Association Professionnelle Nationale Militaire
Gendarmes & Citoyens LE Magazine
Journée prévention du risque suicidaire à la DGGN.
Réflexions et propositions sur les Risques Psychosociaux, Billet d’humeur, L’actu récente, Dossier du mois « 2017 en chiffres... », S’investir chez AG&C...
N° 108 - NOVEMBRE 2018 - AG&C®
Permanence téléphonique AG&C Vous êtes toujours plus nombreux à nous contacter pour obtenir des renseignements, des conseils, de l’aide, ou tout simplement une oreille attentive sans jugements et faux semblants. Si l’équipe AG&C s’en félicite, car cela démontre que nos méthodes sont les bonnes, que notre utilité n’est plus à démontrer, cela génère néanmoins beaucoup de travail en plus pour les gendarmes de terrain que nous sommes. Alors n’hésitez pas à nous contacter via ce numéro unique, un membre de l’équipe AG&C est toujours à votre écoute ! 0 986 453 008 02
L’édito Une journée peut être historique .... Le 15 novembre 2018 s'est déroulée au sein de la DGGN une journée d'information et de travail sur la thématique des suicides en Gendarmerie. À l'aube d'une fin d'année déjà noire où nous déplorons la perte de 31 camarades, cette journée marquera indéniablement une avancée significative dans notre institution. Première du genre, elle devra conduire à la mise en place de certains dispositifs pour lutter contre ce fléau. C'est l'occasion pour moi de rappeler que nous réclamons ce genre de réunion depuis des années, l'association étant malheureusement bien souvent au coeur de ces drames. Nous sommes heureux d'avoir enfin été entendus, mais surtout, d'avoir été conviés par la DGGN à y participer. De plus, nous y étions en tant qu'intervenants, et non en tant que spectateurs, ce qui démontre bien la crédibilité et la légitimité qu'on nous accorde à la direction. Je tiens d'ailleurs a remercier le Lieutenant-Colonel ALARY et le Capitaine CHARRAT de nous avoir représentés avec brio. Ce n'était pas chose simple que d'aborder et d'apporter des éléments sur ce sujet, et ils l'ont fait avec professionnalisme et conviction. Ils ont porté les valeurs de l'association, celles que nous défendons au quotidien pour le bien commun de notre belle maison. Ce fut aussi l'occasion de remettre en main propre à nos chefs, un document de travail, fruit de la réflexion et de l'analyse de l'association et de ses membres, comportant pas moins de 16 propositions concrètes dont nous pensons qu'elles peuvent être utiles à lutter contre ce fléau. Nous ne manquerons pas de vous informer des suites des travaux et des dispositifs qui seront mis en oeuvre. L'actualité c'est aussi le projet de loi de finances 2019 sans très grande ambition et sur lequel nous avons pu soumettre un avis détaillé au Sénateur Henri LEROY, lors d'une table ronde organisée au palais du Luxembourg. Je terminerai enfin en ayant une pensée pour tous les camarades engagés actuellement sur les manifestations des "gilets jaunes", en métropole comme en outre mer, et qui font face parfois à des éléments pertubateurs n'ayant absolument aucun rapport avec les revendications de la majorité. Cela entraîne encore une fois des violences et des dégradations importantes, dont des camarades sont les victimes. Je pense particulièrement à ceux de la Gendamerie Mobile, qui sont déjà contraints à un emploi du temps hyper tendu et qui sont de nouveau sollicités sur toute l'étendue du territoire. " ......on fait ça pour vous aussi, pour vos enfants et nos futurs enfants..." Gilles et John Mdlc Thierry GUERRERO - Président
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Le sommaire 2 – Contactez-nous, n’hésitez plus ! 3 – L’édito du président 6 – Le mot des vice-présidents Mdlc Lionel DELILLE Gnd Ludovic LACIPIERE 10 – Journée prévention du risque suicidaire à la DGGN. 12 – Réflexions sur les RPS 16 – Propositions sur les RPS 20 – Billet d’humeur « 31 le nombre de l’hécatombe ! » 22 – L’actu récente… « Les mesures catégorielles des CSTAGN » « Un nouveau ministre de l’intérieur! » « Budget 2019 » « Un projet de loi de Finances sans ambition » « Une journée bien remplie ! » « Le compte n’y est pas ! » 28 – Dossier du mois « Petit focus en chiffres sur l’année 2017 » par le cne ROLLANG 30 – S’investir dans l’APNM G&C
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Le mot des vice-présidents Le célibat géographique… S'il y a bien un sujet que je maîtrise c'est celui-là, l'ayant vécu ou plutôt subi quelques années. Pour mon cas, ça a duré 8 ans dont 4 années à 800 bornes de ma dulcinée. Autant vous dire que sur le plan personnel (et financier) ce n'est pas ce qui est le plus épanouissant. Sur le plan amoureux c'est compliqué, il faut que le couple soit solide. Au niveau professionnel, on prie chaque mois pour avoir ses desiderata de repos (souvent des cumuls de repos) afin d'espérer avoir un semblant d'équilibre familial. Heureusement je n'avais pas encore d'enfant à cette époque, c'était clairement un frein à notre désir de parentalité... bref, les ''joies'' de faire ses valises régulièrement et on ne défait jamais vraiment ses affaires finalement. La tête ailleurs en permanence ! C'était une période assez dure de mon parcours de vie. Pourquoi j'aborde ce sujet ? Parce que nous avons des remontées, des dossiers qui parfois nous arrivent où nous ne comprenons pas la gestion RH ou la décision hiérarchique. La gendarmerie a vu un phénomène se développer ces dernières années, le couple endogène. Des gendarmes, hommes ou femmes, qui se mettent en couple. Qui peut comprendre notre quotidien, nos contraintes mieux qu'un autre gendarme. Tout le monde pensera qu'avoir le même employeur facilite les rapprochements ou l'attribution de logements communs mais ce n'est pas encore aussi facile que ça en a l'air. En effet, bon nombre de gendarmes vivent encore aujourd'hui en célibat géographique, loin des leurs, mais pas par choix. On a choisi un métier au départ, c'est vrai. Une profession où la mobilité existe, c'est vrai aussi. Mais le gendarme qui a 20, 30, 40 ou 50 ans n'est pas le même et la vie fait que ce qu'il acceptait au départ n'est plus forcément vivable dans le temps. La vie est faite d'étapes et je ne conçois pas qu'un employeur demande à des personnels de faire passer toutes les valeurs familiales, donc fondamentales, après leur métier. C'est un portage complètement suranné. Alors certains vont me sortir l'argument moisi par définition : ''il faut partir... changer de taf...'', sauf que ce n'est pas le boulot le problème, c'est l'affectation. Encore bon nombre de couples gendarmes vivent séparés, loin l'un de l'autre, bloquant leurs envies de parentalité ou gênant vraiment leurs vies de parents donc handicapant l'épanouissement des enfants qui eux n'ont rien demandé. Alors oui, chaque cas est un cas individuel mais la DPMGN a pourtant donné des directives allant dans le bons sens en avril dernier. 06
