Retour à silence extrait

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Les blafards mangent leurs morts pour sauvegarder leur souvenir. Ton souvenir me mange et je ne sais plus lequel de nous deux est mort. Tu es le Silence dans ma tête. Tu es Silence, que je ne quitte pas.

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Pauvre hère, pauvre misère ! Te revoilà tout prêt à te vautrer dans ta chère nostalgie, à te saouler de passé, à maudire ton ascendance. La barbe ! Tu es le plus indécrottable des pleurnichards ! Tu es assez vieux pour savoir cette loi du monde : soit tu tues le passé. Soit il te tue. Soit tu assumes ton sang. Soit il te noie. Alors cesse de te répandre. Ou bien pends-toi. Mais la paix, à la fin !

-3Vivre à Silence requiert l’intimité du désert. Il faut connaître les sources et les pistes à quokkas. Savoir où poussent les racines que l’on peut manger et celles utilisables comme médecine. Il faut pouvoir prédire l’arrivée des tempêtes dans les tourbillons de poussière. Subsister dans le reg réclame une discipline qui suffit à remplir mes jours et mes soirées. Seule la nécessité du ravitaillement peut m’éloigner de ma cabane. Je prends alors l’ouest durant un jour et deux nuits, et je vais au dépôt des Cuatro Perros. Là, j’y échange des peyotes et la pelisse des quokkas que j’ai attrapés au piège contre du mescal, des clous ou


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