Recar livre final fr

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Recueil de Cas pratiques pour les conseillers Emploi auprès des personnes handicapÊes


Recueil de Cas pratiques pour les conseillers Emploi auprès des personnes handicapÊes

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2016

Ce manuel a été réalisé sous la licence internationale 0.4 « Creative Commons ». Pour toute information relative à cette licence, voir: http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/, ou écrire à : Creative Commons, PO Box 1866, Mountain View, CA 94042, USA.

Attribution Ce travail est le fruit du projet RECAR Un projet Erasmus + Numéro: 2014-1-FR01-KA204-008548 Ce projet a été soumis en France, RECAR étant l’acronyme signifiant : Recueil de Cas Pratiques à l’intention des Conseillers Emploi de travailleurs Handicapés (en anglais : Casebook for Career Counsellors of Disabled workers) Ont contribué à la production des cas présentés dans ce volume: Mme Evelyne Carincotte, France ; M. Marco Michelucci, Mme Martina Ambrogi, Mme Vanessa Cascio, Italie ; Anna Radoń et Magdalena Malinowska, Pologne ; Mme Neli Petkova et Mme Tatiana Velitchkova, Bulgarie ; Les employés de la Fondation Activa, Suède ; Mme Maria Jose Martínez González, Mme Concepción Benítez López, M. Javier Ruiz Jaldo, M. Jose Luis Dessy Martínez, Espagne. Ces cas ont été rédigés durant la période 2014-2016. Pour plus ample information relative au projet RECAR, voir: http://recar.kre.co/ et http://casebook.recar.info/ Les cours destinés aux formateurs de Conseillers Emploi accompagnant des Travailleurs Handicapés ainsi que l’autoformation proposée aux conseillers en poste se réfèrent aux cas figurant dans ce recueil et sont accessibles en ligne à l’adresse :http://trainingcourses.recar.info/

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Projet cofinancé par l'Europe via le programme

Cette publication reflète seulement l’avis de l’ensemble des auteurs qui y ont participé, et la Commission ne saurait être tenue pour responsable de quelque utilisation pouvant être faite de son contenu.

Partenaires du projet RECAR

Association pour le Développement de la Pédagogie de l'Individualisation, France

www.adpiformation.fr

DIA-SPORT Association, Bulgaria www.dia-sport.org

Business and Development Center, Centrum Biznesu i Rozwoju, Poland

www.bdcenter.eu

Fundacion Docete Omnes, Spain

www.doceteomnes.com

Società Cooperativa Aforisma, Italy

www.aforismatoscana.net

Actíva Foundation, Sweden

www.s-activa.se

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Introduction Au sein de l’Union Européenne, une personne sur six est en situation de handicap, du plus léger au plus lourd, ce qui représente environ 80 millions d’individus rencontrant bien souvent des obstacles pour se faire une place dans la société et la vie économique du fait d’entraves environnementales et comportementales. Les conseillers Emploi sont des acteurs essentiels dans la mise en œuvre des politiques destinées à l’insertion des personnes handicapées puisqu’ils les accompagnent dans l’élaboration de leur projet professionnel, leurs démarches de reconversion, la validation de leurs compétences (formelles, informelles et non-formelles), ainsi que dans leur recherche d’emploi. RECAR est un projet Erasmus + qui rassemble 6 structures: ADPI, France ; Società Cooperativa Aforisma, Italie ; BD Center, Pologne ; Diasport, Bulgarie ; Fundacion Docete Omnes, Espagne et Activa, Suède. Ce projet a pour objectif d’accroître l’efficacité des Conseillers Emploi accompagnant des personnes handicapées via la production d’un recueil de cas pratiques et de deux cours en ligne, l’un destiné aux formateurs de Conseillers Emploi auprès de personnes handicapées et l’autre proposé aux Conseillers Emploi déjà en poste auprès de ce public. Ce recueil de 60 cas s’adresse aux Conseillers Emploi accompagnant des travailleurs handicapés dans leurs démarches d’insertion. Chaque cas est suivi d’un ensemble de questions susceptibles de favoriser une réflexion approfondie des problématiques rencontrées et d’amorcer échanges et discussions entre conseillers et formateur. Certaines de ces questions donnent également des pistes pour gérer des situations délicates. 10 thèmes ont été pris en considération dans la réalisation du recueil et au début de chaque cas figure la liste des thèmes abordés dans le déroulement de celui-ci. Quelques mots sur l’élaboration de ce recueil de cas pratiques : Lors de la première phase du projet, chaque structure a produit 15 cas rédigés en anglais, ce qui a donné un total de 90 cas, lesquels ont été lus par l’ensemble des partenaires. Après lecture, ceux-ci ont donné leur avis sur les situations rapportées et la qualité des récits, proposant améliorations, modifications, ou suppressions. Comme il avait initialement été prévu que le recueil comporterait précisément 60 cas, il convenait de faire des choix et il a été demandé à chaque partenaire d’évaluer chaque cas selon des critères clairement définis. En tant que pilote pour cette phase du projet, nous avons, en qualité d’employés de la société Activa, collecté les résultats obtenus et vérifié que tous les thèmes qui avaient été jugés dignes d’intérêt étaient bien représentés. 4


Une fois sélectionnés, les 60 cas ont été traduits dans la langue nationale de chaque structure : bulgare, espagnol, français, italien, polonais et suédois. Nous souhaitons que ce recueil de cas pratiques soit d’une grande aide aux formateurs de Conseillers Emploi dans le cadre de leur démarche pédagogique, notamment en leur permettant d’aborder des questions délicates ou difficiles avec les étudiants, ainsi qu’en leur donnant matière à lancer des discussions et favoriser les échanges pendant les cours. Nous avons décidé que les cas ne comprendraient pas de référence au contexte local, car selon les pays, le cadre législatif diffère. Ainsi, les questions proposées à la fin de chaque cas permettent-elles de discuter la ou les problématiques abordées en fonction des lois en application dans le pays concerné. Par ailleurs, l’ensemble des partenaires a choisi de mettre l’accent sur l’accompagnement réalisé par le Conseiller Emploi et sur ses difficultés et non sur le handicap lui-même. En effet, dans la plupart des cas, ce n’est pas le type de handicap qui est en jeu mais la façon dont le Conseiller Emploi a géré les diverses phases de l’accompagnement. Pour ce qui est des Conseillers Emploi en poste auprès de personnes handicapées et intéressés par une auto-formation, nous espérons qu’ils trouveront ici des outils leur permettant d’améliorer leur appréhension du métier et de proposer un accompagnement plus adapté aux besoins et aux situations de leurs bénéficiaires.

Bertil Johansson Activa, Suède

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Sommaire Introduction............................................................................................................................................. 4 Adam ........................................................................................................................................................... 9 Agata.......................................................................................................................................................... 12 Agnès ......................................................................................................................................................... 15 Albert ......................................................................................................................................................... 17 Alex ............................................................................................................................................................ 21 Alina ........................................................................................................................................................... 24 Amanda ..................................................................................................................................................... 26 Aneth ......................................................................................................................................................... 29 Anna........................................................................................................................................................... 32 Arthur ....................................................................................................................................................... 35 Benjamin.................................................................................................................................................... 39 Boryana...................................................................................................................................................... 42 Carmela ..................................................................................................................................................... 45 Daniel......................................................................................................................................................... 48 Denise ........................................................................................................................................................ 51 Diane.......................................................................................................................................................... 54 Elena .......................................................................................................................................................... 57 Elise............................................................................................................................................................ 60 Emma......................................................................................................................................................... 64 Eve ............................................................................................................................................................. 67 Frédéric...................................................................................................................................................... 71 Jade............................................................................................................................................................ 75 Hélène ....................................................................................................................................................... 78 Jerzy ........................................................................................................................................................... 82 Jolanta ....................................................................................................................................................... 86 Juanma (Juan, María and Andrés) ........................................................................................................... 90 Karin .......................................................................................................................................................... 93 6


Klaus .......................................................................................................................................................... 96 Lola ............................................................................................................................................................ 99 Lucas ........................................................................................................................................................ 102 Luis........................................................................................................................................................... 105 Malone .................................................................................................................................................... 108 Marcos ..................................................................................................................................................... 111 Marie ....................................................................................................................................................... 114 Mark ........................................................................................................................................................ 118 Marthe ..................................................................................................................................................... 120 Martin ...................................................................................................................................................... 123 Max .......................................................................................................................................................... 126 Michel ...................................................................................................................................................... 129 Nieves ...................................................................................................................................................... 132 Nora ......................................................................................................................................................... 135 Olivia ........................................................................................................................................................ 138 Patrice...................................................................................................................................................... 142 Pawel ....................................................................................................................................................... 144 Pedro ....................................................................................................................................................... 147 Petra ........................................................................................................................................................ 150 Philippe .................................................................................................................................................... 153 PROIN (Centros de PromociĂłn Integral) .................................................................................................. 156 Rachel ...................................................................................................................................................... 159 Rafael ....................................................................................................................................................... 162 Reginald ................................................................................................................................................... 165 Richard..................................................................................................................................................... 168 RocĂ­o ........................................................................................................................................................ 171 Rodolfo.................................................................................................................................................... 174 Rosemarie................................................................................................................................................ 177 Sara .......................................................................................................................................................... 181 Simon ....................................................................................................................................................... 184 Sven ......................................................................................................................................................... 187 Tobias ...................................................................................................................................................... 190 Yann ......................................................................................................................................................... 193 GLOSSAIRE ........................................................................................................................................... 197 7


