi le syndicat qui, arborant un gland jaune et un genêt dans son blason, préconisait la collaboration avec la classe des dirigeants. De nos jours, le jaune associé au noir tend internationalement, à mettre en garde, à signifier un danger, à prévenir d’un incident, à parer l’accident. Le jaune, ultime prévention du danger… avant de passer au rouge.


Couleur Quand on observe le jaune, couleur du soleil et des tournesols, son incomparable clarté interpelle. De toutes les couleurs, c’est le jaune qui apporte à la vision la plus grande part de luminosité et qui a la plus grande réflectance. Jaune soleil, deux mots qui vont si bien ensemble et signent une réelle synergie de performance et d’énergie positive. Sa luminosité en fait un allié dès qu’il s’agit de rendre plus lumineuse une pièce, un espace, un objet. Le jaune a les incomparables vertus de la chaleur, de la luminosité, de la joie de vivre. Le jaune, c’est l’éclat de lumière, l’éblouissement, la révélation, l’illumination. Quasiment mystique au sens d’éclairement, il a longtemps traduit les vertus de l’intelligence, de l’éclat de l’âme, de la visitation, avant d’être remplacé par plus lumineux encore que lui, l’or et ses reflets. Le jaune a cependant conservé les incontestables valeurs positives de dynamisme, de force solaire, de joie de vivre, de vitalité. Le jaune, c’est le soleil en couleur, l’or en transcription, le peps dans les yeux, la chaleur au bout des doigts. Il a la même richesse que l’or mais en plus rustique, plus rural, plus simple. Moins d’opulence dans le coup d’éclat, moins de clinquant et pourtant tout aussi éloquent, le jaune transmet des idées de richesse, d’abondance, de générosité et de douceur. Il est la couleur du partage, de l’enthousiasme, de la communion, ce qui n’exclut pas une certaine estime en soi et un altruisme puissant dont faire profiter les autres.


En Chine, c’est la couleur réservée à l’empereur et à ses descendants, car le jaune est considéré comme la couleur de la puissance. Blondeur des épis de blé, lumière dorée, chaleur douce, poussin jaune… il y a du confort à se partager la bonne humeur de cette couleurlà, bonne fille, à vrai dire. Pour toutes ses vertus, le jaune est sans pareil.


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orange tangerine


De l'Oran ge au Rouge ... ...vu de l'Atelier


L’ i n s p i r a t i o n

L’ i n s p i r a t i o n Orange, placée première des couleurs secondaires, la plus chaleureuse, la plus tonique, coincée entre rouge et jaune. L’orange du fruit mythique, la pomme d’or du jardin des Hespérides ramenée à l’issue d’un des douze travaux d’Hercule. C’est que l’oranger (Citrus sinensis) revient de loin, de Chine, très précisément, selon deux grandes routes de pénétration vers l’Europe. La route méditerranéenne fut empruntée, à l'époque des croisades (XIe-XIIIe siècles), par l'orange amère ou bigarade: transmis par les Perses aux Arabes, ce fruit fut implanté en Sicile d'où il se diffusa vers le reste de l'Europe. Seconde voie, plus tard, les navigateurs portugais découvrirent l'orange douce en Chine au XVIe siècle et la rapportèrent en Europe. Son succès finit par évincer l'orange amère. D’exotique, l’orange a gardé ce côté rare de fruit de luxe, souvent offert jusqu'à la première moitié du XXe siècle, comme cadeau de Noël aux enfants. Sa culture élitiste en bacs a longtemps été un symbole de pouvoir pour les aristocrates, au point de lui dédier un bâtiment mythique : l’orangerie. Et la rareté du fruit explique sans doute son apparition récente dans la vie des couleurs.

orange aube mangue abricot carotte mandarine melon clémentine crevette


La symbolique

La symbolique Orange, c’est la traduction en couleur la plus parfaite de la joie de vivre, de l’euphorie, du dynamisme. Mêlant les vertus positives du jaune et du rouge en un concentré d’énergie, de vitamine, de vie et d’insouciance, l’orange est tonique, chaleureux, exubérant, heureux. Sa vitalité éclate. L’orange est communicatif, son bonheur est contagieux. Une bonne couleur franche, vive, directe, essentielle, riche et généreuse ... L’orange est multiple, d’acidulé à givré, d’acide à piquant, de vitaminé à agressif. Tout est dans le juste dosage mais son pouvoir est puissant. Celui de l’évidence, de l’énergie, du dynamisme, de la joie de vivre. Vitamine C !

potiron nèfle capucine citrouille bignone safran tangerine

jujube navel


Couleur -

" On glisse toujours sur une pelure d'orange, au moment où l'on s'y attend le moins " Eugène de Vogüé, Les morts qui parlent, 1899

Orange mécanique L’orange est tonique, vivifiante, active et même hyperactive… Comme un coup de fouet sur l’organisme, la stimulation qu’elle provoque en devient presque automatique, mécanique, systématique au point qu’elle peut fatiguer le métabolisme. Une étude chez l'homme a montré l'effet anxiolytique de l'essence d'orange diffusée dans l'atmosphère. L’odeur provoque un sentiment d’excitation, de frénésie, un affolement généralisé des sens et de l’attention, proche de la suractivité. Il y a aussi que la peau de l'orange contient des toxines, les furocoumarines capables d’absorber les rayons UVA et d’induire des réactions de photosensibilisation, voire de phototoxicité. Un contact long avec la peau, couplé avec une exposition au soleil, provoquera d’immanquables rougeurs.

ponceau saumon carnation renard roux minium cyprin cerise vermill


Très codée des années pop ou psychédéliques, son association tonitruante avec le tête-de-nègre a pour longtemps catégorisé l’orange dans les couleurs de mauvaise vie. Son retour sur la scène de la décoration intérieure est récent, en association tonique avec le blanc ou le crème, en vibration magique avec le rose ou le rouge, en contraste violent avec l’outremer ou tous les verts jaunes. Le pavillon orange est hissé sur les plages lorsque la baignade devient dangereuse mais qu’elle reste surveillée. Les baigneurs doivent alors observer la plus grande prudence. Seconde couleur des feux tricolores, l’orange indique un dysfonctionnement ou un dérèglement, s’il clignote. Il autorise cependant le passage, mais avec un regain d’attention. L’orange, l’ultime coup de chaud… avant de passer au rouge.

bronzino cognac cinabre madère coucher de soleil porto carmin feu

Orange mécanique

Glisser sur une pelure d'orange, c’est échouer par le fait d'un minime accident, comme le grain de sable dans une belle organisation. Et ne parlons pas de la peau d’orange, sous peine d’angoisse diététique en vue !


Couleur +

De la ville à la couleur d’une nation Le comté d'Orange, devenu principauté d'Orange en 1181, était un fief du Saint Empire romain germanique, faisant partie du royaume de Bourgogne. Orange bénéficiait donc des droits féodaux et de la souveraineté propre aux terres de l'Empire La principauté d’Orange, passée en 1388 à la maison de Chalon, est donnée par son dernier descendant, René de Chalon, à son cousin Guillaume Ier de Nassau, dit le Taciturne, en 1544. Louis XIV occupe plusieurs fois le territoire de la principauté dans le cadre des guerres menées contre le stadhouder Guillaume III d'Orange, en 1673, 1679, 1690 et 1697. Une dernière occupation, à partir de 1702, mène à la reconnaissance définitive de l’acquisition par la France, reconnue grâce au traité d'Utrecht en 1713. En échange, la France permet alors aux stadhouders d’en porter le titre C'est ainsi que la titulature exacte des derniers stadhouders des Provinces-Unies et de la famille royale néerlandaise actuelle est Maison d'Orange-Nassau.


Pantone 21-1-2 L’orange est devenu la couleur emblématique de tout un pays, de toute une nation, portée collectivement et très spectaculairement, lors des grands événements sportifs ou festifs : Jeux Olympiques, Queen’s day… Depuis la révolution en Ukhraine, l’orange, par son message entre-deux est aujourd’hui en politique, la couleur de la contestation, de la révolution douce, de l’autre voix… celle de la synthèse. L’orange, la troisième voie, celle de la fusion des contraires, du compromis et de l’humanisme.


4 rouge pivoine


vu de l’Atelier


L’inspiration Rouge Pivoine, le premier rouge de nos souvenirs d’enfant, la couleur des chutes autour des cadeaux, rouge du Père Noël. Un rouge chaleureux, franc et direct que l’œil perçoit et que la mémoire retient. Si les fleurs rouges abondent dans la nature, la pivoine arbore seule ce teint velouté, sensuel, gourmand, un peu charnu, sanguin. Ses pétales sont doux comme un nuage parfumé... Et la voyageuse vient de Chine, d’où le raffinement qu’on lui prête, sa robe pareille au rouge des kimonos soyeux, des joues et des lèvres carminées des geishas impudentes. Il est vrai que pivoiner, quand la timidité l’emporte, c’est devenir tout rouge, rougir comme une pivoine...

La symbolique Rouge Pivoine, c’est la traduction en couleur de la vie et des fonctions physiologiques. Le rouge est la couleur qui excite le plus le cône L de l’œil humain, l’activité organique, les sens, les émotions. Il active la circulation sanguine. Rouge du désir, rouge passion, rouge baiser. Le rouge est joyeux, exubérant, sportif, énergique, colérique, sanguin, impulsif, c’est un rapide. Dans le langage des fleurs, la pivoine parle de sincérité, de confusion et de honte. C’est que le rouge, primaire, peut aussi être agressif, précipité, brouillon. Le rouge de la violence, de la colère, le rouge au front. Celui du coup de gueule quand le rouge monte à la tête. Le rouge de la honte enfin, quand le rouge dépasse les bornes et qu’il en a conscience...

