Magazine février 2018

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Association Professionnelle Nationale Militaire

Gendarmes & Citoyens LE Magazine

Dossier : Les sanctions Les sanctions disciplinaires, le recours gracieux, la légitimité de la violence policière - la paix sociale, un état des lieux, GM aux TOUQUET, les missions prioritaires, les retraites, les brigades de contact...

N° 100 - FEVRIER 2018 - AG&C®


Permanence téléphonique AG&C Vous êtes toujours plus nombreux à nous contacter pour obtenir des renseignements, des conseils, de l’aide, ou tout simplement une oreille attentive sans jugements et faux semblants. Si l’équipe AG&C s’en félicite, car cela démontre que nos méthodes sont les bonnes, que notre utilité n’est plus à démontrer, cela génère néanmoins beaucoup de travail en plus pour les gendarmes de terrain que nous sommes. Alors n’hésitez pas à nous contacter via ce numéro unique, un membre de l’équipe AG&C est toujours à votre écoute !

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L’édito « Et de 100 ! » Après notre assemblée générale 2018 qui s’est déroulée le 2 février dernier, au sein de la DGGN et dont vous avez pu prendre connaissance d'un large résumé dans le magazine de janvier, c’est à nouveau tout un symbole que la parution de ce centième numéro. Cent mensuels qui démontrent encore une fois que nous ne sommes pas nés hier avec le décret sur les APNM. Une centaine de magazines qui rappelle que nous sommes là depuis presque une décennie !! Je vous invite d’ailleurs pour ceux qui nous rejoignent à prendre le temps de lire chacun de ces ouvrages depuis le premier numéro. Cette lecture vous aidera à mesurer le chemin parcouru et vous rendre compte que le concept même d’APNM n’est ni plus ni moins que le fruit de la méthodologie d’AG&C. Cela vous aidera également à comprendre la métamorphose de l’association au cours des derniers mois, du passage de la revendication au droit d’expression, et de la phase de travail avec la Direction, qui maintenant est en partie effective. Cette méthodologie qui nous est chère a encore fait la preuve de son efficacité avec la récente affaire du Touquet et de la résidence présidentielle. Avant de partir tous azimuts sur des communications assassines suite à l’attaque de certains syndicats policiers, nous avons pris le soin de recueillir les renseignements à la source, de faire remonter proprement les interrogations et inquiétudes de nos camarades Gendarmes Mobiles sur cet emploi futur et ses conditions d’exécution. Le résultat est là. Le Directeur Général s’était voulu rassurant sur ce point et force est de constater, au vu des retours positifs que nous avons pour le moment sur les débuts de cette nouvelle mission, que la Direction a mis les moyens en œuvre pour que cela se passe au mieux pour les militaires. Le dispositif s’améliorera vraisemblablement encore dès les premiers « retex » des unités en place. À trop vouloir aboyer, on obtient bien souvent l’effet inverse. Pour autant, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas vigilants, mais tant que nous avons affaire à des chefs réceptifs aux problématiques, qui sont prêts à s’asseoir autour d’une table pour échanger et entendre nos propositions, il n’y a pas lieu d’agiter des chiffons rouges. Soyez assurés que nous travaillons tous en ce sens et que plus le temps passe, plus nous avons une oreille attentive au sein de notre Direction, preuve que tout peut être dit, il suffit de le dire de la bonne manière. « L’innovation n’est pas un flash de génie. C’est un travail difficile. Et ce travail devrait être organisé comme une activité régulière de chaque unité de l’entreprise, et ce, à chaque niveau du management » Peter Drucker Le Président 03


Le sommaire 2 – Contactez-nous, n’hésitez plus ! 3 – « Et de 100 !! » 6 – DOSSIER : Les sanctions disciplinaires 10 – DOSSIER : Le recours gracieux ! 14 – La légitimité de la violence policière… La paix sociale - Un état des lieux 18 – Condoléances 20 – Trop jeune pour être enfermé, mais assez pour tuer 22 – Comment en est-on arrivé là ? 23 – Gendarmes Mobiles au TOUQUET 24 – Des chefs excités et méchants

LE MAGAZINE ASSOCIATION GENDARMES ET CITOYENS Quartier BETEILLE

28 – Le mot du vice-président

Bâtiment 1 - Appartement 5

29 – Les missions prioritaires

33270 BOULIAC

30 – Les retraites - Par Marc ROLLANG 32 – Petit coup de blues... 33 – Mais où sont passées les… hirondelles 35 – La bise en Gendarmerie 36 – Les brigades de contact ! 38 – Adhérer !

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Directeur de publication Jérémy Langlade Comité de rédaction Le conseil d’administration Des membres volontaires Rédacteur en chef CNE ER Jean-François CHARRAT Conception graphique Maquette - Jérémy Langlade Photos - Médiathèque AG&C, Images et photos internet Couverture - Montage AG&C Dépôt légal - Reproduction autorisée dès parution NOUS CONTACTER contact@assogendarmesetcitoyens.fr

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Les sanctions disciplinaires C'est un sujet sensible, qui suscite toujours débats et passions et que je vous propose de revisiter sous un angle assurément provocateur mais avec pertinence et en références. PREAMBULE Une belle satisfaction pour les puristes. Vous êtes bien militaires ! Ce n'était pas gagné et vous l'aurez remarqué, surtout pour les procéduriers voire même pour certains, les juristes attentifs que vous êtes. La LOI n° 2009-971 du 3 août 2009 relative à la gendarmerie nationale indique en son article premier, repris par l’art L. 3211-3 que celle-ci est une force armée instituée pour veiller à l'exécution des lois.

Une force armée..... Ça laisse songeur !

Mon côté obscur rempli d'humeur aigre-douce me force presque à vous dire que la police nationale est aussi une force et elle est également armée. Par ailleurs, le tribunal administratif de Poitiers ne s'y est pas trompé lorsqu'il a été saisi pour un grief relatif à la vaccination obligatoire dans les Armées (Je vous laisse chercher un peu dans les archives, à défaut, il va falloir me croire sur parole). LES FAITS

Que ce soit dans les Armées ou en Gendarmerie, les textes de références sont les mêmes – Je décline ici le code de la défense et notamment son livre III portant sur les dispositions statutaires et sa section 3, qui traite des sanctions disciplinaires. Pour mémoire, je rappelle que ces dispositions répressives concernent des milliers de gendarmes (y compris officiers et réservistes) chaque année et que malgré la haute qualité de votre activité et la miséricorde de Ste Geneviève, VOUS pouvez être confrontés à ce rendez- vous disciplinaire. Allez, je commence par l'état des lieux à ce jour !

Il convient de remonter un peu dans le temps, en avril 2017 où des modifications dans l'exécution de la sanction sont intervenues ; 1- Le jour d’arrêt appliqué alors n’était ni plus ni moins qu’une astreinte à résidence sans décision de justice

2 - La circulaire 24 000 n'apportait pas de cohérence dans le contrôle et le suivi réel de la sanction. Parfois, certains commandants se permettaient des vérifications dans les logements ou décrétaient des obligations de pointage à la brigade, comme un délinquant en peine aménagée

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3- Et enfin, le caractère moyenâgeux de la « peine » est inique. Dans une armée professionnelle, une Gendarmerie impliquée dans la société civile et rattachée au Ministère de l’Intérieur, quelle était l’utilité de contraindre un gendarme à rester enfermé dans son domicile ? Les premiers pénalisés étant le plus souvent les proches, les enfants… La sanction appliquée de la sorte n'était in fine qu'humiliation du gendarme aux yeux de ses pairs et de ses proches.

En avril 2017, la Direction Générale signait la fin de l’exécution des jours d’arrêts (1). La Gendarmerie entre alors dans le XXIème siècle ! Mais attention, le jour d’arrêt reste toujours une sanction administrative. Le militaire déclaré fautif sera sanctionné de la même manière, mais il ne pourra lui être appliqué la restriction de liberté et donc un refus d’aller et venir ou l’obligation de pointer à sa brigade, de se voir contrôler au logement, etc. L'ANALYSE

Qui peut enclencher un dossier ! Tout supérieur a le droit et le devoir de demander à ce que les militaires placés au-dessous de lui dans l'ordre hiérarchique soient sanctionnés pour les fautes ou les manquements qu'ils commettent. Il en est de même de toute personne civile à l'égard des militaires placés sous son autorité. Je suis sûr que vous ne verrez plus votre adjudant ou votre CB de la même façon !

Avant qu'une sanction ne lui soit infligée, le militaire a : · le droit de s'expliquer oralement ou par écrit, seul ou accompagné d'un militaire en activité de son choix sur les faits qui lui sont reprochés devant l'autorité militaire de premier niveau dont il relève. Faites-vous toujours accompagner d'un camarade, pourquoi pas de votre Cb ou de votre conseiller concertation – Vous remarquerez que le « témoin » est un militaire ce qui écarte donc l'idée de venir accompagné d'un avocat ou pire… de votre épouse. Au préalable, un délai de réflexion, qui ne peut être inférieur à un jour franc, lui est laissé pour organiser sa défense. Lorsque la demande de sanction est transmise à une autorité militaire supérieure à l'autorité militaire de premier niveau, le militaire en cause peut également s'expliquer par écrit sur ces faits auprès de cette autorité supérieure. L'explication écrite de l'intéressé ou la renonciation écrite à l'exercice du droit de s'expliquer par écrit est jointe au dossier transmis à l'autorité militaire supérieure. 07



Les sanctions disciplinaires C'est un Droit qu'il faut utiliser. En effet cela permet d'abonder le dossier avec vos arguments et au besoin, en cas de Recours administratifs, d'apporter au juge un dossier contradictoire. Les faits et que les faits. On vous reproche ceci et non cela ! · Avant d'être reçu par l'autorité militaire de premier niveau (votre chef de Corps de proximité) dont vous relevez, vous avez connaissance de l'ensemble des pièces et documents au vu desquels il est envisagé de vous sanctionner. C'est le caractère contradictoire et écrit de la procédure. Vous pouvez avoir une copie de ces pièces mais à vos frais. On demande toujours à consulter son dossier et parfois on est surpris. Vous connaissez l'espèce humaine. . . . · En souvenir (je sais, je suis acide) le gendarme sanctionné reçoit une copie du bulletin de la sanction infligée. A l'exception de l'avertissement (voir article précédent sur la lettre d'observation), les sanctions disciplinaires sont inscrites dans votre dossier individuel

Et à partir de là, vous en avez pour 4 ans au moins. L'effacement des sanctions disciplinaires du premier groupe (les plus fréquentes) est effectué d'office au 1er janvier de la cinquième année suivant celle au cours de laquelle les sanctions ont été prononcées. Mais : Sont exclues de l'effacement d'office des sanctions disciplinaires du premier groupe, celles concernant des faits constituant des manquements à la probité, aux bonnes mœurs ou à l'honneur ayant donné lieu à un blâme du ministre, à des arrêts d'une durée supérieure à trente jours ou à une condamnation pénale inscrite au casier judiciaire numéro deux. Dans ce cas c'est ONZE années – et demande à présenter par le concerné – Vous doutez, allez vite regarder l'article R 4137-23-1 ET POUR TERMINER

C'est un travail de longue durée que d'étudier et de comprendre les textes. Pour faire évoluer les choses, pour faire modifier les textes législatifs ou réglementaires il nous faut être nombreux, cohérents et motivés. Et ne soyez pas dupes. Vous avez fait l'objet d'une sanction disciplinaire, celle-ci va impacter votre déroulé de carrière. Vous pensez bien que l'avancement est aussi conditionné à la virginité de votre dossier individuel et qu'à hésiter entre deux candidats de même valeur, celui qui est vierge de toute « condamnation » est forcément avantagé.