Pourquoi certains gestionnaires s'affranchissent de ces règles provenant de la Direction? Ça, je l'évoque régulièrement dans mes textes, c'est le syndrome du petit chef, celui qui parle de militarité, d'abnégation, mais qui n'a pas d'échantillon sur lui. Il serait temps d'uniformiser la gestion de couple et favoriser le bien-être aux décisions sans fondement. Par exemple, le poste que j'ai occupé en arrivant en PACA en 2011, après 4 ans de galère, était vacant depuis quasiment 2 ans. C'est un gros délire en fait. L'affectation que j'ai actuellement a été possible ensuite que parce qu'un officier a pu intervenir en ma faveur car mon Groupement estimait que ma compagne était une relation gênante. On parle bien d'une gendarme. Je précise que j'ai enfin été affecté dans la même unité que mon épouse un 1er août alors que mon premier enfant naissait un 30 juillet et ce, après 9 ans de ''vie commune''. Je vous laisse imaginer les conditions de changement de résidence... bref ! Je connais encore des couples qui sont affectés sur le même Groupement, avec une résidence personnelle et deux logements de fonction. On travaille pour payer des charges d'occupation dans des logements qui sont quasi vides car on ne sait toujours pas calculer nos consommations d'énergie autrement qu'à la superficie en Gendarmerie. Le problème chez nous c'est que les gendarmes sont des gendarmes de 2018, en phase avec les évolutions sociétales mais que l'Institution est freinée par des commandements d'un autre âge ou des gestions incohérentes. La DGGN avance, propose... il serait temps qu'elle impose ! Il n'est plus acceptable, à notre époque, au moment où l'on nous parle de bien-être au travail, de risques psychosociaux, de voir des couples galérer de la sorte. Je réclame à la DGGN un texte fort, avec des mesures concrètes. J'aimerais que l'on permette aux couples en difficulté de pouvoir accéder à un service autre que leur gestionnaire pour débloquer leur situation si le décisionnaire ne fait pas ce qu'on lui demande (ça s'appelle un ordre chez nous si je me souviens bien). Je ne parle pas de médiation (IGAG) mais bien de respect des règles prévues pour les couples. On n'est pas là pour négocier mais pour appliquer. Il est temps de prendre en considération la situation de milliers de gendarmes. ''''La tendance la plus profonde de toute activité humaine est la marche vers l'équilibre.'''' citation de Jean Piaget MDL/Chef DELILLE Lionel, vice-président de l'AG&C 07
Le mot des vice-présidents Cette fin d'année 2018 restera, comme toutes les autres années, éprouvante pour toutes celles et ceux qui sont candidats à l'avancement, à l'outremer, à un Changement de Subdivision d'Arme, à des mutations diverses, etc. Il y aura des heureux, il y aura des déçus, des résignés, des motivés. il y aura aussi des décisions importantes qui seront prises, comme des départs anticipés suite à des frustrations d'échecs professionnels récurrents, des envies de renouveau de carrière avec de nouveaux objectifs et la motivation de tenter de changer de corps, l'envie de changer de spécialité et bien d'autres encore. J'insiste volontairement sur ces diverses situations et sur le côté éprouvant de la chose tout en appuyant sur le fait d'être à la fin de l'année pour une raison. S'il a été prouvé qu'un français sur cinq souffrait de dépression automnale, le même taux de personnels de la gendarmerie est probablement impacté également par ce phénomène de saison, pouvant s’expliquer par de diverses raisons que je n'énumérerai pas ici, vous laissant le soin de visiter les sites dédiés pour en prendre connaissance. Je soulève donc par ce double constat, échéances importantes de carrière professionnelles et phénomène de déprime de saison, le fait que la période dans laquelle nous entrons peut être génératrice d'actes irréversibles de la part de personnes fragilisées par un ou plusieurs échecs professionnels combinés à la déprime d'automne. Évidemment ceci n'est qu'une théorie, mais elle peut apparaître logique et plausible dès lors qu'un camarade est vulnérable en raison du rejet de ses demandes. Je n'entends pas demander à ce qu'une réponse positive soit apportée dès lors qu'un personnel a reçu plusieurs refus à une demande, mais plutôt la simple possibilité d'étudier un report de ces échéances de fin d'année à une période plus propice dans l'année, considérée comme moins déprimante, au printemps par exemple. Je terminerai par une note plus positive en félicitant les heureux agréés outre-mer, qu'ils soient des camarades départementaux, mobiles, gardes républicains ou membres du corps de soutien. «La réussite est parfois le résultat de toute une série d'échecs. » Vincent Van Gogh Gendarme Ludovic LACIPIERE - Vice-président GM
