Mutualistes 348

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Thérapies géniques :

@National Cancer Institute

MÉDECINE

une rĂ©volution mĂ©dicale en marche Encore balbutiante il y a trente ans, la thĂ©rapie gĂ©nique, qui intervient au cƓur de la cellule malade pour y introduire du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique sain, permet aujourd’hui de soigner de lourdes pathologies autrefois incurables. AprĂšs les maladies rares, comme celles du systĂšme immunitaire ou du sang, cette technique innovante, principalement nĂ©e en France, s’attaque dĂ©sormais Ă  des pathologies plus frĂ©quentes, comme les cancers.

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ne rĂ©volution thĂ©rapeutique qui sauve des vies jusque-lĂ  condamnĂ©es. Issue de la dĂ©couverte de la structure de l’ADN en 1953 et du dĂ©cryptage des premiĂšres cartes du gĂ©nome humain en 1992, la thĂ©rapie gĂ©nique permet aujourd’hui de soigner aussi bien des maladies rares que certains cancers. Si elle reste encore complexe Ă  mettre en Ɠuvre, son principe de dĂ©part est plutĂŽt simple : « Il s’agit d’introduire une information gĂ©nĂ©tique dans l’organisme,

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c’est-Ă -dire un gĂšne ou un morceau de gĂšne, dans le but d’obtenir un effet thĂ©rapeutique », explique Serge Braun, pharmacien, membre de l’AcadĂ©mie nationale de pharmacie, docteur en sciences et directeur scientifique de l’AFM-TĂ©lĂ©thon. Pour bien comprendre, revenons aux bases : l’ensemble de nos gĂšnes constitue notre ADN, le long fil contenu dans chacune de nos cellules qui renferme les recettes nĂ©cessaires Ă  la fabrication des protĂ©ines indispensables au fonctionnement de notre organisme. Parfois, il arrive qu’un fragment de cet ADN soit dĂ©fectueux : la formule de la recette n’est pas la bonne et la protĂ©ine n’est pas produite ou est de mauvaise qualitĂ©. C’est ce qui cause la maladie. La thĂ©rapie gĂ©nique consiste donc prĂ©cisĂ©ment Ă  rĂ©parer la structure ADN abĂźmĂ©e en insĂ©rant, dans les cellules du malade, un gĂšne thĂ©rapeutique (appelĂ© « gĂšne mĂ©dicament »), c’est-Ă -dire une version normale du gĂšne dĂ©fectueux responsable de la pathologie.

Vecteur viral

Pour cela, il existe deux mĂ©thodes : la plus rĂ©cente consiste Ă  sectionner le morceau d’ADN dĂ©fectueux grĂące Ă  des ciseaux molĂ©culaires avant de le remplacer par un fragment sain. Cette technique, baptisĂ©e CRISPR-Cas9, est notamment utilisĂ©e dans des essais cliniques concernant le sida ou le cancer. « C’est la forme ultime de la thĂ©rapie gĂ©nique, prĂ©cise Serge Braun. Mais il faut des outils capables d’opĂ©rer de maniĂšre trĂšs prĂ©cise pour ne pas perturber le fonctionnement de la cellule. Cette mĂ©thode demande encore Ă  ĂȘtre affinĂ©e en termes de sĂ©curitĂ© voire d’efficacitĂ©. » L’autre mĂ©thode, la plus ancienne, qui a, elle, largement fait ses preuves, utilise un virus (vecteur) Ă  l’intĂ©rieur duquel on cache le gĂšne mĂ©dicament. En pĂ©nĂ©trant dans la cellule ciblĂ©e, le virus dĂ©livre le gĂšne fonctionnel qui permettra ensuite de relancer la production de la protĂ©ine faisant dĂ©faut. AprĂšs plusieurs tentatives infructueuses, dont


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