Imaginez votre camarade qui pour une erreur, une faute est au purgatoire pour 5 ou 11 ans – Faites donc le parallèle avec la justice pénale et vous comprendrez alors qui exerce son métier avec de fait, une circonstance aggravante. Merci de votre lecture


Le recours gracieux ! Le Recours gracieux en droit administratif français En droit français, le recours gracieux (à l'instar de son grand frère, le recours hiérarchique) est un recours que peuvent exercer les administrés (donc vous, gendarmes) contre une décision prise par une autorité administrative (en règle générale votre hiérarchie). Il s'agit en fait d'une demande de réexamen du dossier à l'amiable qui vous préoccupe, par vos chefs, décideurs et signataires et lequel se distingue donc du recours contentieux qui est formé devant le juge administratif. (Attention on conteste une décision administrative individuelle généralement notifiée avec la mention des voies et délais de recours et non pas un ordre ; tour de garde, désignation pour un service etc..). On conteste le même objet mais selon des formes de Droit différent. L'un est présenté en interne, presque en famille à celui qui a décidé, l'autre au chef du ... chef. Cet article n'abordera que le Recours Gracieux. C'est la première expression d'intelligence qui vise à alerter le décideur, que vous contestez l'acte notifié sur une disposition (1) qui vous porte atteinte. La nuance est fine mais lisez donc le paragraphe ci-dessous au titre de mon illustration, les quelques éléments, que je vulgarise explicitement. En Gendarmerie, dans les Armées aussi d'ailleurs (même code de la Défense et même profil de justiciable presque) on va vous parler d'observations à formuler, parfois aussi de reconsidération. La nuance est là, mais en vos qualités respectives d'enquêteur et de procédurier, vous saurez faire la distinction. En effet, faire des observations dans le cartouche attenant à votre notation par exemple, sans demander son réexamen par le décideur, sans établir qu'elle vous porte préjudice, ne vaut pas recours. C'est juste des états d'âme que vous souhaitez partager sans plus. Ça fait du bien, on l'a dit, même mieux, on l'a écrit, mais in fine ça en reste là. Parfois certains décideurs, émus ou moins sereins vont corriger pour ne pas créer d'histoire. C'est une forme de gestion interne que je respecte pour ma part. Le chef courageux, fera convoquer l'intéressé et va se faire expliquer de vive voix le problème. Si en plus d'avoir des arguments solides et motivés, vous aurez une sacrée opportunité pour faire valoir de ce que droit. Si, il y en a encore ! Allez quelques exemples rencontrés ici et là pour illustrer mon propos :

« « « Je ne suis pas d'accord avec la notation année 2015/2016. En effet j'ai l'impression qu'il s'agit de celle d'un autre » » » « « « C’est à contre cœur que je signe ma notation notifiée le 29 février 2014 car j'estime avoir bien fait mon travail l'année dernière. » » » P.S : je vous laisse trouver la coquille provocatrice volontairement glissée dans l'exemple. Ces cas ne sont en rien un reproche à leurs auteurs. Juste des exemples de ce qui n'est pas un recours. L'intéressé constate un fait et partage un ressenti. Il ne conteste rien, il ne motive rien et en sus, il ne demande rien. 10


LA FORME – LE FOND Le Recours s'adresse à l'autorité administrative qui a pris la décision. C'est parfois du niveau du commandant de Groupement, plus généralement du niveau Région (ou zone) ou du niveau central. Je rappelle juste que pour les notations APJ, votre notateur de premier niveau est aussi votre notateur juridique. Un tel recours précède généralement le recours contentieux, mais en l'absence de texte précis, il n'existe aucune obligation de faire précéder le recours contentieux d'un recours gracieux. (Attention pour vous militaires, vous avez presque toujours obligation de passer par la Commission des Recours des Militaires). Vous pouvez former un recours gracieux puis un recours hiérarchique, ou bien uniquement un recours hiérarchique ou un recours gracieux avant de tenter l'aventure en justice.

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Le recours gracieux ! Mais comment faire ? Votre action consiste en un simple courrier (adressé en recommandé avec accusé de réception) ou en interne avec un B.E qui doit contenir des arguments factuels et juridiques, accompagné de la décision contestée et de pièces justificatives si vous en avez. L'administration (le signataire de l'acte) dispose en principe d'un délai de 2 mois, à compter de la réception du recours administratif, pour y répondre. Mais le silence gardé par l'administration pendant deux mois (cf. article R. 421-2 du code de justice administrative) à un recours administratif (qu'il soit gracieux ou hiérarchique d'ailleurs) vaut toujours rejet de la demande. Donc si on vous répond c'est très bien et si on donne une suite favorable à vos interpellations, c'est encore mieux.

Je vous remercie de votre attention.


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La légitimité de la violence policière... Le devoir de contrainte est une prérogative qui vise à imposer les termes de la Loi au citoyen récalcitrant pour mettre fin à une infraction, s'emparer de celui-ci pour le présenter au juge judiciaire. Tel est le sens de l'action qui semble de plus en plus fragilisée par des magistrats procureurs et/ou juges toujours plus exigeants, alors que l'opposition à l'Autorité est de plus en plus manifeste et violente. Les circulaires existent pour bien encadrer l'emploi de la force, collective (MO) ou individuelle (droit d'arrestation). On a même des revues, manuels qui expliquent comment faire une clé de bras par un mouvement en extension du membre supérieur etc... Je voudrais dire qu'on a les mêmes revues pour être pilote d'avion de chasse et astronaute. Mais paradoxalement ceux-ci doivent être moins bien faits vu le volume de candidats en échec ! Ma source : je la nomme … X … elle circule sur le « net » et je la croise pour produire cet article sans prétention mais qui expose une situation connue des initiés et balayée d'un revers de main ou de déni par d'autres. C'est donc un camarade retraité qui m'aura fait parvenir un mail que je reprends infra pour illustrer mon propos et faire l'état des lieux d'une situation connue et pourtant occultée par nos chefs, nos dirigeants et surtout pas nos magistrats. On annonce en gros près de 18 000 policiers et gendarmes blessés dans l’année, on en parle un peu mais on oublie aussitôt. Les épisodes neigeux ont traumatisé la France. C'est ainsi. BFM fait l'actualité et impose un tempo. Le sien. Musique maestro ! A contrario, la moindre interpellation un peu musclée d’un récalcitrant, « au demeurant s’il s'agit d'une chance pour la France » émeut toute la classe politique, monopolise une certaine presse et déclenche les foudres de l’IGPN ou de l’IGGN. Ces gardiens du temple. Les costards bien propres et les plis frais témoignent d'un engagement majeur sur les zones de guerre du quotidien où Pinot simple flic et Gerber adjudant de son état, tentent de garder la maîtrise des lieux. L'exemple le plus marquant et le plus fort, témoigné au plus haut niveau de la Nation. Notre Théo, un jeune français issu de l'immigration (politiquement correct) 17 ans, 1M86 et 90 kg, respectueux de la Loi comme en témoigne son passif de citoyen en construction.

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La paix sociale - Un état des lieux Je n'oublie pas que le premier magistrat de France d'alors, (monsieur le président Hollande), en dehors de toute sagesse liée à la nécessaire prudence d'analyse et de remontée des éléments s'est porté précipitamment au chevet de l’intéressé, toutes affaires cessantes. A-t-il été victime d'une remontée faussée du renseignement, a-t-on eu peur d'un désordre majeur de l'ordre républicain et a-t-on tenté d'acheter par le sacrifice de la Morale la paix publique ? L'histoire nous le dira peut-être un jour lorsque les responsables écriront leurs mémoires.

C'est ça qui est bien en France. On écrit plus facilement un livre qu'un procès-verbal d'audition.

Nos policiers et gendarmes sur le banc des accusés, c’est la norme, du moins en France, où les forces de l’ordre sont abandonnées par le pouvoir et par les administrations. Il n'y a que les naïfs qui croient que votre employeur va vous protéger. Non d'abord, il va douter, puis selon le sens du vent, il va prendre une décision et aussi vous faire comprendre que vous avez « merdé » car l'IP ou les GTPI n'ont pas été respectés. En fait tout le monde sait que si on vous parle comme à un bourricot c'est de votre faute. Il fallait bien articuler et dire B.O.N.J.O.U.R !

Allez, je vous glisse un exemple récent anesthésié par les faits divers. Les faits : Trois hommes sont repérés dans un véhicule en stationnement. Il s'en dégage une forte odeur de cannabis. Un contrôle est décidé par la patrouille de police. Mais le contrôle tourne mal. Les 3 lascars refusent d’obtempérer, les coups pleuvent. 30 à 40 “jeunes”, sortis de nulle part, arrivent aussitôt pour prêter main forte aux rebelles et deviennent menaçants. C'est l'arrivée en masse de renfort qui permet de gérer un tant soit peu la situation.

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La légitimité de la violence policière... Les 3 individus, présumés innocents sont interpellés : Bilan : 30 jours d’arrêt de travail pour la policière qui a eu un doigt brisé et 10 jours pour son collègue masculin, frappé au visage. Tel est le lot quotidien de nos policiers et gendarmes, auxquels nos dirigeants totalement soumis et apeurés, ont ôté toute autorité, uniquement pour ne pas stigmatiser toute une certaine jeunesse qui refuse de s’intégrer et développe une haine sans limite aux policiers et autres représentants de l’Etat (pompiers, mais aussi médecins, infirmiers, facteurs etc..). Toute la chaîne hiérarchique de l’Etat a peur et capitule lâchement !

On se donne bonne conscience. On vous suréquipe de BTP, de taser, de LBD, de DMP, MP7, de CS, de GPBPD etc. Mais le cadre d'emploi est tellement restrictif et les conséquences tellement hasardeuses (le hasard des juges, cf. relaxe de Jawad) qu'on n'a de cesse de vous dire que c'est pour dissuader. Cette magnifique maxime qui vise à dire au soldat qu'il suffit de montrer la force pour ne pas avoir à s'en servir. Les héros de NDDL approuvent et ceux de Sivens applaudissent.

