CITY CAMPUS AT MASJID INDIA KUALA LUMPUR - PRESENTATION BOARDS (ACADEMIC)

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concept | framework

Réflexions Personnelles

concept | precedent study

concept | issue statements

Cet ouvrage contribue à la compréhension des représentations imaginaires de la ville, du moins en Occident, surtout en Amérique du Nord, depuis les années 1960. Lynch parvient à une excellente synthèse des résultats de ses études de terrain avec les populations locales. On reconnaît la qualité de cette synthèse à la clarté de la théorie taxinomique qu’elle lui permet de développer comme outil d’analyse. Lynch jette des ponts remarquables entre les recherches d’anthropologie, de psychologie et d’urbanisme. Ce texte a d’ailleurs servi d’inspiration fondatrice pour la géographie de la perception et la linguistique praxématique. Son vocabulaire s’inspire visiblement de la sémiologie structuraliste — les concepts récurrents d’images, de langage, de lisibilité, de structure le montrent bien — ce qui la rend facilement compatible avec les études littéraires. Toutefois, la réflexion sur l’esthétique est parfois éclipsée par les visées urbanistiques de Lynch. Plusieurs passages sous-entendent qu’une imagibilité forte n’est ni nécessairement synonyme de beauté, ni d’agrément, sans que cette idée soit véritablement discutée. On s’en rend compte surtout avec certains décalages de mentalités. Par exemple, Lynch défend à plusieurs reprises les mérites des autoroutes surélevées, plus récentes en 1960 qu’aujourd’hui — elles sont d’ailleurs parfois évoquées comme des projets d’avenir —, puisqu’elles permettent un panorama à ceux qui l’empruntent, qu’elles peuvent être franchies par-dessous et qu’elles peuvent servir de points de repère visibles de loin. Or, nombreux sont les citadins d’aujourd’hui qui considèrent, certes, ces produits d’architecture des années 1960, et bien d’autres constructions massives de béton, comme des signes fortement images de la ville, mais surtout comme des signes de sa laideur. Une nuance s’impose tout de même : le fait de reconnaître et de vouloir respecter l’importance d’une variété de goûts, d’usages et d’interprétations chez les citadins et la nécessité d’un équilibre dans la composition formelle des villes semble symptomatique d’une conscience environnementale en germe en 1960. Néanmoins, plusieurs projets de réconciliation de ces oppositions proposés par Lynch, comme celui répété plusieurs fois de l’élaboration d’une « musicalité » des séquences 5 d’éléments d’architecture, ou encore la sensibilisation des citadins à un regard différent sur leur ville (p. 137), semblent plutôt insuffisants et utopiques. Par ailleurs, vouloir privilégier une personnalité distincte à chaque ville, qui serait facile à illustrer sous forme d’image mentale, correspond à une spécialisation des villes. Selon cette vision de la société de consommation contemporaine caractérisée par sa grande mobilité — « le citadin change de lieu de résidence beaucoup plus souvent aujourd’hui qu’il ne l’a jamais fait dans le passé » (Lynch, p. 131) —, chacun peut choisir sa ville de résidence aisément, comme on choisit une destination touristique, en fonction d’une certaine image collective. Bien sûr, l’imagibilité consiste aussi à laisser un certain éventail d’interprétations et de fonctions possibles, de même qu’à permettre à ces nouveaux arrivants de se repérer avec plus d’aisance. Néanmoins, cette conception de la ville à l’image malléable par un « urbanisme volontaire », qui serait de plus en plus indispensable avec le rythme contemporain très rapide de la construction (Lynch, p. 136), ne met-elle pas en péril une certaine authenticité de l’image des villes


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