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Editorial de M. Azakaria TRAORE, Directeur général de l’ANAC

Editorial de M. Azakaria Traoré Directeur général de l'ANAC

Une aviation civile forte et rayonnante ouverte au monde repose sur une ANAC forte et autonome financièrement.

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La supervision et la régulation de l’aviation civile sont des missions qui font l’essence de l’ANAC. Ces missions sont de s’assurer à travers les audits et les inspections périodiques auprès des structures intervenant dans le transport aérien que les normes et pratiques recommandées dans les domaines de la sécurité et de la sûreté aériennes sont en cours ou mises en œuvre. A cet égard, le continent africain s’efforce de s’inscrire à relever les enjeux et les défis relevant des domaines ci-dessus cités pour satisfaire les standards internationaux en perpétuelle mutation, et ceux édictés par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Au cours des deux dernières décennies écoulées, il convient de rappeler que les résultats des audits périodiques réalisés par l’OACI ont relevé l’incapacité de la plupart des Etats africains dont le Burkina Faso à s’acquitter convenablement de leurs fonctions de régulation et de supervision de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile. Les principales raisons sont l’absence d’un cadre règlementaire et l’insuffisance des ressources techniques et financières nécessaires pour appliquer les exigences de l’OACI. C’est pour pallier ces insuffisances que l’OACI a fortement recommandé au gouvernement du Burkina Faso une étude de restructuration de la Direction générale de l’Aviation civile et de la Métrologie (DGACM). Cette étude de restructuration a abouti à la création de l’Agence nationale de l’Aviation civile (ANAC) par le décret n°2009-940- PRES/ PM/MT du 31 décembre 2009. Cependant, dans l’exercice de ses missions avec le nouveau recentrage institutionnel, l’ANAC a, hélas, été confrontée à la dure et implacable réalité qui la confine dans un carcan dont elle venait à peine de s’affranchir, piétinant le sort de son autonomisation et balayant du coup les exigences de l’OACI qui avaient prévalu à sa création.

Engagés toujours dans un élan de faire bouger les lignes avec une volonté incisive, le ministère en charge de l’aviation civile, le Conseil d’orientation et de Contrôle et les premiers responsables de l’agence à travers des plaidoyers et des lobbyings, sont parvenus à convaincre les nouvelles autorités de la transition à ériger l’ANAC en institution administrative indépendante (IAI), dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière et de gestion à travers le décret n° 2015-788/PRES/TRANS/PM/MIDT / MEF du 03 juillet 2015. Ce nouveau décret commande une réelle autonomie administrative et financière à l’ANAC. Cette disposition règlementaire sera renforcée trois ans plus tard par le législateur burkinabè à travers l’adoption du code de l’aviation civile, le 30 avril 2019, par l’Assemblée nationale.

En effet, dans les dispositions du livre VII, titre I de l’article 810 du nouveau code de l’aviation, il est stipulé que : « L’ANAC est une autorité administra-

tive indépendante dotée d’une personnalité juridique et de l’autonomie fi-

nancière et de gestion ». Cela s’entend que le Gouvernement devra prendre des dispositions impérieuses et nécessaires pour permettre à l’ANAC non seulement de collecter les redevances qui lui reviennent conformément aux dispositions de la loi précitée, mais également de bénéficier d’un accompagnement financier conséquent pour mieux jouer son rôle régalien de supervision et de régulation de l’aviation civile au Burkina Faso dans un contexte marqué par la concession de l’aéroport Ouagadougou-Donsin au groupe MERIDIAM AMP.

L’autonomisation de l’ANAC est importante et déterminera le niveau de performance ou de contre-performance du système de l’aviation civile burkinabè. C’est là tout l’enjeu et les performances à réaliser dans le domaine de la sécurité ou de la sûreté qui incombent au gouvernement du Burkina Faso. Cet appel pressant de l’autonomisation de l’ANAC procède de la capitalisation et du partage d’expériences avec les premiers responsables des aéroports de la sous-région qui sont sous le joug de la concession.

Une aviation civile forte et rayonnante ouverte au monde repose inéluctablement sur une ANAC forte et autonome financièrement.

Azakaria TRAORE

Directeur général de l’ANAC

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