JUILLET 2021- TRIMESTRIEL 1,88 € - ISSN : 0154-8530
MAGAZINE DE PRÉVENTION SANTÉ - N°350
PR LEJOYEUX :
Le stress post-traumatique n’est pas une fatalité
HISTOIRE
Les dates fondatrices du mutualisme
Toutes les solutions pour bien vieillir à la maison
ÉDITO
P
rès de 9 personnes sur 10 souhaitent vivre chez elles le plus longtemps possible. Ce maintien à domicile, que les pouvoirs publics encouragent, permet de retarder la dépendance. Dans notre dossier « Toutes les solutions pour bien vieillir à la maison » (p. 14), Marie de Hennezel commente : « Le corps vieillit, certes, mais la pensée peut rester jeune… Les personnes âgées épanouies sont curieuses de tout. » Cultiver l’instant présent et savourer des petits plaisirs est justement l’une des pistes que propose le Pr Lejoyeux pour nous préserver de l’anxiété. « En apprenant à mieux conjuguer nos émotions, nous sommes plus résistants face à cette crise sanitaire », explique-t-il dans une interview accordée à Mutualistes (p. 10). Ce professeur de psychiatrie pointe des situations de stress et d’épuisement conjuguées à un profond sentiment de lassitude après ces longs mois d’hiver, où nous étions en partie confinés et pendant lesquels un phénomène inédit a vu le jour : la « Zoom fatigue ». L’utilisation intensive des visioconférences (via Zoom, Teams, Skype…) au travail ou tout simplement pour se socialiser a fini par affecter notre santé (p. 8). Ces nouvelles technologies sont devenues incontournables pour communiquer, travailler, mais aussi pour étudier. À découvrir dans ce numéro, notre article « Le numérique au cœur de l’éducation » (p. 19). Autre technologie qui bouleverse le monde du travail, les exosquelettes sont conçus pour apporter une assistance physique aux salariés en accompagnant la réalisation de certains gestes. Ils contribuent, par exemple, à réduire les troubles musculosquelettiques, une des maladies professionnelles les plus fréquentes (p. 13). Des initiatives pour aider les travailleurs, c’est également ce qui est à l’origine du mutualisme, un puissant mouvement social qui a traversé les époques. Retour en arrière sur les grandes dates qui ont jalonné son histoire et abouti à notre système de protection actuel (p. 20). Avant les congés d’été, dernière ligne droite dans la campagne de vaccination contre l’épidémie de Covid-19. Le saviez-vous ? 5 % à 9 % des adultes souffrent de bélonéphobie, la peur des aiguilles. Mutualistes vous explique comment vaincre cette phobie (p. 6). Enfin, retrouvez nos conseils pour profiter pleinement de cette saison estivale : les bonnes attitudes à adopter pour se protéger de la foudre (p. 9) ou les remèdes aux mauvaises odeurs corporelles liées à certains aliments et accentuées par la transpiration (p. 12). Et, faute de voyages dans des contrées exotiques, si vous testiez le tai-chi dans un parc ensoleillé ? Un art martial ancestral désormais inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (p. 18). Bel été ! La rédaction
Mutualistes, n° 350, juillet, août, septembre 2021. Trimestriel d’informations mutualistes et sociales édité par Ciem, Coopérative d’information et d’édition mutualiste, pour Utema (organisme régi par le Code de la mutualité). 12, rue de l’Église, 75015 Paris. Tél. 01 44 49 61 00. Ciem.fr. • Directeur de la publication : Gérard Quittard, président de la Ciem.• Directeur délégué aux publications : Philippe Marchal, administrateur. • Directrice des rédactions : Laurence Hamon, directrice générale de la Ciem. • Rédactrice en chef : Anne-Sophie Prévost. • Secrétaire de rédaction : Samuel Neal • Rédacteurs : Isabelle Coston, Delphine Delarue, Vanessa Pageot, Benoît Saint-Sever et Léa Vandeputte. • Réalisation graphique : Delphine Colas. • Impression : Maury Imprimeur SAS, rue du Général-Patton, ZI, 45330 Malesherbes. • Couverture © Shutterstock. Ce numéro 350 de « Mutualistes, Objectif et Action » de 24 pages comprend : une couverture et deux pages spéciales (3 et 4) pour la Mutuelle Saint-Aubannaise ; une couverture et six pages spéciales (3, 4, 5, 6, 7 et 8) pour Memf ; une couverture et onze pages spéciales (2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12) pour MCA et un document « Appel à candidature » pour une partie des lecteurs de l'édition MCA ; une couverture et neuf pages spéciales (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11) pour MIP. Commission paritaire : 0723 M. 06546. Dépôt légal : juillet 2021. © Mutualistes, Objectif et Action, 2021. Reproduction interdite sans autorisation. Origine du papier : Leipzig (Allemagne) • Taux de fibres recyclées : 100 % Ce magazine est imprimé avec des encres blanches sur un papier porteur de l’écolabel européen et de l’écolabel allemand Ange bleu (der Blaue Engel). « Eutrophisation » ou « Impact de l’eau » : PTot 0,002 kg/tonne de papier. Prix du numéro : 1,88 €. Abonnement annuel : 7,50 € (4 numéros par an) à souscrire auprès de la Ciem, 12, rue de l’Église, 75015 Paris.
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MUTUALISTES 350
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Sommaire 4-5 // ACTUALITÉ 6-7 // SANTÉ • Peur des aiguilles : comment vaincre la bélonéphobie ? • Comment atténuer les douleurs de la mâchoire ? 8-9 // PRÉVENTION • « Zoom fatigue » : comment la combattre ? • Gare à la foudre !
12 // NUTRITION Ces aliments qui modifient les odeurs corporelles 13 // INNOVATION Quand les exosquelettes facilitent le travail
« En apprenant à mieux conjuguer nos émotions, nous sommes plus résistants face à cette crise sanitaire »
Tralalere :
le numérique au cœur de l'éducation 20-21 // HISTOIRE
Le mutualisme : les dates fondatrices
14-17 // DOSSIER
Toutes les solutions pour bien vieillir à la maison
10-11 // ENTRETIEN
Michel Lejoyeux :
19 // WEB
22 // VIE PRATIQUE
Dons familiaux : quelles exonérations ?
18 // SPORT Équilibre et souplesse avec le tai-chi
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ACTUALITÉ Don du sang : l’EFS lance un appel Avec les beaux jours et le déconfinement, les donneurs de sang se font rares. L’Établissement français du sang lance un appel d’urgence en raison de réserves « trop basses » pour faire face aux besoins des hôpitaux. Il est possible de donner son sang après une injection de vaccin anti-Covid sans aucun délai d’ajournement à respecter, souligne l’EFS.
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Violences conjugales : un numéro joignable 24 heures sur 24
Depuis le 28 juin, le 3919, la ligne d’écoute pour toutes les personnes victimes de violences conjugales, est ouvert jour et nuit, sept jours sur sept.
« Gaz hilarant » : le Parlement interdit l’usage détourné du protoxyde d’azote Les députés ont voté à l’unanimité, le 25 mai, la loi interdisant « de vendre ou d’offrir à un mineur du protoxyde d’azote, quel qu’en soit le conditionnement ». Vendu dans les commerces de proximité et sur internet sous forme de cartouches pour les siphons à chantilly, le « proto », appelé également « gaz hilarant », est très facile d’accès et peu cher. Son usage récréatif est devenu une pratique de plus en plus répandue chez les jeunes, notamment les collégiens, lycéens et étudiants, qui l’inhalent par le biais d’un ballon, après avoir « cracké » la cartouche pour l’ouvrir. Ses effets nocifs potentiels sont nombreux : vertiges ou perte de connaissance, mais aussi troubles respiratoires, cardiaques ou neurologiques, explique la Mission ministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), qui fait état de plusieurs dizaines de cas graves au cours des dernières années.
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Un aveugle récupère une vue partielle grâce à la thérapie génique Alain, un Français aveugle de 58 ans, a pu récupérer partiellement la vue grâce à une technique innovante : l’optogénétique. Les chercheurs franco-américains de l’Institut de la vision, à Paris, lui ont injecté dans l’œil droit un gène permettant de produire une protéine qui a la propriété de rendre les neurones de la rétine sensibles à la lumière. Le patient avait perdu la vue à cause d’une rétinopathie pigmentaire (maladie dégénérative de la rétine). Ses photorécepteurs, les cellules qui captent le signal lumineux, avaient disparu. La thérapie a permis de transférer cette fonction aux neurones de la rétine. Quelques mois après l’injection, le patient, équipé de lunettes dotées de caméras projetant l’image des objets devant lui, a pu en distinguer les contours. Cette première mondiale est très encourageante, mais son efficacité doit encore être confirmée avec des tests sur d’autres personnes.