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Adam Thèmes abordés: Droit des personnes reconnues handicapées, Communication, Suivi en entreprise Adam a 24 ans. En dépit d’une déficience intellectuelle, il a été scolarisé en milieu ordinaire et a atteint le niveau 3 (classification européenne). Avant d’être accompagné dans sa recherche d’emploi, il avait participé à un programme de formation organisé par le Bureau de l’Emploi et effectué un peu de bénévolat mais n’avait jamais exercé d’activité rémunérée. Une formation en communication lui a été proposée pour le préparer à ses démarches. Au cours de celle-ci, il s’est révélé intéressé et doué pour le calcul. Le directeur d’une compagnie locale de marketing procédait alors à la création d’une nouvelle équipe. Il espérait tout spécialement donner une opportunité à une personne handicapée dans le but d’enrichir l’environnement de travail de la compagnie. Au départ, cet employeur envisageait la création d’un emploi supposant de multiples compétences professionnelles et une certaine expérience, or, ce type d’exigence était incompatible avec un handicap intellectuel. Lorsque l’employeur, auquel on avait entre temps présenté le profil d’Adam, a pris conscience de cette réalité, il a revu ses critères à la baisse de façon à ce que le poste créé soit en adéquation avec les compétences du candidat handicapé pressenti. Le conseiller présenta alors Adam à l’employeur et à ses collaborateurs. Il leur expliqua ensuite comment se comporter et communiquer avec une personne déficiente intellectuellement et il fut entendu que le conseiller accompagnerait Adam dans les premiers temps de sa prise de fonctions. Dans la phase initiale, le conseiller Emploi s’est attaché à accompagner Adam tous les jours. Ses collègues se sont montrés désireux de l’aider et Adam a pu se familiariser petit à petit avec les tâches qui lui incombaient, à savoir : scanner les factures, enregistrer et traiter les documents, enregistrer et diffuser la correspondance, faire les photocopies, veiller à l’approvisionnement en papier de l’imprimante et de la photocopieuse. Son travail nécessitait une réelle efficacité et celle-ci était évaluée chaque semaine via les retours des autres employés. Au bout de trois mois, Adam a obtenu un CDI (contrat à durée indéterminée) de 20 heures hebdomadaires, sur la base du SMIC. il a ensuite bénéficié d’un suivi hebdomadaire, voire bi-hebdomadaire lorsque cela s’est avéré nécessaire, notamment en cas de problèmes de comportement ou de résultats insatisfaisants. Adam a ainsi pu participer un après-midi par semaine à une réunion au cours de laquelle étaient abordées les questions associées au travail, à l’organisation et au développement des compétences nécessaires pour vivre de façon indépendante.

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Travail préliminaire: Premier emploi : comment aider une personne handicapée à réussir son insertion professionnelle ? Dans l’exemple ci-dessus, comment le conseiller s’y est-il pris ?

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QUESTIONS

I - Questions spécifiques au cas 1/

Selon vous, le conseiller doit-il continuer à soutenir Adam sur son lieu de travail bien qu’il soit maintenant en CDI ?

2/

Pour quelles raisons cette compagnie a-t-elle décidé d’embaucher une personne handicapée ? Qu’en pensez-vous ?

3/

Comment éviter les comportements négatifs des autres employés lors du recrutement d’une personne handicapée ?

II - Questions d’ordre général 1/

Décrivez les différent types d’aides et de prestations dont bénéficient les personnes handicapées dans le cadre de leur insertion professionnelle ? Connaissez- vous les aides dont bénéficient les entreprises ?

2/

Comment motiver au retour à l’emploi une personne handicapée n’ayant pas travaillé depuis une longue période et bénéficiant d’une pension d’invalidité ?

3/

Quelles sont les possibilités d’insertion professionnelle pour une personne déficiente sur le plan intellectuel?

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Agata Thèmes abordés: Pensée critique, Accompagnement à la recherche d’emploi, Suivi en entreprise Agata a 25 ans et souffre de désordres neurologiques et visuels. Elle a déjà subi deux opérations des yeux et d’autres interventions sont d’ores et déjà prévues. Elle a participé à des ateliers thérapeutiques pendant quelques années mais a dû arrêter pour s’occuper des tâches domestiques lorsque sa mère a repris la vie active. Entretemps, elle a eu l’opportunité de bénéficier d’une action d’insertion professionnelle dans le cadre d’un projet pour personnes handicapées mis en place par l'agence pour l'emploi. Elle s’est montrée anxieuse mais aussi très contente de voir que quelqu’un était prêt à l’aider à trouver un emploi. En effet, elle avait besoin d’argent pour aménager une partie de la maison car elle voulait devenir indépendante et, d’une certaine façon, être séparée de son père qui avait un problème d’alcool. Elle reçoit une allocation qui lui permet de « joindre les deux bouts ». Elle aide sa mère qui a un tout petit salaire et admet que sa famille vit au jour le jour. Elle souhaite désespérément quitter la maison car elle en a assez des tâches ménagères et veut faire quelque chose de sa vie. Sinon elle va « devenir folle ». Agata a été scolarisée en primaire. C’est une femme très ouverte qui peut déployer beaucoup d’énergie pour parvenir à ses fins ; elle a un bon relationnel et se montre très serviable. Quand elle participait aux ateliers, elle s’était spécialisée en artisanat d’art. Elle très douée de ses mains, fait de la peinture sur verre, sait cuisiner et s’occuper d’une maison ; elle rêve de fonder sa propre famille. Elle sort beaucoup avec ses amis et sait bien se servir d’un ordinateur. Son déficit visuel est son grand problème car elle ne peut pas prendre un emploi qui solliciterait trop ses yeux. Elle a travaillé pendant quelques temps comme agent de nettoyage mais son contrat n’a pas été renouvelé. Elle a bien aimé ce travail qui n’avait pas d’effet négatif sur sa santé et elle aimerait trouver quelque chose de similaire. Elle est incapable d’expliquer pourquoi elle n’a pas travaillé pendant deux ans ni pourquoi elle n’a pas essayé. C’est probablement dû au fait qu’elle était entièrement absorbée par les tâches ménagères ; elle avait cessé de penser à elle et s’était focalisée sur les problèmes familiaux. Au centre d’insertion professionnelle, Agata a d’abord été reçue en entretiens individuels 12


puis en séances collectives. Les entretiens avaient pour objet l’identification de son potentiel et l’élaboration d’une stratégie.

Le conseiller aida Agata à établir ses outils de recherche d’emploi et à réfléchir à son projet. Son idée était de trouver un poste d’agent de nettoyage : « J’aime ce job et m’y sens à l’aise». C’est ainsi que débuta la recherche d’emploi. Ils commencèrent par les administrations : la mairie, l’Assistance Publique, mais il n’y avait pas de postes vacants. Le conseiller décida de contacter le directeur du centre pour personnes en difficultés afin de voir s’il n’avait pas besoin d’une femme de ménage car, à sa connaissance, il n’y en avait pas. Le directeur accepta de recevoir Agata et se montra intéressé par sa candidature mais expliqua qu’il ne pouvait pas l’embaucher faute de budget correspondant. Il lui proposa de poser sa candidature pour un stage rémunéré par le fonds de réhabilitation des personnes handicapées et c’est que qu’elle fit. En attendant la réponse, Agata participa à des ateliers ayant pour but la préparation à l’entrée dans le monde du travail. Elle fut acceptée en stage et un suivi sur le lieu de travail fut mis en place à raison d’une fois par semaine au début puis de deux fois par semaine. Agata s’en sortait très bien, elle était méticuleuse et rapide. Le directeur du centre en fut très satisfait et dit que c’était la meilleure employée de ménage de la structure. Agata utilisa ses gains pour faire réaliser les travaux d’aménagement de la maison et elle déclara qu’elle aurait son propre logement à Noël. Le conseiller entama des négociations pour essayer de faire embaucher Agata à l’issue du stage mais le directeur réitéra sa réponse : il n’avait pas le budget pour cela. Le conseiller et Agata décidèrent alors de chercher autre chose, considérant que cette expérience lui serait utile pour trouver un autre emploi. Ils obtinrent une réponse positive de la direction d’une coopérative sociale qui s’engageait à embaucher la bénéficiaire en tant que « livreur de repas » après un stage. Cependant, Agata ne put accepter cette offre car le travail était trop pénible. Le conseiller continua à prendre des contacts avec des employeurs et finalement Agata fut embauchée comme assistante au kiosque à journaux d’une boutique. Agata est très heureuse que de nouvelles opportunités se soient présentées. Grâce à elles, Agata a vu les choses s’améliorer que ce soit sur le plan professionnel ou sur le plan familial et professionnel. Travail préliminaire Nommer au moins quatre obstacles rencontrés par Agata dans ses démarches d’insertion professionnelle. 13


QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas

1. Que pensez-vous de l’action menée par le conseiller Emploi ? De son implication ? Du choix de ses méthodes de recherche d’emploi ? 2. Quel est à votre avis le point clé dans la réussite d’Agata à trouver un emploi ? 3. Equilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ce cas en illustre-t-il certains aspects ?

I I – Questions d’ordre général

1. Donnez des exemples d’accompagnements en entreprise comportant stage et/ou formations sur le tas. 2. Les personnes handicapées en milieu ordinaire : quels sont les principaux obstacles qu’elles rencontrent dans leur recherche d’un emploi rémunéré ? 3. Quelles sont les avantages et aides proposés aux structures embauchant des personnes handicapées.

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Agnès Thèmes abordés: Gestion du temps, Travail en équipe Agnès a 37 ans et souffre d’une déficience intellectuelle. Elle a bénéficié d’une formation à l’Académie de Commerce pour personnes handicapées. Elle a un niveau 5 (CEC). Auparavant, elle avait travaillé dans une structure protégée dans laquelle elle pliait des journaux et des magazines. Mais elle souhaitait trouver un emploi en milieu ordinaire pour gagner davantage. Un travailleur social du milieu protégé l’a renseignée sur les possibilités de bénéficier du soutien d’une agence pour l’emploi. Accueillie dans un organisme de recherche d’emploi, Agnès a appris à repérer les offres intéressantes et la façon d’utiliser un ordinateur pour rédiger une lettre de motivation. Elle a également regardé une vidéo sur l’intégration et le travail de personnes touchées par une déficience intellectuelle. Elle a eu l’occasion d’essayer de nombreuses activités : nettoyage, rangement des magazines, classement par ordre alphabétique d’ouvrages dans une librairie, rangement de produits dans les rayons. L’élaboration de son projet professionnel lui a donné l’occasion d’envisager plusieurs possibilités. Elle a décidé de travailler à temps partiel et a exprimé le désir d’effectuer des tâches administratives répétitives n’impliquant pas trop de responsabilités. En raison de la variabilité de son humeur, elle avait besoin d’un travail qui la stabilise ; elle souhaitait par ailleurs qu’il soit proche de son domicile. Il était également important que le salaire soit plus élevé qu’en milieu protégé. Son conseiller a contacté le siège d’une banque privée employant 200 personnes dont des travailleurs handicapés et a proposé la candidature d’Agnès. Il a informé l’employeur de la participation active d’un coach lors de la phase d’adaptation d’Agnès au nouvel emploi. Le responsable du personnel de la banque a donné son accord pour rencontrer Agnès accompagnée de son conseiller en vue d’une embauche. Au cours de cet entretien, l’accent a été mis auprès de la candidate sur la manière de se comporter dans ce nouvel environnement professionnel et sur la façon d’aborder et tâches qu’elle aurait à effectuer, étant entendu que celles-ci seraient tout à fait adaptées à ses possibilités. Travail préliminaire: L’intégration d(une personne handicapée dans un nouvel environnement professionnel : quel peut-être la motivation de l’employeur ? Quel(s) défi(s) doit-il relever ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Quels moyens utiliseriez-vous pour préparer Agnès à intégrer son nouvel environnement professionnel?

