CAFÉ RÉFLEXIONS 33, 34, 35 & 36

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CAFÉ RÉFLEXIONS #33

SALOMÉ SALAZAR

«There’s an Inca prophecy that says that when the Eagle of the North and the Condor of the South fly together, the Earth will awaken. I feel I’m the messenger of that prophecy for the dance scene.

According to the story, the path of the Condor is that of the heart, of intuition, and of the feminine. The path of the Eagle is led by the mind, the industrial, and the masculine. There are so many great ideas and innovation here in the North, and so much creativity and ancestral wisdom in Latin America that dialogue across our countries seems to be the logical next step in our path towards a more profound and global dance revolution.

I’ve seen an intention in dancers, here in Canada and in countries like Ecuador or Argentina, of moving away from our silos and sharing our art with a wider audience. Because we know our dance brings a message of humanity and empathy to this individualistic and moneydriven world. To me, art is a daring political statement that has the potential to raise our consciousness at a global level.

I’ve witness there’s a wall of darkness that prevents this, tough: the language barrier. But nowadays everyone speaks English, right? So why not just use that lingua franca? It’s not that simple.

If everything is in English, Spanish-speakers (especially those who didn’t grow in privilege and didn’t get the chance to learn English) can’t learn about the dances and experiences happening in the North. And, without Spanish to English translation, art lovers in the North don’t have the opportunity to discover the stories behind the colorful and diverse dances from the South.

Authentic dialogue, like authentic movement, happens when we embrace our diversity and ensure everyone their right to communicate in their own language, the one that is closest to their heart.

The pandemic forced us to isolate ourselves but, as we closed our physical doors, we also saw how many virtual portals started opening that allowed us to communicate with people on other sides of the planet. It’d be great to use those new technologies to democratize our dialogue by including different voices. Wouldn’t the conversation be a lot more inspiring and rewarding?

The good news is that we’re getting there. As a simultaneous interpreter and translator for the arts in both the physical and virtual worlds, I’m witnessing how some dance organizations in the North and the South are already building bridges of communication by breaking the language barrier. They are having online multilingual conversations that connect dancer across the Americas. They are translating their websites and other online content to see their dances travel farther. As a result, the North-South collaboration is happening. Together, we’re building community.

Going back to the Inca prophecy about the Condor and the Eagle flying together and awakening humanity, this prophecy only speaks of the potential, so it’s up to us to activate it. I might be a dreamer, but I feel that by breaking the language barrier we’re helping the Condor and the Eagle fly together. It seems the journey into a more inclusive and revolutionary dance across the globe has begun. Do you want to dance it, too?»

CAFÉ RÉFLEXIONS #33

CAFÉ RÉFLEXIONS #34

JULIEN SCHWALLER

«Cela fait 4 ans que j’accueille et travaille sur des créations lumière pour de la danse.

C’est l’expression artistique avec laquelle j’ai le plus de plaisir à travailler. La danse est synonyme de théâtre, de chant et de musique. Chaque danseur·euse joue un personnage le temps du spectacle. Chacun.e raconte une histoire avec ses mouvements et sa voix. C’est la liberté de la danse qui me plaît le plus. Par ailleurs, la lumière rajoute une lecture supplémentaire à la chorégraphie et permet d’amplifier les émotions.

J’ai travaillé sur la création et j’ai participé à la tournée d’un spectacle de danse intitulé « Babydoll » de Marie-Ève Signeyrole. Au sein de ce show, je m’occupais du montage du décor, de l’encodage lumière et de la poursuite. C’est un spectacle qui parle des femmes et de la migration avec une mise en scène violente et réaliste provenant de vrais témoignages. Le projet était important pour nous car il traite d’un sujet largement invisibilisé et envoie un message fort. L’objectif était alors de diffuser ces histoires au plus grand nombre de spectateur.rice.s.

Mon rôle à la poursuite consistait à suivre les danseur·euse.s. Cela me faisait participer à la chorégraphie. Je la connaissais par cœur et j’avais d’ailleurs la mienne. J’avais la sensation de créer un lien avec les artistes en étant capable de prévoir tous leurs mouvements. Chacun.e avait une façon singulière de se mouvoir et je finissais par pouvoir le discerner à ma manière. Par l’intermédiaire de la lumière, j’étais en réalité sur scène avec elleux.