Co quel i c o t , na c a r a t , p o n ce a u , c o ra i l , m u r ex , v e


ermillon, sanguine, fraise, ĂŠcarlate, ĂŠcrevisse


Une des premières couleurs en héraldique, avec le noir et le blanc, le rouge s’appelle gueules, dont l’étymologie rappelle les gosiers des martres et d’hermines utilisées en bordures de fourrures des vêtements, et teintes en rouge. C’est dire le côté criard du rouge, réservé aux chefs. Tapis rouge pour talons rouges ! Le rouge est spectaculaire, habit d’apparat ecclésiastique, couleur de deuil des monarques, rouge dramatique du rideau de scène et des salles de théâtre, couleur de l’opéra et de la corrida, là où la vie joue avec la mort. Le rouge est aussi la couleur de la révolte, de la révolution, de la lutte, de la blessure : drapeau rouge, rouge sang, rouge Mercurochrome. Croix-Rouge et Croissant-Rouge pansent les conflits... quand les pharmacies en Italie sont encore signalées d’une croix rouge signalétique. Expression d’une interdiction, d’une censure, du tabou, le rouge, s’il voit rouge, peut être intolérant, autoritaire, anarchique, répressif. Rouge des panneaux de signalisation, feu rouge, feu stop, carton rouge, téléphone rouge, alerte rouge. Le mauvais rouge est satanique, la couleur de l’enfer, rouge du diable, de Belzébuth et de Seth, divinité guerrière de la violence et du mal dans la mythologie égyptienne. Trop d’excès nuit… Sans doute, parce qu’il aura atteint les limites de la décence, rouge érotique, pulsion sexuelle, lumignons rouge des lupanars, rouge de la luxure, de la destruction, du feu, de la mort, lanterne rouge, le rouge, comme la colère, comme le sang versé, sombre au noir.




Couleur Fort en gueules Considérée comme la couleur des couleurs, le rouge est la première nuance qu’on visualise, celle que les enfants apprennent en premier et qu’ils mémorisent. Cette teinte, appelée aussi rouge de cadmium, rouge sang, rouge feu dégage une forte sensation de chaleur. C’est la plus chaude du spectre, il est donc naturel qu’on lui associe la symbolique du feu et de tout ce qui s’y rapporte. Par une action symbolique, le rouge est affilié à la joie, à l’action et à la force de vie. Chaud, brûlant, régénérescent, dynamique, optimiste, volontaire, le rouge est passionné, théâtral, vigoureux, actif. C’est un animal, une force de la nature, un taureau. Il est excitant et excité, stimulant, revitalisant et, physiquement, le rouge accélère le rythme cardiaque et la pression sanguine. Bref, le rouge est un sanguin, un emporté un rien violent et c’est ce qu’on aime en lui, le rouge et ses incontestables valeurs positives de l’exubérance, de la force de caractère, de dynamisme, de vitesse. Le rouge, c’est la pulsion en couleur, le sang en transcription, le signal dans les yeux, le feu au bout des doigts, le bouillonnement. Pour toutes ses vertus, le rouge est sans pareil.


5 rose eglantine


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du

rose

au

violet ...

...vu de l’atelier



l’inspiration

Du latin rosa, rosae qui désigne aussi bien la fleur que le rosier, le rose, apparenté au grec ancien rhodon, vient du vieux persan vrada. Les mythiques roses d’Ispahan perpétuent le souvenir de cet exotisme fleuri… Buisson sauvage avant d’être rose cultivée, l’églantine, cette fleur simple à cinq pétales, est prisée depuis quelques années pour son aspect plus naturel, sous le nom de «rose botanique». Les roses sont cultivées en Chine et en Perse depuis 5.000 ans et en Grèce, depuis l’âge du bronze.

C’est assez rappeler combien les rosiers cultivés sont le résultat de plusieurs siècles de sélections méthodiques, en particulier, d’hybridations, dès la fin du XVIIIe siècle. Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l’Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur à toutes les couleurs chaudes du spectre et pour son parfum, elle est devenue la «reine des fleurs», présente dans presque tous les jardins, la fleur la plus cultivée au monde.

la symbolique

Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur la plus employée en Occident dans les jardins, les bouquets, les messages d’amour, d’affection et de condoléances. La rose correspond à ce qu’est le lotus, en Asie, l’un et l’autre étant

très proches du symbole de la roue. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut, un ordre du monde établi et parfait. La rose symbolise la coupe de vie, l’âme, le cœur, l’amour accompli, la perfection.


Couleur

Couleur

f l e u r d e c e r i s i e r, g u i m a u v e , d ra g é e , ro s e v i f, a z a l é e ,


Alerte rose… Le rose est une couleur ambiguë, une sorte de sous-rouge pour les physiciens qui le considèrent comme un rouge dénaturé, désaturé, un « bâtard du rouge triomphant » selon Jean Ray, une couleur fragile et éphémère, placée dès Homère dans la subjectivité et la poésie. Parce que le rose est un rouge en puissance, il se souvient qu’il a été la couleur de l’enfance et de la jeunesse : rose gourmandise avec les sucreries (dragée rose, guimauve, barbe à papa, buvard...). Son ambivalence est forte car la couleur peut passer du rose niais et chichiteux, entre l’eau de rose et le carrément cucul la praline (rose pastel, rose bonbon, roman à l’eau de rose...) au rose shocking choisie par des personnalités excentriques célèbres, comme la créatrice de mode Elsa Schiaparelli ou Barbara Cartland, l’Impératrice du roman sentimental. Si, jusqu’au XIXe siècle, le rouge est la couleur de la robe de la prostituée ou la lanterne des maisons closes, le rose a basculé, au cours du XXe siècle, de la candeur à la divergence sexuelle (rose de l’homosexualité), voire à la perversité. La modernité a fait évoluer son symbolisme vers le plaisir sensuel, l’érotisme forcené : téléphone rose, messagerie rose, carré rose de l’échangisme… Le rose chair, le rose pâle parlent le discours de la carnation de la peau, de l’intime, de la sensualité, du plaisir… Le rose fashion, le rose tentation, le rose désir disent la sexualité, la nudité… et le rose, nouvellement perverti, bascule définitivement vers l’érotique et le coquin, le sexuel, la sexualité tarifée, les sexshops. Le rose peut alors être la couleur des excès, celle des abus, des paradis artificiels, là où tous les éléphants sont définitivement roses et excessivement excités.

Barbie, aube, pamplemousse rose, Schiaparelli,


Couleur Carton rose… Comme le bleu est aux garçons, le rose est aux filles, l’affaire est entendue depuis le régime de Vichy. Un tissu qui arbore justement le rose dans les blouses des écolières, un rose délicieusement féminin, depuis les layettes, les tutus et les robes de Barbie jusqu’aux déshabillés et aux dessous de lingerie plus ou moins sages. Le rose est définitivement la couleur de la séduction, du romantisme et de la féminité. Couleur de l’idéal, du premier amour, le rose est la teinte de l’ingénuité, de la candeur, de la naïveté, de la pureté, de la séduction et de la fidélité. Bref, en un mot, le rose est très fleur bleue. Du rose pâle au rose bonbon, du rose chair ou rose glamour, le rose jongle sur le côté femme-enfant et ses nuances ont un côté séducteur qui ne tombe jamais dans les excès du rouge de l’érotisme. Le rose apporte une dimension relaxante et représente le plaisir de vivre, le bonheur et l’optimisme. Voir la vie en rose, c’est faire rimer son existence avec tendresse et quiétude, dans une vision un peu lénifiante et idéale de la vie rêvée. Dans une période de complète réalisation, le petit nuage rose n’est jamais très loin. Le rose est enfin la couleur organique de la santé et de fraîcheur, par excellence : en médecine, la couleur rosée de certains organes est un signe de bonne santé, en particulier la langue ou la peau. Pour toutes ses vertus, le rose est sans pareil.

n é n u p h a r, c h è v r e f e u i l l e , i n c a r n a d i n , é g l a n t i n e , g r e n a d i n e


f lamant , m a g n o l i a , B e n g a l e , grenade, f u c h s i a , l y c h e e . . .


6 violet violette


du

au

vu d e l 'a t e l i e r


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ul

Violet violette, c’est la traduction en couleur d’un état de grâce, d’un équilibre personnel, entre physique et spirituel, d’un bonheur tout simple et tout calme. Celui de la sagesse, de la pureté, de l’apaisement, celui du désir réprimé aussi. Comme l’aube d’un temps de spiritualité. Avoir les doigts de pied en bouquet de violettes, c’est jouir sensuellement du moment présent, apprécier une certaine sérénité, goûter un bien-être corporel et moral. Celui un peu ingénu d’une innocence intacte, d’une intimité presque charnelle, d’un secret bien caché. Sous l’apparente simplicité de la violette, sous une rusticité bienvenue et bon enfant peut se cacher un âpre contenu, riche et souterrain. Les violettes sont simplettes, désuètes, discrètes : leur nom est devenu celui de jeunes filles au caractère particulièrement humble, même si Violette n'est plus aujourd'hui un prénom à la mode. Violette est fêtée le 5 octobre, à la Sainte Fleur, comme les autres prénoms floraux.

la symbolique

Va l

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ne mets rien, d ans l'œ u

t, au-dessus d'u ane nc M ert e d ain e vr


l’il’inspiration i i

Du latin viola, la petite fleur est discrète, secrète, humble par la taille et grande par l’odeur, cachée dans le feuillage et la mousse des sous-bois. Violette de Parme ou de Toulouse, fleur utile à la parfumerie et à la confiserie, la violette touche à tous les sens. Une belle couleur sensuelle, olfactive, goûteuse, veloutée, presque pulpeuse… Annonciatrice du printemps, elle exprime, dans le langage des fleurs, la timidité, la modestie et la pudeur, par allusion à la petite corolle qui semble hésiter à sortir de son écrin de feuilles. La violette témoigne de la fidélité et symbolise l'amour secret. Ainsi, lorsqu’Edouard Manet peint son bouquet de violettes et l’offre à Berthe Morisot, son hommage discret n’en est-il que plus touchant… et désespéré. La belle arbore en réponse, sur le portrait qu’en fait le peintre en 1872, accrochés à son corsage, quelques brins de violette, alors qu’elle s’apprête à épouser Eugène Manet, le frère de l’artiste. Un destin inexorable de belle-sœur dont l’amour se cachera à jamais dans un bouquet timide et ambigu.