2/

Comment préparer l’équipe de travail à faciliter son intégration au sein de la banque ?

3/

Comment réagiriez-vous si vous constatiez qu’un collègue d’Agnès a une attitude inappropriée et discriminante à son égard ?

II - Questions d'ordre général 1/

Précisez et listez les avantages prévues pour une entreprise recrutant une personne handicapée

2/

Pensez-vous que la présence d’une personne handicapée au sein d’une équipe peut avoir des répercussions positives l’environnement de travail ? Des répercussions négatives ?

3/

Quelle méthode de veille peut-on mettre en place pour évaluer la bonne intégration de personnes handicapées dans un nouvel environnement professionnel?


Albert Thèmes abordés : Analyse de la demande, Droit des personnes handicapées, Pensée critique, Communication Albert a 29 ans. Il vit dans son propre appartement et bénéficie au quotidien d’aides à domicile, ce qu’il estime à présent inutile. Il n’a pas eu d’activité professionnelle au cours des sept dernières années car il était en arrêt maladie pour dépression et attaques de panique. Il reçoit une allocation de l’Assurance sociale et suit un traitement médicamenteux pour ses troubles psychiatriques. Il a aussi des problèmes de dents et souffre de gastrites. Il est dans l’attente d’une intervention chirurgicale pour l’ablation de polypes. Son état psychologique s’est sensiblement amélioré. Il est à noter qu’il a eu quelques expériences professionnelles avant de tomber malade. Son assurance sociale l’a adressé à l’« Académie du Travail » pour que soit effectué un bilan de son employabilité, bilan devant s’étaler sur une période de quatre semaines. Albert a eu plusieurs rendez-vous avec son conseiller pour ce bilan et a appris à réaliser diverses tâches administratives au service formation du Ministère du Travail. Il a attaché beaucoup d’importance aux relations qu’i a eues avec d’autres personnes au sein de la structure d’accueil. Il a commencé à y aller à mi-temps mais, au bout d’une semaine, il a souhaité passer à temps plein. Au début, cette fréquence s’est révélée trop lourde pour lui : il était très fatigué et devait lutter contre l’émergence d’attaques de panique. Il a cependant décidé de persévérer à ce rythme. Au fur et à mesure que le temps passait, Albert était de plus en plus calme. La situation de travail et les tâches qu’il avait à réaliser s’avérant plus bénéfiques qu’on ne pouvait l’espérer. Peu à peu, Albert a montré de l’aisance à recevoir et suivre des instructions de travail et a commencé à prendre des initiatives. Les interactions sociales se sont passées beaucoup mieux que prévu. Au cours de la période d’essai, il s’est découvert un nouveau centre d’intérêt en travaillant sur les sites web au point qu’il s’y est complètement immergé. Il est finalement apparu qu’Albert n’avait pas du tout de difficultés d’apprentissage dans ce domaine, au contraire. Albert a exprimé à quel point le fait de sortir courir lui faisait du bien. Il avait noté un changement dans son comportement général. Durant le bilan, Albert a recommencé à sortir de façon plus naturelle, par exemple pour des promenades, du shopping, des balades en bus. Malgré une longue absence du marché du travail, il a montré une réelle motivation et même un savoir-faire pour rechercher et examiner les opportunités d’emploi en milieu ordinaire. Il a estimé qu’un emploi dans le secteur brasserie-restauration (qu’il avait connu) ne lui conviendrait pas compte tenu du niveau de stress que cela impliquait. Il a évoqué son expérience en librairie comme trop calme et ennuyeuse. Il avait plutôt envie de découvrir de nouveaux secteurs d’activité. Le bilan confirma son désir de retravailler ainsi que sa confiance en lui. A la fin du bilan, il fut décidé qu’Albert poursuivrait ses recherches d’emploi. Il rédigea son CV avec l’aide du conseiller et plusieurs semaines se passèrent dans l’espoir de trouver un emploi compatible avec son profil. Le fait de rester à la maison ne réussit pas à Albert qui commença à retomber dans ses anciens travers. Afin d’éviter que son état ne dégénère, le conseiller lui proposa plusieurs rendez-vous. 17


Six semaines plus tard, il eut une proposition de stage dans une église. Celle-ci était à l’extérieur de la ville, ce qui impliquait un trajet en bus ou à bicyclette pour aller au travail mais Albert estima que ce n’était pas un obstacle. Il aima le travail dès le début et réalisa très bien les tâches qui lui furent confiées. Sa seule difficulté résidait dans son manque de ponctualité. Il était souvent en retard et on dut trouver plusieurs moyens de contourner le problème. Jusqu’au jour où Albert ne se montra pas de la journée et où tout le monde en fut très troublé. Son conseiller le rencontra pour essayer de comprendre ce qui se passait : Albert lui expliqua qu’il ne pouvait parler à personne de son entourage de son stage, car sa famille était musulmane et n’accepterait jamais qu’il travaille dans une église. Cela rendait d’un seul coup son comportement beaucoup plus compréhensible. Il fallut tout reprendre au début et préciser à quel point il est important de donner la vraie raison quand une situation particulière pose problème. De nouveau, il se passa du temps mais, quelques mois plus tard, Albert eut l’opportunité d’intégrer une association éducative en tant que stagiaire. Il devait gérer l’aspect administratif des activités musicales. Il se trouve que ce poste était en parfaite adéquation avec son désir d’effectuer des tâches administratives et son grand intérêt pour la musique. Il commença à travailler à temps partiel, à raison de quelques heures par semaine. Il fut très vite apprécié et les choses semblaient prometteuses. Il bénéficia du soutien financier du bureau de placement pour un allongement du stage: d’une part afin de prolonger sa période de retour à l’emploi mais aussi parce que l’association envisageait d’embaucher Albert. La direction de l’association devait cependant attendre les décisions relatives à la nouvelle organisation qui lui permettrait d’entamer un processus de recrutement. Parallèlement à ces perspectives de travail qui s’amélioraient de jour en jour, l’état de santé d’Albert commença à se détériorer. Il eut plusieurs infections dentaires et ses gastrites empirèrent, ce qui rendit l’intervention chirurgicale de plus en plus urgente. Le conseiller et son superviseur firent leur possible pour aider Albert à gérer la situation et les divers rendez-vous médicaux indispensables. Pourtant, la situation devint rapidement dramatique. L’état mental d’Albert se dégrada. Il ne fut plus en mesure de travailler le temps prévu et prit beaucoup de retard. Sa confiance en lui s’effondra. Tous les efforts du conseiller et du superviseur tendirent à lui rappeler à quel point il avait été performant tant que sa santé le lui avait permis. Ils essayaient simultanément d’accélérer les choses pour les soins et le traitement médical concernant infections dentaires et gastrites. Pendant ce temps, l’association éducative étendait ses activités et se trouvait sur le point d’embaucher. Toutes les parties concernées désiraient que le poste soit offert à Albert mais, compte tenu de son état de santé, il fut décidé que ce n’était pas possible. A ce stade, cela faisait un an qu’Albert était suivi par l’Académie du Travail et cette période ne pouvait être prolongée. Le conseiller s’entendit avec l’administrateur de l’Assurance sociale pour que ses allocations soient réactivées de façon à ce qu’il retrouve un moyen de subsistance. Comme le trentième anniversaire d’Albert approchait, on lui conseilla de faire une demande d’allocation d’invalidité permanente. Travail préliminaire: 18


Quelles premières remarques vous inspire le cas d’Albert? Que pensez-vous de son employabilité ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Comprenez-vous les raisons invoquées par Albert pour interrompre son premier stage?

2/

Pensez-vous que le conseiller aurait dû refuser l’allongement du temps de travail souhaité par Albert au risque d’une dégradation de son état de santé ?

3/

Quels sont, à votre avis, les principaux obstacles au retour à la vie active d’Albert?

I I – Questions d’ordre général 1/

Quand une personne a de graves problèmes de santé mais souhaite néanmoins travailler, y a-t-il un moment où le conseiller doit s’y opposer?

2/

Y a-t-il des règles dans votre pays concernant l’obtention d’une pension d’invalidité? Savez-vous où et comment trouver l’information correspondante ?

3/

Trouveriez-vous judicieux de proposer d’abord un retour à l’emploi en milieu protégé à une personne étant restée longtemps éloignée du monde du travail et de toute vie sociale? Quel parcours d’insertion proposeriez-vous à cette personne ?

