

RETOUR D'EXPÉRIENCE DE COMMANDITAIRES
D'UNE MISSION D'ASSISTANCE À
MAÎTRISE D'USAGE
Entretien avec Éliott Guillet et Gilles Castel, agents de l’Eurométropole de Strasbourg
Octobre 2023
Le 3 Octoble 2023, Fanny Gonzalez de Quijano, urbaniste et designer urbain au sein des l'Atelier MENTO et Anne Régnault, designer au sein des Ateliers RTT, toutes deux membres du réseau AMU Rhin Supérieur , rencontrent :

• Éliott Guillet ( à l’époque Chef de projet) à la Direction de Territoire Neuhof-Meinau de l’Eurométropole de Strasbourg ;

• Gilles Castel (Chef de projet renouvellement urbain) à la Direction de Territoire NeuhofMeinau de l’Eurométropole de Strasbourg
pour revenir sur la démarche d’Assistance à Maîtrise d’Usage (AMU) menée par "les Ateliers RTT" et "L'atelier MENTO" entre mai 2022 et juin 2023 pour établir le pré-programme de la Plaine Élan, en lien avec ses habitant-es.
Le contexte de la mission d'AMU
"Dans le cadre du Projet de Renouvellement Urbain du Neuhof (PRU), les études et concertations menées depuis 2017 ont mis en évidence le potentiel de la Plaine Élan, son rôle stratégique pour le projet de territoire et l’intérêt des habitant-es à son ouverture.
Afin de faire de cet espace un véritable lieu de destination, il existe un enjeu majeur dans l’articulation des thématiques qui ont vocation à se développer sur le site : l’agriculture urbaine, le sport-loisirs, l’éducation à l’environnement et à l’écocitoyenneté.
Ainsi l’Eurométropole de Strasbourg a choisi de s’attacher les services du groupement composé des Ateliers RTT et de l’Atelier Mento pour l’accompagner dans la définition et le recueil des besoins pour la création d’un Espace d’éducation à l’environnement, et sur le fonctionnement du site à plus grande échelle entre l’ensemble de ses composantes."
Introduction issue du livrable de fin de mission.
* AMU = L’Assistance à Maîtrise d’Usage est une approche de conception qui place les usager·es, utilisateur·rices, habitant·es, citoyen·nes au centre du processus d’élaboration d’un projet. Elle mobilise des compétences variées, issues des sciences humaines et sociales, de l’éducation populaire, de l’architecture, de l’animation, du design, ...
* Le design de service est une démarche de conception qui vise à aider les organisations — entreprises, collectivités publiques, associations... — à concevoir les fonctionnalités et les formes de leurs services à partir des besoins des utilisateur·rices.
Pourriez-vous revenir sur le contexte du projet de la Plaine Élan et nous expliquer comment vous avez été amenés à publier un appel d'offre pour une mission d’accompagnement en AMU?
C’est vrai que nous avons l’habitude de faire directement les études d’AMO, mais pour ce projet, plusieurs facteurs nous ont fait sentir la nécessité d’un défrichage en amont. Le principal était l’ambition de la commande politique avec les trois thématiques : éducation à l’environnement, sport-loisir et agriculture urbaine.
Cela dit, nous avons des compétences en interne pour faire de la concertation citoyenne et cela fait partie
de nos missions, mais sur ce projet, il y a eu le besoin de se faire accompagner, car nous nous sommes vite rendu compte de différents enjeux : d’une part des enjeux de capacités humaines, notre service étant assez occupé avec le NPNRU et d’autre part les enjeux d’acteurs multiples à associer, le site étant fermé au public depuis longtemps. Il y avait les résidents actuels du site à associer, mais également les acteurs du quartier et les acteurs thématiques, notamment sur la question de l’éducation à l’environnement.
Pourquoi l’Assistance à Maîtrise d’Usage ? Quelle(s) perception(s) de cette démarche aviez-vous en amont de la mission ?
C’est la mode! *rire* Plus sérieusement, nous avions une perception intéressée de la démarche avec de bons échos du projet des Maisons de services à l’Elsau et à Koenigshoffen. Ce qui nous intéressait c’est le travail de relation au public, notamment dans la perspective de préserver l’urbaniste-conseil du secteur sur des enjeux de temps, mais aussi pour ne pas la “surexposer” au public habitant, pour qu’elle conserve un regard “neutre”.
L’AMU nous a apporté des choses notamment sur la partie imagination des scénarios pour amener des idées nouvelles.
J’avais déjà travaillé à d'autres postes avec des profils de facilitateurs et sur la relation habitante. C’est super intéressant – mais avec la Plaine Élan on est sur un objet singulier qu’on a pas l’habitude de traiter en renouvellement urbain. Quelque part, à objet singulier, méthodologie à réinventer !
L’AMU nous a apporté des choses notamment sur la partie imagination des scénarios pour amener des idées nouvelles. Nous, on aime bien se reposer des questions sur nos modes de faire, et là, le fait que des professionnels proposent une nouvelle méthodologie sur notre territoire, cela nous permet aussi de nous inspirer, au lieu d’aller faire des visites de terrain au niveau national par exemple.