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COULEUR -COULEUR L'amourest estun unbouquet bouquetde deviolettes, violettes, L'amour L'amourest estplus plusdoux douxque queces cesfleurettes. fleurettes. L'amour Quand lele bonheur bonheur en en passant passant vous vous fait fait Quand signeetets'arrête s'arrête signe fautluiluiprendre prendrelalamain main Il Ilfaut Sansattendre attendreà àdemain. demain. Sans

L'amour est est un un bouquet bouquet de de violettes, violettes, L'amour Cesoir, soir, cueillons cueillons ces ces fleurettes fleurettes Ce Carau au fond fond de de mon mon âme âme Car n'est qu'une qu'une femme femme IlIln'est C'est toi toi qui qui seras seras toujours toujours C'est Monseul seul amour amour ! ! Mon

(ViolettesImpériales ImpérialesLuis LuisMariano/Francis Mariano/FrancisLopez) Lopez) (Violettes

Violet, mot mot étrange, étrange, àà la la polysémie polysémie dérandéranViolet, geante, chère chère àà lala psychanalyse: psychanalyse: viol, viol, viole, viole, geante, violon, violoncelle, violoncelle, violence, violence, violeur, violeur, violé, violé, violon, violet,violette… violette… violet, Jadis utilisées utilisées en en pharmacopée pharmacopée pour pour soigner soigner Jadis les maux maux de de tête, tête, l’insomnie, l’insomnie, la la mélancolie mélancolie et et les les règles règles abondantes, abondantes, la la violette violette et et ses ses les propriétés ont ont àà voir voir avec avec l’oisiveté l’oisiveté sensible sensible propriétés d’un monde monde où où les les femmes femmes vivaient vivaient leur leur vie vie d’un affective et et sensuelle sensuelle comme comme en en retrait, retrait, en en affective serre, en en marge, marge, en en dissimulation, dissimulation, comme comme en en serre, attente de de fécondation. fécondation. attente

Portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes Portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes par Edouard Manet, 1872 par Edouard Manet, 1872 prune - mourvèdre - cassis - bordeaux - mûre - quetsche - belle-de-nuit - aubergine - figue prune - mourvèdre - cassis - bordeaux - mûre - quetsche - belle-de-nuit - aubergine - figue


violet -violet

Et le violet est aussi aussi la la couleur couleur de de la la résignation, résignation, lala marque marqued’un d’untemps tempsdisparu, disparu, l’époque du deuil deuil et et de de l’absence. l’absence. Gardons Gardons en en tête tête que quelelemauve mauveaaété étéjusqu’à jusqu’àlala fin du du XIXe fin XIXe siècle siècle la la couleur couleur du du demi-deuil, demi-deuil, et etleleviolet, violet,lalaseule seuletolérée toléréepour pourleledeuil deuil et la la pénitence. et pénitence. Et Et rappelons-nous rappelons-nous de de lala teinture teinture mauve mauvequi quiaalongtemps longtempsété étécelle celle des cheveux des cheveux des des vieilles vieilles femmes… femmes… Couleur de Couleur de la la mort mort en en Chine, Chine, le le violet violet est est lala couleur couleur des desténèbres ténèbresetetdu dumystère, mystère, souvent considérée souvent considérée comme comme lugubre. lugubre. Elle Elle est est aussi aussi lala couleur couleur de del’infortune l’infortune: :en en Italie, le Italie, le violet violet porte porte malheur malheur alors alors même même –paradoxe –paradoxe suprêmesuprême-qu’il qu’ilest estl’une l’unedes des couleurs cardinales couleurs cardinales de de la la chrétienté chrétienté romaine. romaine. Un Un produit produitviolet violeten enItalie Italien’est n’estpas pas achetable, autant achetable, autant le le savoir… savoir… Le violet Le violet peut peut être être la la couleur couleur de de la la provocation, provocation, lorsqu’elle lorsqu’elleest estutilisée utiliséecomme commeune une transgression :: le transgression le 1er 1er avril avril 1930, 1930, àà Berlin, Berlin, lors lors de delalapremière premièredu dufilm filmde deSternberg, Sternberg, L’Ange bleu. L’Ange bleu. Marlène Marlène Dietrich Dietrich s’avance s’avance sur sur scène scène dans dans un un manteau manteaude defourrure fourrure blanc, l’enlève blanc, l’enlève et et montre, montre, épinglé épinglé sur sur sa sa robe, robe, dans dans l’entrejambe, l’entrejambe,un unbouquet bouquetde de violettes, dans violettes, dans un un ultime ultime défi. défi. Le Le soir soir même, même, elle elle s’envole s’envole vers versNew-York New-Yorkoù oùelle elle s’exilera jusqu’en s’exilera jusqu’en 1960. 1960. Le violet, Le violet, enfin, enfin, comme comme la la couleur couleur de de l’arrêt l’arrêt absolu. absolu. En En France, France,dans dans la signalétique signalétique ferroviaire, la ferroviaire, le le feu feu violet violet est est lele signal signal d’arrêt d’arrêt immédiat, immédiat, annonçant un annonçant un incident incident ou ou un un danger. danger. Cet Cet interdit interdit définitif définitifest estainsi ainsiau au centre des centre des butoirs butoirs de de la la S.N.C.F., S.N.C.F., àà la la fin fin de de lalavoie voieferrée… ferrée…clairement clairement signalée donc signalée donc comme comme impasse impasse dangereuse. dangereuse. Le violet, Le violet, couleur couleur du du réprimé, réprimé, du du sublimé... sublimé... avant avant de de sombrer sombrerau aunoir noir absolu. absolu.

pruneau - raisin - porto - noire de Crimée - cinsault - syrah - négrette - truffe - réglisse pruneau - raisin - porto - noire de Crimée - cinsault - syrah - négrette - truffe - réglisse


violet +

COULEUR + Le violet peut être politique : Napoléon Bonaparte fut surnommé le Père La Violette par ses soldats lors de son séjour à l'île d'Elbe, parce qu'il devait revenir à la saison des violettes, c'est-à-dire avec le printemps. Cette fleur fut ensuite le signe de ralliement des bonapartistes durant les Cent-Jours. Quant à l'image de la violette impériale, elle réapparaît en France sous le Second Empire lorsque les Palmes académiques adoptent cette couleur en 1866. Ce sera l’une des rares incartades du violet dans la vie civile, la couleur étant réservée par tradition à la pratique religieuse. …

violet spectral - ultraviolet - UV - phosphorescence - lumière noire - lilas - glycine


ultraviolet De fait, dans la religion catholique, la couleur violette est portée par l'évêque (soutane, camail et calotte). Elle est exceptionnellement portée par le prêtre durant l'Avent, c’est-à-dire les quatre dimanches précédant Noël, et le Carême. De cet usage, le violet a gagné une auréole de sainteté dans laquelle la couleur se drape : couleur du sacré, du religieux, de l’esprit, du mysticisme. Couleur de l’équilibre physique et moral, du bien-être intérieur, de l’harmonie pacifiée. Une couleur zen, riche de spiritualité, apaisée, en retrait et au-dessus de toute l’agitation du monde. La couleur suprême, celle de la noblesse, de l’élévation spirituelle et de la richesse intérieure… que le billet de 500 € a choisi d’arborer !

nénuphar - jacinthe - agapanthe - gentiane - muscaris - bourrache - pensée - pervenche


bleu lavande


du bleu au turquoise ... vu de l’atelier


l’inspiration

Bleu Lavande, Jamais une couleur n’a sauté aussi fort, aussi franc, aussi spontané au nez. Evocatrice de rangs violets tirés au cordeau, d’une Provence gorgée de soleil, du chant strident des cigales et d’un chaud parfum entêtant, la lavande est devenue une référence internationale… au point où la Chine en est aujourd’hui le premier producteur mondial. De l’italien lavanda, concernant tout l’art du bain et la toilette elle-même, la lavande est associée à l’usage qu’il en fut toujours fait de parfumer l’eau des bains ou le linge fraîchement lavé. Ses vertus purifiantes et aseptiques connues, elle est donc liée, depuis le XVe siècle, à l’idée d’hygiène et de soins parfumés. Cette origine semble lui être attachée olfactivement à jamais, parfum incontournable des savons, lessives et autres assouplissants contemporains. Une fois séchée, la lavande présente un beau gris violacé qui prend le nom de gris lavendé. Elle est alors traditionnellement cachée dans les armoires de grand’mère, pour protéger et parfumer le linge fraîchement lessivé, soigneusement repassé, plié et empilé. Et aucune couleur n’a jamais senti aussi universelle, aussi consensuelle… alors que chacun a sa propre vision de la couleur lavande, entre bleu et violet. L’Atelier a donc tranché.


la symbolique

Bleu Lavande, c’est la traduction en couleur d’une certaine qualité de vie, d’un rêve de soleil, d’une joie de vivre, saine, naturelle, simple. Presque un campagnard idéalisé, la vie rustique comme les gens des villes l’imaginent, celle des films de pub et des décors de cinéma, quand la vie sent bon et que tout va bien. Il est vrai que les vertus de cette bonne copine sont nombreuses. Elle a des propriétés antiseptiques, bactéricides, désinfectantes, calmantes et antispasmodiques. Depuis très longtemps, ses vertus cicatrisantes et antiseptiques sont connues et Sainte Hildegarde la conseillait déjà comme cicatrisant. Ses propriétés antivenimeuses, en cas de morsure de vipère, étaient appréciées et l’on frottait la plaie avec une poignée de lavande. La plante est toujours très utilisée aujourd’hui pour combattre mites et poux. En phytothérapie, elle est recommandée pour combattre l’anxiété, la nervosité et les insomnies, mais aussi pour soulager les rhumatismes et soigner les infections des voies respiratoires. Elle peut être prise en infusion, en poudre, sous forme de gélules, en frictions, sous forme d’huile essentielle ou d’alcoolat qui, appliqué pur sur la peau, soulage brûlures et piqûres d’insectes. Le bleu lavande, c’est l’apaisement généralisé. La vie en bleu…