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Alex Thèmes abordés: Droits des personnes handicapées, Gestion de l’information, Pensée critique, Démarche créative, Communication Alex a 44 ans. Il est sorti du circuit scolaire à l’âge de 20 ans avec un diplôme de maçon. Il a rapidement trouvé un emploi dans une entreprise du bâtiment mais n’a pas du tout aimé ce métier et, six mois plus tard il changeait d’activité dans la même entreprise en devenant «mousse », c’est-à-dire celui qui s’occupe des commandes et livraisons des repas et boissons pour les ouvriers des chantiers. Lorsqu’il a quitté cette entreprise, Alex a décidé de faire de l’intérim et a travaillé comme préparateur de commandes au cours de missions successives. Il a gardé ce mode de fonctionnement pendant deux ans puis a saisi l’opportunité qui s’est présentée en la personne d’un ami lorsque celui-ci lui a proposé de travailler comme barman dans un night-club. Très motivé, il a appris le métier sur le tas et un an après son embauche se voyait confié de nouvelles responsabilités. Trois ans plus tard, il ressentait le besoin d’améliorer son niveau d’anglais et partait en Angleterre où il a occupé des fonctions de direction dans un hôtel-restaurant renommé. Deux ans plus tard, il est revenu en France et a été embauché comme chef de rang dans un grand restaurant international. Il a adoré ce nouveau job et a été promu directeur général de l’établissement au bout de deux ans. A l’âge de quarante ans, il a eu un accident de moto. Il est resté un an à l’hôpital et a passé une autre année dans un centre de réadaptation. Puis, désireux de reprendre le travail, il a tenté un retour à la vie active comme serveur à temps partiel. Il a dû déclarer forfait au bout de trois semaines car le travail lui était trop pénible et la jambe blessée se faisait trop douloureuse. Il a finalement été licencié pour inaptitude au poste. Après cela, Alex est resté quelques temps chez lui à réfléchir à ses possibilités de reconversion professionnelle. Passionné par les animaux et particulièrement par les chiens, il a essayé d’imaginer une activité dont ils seraient le centre. Après moult considérations, il a commencé à s’intéresser au métier d’éleveur de chiens. Il possédait déjà deux chiens de la race des Staffordshire et avait envie, outre l’élevage, de faire profiter les personnes fragilisées et les personnes âgées de la présence de chiens en conduisant ceux-ci dans certains services hospitaliers et dans les maisons de retraite. En effet, il est à présent communément admis que les animaux font du bien aux gens et ils sont de plus en plus souvent admis en milieu médical et dans les résidences de retraités.

Tandis qu’il réfléchissait à tout cela, il en vint à la conclusion que ce serait pour lui un bon moyen de reprendre la vie active, d’autant plus qu’il souhaitait partir s’installer à la campagne avec sa famille. Il commença alors à imaginer la mise en œuvre de son projet et réalisa rapidement qu’il ne connaissait rien à la création ni à la gestion d’entreprise. 21


C’est dans cet esprit qu’il se présenta au département Handicap de sa ville pour obtenir des informations sur les moyens de se mettre à son compte. Le conseiller qui le reçut trouva son projet intéressant et original mais estima qu’il devait le valider par une mise en situation avant de l’adresser à une structure accompagnant les créateurs d’entreprise dans leurs démarches administratives. Deux semaines avant le démarrage de la prestation, Daniel tomba dans la rue et se fractura le talon. Très motivé par son projet, il décida néanmoins de faire comme si de rien n’était et de participer à la session à laquelle il était inscrit, même s’il devait pour cela marcher avec des béquilles. Au cours de la première séance collective, il raconta brièvement son histoire et présenta son projet, générant l’enthousiasme des participants. Il était en effet charmant et avait beaucoup de charisme. Presque tous furent conquis par son projet, les seules réserves émanant des personnes qui craignaient la race « Staffordshire ». Les chiens de cette race sont en effet considérés comme des chiens de garde et peuvent effrayer les gens. Alex expliqua que ces animaux doivent être éduqués et qu’ils ne sont pas à mettre en toutes les mains. Lors de son premier entretien individuel avec sa conseillère, Alex lui expliqua qu’il avait déjà trouvé un éleveur d’accord pour l’accueillir en stage pendant deux semaines et qu’il en cherchait un autre pour une troisième semaine. Comme mentionné ci-dessus, Alex vint au centre avec des béquilles et, si l’on pouvait voir qu’il souffrait, il ne se plaignit jamais. Lorsque la conseillère aborda la question de la compatibilité de son choix de reconversion avec ses contre-indications médicales, Alex lui répondit que tout se passerait bien s’il pouvait travailler à son rythme, ce qui serait bien sûr le cas s’il se mettait à son compte. Pour information, voici la liste des contre-indications qui figuraient sur son dossier: Il devait éviter de porter de lourdes charges, les positions « assis » et « debout » prolongées (il devait alterner), la marche prolongée, les positions « accroupi » et « à genoux », les escaliers (montées et descentes), le travail en milieu humide et dans le froid. Quand sa conseillère a interrogé Alex au sujet de la dimension financière de son futur business, elle s’est aperçu qu’il n’avait aucune idée des aides dont peuvent bénéficier les créateurs d’entreprise en général et les personnes handicapées en particulier. Travail préliminaire: D’après la description ci-dessus, listez les atouts et obstacles que vous percevez dans le profil d’Alex au regard de son projet de reconversion professionnelle.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Selon vous, Qu’est-ce qui explique l’envie d’Alex de reprendre rapidement un emploi ?

2/

Estimez-vous ses contre-indications médicales compatibles avec son projet? Argumentez.

3/

Pensez-vous qu’Alex a les qualités nécessaires pour monter sa propre affaire? Si oui, lesquelles ? Si non, que lui manque-t-il ? Lesquellles

I I – Questions d’ordre général 1/

Avez-vous déjà accompagné des personnes handicapées souhaitant créer leur entreprise?

Si oui, comment avez-vous géré la situation? Si non, quels sont à votre avis les principaux aspects à prendre en considération? 2/ Avez-vous rencontré des personnes handicapées dont le projet de reconversion supposait un déménagement? Si oui, quels sont les principaux aspects à prendre en considération ? Si non, quels sont à votre avis les principaux points permettant de valider le projet ? 3/ D’après vous, Quelles sont les critères à prendre en compte pour juger de la faisabilité d’un projet professionnel ? personnel de reconversion aboutisse ?

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Alina Thèmes abordés : Analyse de la demande, législation en matière de handicap, gestion de l’information Alina a 51 ans et est titulaire d’un certificat d’Employée de restauration. Elle a travaillé comme employée de maison mais doit se réorienter car elle souffre d’un mal de dos incompatible avec l’exercice de ce métier. Elle ne sait pas vers quelle activité se tourner mais est déterminée à trouver la bonne voie. Dans l’optique de trouver des solutions, Alina s’est rendue à l'agence pour l'emploi et y a rencontré un conseiller Emploi. Comme elle ne savait pas quoi faire, son conseiller lui a proposé un stage en entreprise, ce qu’elle s’est empressée d’accepter. Le stage s’avéra très utile pour identifier ses forces et ses faiblesses, ses limitations et ses préférences au regard de l’emploi. En effet, Alina fut mise en situation dans une cantine, domaine qui correspondait à sa formation initiale. Elle reprit confiance en elle mais, pendant le stage, Alina connut des problèmes de vue. L’employeur prit l’initiative de l’envoyer passer des examens ophtalmologiques et elle reçut ensuite les soins nécessaires. L’amélioration de son état lui permit d’être efficace et performante et de donner le meilleur d’elle-même. Sa personnalité et son comportement eurent un impact positif sur son travail et ses relations avec l’équipe du service. Elle fut embauchée en CDI et, dans les 9 mois qui suivirent, la société reçut les aides prévues pour favoriser l’emploi de personnes handicapées. Travail préliminaire: Trouver un emploi adapté aux contre-indications médicales d’une personne handicapée est un défi pour le conseiller Emploi. Quelle méthode le conseiller, mentionné dans ce cas, a-t-il employée?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Dans le cas d’Alina, quels ont été, selon vous, les facteurs déterminants qui ont permis son embauche ?

2/

Pensez-vous que le conseiller a pris la bonne décision en proposant un stage à Alina ?

II- Question s d’ordre général 1/

En tant que conseiller, pensez-vous que vous devez strictement respecter les contreindications médicales lors de l’accompagnement à l’emploi?

2/

L’employabilité des personnes de plus de 50 ans. Pouvez-vous lister les avantages et les inconvénients des candidats se trouvant dans cette tranche d’âge

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Amanda Thèmes abordés: Analyse de la demande, Pensée critique, Travail en équipe Amanda a 27 ans et souffre de troubles de l’attention et de difficultés d’apprentissage. Elle vit avec ses deux enfants (3 et 5 ans) en appartement dans une grande ville. Elle est au chômage depuis trois ans mais a précédemment occupé un emploi aidé dans une cantine scolaire pendant quatre ans. Amanda s’est présentée au service d’aide à l’emploi en janvier. Elle y avait été adressée pour une action de remobilisation mais elle a exprimé le désir de rechercher un emploi. Au bout de deux mois de réflexion concernant ses possibilités et besoins, Amanda a commencé à travailler dans un petit café en étant formée sur le tas. Elle y est depuis trois semaines et tout se passe très bien, notamment grâce à Monica, sa responsable et tutrice. Depuis qu’elle avait quitté l’école, Amanda avait vécu d’aides émanant de divers organismes municipaux. Sa mère avait pris les choses en mains, s’arrangeant pour qu’Amanda reçoive toutes les aides nécessaires afin qu’elles puissent en vivre toutes les deux. C’est également sa mère qui avait géré les allocations mais elle était tombée gravement malade au cours de l’automne dernier et était décédée après quelques mois. Amanda est assistée par plusieurs personnes. Sur le plan médical elle est suivie par un médecin, une infirmière (qui lui fait prendre ses médicaments) et un thérapeute avec qui elle a un entretien tous les quinze jours. En tant que chômeuse, Amanda a une conseillère au service Emploi. Compte tenu du fait qu’elle ne peut pas travailler à temps plein en raison de son état de santé, elle est également suivie par un psychologue du travail et une assistante sociale. Elle est également accompagnée par une personne qui l’a aidée à demander une pension d’invalidité pour le mi-temps non travaillé et on lui a attribué un référent pour la future gestion de celle-ci. La pension ne lui a pas encore été allouée mais cela ne saurait tarder. Elle bénéficie d’une aide à domicile deux fois par semaine et a des relais pour ses enfants au service municipal et au jardin d’enfants. Le père des enfants souffre d’addiction et Amanda est le seul parent responsable. Elle est cependant toujours en contact avec le père (contre son gré) car celui-ci réapparaît de temps en temps dans sa vie pour lui demander le gite et le couvert. Depuis la mort de sa mère, Amanda a beaucoup de mal à gérer toutes les aides dont elle bénéficie. Elle a des difficultés pour s’organiser et anticiper les conséquences de ses actes. Elle prend souvent des décisions impulsives qui lui paraissent appropriées sur le moment. De plus, il arrive qu’elle refuse ou manque des rendez-vous et laisse traîner des courriers importants. Le fait qu’Amanda ait recommencé à travailler dans le café a fait ressortir l e s t r è s nombreux problèmes qu’elle rencontre dans sa vie quotidienne pour coordonner les différentes aides des divers intervenants. 26


Sa tutrice, Monica, qui la voit tous les jours a découvert que ces intervenants n’avaient quasiment aucun contact entre eux, ce qui entraîne de la part des uns et des autres des décisions non concertées et crée plus de chaos que d’ordre dans son existence. Maintenant que ce problème a été identifié, la conseillère d’Amanda et sa tutrice réalisent qu’elles doivent faire quelque chose pour remédier à la situation. Travail préliminaire: Réfléchir aux moyens de coordonner les différents dispositifs d’aide et les intervenants concernés.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Selon vous, quel est le principal problème d’Amanda ?