Vous avez fait appel à un groupement qui allie deux agences d’AMU en design et urbanisme : quel impact cela a-til eu sur votre démarche de projet habituelle ?
C’est vrai que la multiplicité des compétences que nous demandons dans les marchés, c’est un sujet dont on prend de plus en plus conscience. On a été content de voir que vous aviez répondu à deux agences, car, on voyait en termes de besoins, la nécessité d’avoir une méthodologie AMU, mais également, vu le sujet, une approche urbanistique et paysagère.
Et il n’y a pas eu de fracture ou de difficultés, car vos deux agences n’en formaient qu’une pour nous. Notamment, car le travail de mandataire a été bien fait : le fait de ne s’adresser qu’à une seule personne et que les infos circulent, c’était précieux pour nous.
Si on demande aux associations et aux partenaires avec lesquels vous avez travaillé, je pense que 9 sur 10 diraient qu’il n’y avait qu’une seule structure. On a eu que les avantages d’avoir deux structures.
Pour nous aussi cela a été une collaboration fructueuse, notamment parce qu’il y avait une culture partagée en amont, liée au travail mené au sein du réseau AMU. Cela a été bienvenu de chercher les compétences complémentaires nécessaires à cette mission au sein de ce réseau.


➵ Nous commençons toujours nos missions par un atelier de cadrage, pour que chacun-e puisse expliciter ses contraintes et objectifs. Ici le temps du 16 Mai 2022 avec les différentes parties prenantes du projet.
©
C. Creutz
Quels ont été les bénéfices par rapport à une démarche plus “classique” de projet et les limites de la démarche, ce qu’il n’a pas été possible de régler?
Une des limites c’est la temporalité : c’est des démarches qui prennent du temps, mais on le savait dès le début. La Plaine Élan c’est un objet sur lequel on a décidé de prendre plus de temps. C'était aussi un souhait politique de bien cadrer les choses. Et puis, on le voit, notamment sur les projets d’espaces publics, si les bases de la commande sont claires, le projet déroule plus facilement pour le maître d'œuvre qu’une commande plus bancale qui va faire des zigzags en phase d’étude et de maîtrise d'œuvre. Dans ce cas, on perd en temps et en qualité.
Après c’est comme dans tous les projets, plus on étire le temps, plus on peut avoir des changements d’arbitrage, d’organisation, d’orientation. Mais ça, c’est la vie du projet et il vaut mieux que cela se passe dans cette phase-là que
dans une phase plus avancée. Le danger c’est plutôt de susciter de l’envie de la part des habitants en amont de phases plus concrètes pour eux. Mais ça, on arrive à bien l’expliquer et les habitants commencent aussi à avoir l’habitude.
Le point positif, c’est la souplesse dont vous avez fait preuve, avec les inconnues du projet (lauréat de l’AMI par exemple, les arbitrages politiques qui ont eu lieu pendant la démarche ou même les conditions météorologiques). On est en phase amont donc c’est des phases potentiellement peu stables voire inconfortables. Cela nous a permis d’être assez réactifs, malgré les différents aléas, c’est précieux et on vous en remercie.











➵ Extrait du livrable de fin de mission, explicitant des différentes zones d'usage imaginées en atelier pour la Plaine Élan. Y sont explicitées les raisons d'être des usages, les équipements liés, les enjeux et les controverses ainsi qu'une veille inspirante.


Si vous deviez recommander de l’AMU à quelqu'un·e qui ne connaît pas, comment le feriez-vous ?
Je dirais surtout que c’est une approche sensible et une méthodologie aussi. Je parlerais aussi de la question des livrables. On n’aurait pas sollicité une mission d’AMU s’il n’y avait pas de livrables, notamment de bonne qualité graphique. Cette capacité à représenter et à faire comprendre par des schémas, c’est super important. Cela fait rattrapage pour ceux qui prennent la démarche en cours, les partenaires ont apprécié y retrouver ce qui a été dit.
de lire. Et le guide de cadrage a permis de scander le projet, politiquement, mais aussi envers les partenaires : cela symbolise le rôle qu’ils ont eu dans la démarche.
Un autre élément, si je devais recommander ces démarches à quelqu’un, c’est le rôle de tiers, notamment si c’est sur un sujet délicat. Tiers avec les structures partenaires de la collectivité, mais aussi votre rôle de tiers inter-services, qui a été apprécié.
On sent aussi l’approche sensible plus largement avec les recherches de références et sur les schémas illustrés du livrable final. C’est un document que toutes les structures qui ont participé à la démarche auront/ont envie



contact@lesateliersrtt.com
www.lesateliersrtt.com

contact@atelier-mento.com
www.atelier-mento.com