Le laxisme. Il est judiciaire et le renoncement permanent de nos politiques capitulards, sont la cause majeure de l’insécurité dans ce pays. Aucune volonté politique de restaurer l’autorité des policiers. (On a même évoqué la prime à l'agression pour les surveillants de la pénitentiaire. Ne vous plaignez pas, si vous prenez un coup de pic, vous avez droit à une prime !) Le français s'enferme, pose des alarmes dans sa maison, il a peur et nos policiers sont en danger permanent (plus de 18 000 policiers et gendarmes blessés en 2016), même le président Emmanuel Macron a renforcé sa propre protection en octobre 2017.

Aux 77 policiers chargés de sa sécurité, il a ajouté 50 policiers pris sur les effectifs de la Préfecture de Police pour les affecter à l’Elysée.

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La paix sociale - Un état des lieux Quant aux citoyens, on diminue les effectifs policiers de 5% au niveau national, pendant que l’Elysée augmente les siens de 65% ! C’est le retour aux temps anciens. Même Louis XVI aurait dû y penser ! Ça lui aurait peutêtre évité d'en perdre la tête. 11 millions de Français ont peur d’être agressés dans leur propre quartier, et même chez eux (ONDRP) – Le législateur pourtant prolixe dans la création de l'impôt en général, refuse toujours d’insérer dans le Code pénal, un délit spécifique pour les agressions de policiers. La peine encourue pour violences à un représentant de l’autorité publique va de 3 à 5 ans de prison. Et même 15 ans si ces violences ont été commises avec arme ou lors d’un guet-apens. Mais notre justice n’applique jamais ces peines. En 2016, la moyenne des peines pour agressions envers les policiers n’a pas dépassé 5,3 mois de prison !

Rappelons que le policier qui avait giflé un migrant récalcitrant, a écopé de 6 mois fermes ! Pas de circonstance atténuante pour ceux qui protègent ! Où est la mesure ? Qu'en aurait-il été si ce migrant s'était jeté sur le magistrat à l'audience et que le policier soucieux de bien faire s'était contenté de rendre compte et d'appeler renfort et moyens pour interpeller sans casse l'énervé. Il aurait été poursuivi pour non-assistance à personne en danger et sanctionné au nom de l'éthique pour prévarication ?

Pas d'initiative, pas d'emmerde. Ou comme ce vieux sage qui disait, « la meilleure des solutions est de ne jamais être présent lorsqu'il se passe quelque chose ». C'est l'histoire de 3 singes, dont l'un se cachaient les yeux, l'autre la bouche et le dernier les oreilles.

Paraît qu'on peut faire de belles et paisibles carrières ainsi. Evidemment, devant un tel désastre, la chancellerie se rebiffe, affirmant que 77% des 2900 personnes condamnées pour violences contre les représentants de l’autorité ont écopé de peines de prison, dont 50% de prison ferme ! Mais 90% de ces peines sont de moins d’1 an, donc sans aucun effet. Car toute peine inférieure à 1 an n’est plus exécutée, même en cas de récidive. Tout condamné ressort donc totalement libre du tribunal. Certains condamnés seront astreints au port d’un bracelet électronique. La belle affaire ! Au tout début j'ai même entendu dire qu'un condamné avait donné son numéro de GSM pour le suivi bracelet..... En banlieue, s’attaquer à un policier est considéré comme un haut fait d’armes. On devient un vétéran de la castagne contre les flics. Mais dans certains milieux libertaires et anarchistes, on n'est pas en reste. Et porter un bracelet électronique, c’est encore plus valorisant que de porter la Légion d’Honneur ! Rien de tel pour asseoir le prestige d’un caïd ou d'une victime du système. Par le capitaine Marc ROLLANG 17


Condoléances

9 janvier 2018 Suicide du jeune gendarme Un gendarme de 24 ans de La Châtaigneraie en Vendée se donne la mort. La tristesse de perdre un camarade ayant fait le choix d'écourter volontairement sa vie doit nous conduire, d'abord à adresser des mots de solidarité et de compassion à ses proches. Perdre un enfant, un père ou un époux si jeune, n'est pas naturel. Mais c'est le moment du deuil et on doit juste partager la douleur immense de la famille. AGEC assure tous ceux qui ont été touchés par ce malheur de son indéfectible et très sincère soutien. Nous sommes particulièrement affligés d’apprendre le décès d'une camarade militaire, qui a tenté de se donner la mort lors d'une mission sentinelle le 1er Janvier 2018. Elle est décédée des suites de ses blessures. Notre sympathie accompagne sa famille et ses proches dans cette épreuve. 24 janvier 2018 C'est avec une grande émotion et une profonde tristesse que nous avons appris le décès tragique du Maréchal des Logis-Chef Fabien SOULA, survenu le lundi 22 janvier 2018. Âgé de 44 ans, il était Corps de Soutien Technique et Administratif de la Gendarmerie Nationale (CSTAGN) à l’État-major de la Région de Gendarmerie Provence Alpes Côte d'Azur à MARSEILLE (13). L’APNM Gendarmes & Citoyens souhaite apporter tout son soutien à sa famille, ses amis et ses camarades dans ce moment extrêmement difficile.

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6 février 2018 DECES EN SERVICE A quelques jours d’intervalle, deux gradés de gendarmerie ont perdu la vie en service. L’émotion naturelle, en la circonstance, a laissé place à la colère. Le 2 février 2018, l’adjudant-chef Pierre LAWPOIS, 47 ans, motocycliste de la brigade motorisée de Melle (79) a été victime d’un accident de la route lors d’une mission de sécurité routière. Il était marié et père de trois enfants. Le 4 février 2018, l’adjudant-chef David LANNES, 46 ans, de la brigade de Belin-Beliet -33- également marié et père de trois enfants a été heurté par un jeune motard, sans permis, qui tentait d’échapper à un contrôle. Gravement blessé lors de la collision, il est décédé des suites de ses blessures. AG&C partage la douleur des familles, des amis, des camarades et leur adresse sa profonde tristesse. 19 février 2018 C’est avec une profonde tristesse et une vive émotion que nous avons appris le décès tragique du Gendarme Philippe VERGNAL, survenu le 18 février 2018. Affecté au Peloton Motorisé de CLERMONT L’HERAULT (34), il était âgé de 51 ans et père de deux enfants. AG&C présente ses sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à ses camarades. Toutes nos pensées vont vers eux dans ce moment ô combien difficile. 21 février 2018 Mali : 2 militaires décédés

C’est avec tristesse et émotion que nous avons appris le décès de deux Militaires du 1er RS de VALENCE, servant la France au Mali. Ces deux soldats, le Brigadier-Chef Thimothée DERNOUCOUR et le Maréchal des Logis Chef Emilien MOUGIN, sont décédés au passage de leur engin sur une mine artisanale. Engagés dans le cadre de l’opération BARKHANE, ils œuvraient pour la paix. AG&C salue l’engagement des Forces Militaires de notre pays et rend hommage à nos frères d’armes.

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Les derniers communiqués Trop jeune pour être enfermé, mais assez pour tuer ! 10 février 2018

Un jeune homme au guidon d’un deux roues non homologué refusant de s’arrêter, heurte mortellement un gendarme en service et bénéficie d'une remise en liberté, avant même que le corps de sa victime ne soit inhumé ! C’est ce qui vient de se dérouler sur une route de Gironde. Le contrôle judiciaire est indéniablement jugé incompréhensible par une grande part des gendarmes, encore une fois frappés dans leur chair au cours de leurs missions. Du haut de sa condescendance, le juge a certainement estimé qu'un jeune homme de 15 ans n'avait rien à faire en centre fermé ou en détention provisoire. A-t-il mesuré la douleur de la famille du gendarme, de ses proches ou de la Gendarmerie, quand ils ont appris que le réquisitoire du Procureur de la République avait été balayé d'un revers de manche ? La finalité de cette non-mesure est insupportable par le caractère définitif du sort de l'un, tué en service commandé, et celui très indulgent de l'autre, libéré sous le joug de mesures peu contraignantes. Les esprits chagrins peuvent crier à la présomption d'innocence et trouver la décision du magistrat instructeur naturelle eu égard à la jeunesse de l’auteur. Il n'en demeure pas moins que ce père de famille est mort par le fait d'un acte délibéré. Peu importe l'âge et le pedigree de l'individu, il a volontairement heurté le gendarme pour se soustraire à son contrôle. Cela aurait du emporter l'intime conviction du juge d'instruction et le conduire à prononcer une mesure privative de liberté. Cette décision pose une interrogation. En aurait-il été tout autrement s'il s'était agi d'un citoyen lambda ? La défiance de certains magistrats vis à vis des gendarmes devient une marque de fabrique de cette justice à géométrie variable. Ils estiment certainement que la vie d’un gendarme est bien moins importante que celle de tout autre citoyen. Qu'ils soient assurés qu'avec de telles décisions, le respect du à une fonction censée rendre la justice au nom du Peuple Français, ne se transforme à très court terme en une méfiance durable... Au final, celui qui a ôté la vie à un gendarme a repris la sienne normalement, pendant que la famille de sa victime est désormais amputée éternellement d'un père, d'un mari, d'un enfant. Ce sont sûrement des arguments que ce juge d'instruction a oublié de placer dans la balance ! 20


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Les derniers communiqués Comment en est-on arrivé là ? 20 février 2018

Comment en est-on arrivé là ? Une chape de plomb s'est abattue à l'annonce du double suicide d'un jeune homme de 15 ans et de son père. Prévenu d'homicide involontaire aggravé à la suite du décès d'un gendarme sur lequel il avait foncé avec un cyclomoteur trafiqué, cet adolescent avait été placé sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction, en dépit des réquisitions du Parquet qui réclamaient un placement en détention. La communauté de la gendarmerie en avait été particulièrement étonnée et la colère contre une décision manifestement inique avait remplie les conversations de nombreuses unités. Aujourd'hui, les derniers événements donnent malheureusement raison à cette incompréhension. Un gendarme est décédé en faisant juste son travail, laissant des orphelins et une veuve inconsolables. Il a, semble-t-il conduit au suicide d'un père après avoir donné la mort à son fils plongeant dans la souffrance une autre famille. Cette dramatique affaire doit interpeller le magistrat qui a décidé, à l'encontre des réquisitions, de laisser en liberté un jeune homme pour des raisons frappées d'humanité, certes, mais qui a omis de prendre la mesure d'un geste extrême. Ce jeune homme qui, par son inconscience a tué un père de famille vient de mettre fin à ses jours. Il appartient aux enquêteurs de faire la lumière sur ces faits. Cependant, s'il n'est pas question de polémiquer sur les raisons de ce geste mortifère, la détention a deux effets, protéger la société contre une éventuelle récidive et garantir à celui qui est emprisonné une protection contre lui-même. En l'enfermant, le magistrat aurait répondu à ces deux aspects. 22