Des emballages alimentaires polluants et toxiques
Beaucoup d’emballages alimentaires, notamment ceux utilisés par de grandes chaînes de restauration rapide pour emballer burgers, frites ou pizzas, contiennent des produits polluants et dangereux pour la santé. Sur 42 échantillons analysés, 32 avaient été traités intentionnellement avec des PFAS (substances perfluoroalkylées), a rapporté fin mai un groupe de neuf ONG européennes, dont Générations futures. Ces produits chimiques, toxiques pour l’environnement et la santé, sont utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, antitaches et thermorésistantes.
VIH : les généralistes peuvent prescrire le traitement préventif
Enregistrer l’activité cérébrale en Bluetooth : une première ! Des chercheurs sont désormais en mesure d’enregistrer l’activité cérébrale en Bluetooth, révèle la revue Nature Biotechnology. Cette nouvelle technologie, via un implant connecté en Bluetooth à un ordinateur, permet un enregistrement sans fil, en continu et en direct de l’ensemble du signal cérébral pendant de nombreuses heures. Un exploit qui pourrait permettre d’ajuster le traitement des personnes atteintes de la maladie de Parkinson grâce à une stimulation cérébrale profonde, mais aussi une meilleure recherche sur le fonctionnement interne du cerveau et les causes sous-jacentes de nombreux troubles cérébraux.
Depuis le 1er juin, les médecins de ville sont autorisés à rédiger des prescriptions pour la prophylaxie pré-exposition (Prep). Ce traitement permet aux personnes qui n’ont pas le VIH – le virus du Sida – d’éviter de se faire contaminer. Auparavant, il fallait se rendre à l’hôpital ou dans un centre de prévention pour en bénéficier. Il suffit désormais de consulter son généraliste pour obtenir une ordonnance avant d’aller en pharmacie. La Prep est remboursée à 100 % par l’Assurance maladie.
85 %
C’est la proportion de Français qui ont une bonne image de la Sécurité sociale, selon le baromètre 2020 « Les Français et la Sécurité sociale » réalisé par l’institut Harris Interactive.
Photos : ©Shutterstock
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SANTÉ Quand la peur des aiguilles devient si intense qu’on ne peut pas se raisonner, cette peur devient une phobie. C’est la bélonéphobie. Comment se manifeste‑t‑elle ? Peut‑on la vaincre ?
Peur des aiguilles : comment vaincre la bélonéphobie ? De la peur à la phobie des aiguilles
Si vous avez la phobie des aiguilles, vous n’êtes pas seul : 5 % à 9 % des adultes (et des enfants) sont bélonéphobes, selon plusieurs études américaines1. « La différence entre la peur et la phobie, c’est qu’une peur, on réussit à l’amadouer pour la dépasser, explique Thierry Delcourt, médecin psychiatre et vice-président de l’Association française des psychiatres d’exercice privé (Afpep2). Alors qu’une phobie est perçue, par le corps, comme une menace au sens propre du terme. » La phobie des aiguilles n’est pas anodine. Elle conduit à un évitement des soins, comme les rappels de vaccin ou les prises de sang, pourtant essentielles dans le diagnostic de certaines maladies.
Quand la fréquence cardiaque s’accélère, l’organisme tente de compenser. Ce phénomène est appelé le réflexe vasovagal. Ce dernier peut conduire à une perte de connaissance.
Comprendre la source de son angoisse
Toute phobie ou angoisse est née d’un traumatisme. Si la bélonéphobie était déjà installée dans l’enfance, le psychiatre conseille de chercher du côté « d’un sentiment de culpabilité ». Il peut s’agir du sentiment de ne pas s’être senti à la hauteur lors d’un acte médical, par exemple. « Un enfant observe que ses parents écoutent davantage cette personne à la blouse blanche que ses propres émotions. Cela peut être déstabilisant pour un petit. Et il peut se sentir coupable de croire qu’il déçoit ses parents », analyse le psychiatre.
Comment vaincre la phobie des aiguilles ?
Parlez-en aux soignants sur place avant la prise de sang ou le vaccin. Ils vous aideront à surmonter votre angoisse en déplaçant votre attention sur un autre évènement (grâce à l’hypnose, par exemple). Vous pouvez aussi anticiper la piqûre en demandant à votre médecin traitant une ordonnance pour un patch Emla (anesthésiant de surface). Si vous souhaitez en finir avec cette phobie, contactez un psychiatre ou un psychologue formé aux thérapies comportementales cognitives et émotionnelles, très efficaces. Si la personne phobique est un enfant, le psychiatre conseille aux parents « de dédramatiser la piqûre en amont en l’incluant à l’histoire du soir. Le jour de la piqûre, apportez un jouet qui va le distraire afin qu’il ne se focalise pas sur l’aiguille ». Vanessa Pageot
Comment cette phobie se manifeste-t-elle ?
Apercevoir une aiguille, ou ne serait-ce que l’imaginer, déclenche une anxiété immédiate. « Comme dans toutes les phobies, les manifestations sont à la fois psychiques et physiques, explique le Dr Delcourt. Physiquement et à divers degrés, la personne a des sueurs, le ventre noué, des palpitations cardiaques ou des vertiges. »
Craske, Antony & Barlow, 1997 ; Kleinknecht, 1987 ; Mark, 1988.
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En savoir plus sur l’Association française des psychiatres d’exercice privé sur Afpep-snpp.org.
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Comment atténuer les douleurs de la mâchoire ? Avec près de 10 000 mouvements par jour, la mâchoire est une partie du corps particulièrement sollicitée. Et quand la douleur s’en mêle, l’alimentation ou la parole peuvent devenir difficiles. Heureusement, les troubles de cette articulation ne sont pas une fatalité.
synchronisée. Elle assure ainsi deux fonctions essentielles : le mouvement de la bouche pour permettre la parole, et la mastication, nécessaire à notre alimentation.
De multiples causes
C’est quand cette fine mécanique est grippée que la douleur peut survenir, laquelle est souvent multifactorielle. Elle peut être causée par un traumatisme (lié à un accident ou à un coup reçu à la mâchoire ou au visage), le serrement ou le grincement des dents – appelé bruxisme –, une tension des muscles trop importante, des problèmes dentaires ou encore une malocclusion (un défaut d’alignement ou d’emboîtement des dents). D’autres facteurs peuvent intervenir, comme le stress, qui peut provoquer une crispation ou des tensions dans l’articulation. Enfin, il semble que les femmes âgées de 20 à 50 ans soient plus fréquemment sujettes à ces troubles.
Ne pas hésiter à consulter
Face à la gêne ou à la douleur, il est important de prendre rendez-vous avec son médecin traitant ou son dentiste pour obtenir un diagnostic précis. Ils pourront demander des examens complémentaires, comme une radiographie, un scanner ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) et éventuellement orienter le patient vers un spécialiste (neurologue, stomatologue, oto-rhino-laryngologiste…). Dans les cas les plus bénins, les troubles de la mâchoire se résorbent grâce à un peu de repos, à l’application de compresses chaudes ou froides en fonction de la situation du patient, et à la prise de médicaments anti‑inflammatoires, notamment.
Préserver son articulation
L
a mâchoire qui craque, des douleurs à l’ouverture ou à la fermeture de la bouche, une sensibilité musculaire, une sensation de raideur voire des maux de tête : tous ces symptômes peuvent être liés à des désordres de l’articulation temporo‑mandibulaire (ATM). Cette dernière unit la mâchoire inférieure – la mandibule – à l’os du crâne de chaque côté de la tête, au niveau des oreilles. Son mouvement est particulièrement complexe, car elle s’ouvre, se ferme, glisse d’avant en arrière et sur les côtés, le tout de manière
Prendre quelques mesures de prévention au quotidien permet également de limiter la survenue des douleurs. Les spécialistes conseillent ainsi d’éviter les aliments durs ou collants, qui nécessitent des efforts à la mastication. Dans cet esprit, il est recommandé aux personnes sensibles de ne pas mâcher de chewing‑gums. Mieux vaut aussi être attentif lors des bâillements, en limitant l’ouverture de la bouche afin d’empêcher tout traumatisme. Il faut également surveiller sa posture. En dehors des moments où l’on mange et où l’on parle, la mâchoire doit être détendue : les dents supérieures et inférieures ne sont pas en contact, les lèvres sont fermées mais décontractées et la langue touche le palais. En complément, la pratique d’exercices de respiration et de relaxation peut être bénéfique, tout comme le massage des muscles de la mâchoire et celui des tempes, à réaliser bien sûr en douceur. Benoît Saint-Sever
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PRÉVENTION « Zoom fatigue » : comment la combattre ? Quand les visioconférences s’enchaînent, il est fréquent de ressentir une grande fatigue à la fin de la journée. Pourquoi ces réunions à distance sont-elles si éprouvantes et comment y remédier ? Des experts se sont penchés sur la question afin d’expliquer cette « Zoom fatigue » et de trouver des solutions.
du langage du corps, que le cerveau interprète sans même que l’on s’en rende compte. Cela demande, d’une part, d’être plus attentif aux discours pour ne rater aucune information et, d’autre part, d’appuyer soi-même ses propos pour être bien compris. Enfin, il faut constamment veiller à ne pas se couper la parole et à intervenir au bon moment en tenant compte du léger décalage de son. Aussi, pour soulager son cerveau, il est conseillé, de temps en temps, de quitter le mode plein écran pendant quelques minutes, par exemple lorsque l’on n’a pas à intervenir. Réduire la fenêtre – ce qui minimise la taille des visages – permet ainsi de prendre un peu de recul.
