SALOMĂ SALAZAR
«Thereâs an Inca prophecy that says that when the Eagle of the North and the Condor of the South fly together, the Earth will awaken. I feel Iâm the messenger of that prophecy for the dance scene.
According to the story, the path of the Condor is that of the heart, of intuition, and of the feminine. The path of the Eagle is led by the mind, the industrial, and the masculine. There are so many great ideas and innovation here in the North, and so much creativity and ancestral wisdom in Latin America that dialogue across our countries seems to be the logical next step in our path towards a more profound and global dance revolution.
Iâve seen an intention in dancers, here in Canada and in countries like Ecuador or Argentina, of moving away from our silos and sharing our art with a wider audience. Because we know our dance brings a message of humanity and empathy to this individualistic and moneydriven world. To me, art is a daring political statement that has the potential to raise our consciousness at a global level.
Iâve witness thereâs a wall of darkness that prevents this, tough: the language barrier. But nowadays everyone speaks English, right? So why not just use that lingua franca? Itâs not that simple.
If everything is in English, Spanish-speakers (especially those who didnât grow in privilege and didnât get the chance to learn English) canât learn about the dances and experiences happening in the North. And, without Spanish to English translation, art lovers in the North donât have the opportunity to discover the stories behind the colorful and diverse dances from the South.
Authentic dialogue, like authentic movement, happens when we embrace our diversity and ensure everyone their right to communicate in their own language, the one that is closest to their heart.
The pandemic forced us to isolate ourselves but, as we closed our physical doors, we also saw how many virtual portals started opening that allowed us to communicate with people on other sides of the planet. Itâd be great to use those new technologies to democratize our dialogue by including different voices. Wouldnât the conversation be a lot more inspiring and rewarding?
The good news is that weâre getting there. As a simultaneous interpreter and translator for the arts in both the physical and virtual worlds, Iâm witnessing how some dance organizations in the North and the South are already building bridges of communication by breaking the language barrier. They are having online multilingual conversations that connect dancer across the Americas. They are translating their websites and other online content to see their dances travel farther. As a result, the North-South collaboration is happening. Together, weâre building community.
Going back to the Inca prophecy about the Condor and the Eagle flying together and awakening humanity, this prophecy only speaks of the potential, so itâs up to us to activate it. I might be a dreamer, but I feel that by breaking the language barrier weâre helping the Condor and the Eagle fly together. It seems the journey into a more inclusive and revolutionary dance across the globe has begun. Do you want to dance it, too?»
CAFĂ RĂFLEXIONS #33
CAFĂ RĂFLEXIONS #34
JULIEN SCHWALLER
«Cela fait 4 ans que jâaccueille et travaille sur des crĂ©ations lumiĂšre pour de la danse.
Câest lâexpression artistique avec laquelle jâai le plus de plaisir Ă travailler. La danse est synonyme de théùtre, de chant et de musique. Chaque danseur·euse joue un personnage le temps du spectacle. Chacun.e raconte une histoire avec ses mouvements et sa voix. Câest la libertĂ© de la danse qui me plaĂźt le plus. Par ailleurs, la lumiĂšre rajoute une lecture supplĂ©mentaire Ă la chorĂ©graphie et permet dâamplifier les Ă©motions.
Jâai travaillĂ© sur la crĂ©ation et jâai participĂ© Ă la tournĂ©e dâun spectacle de danse intitulĂ© « Babydoll » de Marie-Ăve Signeyrole. Au sein de ce show, je mâoccupais du montage du dĂ©cor, de lâencodage lumiĂšre et de la poursuite. Câest un spectacle qui parle des femmes et de la migration avec une mise en scĂšne violente et rĂ©aliste provenant de vrais tĂ©moignages. Le projet Ă©tait important pour nous car il traite dâun sujet largement invisibilisĂ© et envoie un message fort. Lâobjectif Ă©tait alors de diffuser ces histoires au plus grand nombre de spectateur.rice.s.
Mon rĂŽle Ă la poursuite consistait Ă suivre les danseur·euse.s. Cela me faisait participer Ă la chorĂ©graphie. Je la connaissais par cĆur et jâavais dâailleurs la mienne. Jâavais la sensation de crĂ©er un lien avec les artistes en Ă©tant capable de prĂ©voir tous leurs mouvements. Chacun.e avait une façon singuliĂšre de se mouvoir et je finissais par pouvoir le discerner Ă ma maniĂšre. Par lâintermĂ©diaire de la lumiĂšre, jâĂ©tais en rĂ©alitĂ© sur scĂšne avec elleux.
Ce travail Ă©tait assez physique dans la mesure oĂč lâon reste gainĂ© tout au long du spectacle, le visage collĂ© Ă la lampe. Il faut ĂȘtre prĂ©cis car le moindre faux mouvement est dĂ©multipliĂ© sur scĂšne. Mon but est alors de mettre en valeur lâartiste sans que lâon ne me remarque.