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Journée prévention du risque suicidaire Le 15 novembre 2018, La salle Moncey de la Direction de la Gendarmerie était pleine à craquer. Le directeur général de la gendarmerie a pris la parole pour accueillir les participants à une journée de tables rondes ayant pour thème la prévention du risque suicidaire. L’hécatombe d'actes auto-agressifs depuis le 1er janvier semble être le déclencheur d’une prise de conscience collective qui a conduit le Général Richard Lizurey, à inviter à débattre, sans tabou, des représentants des services de santé des armées, des commandants de région, des représentants de la police nationale, de la concertation interne, des psychologues cliniciens, des psychiatres, des journalistes et les deux Associations Professionnelles Nationales Militaires de l’institution. Autour de quatre grandes thématiques, les différents intervenants ont tour à tour relaté leur expérience, le regard qu’ils portent sur Le sujet, la communication et les perspectives de prévention. Gendarmes et citoyens n'a pas manqué ce rendez-vous qu’elle appelle de ses vœux depuis plusieurs années. Sans langue de bois et avec sincérité, chacun a pu exprimer ses sentiments et partager son vécu en terme de suicide ou de souffrance au travail. La journée s’est achevée sur des remerciements appuyés du Général Lizurey qui s'est engagé à faire connaître très rapidement les décisions qui seront prises pour tenter de venir en aide aux militaires et prévenir les risques suicidaires. Il a également pris date pour un bilan d’étape l’année prochaine. À cette occasion, les deux représentants de Gendarmes et Citoyens lui ont remis un document regroupant de nombreuses propositions pour lutter contre le mal-être dont souffrent de plus en plus de gendarmes. S'il fallait encore une preuve de l’utilité et de l'efficacité de l'association, la place que le Directeur Général lui a donnée le 15 novembre 2018, devrait convaincre ceux qui doutaient encore de sa légitimité dans le paysage de la concertation. (Photo: Cne er Jean-François CHARRAT CA AG&C, Gal Richard LIZUREY DGGN, Lcl François-Xavier ALARY CA AG&C) —> 10
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Réflexions sur les Risques Psycho-sociaux La gendarmerie nationale perd tous les ans entre 15 et 25 camarades à la suite d'une autolyse et une centaine d’autres sont blessés plus ou moins gravement en lien avec une tentative. L’année 2018 est terriblement éprouvante alors qu’en dix mois 31 gendarmes ont déjà mis fin à leurs jours. Malgré la mise en place des psychologues du travail dans les centres de sélection et de concours et d’un psychologue clinicien par chef-lieu de région de gendarmerie, le phénomène n’a pas été enrayé. À l’image d’expériences concluantes conduites par des armées étrangères, force est de constater que le suicide n’est pas une fatalité et qu’il est possible de tendre la main à des camarades qui sont temporairement en difficulté et leur proposer une alternative à un geste fatal. La proximité avec l’arme de service facilite le geste irrémédiable du désespéré. Pour autant, la crise suicidaire peut être évitée à condition que l’entourage sache décrypter les signes avant-coureurs. Depuis une décennie notre association professionnelle a rédigé plus de deux cent cinquante communiqués de condoléances suite à des actes d’autolyses de camarades. Dans plus de la moitié des cas nous avons été en lien direct avec des membres des familles proches (conjoint(e)s, enfants, parents…) et/ ou des camarades des unités concernées, le plus souvent moins de 24/48 heures après le drame. La pertinence de ces échanges réside dans le fait que tout en administrant une association professionnelle, nous sommes surtout des militaires de la Gendarmerie Nationale en activité. Nous sommes avant tout indépendants et neutres vis-à-vis des échelons de commandements et/ou des autorités. Cela permet de dépasser les retenues émotionnelles qui sont propres à la « militarité », qui s'appuie sur une valeur dépassée, Le militaire de la Gendarmerie ne montre pas sa souffrance, ses faiblesses, ses défaillances à l’autorité ou aux supports militaires que l’institution met à sa disposition. Cela signifierait un échec à ses convictions professionnelles et à son engagement ». 12
Il est de bon ton dans les médias, sur les réseaux sociaux ou lors d'échanges entre camarades dans les unités, de nous demander « mais que fait la hiérarchie ?», « que fait la direction générale de la Gendarmerie ?», « que font les politiques ? » et de tirer des conclusions hâtives sur les suicides ou leur augmentation en les liant directement aux conditions de travail et d’emploi. Si la profession, la vocation et les difficultés qui nous confrontent aux réalités de la société sont indubitablement liées à ce triste résultat, il n’en demeure pas moins que mettre fin à ses jours constitue l’acte le plus personnel qu’il soit. Résumer le « taux des suicides en Gendarmerie » à la seule condition de notre métier ou à la seule méthode de commandement de la hiérarchie est une vision éculée de circonstance facile, qui même si elle doit être prise en compte dans certains cas ne peut être le seul axe de travail pour tenter d'endiguer le phénomène. Depuis maintenant trois ans nous avons mis en place une plate-forme téléphonique d’écoute gérée exclusivement par des gendarmes sous-officiers et officiers de l'équipe dirigeante. Elle est active 7/7jrs et 24/24h. Le volume total des appels reçus depuis le début de l’année 2018 représente environ 8000 heures pour une moyenne de 45 minutes par appel. Ce qui ressort le plus souvent est « l’accumulation de petits faits professionnels » additionnés à de gros changements personnels. Le gendarme est conditionné par un mode de vie atypique dans notre société, cette fameuse promiscuité professionnelle/personnelle qu'on pourrait traduire par l'emploi sur son lieu de vie et sa vie sur son lieu d’emploi. Depuis son choix professionnel jusqu’à son éducation militaire en école et enfin l’exercice quotidien de sa mission, sa vie personnelle et sa vie professionnelle sont intimement liées. Naturellement, quand nous avons des problèmes à la « maison » (couple, enfants, finances, santé…) on compense ou on maintient notre équilibre par le professionnel et inversement. Il est souvent évoqué par l'Institution des « raisons personnelles » dans les actes d’autolyses et c’est vraisemblable, tout du moins c’est souvent la source de la conséquence dramatique, mais ce n’est pas forcément l’élément déclencheur. C’est là qu’interviennent la promiscuité professionnelle/personnelle et la condition de vie très particulière du militaire de la Gendarmerie. À condition que chacun assimile qu’un passage à l’acte n’a pas forcément une raison, une cause spécifique. Que c’est un tout et que c’est très variable suivant l’individu. C’est une accumulation de « petits » faits, de petites remarques ou de petits changements qui peuvent annoncer une solution fatale. 13