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vec la généralisation du télétravail et la multiplication des appels vidéo, un nouveau syndrome est apparu : la « Zoom fatigue », en référence à la fameuse application permettant d’organiser des réunions à distance. Le phénomène n’est certes pas nouveau, mais il a pris une ampleur inédite au cours de tous ces mois de déplacements restreints et de relations sociales empêchées. Si les heures passées derrière son écran à échanger avec un ou plusieurs interlocuteurs nous laissent « lessivés » quand vient le soir, c’est tout d’abord parce que la situation n’est pas naturelle et qu’elle contraint notre cerveau à faire des efforts auxquels il n’est pas habitué.
Acquérir de nouveaux réflexes
Lors d’une visioconférence, tout le monde s’observe en permanence. Le regard est sans cesse sollicité. Mais pour espérer rencontrer celui de son interlocuteur, il faut fixer l’œil de la caméra, ce qui n’est pas naturel. De plus, quand les participants à la réunion sont nombreux à l’écran, la taille de leur visage est réduite à un timbre-poste. Il devient alors presque impossible de déceler les expressions des visages et d’engager un contact visuel avec chacun d’eux. Qui plus est, se voir soi-même à l’écran tout au long de la discussion peut également être perturbant et empêche de rester naturel.
Un travail mental de tous les instants
Mais ce qui est certainement le plus épuisant dans ce mode de communication virtuel, c’est qu’il ne s’appuie que sur la parole. Il nous prive de la dimension non verbale, c’est-à-dire
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Souffler un peu
Afin de pouvoir relâcher de temps en temps la pression, il est aussi recommandé de couper le retour vidéo, pour que son image n’apparaisse plus lorsque l’on n’a pas besoin de s’exprimer. Et pourquoi ne pas en profiter pour bouger un peu (pensez aussi à éteindre ponctuellement votre micro) ? Au téléphone, il est facile de se déplacer, ce qui n’est pas le cas lors des appels en visioconférence. C’est la raison pour laquelle il faut essayer d’élargir le champ visuel de la webcam. Vous pouvez ainsi utiliser un clavier externe ou des écouteurs Bluetooth, qui vous permettront de vous éloigner de l’écran et de changer plus facilement de position. Pour finir, évitez d’enchaîner plusieurs visioconférences dans la journée et optez pour une conversation téléphonique quand c’est possible. Faites également en sorte de limiter la durée des réunions. La « Zoom fatigue » n’est pas qu’un problème individuel. Les employeurs devront sans doute de plus en plus en tenir compte et encadrer davantage les réunions à distance, afin de maintenir l’efficacité des séances de travail en équipe et, surtout, de préserver la santé de leurs salariés. Isabelle Coston
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Gare à la foudre ! C’est pendant la saison d’été que la France connaît un pic du nombre d’orages. Même si le risque d’être foudroyé reste faible, mieux vaut connaître les bonnes attitudes à adopter pour se protéger.
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e ciel s’assombrit, le tonnerre gronde, les éclairs illuminent les nuages, puis la foudre s’abat. Dans le pays, quelques dizaines de personnes sont atteintes par la foudre chaque année. Le choc électrique peut provoquer des brûlures, un arrêt cardiaque (fulguration), voire le décès (foudroiement), en fonction de l’intensité du courant et du parcours qu’il a suivi dans le corps. Mais heureusement, suivre quelques conseils avisés permet de limiter les risques.
S’accroupir quand on est à l’extérieur
« Quand on a prévu une activité à l’extérieur, le premier réflexe à avoir est de vérifier la météo, considère Michel Koutmatzoff, président de l’Association protection foudre (APF). S’il y a un risque d’orage, il est préférable d’éviter de sortir. » Et si on se trouve déjà dehors quand un orage éclate, que faire ? « Il vaut mieux aller s’abriter dans un bâtiment, expliquet-il. On peut aussi se réfugier dans sa voiture si sa carrosserie est métallique. Celle-ci agit comme une cage de Faraday qui va recevoir l’énergie électrique et la conduire vers le sol tout en protégeant les personnes à l’intérieur. En revanche, si l’on se trouve dans un lieu isolé, la position la plus sûre consiste à s’accroupir sur ses
talons, les pieds joints. » Comme la foudre tombe plus facilement sur les points hauts, cette position de sécurité est très efficace. Dans le même esprit, il est conseillé de ne pas se mettre sous un arbre, qui constitue une cible privilégiée, ou encore de ne pas tenir un objet métallique, comme un parapluie, au-dessus de soi. « Quand on est en groupe, il est recommandé de s’écarter les uns des autres d’au moins trois mètres, ajoute Michel Koutmatzoff. Si l’on est touché, un arc électrique peut en effet se former vers une personne qui est proche. Il est aussi préconisé de ne pas courir ou marcher à grandes enjambées, car si la foudre tombe au sol à proximité, la différence de potentiel entre les deux jambes fait que l’on peut être électrisé. »
Prémunir sa maison des surtensions
À la maison aussi, il faut rester vigilant et penser à fermer les portes et les fenêtres pour empêcher les courants d’air. « Il ne faut pas prendre de douche ou de bain pendant un orage, car les canalisations d’eau sont conductrices, indique le président de l’APF. Nous conseillons également de ne pas utiliser de téléphone à fil, relié à une prise, puisque le câble peut propager le courant de foudre jusqu’à la personne. À l’inverse, le téléphone mobile ne présente pas de risque. » En tombant, la foudre peut par ailleurs engendrer une surtension qui va endommager l’électroménager ou le matériel informatique. « Il est recommandé de faire poser un parafoudre, insiste Michel Koutmatzoff. Ce petit appareil s’installe dans le tableau électrique et protège les équipements de la maison. » Léa Vandeputte
Savoir réagir face à une victime Si vous être témoin d’un foudroiement, la première chose à faire est de vérifier l’état de la victime. Vous pouvez toucher la personne sans risque, car le courant électrique n’a fait que la traverser. Si elle respire, mettez-la en position latérale de sécurité (PLS), si
ce n’est pas le cas, pratiquez la respiration artificielle et le massage cardiaque ou utilisez un défibrillateur si vous en avez un à proximité. Enfin, il faut bien sûr appeler les secours (le 18 ou le 112) ou demander à un autre témoin de s’en charger.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur Apfoudre.fr.
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©Olivier Roller
ENTRETIEN MICHEL LEJOYEUX, chef de service dans plusieurs hôpitaux parisiens, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’université Paris-Diderot.
« En apprenant à mieux conjuguer nos émotions, nous sommes plus résistants face cette crise sanitaire »
Dans son dernier ouvrage, Les 4 temps de la renaissance, le professeur Michel Lejoyeux nous explique comment, en ces temps difficiles de pandémie, préserver notre esprit du stress et de l’anxiété grâce à des exercices simples, validés scientifiquement.