2/

Quelle méthode préconisez-vous pour améliorer la situation ?

II – Questions d’ordre général 1/

Savez-vous s’il existe dans votre pays une administration particulière (ou un organisme social) responsable de la coordination générale des différentes sortes d’accompagnement ?

2/

Vous semble t-il judicieux qu’une personne souffrant de troubles de l’attention soit accompagnée de nombreuses personnes?

3/

Le conseiller Emploi doit-il prendre en compte tous les aspects de la vie du bénéficiaire pour l’accompagner dans son insertion professionnelle?

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Aneth Thèmes abordés: Démarche créative, Gestion du temps, Suivi en entreprise Aneth a 31 ans. Elle a souffert de dépression pendant six ans et a une mauvaise estime de soi. Elle est également sujette au stress. Elle a été scolarisée en primaire dans sa ville natale puis a suivi ses parents à l’étranger où elle a effectué une partie du cycle secondaire. Quand elle est revenue, elle a essayé de terminer le cycle secondaire mais n’y est pas parvenue. Il fut décidé que le mieux pour elle serait de devenir aide-soignante et c’est ce qu’elle fit. Elle travailla ensuite pendant un an dans une maison de retraite puis laissa tomber cette activité et eut un contrat de courte durée en télémarketing. Aneth eut beaucoup de mal à trouver la force de se rendre au premier rendez-vous avec sa conseillère. Elle était restée éloignée du travail et de toute formation pendant cinq ans et avait très peu de contacts sociaux. A l’issue de ce premier rendez-vous, il fut décidé qu’Aneth serait accompagnée dans la recherche d’un emploi compatible avec son état de santé. Elle eut plusieurs entretiens avec sa conseillère, à son rythme, pour établir son profil professionnel. Celui-ci fit apparaître un intérêt et des compétences pour les tâches administratives. Au bout de quelque temps, la conseillère lui trouva un poste dans une société d’assurances. Elle avait à effectuer des tâches simples qui lui étaient précisées chaque jour. On lui octroya un bureau de façon à ce qu’elle n’ait pas à souffrir de promiscuité en espace ouvert. La conseillère, le tuteur et Aneth se réunirent régulièrement au cours des premières semaines. Il apparut rapidement qu’Aneth était hésitante dans son travail, elle se demandait sans cesse si elle ne faisait pas d’erreurs. Quand elle prit conscience de ses doutes, elle alla voir ses collègues pour leur demander conseil. Au début, ceux-ci essayèrent de l’aider mais au bout d’un moment ils en eurent assez d’être constamment dérangés. Aneth expliqua qu’elle se sentait très angoissée lorsqu’elle était confrontée à de nouvelles tâches. La conseillère tenta de diverses manières de discuter avec elle et de lui proposer des stratégies pour gérer ses difficultés mais cela n’eut aucun effet. Elle prit alors contact avec le service psychiatrique qui suivait Aneth, pour lui demander de l’aide, soit par thérapie soit par une autre méthode. Toutefois, l’équipe psychiatrique déclara qu’il ne s’agissait pas là de problèmes aigus et ne proposa aucun traitement.

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La conseillère, estimant qu’elle ne pouvait laisser Aneth se débattre seule dans ses difficultés, décida de tenter d’élaborer une stratégie visant à réduire l’anxiété d’ Aneth.

Travail préliminaire: Essayez de préciser quelles sont les principales difficultés rencontrées par Aneth.

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QUESTIONS

– Questions spécifiques au cas 1/

A votre avis, que pourraient faire l’employeur et les collègues d’ Aneth pour l’aider à vaincre ses difficultés?

2/

Quel type d’accompagnement la conseillère peut-elle proposer pour rendre les choses plus aisées à la bénéficiaire?

3/

Quand la psychiatrie est défaillante, pensez-vous pouvoir apporter une aide thérapeutique en ses lieu et place ?

II – Questions d’ordre général 1/

Comment effectuer un réel suivi à l’embauche?

2/

Comment pouvez-vous aider l’employeur à soutenir un bénéficiaire en poste?

3/

Votre mission de conseiller est d’aider le bénéficiaire à trouver un emploi ou une formation compatible avec son état de santé. Cependant, d’autres problèmes peuvent émerger au cours de l’accompagnement, tels que des difficultés économiques, un contexte familial délicat, des problèmes de santé, etc. Devez-vous intervenir pour aider le bénéficiaire à gérer ces diverses difficultés ?

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Anna Thèmes abordés : Pensée critique, démarche créative, travail en équipe, communication Anna a 17 ans. Elle est née avec une déficience auditive. Son rêve a toujours été de devenir coiffeuse. Elle a étudié dans une structure spécialisée pour enfants malentendant puis s’est inscrite dans une école de Coiffure. Bien qu’elle puisse lire sur les lèvres, elle rencontre des difficultés lorsqu’il s’agit de participer à une conversation entre plusieurs personnes. Cela explique qu’elle ait eu du mal à suivre lors des séances collectives de travaux appliqués. Les situations difficiles se multipliant, Anna a décidé d’aller parler de ses difficultés à un enseignant. En effet, elle avait une demande à formuler : du fait qu’elle ne pouvait simultanément lire sur les lèvres et prendre des notes, elle souhaitait, si possible, obtenir des photocopies des notes prises en cours par les autres élèves. Le professeur a souscrit à sa demande et a réuni les élèves pour leur expliquer la situation et solliciter leur concours. De plus, le travail en groupe étant particulièrement compliqué pour une élève sourde ou malentendante, puisqu’elle a besoin d’un peu de temps pour réaliser qu’une personne vient de prendre la parole, il a été décidé que chaque nouvel intervenant se signalerait par un geste précis et bien visible. Les élèves ont pris la mesure de la situation compliquée dans laquelle évoluait Anna et sont devenus plus compréhensifs. Ils se sont impliqués dans son intégration et lui ont permis de participer pleinement aux travaux pratiques et de réussir ses études. Après l’obtention de son diplôme, Anna a pris contact avec le service Emploi de sa ville pour être accompagnée dans sa recherche d’un premier poste. Sa conseillère l’a aidée à constituer son dossier de candidature et a contacté plusieurs salons de coiffure pour le leur présenter. Malheureusement, tous les employeurs potentiels rencontrés se sont montrés réticents : ils craignaient que les clients ne soient mal à l’aise avec Anna. Les avantages liés à l’embauche d’une personne handicapée n’ont pas été des arguments suffisamment convaincants et les démarches n’ont pas abouti. La conseillère a compris que la recherche d’emploi allait être longue et plus délicate qu’elle ne l’avait supposé au départ. Anna était très déçue mais restait fermement positionnée sur son désir de travailler comme coiffeuse. Cependant, le temps passait et aucune embauche ne se dessinait. Un jour, alors que les recherches étaient au point mort, l’un des amis d’Anna s’est présenté au bureau de sa conseillère : il voulait l’embaucher mais n’osait pas lui en parler de peur de sa réaction. La conseillère lui a suggéré de proposer un stage à Anna et de laisser passer un peu de temps pour voir comment les choses se déroulaient. Ce qu’il fit.

Aujourd’hui Anna est en CDI dans l’un de ses salons et s’épanouit dans le métier qu’elle a choisi. 32


Travail préliminaire : En vous appuyant sur le cas décrit ci-dessus, pouvez-vous proposer une autre méthode susceptible de faciliter la communication entre Anna et les élèves de façon à ce qu’elle bénéficie pleinement des séances de travail collectives?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1.

Que pensez-vous de l’initiative prise par Anna d’aller suggérer une solution à son professeur?

2.

Que pensez-vous de la réaction de celui-ci ?

3.

Que diriez-vous de la réaction des autres élèves ? Celle-ci vous surprend-elle ? Pour quelles raisons ?

II – Questions d’ordre général

1.

Savez-vous s’il existe dans votre pays des formations professionnelles en langue des signes?

2.

Comment le conseiller peut-il aider une personne sourde ou malentendante à réussir son intégration en entreprise ?

3.

Pouvez-vous citer une institution nationale accompagnant les sourds et malentendants dans leur démarches d’insertion professionnelle ?