Ce qui me plaĂźt vraiment câest lâadrĂ©naline que lâon ressent avant que le spectacle ne dĂ©bute. On se prĂ©pare mentalement et physiquement. Pour ma part, mon rituel est le suivant : mâallonger et Ă©couter une de mes musiques fĂ©tiches. Quand le spectacle commence on est plongĂ© dedans, on est concentrĂ©. Ă certains moments clĂ©s, pour certaines figures on sâinquiĂšte pour les danseur.euse.s. Enfin, dĂ©s que lâon entend les premiers applaudissements, on relĂąche et on se rejoint pour fĂȘter ça! LâĂ©quipe est telle une famille. Câest une expĂ©rience incroyable Ă vivre, que jâespĂšre pouvoir rĂ©itĂ©rer au plus vite. »
CAFĂ RĂFLEXIONS #34
CAFĂ RĂFLEXIONS #35
SIMON CHIOINI
Photo : Tania Dos Santos
«Je ne me considĂšre pas comme un professionnel du monde de la danse, ni comme un connaisseur de son histoire ou de son milieu actuel. On mâa simplement donnĂ© la chance de frĂ©quenter cet univers Ă de multiples reprises et jâen retiens des expĂ©riences hautement transformatrices, de nouvelles formes de connaissances, des leçons pour la crĂ©ation.
Ma pratique musicale sâappuie sur un double ancrage. Dâun cĂŽtĂ©, le projet dâune musique de recherche issue de lâuniversitĂ© ; de lâautre, les mouvements dâune musique Ă©lectronique dĂ©diĂ©e Ă faire danser. Ă priori, il sâagit de sphĂšres sĂ©parĂ©es au sein dâune mĂȘme discipline. Les milieux de la salle de concert et celui du club se croisent rarement, et leurs postures face au corps ne constituent quâune partie du diffĂ©rend.
Si lâon voulait pousser la chose, on pourrait parler dâun contrĂŽle des corps en opposition Ă une libertĂ© des corps. Câest peut-ĂȘtre exagĂ©rĂ©, mais la distinction est Ă©vidente. Et pourtant, mes rencontres avec le monde de la danse contemporaine mâont montrĂ© comment le corps est liĂ© Ă toute musique. Les corps sont entiĂšrement impliquĂ©s dans lâexpĂ©rience de la musique, et si lâon rĂ©flĂ©chit Ă la portĂ©e expĂ©rientielle ou communautaire du concert, cette dimension corporelle se rĂ©vĂšle inhĂ©rente Ă la crĂ©ation musicale.
Ces rĂ©flexions ont Ă©tĂ© portĂ©es au travers de mes collaborations. Jâai eu la chance de rencontrer des artistes qui mâont montrĂ© leur relation au corps, en soulevant les multiples rapports des corps au monde. Au-delĂ du spectacle de danse, du club ou de la salle de concert, jâen retiens une posture dâĂ©coute et dâouverture toute spĂ©ciale, rarement trouvĂ©e ailleurs.
Un merci particulier à Andréanne Martel et Frédérique Rodier pour les échanges créatifs et les projets inspirants!»
«Au sein des ateliers chorĂ©graphiques, des mouvements sont apparus ; mouvements souvent accompagnĂ©s dâinquiĂ©tudes. Des mouvements dĂ©stabilisants, propulsant le corps hors de son centre de gravitĂ©. Des mouvements inspirĂ©s de mes pensĂ©es bruyantes : des brouillages ou interfĂ©rences qui me dĂ©sorientent. Puis, des personnages fictifs faisant Ă©cho Ă ces bruits sâinvitĂšrent au sein mĂȘme du processus : des sirĂšnes et des marins, des influenceurs, une patineuse artistique maladroite et dâautres.
Tous ces mouvements de la pensĂ©e et du corps sont relatifs Ă lâacte mĂȘme de crĂ©er et la manifestation dâune difficultĂ© Ă diffĂ©rencier la fiction de la rĂ©alitĂ©. LâĂ©nigme convoquĂ©e par ce nouveau mouvement crĂ©atif me pousse aujourdâhui Ă chercher plus loin dans ce terrain chorĂ©graphique. Entre mon imaginaire, mes pensĂ©es Ă©parpillĂ©es et lâacte de crĂ©er, il y a des bifurcations, de lâinattendu, et il y a des personnages qui cherchent une place pour exister. Il y a le dĂ©sir dâinventer un espace pour cadrer les mouvements, les images, lâintime.»
InterprÚtes : Charles Brécard, Abe Simon Mijnheer
Photo de couverture : Manon de Pauw
PIERREMARC OUELLETTE