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Quels sont les effets de la pandémie sur le mental des Français ? ❯ Il n’y a pas un mental unique des Français. Nous sommes confrontés à des contraintes communes liées à cette pandémie, mais nous avons tous, avec notre histoire, avec nos traumatismes antérieurs et nos capacités de résilience, une manière différente d’y réagir. Donc il ne faudrait pas que l’existence de ce grand stress de la crise sanitaire nous fasse collectiviser l’esprit des Français. Chez les plus fragiles, par exemple, ceux qui avaient déjà eu ou qui vivaient avec des troubles psychologiques ou psychiatriques avant la pandémie, le confinement et les restrictions ont pu entraîner une aggravation des symptômes. Chez d’autres, de véritables stress post‑traumatiques, avec des cauchemars à répétition, des sursauts et un état d’alerte permanent, ont été décrits. C’est notamment le cas chez des patients qui ont été hospitalisés en réanimation, chez celles et ceux qui ont perdu un proche brutalement ou encore chez certains soignants confrontés à des situations particulièrement traumatisantes. Mais pour la plupart d’entre nous, la crise sanitaire a surtout entraîné des situations de stress aigu,
parfois un stress chronique, et surtout un épuisement et un profond sentiment de lassitude. Pour faire face à ces sentiments et mobiliser notre résilience, vous parlez des quatre temps de la renaissance. De quoi s’agit-il ? ❯ Avant tout, je voudrais préciser que les stratégies de résilience que je présente dans mon livre ne doivent être utilisées qu’à condition de ne pas être atteint par une maladie psychiatrique. Si c’est le cas, si vous souffrez de pathologies psychiques ou que vous ressentez les symptômes d’un stress post‑traumatique, il faut d’abord être pris en charge médicalement. Au moindre doute, demandez l’avis d’un médecin. Après, si l’on est simplement stressé ou angoissé par la situation, l’idée que je développe est effectivement de mobiliser ses capacités de résilience pour mieux faire face à ce stress. Et pour cela, des techniques validées scientifiquement existent. En nous apprenant à mieux conjuguer nos émotions, elles peuvent même nous conduire à une sorte de renaissance. Pour cela, il s’agit de dépasser ce passé récent traumatisant, de réinvestir ce présent dont on ne profite plus parce qu’on ne sait pas quoi en faire, de garder
un peu d’optimisme pour ce futur oblitéré par des prédictions pessimistes et, enfin, de cultiver le gérondif, le temps de l’instant présent, en continuant à savourer de petits plaisirs. Concrètement, comment utiliser le passé pour mieux résister au stress ? ❯ On s’est aperçu que celles et ceux qui ont une aptitude à la nostalgie, qui regardent des vieilles photos, qui écoutent des vieilles chansons, sont plutôt protégés. En situation de stress, la nostalgie, ça fait du bien. Ce n’est donc pas le moment de repartir de zéro et de vider son appartement de toutes ces vieilles choses qui nous aident à nous remémorer ce que nous avons vécu d’agréable dans notre enfance, dans notre jeunesse, dans ces jours d’avant qui étaient quand même globalement plus appréciables. Ne pas occulter ces souvenirs est une manière de revivre ces moments d’avant la pandémie, et c’est aussi une façon de se rappeler qu’on va les retrouver. Que faire de ce présent si particulier, dans lequel la crise se poursuit ? ❯ Une étude amusante a montré que les personnes qui ont une capacité d’inattention et de rêverie résistent mieux à la situation que nous vivons actuellement. Pour cultiver cela, je vous propose de consacrer dix minutes, chaque jour, à une expérience appelée le « mind wandering », c’est-à-dire l’« esprit vagabond ». Pendant ces dix minutes, on déconnecte, on coupe son téléphone, on éteint son ordinateur et on laisse son esprit flotter en accueillant toutes les pensées qui viennent à nous. Pour cela, on peut s’aider d’une musique un peu planante ou d’une lecture poétique, par exemple. Il est montré que trois jours de suite avec dix minutes de mind wandering permettent de se sentir déjà mieux.
Vous parlez aussi de tolérance à la nouveauté… ❯ Oui, cultiver cette tolérance à la nouveauté est une façon de travailler sur le futur. Les choses ont beaucoup changé au cours de cette dernière année : vous mettez des masques, vous télétravaillez, vos soirées avec vos amis se font par visio ou en nombre limité… L’idée est ici de se « vacciner » contre les grandes nouveautés que nous impose la pandémie en faisant le plus souvent possible une petite activité nouvelle. Il ne faudrait pas que, face au stress de cette crise, nous nous mettions dans une posture de répétition permanente de nos comportements. Il a été montré que celles et ceux qui ont un niveau de tolérance élevé à la nouveauté résistent mieux au stress. Donc, chaque jour, on prend soin d’expérimenter une nouveauté : manger un plat que l’on a jamais goûté auparavant, écouter une nouvelle musique, sortir avec une couleur de vêtement inhabituelle, appeler quelqu’un avec qui on n’a pas parlé depuis très longtemps… Tout cela fait un bien fou et aide à mieux appréhender les incertitudes du futur. Selon vous, l’optimisme est également un facteur de résilience important. ❯ Oui, tout à fait. Cela fait aussi partie du travail sur le futur. Pour cultiver cet optimisme, on peut utiliser le programme qui a été développé par l’université de Boston : deux ou trois fois par semaine, on commence par noter une de nos qualités et la manière dont on s’en est servi. Cela peut être une qualité physique, sportive, intellectuelle ou encore morale. En ces temps de crise, on a tendance à ne voir que nos défauts, et ce petit exercice fait lui aussi beaucoup de bien. Ensuite, deuxième exercice de ce programme, on planifie un moment dans la semaine pour faire quelque chose d’agréable : boire un bon thé, manger quelque chose que l’on apprécie, passer du temps avec une personne que l’on aime… Et on le vit à fond, en pleine conscience, puis on
en garde une trace dans son esprit. Enfin, le troisième élément qui développe l’optimisme, c’est la gratitude. Pour la cultiver, pensez à une personne à qui vous avez envie de dire merci : un proche, un personnage historique ou même, pourquoi pas, le destin. Puis écrivez une lettre de gratitude au destinataire choisi. En faisant ça, vous allez augmenter vos émotions positives. Ces trois expériences sont de véritables potentialisateurs d’optimisme. Quelles sont les autres qualités utiles à développer pour mieux résister au stress ? ❯ Selon une étude du King’s College de Londres, deux éléments essentiels font que l’on y résiste mieux. Je les associe au troisième temps que j’évoquais, c’est-à-dire le gérondif, axé sur l’instant présent. Tout d’abord, il y a l’altruisme. Vous savez, nous, soignants, on se soigne en aidant les autres, en les soignant. Tout ce que vous faites pour un ami, un voisin, une personne âgée, une personne vulnérable, vous fait du bien immédiatement. C’est la même chose pour les engagements humanitaires, sociétaux ou politiques. Deuxième élément indispensable qui fait du bien : ne pas s’ennuyer. On s’aperçoit que, plus on s’ennuie, plus on s’expose à vivre le stress avec une grande intensité. Il faut s’occuper et surtout s’amuser, vous avez le droit à un peu de légèreté même en temps de crise. Revendiquons ce droit à la légèreté en temps de pandémie, sans aucune culpabilité. C’est essentiel pour passer le cap. Propos recueillis par Delphine Delarue
Les 4 temps de la renaissance. Le stress post-traumatique n’est pas une fatalité, Pr Michel Lejoyeux. Éd. J.-C. Lattès (198 p. 19,90 €).
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NUTRITION
Ces aliments qui modifient les odeurs corporelles On apprécie l’été et ses chaudes journées. Sauf quand la transpiration et les odeurs corporelles s’y mêlent… Même après une bonne douche, vous pouvez dégager une mauvaise odeur corporelle à cause du barbecue du soir ou de la salade du midi ! Pourquoi les aliments changent-ils notre odeur corporelle ? Comment y remédier ?
L
e corps humain dispose de son propre système de régulation thermique grâce aux trois millions de glandes reliées aux pores de la peau. Quand vous avez trop chaud, ces glandes éliminent l’excès de chaleur produit par le corps via ces pores : c’est le processus de transpiration. En transpirant, votre corps rejette aussi des molécules volatiles et odorantes, dont les arômes des aliments consommés tout au long de la journée.
Plutôt côte de bœuf ou salade de tomates ?
Tous les aliments ne modifient pas votre odeur corporelle. Les premiers « fautifs » sont les protéines animales, notamment la charcuterie et la viande rouge. Les amateurs de côte de bœuf au barbecue peuvent ainsi s’attendre à une transpiration plus parfumée qu’habituellement. D’autant plus si la côte était épicée. Car les épices contiennent de la capsaïcine, un composé chimique dit irritant qui fait croire à votre organisme que vous avez chaud. De plus, certaines épices déséquilibrent votre chimie interne. C’est particulièrement le cas du cumin, du curcuma et du piment fort, qui vont rendre l’odeur de la sueur aigre. Si votre voisin de table a préféré la salade de tomates, lui aussi pourrait être « victime » d’odeurs corporelles plutôt désagréables. Car les tomates, aliment riche en lycopène, « sont susceptibles d’être la principale source de terpènes alimentaires, et donc d’odeurs au niveau des aisselles », indique une étude parue
dans la revue Medical Hypotheses en 2014. À condition toutefois de consommer beaucoup de tomates. Les trois tomates cerises qui accompagnent l’apéro ne devraient pas modifier votre parfum naturel.