C YA N , C I E L , M Y O S O T I S , L AY E T T E , A Z U R , B L E U D E M A R I E , C É L E S T E ,


E N C R E D E C H I N E , B L E U M I N G , B L E U E N C R E , B L E U N U I T, B L E U O U T R E M E R ,


Couleur

Couleur neutralisante La couleur magique du bleu séduit, apaise, tranquillise… mieux, le bleu rassérène, fait rêver rassure et conforte. A le prononcer, la musique du mot est cristalline, agréable, limpide, calme… Bleu, c’est liquide et doux, aérien et léger, confortable et apaisant. On peut faire du bleu un usage illimité voire immodéré… sauf qu’à force de faire confiance au bleu,trop de bleu tue le bleu et fait baisser la garde, assoupit et endort, en abaissant la vigilance. D’une certaine manière, à force d’être omniprésent et consensuel, le bleu est devenu une couleur discrète, invisible, manquant de caractère, la plus raisonnable de toutes les couleurs. Elle a souvent été appelée nouveau noir, prenant sa place dans la mode ou les uniformes, acquérant ainsi une certaine neutralité et un côté impersonnel. Et n’y voir que du bleu, selon l’expression populaire, c’est se faire berner, n’y voir que du feu, manquer de discernement.Le bleu durera plus longtemps que nos propres existences, il est une référence pérenne, indestructible, indémodable, sereine, plus forte que nos propres vies. Réminiscence un peu nostalgique, rassurante d’un bonheur douillet et confortable, le bleu appartient à l’imaginaire du passé, au bon vieux temps, comme une valeur sûre, indémodable comme un souvenir du bonheur. De cette neutralité un peu anesthésiante, le bleu peut donc également devenir lénifiant, soporifique, léthargique, à la limite du gnan-gnan, de l’utopique, de l’idéal ou de l’irréalisable…

C R O C U S , G LY C I N E , S A P H I R , K L E I N , B L E U D E P R U S S E , D E N I M , M A J O R E L L E


Grand bleu Depuis que l’on dispose d’enquêtes d’opinion, soit environ depuis 1890, le bleu est placé dans tout l’Occident au premier rang des couleurs préférées. C’est toute la civilisation occidentale qui donne la primauté au bleu, de l’Europe à l’Australie, de l’Amérique du Nord au Canada. Le bleu est la couleur préférée des Français, des Européens à une large majorité (plus de 40%), et plus encore chez les Nord-Américains (57%). Le bleu imprègne notre vie quotidienne, nos codes sociaux, nos perceptions et nos sensibilités, quel que soit le sexe, l’origine sociale ou géographique, la profession ou le niveau culturel. Aujourd’hui, le bleu écrase toutes les autres couleurs et, loin devant, arrive en tête comme la couleur du consensus.

H O R I Z O N , PA S T E L , O C É A N , S A P H I R , P E R V E N C H E , A B Y S S E , C I E L , A Z U R , K L E I N ,


Couleur

Le bleu favorise la créativité, l’attention, la concentration. Le bleu est également la couleur de la communication avec les autres, du partage et de l’échange. Le bleu est ouvert sur l’extérieur, le bleu est tolérant et a l’esprit large. Car le premier champ sémantique du bleu évoque le ciel, la mer, l’espace. Ce vaste champ s’ouvre sur l’évasion, les vacances, l’infini. Le bleu clair est associé à la tendresse, au calme et à la plénitude, tandis que le bleu foncé, sombre couleur de l’ombre et de la nuit, l’est au mystère et au silence, un moment d’absolu et de calme propice à la réflexion, à la spiritualité, au repos et au rêve. Le bleu est immortel, illimité, libre et souverain. Le bleu, généralement reconnu comme couleur masculine, est la couleur de l’ordre, de l’autorité, de l’intelligence et de la stabilité. Le bleu est donc logiquement la couleur du conservatisme, du pérenne, du solide. Le bleu est rassurant comme peut l’être l’ordre établi, la socialité, l’ordre des choses, la maîtrise de soi et des codes sociaux… En un mot, le bleu est la couleur de la civilisation dans ce qu’elle a de plus moral, de plus abouti, avec toutes ses incontestables valeurs positives de l’apaisement et de la sérénité. Le bleu, c’est la paix en couleur, l’infini du ciel, la transcription de l’harmonie intérieure, de la calme assurance. Pour toutes ses vertus, le bleu est sans pareil.

B A LT I Q U E , A B Y S S E , AT L A N T I Q U E , C O B A LT, M A R I N E , O U T R E M E R , I N D I G O ,


8 bleu turquoise


du turquoise au vert... ...vu de l'atelier


l’inspiration La turquoise fascine les hommes depuis la nuit des temps. Cette pierre fine utilisée en joaillerie, ce minéral opaque, phosphate d'aluminium et de calcium coloré par l'oxyde de cuivre, avec ce coloris qui n’appartient qu’à lui, varie du bleu de ciel au vert d’émeraude. Changeante comme l’humeur de l’homme, la turquoise orne depuis l’Antiquité les bijoux précieux, essentiellement destinés à la parure du corps et du vêtement, dans une proximité troublante avec la peau et l’intime. C’est que l’aspect doux, poli et coloré de cette pierre céleste a séduit les dignitaires de tous les pays et de toutes les époques: pharaons d’Egypte, tlatoanis du Mexique aztèque, empereurs mongols, rois de Perse et shahs d’Iran, dynasties ottomanes, chefs amérindiens, tsars de Russie…

Utilisée par les Egyptiens 6.000 ans avant Jésus-Christ, la turquoise orne les bracelets de la momie de Zar, reine de la Ière dynastie. Depuis 2.000 ans, les mines de Nishapur en Perse sont connues pour l’excellente qualité de leurs turquoises, d’un beau bleu soutenu. La turquoise devient au Turkestan, du IIIe au Ier siècles avant notre ère, une des premières monnaies, objet de troc. La turquoise ne sera populaire en Europe qu’au moment des croisades, rapportée par la route de la soie depuis Samarkand. Son nom vient du nom français «pierre de Turquie» et signe son exotisme.

aigue-marine

azurite

eau vive

papillon-lune

céladon


opale

glauque

agathe bleue

aqua

source azur onde


la symbolique Pierre utilisée en Inde et au Tibet, la turquoise est liée à une forme d’apaisement presque mystique, en rapport avec la spiritualité des forces telluriques. Dans toutes les traditions culturelles, du Nouveau Monde ou de l’Ancien, la turquoise est considérée comme une pierre sacrée, un porte-bonheur, un talisman. Sa propriété particulière de changer de couleur, sous l’influence de la lumière, l’effet des produits cosmétiques, de la poussière ou même de la variation du degré d’acidité de la peau, en un mot, tout ce qui est susceptible de provoquer une réaction chimique de la pierre, a toujours conféré à la turquoise un rôle de médiateur entre le divin et le terrestre, le sacré et le magique. La turquoise est un passeur d’oracles…

Turquoise

, c’est la traduction en couleur d’une harmonie intérieure entre ciel et mer. Mêlant les vertus combinées du couple vert/bleu, le bleu du cuivre, le vert du fer, la turquoise est le messager d’un état de grâce, d’un équilibre intérieur, d’une maîtrise de soi liée à l’intimité, d’une spiritualité sereine. La turquoise est du zen en couleur de pierre…

« Qui porte à la main une turquoise et s’en sert comme sceau, ne sera jamais pauvre ». Al Qazwini, Perse XIIIe siècle

rivière pers jade vapeur topaze lazulite martin-pêcheur


guêpier paon libellule opaline serpentine callaïte curaçao


Munsell 10BG 7/8

Samarkand est fière de son passé de capitale du plus vaste empire jamais rêvé, celui de Tamerlan. « Si quelqu’un doute de notre force, qu’il vienne voir nos constructions » disait le fier mongol. Les arcs d’entrée des mosquées de Samarkand sont les plus élancés, ses coupoles, les plus audacieuses. Au centre de sa ville, au croisement des six rues principales, la place du Registan est encore entourée sur trois côtés par les façades à étage, les minarets bariolés et les coupoles bleu turquoise de ses médersas. Tamerlan avait rêvé pour lui-même une modeste crypte qu’il avait fait préparer dans sa ville natale, c’est sous la coupole turquoise nervurée de l’impressionnant Gour Emir qu’il repose désormais avec les membres de sa famille. Si la chrétienté a choisi le bleu clair comme couleur du royaume des cieux et associé le vert à la communauté terrestre, l’islam réserve le vert à la religion et au prophète, et le bleu turquoise à la communauté religieuse et à la décoration des mosquées et des maisons.


En Amérique du Nord, les Indiens Anasazi extraient la turquoise dans le sud-ouest du continent. Les Indiens Navajo ont toujours pensé que la turquoise était un morceau du ciel tombé sur terre, les Apaches croient qu’elle combine esprits de la mer et esprits du ciel, afin d’aider les guerriers, les pêcheurs et les chasseurs. Les Zunis du Nouveau-Mexique et de l’Arizona croient qu’elle les protège des démons, tandis que les Aztèques réservaient la turquoise à l’usage exclusif des Dieux, la pierre ne pouvant être portée par des mortels.