Gendarmes Mobiles au TOUQUET, les dernières évolutions ! 14 février 2018 Le week-end dernier, comme vous tous, nous apprenions par voie de presse que nos camarades de la Gendarmerie Mobile récupéraient la mission de sécurisation de la villa familiale présidentielle. En somme rien de choquant pour nous au premier abord, parce que jusqu’à maintenant, les résidences personnelles des familles de nos Présidents se situaient en zone de compétence de la Gendarmerie, et aussi un peu par tradition, cette mission a toujours été assurée par l’Institution. Nous n’évoquerons pas la pertinence de surveiller ou non ce type d’édifices, il s’agit là d’un débat principalement politique, le gendarme, par l’accomplissement de sa mission, au delà de cette polémique ! Néanmoins, comme vous tous, nous avons été interpellés par les arguments lancés ici ou là dans la presse et venant directement de certains syndicats de policiers. Selon les critiques, les gendarmes récupéraient une mission par dépit, par soumission ! Ce « TouquetGate » généré par les publications et interventions diverses et variées de nos collègues policiers ces derniers mois, s’inspiraient de l’absence de sécurisation des personnels et du confort spartiate de ces derniers, eu égard aux conditions météorologiques difficiles. Les syndicats de Policiers, n’ayant obtenu aucune évolution dans ces deux aspects de la mission, pour leurs collègues CRS, n’ont pas hésité à qualifier nos camarades gendarmes de « dociles ». Nous ne commenterons pas avant leurs méthodes et leurs « actions », il ne s’agit que de citer strictement des propos factuels. Du côté d’AG&C, et avec le concours de nos gendarmes mobiles, nous adressions un courriel le dimanche à nos interlocuteurs de la Direction Générale de la Gendarmerie pour faire le point sur cette « affaire » et démêler le vrai du faux. Nous n’avons pas manqué de rappeler que ce qui importe pour les gendarmes, ce n’est pas de devoir remplir telle ou telle mission mais qu’elle se déroule dans le respect de la sécurité et du bien-être de nos camarades, pour la remplir au mieux ! Dès lundi, à la première heure, le Mdl-Chef Thierry GUERRERO président d’AG&C, a pu s’entretenir avec la direction générale directement au téléphone. Nous apprenions que si cette mission était bien récupérée en remplacement des policiers, ce n’était en aucun cas en raison de notre « docilité », ni d’une soumission quelconque. Il s’agit d’un redéploiement des compagnies de CRS et d’escadrons de Gendarmerie Mobiles sur le département, dans un cadre général d’emploi des forces mobiles. Cette décision résulte de travaux engagés par nos directions respectives, depuis plusieurs semaines. Elle s’inscrit dans le partage habituel des missions des policiers et gendarmes sur l’ensemble du territoire national. Nous rappelons que ce qui importe à notre association et à fortiori à nos camarades mobiles, c’est les conditions dans lesquelles ils pourront exercer cette mission. En fin de journée, le Directeur Général de la Gendarmerie, le Général LIZUREY, s’exprimait sur ce redéploiement d’ampleur via un canal de concertation interne. Il ne nous appartient pas de commenter ou d’utiliser ces informations. Nous pouvons malgré tout confirmer qu’elles sont conformes à notre échange du petit matin avec la Direction Générale. Hier, mardi 13 février, un représentant du conseil d’administration, le Capitaine (er) JeanFrançois CHARRAT était au cercle mixte de la caserne des Célestins à Paris pour le lancement du dernier ouvrage publié par First Editions « La Gendarmerie pour les nuls », en présence du Directeur Général de la Gendarmerie (cette invitation fera l’objet d’une autre publication). Ce fut donc l’occasion pour notre représentant, d’exprimer directement l’inquiétude de nos camarades mobiles au sujet de cette « polémique » du Touquet. Lors de cet échange, le Général LIZUREY a voulu se montrer rassurant. Il veillera à ce que « le dispositif bénéficie de moyens adaptés, tant en matière de sécurité que de protection et de confort ». Il a également insisté sur le fait que « la ressource provenait d’un redéploiement d’ensemble des escadrons basés sur le Calaisis et qu’il n’y aurait de fait, aucune surcharge de travail ». En conclusion, encore une fois, malgré les « buzz » et autres actualités médiatiques de circonstances, il s’agit de travailler avec professionnalisme et en respectant nos valeurs et les procédures militaires, en accompagnant l’ensemble des acteurs de l’Institution. C’est là toute notre différence ! Les gendarmes d’AG&C restent engagés sur ce « dossier » et suivront son évolution ! 23


Tribune libre ! DES CHEFS EXCITÉS ET MÉCHANTS « Quand ils auront assez fait de misères à leurs braves subordonnés, ils partiront à la retraite avec la désaffection de tous et ils ne seront plus rien. Malheur à ceux dont l’autorité procède seulement du grade. La véritable autorité est celle de l’adhésion des cœurs. Le pire pour un chef est de se fâcher : il signe son échec à la face de tous. Retenez chez vos gendarmes, non pas les résultats, mais les efforts déployés pour les obtenir. Ce qui compte : c’est l élan, la bonne volonté, le désir de réussir et de bien faire. Et alors, bien sûr, une fois ils se tromperont. Gardez-vous de les accabler à cet instant. L’important c’est d’avoir la confiance de ces subordonnés. » Pierre-Antoine BORES, Lieutenant dans la gendarmerie royale (1783-1861) Le règne des « OD2 » Comme le dit la chanson, « il m’aura fallu du temps », du temps pour digérer et pour comprendre, du temps pour exposer des comportements malsains au sein de notre grande maison. Élevé dans un milieu modeste, j’ai appris très jeune certaines valeurs comme le respect de l’autre, la droiture, l’honnêteté et la valeur du travail. Peu attiré par l’école j’ai néanmoins réussi à force de travail et de persévérance, à gravir les échelons de simple ouvrier titulaire d’un CAP, à celui d’officier de Gendarmerie. Je crois avoir toujours fait honneur à ma famille et à l’éducation qu’elle m’a donné. Moi-même père, j’ai essayé d’inculquer à mes enfants ces principes qui permettent de vivre en bonne harmonie dans une société “normale”. Après plus de trente ans au sein de la maison « Gendarmerie », jamais je n’aurais pensé écrire cet article. Au cours de ces années, j’ai connu les grognes de 1989 et de 2001. Les gendarmes se plaignaient entre autres du comportement de certains de leurs chefs. Les choses ont bien évolué et c’est tant mieux ! Mais il subsiste encore des comportements répréhensibles qui sont le fait d’une minorités qui, au quotidien, se révèle toxique et très éloignée de l’esprit militaire. J’ai justement embrassé “la carrière militaire”, car je recherchais un cadre, une rigueur et des valeurs telles que l’esprit de camaraderie et la fraternité d’Arme, concepts qui vous rendent fort dans l’adversité et font s’unir les cœurs dans les moments difficiles. Je doute pouvoir trouver aujourd’hui ces valeurs dans la société civile... C’est chez les parachutistes que j’ai d’abord trouvé ces valeurs, avant que les “recruteurs” de la Gendarmerie ne me vendent le même produit et que je signe finalement pour cette belle et Noble Institution. Certes, tout n’était pas rose et la dispersion des unités sur le terrain contrariait “l’esprit de corps” auquel j’avais été formé, mais néanmoins, il existait bien cette “camaraderie” que j’affectionnais tant, et pour laquelle aujourd’hui encore, je serai prêt à tout donner. Tout au long de ma carrière de sous-officier, j’ai eu de nombreux chefs avec lesquels globalement tout s’est bien passé. Parmi eux, il y en a même qui exercent aujourd’hui au plus haut niveau de l’Institution ou de l’État. Je garde toujours d’ailleurs des liens très respectueux avec certains d’entre eux. J’ai ainsi fait «carrière», pas toujours comme je l’aurais souhaité, mais à force de travail et de sacrifices personnels, j’ai franchi les différentes étapes me permettant d’accéder au corps des officiers, par choix certes, mais également grâce à la bienveillante attention et aux précieux conseils de mon Commandant de Compagnie de l’époque. Oh, je le sais bien, je n’ai pas fait de grandes études. Je n’étais pas ce que l’on considérait comme un militaire ayant un “fort potentiel”, mais je ne me suis jamais prévalu contrairement à d’autres, d’une valeur qui n’était pas la mienne… J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même en toutes circonstances selon mes moyens, plaçant l’honnêteté et la franchise au-delà de toutes autres considérations... Après mon passage à l’EOGN je suis reparti sur le terrain pour vivre d’autres aventures avec les nouvelles “armes” que j’avais ainsi acquises. Dans chacun des postes de commandement que j’ai tenu, j’ai toujours essayé d’être le plus droit possible, humble et sans démagogie. J’ai tout simplement toujours cherché à être “juste” ! 24