Le cocktail asperge-ail
C’est un aliment a priori insoupçonnable : l’asperge. Elle est riche en acide asparagusique, qui se dégrade en composés organiques contenant du soufre. Après une assiette d’asperges, les urines ont ainsi un taux de soufre mille fois plus important que des urines normales, d’où une odeur soufrée peu agréable. Autre ennemi bien connu de la bonne odeur corporelle : l’ail. La faute à une enzyme nommée alliinase, libérée quand on coupe l’ail. Cette enzyme est instable et se dégrade elle aussi en divers composés organiques soufrés. L’haleine reste alors imprégnée par cette forte odeur d’ail pendant 24 heures en l’absence d’un brossage de dents ou d’un coup de pouce mentholé.
Comment remédier aux odeurs corporelles ?
Comme alternative naturelle au déodorant ou à l’antitranspirant, essayez le charbon actif. Il absorbe l’humidité́ de la transpiration sans la bloquer (comme un antitranspirant). Il diminue aussi naturellement la prolifération des mauvaises odeurs. Le charbon actif se trouve aujourd’hui sous forme de stick ou en pot. Autre option : l’ultra-levure. Ces levures vivantes vont « avaler » les bactéries à l’origine des mauvaises odeurs et prendre leur place. Les arômes forts des aliments seront ainsi éliminés avant d’être libérés par la transpiration. À prendre de préférence pendant les repas. À savoir : d’autres facteurs influent sur notre odeur corporelle : le cycle hormonal, le mode de vie, la génétique ou un traitement médical. Vanessa Pageot
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INNOVATION Quand les exosquelettes facilitent le travail Les exosquelettes sont conçus pour apporter une assistance physique aux salariés qui les portent. S’ils participent à la réduction des troubles musculosquelettiques (TMS), leur utilisation doit toutefois être intégrée dans une démarche plus globale de prévention des risques professionnels.
Q
uand on pense aux exosquelettes, on imagine souvent une armure robotisée qui permet de décupler les capacités physiques d’une personne. Mais aujourd’hui, « nous sommes encore loin du super-héros Iron Man », constate Laurent Kerangueven, ergonome et expert d’assistance conseil à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). « La plupart des exosquelettes présents dans les entreprises ne sont pas robotisés, explique-t-il. Les plus couramment utilisés sont constitués d’une armature rigide ou textile qui assiste les mouvements des opérateurs. Ils restituent l’énergie mécanique emmagasinée dans des systèmes élastiques ou à ressorts. Les modèles robotisés, encore peu fréquents, sont quant à eux constitués d’une armature mécanique et fonctionnent avec des actionneurs motorisés. »
Un outil pour lutter contre les TMS
Ces dispositifs peuvent couvrir le corps entier ou se concentrer sur une zone donnée : l’épaule, le dos, le bras… « Ils sont alors utiles pour soulager le redressement du dos lors d’une tâche de manutention manuelle ou pour assister l’opérateur dans le maintien d’une posture contraignante, comme l’élévation prolongée des bras pour peindre ou poncer un plafond », illustre Laurent Kerangueven. En limitant les efforts excessifs et en accompagnant la réalisation de certains gestes, les exosquelettes participent à la réduction des troubles musculosquelettiques (TMS). Ces affections, qui touchent les structures autour
des articulations, sont les maladies professionnelles les plus fréquentes. Elles touchent le plus souvent le bas du dos, le cou, le poignet, l’épaule et le coude. Mais ces bénéfices ne doivent tout de même pas faire oublier certaines limites. « Ces systèmes peuvent aussi entraîner de nouvelles contraintes qu’il est nécessaire d’évaluer. Ils peuvent par exemple affecter la coordination motrice ou encore avoir un impact sur d’autres groupes musculaires », indique l’ergonome. Les exosquelettes ne constituent donc pas une solution miracle mais peuvent être des outils efficaces et complémentaires aux actions de prévention menées en entreprise. « Avant d’en faire l’acquisition, il est important d’analyser finement l’activité des opérateurs, puis de vérifier s’il est possible de réduire les contraintes à la source (réaménagement du poste de travail, modification de l’organisation…), précise Laurent Kerangueven. Si cette solution semble pouvoir convenir, nous invitons l’entreprise à élaborer un cahier des charges qui définit le besoin d’assistance physique spécifique et les usages attendus. »
Des évolutions à venir
Pour l’heure, les exosquelettes sont principalement utilisés dans l’industrie, la logistique, les bâtiments et travaux publics (BTP) et dans l’agroalimentaire, mais d’autres domaines d’activité s’y intéressent. « La demande est de plus en plus forte dans le secteur sanitaire et social, notamment pour aider les salariés qui doivent mobiliser des personnes, observe l’ergonome. Mais les modèles disponibles actuellement sur le marché n’ont pas été conçus pour cet usage, alors les constructeurs travaillent sur ces questions émergentes. » Depuis leurs débuts en 2014-2015, les dispositifs ont beaucoup changé, l’assistance physique est notamment plus efficace. « L’encombrement et le poids ont aussi été réduits, ce qui limite une partie des contraintes pour les opérateurs, ajoute Laurent Kerangueven. De nouveaux modèles sortent régulièrement : certains permettent d’accompagner les extensions de la nuque, d’autres visent à amplifier la force de préhension de la main. Le marché des exosquelettes est en constante évolution. » Léa Vandeputte
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DOSSIER
Toutes les solutions pour bien vieillir à la maison
Près de neuf personnes sur dix souhaitent vieillir chez elles le plus longtemps possible. Le maintien à domicile, encouragé par les pouvoirs publics, permet le plus souvent de conserver l’autonomie et de retarder la dépendance. Il est aujourd’hui possible par la mise en place de plusieurs aides, à la fois matérielles et humaines. Mais, même s’ils ont le mérite d’exister, ces dispositifs manquent de lisibilité. On fait le point pour vous.
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intégrés à la société : bénévolat, universités du troisième âge, associations sportives et culturelles… « Toute cette dimension sociale participe clairement au maintien de l’autonomie, ajoute le professeur. Cela permet en particulier de prévenir le déclin du fonctionnement cognitif, qui est la première cause de dépendance chez la population âgée. » Le maintien à domicile n’est bien sûr possible que si la personne n’est pas isolée et que son état de santé le permet.
Bien dans son corps,
Une chose est sûre : Louise, 82 ans, ne changera bien dans sa tête pas d’avis. Comme 85 % des Français, cette Pour vieillir dans les meilleures conditions possible, ancienne institutrice prévoit de vieillir chez elle. les seniors doivent régulièrement effectuer les bilans « J’ai tous mes repères dans mon appartement, explique de santé recommandés : contrôle de l’état dentaire, la vieille dame. C’est là que j’ai élevé mes enfants et que du taux de cholestérol, de la vue, dépistage de maladies se trouvent tous mes souvenirs ». cardiovasculaires, des cancers du sein ou La maison de retraite, Louise ne veut du côlon… Si vous êtes concerné, n’oubliez pas ∏ même pas en entendre parler. « Ici, de vous faire vacciner chaque année contre je fais ce que je veux quand je veux, la grippe saisonnière et contre le Covid-19. À PARTIR DE personne n’organise mes journées à ma Le maintien d’une activité physique est en outre place. Je n’abandonnerais ma liberté fondamental : le sport apporte plus de tonus pour rien au monde ! », clame-t-elle. musculaire, une meilleure mobilité articulaire, Comme le souligne le rapport Libault entretient le moral et prévient, lui aussi, remis en mars 2019 au ministère le déclin cognitif. Bien évidemment, l’activité LES CHUTES de la Santé, cette volonté farouche doit être adaptée aux possibilités de chacun, CONCERNENT de passer ses vieux jours chez soi choisie avec le médecin traitant et doit CHAQUE ANNÉE montre à quel point le modèle s’accompagner d’une alimentation équilibrée. UNE PERSONNE du placement en institution paraît Enfin, sachez que pour rester alerte, votre ÂGÉE SUR DEUX. aujourd’hui à bout de souffle. cerveau doit être stimulé par des exercices D’autant qu’à elles seules, les structures comme la lecture, les mots croisés, les jeux ∏ d’accueil telles que les maisons de société et de l’esprit. Pensez aussi à la EN 2040, de retraite ou les Ehpad ne suffiront méditation : plusieurs études ont montré que 14,6 % DES pas à répondre à l’enjeu sa pratique régulière permettait de retarder FRANÇAIS démographique. le vieillissement cérébral. AURONT