Mausolée Gour-Émir à Samarcande abritant la tombe de Tamerlan


couleur couleur fuyante

La turquoise a besoin de chaleur, de sécheresse et de temps pour naître et s’épanouir. Couleur de l’oxydation du cuivre mêlé au fer, le turquoise est la couleur du temps qui passe, du temps qui fuit. Très codée des années pop ou psychédéliques, son appropriation par le milieu baba a longtemps classé le turquoise dans les couleurs de mauvaise vie. Ou plus exactement, de vie facile, trop facile, comme coupée des réalités… Fuite vers les paradis artificiels, voyages lointains et exotiques où les lagons sont toujours bleu des mers du sud, contre-ordre des mauvais garçons, des rockers, horde sauvage des bikers, gourous d’occasion… tous portaient en talisman, la turquoise en de gros bijoux d’argent… Jusqu’à l’encre turquoise des écoliers, considérée comme trop originale, déviante, presque déplacée en milieu scolaire... jusqu’à être, un temps, interdite. Son retour sur la scène de la décoration est récent, en association tonique avec l’orange, en vibration magique avec tous les verts, en contraste violent avec les violets. Grand classique indémodable, le turquoise n’est-il pas la couleur de référence lorsque l’on pense couleur de piscine ? La couleur fait rêver du sud et ne passe pas inaperçue dans un paysage, comme pour prouver une réussite, un statut social, l’accession à un ailleurs, un autre coin de paradis ?

Le turquoise,

l’insaisissable couleur, entre déviance et déviation…

turcois

menthe glacée

demoiselle

bleu turc

perruche


vert-de-gris

lagon

Cara誰bes

Samarkand

tourmaline


couleur la pierre qui soigne

atoll

mer du sud

La turquoise a toujours été considérée comme une pierre de vie et de bonne fortune, une protection qui éloignait l’influence des puissances obscures ou maléfiques et protégeait contre elles. Elle passait même pour avoir des propriétés curatives. Employée comme un médicament par les Indiens d’Amérique du Nord, on pensait que la turquoise soignait les désordres gastriques, les hémorragies internes, les piqûres de serpents et de scorpions. En plaçant les pierres, directement ou en baume, sur les paupières, les Indiens pensaient prévenir la cécité. En talisman, elle protégeait des blessures par accident, protégeait cavaliers et chevaux de chutes accidentelles. Elle passait même pour empêcher la folie. Encore aujourd’hui, les Indiens fabriquent des pièces de joaillerie traditionnelle en argent et les sertissent de turquoises. Ils croient que cette pierre gemme, couleur de ciel, établit un lien direct entre le divin et le terrestre. En Asie centrale et au Moyen-Orient, la turquoise était appréciée, en tant que pierre ornementale pour les bijoux de turbans. Elle était souvent portée en colliers, censée protéger du «mauvais œil». On s’en servait aussi comme talisman, décorant poignards, cimeterres ou harnais de chevaux. Chez les anciens Aztèques, elle décorait leurs masques de cérémonie puisque, d’après leurs croyances, la turquoise était une «pierre sacrée». De nos jours, elle est tenue pour la pierre bénéfique des aviateurs, du personnel navigant et d’autres professions ayant besoin d’une protection particulière, pour éloigner le spectre des accidents. Comme un pacte surnaturel, porter une turquoise sur soi, c’est emporter un morceau de ciel.

iolithe

bleu vert

persan



9 vert absinthe


vertaude gris

du

...vu de l’atelier


L’inspiration Comment une inoffensive plante aromatique des jardins a-t’elle pu mériter une réputation aussi grisante ? L’herboriste et le jardinier connaissent la grande et la petite absinthes, sa variété maritime, au beau feuillage vert argenté et aux vertus d’amertume, digestives, stimulantes et aphrodisiaques. L’amateur de boissons anisées la déguste mêlée au fenouil, à la mélisse, à l’armoise, à l’anis vert et à l’hysope. Le vert Absinthe, lui, à mi-chemin entre bleu, vert et gris, a certainement la couleur de l’abysse, de l’abîme, celle de la biture poétique. Spleen pas idéal des artistes maudits et des poètes impressionnistes à la fin du XIXe siècle, l’absinthe est accusée très vite par les ligues de vertu, au-delà de la stimulation créative, de rendre fou et de provoquer de graves intoxications. La fée verte –ou la bleue, comme on l’appelle aussi– a désormais mauvaise réputation. Elle est interdite en France en 1915. Verlaine, chantre de l’absinthe, en sera mort 9 ans plus tôt.

amande, cactus, agave, cactée, thym, céladon,


La symbolique Pour comprendre le vert Absinthe et la fascination qu’il procure, il suffit de regarder un verre plein de cette couleur mystérieuse, profonde comme un lac boueux, trouble comme une eau d’argile, tourmentée comme le Nil. Ni vert, ni bleu, ni gris, il y a vertige à voir l’alcool troublé par l’eau, et ses tourbillons spiralés, translucides et magiques. Vert Absinthe, c’est la traduction en couleur d’un infini, d’une ivresse, d’une magie un peu vénéneuse, attirante, entêtante, tellement tentatrice qu’elle peut devenir toxique ou destructrice… comme une noyade dans l’alcool. Le vert Absinthe est d’une grande douceur, un pastel grisé calme, rassurant, un beau neutre coloré, froid et apaisé comme un long spleen, un bel abandon.

guimard, vert d’eau, absinthe,


Couleur Trop d’absinthe nuit Pour ce vert grisé, la coloration absinthe s’obtient de terres argileuses vertes et de l’oxyde de cuivre. Depuis l’Antiquité, le vert-de-gris est fabriqué dans les régions de vignoble où sont disponibles le moût et le marc de raisin. Les lames de cuivre y étaient enfouies plusieurs semaines dans des caisses passées en étuve, et la poussière verte recueillie, après oxydation et grattage, permettait de colorer à faible coût, fresques et peintures. Le pigment dilué dans du vinaigre donnait le verdet que l’on retrouve à Pompéi ou dans les enluminures du Moyen Age. Le vert-de-gris servait à représenter les émeraudes serties dans les bijoux et l’orfèvrerie précieuse. Il rehaussait lettrines et manuscrits. On le retrouve naturellement sur les toitures patinées couvertes de cuivre qui font le charme des vieux bâtiments oxydés. Faire l’absinthe, c’est postillonner. Avaler son absinthe, c’est faire contre mauvaise fortune, bon cœur, endurer avec résignation quelque contrariété. Comme avaler une amertume. Abuser de l’absinthe et de ses tentations, c’est virer au gris, l’ivresse à coup sûr, le vert paradis artificiel, l’addiction dangereuse. Et renverser son absinthe, c’est finalement mourir ! Pour finir, une triste mise au vert…

séneçon, cendre verte, hysope, angélique, orseille,


graminĂŠe, prasin, ciste, achillĂŠe, ardoise verte


Couleur

gris de sauge, vert Nil, menthe bleue, malachite,


Couleur d’apaisement Les verts sont la couleur dont l’œil humain perçoit le mieux toutes les nuances, sans doute grâce à sa très grande habitude et expérimentation à appréhender tous les verts végétaux de la nature, ceux des champs et ceux des arbres, changeant de qualités chromatiques au fil des saisons et des éclairements. Cette richesse des verts apaisants, l’homme les a assimilés et finalement conféré au vert a les incontestables valeurs positives de la tempérance, de la douceur, de la naturalité. Couleur aujourd’hui d’une écologie conquérante, le vert est bon, beau, bio, portant d’avenir et d’espérance. Couleur de la chance, de bonne santé, de soin, d’attention, le vert est calme, doux, rassurant. Teintée de gris, la gamme des verts, c’est la nature douce qui rentre dans la maison, celles des teintes naturelles des lichens, des mousses et des herbes séchées, tressées, des pailles et des fibres végétales travaillées. Sisal, chanvre, rotin, seigle…, le végétal prend pied dans l’environnement domestique pour y déposer l’apaisement, le mystère d’une certaine alchimie entre vie des champs et vie des villes. Pour toutes ses vertus, le vert de gris est sans pareil.

vert de vessie, glauque, menthol, feuille d’olivier,


0 1 vert chartreuse


du vert au jaune

... vu de l’atelier


l’inspiration

Vert Chartreuse, c’est le vert du nouveau printemps, le vert végétal des jeunes pousses et des premiers bourgeons.

Dans les forêts de Chartreuse, à mi-chemin entre Isère et Savoie, en plein Vercors, le massif forestier se pare à la fin de l’hiver des couleurs jaune/vert du renouveau, des tons bicolores de la repousse, de la montée de sève. Face aux Alpes, les escarpements du cirque de Saint-Même, le massif de la pleine Chartreuse où la pluviométrie est la plus importante de France, prennent un vert magique, synonyme de résurrection et de vitalité. C’est ce vert de la chlorophylle des sucs extraits de 130 plantes que les moines Chartreux emprisonnent dans leurs bouteilles de liqueur précieuse depuis 1605… ce vert magique qui colore l’élixir végétal de la Grande-Chartreuse, un élixir de longue vie et éclatant de bonne santé.

la symbolique Vert Chartreuse, c’est la traduction en couleur de la vitalité, de la santé, de la renaissance, de l’éclosion, de la vie. Celle de l’énergie du renouveau, de la procréation, de la longévité. Elle n’exclut pas une certaine acidité, un beau mordant, une note acidulée, une touche de peps bienvenue. Comme le printemps qui bourgeonne au bout des branches, le vert Chartreuse éclate de vie, de santé, de dynamisme. Comme une promesse en soi, un désir de printemps, une florescence en devenir, un bel avenir à épanouir… Le vert Chartreuse est aujourd’hui devenu la couleur de l’audace et de la modernité conquérante.

Chartreuse verte, Chartreuse jaune, la couleur balance sans cesse entre deux tentations.