Témoignage d’un « presque suicidé ». Dans la société civile le professionnel et le personnel sont délocalisés, séparés voire cloisonnés alors qu’en Gendarmerie ils sont intimement liés et nous avons tous eu tendance ces dernières années à ne voir que les aspects contraignants de ce mode de vie. Si le militaire de la Gendarmerie est formé dès son incorporation et tout au long de sa carrière et qu'il lui est expliqué la réalité de ce qui peut conduire au suicide, il saura trouver le bon mot ou le bon geste. L’ensemble des mécanismes qui conduisent au suicide sont compliqués et variables, mais « l’idée » générale peut être définie simplement avec quelques comparaisons, par exemple, une automobile et son ordinateur de bord pour prévenir des pannes. L’automobile fonctionne chaque jour et parfois sur le tableau de bord un voyant va s'éclairer, pas toujours de la même couleur, pas toujours avec le même logo, pas toujours au même endroit sans pour autant qu’il y ait une conséquence sur son fonctionnement avec une panne. Si rien n'est fait, si rien n’est contrôlé ou vérifié, à terme l’ensemble de ces petites alertes pourtant sans conséquence auront raison de l’intégrité du véhicule et vont entraîner une panne générale grave. C’est l’accumulation de petites alertes, de petites défaillances qui semblaient sans conséquences et qui n’ont pas été résolues qui conduiront au dysfonctionnement total du véhicule. La majorité des conducteurs, parce que cela a été appris dès le passage du permis, parce qu’ils se sont informés ou tout simplement parce qu’ils se sont intéressés/ inquiétés iront à chaque nouveau voyant consulter la revue technique du véhicule, prendre conseil auprès d’un spécialiste ou déposer le véhicule dans un garage. C’est le processus logique qui semble évident pour tout le monde afin d’éviter de perdre un moteur et l’usage de son véhicule. On peut appliquer cette démonstration à la Gendarmerie quand un camarade va « allumer quelques voyants » et montrer, souvent inconsciemment, quelques signaux de mal-être, que tout cela va s’accumuler au fil du temps et qu’au final la conclusion sera le suicide. 14
Quelle conclusion en tirent les gendarmes ? « Mais que se passe-t-il chez nous ? » « Que fait la hiérarchie ? » « On va encore nous dire que c’est des raisons personnelles ! » « Que font les politiques ? » « Quand c’est nous les médias n’en parlent pas ! ». Viendrait-il a l’idée d’un automobiliste de laisser son véhicule s’allumer comme « un sapin de noël » au fil des mois afin d’annoncer un « souci » et qu’une fois son véhicule lourdement en panne de conclure « Mais je ne comprends pas ça vient d’arriver d’un coup ? » « Que fait Renault… ? » « Cette marque est mauvaise ! ». Évidemment non, car il est logique et convenu, habituel de s’inquiéter quand nous sommes confrontés à des signes précurseurs et donc nous prenons les devants. Nous résolvons ces petits problèmes avant qu’ils n’en deviennent des gros. C’est quelque chose de normal qui peut se traduire dans l’ensemble des aspects de nos vies, avec nos enfants, nos époux ou épouses, nos amis, nos biens matériels. Dès la jeunesse, dans l’apprentissage de la vie, tout au long de celle-ci, nous apprenons à gérer ce quotidien pour éviter les gros problèmes. La communauté Gendarmerie et sa promiscuité professionnelle/ personnelle - à condition que chaque militaire soit éduqué dès son arrivée et tout au long de sa carrière doit devenir - le premier outil pour combattre les suicides. L’ensemble des propositions qui suivent veulent donner du sens à la « cohésion », à cette capacité communautaire que chacun doit avoir visà-vis de l’autre et plus particulièrement dans le cas des risques psychosociaux. Dès la formation initiale, le temps alloué à chaque militaire de la Gendarmerie sur la gestion des RPS doit devenir un temps du service comme un autre. Il est primordial de sanctuariser ce temps alloué sur le quotidien professionnel dans le cadre du service afin qu’il soit enfin considéré comme partie intégrante de la profession et de la vie de gendarme. 15
Propositions sur les Risques Psycho-sociaux
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Propositions sur les Risques Psycho-sociaux
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Billet d’humeur « 31 », le nombre de l’hécatombe ! Non, il ne s’agit pas du département, ni du nombre de jours de certains mois dans l’année, ni de la Saint-Sylvestre qui est le jour précédant le début d’un nouveau compteur… « 31 » c’est le nombre de suicides de camarades de la Gendarmerie Nationale à l’heure où j’écris, « 31 », c’est l’équivalent des effectifs d’une Communauté de Brigades qui auraient été rayés de la carte, En 2018, une unité de cette taille a été supprimée, enfin pour le moment sur 11 mois ! Ce qui fait presque trois gendarmes par mois qui ont décidé de nous quitter. Sur ce constat, la population d’un gros canton ou de plusieurs cantons de taille plus modeste, se voit privée de la sécurité assurée par ses gendarmes. Disséminés sur le territoire national, ces passages à l’acte touchent en priorité les proches des victimes et puis la vie doit continuer, la population qui vit à proximité du lieu d’un passage à l’acte va être émue un moment et le quotidien reprend son cours. C’est terriblement déshumanisant, mais il nous faut ramener ces actes d’autolyses à de la statistique pure pour que nos concitoyens puissent se faire une idée du fait qu’il ne s’agit pas d’actes isolés. En France, sur ces dernières années ce sont approximativement 9000 décès par suicides pour la totalité de la population soit un taux national de pas tout à fait 15 pour 100 000 personnes. La gendarmerie Nationale compte environ 100 000 militaires, ce qui en 2018 nous donne un taux de 31 pour 100 000 personnes, soit plus du double de la population en général, et l’année n’est pas encore terminée. Ce n’est que le 31 décembre 2018, à la Saint-Sylvestre que nous pourrons enfin stopper ce compte annuel en espérant ne pas voir arriver le premier de l’année suivante. Un militaire de la Gendarmerie qui nous quitte de cette manière, en plus de sa famille et de ses proches, c'est des dizaines, des centaines de militaires