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Arthur Sujets abordés: Analyse de la demande, pensée critique, prise de décision, communication. Arthur a 51 ans et un physique robuste. Il est titulaire d’un diplôme professionnel de niveau 5 attestant de ses compétences en cordonnerie et tapisserie et a exercé pendant 20 ans le métier de cordonnier. Il a connu plusieurs épisodes dépressifs et a été arrêté plusieurs années. Aujourd’hui, il se dit prêt à reprendre la vie active. Orienté vers l'Agence pour l’Emploi où il a fait une excellente impression au conseiller qui l’a reçu en premier entretien. Il a évoqué l’idée de créer sa propre structure et s’est montré convaincant, confiant et posant les bonnes questions. Arthur connaissait bien le monde du travail et sa situation semblait parfaitement claire : un demandeur d’emploi ayant un projet bien défini, paraissant impliqué et désireux de passer à l’action. Le conseiller a considéré qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de déposer le dossier de demande d’aide à la création d’entreprise et d’attendre la réponse (que l’on pouvait supposer positive). Quelques temps après, la situation n’évoluant pas, le conseiller a pris contact avec le service Aide Création Entreprise. Il s’avéra que, dans le passé, Arthur avait déjà déposé plusieurs dossiers de demande d’aide : à chaque fois, il manquait des documents et cela empêchait toute avancée dans le traitement de sa demande. Pourtant, le projet avait été bien défini et Arthur semblait posséder toutes les compétences professionnelles nécessaires à sa réalisation. Le conseiller conseilla à Arthur de participer à un atelier de trois jours portant sur la préparation au statut de travailleur indépendant organisé par le centre d’information et d’orientation sur le travail. Arthur assista aux deux premiers jours de formation et abandonna le troisième jour car, dit-il, “il connaissait déjà tout ça”. Arthur avait cependant obtenu au cours du deuxième jour de formation un rendez-vous avec un spécialiste de l’agence. Celui-ci devait l’aider à remplir un questionnaire et un document écrit pour sa demande de subvention. Arthur ne s’est pas présenté à l’entretien fixé et un autre rendez-vous lui a été proposé auquel il est venu rapidement en se disant pressé. En dépit de son apparente motivation pour se mettre à son compte, Arthur n’a jamais correctement rempli les documents nécessaires et ses démarches de création d’entreprise sont restées inabouties. Voyant que la création d’entreprise n’était pas possible, le conseiller proposa à Arthur de rechercher un poste salarié en élargissant son secteur d’activité et celui-ci accepta. Ils travaillèrent ensemble sur la manière de rendre un CV attractif présentant l’ensemble de ses compétences et sur les techniques de recherche d’emploi. Constatant le manque de rigueur d’Arthur, le conseiller prit sur lui de contacter des employeurs potentiels pour se renseigner sur des remplacements éventuels, des plans de recrutement ou des stages. 35


Il indiqua ensuite Arthur les différents endroits dans lesquels il pourrait se rendre pour déposer son CV. Arthur affirma qu’il l’avait fait et qu’il y avait de bonnes chances qu’il soit embauché. Cependant le temps passait et Arthur restait sans emploi. Quand son conseiller venait aux nouvelles Arthur rétorquait qu’il n’avait pas les qualifications requises par les entreprises visées. Il lui manquait toujours quelque chose pour que sa candidature soit retenue par un employeur. Le conseiller proposa à Arthur de changer de stratégie et lui proposa de suivre une formation à la recherche d’emploi comprenant une préparation à l’entretien d’embauche. Au début, Arthur montra peu d’empressement pour cette formation mais il finit tout de même par s’y inscrire. Malheureusement, il y avait beaucoup de candidats pour la formation à cette période et il n’était pas possible de savoir quand Arthur pourrait commencer les cours. Le conseiller en insertion essaya encore d’encourager le bénéficiaire à passer à l’action et remit à Arthur une liste de 42 entreprises (employeurs potentiels) situées proche de son domicile afin qu’il les contacte mais il n’y parvint pas. Le conseiller fut contraint de lui rappeler qu’il devait « aussi » s’investir dans la recherche d’emploi et pas seulement se reposer sur l’aide du conseiller. La réussite dépendait essentiellement des efforts fournis par Arthur. La situation était difficile mais le conseiller n’abandonna pas. Arthur ayant, entre autres, évoqué son désir de travailler dans une entreprise de “transformation de la viande”, son conseilla le mit en relation avec un employeur de ce secteur. L’employeur accepta de le recevoir et évoqua avec lui les possibilités d’embauche: il cherchait deux découpeurs de viande. Pourtant, quelques jours plus tard, l’employeur rappelait le conseiller pour s’enquérir d’autres candidatures. Au cours de l’entretien qui suivit cet appel, Arthur reconnut devant son conseiller qu’il était plus intéressé par l’obtention d’un certificat attestant de ses recherches d’emploi que par la signature d’un contrat de travail. Suite à cette déclaration, le conseiller voulut amener Arthur à réfléchir avec lui pour redéfinir ses buts et ses besoins. C’est alors qu’Arthur lui annonça qu’il avait trouvé un emploi au noir dans les BTP. Le conseiller lui expliqua les avantages d’un travail légal mais Arthur ne voulut rien entendre, affirmant que « c’était plus pratique et qu’il pouvait gagner davantage”. Lorsque le conseiller évoqua la question des points retraite et, d’une façon générale, son avenir, Arthur répondait qu’il pourrait toujours bénéficier des aides allouées aux personnes atteintes de troubles mentaux. Il conservait tous les documents médicaux et voyait fréquemment le médecin. Il disait qu’il avait tout à disposition pour le cas où…

Travail préliminaire : 36


Décrivez vos premières impressions à la lecture de ce cas.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1. Que pensez-vous de la méthode adoptée par le conseiller en insertion? 2. A partir du cas d’Arthur, pouvez-vous définir le rôle attendu du conseiller d’insertion ? 3. Avez-vous déjà accompagné une personne ayant le même type de comportement et de réaction qu’Arthur? Dans l’affirmative, qu’avez-vous fait ? Dans la négative, que feriez-vous si cela se produisait ?

II – Questions d’ordre général 1. Comment analyser la demande d’accompagnement d’une personne éloignée depuis plusieurs années du marché de l’emploi ? 2. Comment accompagner un bénéficiaire ne se montrant pas du tout coopératif ? Donnez des exemples d’attitudes envisageables. 2 Listez les aides prévues dans votre pays pour les personnes handicapées souhaitant se mettre à leur compte.

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Benjamin Thèmes abordés: Gestion du temps, Pensée critique, Démarche créative, Travail d’équipe Benjamin a 21 ans. Il est né avec une malformation cardiaque rare, le personnel médical ayant prévu une importante opération du cœur vers sa treizième année. Toute sa scolarité en a été perturbée. Dispensé de sport, il a suivi les autres cours mais aucun effort ne lui a été demandé : pour ses parents la seule chose qui importait était qu’il vive. Comme prévu, il a été opéré à l’âge de treize ans. Ce devait être une intervention unique. Après l’opération, Benjamin a repris les études mais n’a pas pu passer l’examen. Il a ainsi quitté le collège sans diplôme. Il a ensuite commencé des études d’auxiliaire de vie car il aime les personnes âgées. Toutefois, après un stage en maison de retraite, il a changé d’avis (il avait été affecté dans un département réservé aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et n’avait pas supporté les situations dont il avait été témoin). Il s’est alors inscrit à une formation de vente en boucherie (il ne pouvait pas faire le découpage, travail trop pénible pour lui physiquement). Tout s’est bien passé jusqu’à ce que la boucherie soit vendue. Cependant, le nouveau patron a refusé de garder les apprentis et la formation s’est terminée de façon abrupte car il n’a pas trouvé de nouvel employeur pour continuer. Il est alors resté chez lui sans activité pendant une année mais il en a eu assez de ne rien faire et a décidé de chercher du travail. Il a trouvé un emploi d’Assistant logistique à raison de trois heures par jour. Très content de ce poste, il en a profité pour financer son permis de conduire. Puis, il a travaillé dans un supermarché pendant les fêtes de fin d’année comme vendeur de jouets. Il aidait à faire les paquets-cadeaux et a aimé la relation avec la clientèle. Quelques mois plus tard, il travaillait comme aide-préparateur de commandes dans une PME. Il a ensuite eu l’occasion d’être agent d’accueil dans une piscine pour la saison d’été. A la fin de la même année, il a obtenu un CDD en tant que Réceptionnaire au sein de l’hypermarché local. Un mois plus tard, ce CDD se transformait en CDI. Jusqu’alors, Benjamin n’avait jamais mentionné ses problèmes de santé à son employeur. Toutefois, lorsqu’il a obtenu un CDI, une visite médicale lui a été automatiquement prescrite. Le médecin qui l’a reçu ayant détecté une anomalie a demandé des examens complémentaires. Ceux-ci ont mis en évidence un problème important nécessitant une nouvelle opération du cœur. Quand Benjamin s’est fait hospitalisé, il était certain que son arrêt maladie serait de courte durée mais l’intervention s’est mal passée et son cœur s’est arrêté. Les chirurgiens ont réussi à le réanimer. A la suite de cela, Benjamin a été suivi par l’équipe médicale pendant huit mois. Après sa convalescence, il a eu envie de travailler dans l’informatique mais ne savait pas trop dans quel métier. Il a alors pris contact avec le service Handicap qui l’a adressé à un organisme prestataire pour une action d’accompagnement à l’élaboration d’un projet professionnel compatible avec son état de santé. Au cours de la première séance collective, Benjamin a évoqué les possibilités de devenir analyste programmeur ou assistant Hotline. Il a expliqué qu’il utilisait un ordinateur chez lui et que cela lui plaisait. Il savait notamment comment installer des programmes. Il a ajouté que, dans sa future vie professionnelle, il aimerait être capable de prendre des initiatives et d’assumer des responsabilités. Il 39


voulait aussi gagner un bon salaire pour vivre confortablement. Il estimait qu’il pourrait, plus tard, devenir un bon manager. Il a, de plus, affirmé qu’il était pressé de quitter la maison familiale pour vivre avec sa petite amie. Pour cela, il lui fallait de l’argent et il voulait travailler le plus vite possible. Benjamin a cependant expliqué que ses parents voulaient le garder à la maison (surtout sa mère). Selon eux, il pouvait rester à la maison aussi longtemps qu’il le souhaiterait et n’avait pas besoin de travailler. De temps en temps, son père faisait quelques allusions à son futur mais il n’insistait pas. Benjamin se sentait chéri par ses trois femmes bien-aimées : sa petite amie, sa sœur ainée prête à faire n’importe quoi pour lui et sa mère qui gère son planning (rendez-vous médicaux, etc.). Benjamin est un beau et grand jeune homme. Il a l’air en bonne santé et, à le voir, il est impossible de deviner qu’il souffre d’une pathologie cardiaque. De plus, il s’exprime bien et est élégant. Quand on l’entend parler, on ne peut pas imaginer qu’il ne sait pas écrire correctement et qu’il a un bas niveau d’éducation. Voici ses contre-indications médicales: - il doit éviter les positions « assis » et « debout » (il doit alterner) et les mouvements de bras répétés - il a l’interdiction de port de charges. Travail préliminaire : Dites quels sont les principaux points qui retiennent votre attention dans le profil de Benjamin.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas

1/

Quelles sont les motivations de Benjamin?

2/

Pensez-vous qu’il est dans une situation permettant aisément l’élaboration d’un projet professionnel cohérent? Motivez votre réponse.

3/

Que pensez-vous de l’écart existant entre son apparence physique et son handicap ? De l’écart existant entre son apparente aisance (bonne allure, expression orale aisée, bon relationnel) et son bas niveau d’éducation (notamment en expression écrite)? Quels éléments ces écarts fournissent-ils par rapport à son employabilité ?