ANIS, FENOUIL, AMANDE, ORGE, BLÉ VERT, ENDIVE, GLAUQUE, CŒUR DE LAITUE, POUSSE,


TILLEUL, SAULE, GRENOUILLE, MOUSSE, PISTACHE, POMME, KIWI, GRANNY, CÉTOINE


ivresse des profondeurs Avec un taux d’alcool de 71°, l’Elixir végétal de la Grande Chartreuse a de quoi décoiffer une génération de créateurs un peu tourmentés. La littérature ésotérique indique qu’entre le jaune et le vert, il y a un passage de mort, Couleur sépulcrale des apparitions et des esprits, couleur science-fictionnelle ou carrément gore, un rien inquiétante, elle semble liée à la mort, aux retours parmi les vivants, à l’au-delà et au paranormal. Couleur du rayon laser transperçant la nuit, couleur des apparitions, des spectres et des morts-vivants, eux-mêmes éclairés par cette vision nocturne artificielle, le vert Chartreuse de l’alcool rassemble, dans la littérature américaine contemporaine, autour de son pouvoir et sa couleur unique, des groupes d’adorateurs de vampires et autres décadents mortifères (Hunter S. Thompson, Generation of Swine : Tales of Shame and Degradation in the ‘80s). Cette vision un peu déchirée de la réalité, entre hallucinogènes et psychotropes, alimente une nouvelle génération d’artistes maudits et allumés dont le vert Chartreuse est la couleur emblématique, copieusement alcoolisée et sulfureusement colorée. Le vert Chartreuse, un enfer vert, un rien décalqué…

HERBE, LIME, LUCIOLE, AVOCAT, MERDE D’OIE, ACIDE, VER LUISANT, FLUO, PHOSPHORE,


couleur -

“Après une pinte de Chartreuse verte, plus rien ne parait normal” ’Til the Money Runs Out, chanson tirée de

l’album HeartAttack & Vine, Tom Waits

“C’est l’heure de la Chartreuse, l’heure des émeraudes de menthe liquides” La Nymphe (Rubén Dario) “Boire de la Chartreuse, c’est comme avaler un spectre” Retour à Brideshead (Evelyn Waugh) LASER, LUMIÈRE, ÉMERAUDE, PRÊLE, CACA D’OIE, OLIVE, MOUTARDE, SINOPLE, VERT DE VESSIE


couleur + attrape-l’oeil Le vert Chartreuse est une couleur insaisissable, à la limite entre vert et jaune, proche de la couleur de la fluorescence, de la phosphorescence, de la luminescence. Intégrant naturellement une telle énergie, son avenir et son succès sont lumineusement tracés. Chartreuse est une couleur tellement séduisante, tellement visible, tellement étonnante qu’elle est promise à être vue partout, même de nuit. Ainsi est-elle aujourd’hui la couleur tape à l’œil des leurres de pêche, cachant l’hameçon, attirant de très loin l’attention des poissons. Quelques plumes Chartreuse, une similitude lumineuse avec un insecte bien voyant et le tour est joué… Pas trop fines mouches, saumons, truites et perches n’y voient que du feu. Le vert Chartreuse hameçonne l’œil de l’acheteur, à l’égal d’une couleur fluo, et sans son agressivité, capte l’attention. Une couleur signal, emblématique, puissante, symbole d’attrait, au charme puissant, terriblement efficace et d’une belle modernité. Son impact marketing est inégalable.

+

Le vert Chartreuse, la tonicité du jaune, le calme du vert…

PORRACÉ, CACA DAUPHIN, PRASIN, KAKI, HANNETON

GRANNY, SCARABÉE, VIRIDE.



platane


les neutres naturels

... vu de l’atelier



l’inspiration Son étymologie en dit long : du grec platanos, de platus, large, à cause de la forme généreuse de sa feuille, le platane, dans la mythologie grecque, est un symbole de la vie et de la régénération, à l’image de son écorce qui se renouvelle par plaques, faisant ressembler les troncs à un énorme puzzle fait d’écailles et de plaques des plus claires aux plus sombres. Le platane offre à l’œil un bel exemple d’échelle de clarté dans les tons neutres de grège, à michemin entre le gris et le beige. Toutes les nuances des couleurs naturelles sont là, du blanc coloré au gris taupé de l’écorce.

la symbolique Les couleurs neutres et naturelles sont à l’image de cet arbre centenaire: intemporelles, rafraîchissantes, assagies, calmes, apaisantes... D’une hauteur pouvant aller jusqu’à 45 mètres, l’arbre a une durée de vie de 500 ans, voire, très exceptionnellement, comme le platane d’Hippocrate à Kos, dans le Dodécanèse, de plus de 2000 ans. C’est dire la pérennité des platanes, leur tranquillité, la force de

Le platane aurait servi à construire le cheval de Troie. Et comme les noces de platane protègent emblématiquement 61 ans d’un mariage, l’Atelier 3D couleur qui loge au 61 de la rue de Lancry a choisi cet arbre tutélaire qui lui permet naturellement d’évoquer toutes les nuances des couleurs neutres, du blanc au noir, dans ce nouveau cahier de couleurs naturelles.

leurs couleurs pérennes, hors du temps et des modes. Le tronc de ce platane grec mesure 14 m de circonférence, et se compose de plusieurs souches au tronc abîmé, craquelé. Son écorce caractéristique se fissure en écailles («rhytidomes»), dégageant des zones blanc jaune. La similitude de l’écorce avec la peau de serpent en période de mue est alors assez évidente, à la recherche d’une nouvelle couche protectrice.

NEIGE PORCELAINE FARINE ALBÂTRE NUAGE LISERON CERUSE


couleur

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Partout planté le long des routes, le platane est réputé accidentogène. L’abattage des platanes qui bordent nos routes est devenu un sujet controversé. D’un côté, le pro-abattage des associations de la prévention routière et de l’autre, les anti-abattage, dirigés par les associations de protection de l’environnement. Les platanes finissent par être à l’origine d’une rébellion de conducteurs et de motards, prêts à les abattre au bord des routes, la nuit, en commandos, pour en éliminer le danger. La question prend alors une dimension culturelle virulente lorsque l’on menace d’anciennes routes pour lesquelles les superbes alignements d’arbres existent depuis le début du XIXe siècle… En ville, le platane est passé de mode. Attaqué de toutes parts par un champignon, le ceratocystis fimbriata, responsable de la maladie du chancre coloré du platane, venu des Etats-Unis dans les caisses en bois du débarquement des Alliés à Cavalaire-s/ Mer, en août 1944, le platane est aujourd’hui souvent remplacé par le micocoulier, plus exotique, plus étonnant. Les couleurs naturelles peuvent sembler subir le même traitement : trop passe-partout, trop intégrées, trop douces, elles sont souvent considérées comme ennuyeuses ou déjà vues. La mode est de leur préférer des couleurs plus surprenantes, venues d’ailleurs, spectaculaires et fugaces.

BROU DE NOIX ROUILLE CUIVRE BRONZE QUEUE DE VACHE PIE


Le platane, choisi comme support tutélaire des couleurs naturelles, cache la forêt des solutions colorielles illimitées offertes par la nature. Choisi ici pour la beauté des troncs et l’incroyable patchwork de ses couleurs d’écorce, le platane d’Orient est l’arbre le plus courant planté en France dans les projets d’urbanisme et d’aménagements publics. Traditionnellement, il ombrage toutes les places du sud de la France, borde les avenues citadines (40 % des arbres de rues plantées à Paris), s’aligne le long de milliers de kilomètres de routes secondaires, comme arbre d’ornement dont l’espacement régulier rythme et ombre les trajets. A l’image de cette bienveillance qui accompagne nos transports par route, les couleurs des arbres et celles de la nature en général apportent ombre et fraîcheur, silence et calme, tempérance et réassurance, douceur et maternance, comme un registre de couleurs présentes depuis l’enfance, toujours connues, toujours aimées. Les couleurs neutres naturelles, celles des végétaux, des minéraux, des animaux… rattachent l’homme à une certaine marche de l’univers, un ordre harmonieux, intemporel où la faute de goût n’existe pas. Aucune erreur dans la nature, ses couleurs, ses associations, ses combinaisons. La nature est par essence sans faute, et les gammes de couleurs naturelles sont toujours des gammes faites pour durer, sans jamais fatiguer ou lasser. Il y a de la sérénité dans ce discours-là…

PATINE PERLE ARGENT PIERRE TOURTERELLE CHARBON ARDOISE


couleur

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PLATANE POUSSIERE BIS


gris souris


gris, du blanc au noir... ...vu de l’atelier


la nuit, tous les chats sont gris... l’inspiration Gris souris est sans doute le premier nom de la couleur grise qui vient à l’esprit, le gris le plus courant et le plus utilisé. Mais curieusement, le moins référent aussi car, alors qu’il est pensé comme un gris neutre moyen, le gris souris est en réalité un gris chaud foncé, à l’identique du poil de la bestiole. Le gris neutre de la souris grise n’existe que dans l’imaginaire collectif. A croire que comme son inspiratrice qui se cache, le gris souris est fait pour ne pas être vu, aussi neutre que possible, à l’intérieur d’un champ chromatique du gris défini par la faiblesse ou l’absence de couleur. Cette grande neutralité vaut d’ailleurs au gris toutes ses critiques autant que ses louanges. Sans prise de position tranchée mais s’associant avec tout, le gris est aujourd’hui la plus contemporaine des couleurs… Ce livret, en explorant les qualités du gris, joue au chat à la souris, à une heure, entre chien et loup, où le gris voile et brouille la justesse de toute perception.


la symbolique Le langage courant ne retient du gris que trois valeurs, clair, moyen, foncé. Ni blanc, ni noir, ni coloré, l’intensité lumineuse du gris est comprise dans une moindre luminance que le blanc (entre 5 et 75% de celui-ci) et supérieure à celle du noir. Une sorte d’entre d’eux où rien ne ressort vraiment, où tout se confond comme dans une semi-clarté ou une semi-obscurité. Le gris se perçoit avant tout comme une absence ou un manque. Le vêtement du pauvre est gris, faute des moyens d’avoir du tissu teint. Dans la symbolique occidentale, le gris est associé à l’ennui, à la tristesse, à la dépression, du seul fait que le gris est terne, comme la couleur de la poussière qui s’amoncèle sur les choses immobiles et inertes, mortes. En Occident, le gris a longtemps eu mauvaise réputation… avant ce retour en grâce qui fait du gris un incontournable de l’air du temps.