qui sont touchés, parce que nous nous connaissons quasiment tous, soit directement, soit par l’intermédiaire des uns ou des autres. Nous avons partagé une mission, une affectation, une formation, une intervention, etc. A chaque fois, si ce n’est pas toute la communauté gendarmerie qui est endeuillée, c’est au moins la majeure partie ! Régulièrement, nous faisons des adieux dans la tristesse, la souffrance, la colère parfois et ensuite nous devons poursuivre notre mission, notre engagement. Il nous faut trouver un meilleur moyen de prévenir ces actes destructeurs, c’est une certitude ! Nous devons y travailler et cela commence par l’attention que nous devons nous porter les uns les autres. Chaque année, le 16 février, nous rendons hommage à nos morts en service. Nous sommes nombreux à avoir à ce moment-là, une pensée supplémentaire pour nos camarades qui ont décidé de nous quitter, même s’ils ne sont pas cités, même s’ils ne sont pas morts en service, il n’en demeure pas moins que comme chaque militaire de la gendarmerie, ils ont consacré leur temps et leur vie à leur métier. Ils ont très souvent été de très bons camarades que beaucoup n’oublieront jamais, ils mériteraient tout autant un hommage. Enfin, j’ai également une pensée pour la Police Nationale, qui elle aussi perd chaque année trop de ses membres. « À mes camarades partis trop tôt. » MDC Alexandra GENTILI. 20
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L’actu récente... 15.10.2018 Les mesures catégorielles des militaires du Corps de Soutien Technique et Administratif de la Gendarmerie Nationale. Les militaires du corps de soutien technique et administratif de la Gendarmerie Nationale sont inquiets. Depuis 2016 et une vague de départs anticipés touchant tous les grades de ce corps, l'administration centrale, pour en limiter les effets immédiats, a proposé de les inclure dans le développement de la feuille de route sociale. Cette demande a été entérinée par François Hollande, président de la république le 11 avril 2016 en signant un protocole avec le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale. Indispensables au fonctionnement de l'Arme depuis la réorganisation des services, ils contribuent au bon fonctionnement du soutien logistique. Une fois ce constat préliminaire posé, il faut rappeler les promesses qui leur ont été faites. Plusieurs mesures avaient été évoquées lors de la rédaction du projet, mais on doit en retenir une particulièrement importante, l'intégration de l'ensemble des militaires sous-officiers de ce corps dans la catégorie B de la fonction publique. Entre-temps ceux qui avaient jugé pertinent de prévoir ces dispositions, ont disparu du paysage politique et ont été remplacés par une équipe qui a clairement annoncé la couleur dès le départ, en donnant un avis défavorable à ce projet de décret, dès le 26 octobre 2017. Le statu quo qui dure depuis cette date indispose ces militaires. À travers la suspension de ce plan de gestion des carrières, ils s'interrogent sur la reconnaissance de leur mission et sur l'opacité de leur avenir. Les différentes filières proposées ne soulèvent apparemment pas l'enthousiasme des potentiels candidats et nombre de services de soutien connaissent des trous à l'emploi qui conduisent certains jeunes maréchaux des logis ou MDL/Chef à exercer des responsabilités dès leur affectation (cercle mixte, secrétariat compagnie, etc.). Doit-on voir dans les critères d'attractivité de ces postes un lien de causalité ? On ne peut écarter cette hypothèse. Si les services du budget de Bercy sont garants d'une gestion maîtrisée de l'argent public, il serait inconséquent que ce soit des militaires, une fois de plus, qui fassent les frais de coupes sombres dans des projets de revalorisation de carrières. À défaut, pourrait-on leur suggérer de décliner le plan de carrières selon les responsabilités réellement exercées par les sous-officiers de ce corps. Le blocage discutable de Bercy, coutumier de postures intransigeantes et condescendantes depuis l'arrivée de la nouvelle équipe ministérielle, ne doit pas constituer un frein à la reconnaissance de métiers de soutien logistique. S'il devait tout de même persister dans cette voie, il est à prévoir que des départs massifs de spécialistes à très court terme dont les conséquences seraient désastreuses en terme de soutien opérationnel, reprennent. Et au-delà de toutes ces considérations factuelles, on est en droit de s'interroger sur la valeur de la parole donnée par le Président de la République. À l'heure où l'on s'escrime à tenter de redonner de la confiance dans nos institutions et pour ceux qui les dirigent, il serait dangereux de laisser à penser qu'un protocole signé par le chef de l'état n'a de valeur qu'aux yeux de ceux qui ont eu la naïveté d'y donner de l'importance, par fidélité et loyauté naturelle. APNM Gendarmes et Citoyens se tient prête à porter la parole des sous-officiers du corps de soutien technique et administratif pour débloquer une situation que certains décisionnaires montrent peu de volonté à faire évoluer, voire à carrément enterrer. 22
16.10.2018 Un nouveau ministre de l’intérieur !
Christophe Castaner est installé dans le siège de Ministre de l'intérieur. Ce poste, ô combien fondamental, comme le prouvent les deux semaines d'attente insupportable que nous venons de vivre, rayonne sur plus de 300.000 fonctionnaires et militaires dont les difficultés sont devenues un enjeu sociétal majeur. APNM Gendarmes et Citoyens souhaite la bienvenue au nouveau ministre de l'intérieur et forme le vœu que les dossiers concernant les retraites, les violences commises contre ses ressortissants, les mises en cause systématiques par la presse ou la justice, les choix budgétaires contraignants et les risques psycho-sociaux prégnants depuis plusieurs années feront l'objet de toute son attention. Des messages clairs et forts de considération et de reconnaissance des difficultés rencontrées par les hommes et les femmes de ce ministère sont capitaux pour leur redonner confiance. Ils doivent être suivis de gestes de fermeté à l'égard de ceux qui touchent à l'intégrité physique ou psychologique des membres de ce ministère. 23
L’actu récente...