Là encore j’ai eu de bons chefs, parfois durs mais toujours impartiaux et bienveillants, agissant avec moi comme des “camarades”, cette fameuse camaraderie que j’ai toujours recherchée. Mais finalement, qu’est-ce réellement qu’un camarade ? A l’origine, il s’agit, dans la langue espagnole de la “camarada” (la chambrée de soldats). On peut la définir de la façon suivante : “Celui qui, en partageant les occupations, la vie d’une ou de plusieurs personnes, contracte avec elles une sorte d’amitié et une communauté d’intérêts.” C’est aussi, le lien qui est fondé sur un esprit de solidarité et d’entraide plus ou moins profond. Sauf erreur de ma part, nous sous-officiers ou officiers de la Gendarmerie, nous partageons bien les mêmes occupations et la vie de plusieurs personnes. Dans le cadre hiérarchique, à défaut de lier des amitiés, nous contractons bien une communauté d’intérêts ? L’appellation de “camarade” au sein du monde militaire est bien une forme de reconnaissance de l’autre, et c’est pour moi également une forme de respect. Oui mais voilà, la réalité est toute autre. Pourquoi ? Parce que l’humain est ainsi fait que tant qu’il n’a pas pataugé dans la même mare, mangé dans la même gamelle et partagé la même vision de la carrière, il renie ce principe et préfère la “camarilla” (caste, coterie, clan...), qui peut être plus à même de lui ouvrir les portes des salons feutrés et d’assouvir son instinct carriériste. Mais revenons en au sujet de cet article …. le fameux « OD2 » … Pour être plus clair, celui que j’appelle “l’officier de droit divin” , celui qui se croit au dessus de tout, celui qui vous piétine, vous humilie, œuvre dans l’ombre avec une seule idée, “vous réduire” ! Celui qui ne fricote qu’avec la “haute” et renie tous ceux qui sont “en dessous”. Celui-là adopte un comportement des plus abjecte, obséquieux avec les supérieurs et infect avec ses officiers subordonnés et tout son personnel en général. Je pensais dans ma grande naïveté, qu’au sein de notre institution on pouvait tout se dire comme des adultes sensés. Il n’en est rien , bien au contraire ! Et si, vous estimant dans votre bon droit vous faites front, la machine se met en alors en route. Il se veut être un “seigneur” alors qu’il n’est rien d’autre qu’un “saigneur”. Que dire d’un chef qui en trois ans, ne sera jamais venu à votre contact, ne se sera jamais inquiété de votre quotidien ou de celui de vos hommes ? Il force même le trait du mépris qu’il éprouve à votre égard, en semblant de ne pas reconnaître votre épouse au cours d’une cérémonie officielle, lui permettant ainsi de s’abstenir de lui dire “bonjour”. Cela s’appelle de la bassesse et un manque de politesse avéré pour celui qui se veut être le gourou de l’exemplarité, en distribuant à qui veut l’entendre (ou pas..) de belles leçons de morale ! Si vous êtes le seul dans cette situation, vous êtes en droit de vous poser des questions. Mais, si plusieurs de vos pairs sont dans la même situation, c’est qu’il y a quelque chose d’anormal... En effet comment expliquer qu’en trois ans, deux officiers vont faire valoir de manière prématurée leurs droits à la retraite, et que deux autres se sentiront obligés de faire une demande de mutation ? La hiérarchie s’est bien vue remettre un dossier avec suffisamment d’éléments pour comprendre que la situation était “difficile”, mais elle a préféré rester dans le “consensuel”, surtout pas de vagues ! Une deuxième intervention par le biais du conseiller concertation de troisième niveau sera nécessaire pour que la situation s’apaise. Mais comment expliquer néanmoins la présence systématique de ce chef au cours des entretiens de ses personnels avec le général, autrement que par la volonté d’instaurer insidieusement une pression morale, empêchant ainsi les gens de s’exprimer librement ? Comment expliquer les propos suivants de la part d’un chef ? : ... «Vous êtes un “petit bonhomme”... Vous avez fait une “petite carrière”... Vous n’êtes qu’un “petit chef” qui n’a jamais rien commandé ! Si vos chefs successifs n’ont pas eu le courage intellectuel de vous le dire, “moi” je vous le dis ! Vous êtes un médiocre ! ! ! » Sur ce dernier point, je considère cela comme une insulte envers mes anciens chefs, qu’ils fussent commandants de brigade, commandants de compagnie, de groupement ou de région. Le plus triste dans tout cela, a été pour moi de voir un de mes camarades en plein désarroi et totalement anéanti, par les mêmes propos qui lui seront tenus sans ménagement quelques mois plus tard. Je l’ai alors vu accuser le coup, profondément blessé au plus profond de son être, alors que jamais auparavant, il ne lui avait été fait la moindre remarque sur la qualité de son travail, de son engagement ou sur son comportement... 25


Tribune libre ! Que dire d’une enquête de commandement menée “intégralement” à charge, et d’une punition qui sera notifiée sept mois après les faits ? Nous avons bon dos de porter l’uniforme du « soldat de la Loi » qui se doit de respecter les textes et les règlements militaires ! Que dire de ce chef qui se prend pour un médecin et se permet d’écrire dans un document officiel, que vous rencontrez des problèmes d’ordre psychologique ? Au regard de la situation, comment peut-on être bien dans sa tête ? Comment ne pas se dire : « Au final, je ne suis bien qu’un pauvre type… ! » ? Que dire de ce chef qui galvaude le traditionnel protocole de remise d’un ordre National devant votre famille et vos amis, et vous refuse publiquement l’accolade ? (...Mais il avait déjà totalement perdu ma considération au large bénéfice de mon mépris ! ) Que dire de ce chef qui divise pour mieux régner ? Quoi de plus facile pour le “grand patron”, que de mettre à dos un chef et son adjoint et même certains de ces hommes. Que dire de ce chef qui vilipende ses officiers dans les réunions de chefs de service, et ce, devant des personnels qui n’ont pas à en connaître (personnel civil, secrétaires, représentant syndical…) ? Quel courage et quelle honnêteté intellectuelle ! Encore une petite couche pour vous rabaisser aux yeux de tous, et laisser ainsi bonne place aux rumeurs infondées et aux sourires complices. L’un des épisodes les plus difficiles pour moi, restera l’accusation d’un pseudo fait de forfaiture proférée par ce même chef, à deux reprises devant témoin. En droit pénal, cela s’appelle de la “diffamation” , et même s’il s’agit d’un fait contraventionnel, c’est répréhensible. Par cette accusation injustifiée, le chef porte directement atteinte à votre état militaire, mais plus encore, il porte directement atteinte à l’homme, à ses convictions et à ses principes de vie ! Il piétine ainsi votre éducation, celle que vos parents et vos grands-parents vous ont amoureusement donnée, celle que vous-même avez tentée d’inculquer à votre tour à vos propres enfants. Il remet en cause votre probité et le fait même que vous ayez choisi de porter l’uniforme de la Gendarmerie. En des temps révolus, cela se serait terminé proprement sur le “champ” entre deux témoins au petit matin, ou en un temps moins lointain et sans témoin, par un “bourre-pif” bien appliqué car mérité ! Il faut croire que ce genre de chef souffre du syndrome de l’enfant battu ou de celui du répliquant. Qu’a-t-il pu connaître dans sa vie pour devenir aussi infect ? Ne dit-on pas qu’il “ne faut pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’on te fît” ? A l’énoncé de ces faits, je sais déjà que certains lecteurs se diront : « Mais pourquoi n’avez vous rien fait ? » « Pourquoi relater cette situation maintenant ? ». On pourrait croire à une vengeance tardive mais il n’en est rien ! Je ne suis pas resté inactif puisque j’ai saisi l’autorité supérieure et les instances de concertation. Au résultat ? Une mutation non souhaitée et un chef que l’on place sur un piédestal sans lui faire aucun reproche ni mise en garde par rapport à son comportement néanmoins avéré ! On reste dans le consensuel, le fameux « pas de couilles, pas d’embrouilles ! ». On ne désavoue pas le « chef » ! Un de mes camarades de promotion au courant de mes problèmes, m’a dit les choses suivantes : « Ferme ta gueule, baisse la tête et rentre dans le rang, sinon tu vas te faire casser ! ». Mais je ne suis pas un « rampant »! J’ai toujours dit ce que je pensais en toute honnêteté et en toute loyauté. Il ne sera pas dit que j’ai, à un quelconque moment de ma carrière, fait preuve de déloyauté envers mes chefs ou envers mes camarades. Pourtant, aujourd’hui c’est écrit, oui, écrit dans mes appréciations qui me suivront ma carrière durant... Vite jugé, vite pendu ! Si d’aventure ce « chef » venait à lire cet article et qu’il vienne à se reconnaître, qu’il s’inspire bien de ce que l’on peut lire au générique de certains films... : « Bien qu'inspirés de faits réels, le personnage et la situation décrits dans cet article sont purement fictifs et ne relèvent que de l’imagination de son auteur »...

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Pour conclure mon propos, il convient de signaler que cette situation n’est pas unique. J’ai rencontré au cours de l’année écoulée d’autres camarades de ma promotion EOGN qui ont vécu ou vivent actuellement ce même genre de situations, avec la même incidence profonde sur leur carrière. Jusqu’à quel point peut on être déconsidéré ? Ce qui est malheureux dans ces affaires similaires c’est qu’on met en place une forme d’omerta, on place une bulle tout autour. Vous savez chez nous, ce sont des choses qui ne se disent pas ! Qu’ils ont de la chance ces « chefs » d’avoir à faire à de bons petits soldats bien formatés et serviles à souhaits. Preuve que la formation initiale a été bonne et les sert à dessein ! Voilà, je terminerai en m’adressant à mon « grand chef », témoin et juge partial de cette affaire : « Vous faites indéniablement preuve d’une grande résilience face aux problèmes de vos subordonnés…mais sachez que ce qui ne tue pas, rend plus fort ! ». Merci à vous Mon Général, vous m’avez ouvert les yeux ! Signé un officier parmi tant d'autres

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Tribune libre ! Le mot du vice-président Ce mois-ci commence par un clin d’œil à mon conseiller concertation groupement. Dans un mail qu'il nous a fait parvenir en janvier, il informe qu'il est urgent de ne pas s'enflammer sur le sujet des retraites, que pour l'instant il n'y a rien de concret, rien de connu. Il conclut sur une note optimiste en rappelant que la DG est à la manœuvre. Bien sûr, je lui ai envoyé un mail illico pour lui indiquer que la confiance n’exclut pas la vigilance et qu'il aurait pu indiquer qu'en dehors de la machine à café, le thème des retraites est le genre de domaine où l'action des APNM peut être décisive. Malheureusement, j'attends toujours son nouveau mail où il indique qu'il est peutêtre temps que les militaires prennent conscience que l'union peut vraiment faire la différence. Imaginez le président d'AG&C entrer dans un bureau ministériel en annonçant clairement qu'il n'est pas que le Chef GUERRERO, mais aussi 15 000 gendarmes à lui tout seul... Alors j'entends d'ici votre réponse, « c'est bien sympa ton discours, mais ce ne sont pas mes valeurs ». De quelles valeurs parle-t-on ? Celles qui consistent à laisser un camarade se démerder car la foudre est en train de s'abattre sur lui, au risque de le laisser s'isoler et qu'il ne pense plus avoir aucun recours ? Effectivement ce ne sont pas mes valeurs. Celles qui consistent à faire fi des textes et des règlements, voire même parfois de la loi pour le confort de certains ? Effectivement ce ne sont pas mes valeurs. Celles qui consistent à rester dans son coin, à regarder ailleurs quand un simple compte rendu peut débloquer une situation ? Effectivement ce ne sont pas mes valeurs. Gueuler comme Arlette sur une barricade posée devant ma brigade pour demander le doublement de ma solde ? Effectivement ce ne sont pas mes valeurs. Cela va peut-être surprendre le nouveau lecteur du magazine, mais sûrement pas celui plus aguerri, les valeurs défendues par AG&C sont parfaitement compatibles avec la manœuvre de la DG. Nous avons pu le constater lors de nos échanges récurrents dans divers dossiers tout au long de l’année ou pendant notre assemblée générale le vendredi 2 février à ISSY LES MOULINEAUX, et si ce n’est pas déjà fait, vous pourrez prendre connaissance de tout cela dans les pages du précédent magazine, notre rôle est bien identifié par nos Chefs, et ces derniers sont réceptifs au dialogue que nous proposons. Il est temps que les regards changent, mettre au clou définitivement le terme de « syndicaliste » tant honni par nos anciens pour enfin affirmer qu'il existe une voie de représentation directe de la base vers « le haut de l'Olympe ». Adhérer à une APNM est acte moderne et qui doit être assumé. Ce n'est pas renoncer aux valeurs qui ont fait la Gendarmerie mais bien une façon de les défendre, et si on écoute la demande du DG d'aller sans cesse expliquer ce qu'est notre Institution à nos partenaires, il y a du travail pour tous.