II – Questions d’ordre général 1/

Quels sont selon vous les aspects délicats à gérer lorsque le handicap est invisible?

2/

Pensez-vous que le jeune âge du bénéficiaire peut suppose un mode d’accompagnement particulier?

3/

Comment procédez-vous lorsqu’un bénéficiaire est attiré par un secteur d’activité sans toutefois avoir d’idée précise de métier ?

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Boryana Thèmes abordés: Gestion du temps, Accompagnement à la recherche d’emploi Boryana a 28 ans et est atteinte d’un handicap visuel congénital. Elle a un frère ainé qui n’est pas handicapé et, en raison de sa déficience, ses parents se sont beaucoup plus occupés d’elle, ce qui a entraîné des tensions au sein de la famille. Son frère s’est senti ignoré et s’est montré jaloux. T o u t e f o i s , g r â c e à l ’ a i d e d’un psychologue, le frère de Boryana a surmonté ses émotions. Boryana a étudié dans une école spécialisée pour enfants atteints d’un handicap visuel située dans sa ville natale. Puis, avec le soutien de sa famille et de ses amis, Boryana a réussi à s’installer dans la ville voisine pour y suivre les cours de l’université de sciences humaines. Elle y a obtenu un diplôme de Psychologue (niveau 1 du CEC). Elle a ensuite travaillé au planning familial. Son succès dans les études supérieures en plus des nombreux efforts fournis, a reposé sur le recours à des technologies et des adaptations particulières réservées aux personnes atteintes d’un handicap visuel tant à la bibliothèque que dans les salles de cours de l’université. Boryana a une vie sociale bien remplie. Elle aime jouer aux échecs et a participé à différents tournois et compétitions. Elle en a remporté beaucoup. Au début, il lui était très difficile d’apprendre et de se souvenir des règles et de certains aspects du jeu, notamment de la position de chaque pièce. Mais elle était motivée et avait envie de surpasser les difficultés. C’est peu à peu devenu pour elle un vrai plaisir de jouer et de participer à des concours. Boryana a décidé de travailler dans l’aide aux personnes touchées par le handicap et à leur famille. Ses valeurs sont l’indépendance et le dévouement. Tandis qu’elle était encore à l’université, elle a participé à plusieurs projets européens concernant les personnes handicapées et développés par des ONG. Pendant la mise-en-œuvre du premier projet auquel Boryana a collaboré, elle a pris contact avec une structure axée sur l’insertion professionnelle de travailleurs handicapés. Elle s’est montrée très motivée pour aider d’autres personnes handicapées mais doutait de ses compétences en la matière et voulait choisir une formation professionnelle complémentaire. Une conseillère l’a accompagnée dans sa réflexion pendant plusieurs semaines et elle a finalement choisi une formation en médiation. Elle travaille aujourd’hui comme Conseillère-médiatrice auprès des familles de personnes handicapées dans un centre social. Travail préliminaire : Que pensez-vous du parcours de Boryana tel que décrit ci-dessus ? 42


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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Quelle a été l’impact du soutien psychologique dont a bénéficié le frère de Boryana ?

2/

Précisez les forces et faiblesses du profil de Boryana. Argumentez.

3/

Selon vous, le fait que Boryana soit elle-même handicapée est-il un atout ou un obstacle dans son emploi de « Conseillère-médiatrice » aux familles de personnes handicapées?

II – Questions d’ordre général 1/

Quelle est l’importance des loisirs et passions des personnes handicapées dans le développement de leur vie sociale et la réussite de leur insertion professionnelle ?

2/

Pouvez-vous référencer différentes institutions venant en aide aux personnes handicapées désireuses de réfléchir à leur orientation ou reconversion professionnelle ?

3/

En tant que conseiller, comment évaluez-vous l’importance de la participation des personnes handicapées aux projets européens menés dans le but de favoriser leur insertion professionnelle ?

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Carmela Thèmes abordés : Suivi en entreprise Carmela a 29 ans et est trisomique. C’est la plus jeune d'une grande famille: elle a six frères et cinq sœurs. Toute sa famille l'aime beaucoup, s'occupe d'elle et surveille sa conduite. Elle est considérée comme « l’Ange de la maison ». Elle a suivi une formation d’agent d’administratif et a ensuite effectué un perfectionnement en bureautique, média sociaux et gestion du temps. Elle est très jolie et avenante mais son comportement est à de nombreux égards celui d’une enfant. Sa candidature a été sélectionnée par une structure locale recrutant dix employés administratifs pour un CDD d’un an (non renouvelable). En effet, sa formation et le fait qu’elle soit très soutenue par sa famille ont été des éléments déterminants. Si l’embauche s’est passée sans difficultés, les problèmes ont commencé dès les premiers jours de travail : alors que lors des entretiens avec le conseiller puis l’employeur, Carmela avait eu un comportement adapté aux situations, une fois sur son lieu de travail elle s’est présentée comme une petite fille qui attend d’être protégée. Son attente a été couronnée de succès car ses collègues l’ont prise sous leur aile, n’exigeant pas d’elle qu’elle assume les tâches qui lui incombaient. Par ailleurs, sa famille, soucieuse de son démarrage dans la vie professionnelle s’est rendue dans l’entreprise pour voir ses conditions de travail et rencontrer ses collègues, vantant les qualités de Carmela, son heureux caractère, etc. Certains de ses frères et sœurs lui ont envoyé des messages via l’application WhatsApp afin de la motiver et Carmela s’est amusée à en lire les textes à ses collègues. Son conseiller a très vite compris qu’il lui fallait intervenir pour endiguer le flot de toutes ces manifestations intempestives. Il a décidé d’agir selon les axes suivants : - Donner des directives précises à Carmela - Prendre des mesures avec sa famille - Intervenir auprès de ses collègues Il a interdit à Carmela d’utiliser son téléphone portable pendant les pauses café de façon à ce qu’elle reste concentrée avec ses collègues sur ce qui se passait dans l’entreprise. Il l’a également sensibilisée à la notion de responsabilité et lui a expliqué qu’elle devait en la circonstance être aussi sérieuse qu’elle l’avait été pendant la formation. Il a strictement interdit à la famille tout contact avec les collègues ou les supérieurs de Carmela pendant la journée, sauf en cas d'urgence. S'ils avaient un problème, ils devaient d’abord s’adresser au conseiller. En ce qui concerne les collègues de Carmela, il leur a demandé de la traiter comme une employée ordinaire, comme une collègue. S'ils rencontraient des difficultés, il était là pour essayer de les résoudre. Ils devaient éviter les conversations sur des sujets personnels, comme lui parler de ses amis 45


ou de ses frères et sœurs, au moins jusqu'à ce qu’elle soit bien intégrée sur le lieu de travail. La fermeté du conseiller a eu un réel impact et ses demandes ont été respectées. A partir de ce moment-là, l’intégration de Carmela s’est réalisée sans réels heurts ni difficultés et elle a rapidement su trouver sa place dans son milieu professionnel. Elle est restée dans le même service jusqu’à la fin du contrat, ce qui lui a permis d’acquérir une bonne expérience du métier. A l’issue de celle-ci, Carmela a décidé de passer les épreuves de sélection nécessaires pour être recrutée comme agent administratif dans une structure dépendant de l’état et ayant des postes réservés aux personnes handicapées. Il est intéressant de noter que le CDD de 12 mois va être pris en compte et lui apporter des points supplémentaires pour le recrutement.

Travail préliminaire: Analysez le rôle du conseiller face aux difficultés ayant émergé dans l’entreprise dès la prise de fonctions de Carmela.

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QUESTIONS

I - Questions spécifiques au cas 1/

Considérez-vous que sans l'intervention rapide du conseiller et avec un peu de patience, la situation aurait pu se résoudre d'elle-même ?

2/

Pourriez-vous imaginer un autre mode d’intervention dans le cas de Carmela ?

3/

Pensez-vous qu’en agissant comme il l’a fait, le conseiller a fait confiance à Carmela ? Argumentez votre réponse.

II – Questions d’ordre général 1/

Pensez-vous que le rôle du conseiller lors du suivi en entreprise a des limites ? Argumentez votre réponse.

2/

Quelle est, selon vous l’importance de la première expérience professionnelle ?

3/

Selon vous, l’insertion professionnelle est-elle nécessairement basée sur des compétences ?

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Daniel Thèmes abordés: Droits des personnes reconnues handicapées, Accompagnement à la recherche d’emploi, Travail en équipe Daniel a 25 ans. Peu après sa naissance, les médecins lui ont diagnostiqué une paralysie cérébrale. Ils ont expliqué aux parents que Daniel aurait besoin d’une rééducation rigoureuse et c’est ainsi qu’à partir de l’âge de 5 ans, Daniel fréquenta assidument le centre de rééducation de sa ville natale. Pour ce qui est de sa scolarité, les choses furent assez compliquées dans la mesure où le jardin d’enfants ne l’accepta pas en raison de son handicap et lorsque sa mère repris son travail (il avait alors 3 ans), Daniel fut confié à ses grands-parents. A l’âge de 6 ans, à l’âge où les autres enfants entre à l’école primaire, il fut obligé d’aller dans un centre de jour spécialisé. En effet, bien qu’il sache lire, personne ne pouvait imaginer qu’il serait capable de fréquenter une école ordinaire. L’année suivante, cependant, il fut admis dans une école élémentaire, mais seulement au début de l’été pour faire des devoirs de vacances. Puis les parents firent appel à des enseignants qui prirent l’habitude de lui rendre visite chez lui deux fois par semaine. Ils lui apprenaient à écrire. Au début, il ne pouvait pas tenir son stylo, il le fixait avec des liens. Il lui a fallu faire beaucoup d’efforts pour maîtriser l’écriture. Il progressa régulièrement dans tous les domaines au cours des années qui suivirent et fut en mesure d’entrer au collège puis au lycée. Là encore, il dut redoubler d’efforts et travailla beaucoup, accompagné par un professeur qui lui donnait des cours particuliers. Ses parents étaient très attentifs à ses progrès et ils mirent tout en œuvre pour l’aider tout en le responsabilisant. En classe de 1ère, il intégra une classe spécialisée en technologie de l’information. C’était son rêve. A ce moment-là, il n’avait plus de cours particulier ni de professeur pour l’assister dans ses difficultés d’écriture, aussi fut-il autorisé à utiliser un ordinateur pour ses rédactions en littérature et en langue vivante. Il réussit son année et passa en terminale. Lorsque le temps des examens arriva, le principal du lycée informa les instances éducatives des problèmes de Daniel et demanda à ce qu’il ait accès à une version électronique des épreuves. Il obtint gain de cause et, en dépit de tous les obstacles rencontrés, Daniel réussit son examen et décrocha le baccalauréat dans la filière qu’il avait choisie. Son succès lui donna confiance en lui et il se fit beaucoup de bons amis. Souvent, ils sortaient tous ensemble et parlaient d’informatique et d’Internet. L’un des enseignants de Daniel, soucieux de son avenir, prit contact avec un conseiller d’orientation pour qu’il l’aide à préciser ses choix professionnels. Au bout de plusieurs rencontres le conseiller, ayant pris la mesure de l’ambition et de l’intérêt de Daniel 48


pour les nouvelles technologies, l’incita à poursuivre des études universitaires. Aujourd’hui, Daniel est étudiant à l’université mais il continue à être confronté à toutes sortes de problèmes (ex : accessibilité - la bibliothèque bénéficie d’une rampe mais le bâtiment est sur deux étages et il n’y a pas d’ascenseur …).