couleur la couleur du temps, du silence et de la discrétion

Au XIXe siècle, on nomme grisette la jeune femme pauvre à la robe grise que son travail d’atelier ou de boutique ne protège pas de la faim. Le gris, à y réfléchir, porte un sacré fardeau. Grise mine, éminence grise, teint gris, dent grise, cheveu gris, existence grise, tout indique l’abandon, l’âge, la déchéance, la négligence, le silence. La gris est la couleur du temps et de l’ennui. Du temps qui passe, du temps perdu. Le mouvement semble avancer, lentement mais irrémédiablement, sur des vies de lassitude, de solitude, d’indigence et de pauvreté. Le gris n’est pas glamour, c’est le moins qu’on puisse dire...

grège, mastic, perle, argile, bis, bistre, de Payne, tourbe,


Âge, vieillesse, vieillissement, lenteur, le gris est couleur de tristesse, de maladie et de déchéance. Comme une ombre grise, le gris préfigure le noir de la mort, du deuil, de la perte. Si le noir est la référence chromatique de l’obscurité, des forces occultes, de l’ignorance, le gris est celle de l’obscurantisme, de la censure, de l’enfermement. Avec cette idée d’absence de lumière, qu’elle soit éclairement, intelligence, esprit illumination, culture ou liberté… Et pourtant, le gris est une couleur neutre qui ne prend pas position et pourrait passer inaperçue si sa discrétion visuelle ne parlait à sa place. Couleur du costume contemporain, passe-partout et indémodable, le gris ne s’engage pas. Il est à la fois d’ici et d’ailleurs, d’hier et de demain, simple et chic, paysan et design, vieux et contemporain. Sa force est l’absolu d’une couleur qui transcende les genres et les explications, la somme de toutes les couleurs de la matière, à mi-chemin entre le bien et le mal.

tourdille, pinchard, fusil, canon, fusil de canon, chanvre,



couleur gris flanelle, la perfection de 50 nuances... Classiquement considéré comme mélancolique, le gris n’est associé à la sagesse et la connaissance que depuis le Moyen-Âge. Les vertus du temps et de la réflexion sont désormais pleinement reconnues au XXe siècle, et le gris gagne ses galons grâce à la mode et à l’automobile. Passant du costume masculin du siècle industriel, entre bourgeois et militaire, et la rayure grise du banquier, le gris investit le vestiaire féminin avec les couturiers des années folles, libérant la femme. Le gris signe désormais l’élégance et le raffinement discrets, la richesse, le luxe et la noblesse. Mais bien au-delà, le gris signe avant tout le style, fait de discrétion, de réserve et de neutralité. Dans la hiérarchie du vêtement professionnel du XXe siècle, la blouse grise du technicien ou de l’instituteur est inférieure à la blouse blanche de l’ingénieur ou du savant, mais supérieure à la blouse bleue du magasinier. Le gris est une couleur neutre stabilisante, réconfortante. Il appartient aux couleurs exprimant une force tranquille, à la fois statutaire et sérieuse. Plus le gris est foncé, plus ses valeurs de calme puissance, d’intemporalité et de qualité se renforcent : ainsi le gris anthracite, en temps que faux noir, se rapproche des couleurs classiques et indémodables qui présentent bien et donnent une impression de sérieux, de statut et de réassurance. Le gris a la chance de n’être pas un noir rigide, strict et sévère.

seigle, sarrasin, lin, linon, métis, serge, drabe, ficelle, murin,


trois ors


nt..l. e g r l’a méta à r o du de l’couleurs l’atelier les

...vu

de


or jaune, or pâle, ambre, cire, miel, muscat, ocre, dorÊ, zircon, diament, jaune


l’inspiration

L’histoire de l’or débute il y a près de 5.000 ans, les plus anciens bijoux en or ayant été trouvés dans la nécropole de Varna, au sud-est de la Bulgarie, sur les bords de la mer Noire. Plus tard, à partir de 2.500 ans avant J-C., les pharaons feront de l’exploitation aurifère une véritable industrie, utilisant des milliers d’esclaves afin de rechercher de l’or, utilisé à titre décoratif ou votif : bijoux et ornements, tombeaux et adorations divines. Cyrus le Grand, fondateur de l’empire perse, passe pour avoir fait fondre la première monnaie d’or au 1er siècle avant J-C. L’usage s’en répand alors dans le monde antique jusqu’à ce que l’Empereur romain Constantin instaure le monométallisme au IVe siècle de notre ère, système monétaire fixant l’or comme monnaie unique légale. La recherche de l’or est l’une des raisons de la découverte du continent américain. Hernán Cortés entreprit, à la demande de Charles Quint, la conquête du Mexique, notamment pour accaparer l’or des Aztèques. Cortés envoyant une grande quantité du précieux métal au roi d’Espagne, l’or se met à affluer du Nouveau Monde. C’est à cette même époque que se diffuse la légende de l’Eldorado, le pays doré, le pays de l’or. À partir de 1848, la fameuse ruée vers l’or réveille et bouleverse la Californie. L’or contribue grandement à la conquête de l’Ouest américain et les pionniers sont à l’origine de la croissance démographique et économique de nombreuses villes californiennes, dont San Francisco. C’est le début d’un âge d’or mythique, celui de la prospérité, de la réussite, du self-made man, cette typologie d’entrepreneur dans un pays nouveau où tout redevient possible. Londres reste cependant aujourd’hui la plaque tournante du raffinage de l’or et la capitale de son négoce. C’est toujours au cœur de la City que la Banque d’Angleterre surveille la cote du métal précieux.

vermeil, or rose, or blanc, or gris, argent, mercure, métal, titane, vif argent


la symbolique

L’or est le métal le plus noble que ses propriétés le rendent quasiment inaltérable. Son état d’oxydation est nul, son inertie chimique le protège des attaques de l’oxygène: l’or métallique ne se ternit pas et ne forme pas d’oxyde, à quelque température que ce soit.

L’or résiste également à l’action de nombreux produits chimiques dont la plupart des acides, à l’exception du cyanure. C’est pour toutes ses qualités qu’il atteint la perfection optimale, l’invulnérabilité inégalée, l’intemporalité. L’or, valeur universelle, représente l’idée parfaite d’absolu, une supériorité au-dessus de tout, à l’abri de toute attaque ou de toute dégradation, une valeur-refuge, une récompense que l’on décerne au meilleur et au plus abouti : médaille d’or, disque d’or, ballon d’or, livre d’or, nombre d’or, âge d’or, golden globes… l’or atteint des sommets d’universalité, d’intemporalité et de pérennité qu’aucun autre métal ne peut garantir. Il est l’étalon parfait de la qualité la plus haute et incontestable, un absolu de perfection.

plomb, zinc, fer, titane, maillechort, acier, cuivre, oxyde, vert-de-gris, fer rouillé


Règle d’or L’or a des vertus sans pareil. Utilisé en médecine et en soin depuis l’Antiquité, l’or, métal inerte et inoxydable, est toléré par le corps humain. Injectées à bon escient, les particules d’or se fixent sur les tissus lésés, répondant aux protéines spécialisées auxquelles elles sont liées. Des cellules cancéreuses peuvent ainsi être détectées et détruites, en réchauffant les particules d’or par infrarouge. Ce procédé permet de faire des analyses rapides de sang, détectant les agents toxiques, allergènes ou microbiens. La capacité catalytique des nanoparticules d’or est utilisée pour transformer et filtrer les gaz toxiques comme le monoxyde de carbone. En présence d’oxygène, l’or catalyse l’oxyde de carbone et le transforme en dioxyde de carbone, bien moins dangereux. C’est le seul métal capable de le faire à température ambiante et son application se retrouve donc dans la fabrication des pots catalytiques ou des filtres de masques à gaz. Au Japon, les fi l t res ant i -odeurs sont partiellement composés de particules d’or. En fusion, l’or est utilisé en médecine dentaire comme plombage. Le sel d’or est un dérivé organique utilisé dans le traitement des rhumatismes. La lithothérapie, médecine parallèle, utilise les propriétés énergétiques de l’or pour améliorer les états pathologiques. L’or apporte de la vigueur au corps et a un effet bénéfique sur le sang et les yeux. L’or rentre dans la pharmacopée de nombreux produits cosmétiques anti-âge… ou du moins dans leur communication, pour sa part de rêve. Tranché sous forme de très fines feuilles battues, l’or s’applique en placage pour la nouvelle jeunesse des grilles et des objets décoratifs.

nickel, chrome, platine, titanium, galva, aluminium, palladium, fer blanc, bronze



Couleur

La possession de l’or a toujours suscité un désir violent de possession, motivé une course effrénée de richesse, des expéditions, guerres et combats, batailles et conquêtes, braquages et effractions, vols et détournements. Curieux miroir pas très brillant de la cupidité humaine, l’or n’attire pas que de bons sentiments. La ruée vers l’or n’a jamais été cantonnée à la seule époque de conquête de l’Ouest américain, et reste aujourd’hui encore une raison d’être, comme une valeur sûre, un miroir aux alouettes, une motivation étrange. En tant que clé du luxe, reflet de la réussite et de la fortune, la quête de l’or arbore très vite le clinquant du mauvais goût, la surenchère du nouveau riche, l’excentricité du parvenu… Etalage de richesse et d’abondance, vulgarité du show off et de la démonstration, l’or peut malheureusement, être porteur des valeurs négatives de l’arrogance, du mépris et du dédain. Par un étrange retournement de valeur, ne s’épargnant plus rien de toutes les outrances, de tous les excès, l’époque a pris désormais la décadente habitude d’ingérer le précieux métal : chocolats, huiles d’olive, miels, vins et champagnes, alcools et spiritueux, pâtisseries et autres desserts devenus plus somptueux, cosmétiques… se parent de paillettes et de feuilles d’or destinées à finir bien bas. Une façon éphémère de briller de l’intérieur, et une impossibilité désormais à dire que l’argent n’a pas d’odeur.