« Ce que nous empêche de changer, ce ne sont pas seulement nos doutes mais bien plus souvent nos certitudes… » Sénèque

Gendarme David SOYER – Vice-président

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Les missions prioritaires Lorsque nous prenons la définition du mot priorité dans notre cher LAROUSSE, voici ce que nous trouvons : Priorité nom féminin (latin médiéval prioritas, -atis) · Fait de précéder dans le temps : La priorité d'un événement par rapport à un autre. · Droit de passer avant un autre ou les autres, en vertu d'un règlement, d'une loi, etc. : Avoir (la) priorité dans les transports. Priorité à droite à un carrefour. · Fait pour quelque chose d'être considéré comme plus important que quelque chose d'autre, de passer avant toute autre chose : Priorité donnée à la lutte contre l'inflation. A la lecture de cette définition, une priorité, c’est bien une seule chose qui passe avant toute autre. Or, au sein de notre institution, nous sommes très forts parce que nous avons moult priorités. Nous avons le pouvoir de faire passer les choses les unes devant les autres quotidiennement et même plusieurs fois dans la journée ! · La PSQ ? Prioritaire · La sécurité routière (police route) ? Prioritaire · Le renseignement (trouble ordre public, terrorisme, etc.) ? Prioritaire · La lutte contre les présences illégales sur le territoire ? Prioritaire · Identifier et interpeller les auteurs d’infractions ? Prioritaire · Etc. Et nous avons des rappels réguliers sur ces différentes priorités au gré des e-mails et réunions. Dans les unités spécialisées, le choix est vite fait, en EDSR, ce sera la sécurité routière, en unité des recherches, ce sera le judiciaire et ainsi de suite. Mais dans les unités territoriales, en BTA ou en COB, comment faire ? Comment définir ce qui est réellement prioritaire par rapport au reste ? Si nous devions attribuer une couleur a chacune de ses missions, chaque jour nous aurions un bel arc en ciel, oui, je sais un arc en ciel c’est joli, mais dois-je vous rappeler que vous aurez beau vous diriger dans sa direction, vous n’en trouverez ni le début, ni la fin ! En bref nous avons de nombreuses priorités qui sont aussi les mêmes que celle des unités spécialisées auxquelles nous nous devons de répondre en plus des impondérables opérationnels quotidiens. De fait, le mot prioritaire en ce qui nous concerne n’est pas le bon mot, puisque lorsque tout est prioritaire, au final, rien ne l’est particulièrement ! Parlons plutôt de missions importantes ! Gendarme ITA Alexandra Gentili - Trésorière

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Tribune libre ! Les retraites, la retraite, sujet d'actualité, pour demain, mais demain, c'est juste le jour d'après ! Le regard critique du monde du privé sur les régimes de retraite actuellement en place dans le public. C'est un sujet sensible que j'aborde devant votre tribune et l'Ire, la critique autant que les interventions vont abonder la page ouverte au nom du débat citoyen. Il y a des rendez-vous majeurs où le choix du politique vous taraude, car les choix d'aujourd'hui vont vous impacter demain. Attention, le mouvement se mettra en exergue et comme le cite notre ancien Chef d'Etatmajor des Armées à qui je vole cette formule (cf. son livre, SERVIR), se comporter comme un poisson mort à suivre scrupuleusement le sens du courant n'a jamais fait avancer les choses. Gendarmes et Citoyens. Si le premier mot est ce que vous êtes, le second est ce que vous êtes et ce que vous serez exclusivement demain. Pour préparer cette réforme inévitable, le « privé » tire le premier en soulignant les avantages du « publics ». Je ne prends aucun parti pris, je me contente de faire mission aseptisée d'agent de constatations et pour abonder mes propos, je flirte avec le monde du renseignement pour approcher le « civil », syndiqué ou non, mais aux aguets ! Alors inutile de brailler sur les spécificités de votre métier (gendarmes, agents hospitaliers, policiers, etc...) de nous rappeler vos difficultés, vos heures, votre stress, les risques etc. Le comptable public n'a que faire de vos particularismes fonctionnels. Lui son arme n'est pas un Famas, un sig pro ou un stéthoscope. Lui il a une calculette sans cœur, sans âme. Il est parvenu bon gré, mal gré, avec des succès disparates, à faire fermer plus de 50 unités des armées, bases aériennes, régiments, hôpitaux des armées etc. Alors quand un choix politicotechnique est décidé par l'Etat, sachez que tout va vite. Très vite ! Et puis avec un militaire c'est tellement facile. Il suffit de lui dire, « garde à vous, repos, rompez » et la pilule passe, car à 20 ans, à 30 ans, on pense mission, service public, et non retraite. Non on n'y pense pas tout de suite mais elle se prépare dès le début d'une carrière. Pas de politique. Juste une analyse, la mienne que je vous présente. Pas d'accord, aucun souci. Produisez votre contre – article, je vous lirai avec le même intérêt que vous aurez eu à lire ma réflexion analytique. Notre gouvernement annonce une nouvelle réforme pour 2018 dont l'ambition est de restaurer « enfin » (SIC) une équité de tous les régimes de retraite. Et dieu sait qu'il y en a en France. La critique du privé composé de syndicats, de particuliers, de collectifs, dénoncent ces milliers d'agents du service public qui partent encore à la retraite à tout juste 50 ans, bien frais et pleins de vitalité. Au final beaucoup passeront plus de temps à la retraite qu'ils n'en auront passé en activité. Mais il est rappelé aussi que la pension des « fonctionnaires » est garantie à 75/100 du dernier traitement indiciaire alors que dans le privé, le niveau des retraites ne cessent de plonger et les cotisations d'augmenter. Les syndicats du privé, les plus virulents parlent d'injustice sociale, de privilèges du public. On déclare que la France est coupée en deux. Certains peuvent partir à 50/52/57 ans alors que d'autres eux doivent trimer jusqu'à 67 ans pour une pension de retraite moindre. On dénonce même en sous-entendu l'inconstitutionnalité des mesures qui pourtant devant la République se veulent basées sur les thématiques de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité. 30


Mes sources avancent des arguments comptables. J'écoute sans pouvoir mesurer les propos. La CNAV (Caisse nationale assurance vieillesse) cumule 46 milliards de dettes. Un alignement du public sur le privé (vous lisez bien !!!) permettrait en quelques années de remettre à flot le système. Vous avez bien lu. Je dois vulgariser ? « « des nantis, des moins nantis, allez, pas de différence, tous des non nantis » » La situation financière du pays est connue de tous. Des choix sont à faire et seront faits. Il ne m'appartient pas d'en dire plus. Chacun en son âme individuelle assumera sa part. On nomme cela responsabilité citoyenne. Demain se construit aujourd'hui et vous êtes le propre acteur de votre retraite.

Je vous remercie de votre lecture Capitaine Marc ROLLANG 31


Tribune libre ! Petit coup de blues (ou de gueule) d’un jeune retraité Il m'est arrivé au cours de ma carrière en Gendarmerie, de participer à une situation que d'aucuns pourront trouver surréaliste aujourd'hui, mais à l'époque... : A près de trois heures du matin, un gars, tout dernier client du bar devant lequel nous étions stationnés pour lui faire comprendre que l'heure légale était largement dépassée, ne tenant plus debout en sortant du lieu où il avait probablement noyé quelques chagrins dans les vapeurs d'alcools, plus ou moins chargés en degrés éthyliques, avait maladroitement laissé tomber ses clés de contact aux abords de sa Peugeot 205 blanche, seul véhicule encore garé sur le parking de cet "estaminet campagnard", perdu au fin fond d'un Berry aux traditions profondément "rurales" pour ne pas dire "rustiques"...! De son côté, le tenancier en nous apercevant avait immédiatement et judicieusement éteint toutes les lumières en même temps qu'il avait fermé les issues de son établissement. Alors qu'il était désespérément en train de les chercher à quatre pattes, je les lui ai alors ramassées et les lui ai charitablement tendues... Le gus, même pas surpris, m'a alors très chaleureusement remercié tout en entreprenant de monter dans sa bagnole, où une fois installé, ce qui ne fut pas non-plus une mince affaire, n'arrivait pas en raison de son état (à n'en pas douter assez proche de l'OHIO en Amérique du Nord...) à trouver la fente du Neiman pour mettre le contact... Je lui ai alors gentiment demandé de sortir de sa voiture (ce qu'il a eu autant de mal à faire qu'à y entrer...) et lui ai demandé non moins gentiment de me suivre jusqu'à notre véhicule de dotation ! Très concilient, il a accepté non sans s'inquiéter cependant ostensiblement de savoir si je n'allais pas le verbaliser pour un "quelconque délit d'ivresse" qui à ses yeux (je vous laisse imaginer la vivacité de son regard...) n'était pas réellement fondé... Pour finir, je l'ai rassuré en l'informant que j'allais finalement seulement me contenter de le ramener chez lui (à quelques 500 mètres de là) ! En vous racontant cette histoire, j'ai réellement l'impression aujourd'hui d'avoir "usurpé" mes fonctions de gendarme en n'ayant pas durant ma carrière, bêtement verbalisé "à tout va", d'être un dinosaure et d'avoir vécu une époque complètement révolue aujourd'hui, où un gendarme pouvait encore juger de la réelle opportunité et surtout de la portée du PV qu'il allait ou non dresser... Mais à ma décharge et à la vôtre, vous les jeunes Pandores qui avez depuis relevé les anciens de ma génération, nous vivions alors réellement parmi nos concitoyens, avec eux et comme eux, et notre rôle était avant tout et prioritairement "préventif" sans que nous soyons comme aujourd'hui liés à cette foutue et débile "politique du chiffre"... Les temps ont indéniablement changé, la course au rendement ayant irrémédiablement fait son œuvre, remplaçant sans état d'âme "l'humain" au bénéfice du "rentable"... Je bénis finalement le ciel de ne plus avoir à exercer ce métier que vous faites aujourd'hui, métier pour lequel j'ai pourtant sacrifié une bonne partie de ma vie, l'ayant surtout imposé sans m'en rendre compte à ma famille et à tous ceux qui m'étaient chers. Je vous souhaite sincèrement que tout comme mes proches vis à vis de moi, les vôtres ne vous tiendront pas trop rigueur de votre engagement, le jour où ils mesureront objectivement le sacrifice qu'eux comme vous, aurez dû consentir votre carrière durant, par rapport au gain que vous seuls en aurez tiré personnellement en vous remémorant vos souvenirs professionnels...