80 ANS,
Maintien du lien social
75 ANS OU PLUS, SOIT UNE HAUSSE DE 5,5 POINTS EN 25 ANS.
Pour faire face à ce phénomène, les pouvoirs publics privilégient désormais le maintien à domicile le plus longtemps possible. Vieillir chez soi dans de bonnes conditions « favorise la réponse aux besoins fondamentaux » des personnes âgées, expliquait, dès 2015, l’Institut Montaigne dans un rapport sur la question. En demeurant dans un environnement familier, les seniors « restent à proximité de leur tissu social habituel, souvent entretenu depuis de longues années : les amis, les voisins, les commerçants et parfois la famille », explique le professeur Marc Verny, neurologue, responsable du centre de gériatrie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Lorsque les mesures sanitaires anti-Covid s’allègent, ils peuvent aussi poursuivre les activités qui leur permettent de rester
Gare aux chutes
Face à la perte d’autonomie, le maintien à domicile doit souvent s’accompagner de plusieurs aménagements destinés à améliorer la sécurité des seniors. Premier objectif : éviter la chute. « Elle fait courir un risque majeur de perte d’autonomie et de désinsertion sociale, avec pour conséquence éventuelle l’institutionnalisation », note la Haute Autorité de santé (HAS). Pour éviter cela, l’adaptation du lieu de vie est indispensable. Il faudra ainsi veiller à ôter les objets ou les meubles gênants des espaces de circulation, et à fixer câbles et fils électriques. Attention également aux sols glissants, aux descentes de lit, aux tapis à bords relevés ou de bain. La mise en place de rampes et de barres d’appui (dans la baignoire ou dans les toilettes) peut s’avérer utile. « Pour les personnes qui ont des difficultés plus marquées, il y a tous les systèmes de téléalarme, précise le professeur Verny.
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DOSSIER En cas de chute avec une impossibilité de se relever, ils permettent de prévenir les proches ou un central dédié. »
L’accompagnement à domicile
Les services d’aide à domicile proposent un accompagnement adapté à chaque personne âgée en fonction de ses besoins. Ils regroupent différents soutiens : l’aide à la personne (pour se lever, se laver, s’habiller, se coucher), l’aide aux tâches de la vie quotidienne (installation de la téléassistance, travaux ménagers, courses, préparation des repas) et l’aide aux activités sociales (démarches administratives, visites chez le médecin, accompagnement pour les loisirs). Pour les obtenir, vous pouvez recourir à l’emploi direct (vous employez vous-même la personne de votre choix), faire appel à un organisme mandataire (vous restez l’employeur de l’aide à domicile mais le mandataire gère l’ensemble des démarches administratives) ou recourir à un prestataire (ici, l’organisme, habilité par le conseil
départemental, a le statut de service médico-social et salarie l’intervenant). Pour y voir plus clair, vous pouvez vous adresser au centre local d’information et de coordination gérontologique (Clic) de votre département ou à votre centre communal d’action sociale (CCAS). Ces services vous aideront à trouver l’aide la mieux adaptée.
L’Apa, une aide pour bien vieillir chez soi
Quelle que soit la formule retenue, les seniors peuvent bénéficier de différentes aides pour financer le recours à une aide à domicile ou l’aménagement de leur habitat, telle l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa), financée par les départements et réservée aux personnes âgées de plus de 60 ans en perte d’autonomie. Pour bénéficier de cette aide, vous pouvez retirer un dossier auprès du conseil départemental, du CCAS, du Clic, des services d’aide à domicile, des organismes de sécurité sociale ou des mutuelles. Une équipe médico-sociale
TROIS QUESTIONS
À MARIE DE HENNEZEL, PSYCHOLOGUE CLINICIENNE
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Bien vieillir, qu’est-ce que ça veut dire ?
❯ Bien vieillir, c’est d’abord accepter de vieillir. Cela veut dire accepter les changements physiques qui sont inéluctables, accepter de ne plus pouvoir faire les choses que l’on faisait quand on était jeune. C’est surtout une question d’état d’esprit. Et en même temps, c’est aussi comprendre le paradoxe du vieillissement. Le corps vieillit, certes, mais la pensée peut rester jeune. On le voit très bien chez certaines personnes très âgées, radieuses, qui véhiculent cette image idéale du vieillissement : l’ouverture d’esprit, la bienveillance, l’énergie, l’humour. On retrouve cela dans leur regard et leur sourire. C’est bien la jeunesse du cœur qui reste, le goût de vivre, la beauté intérieure.
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Comment faire pour rester jeune dans son cœur ?
❯ Je pense qu’il faut tout d’abord cultiver sa curiosité. Les personnes âgées épanouies sont curieuses de tout, elles continuent à apprendre de nouvelles choses, font ce qu’elles n’ont pas pu faire avant faute de temps. J’aime beaucoup ces mots de Victor Hugo : « Mon corps décline, ma pensée croît. Dans ma vieillesse, il y a une éclosion ! » L’éclosion, c’est s’ouvrir au nouveau, à de nouvelles activités, à de nouvelles émotions. Lorsque l’on vieillit, on est davantage dans l’instant présent et on remarque des choses que l’on ne voyait pas avant. On peut alors s’émerveiller de tout et éprouver une quantité de petits plaisirs qui font que, finalement, la vieillesse est un temps dans lequel on peut être tout à fait heureux.
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Quels conseils peut-on donner aux seniors qui ont été affectés par la crise sanitaire ? ❯ La période que l’on traverse ne favorise pas le lien social, qui est pourtant essentiel, et les personnes âgées en souffrent beaucoup. Il faut utiliser tous les moyens possibles pour maintenir ce contact. On peut s’écrire, se téléphoner. On constate d’ailleurs que les conversations téléphoniques des personnes âgées avec leurs enfants sont plus longues et approfondies. Surtout avec les petits-enfants, d’ailleurs. Ils ont peur pour leurs grands-parents et ont envie de mieux les connaître. Finalement, d’une certaine manière, les liens se sont resserrés. C’est un effet positif de cette crise, si j’ose dire.
La Mutualité française
expérimente un dispositif de soutien renforcé à domicile En septembre 2020, la Mutualité française, la Croix-Rouge et l’Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve ont lancé une expérimentation nationale destinée à soutenir le maintien à domicile des seniors. « L’objectif est de simplifier l’accès à un dispositif
coordonné et centré autour de la personne âgée », précise la Mutualité française. Chacune des actions menées est pilotée par un porteur de projet (services de soins infirmiers à domicile, Ehpad, services de soins d’accompagnement à domicile) et la personne suivie bénéficie d’un interlocuteur unique. L’accompagnement repose
se rendra ensuite chez vous pour évaluer vos besoins, puis établir un plan d’accompagnement personnalisé. Pensez aussi aux caisses de retraite. Elles versent l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) destinée aux retraités ayant de faibles revenus et peuvent participer au financement d’aides techniques. Comme certaines mutuelles, elles proposent aussi du conseil personnalisé pour bien vivre sa retraite. De même, le département peut, sous condition de ressources, financer une partie de l’aide à domicile.
Le rôle fondamental des aidants
Même si le reste à charge est moins élevé qu’en établissement (1 850 euros par mois en moyenne, d’après le rapport Libault), celui des personnes âgées maintenues à domicile est encore trop important pour de nombreuses familles (de 584 à 1 836 euros mensuels, selon le baromètre Retraite.com-Silver Alliance de décembre 2020). Les aidants prennent alors toute leur importance. Par nécessité ou par choix, 11 millions de personnes en France viennent en aide à un proche handicapé, malade ou âgé. C’est la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement qui donne, pour la première fois en 2015, un statut officiel à ces soutiens indispensables. Après des années de mobilisation des associations, cette même loi accorde aux aidants un droit au répit pour leur permettre de se reposer. Ils peuvent désormais accéder à des aides qui participent au financement de l’accueil de la personne aidée dans une structure de jour ou de nuit, un hébergement temporaire en établissement ou un relais à domicile, le temps de récupérer.