11.10.2018 Alors que la place Beauvau attend toujours le nom de son nouveau locataire, le projet de loi de finances pour 2019 fait des allers retours entre l'assemblée nationale et le sénat. Avant de s'enfuir chez les canuts, le nouveau maire de Lyon a réussi à remporter des arbitrages avec Bercy concernant un certain nombre de points du budget de la Gendarmerie. Comme s'il avait voulu offrir, en cadeau de départ, une remise à niveau des projets d'équipements ou de fonctionnement qu'il avait eu tant de mal à satisfaire durant son bref séjour, il a rapporté plusieurs dizaines de millions d'euros d'abondements en tout genre. C'est une juste régularisation d'un budget qui s'est avéré insuffisant dès le départ, comme on l'avait souligné au rapporteur du Sénat en 2017. Des arbitrages gagnants. Les arbitrages auxquels il s'est livré, ont donc permis de « récupérer » 63 millions € pour le titre 2 (masse salariale) et 23 millions € pour le fonctionnement et l'investissement (carburant GM, équipements de la réserve opérationnelle et des candidats recrutés). Ces crédits permettent de répondre à l'urgence du moment, mais doivent être abondés par la levée de la mise en réserve d'environ 100 millions € dont le sort n'est pas encore tranché par L’Élysée. En septembre 2017, le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale a du « s'asseoir » sur plus de 110 millions € de réserve par le seul fait du prince, dont les conséquences furent de suspendre un certain nombre de commandes de matériels et de règlements de loyers. Nous nous étions inquiétés de cette mesure présidentielle, arbitraire et unilatérale, auprès des parlementaires, sans résultat. Quid de la mise en réserve ? La Loi de Finances 2018 avait donc placé en réserve une centaine de millions € dont on ignore aujourd'hui encore le sort que le Président de la République pourrait leur réserver. Il faut donc se résoudre à attendre les jours prochains pour savoir si les cibles qui avaient été fixées par l'administration centrale seront atteintes, notamment en matière d'équipements, de véhicules ou de rémunération des réservistes. 24
Un Projet de Loi de Finances sans ambition. Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2019 est en légère augmentation (1,70%). La poursuite du recrutement des 2500 gendarmes sur 5 ans est engagée à hauteur de 625 personnels en 2019. 300 postes de sousofficiers sont transformés en emplois civils et en CSTAGN. La masse salariale est contenue. On est plus inquiets sur les crédits accordés pour l'entretien du parc immobilier domanial qui s'élèvent à 105 millions € pour l'année 2019. On accumule depuis plusieurs années un déficit dans la rénovation des casernes appartenant à l'état. Selon des sources proches de ce dossier on estime à plus de 300 millions € la somme qui devrait être consacrée pour la rénovation des logements concédés et des locaux de service. Le retard pris depuis plusieurs années est préjudiciable en matière de confort des familles des gendarmes, de sécurité des installations et du coût des réparations supportées par la Gendarmerie ou l'occupant. Le budget pour 2019, de ce point de vue, n'est pas à la hauteur des ambitions de l’État. Nous avions déjà alerté les parlementaires par le passé sur ce sujet et nous renouvellerons nos inquiétudes aux différentes commissions. Le gendarme de terrain ne réclame que des avancées pragmatiques et réalistes. Pour travailler correctement et en sécurité, il a besoin de matériels qui fonctionnent, de véhicules qui roulent et d'un logement décent pour sa famille. C'est au politique de faire en sorte que ces trois critères soient financés de manière à atteindre les objectifs qu'il fixe pour assurer la sécurité du pays. Ce n'est pas en annulant une mise en réserve obligatoire comme cela a été décidé par le passé qu'il montre toute sa considération à l'égard des gendarmes. En fin d'année 2017, en obligeant le Directeur Général à repousser des paiements ou à surseoir à des commandes, il a déstabilisé durablement le budget de la Gendarmerie. Les réservistes au cœur des économies. Le Général Lizurey, contraint par Bercy, a dû renoncer à utiliser les réservistes comme les années précédentes. Malgré cette réduction drastique des missions, ceux qui ont été employés seront rémunérés en début d'année prochaine. Il semblerait que le Directeur Général ait donné des ordres pour que les réservistes les plus jeunes soient soldés avant la fin de l'année. Avec la mise en place de l'informatisation des indemnités de réserves, à compter du 1er janvier 2019, leur indemnité sera versée à la fin de chaque mois. On ne peut qu'exprimer une grande satisfaction pour cette décision de bon sens. Mais ce n'est pas au chef d'une institution de pallier les décisions du politique en jonglant avec les lignes budgétaires. Les arbitrages que le ministre de l'intérieur a conduits sont là pour démontrer que les autorisations de paiement ne suffisent plus à faire fonctionner convenablement l'Institution. D'autant que, sans la levée de la mise en réserve 2018, le nombre nécessaire pour le renouvellement des véhicules réformables ne sera pas atteint. C'est un retard qui s'ajoutera à l'immobilier, à l'informatique ou au cadencement des mesures indiciaires. A ce sujet, en 2016, un protocole a été signé entre le Président de la République François Hollande et le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale. Il serait juste que les termes de ce document concernant des mesures catégorielles pour les militaires du corps de soutien de la Gendarmerie soient enfin satisfaites. Doit-on rappeler au Chef de l’État qu'il serait judicieux de respecter le protocole signé par son prédécesseur ? En conclusion, le budget 2019 pour la Gendarmerie Nationale manque d'ambition. L'augmentation consentie (+1,7%) couvrira à peine l'inflation prévue pour 2018 (entre 1,2 et 1,4% selon les sources). L'état des casernes domaniales, le frein au renouvellement du parc automobile et la baisse des investissements sont autant de sujets d'inquiétude. La Gendarmerie Nationale est une force humaine, composée d'hommes et de femmes dont l'esprit de sacrifice n'est plus à démontrer. La reconnaissance de son engagement doit se faire à travers de nombreux prismes dont le plus important demeure le budget consenti pour exécuter ses missions. Oublier ce postulat constituerait une grave erreur de jugement.