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« Mais où sont passées les... hirondelles... » Double clin d’œil en cette fin d'année, mêlant la chanson « mais où sont passées les gazelles » avec ce souvenir lointain de nos collègues de la Police Nationale, autrefois nommés « les hirondelles » en raison de leur tenue noire et blanche ! J'aurais pu, également, appeler ce post : « mais où sont donc passés mes souvenirs d'antan... » S'il est de bon ton de saluer les énormes progrès qui ont été faits, depuis 25 ans, au sein de notre Institution, il serait néanmoins utopique de dire que tout va bien. Les divers rapports sur le moral (que j'estime personnellement tronqués au fur et à mesure qu'ils montent vers le haut), les démissions, les départs en retraite anticipée, les GAV qui, depuis en plus, partent avant même la fin de leur contrat, tous ces éléments font bel et bien comprendre que quelque chose ne va pas. Si certains d'entre nous sont entrés dans la Grande Maison Bleue parce que la lumière était allumée, tous sont restés par conviction. Un métier comme le nôtre, on ne l'adopte pas, on se marie avec. À mes tout débuts, lorsque j'étais encore Gendarme Auxiliaire (appellation qui, à elle seule, suffit à vous faire comprendre que je n'ai plus 20 ans...), l'épouse d'un Adjudant-Chef de PMO disait : « mon époux est marié avec la Gendarmerie, je ne suis que sa maîtresse. » Cette petite phrase en dit long et c'est aujourd'hui comme cela était hier, c'est la même chose. On ne peut dignement pas embrasser la carrière de Sous-Officiers ou d'Officiers de Gendarmerie sans avoir, dans les veines, le sang de l'abnégation, du sacrifice, de la cohésion et un sens moral aigu. Alors, devant tant de départs anticipés, voulus, mais aussi et surtout ceux qui ont été les résultats tragiques d'une incompréhension, d'un harcèlement, d'un malaise, on est en droit de se poser la sempiternelle question : pourquoi ? Si actuellement notre « Direction » met tout en œuvre pour trouver des solutions, aussi adaptées que possible, il n'en reste pas moins que plus les années passent et moins le bilan est positif. On doit alors se poser LA vraie question : avons-nous encore aujourd'hui les moyens de faire correctement notre travail et ce, dans de bonnes conditions ? Je ne prendrai que l'exemple des brigades (parce que je ne connais que trop peu la nature des missions des autres services) et je me dis, 25 ans après, que les choses ont changé, peut-être même un peu trop. Je ne m'attarderai pas sur les évolutions technologiques, sur l'amélioration des conditions de vie et des locaux de service, sur le souci de fournir dans les meilleurs délais des véhicules adaptés aux exigences du terrain, j'ai juste envie de me demander où nous en sommes au point de vue humain. Je ne parle pas uniquement des relations professionnelles pures, c'est à dire celles qui existent, ou sont censées exister, entre les divers échelons hiérarchiques, mais aussi et surtout celles que nous devons avoir avec la population. La base de notre métier n'est-il pas ce contact avec celles et ceux que nous sommes chargés de protéger ? Avons-nous encore le temps de nous arrêter discuter sans avoir les yeux fixés sur le téléphone risquant un appel et, de facto, devoir abréger un moment pourtant si privilégié ? Avons-nous encore le temps, entre les services de prévention, les services de police de la route, les services imposés, les services d'accueil, les opérations diverses et variées qui ont autant de noms qu'il y a de Groupements... ? Avons-nous encore le temps pour mener à bien, et dans des délais, raisonnables, les divers enquêtes dont nous avons la charge ? N’en sommes-nous pas rendus à écluser rapidement les dossiers, au détriment d'un travail de fond, au risque d'être confrontés à une échéance informatiquement programmée ? N’en sommes-nous pas rendus à visiter rapidement nos retraités ou leurs veuves, pour la remise de ce colis de fin d'année, moment qui, normalement, devrait être passionnant et passionné ? N’en sommes-nous pas rendus à tenter de justifier, auprès des victimes, le fait que leur dossier soit en attente parce que d'autres sont là aussi ? 33


Tribune libre ! Avons-nous encore le droit et la possibilité de prioriser un dossier plutôt qu'un autre ? Les brigades, les COB, les BTA sont devenues, au fil du temps, des entreprises. Le commandant d'unité et, bien souvent son adjoint, ne sont là que pour mener à bien les objectifs donnés par les échelons supérieurs. Pour beaucoup, ils ne prennent plus que des permanences nocturnes parce que l'administratif leur prend tout leur temps. Pourtant, force est de constater que les évolutions en matière de gestion des personnels ont évolué. La simplification des écritures n'aurait-elle finalement que le nom ? Les missions augmentent, aussi variées les unes que les autres, les effectifs quant à eux stagnent. Alors que les populations augmentent, nous ne sommes pas, à l'évidence, en capacité de répondre aux attentes de cette population qui, loin s'en faut, accordent une confiance entière et totale aux Forces de l'Ordre. L'informatique, le numérique, internet, les accueils virtuels n'amélioreront sans doute pas cet état de fait même si la réponse donnée sera sans doute plus rapide, plus réfléchie, plus riche de renseignements. Si les hirondelles ne font pas le printemps, c'est à nous de garder à l'esprit que le contact a été, est et restera toujours un lien essentiel ; c'est à nous par le biais de notre engagement, de notre savoir-faire et de nos moyens, d'apporter autant que possible un rayon de soleil dans des situations difficiles. C'est à nous de montrer aux autres que rien n'est impossible. Jean d'Ormesson disait : « Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu ». Il nous appartient de pouvoir encore surprendre par les qualités qui sont celles de chacun.

WLR

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La bise en gendarmerie Un article paru dans un quotidien local m'interpelle sur cette thématique en vigueur en gendarmerie à l'instar d'autres administrations de France. Il semblerait que cela puisse gêner (ha bon?) et il me paraît intéressant de vous faire partager ces quelques élémentsL'histoire : Il était une fois, un maire d'une commune sise en Isère (38) qui confesse à ses collègues de mairie sa gêne face à cette habitude qui consiste à devoir faire la bise à tout le monde dans le cadre de son mandat. Il semblerait qu'il soit rejoint par d'autres collaborateurs, qui voudraient bien en finir avec cette « politesse matinale » Les arguments : Il est vrai que sentir un visage gras rempli de boutons n’est pas forcément un acte spontané. Et puis il semble que cette bise devrait être réservée aux moments importants de la vie. La distribuer gracieusement à 20 demiinconnus le matin, parfois même le midi et encore le soir est galvaudé. Et puis ça pourrait être un préalable au bal des hypocrites. On se bise le matin et on se bise l'après-midi. Cette forme de politesse tactile et buccale est d'obédience très franco-française. Il n'y a aucune règle juridique en vigueur (c'est pour les OPJ que je le dis..) et elle est plutôt liée aux mœurs et aux habitudes de l'entreprise. Mais d'où vient donc cette générosité de contact ? C'est à cause de la société. Cette sacrée société qui tend depuis quelques années à lisser les conventions et à développer les signes de familiarité (du mot famille, comme si on travaillait en famille en gendarmerie). On va pouvoir croire que la frontière entre vie professionnelle et privée ne s'estompe pas seulement dans l'organisation du travail mais aussi dans les mœurs. Faire la bise et tutoyer sont donc la manifestation d'un rapprochement. C’est peut-être aussi un retex post soixante-huitard qui reposait d'avantage sur la familiarité que sur un concept hiérarchique. On se veut « open » et on nous demande d'entretenir des relations de groupe « harmonieuses ». Dès lors le comportement familier s'installe dans la structure professionnelle. Mais : On peut concevoir que des personnes, des collègues soient gênés par cette norme de groupe. Tout le monde n'a pas envie d'embrasser son collègue qui a l'âge de son père ou la jeune GAV de 19 ans qui pourrait être sa fille. Il y peut être là aussi un concept relationnel à redéfinir et pas seulement sur le terrain du respect individuel et de la préservation de son intimité (zone rouge pour les MIP). Surtout en cette période hivernale, où la bise est le meilleur moyen d'attraper des miasmes, ceux des autres et donc de tomber malade. Avec trois jours de carence, ça fait cher le bisou. Jules

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Les brigades de contact ! On reparle de contact du troisième type ! Il y a quelques mois, l'expérimentation des brigades territoriales de contact a fait couler beaucoup d'encre. Malgré l'aberration d'une telle décision, sans effectif complémentaire, sans dialogue et sans réelle plus-value, le dispositif a été entériné. Dans un article paru en février 2017, AG&C s'était longuement exprimée en dénonçant le transfert de charges des unités impactées par la création d'une fausse nouvelle conception de la surveillance générale. Basée essentiellement sur le contact, cette brigade originale était, selon les lieux et les contrats opérationnels des commandants de compagnie, dispensée de toutes les contraintes liées à l'intervention et à la permanence sur un territoire défini. Si l'idée de renouer des relations avec la population était louable et finalement acceptable en l'état, la manière dont ont été considérées les brigades dites traditionnelles est proprement scandaleuse. Non seulement les commandants d'unité élémentaire ont perdu des effectifs (de 3 à 6 sous-officiers par endroit) mais ils ont quand même été obligés de poursuivre les enquêtes et les interventions dans les territoires de la brigade qu'il venait de se voir retirer de leur environnement. Cette situation ubuesque a néanmoins été jugée particulièrement novatrice par bon nombre de commandants territoriaux et par les habitants de territoires où il ne se passait rien, mais dont ce rien était devenu l'objet de toutes les attentions. Le contact était renoué avec une population saine qui subissait une délinquance proche du néant. Les élus ruraux étaient ravis. Les habitants pouvaient discuter avec les gendarmes et les personnels y servant, étaient exemptés des sempiternelles et habituelles contraintes de la permanence 24 heures sur 24, des interventions, de jour comme de nuit, des plantons et des enquêtes en tout genre, qui conditionnent le quotidien d'un brigadier. Certains commandants d'unités élémentaires auxquels on avait retiré cette brigade de contact se sont émus de cette injustice organisationnelle. Ils avaient espéré que la mission nouvellement créée spécifiquement les aurait soulagés sur l'ensemble de la circonscription. Il n'en a rien été. Ils venaient de perdre des personnels qui entraient dans le tour normal de leur permanence sans aucune compensation. Pire, ils étaient obligés de prendre à leur charge toute la délinquance de la circonscription de cette fameuse brigade de contact. Au final, ils poursuivaient ce qui constitue l'essence même de la gendarmerie départementale, en ayant moins d'effectifs et moins de matériels. Le sommet de l'incompréhension (ineptie ? sottise?) était franchi, lorsque la brigade de contact entrait dans des périodes d'indisponibilité estivale ou autre, et qu'étant dans l'impossibilité de remplir sa mission essentielle, l'unité à laquelle elle était rattachée avant cette nouveauté, était dans l'obligation de pallier son absence. Ridicule injustice ! Mais, le gendarme de brigade est célèbre pour son adaptation à toutes organisations originales. Il courbe l'échine et se plie, à son habitude, à quelques innovations dont il ne voit pas tout de suite la pertinence. Il sait qu'il fera ce qu'on lui commande et tant mieux si ses anciens camarades de corvées bénéficient d'une meilleure qualité de vie professionnelle. Il continuera d'assurer ses missions au service de ses concitoyens, recevra les coups venus des individus retors ou de sa hiérarchie. Il en a pris l'habitude. Et puis, une fausse bonne idée n'arrivant jamais seule, un jour, on lui a dit qu'il n'en fait pas assez et que désormais il doit également accomplir la même chose que ses camarades des brigades de contact, mais en continuant à assurer tout le reste. Il pensait naïvement que la police de sécurité du quotidien était inscrite dans ses gènes. Les anciens qui l'encadraient lui avaient montré le chemin. Il profitait de ses nombreuses activités pour s'arrêter discuter de temps en temps avec le buraliste, le boulanger ou l'habitant isolé. Manifestement ce n'était pas assez. S'appropriant l'idée que le contact avec la population avait été rompu, les commandants territoriaux ont ordonné aux commandants d'unités élémentaires, les brigades essentiellement, de programmer chaque jour des services spécifiques de relations avec les résidents de la circonscription. On peut imaginer l'étonnement des brigadiers, qui après de longues années à leur expliquer la politique du chiffre, les notions d'efficacité dans les divers services de recherches de malfaiteurs, d'opérations centralisées, du suivi des enquêtes, etc... pour justifier d'aménagements dans leur service, leurs chefs leur demandaient de prendre le temps de discuter avec les gens, touchés certainement par la grâce jupitérienne ou illuminés par une apparition céleste.