Manque de lisibilité
On le voit, même s’ils ont le mérite d’exister, ces dispositifs d’accompagnement manquent clairement de lisibilité. « Les lieux qui permettent d’accéder à une information fiable et de bénéficier d’un accompagnement efficace dans les démarches, comme les maisons des aidants ou les
sur une évaluation de la situation de la personne et de ses aidants. Les actions prennent ensuite plusieurs formes : aide à la vie quotidienne, nursing, accès à des activités collectives d’animation et de prévention… Menée sur trois ans, cette expérimentation devrait concerner 580 personnes âgées au total.
maisons des aînés, sont encore insuffisants et relativement méconnus », constate le professeur Verny. Pour le rapport Libault, « l’offre de prises en charge doit être réorganisée, les prestations rendues plus lisibles, et les réponses apportées moins cloisonnées, en prenant mieux en compte les besoins des personnes ». Malheureusement, la loi Grand âge et autonomie qui devait s’inspirer de ce rapport tarde à voir le jour. Sa rédaction serait toutefois en cours. Mais, Covid oblige, aucun calendrier n’est encore fixé. Pourtant, les attentes sont grandes : de la part des personnes âgées, de leurs familles, mais aussi des professionnels, qui réclament depuis des années une revalorisation de leurs métiers. « C’est désormais d’une décision politique que nous avons besoin », ont prévenu, le 18 janvier, quatre fédérations associatives (ADRM, Adédom, FNAAFP/ CSF et UNA). « Comment imaginer que l’on puisse attendre que la crise sanitaire soit réglée pour s’attaquer au défi du grand âge ? Déjà aujourd’hui, faute de personnel et de moyens financiers, il est impossible d’honorer toutes les demandes d’accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap », déplorent-elles. À côté de l’urgence sanitaire, celle de la réforme ne peut décidément plus être négligée. Delphine Delarue
La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller, Marie de Hennezel, Éd. Pocket (224 p., 6,95 €).
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SPORT La grue blanche déploie ses ailes
Équilibre et souplesse avec le tai‑chi Vous avez peut-être déjà croisé un groupe de personnes pratiquer le tai-chi dans un parc. Elles enchaînent avec souplesse des mouvements circulaires. C’est le tai-chi, dit aussi tai-chi-chuan, art martial chinois vieux de 5 000 ans. Il est inscrit depuis décembre 2020 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.
Le tai-chi est un art martial interne, en opposition aux arts martiaux externes, comme le kung-fu. Car cette discipline privilégie la souplesse à la force, la lenteur à la rapidité. « Composé de mouvements circulaires, spiralés et fluides, il harmonise et développe la circulation de notre Énergie Vitale (Qi) », souligne la Fédération des arts énergétiques et martiaux chinois (Faemc). Cette fédération regroupe tous les clubs de tai-chi affiliés en France. Les mouvements portent des noms symboliques : le « serpent rampe », la « grue blanche déploie ses ailes », le « pic perce les oreilles ». Chaque mouvement s’enchaîne avec le suivant de manière harmonieuse, accompagné d’une respiration profonde et maîtrisée. Il existe différents styles de tai-chi. Le Yang est le plus pratiqué en Occident. Il comporte une forme longue, de 85 pas (postures et mouvements), et une forme courte, de 37 pas. Le style Chen est aussi très populaire par ses postures plus basses (flexion des genoux) et ses techniques de défense traditionnelle. Le tai-chi se pratique seul ou à plusieurs, à mains nues ou avec des armes factices.
Quels sont les bienfaits du tai‑chi ?
L’Académie de médecine reconnaît depuis 2013 les bienfaits du tai-chi, qui « améliore l’équilibre et réduit significativement le risque de chute chez les personnes âgées ». En effet,
OÙ TROUVER UN BON COURS DE TAI-CHI ? Sur le site de la Fédération des arts énergétiques et martiaux chinois : Ou‑pratiquer.faemc.fr. Tous les clubs de tai‑chi y sont recensés. Toutefois, les associations locales non affiliées à la fédération n’y figurent pas.
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une pratique régulière du tai-chi « améliore la perception de son corps, la coordination et la fluidité du mouvement ainsi que la stabilité », note pour sa part la Faemc. Autre avantage : les enchaînements exécutés avec lenteur et précision permettent un bon placement postural ainsi qu’un meilleur repérage dans l’espace. Cet art martial interne favorise aussi un relâchement musculaire et ostéo-articulaire. La pratique est donc conseillée en cas d’ostéoporose ou de douleurs chroniques, par exemple. Enfin, l’apprentissage des mouvements et des enchaînements développe les capacités cognitives : l’attention, la concentration et la mémoire.
Qui peut pratiquer le tai‑chi ?
Cette discipline est dite « à faible impact » : ni saut ni activité cardiovasculaire intense. Elle convient à tous, y compris aux personnes sédentaires depuis longtemps. Le tai-chi est enseigné aux adolescents pour canaliser leur énergie comme aux jeunes adultes ou aux personnes retraitées, même très âgées. Il n’y a pas de limite d’âge. Grâce à une pratique hebdomadaire, chacun progresse à son rythme, sans recherche de performance. En revanche, pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il existe des championnats de France de tai-chi et des compétitions internationales. Vanessa Pageot
Source : Rapport de l’Académie de médecine « Thérapies complémentaires – acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi – leur place parmi les ressources de soins », 2013, disponible sur Academie-medecine.fr.
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WEB
Tralalere :
le numérique au cœur de l’éducation Avec la crise sanitaire et les confinements successifs, le numérique est devenu de plus en plus indispensable dans nos vies : pour communiquer, pour travailler, mais aussi pour étudier. Zoom sur Tralalere, une société spécialisée dans la création de ressources numériques éducatives, mais pas que.
Avec une vingtaine de designers et de concepteurs, elle élabore depuis plus d’une dizaine d’années des outils qui aident les enseignants et éducateurs à transmettre et à animer les cours.
Une pédagogie active et collaborative
En rendant les apprentissages plus ludiques et plus dynamiques, ces ressources éducatives innovantes permettent à l’enseignant d’aller plus loin, et la classe expérimente le plaisir de découvrir ensemble. La plateforme numérique I Love English School, par exemple, aide les enseignants du primaire à faire cours d’anglais. « Quand ma fille était en CM2, son institutrice s’est appuyée sur cette ressource », explique Deborah Elalouf, avant d’ajouter : « Elle n’était pas à l’aise avec cette langue, notamment dans sa prononciation. En proposant des parcours guidés, gradués, des vidéos, des scénarios, une démarche très modulaire, I Love English School a transformé son cours. Cela lui a laissé le temps de se consacrer à la pédagogie. » Tous les types d’enseignements peuvent tirer parti des ressources numériques, à l’instar de Mathia, un assistant vocal qui permet aux maîtres du CP au CE2 de suivre en temps réel les progrès en maths des élèves et d’adapter leur pédagogie en fonction de leur niveau.
Former des internautes éclairés
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ralalere, le nom sonne comme un pied de nez. Derrière cette entreprise labellisée entreprise solidaire d’utilité sociale (Esus), il y a bien sûr une équipe spécialisée dans le numérique et passionnée par ces technologies, mais aussi des personnes curieuses, « des agités du numérique, des fureteurs d’idées », comme ils se qualifient eux-mêmes. Toujours à l’affût des nouvelles pratiques, ils sont près du terrain. Créer des ressources numériques éducatives (dessins animés, jeux et serious games, applications…) efficaces, complètes et simples d’utilisation demande en effet de rester à l’écoute des besoins et des usages afin de s’adapter aux différents publics. Le numérique n’est pas miraculeux, mais il peut donner un sérieux coup de pouce dans une démarche pédagogique. Deborah Elalouf, fondatrice et directrice de Tralalere, en est convaincue depuis longtemps.
Si aujourd’hui le numérique ne fait plus peur et a grandement prouvé son utilité, il demande néanmoins à être expliqué et son usage doit être accompagné. « Il est important pour les parents de comprendre ce que les jeunes font sur les réseaux sociaux (Instagram, WhatsApp), souligne Deborah Elalouf. L’appli gratuite FamiNum, notamment, guide l’échange entre les parents et les jeunes. » Développée également par Tralalere, la ressource Vinz et Lou rencontre un grand succès dans les écoles, où elle sert à aborder les gros enjeux de société auprès des 7-12 ans. À travers des thématiques telles que l’environnement, le numérique ou le handicap, elle les invite à débattre et à se questionner. Citons aussi Info Hunter, qui apprend aux jeunes, de la primaire au lycée, à repérer les fake news, ou encore le centre de ressources en ligne Internetsanscrainte.fr, animé par Tralalere. Cyberharcèlement, laïcité, culture numérique, décryptage de l’information, jeux vidéo, parentalité numérique : des centaines de ressources y sont mises à la disposition des éducateurs, des parents, des enfants et des adolescents. Enfin, pour parfaire leur culture du numérique, Code-Decode enseigne aux enfants les bases de la programmation. Toutes ces ressources éducatives participent à en faire des citoyens actifs et des internautes éclairés. Isabelle Coston
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HISTOIRE
Le mutualisme :
les dates fondatrices Des initiatives pour organiser l’entraide entre travailleurs sont à l’origine du mutualisme, un puissant mouvement social qui a traversé les époques. Des sociétés de secours mutuel aux mutuelles d’aujourd’hui, en passant par la promulgation de la Charte de la mutualité en 1898, rapide retour en arrière sur les grandes dates qui ont jalonné l’histoire du mutualisme et abouti à notre système de protection sociale actuel. Isabelle Coston
1857 : Ouverture
de la première pharmacie mutualiste
1852 : Officialisation de la société de secours mutuel
Le 26 mars 1852, Napoléon III publie un décret instituant la « société de secours mutuel approuvée ». Des équivalents de sociétés de secours mutuel, issues des confréries, des corporations de métiers (menuisiers, bouchers, etc.) et du compagnonnage existaient dès le Moyen Âge. Ces organisations fondées sur un modèle associatif avaient pour objectif de venir en aide aux travailleurs malades, blessés ou infirmes. Avec ce décret, elles obtiennent une reconnaissance institutionnelle et un cadre législatif.