vermeil, or rose, or blanc, or gris, argent, mercure, métal, titane, vif argent



Couleur

L’or a les incontestables valeurs positives de l’exemplarité, du succès, de l’estime. L’or, c’est le soleil en prime, la chaleur maîtrisée, la puissance de l’argent, la force du pouvoir, le luxe et la richesse. Pour toutes ses vertus et ses connotations, l’or est sans pareil. Matériau sans oxydation, sans dégradation dans le temps, l’or a orné les masques mortuaires et les trésors funéraires des tombes des plus illustres pharaons tout comme des dignitaires amérindiens. En fusion, l’or est utilisé en médecine dentaire comme plombage. Le sel d’or est un dérivé organique utilisé dans le traitement des rhumatismes. La lithothérapie, médecine parallèle, utilise, entre autres, les propriétés énergétiques de l’or pour améliorer les états pathologiques. L’or apporterait de la vigueur au corps et aurait un effet bénéfique sur le sang et les yeux. L’or rentre d’ailleurs dans la pharmacopée de nombreux produits cosmétiques anti-âge… ou du moins dans leur communication, pour sa part de rêve. Tranché sous forme de très fines feuilles battues, l’or s’applique en placage pour la nouvelle jeunesse des grilles, des dômes et des coupoles et des éléments décoratifs de l’architecture. La feuille d’or, celle que l’on applique depuis toujours aux statues des dieux en offrandes, confère aux bâtiments un surcroit d’âme et de valeur, de sanctuarisation et de mysticisme, faisant entrer de fait, l’architecture dans la dimension du spirituel et de l’élévation. Mais la véritable valeur ajoutée du métal est plus humble encore : sa recyclabilité sans fin fait de la moindre déchetterie ou récupération de matériau, une mine renouvelable de trésors à refondre…

hassium, francium, uranium, lumière, rayon, airain, or doux, or brossé


noir charbon


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L’inspiration Les noirs ont été les premiers pigments préparés par l’homme, à partir de bois calciné, noir de charbon, puis par combustion, noir de carbone, noir de fumée. Très tôt, le charbon devient une référence du noir profond et mat, dense et couvrant. Petit ramoneur, racleur de cheminée, mineur de fond, mistigri, bougnat, valet de pique… la couleur charbon traîne longtemps le boulet d’un délit de sale gueule… noire, comme on appelait les cheminots, les soutiers et les mineurs. Du latin niger signifiant d’une teinte foncée, la dialectique a continué à noircir les choses. Vite fait, bien fait, le mot noir a viré mauvais, vers les notions de mauvais, pécheur, fautif…


La symbolique Exact opposé du blanc dans le spectre chromatique, le noir est l’aspect visuel des objets qui n’émettent ni ne reflètent aucune lumière visible. Tous les rayons lumineux y sont absorbés, sans réfléchir. Dans le champ sémantique, dans une vision manichéenne du monde où les choses sont soit noires soit blanches, le noir représente donc l’autre absolu, le gouffre de la lumière, l’obscurité donc l’obscurantisme. Le mal n’est plus très loin… Le christianisme a repris à son compte cette dimension du péché, opposant les ténèbres à l’illumination, le croyant au pécheur, le bien au mal. D’autres civilisations considèrent plutôt le noir comme le complément parfait du blanc, comme l’est la nuit pour le jour. En Occident, le noir a eu longtemps mauvaise réputation…


Couleur Le noir, à y réfléchir, porte un sacré fardeau. Lilith, la femme de la nuit, la lune noire de l’ésotérisme, évoque un seul nom, la négative, la force du refus. Le non capital est le credo du noir de l’anarchie, la résistance des pirates et de la flibuste. Couleur à la fois de la tristesse, de la mort, du deuil, de la perte, le noir est la référence chromatique des ténèbres et de l’obscurité, des forces occultes, de l’ignorance et du repli, de l’inconnu, de ce qui est caché. Le noir porte en lui un grand mystère… grand comme un roman noir. Et pourtant, au-delà de tout cela, le noir est une couleur neutre, qui n’engage pas, ne prend pas position et pourrait passer inaperçue si sa puissance visuelle ne parlait à sa place. Couleur du costume contemporain, passe-partout et indémodable, le noir ne s’engage pas. Il est à la fois d’ici et d’ailleurs, d’hier et de demain, simple et sophistiqué, paysan et design, vieux et contemporain. Sa force est l’absolu d’une couleur qui transcende les genres et les explications, la somme de toutes les couleurs de la matière, au-delà du bien et du mal, exclusive, jusqu’au-boutiste, touchant à la perfection. Le noir… la non-couleur absolue, l’ultime silence.


nicotine

baie

m没re

cassis

raisin

sureau

geni猫vre

veuve

deuil



ramoneur cheminée métal fer ardoise schiste éléphant

Les vertus du noir sont apparues au XXe siècle, et rendues évidentes par la mode et l’automobile. Passant du strict costume masculin du siècle industriel, entre bourgeois, militaire et banquier, le noir investit le vestiaire féminin avec les premiers couturiers des années folles, en libérant la femme. Le noir signe désormais la sobriété, l’élégance et le raffinement discrets, la richesse, le luxe, la noblesse. Mais bien au-delà, car le noir signe avant tout le style. Smoking, tenues de cérémonie et objets de luxe trouvent ainsi leur écrin. Une couleur noire qui est également celle de la dignité, du pouvoir, de l’autorité, de la puissance, (carte noire, piste noire, ceinture noire…), à la fois message de menace (l’uniforme, le policier, l’homme de loi…) et d’austérité ou d’ascétisme (l’ecclésiastique, le designer, le styliste…). Parce que le noir est avant tout couleur de stabilité, il est aujourd’hui le faire-valoir de tout produit haut-de-gamme ou se positionnant sur le haut du panier. Sa qualité gratifiante valorise aussi bien produits alimentaires, produits hi-fi, technologie que cosmétique ou bijouterie… dans une valse noire à un temps, dirigée vers un absolu de perfection et de nec plus ultra, monochrome, sombre et glacé. Le noir… la couleur absolue, l’ultime perfection.

zinc

Couleur


Principauté de Monaco-Direction de la Prospective, de l’Urbanisme et de la Mobilité, Groupe Seb, Tefal, Krups, Rowenta, Calor, Philips International, Hermès, Rochas, Lancôme, L’Oréal, Issey Miyake, Shiseido, Liliane France, Beiersdorf-Nivea Beauté, ArjoWiggins, Züber-Rieder, Thibierge & Comar, Lana Papiers, Guérimand-Voiron, Matra-Alcatel, Miflex 2, Ingenico, BIC, Placoplatre, Saint-Gobain Glass Solutions, Verrerie Aurys, Tigex-Allègre Puériculture, Groupe La Sablière, S.C.I.C., France Habitation, Groupe 3F Immobilier, Direction du Patrimoine-Opéra Garnier, Etablissement Public du Grand Louvre-Salle des Etats, Villa Médicis-Rome, La Samaritaine, Weber, Le Printemps-Haussman, Universités de Paris-Faculté de Jussieu, Borg Warner, Carrefour, Hôpital Broca, Hôpital du Kremlin-Bicêtre, Clinique Marzet (Pau), Clinique Saint-Privat (Béziers), Cabinet d’Architecture Jean-Paul Viguier, Unibail-Confluence de Lyon, Eiffage Aménagement, Rigaud, Porthault, Renault, General Motors, Michelin, Aga, Solmer, Sommer, Gerflor, Gerflex, R.T.M., S.N.C.F., R.A.T.P., Oberflex, Skinplate, Emalit, Mira X, Peintures Gauthier, Peintures Siapoc, ICI-Corona, AkzoNobel Powder Coatings-Interpon, Materis-Tollens, Peintures Zolpan, Plasdox, Selles-Céramiques de Touraine, Cycles Gitane, Decathlon, Salomon, Parker Pens, AirbusAérospatiale, Taylormade, Facom,Toutlemonde-Bochart, Packard-Bell, Roneo, Steelcase-Strafor, Formica, Longchamp, Sansen, Elf, Polyrey, Eternit, Mobalpa, Lapeyre, Sommer-Allibert, Kazed, Camping Gaz, Waterman, V 33, Technal, Siplast, Xyladécor, Babyliss, Brandt, Alibert, E.P.A.D.-La Défense, EPA-Marne, Centres Commerciaux du Forum des Halles, Les Quatre Temps-La Défense, Bonneveine, La Valentine, Centre Bourse (Marseille), Belle-Epine, Rockwool, Créteil-Soleil, Le Grand Val (L’Isle-Adam), Les Halles de Taverny, Ministère de la Culture-Direction du Patrimoine, Pickenpack-Gelmer, Villes de Tokyo, Villes de Nîmes, Berre-l’Etang, Saint-Germain-en-Laye, Châlons-en-Champagne, Aubervilliers, Montfermeil, Salers, Dunkerque, Fort-de-France, Honfleur, Limoges, Joigny Joinville-le-Pont… Offices Publics d’HLM d’Auxerre, Ivry-s/Seine… Gervais-Danone, General Electric, E.D.F., Essorep, Cognacs Martell, Chantiers Navals de la Ciotat, Spontex, Mapa-Hutchinson, Allia, Samas, Terraillon, Airwell, Sulky-Burel, Everite, Delbard, Peugeot Outillage, VM Zinc Parc Astérix, Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse, Parc des princes, Siemens, Jacob Delafon, Minolta, Aéroport International In-cheon et Hôpital In-ha de Séoul, Nissan, Toyota, Samsung, Schneider electric, Honda, Subaru, Hino Motors, Yamaha, Hanty Corée, Hyundai, Mazda, Bouwfonds Marignan Immobilier, Nuk, Ocde, Balsan, HAYCO LTD... nous ont déjà fait confiance.

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61, rue de Lancry 75010 Paris 01 42 02 34 86 - fax 01 42 03 27 73 www.atelier3dcouleur.com contact@atelier3dcouleur.com

couleur & symbolique... graphisme vu par philippe roaldès & co

L’Atelier 3D couleur a, dans les années passées, montré et ouvert la voie de la couleur à des acteurs de l’architecture, du design et de l’industrie, grands ou petits, français ou internationaux, du simple créateur à la multinationale, de l’entreprise artisanale à la P.M.E. Ses références sont multiples :


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