On venait d'ajouter un volet supplémentaire au mille-feuilles quotidien des missions de la brigade de gendarmerie. Non pas qu'il faille accomplir ce qu'il faisait de tout temps, mais, sur la base d'une idée tronquée, on les obligeait à ne faire que cela, un certain temps, tous les jours. Et comme « la confiance n'exclut pas le contrôle », les chefs ont pris soin de faire renseigner au départ et au retour de service, le type de mission : « contact avec les autres partenaires ». Les directives sont claires et ne souffrent d'aucune interprétation. Le brigadier ne doit faire que du contact et chaque commerçant ou élu rencontré doit être mentionné. Au diable la surcharge de travail ! C'est une priorité gouvernementale et la gendarmerie doit répondre présente. On pourra ainsi mesurer l'activité des brigadiers à pratiquer des relations suivies avec la population, le dire au ministre qui se gargarisera devant un parterre d'élus ou de journalistes, d'être celui qui a renoué la proximité avec les concitoyens. Et qui se souciera que les gendarmes de brigades baissent la tête quand on leur assènera que les chiffres de la délinquance sont mauvais, que les IRAS sont en baisse significative ou que les interventions sont de plus en plus longues, pendant que ceux qui défient les forces de l'ordre tous les jours, partout, se gausseront de ces dispositifs dont ils n'ont que faire et qui ne sont pas prêts à cesser leur petit trafic. La cellule des renseignement de chaque groupement sera fière de remonter des informations de première importance, tels que la naissance en urgence du petit dernier du buraliste ou de l'évanouissement d'une conseillère municipale en pleine délibération de leur village.

Il est temps d'arrêter de marcher sur la tête et redescendre sur terre. La base du travail des brigades de gendarmerie est de surveiller et protéger la population et de prévenir et réprimer les infractions. Les gens des brigades ne sont pas une variable d'ajustement à des promesses électorales ou des innovations sans analyses préalables. Ce sont des hommes et des femmes dont le labeur principal est de répondre aux sollicitations de tous, institutions, administrations ou simples particuliers. C'est la cheville ouvrière de la sécurité publique. Ce sont les premiers à intervenir sur tous les drames de la vie et ils encaissent les critiques sans broncher. Ils subissent les changements de politiques pénales ou administratives de plein fouet, parce qu'ils sont disponibles tous les jours de l'année et parce que le statut militaire qu'ils ont choisi les y a préparés. Mais il faut prendre garde que les surcharges de missions ajoutées aux carences de certaines administrations ne conduisent à court terme, à une prise de conscience irréversible. Ils sont doués d'intelligence et il suffit juste de leur expliquer la finalité d'une telle politique pour qu'ils adhèrent au projet. Encore faudrait-il prendre la peine de leur parler. La communication est un mal nécessaire, aujourd’hui. S’en priver ne doit pas être considéré comme un aveu de faiblesse ou de la cogestion de la part de ceux qui ont la charge d'un commandement. Le brigadier n'a que faire des louanges de circonstance, il veut juste que les actes soient à la hauteur des paroles de considération exprimées par le directeur de la gendarmerie.

Et enfin, vous les chefs, quand vous voulez mettre en place une nouvelle conception de missions, réfléchissez d'abord à la manière dont elle sera accueillie par ceux qui seront obligés de la mettre en application au quotidien. Prenez le temps de la réflexion et de l'explication, en écoutant leurs arguments. Et surtout seriez-vous capables de réaliser ce que vous ordonnez ! « Toute figure exemplaire est nourricière de confiance » (Alain Peyrefitte) Capitaine ER Jean-François CHARRAT - conseil d’administration

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Nous rejoindre ! Cher(e)s ami(e)s, chers camarades, Association Gendarmes & Citoyens® travaille depuis 2008 à défendre les intérêts de la Gendarmerie et du quotidien du gendarme et de sa famille en particulier. Association à caractère professionnel depuis bientôt 10 années, elle a subi plusieurs transformations jusqu’à devenir en 2016, une Association Professionnelle Nationale Militaire ! Si le décret sur les APNM n’est finalement pour AG&C qu’une appellation juridique, tant elle s’est démenée au cours de toutes ses années pour faire remonter au plus haut niveau les défaillances conduisant à compliquer la vie professionnelle et personnelle des militaires de la Gendarmerie, il n’en demeure pas moins que ce dernier institutionnalise un concept de la concertation inventé et construit pas à pas par cette dernière ! Il officialise aux yeux de la loi, le droit qu’a chaque gendarme d’influer sur son quotidien et protège ce dernier dans son engagement associatif. La structure professionnelle AG&C n’a jamais caché ses méthodes de fonctionnement, ce n’est pas un substitut, un copié/collé ou un remplacement de la concertation interne déjà existante. C’est un organe légal et agréé, indépendant, destiné à favoriser les échanges, en remontant les informations sans filtre mais surtout sans les dénaturer, afin que l’ensemble des décideurs ait un regard plus large sur les réalités du terrain. La principale activité de l’association reste l’écoute et l’entraide dans le cadre de ce que nous appelons des « dossiers individuels ». Les prises de contact avec l’équipe associative sur des thématiques plus variées les unes que les autres, les renseignements divers, les problèmes statutaires, sociaux, les harcèlements, discriminations, non-respect ou non applications des textes comme par exemple avec l’IP 36132, les conseils dans le cadre de recours sont autant de sujets que nous avons à examiner et à faire en sorte qu’ils remontent au plus haut niveau de l’institution mais demeurent l’image de notre quotidien à tous. Cela représente plusieurs dizaines d’heures par semaine pour l’équipe AG&C avec des demandeurs ou interlocuteurs de tous grades et de tous corps mais c’est de loin notre activité associative la plus valorisante, car elle influe directement et positivement sur le quotidien de nos camarades et de leurs familles. Suite à ces retours nous pouvons intervenir directement sur place en prenant attache avec les conseillers- concertation ou quand cela est plus « complexe » avec les autorités, en passant par les compagnies, ou régions, parfois jusqu’à la Direction Générale. L’intérêt principal étant la protection du « demandeur » : agir au nom d’un groupe professionnel impersonnel ayant de bonnes relations avec les « autorités », cela permet d’obtenir satisfaction à tous les coups, à condition que la demande soit juste. D’un aspect plus collectif, AG&C, c’est près de trois mille communiqués depuis sa création, une centaine de magazines, interviews télés, à la radio ou sur presse écrite... toujours dans l’intérêt commun et loin des propagandes ou revendications que nous pouvons constater régulièrement avec les syndicats d’autres institutions. L’équipe AG&C est composée de gendarmes en activité de service, principalement en unités de terrain. Le temps donné à l’association est en plus du temps de service, il n’y a pas de « crédit temps », de postes privilégiés aux portes capitonnées proches des palais Parisiens. Chacun peut prétendre rejoindre l’équipe AG&C pour y apporter sa contribution, son expérience de vie professionnelle et personnelle. AG&C est une association d’individualités générant un pot commun de ce qui fait l’essence de l’institution. On ne rejoint pas AG&C pour obtenir, pour quémander, pour « râler ». On rejoint AG&C avant tout par soutien, par idéologie professionnelle, cette idéologie propre à la « militarité » qui fait que notre institution est une des dernières avec les armées en général à encore véhiculer des valeurs républicaines que certains dans notre société taxent d’un “autre temps”… Adhérer pour contribuer ou par simple soutien est un acte institutionnel, en adéquation avec la défense de nos valeurs militaires. Plus nous serons nombreux, plus nous serons « représentatifs », plus nous aurons de marges de manœuvres pour améliorer nos quotidiens ! 38

ADHERER



La Gendarmerie... La Gendarmerie pour les nuls Tout sur l'une des plus vieilles institutions de France. Un livre officiel et de référence. Pour la première fois, une des plus anciennes institutions françaises se raconte : la Gendarmerie nationale. Vous découvrirez sa longue et prestigieuse histoire, ses métiers et ses missions, ses moments de fierté, de sacrifice comme ses exploits. De la maréchaussée du Moyen Âge aux unités spécialisées d'aujourd'hui - GIGN ou pelotons de haute montagne - en passant par les célèbres brigades territoriales, embarquez dans un voyage fascinant sur le terrain avec les brigadiers, les enquêteurs, les experts en criminalistique ou encore les unités 4.0. Et si ces militaires vous inspirent, alors pourquoi pas vous ?

ACHETER

AG&C, répondant à l'invitation du Général d'armée Richard Lizurey, a assisté, dans le cercle mixte de la caserne des Celestins à Paris, au lancement du dernier ouvrage publié par First Éditions « la gendarmerie pour les nuls ». Dans une ambiance conviviale, le Directeur de la Gendarmerie a félicité les rédacteurs et les éditeurs présents et a remis à chacun des contributeurs un témoignage de satisfaction. Il s'est ensuite livré de bonne grâce aux traditionnelles dédicaces autour d'un cocktail où chaque invité a pu échanger avec les nombreux officiels présents. Ce fut également l'occasion pour le représentant du Président de l'association Gendarmes et Citoyens d'exprimer l'inquiétude bien réelle des personnels de terrain au sujet de la polémique du moment, créée par le remplacement des fonctionnaires de police assurant la garde statique d'une maison du Président de la république au Touquet, par des gendarmes mobiles. Le Général s'est montré rassurant. Il veillera à ce que le dispositif bénéficie de moyens adaptés, tant en matière de sécurité que de protection et de confort. Il a également insiste sur le fait que la ressource provient d'un redéploiement d'un escadron employé dans le tunnel sous la Manche et qu'il n'y aura par conséquent aucune surcharge de travail. Il a enfin adressé des remerciements sincères à l'association pour avoir participé à une manifestation amicale autour d'une publication originale sur le fonctionnement de la Gendarmerie Nationale.

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… collection « pour le nuls »


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