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La première pharmacie mutualiste ouvre à Lyon sous l’impulsion des canuts, les ouvriers tisserands de la soie. Largement financée par les industriels qui souhaitent apaiser les tensions sociales, elle offre les tarifs les plus bas possible pour les adhérents et avance les frais contre un abonnement annuel. Quelques années plus tard, en 1865, une seconde officine mutualiste voit le jour à Marseille. Ce système d’avance des frais contre un abonnement est une préfiguration du tiers payant pharmaceutique.
1892 : Création
de la première mutualité maternelle
Au xixe siècle, les femmes et les enfants sont les grands oubliés de la mutualité. Le plus souvent, seuls les chefs de famille sont assurés. En 1892, le couturier parisien Félix Poussineau fonde la première mutualité maternelle afin de permettre à ses ouvrières d’interrompre leur travail pendant quatre semaines après l’accouchement et de bénéficier de consultations et de médicaments gratuits. Les prestations sont liées au versement d’une petite cotisation mensuelle. Ce modèle sera ensuite étendu aux travailleuses d’autres professions.
1945 : Naissance
de la Sécurité sociale
1902 : Constitution 1898 : Promulgation de la Charte de la mutualité
Malgré l’opposition des syndicats de pharmaciens libéraux, la Charte de la mutualité autorise les sociétés de secours mutuel à créer des pharmacies spéciales réservées à leurs membres. Cette nouvelle loi permet aussi aux sociétés de former des unions.
de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF)
Au tournant du xxe siècle, la Mutualité est en passe de s’affirmer comme une force sociale majeure, symbolisée par la naissance de la Fédération nationale de la Mutualité française en 1902. La FNMF devient le porte-parole des mutuelles auprès des pouvoirs publics, des institutions et de tous les acteurs de la santé et de la protection sociale.
1964 et 1980 : Les luttes mutualistes
En 1964, des milliers de mutualistes défilent dans les rues de plus de cinquante villes françaises contre le projet du ministre du Travail, Gilbert Grandval, qui souhaite interdire aux sociétés mutualistes de faire l’avance du ticket modérateur. Pour la première fois, les syndicats (CGT et CFDT) rejoignent la cause mutualiste. Le projet Grandval est vite abandonné, car jugé illégal par le Conseil d’État. En 1980, les mutualistes de la FNMF envoient sept millions de cartes postales à l’Élysée pour protester contre le projet de ticket modérateur d’ordre public, qui laisse une partie des dépenses de santé à la charge des assurés. Il est finalement abandonné en 1981.
Conformément au programme du Conseil national de la Résistance, la Sécurité sociale obligatoire et universelle est créée par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945. Celle du 4 octobre prévoit l’unification des régimes de sécurité sociale avec la mise en place d’un réseau coordonné de caisses. Les professions agricoles conserveront néanmoins un régime spécifique, tout comme les salariés des régimes spéciaux, ce qui est encore le cas aujourd’hui. L’ordonnance du 19 octobre, elle, reconnaît la Mutualité comme le principal organisme de complémentaire santé. La société de secours mutuel s’appelle désormais la société mutualiste. En 1955 est publié le Code de la mutualité. Il est réformé en 2001.
2016 : Mutuelle
d’entreprise obligatoire et nouvelles règles imposées aux mutuelles
Dans le cadre de l’accord national interprofessionnel (loi ANI) entré en vigueur en 2016, les entreprises sont tenues de proposer une couverture santé complémentaire collective à leurs employés. La même année, les mutuelles doivent se soumettre à la directive Solvabilité 2. Pour respecter les règles dites « prudentielles », elles doivent augmenter leurs capitaux propres et justifier ainsi d’un capital minimum appelé « marge de solvabilité ».
2019 : Mise en place du « 100 % santé »
Afin de lutter contre le renoncement aux soins, l’État décide la mise en place du « 100 % santé ». Un panier de soins accessible à tous est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie obligatoire et les contrats de complémentaire santé responsables. Cette réforme garantit, dès 2020, l’absence de reste à charge pour l’optique et une partie du dentaire. Le dispositif entre en vigueur pour l’ensemble des secteurs (dentaire et audioprothèse) en 2021.
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VIE PRATIQUE
Dons familiaux : quelles exonérations ? Afin de transmettre de son vivant une partie de son patrimoine à ses héritiers pour qu’ils puissent en profiter quand ils sont encore jeunes, l’État autorise des dons exonérés d’impôts.
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es héritages arrivent souvent tard. En France, l’âge moyen des héritiers est aujourd’hui de 50 ans et, selon les projections, il devrait atteindre 58 ans en 2050. Or c’est surtout quand on est jeune que l’on a besoin d’un coup de pouce pour se lancer dans la vie. Aussi, pour favoriser la consommation au détriment de l’épargne, l’État encourage les donations. Ces transmissions de patrimoine anticipées, qui bénéficient de conditions fiscales très avantageuses, doivent bien entendu répondre à certaines règles.
À qui peut-on donner ?
La donation est réservée aux membres de la famille : enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, frères ou sœurs, à condition qu’ils soient majeurs (ou qu’ils aient fait l’objet d’une mesure d’émancipation). En l’absence de descendance, les neveux et nièces (majeurs également) peuvent recevoir des dons. Si aucune limitation d’âge n’est fixée pour le donataire (le bénéficiaire du don), le donateur (celui qui donne) doit en revanche avoir moins de 80 ans pour que le donataire bénéficie de l’exonération.
Que peut-on donner ?
Vous pouvez donner de l’argent, mais également des biens meubles (voiture,
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bijoux…), immeubles (maison, terrain…) et des valeurs mobilières (actions, parts sociales…). Lorsqu’elle porte sur un bien immobilier, la donation doit obligatoirement être établie par acte notarié.
Quelle fiscalité pour les dons familiaux d’argent ?
Chaque parent peut donner jusqu’à 100 000 euros par enfant sans droits de donation à payer. Un couple peut donc transmettre à chacun de ses enfants 200 000 euros, totalement exonérés d’impôts. Cet abattement de 100 000 euros peut s’appliquer en une seule ou en plusieurs fois tous les 15 ans. Sous les mêmes conditions, la franchise d’impôt pour une donation consentie aux petits-enfants s’élève à 31 865 euros,
à 5 310 euros pour les arrièrepetits-enfants, à 15 932 euros pour les frères et sœurs, à 7 967 euros pour les neveux et nièces, à 80 724 euros pour le conjoint ou le partenaire de pacs, et à 159 325 euros pour toute personne handicapée. Celle accordée à un donataire handicapé s’ajoute, le cas échéant, à celle dont il peut bénéficier du fait de ses liens avec le donateur. Les autres donataires (concubin, cousins, amis…) n’ont droit à aucun abattement ; ils sont imposables au premier euro. Ces abattements peuvent se cumuler entre eux : un enfant peut recevoir 200 000 euros (100 000 x 2) de ses parents et 127 460 euros (31 865 x 4) de ses quatre grands-parents tous les 15 ans sans droits de donation à régler. Quand la somme reçue dépasse les montants exonérés, l’excédent est imposé selon le barème progressif prévu pour les donations en ligne directe. Dans tous les cas, le don doit être déclaré au fisc dans un délai d’un mois, au moyen du formulaire n° 2735 rempli en deux exemplaires. Isabelle Coston
LE DON MANUEL Il est également possible de donner de l’argent, des meubles, des œuvres d’art, des bijoux, un véhicule ou des valeurs mobilières en effectuant ce que l’on appelle un don manuel. Dans ce cas de figure, les conditions sont plus souples. Le donateur peut en effet avoir plus de 80 ans et le donataire peut très bien être mineur. Ce type de don n’est pas imposé jusqu’à 31 865 euros et il est cumulable avec une donation. Ainsi, chaque parent peut transmettre, sans impôts, jusqu’à 131 865 euros à chacun de ses enfants tous les 15 ans, en cumulant une donation classique et un don manuel. Et chaque grand-parent peut transmettre, sans impôts, jusqu’à 63 730 euros à chacun de ses petitsenfants âgés de plus de 18 ans (restriction d’âge pour la donation familiale).
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