Ce travail était assez physique dans la mesure où l’on reste gainé tout au long du spectacle, le visage collé à la lampe. Il faut être précis car le moindre faux mouvement est démultiplié sur scène. Mon but est alors de mettre en valeur l’artiste sans que l’on ne me remarque.

Ce qui me plaît vraiment c’est l’adrénaline que l’on ressent avant que le spectacle ne débute. On se prépare mentalement et physiquement. Pour ma part, mon rituel est le suivant : m’allonger et écouter une de mes musiques fétiches. Quand le spectacle commence on est plongé dedans, on est concentré. À certains moments clés, pour certaines figures on s’inquiète pour les danseur.euse.s. Enfin, dés que l’on entend les premiers applaudissements, on relâche et on se rejoint pour fêter ça! L’équipe est telle une famille. C’est une expérience incroyable à vivre, que j’espère pouvoir réitérer au plus vite. »

CAFÉ RÉFLEXIONS #34

CAFÉ RÉFLEXIONS #35

SIMON CHIOINI

Photo : Tania Dos Santos

«Je ne me considère pas comme un professionnel du monde de la danse, ni comme un connaisseur de son histoire ou de son milieu actuel. On m’a simplement donné la chance de fréquenter cet univers à de multiples reprises et j’en retiens des expériences hautement transformatrices, de nouvelles formes de connaissances, des leçons pour la création.

Ma pratique musicale s’appuie sur un double ancrage. D’un côté, le projet d’une musique de recherche issue de l’université ; de l’autre, les mouvements d’une musique électronique dédiée à faire danser. À priori, il s’agit de sphères séparées au sein d’une même discipline. Les milieux de la salle de concert et celui du club se croisent rarement, et leurs postures face au corps ne constituent qu’une partie du différend.

Si l’on voulait pousser la chose, on pourrait parler d’un contrôle des corps en opposition à une liberté des corps. C’est peut-être exagéré, mais la distinction est évidente. Et pourtant, mes rencontres avec le monde de la danse contemporaine m’ont montré comment le corps est lié à toute musique. Les corps sont entièrement impliqués dans l’expérience de la musique, et si l’on réfléchit à la portée expérientielle ou communautaire du concert, cette dimension corporelle se révèle inhérente à la création musicale.

Ces réflexions ont été portées au travers de mes collaborations. J’ai eu la chance de rencontrer des artistes qui m’ont montré leur relation au corps, en soulevant les multiples rapports des corps au monde. Au-delà du spectacle de danse, du club ou de la salle de concert, j’en retiens une posture d’écoute et d’ouverture toute spéciale, rarement trouvée ailleurs.

Un merci particulier à Andréanne Martel et Frédérique Rodier pour les échanges créatifs et les projets inspirants!»

«Au sein des ateliers chorégraphiques, des mouvements sont apparus ; mouvements souvent accompagnés d’inquiétudes. Des mouvements déstabilisants, propulsant le corps hors de son centre de gravité. Des mouvements inspirés de mes pensées bruyantes : des brouillages ou interférences qui me désorientent. Puis, des personnages fictifs faisant écho à ces bruits s’invitèrent au sein même du processus : des sirènes et des marins, des influenceurs, une patineuse artistique maladroite et d’autres.

Tous ces mouvements de la pensée et du corps sont relatifs à l’acte même de créer et la manifestation d’une difficulté à différencier la fiction de la réalité. L’énigme convoquée par ce nouveau mouvement créatif me pousse aujourd’hui à chercher plus loin dans ce terrain chorégraphique. Entre mon imaginaire, mes pensées éparpillées et l’acte de créer, il y a des bifurcations, de l’inattendu, et il y a des personnages qui cherchent une place pour exister. Il y a le désir d’inventer un espace pour cadrer les mouvements, les images, l’intime.»

Interprètes : Charles Brécard, Abe Simon Mijnheer

Photo de couverture : Manon de Pauw

PIERREMARC OUELLETTE

CAFÉ RÉFLEXIONS #36

Photo : Manon De Pauw

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