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L’actu récente... 02.11.2018 Une journée bien remplie ! Le 30 octobre 2018, dès potron-minet, le Mdl/ Chef Thierry GUERRERO, président de l'association Gendarmes et Citoyens est monté dans la capitale. L'essor, un partenaire de confiance ! Le magazine L'essor de la Gendarmerie, dans un premier temps, l'a reçu à son siège. La discussion avec les journalistes de ce journal historique fut l'occasion d'échanger des points de vue sur la ligne éditoriale de l'association, du partenariat riche en terme de complémentarité et des sujets sensibles du moment. Le président a ainsi pu mesurer l'excellent niveau de connaissance par les journalistes de la situation des APNM depuis leur création. Cette rencontre s'inscrit naturellement dans la continuité des relations avec un organe de grande importance dans la communication externe à la Gendarmerie. Un premier contact prometteur. Par la suite, le président s'est entretenu avec le chef d'état-major de l'Inspection Générale des Armées Gendarmerie au siège du Ministère des Armées. De nombreux sujets ont été abordés sur les méthodes de saisine de l'association et de l'inspection. Le colonel AGOSTINI s'est montré particulièrement ouvert à des échanges directs sur les questions qui seraient soumises à l'attention de AG&C ou à son état -major. Un sénateur à l'écoute des sujets d'inquiétude. La journée a été clôturée par une table ronde dans une salle du Palais du Luxembourg où l'adjudantchef Cédric BOUVERET, membre du conseil d'administration a rejoint Thierry GUERRERO. Reçus par le Sénateur Henri LEROY, rapporteur de la commission des finances, à tour de rôle, ils ont pu exprimer les craintes sur l'état actuel des crédits de paiement qui ne couvriront pas les dépenses de la fin d'année. C'est ainsi qu'il a été abordé l'état du parc immobilier, les commandes de véhicules, le paiement des indemnités journalières des réservistes et les délais de règlement des IJAT. Le sénateur a paru particulièrement intéressé par l'analyse sur le manque d'ambition du budget 2019 que l'association avait rédigée il y a quelques semaines. La levée de la mise en réserve pour 2018 reste le point d'orgue d'une politique financière encore trop contraignante pour assurer les paiements des postes indispensables au fonctionnement efficace de l'Institution (informatique, matériels divers, remplacement d'équipements). Sans langue de bois, les deux représentants de l'association ont expliqué à un sénateur très attentif les difficultés que rencontrent au quotidien les gendarmes de terrain. Après deux heures d'échanges fructueux, Henri LEROY a remercié les participants de leur disponibilité. Il a salué la qualité des observations formulées et de l'engagement dont ils faisaient preuve pour défendre les intérêts des personnels de la Gendarmerie Nationale. Il s'est emparé des documents de travail que l'association avaient élaborés pour la circonstance. L'association adresse des remerciements sincères à Matthieu GUYOT et Gabriel THIERRY, journalistes à l'Essor, au Colonel AGOSTINI, chef d'état-major à l'Inspection Générale des Armées Gendarmerie et à monsieur le sénateur Henri LEROY, rapporteur de la commission des finances du Sénat, pour la qualité de leur accueil et la franchise des dialogues tenant aux inquiétudes des militaires de la Gendarmerie. 26
09.11.2018 Le compte n’y est pas ! Le projet de loi rectificative pour 2018 vient de tomber. La mise en réserve qui s'élevait à 40 millions d'euros environ, a été partiellement levée, à hauteur de 24 millions. 16 millions d'euros ont été purement et simplement annulés. Du point de vue de certains organes de communication ou de concertation interne, il s'agit d'une victoire remportée par la pugnacité du Directeur Général de la Gendarmerie, soutenu par le CFMG. Le secrétaire général de cette structure se félicite d'ailleurs de cette manne qui permettra de commander un certain nombre de véhicules qui ne seront livrés qu'en 2019. On pourrait se satisfaire d'une levée partielle de cette réserve budgétaire, tant l'annulation perfide de 2017 d'un montant de 100 millions d'euros a repoussé certains programmes d'achats projetés par l'administration centrale, aux calendes grecques. Sauf que derrière cette nouvelle qui plonge certains dans l’euphorie (feinte ou réelle?), se cache un tour de passe-passe grossier. Les arbitrages qui ont été remportés de haute lutte (sic) avant le départ de l'ancien ministre de l'intérieur, étaient destinés à faire face à une situation financière dégradée en raison de missions imprévues (Bure, Irma, NDDL, contrôles des frontières, …) et des conséquences liés aux équipements et à la consommation de carburant. Ils ont d'ailleurs été présentés comme une victoire contre l’intransigeance de Bercy. Il n'a jamais été question que ces quelques 24 millions d'euros constituaient une levée partielle de la mise en réserve. Bercy en a décidé autrement apparemment. Si la Direction de la Gendarmerie est forcée de se contenter de cette mystification, il n'est pas question pour l'association AGEC de laisser passer une nouvelle atteinte au budget déjà contraint pour 2018. Des programmes importants sont suspendus ou abandonnés en raison des directives budgétaires. La Gendarmerie Nationale, depuis toujours a fait preuve d'une gestion saine et mesurée. Par le passé, le paiement des loyers constituait la variable d'ajustement des choix budgétaires à compter du mois de septembre de chaque année. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, mais d'autres règlements sont suspendus grâce à la sollicitude du politique, qui non content de laisser penser que les crédits sont en constante augmentation - ce qui est totalement faux, comme nous l'avons expliqué par ailleurs (1)– annule sans scrupule, depuis deux ans les mises en réserve. La poudre aux yeux dont le Ministre du budget semble être un grand consommateur, est bien trop grosse pour dissimuler la finalité de telles manœuvres : réduire les finances du ministère de l'intérieur et faire de économies sur le dos de ceux qui assurent la sécurité des français, au péril de leur vie. On va certainement rétorquer dans les milieux autorisés que la gestion des finances publique répond à des règles strictes que « les plaintes des gaulois réfractaires » ne peuvent comprendre, tant le montage est « complexe ». Nous ne sommes pas dupes. Quand bien même les arbitrages qui ont permis de débloquer 23 millions d'euros en septembre 2018 venaient en réduction de la mise en réserve, il demeure que 16 millions ont purement et simplement été annulés. Doit-on considérer ce geste comme une récompense pour services rendus à la nation ? En attendant, le règlement des indemnités, à l'instar des ornements de Noël, est suspendu jusqu'en janvier 2019. Ceux qui servent avec passion, abnégation et loyauté savent désormais la considération que leur témoignent les politiques.
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Dossier du mois « Petit focus en chiffre 2017 » Une année passe, puis en chasse une autre et parfois il est de bon ton de regarder un peu en arrière le chemin parcouru, soldé d’événements divers et variés. C'est ce que je vous propose sans prétention à partir d'un document servi par hasard sur les messageries et que j'ai trouvé pas inintéressant à partager. Sans prétention aucune, bonne lecture ! Tout d'abord, combien sommes-nous en gendarmerie ? Alors sans aucun rapport avec mon sujet il me vient à l'esprit cette phrase célèbre concernant un mammouth. Les plus affûtés sauront à qui je fais référence avec cette petite provocation qui est sans lien avec le thème, parce que précisément dans ce ministère on connaît ses effectifs. Et c'est tant mieux. Ainsi donc ce sont ; 101 792 personnels composent la gendarmerie. Bien entendu tous ne sont pas gendarmes au sens « gendarmique » du terme, mais tous contribuent à (tenter de) faire avancer la machine selon leurs prérogatives, compétences et responsabilités. L'articulation est de 6626 officiers (dont 559 OCTA) – 78 217 sous-officiers (dont 4446 CSTAGN) et 12 742 volontaires, nos GAV. La différence de 4207 correspond aux employés civils que l'on retrouve surtout dans le soutien (ateliers, finances, secrétariats etc.). C'est donc une population très diversifiée, avec des statuts et des profils de carrière différents qui arment la structure. Un autre focus est de déterminer l'âge moyen par statut pour se faire une idée du profil des personnels. L'âge moyen général est de 37 ans tous les statuts confondus. Mais à y regarder de plus près, le profil le plus jeune est bien entendu nos GAV avec 22 ans, suivent les sous-officiers avec 39 ans. Ce chiffre est plombé (je taquine bien entendu) par les officiers qui affichent 46 ans en moyenne. La moyenne en ancienneté gendarmerie est de 16 années pour l'ensemble des profils. Là aussi en affinant la granularité d'analyse contemplative, j'observe une ancienneté de 24 ans pour les officiers (14 ans pour les OCTA), 18 ans pour les sous-officiers (16 ans pour les CSTAGN) et …. 3 mois pour nos camarades GAV. Je pourrais vous présenter une vision analytique de ce polaroid humain en terme de tendance, de maturité, de fragilité aussi, mais je crois que chacun pourra en tirer à son niveau les bilans humain et sociologique. Le taux de féminisation est de 19,5 %. C'est une moyenne. Mais il est de 52% pour les civils, de 58% pour les CSTAGN et de 14% chez les SOG (8% chez les OG). 28
Maintenant que je vous ai proposé un état des lieux de l'existant, je vous propose d'aborder le volet recrutement (les entrées) et les démissions (sorties) pour se faire une idée du dynamisme comptable de la balance. Assez bizarrement, je dois prendre ma calculette car certaines données sont anesthésiées dans la masse. Le recrutement en 2017 concerne 8895 personnes (dont 6068 volontaires, 2581 SOG (+ 140 CSTAGN) et 106 OG. Les départs (retraites, fins de contrat, radiations) visent 7993 personnels. La plus grande déflation concerne les officiers puis les sousofficiers. Si le solde est positif mathématiquement, c'est grâce aux adjoints volontaires. Ainsi donc 467 officiers sont partis suivis de 3424 SOG (y compris CSTAGN). C'est un constat brutal que je ne peux affiner (date limite de départ en retraite, démissions, radiations etc...). Petite vue sur la mobilité avec un taux de 22% pour les officiers et de 11% pour les SOG. Environ 12500 personnes sont concernées en 2017 par un mouvement avec changement de résidence (ACR). Je termine mon tour d'horizon en saluant la réserve qui affiche fièrement 29847 ESR (engagement à servir dans la réserve) dont 1800 officiers et le reliquat, pour presque moitié, partagé entre sousofficiers et militaires du rang. Je note que les ESR ont assuré en moyenne 32 jours de service dans le courant de l'année 2017 et que le taux de féminisation est de 22%. 27470 lettres de félicitation (ou assimilées) ont été distribuées (il me manque les chiffres des sanctions que j'estime à environ 8500) et 876 ont été médaillés militaires. Bien volontairement je ne fais pas de commentaire après cette projection factuelle et légèrement analytique. Chacun est en mesure d'en tirer des conclusions. Mais pour être bien complet et par respect pour nos camarades décédés je vous dirai qu'en 2017, 8 militaires de la gendarmerie sont morts dans l'exercice de leur fonction (18 en 2016). Capitaine Marc ROLLANG - CA G&C 29
Nous rejoindre ! S'investir dans l'APNM Gendarmes et Citoyens Je vais vous exposer ce que m'apporte de m'investir bénévolement chez AG&C. Effectivement les termes "s'invertir bénévolement" peut faire penser à de l'altruisme pour l'œil extérieur. Pour d'autres, cela s'apparente à de la folie où je donne de mon temps et de ma personne sans aucune contrepartie matérielle ou financière alors que ma profession de gendarme m'occupe déjà bien assez avec en plus ma charge de famille étant maman de trois enfants. C'est tout le contraire! Mon investissement est profondément égoïste. Au départ j'ai adhéré avec comme primo volonté de participer à faire changer les choses pour être certaine de ne plus vivre ce que j'ai vécu durant quelques années. Et si au passage j'empêchais que d'autres puissent vivre cela, et bien tant mieux ! Puis j'y ai trouvé une équipe qui s'est construite, qui évolue avec les attentes de nos camarades, qui est ce que nous voulons être ! Une alternative, une réussite d'un modèle que nous avons créé. Dans cette équipe, j'y ai trouvé mieux que des camarades, j'y ai trouvé des amis voire une famille. Nous avons chacun nos caractères et nos expériences, aussi variées que le nombre de personnes qui composent cette équipe. Nous partageons, échangeons, confrontons nos opinions, débattons, construisons pour le bien commun, et aussi, nous rions ensemble et faisons part de nos sentiments même s'ils sont colère ou tristesse. Nous sommes disséminés sur le territoire national et en même temps nous sommes si proches. Et même lorsque certains sujets sont graves, nous sommes heureux de nous retrouver physiquement lorsque cela se produit. Nous avons une motivation commune et nous sommes riches de la présence de chacun. Nous sommes AG&C ! Par mon investissement, je suis riche de partager l'aventure AG&C avec des personnes engagées, ouvertes et sociables. Je m’investis humainement et j'y trouve mon compte! MDLC Alexandra GENTILI - Bureau exécutif APNM G&C 30
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