Daniel ayant émis le souhait de travailler à temps partiel, obtint le concours du conseiller qui se démena pour lui décrocher un contrat en entreprise mais ses démarches n’aboutirent pas. Le conseiller eut alors l’idée d’aller voir du côté des clubs internet. Aujourd’hui, Daniel travaille dans un club Internet durant les vacances d’été et il dit que son rêve est devenu réalité en dépit de son handicap. Il est toujours aidé par le conseiller et doit reprendre les cours de seconde année de faculté à la rentrée. Il espère trouver un bon emploi en tant qu’Expert en informatique après ses études. Travail préliminaire: Quels sont les aspects de ce cas qui retiennent particulièrement votre attention ? Argumentez votre réponse.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Que pensez-vous du parcours de Daniel ? Quels sont ses atouts pour trouver l’emploi dont il rêve ?

2/

Comment évaluez-vous le réseau de soutien dont Daniel a bénéficié ?

3/

Quelles démarches lui proposeriez-vous de faire pour trouver un emploi correspondant à ses desiderata à sa sortie de l’université ?

I I - Questions d’ordre général 1/

Diriez-vous que, dans votre pays, la plupart des entreprises sont accessibles aux personnes handicapées ? Connaissez-vous les lois en la matière ?

2/

Conseilleriez-vous à une personne handicapée se déplaçant en fauteuil roulant de travailler de chez elle ? Pourquoi ?

3/

Connaissez-vous les aides existant dans votre pays pour faciliter les études des personnes confrontées aux mêmes types de handicap que Daniel ?

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Denise Thème abordé: Travail en équipe Denise a 23 ans. Elle est née avec une paralysie cérébrale, un léger retard mental et une parésie du côté droit. Elle a intégré le centre pour enfants handicapés à l’âge de 8 ans où, en plus des soins quotidiens qui lui ont été prodigués, elle a pu préparer un diplôme en externe. Elle a reçu un enseignement dispensé par les professeurs d’un pensionnat. Elle est ensuite entrée en primaire dans une classe d’intégration. Elle a changé deux fois d’école jusqu’à l’obtention de son Certificat d’Etudes Primaires. Elle a continué par une formation en cuisine. Les difficultés rencontrées par Denise pendant son parcours scolaire ont essentiellement été dues à son bas niveau d’élocution, celui-ci ayant entraîné des problèmes de communication, ainsi qu’à son faible sens de l’orientation qui lui a rendu extrêmement compliqué le moindre déplacement en environnement urbain. Tout cela a eu pour conséquence une socialisation limitée. Au cours de sa petite enfance, un membre de sa famille a été engagé pour l’aider à dépasser ces difficultés. Selon leur activité professionnelle et leur temps de loisirs, tous les membres de sa famille se sont impliqués pour l’aider dans sa vie quotidienne. De plus, la famille s’est appuyée sur des professionnels. Denise a été suivie dans un centre de réhabilitation et d’intégration où elle a travaillé avec un psychologue, un orthophoniste, un ergothérapeute et un travailleur social. Plus tard, elle a bénéficié de l’aide d’un professeur de soutien qui s’est substitué en partie à un membre de la famille. Dans son environnement scolaire, grâce aux efforts conjoints de sa famille, des professionnels de santé et, enfin, mais non les moindres, des professeurs, Denise est parvenue à améliorer son élocution et à dépasser une certaine rigidité de pensée. Le point sur lequel elle n’a pas réussi à progresser pendant sa formation concerne la gestion du temps nécessaire à la préparation des leçons ; pour cela, elle a toujours eu besoin d’être aidée par un professeur de soutien ou par un membre de sa famille. D’un autre côté, ses difficultés ont entraîné un manque de vie sociale et elle ne s’est pas fait d’amis. La première fois Denise a rencontré son conseiller Emploi, c’est lorsqu’elle a dû choisir où poursuivre sa formation. Le conseiller a eu besoin de beaucoup de temps pour gagner sa confiance et pour déceler quelle était la meilleure voie professionnelle adaptée à son profil. Le choix d’une orientation liée au secteur culinaire s’est avéré être le bon. En dépit de ses problèmes de santé, Denise a obtenu un diplôme de niveau 5 (CEC) à l’âge de 22 ans. Les membres de sa famille ont beaucoup communiqué ave c son conseiller et fait de leur mieux pour l’aider à lui trouver un emploi qui lui convienne. Ils sont tombés d’accord avec lui sur le fait que la meilleure chance pour Denise résidait dans la possibilité d’intégrer le restaurant familial ouvert récemment. 51


Denise a commencé à travailler en tant qu’« Aide de cuisine » dans ce petit restaurant familial avec le soutien d’un tuteur qui lui a apporté toute l’aide nécessaire. Aujourd’hui, elle y est en CDI et se montre très fière d’avoir réussi son insertion professionnelle. Le conseiller visite encore régulièrement cet établissement pour rencontrer Denise et s’entretenir avec celui qui est devenu son « tuteur permanent attitré ». Celui-ci ne tarit pas d’éloges à son propos : « Elle est disciplinée dans son travail. Elle respecte les règles et les interdits et est à l’aise dans ce qu’elle fait». De plus en plus confiante et relativement autonome, Denise se montre satisfaite des résultats obtenus après d’énormes efforts pour prendre sa vie en mains. La mère de Denise estime que la réalisation professionnelle de personnes handicapées demande de gros efforts de la part des personnes handicapées elles-mêmes ainsi que d’une large frange d’intervenants – les membres de la famille, les professionnels des centres de formation et les législateurs. Quand toutes ces personnes œuvrent dans la même direction, les choses tournent bien, à la fois pour la personne handicapée et pour la société.

Travail préliminaire: Quels sont les aides et les supports dont a bénéficié Denise au cours de son parcours d’insertion ?

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QUESTIONS

I – Questions sur le cas 1/

Pensez-vous que, d’une façon générale, le comportement des proches et de la famille de la personne accompagnée est déterminant dans la réussite des démarches d’insertion.

2/

Trouvez-vous judicieux que Denise ait été confiée à un tuteur alors qu’elle commençait à travailler dans un restaurant familial, c’est-à-dire un lieu a priori rassurant où elle allait être entourée de ses proches ?

3/

Trouvez-vous normal que le conseiller continue à visiter l’entreprise alors que Denise est maintenant confirmée dans on poste et en CDI ?

II – Questions d ’ordre général 1/

Quels efforts conjoints sont-ils nécessaires pour l’insertion professionnelle de personnes handicapées?

2/

Pensez-vous que la société trouve un intérêt à l’insertion professionnelle de personnes handicapées ?

3/

Présentez les difficultés rencontrées par un conseiller confronté aux nombreux membres d’une même famille désireux d’aider un proche à réussir son insertion professionnelle ?

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Diane Thèmes abordés : Analyse de la demande, Connaissances diverses/Connaissances du marché du travail, Démarche créative, Accompagnement à la recherche d’emploi Diane a 24 ans et des difficultés d’apprentissage ainsi qu’un coefficient intellectuel assez bas. Elle a obtenu un diplôme de niveau 5 ( C E C ) de l’école hôtelière avec la spécialisation de « Barmaid ». Elle est vive, charmante et est habituée aux travaux pénibles. Elle a perdu ses parents quand elle était enfant et a été élevée par son oncle, un homme pragmatique. Etabli comme fermier à son compte depuis de nombreuses années, il leur assure une vie décente. Depuis l’enfance, Diane a toujours aidé son oncle à tenir sa maison et la ferme. L’oncle, de son côté, a toujours poussé Diane à faire des études même s’ils vivaient à plusieurs kilomètres du plus proche centre de formation. Il pensait qu’elle pourrait trouver un emploi de serveuse malgré ses difficultés. Pendant ses études, elle se levait très tôt pour attraper le train pour la ville la plus proche. Il lui fallait ensuite prendre un bus pour se rendre de la gare à l’école. Elle a dû faire beaucoup d’efforts pour étudier mais, du fait de ses difficultés, n’était pas à l’aise et avait toujours l’impression de rater quelque chose et de ne pas comprendre les explications des professeurs. Après sa formation, elle a cherché du travail seule et s’est montrée prête à saisir toute opportunité. Elle s’est également inscrite à l'Agence pour l'emploi mais n’a rien trouver correspondant à son domaine de compétences. Diane a envoyé des CV à de nombreuses entreprises telles que des cafés, restaurants, entreprises de nettoyage jusqu’à ce qu’elle finisse par se faire embaucher par l’une de ces dernières. Elle y a travaillé quelques mois puis a été licenciée parce qu’elle était trop lente. Diane pense que si on lui avait laissé plus de temps pour prendre le rythme, elle serait arrivée au même niveau d’exécution que ses collègues. Quoiqu’il en soit, l’entreprise ignorait tout de ses difficultés et il l u i paraissait étrange qu’elle soit si lente. Par la suite, elle a été embauchée comme Serveuse dans une pizzeria. Elle a eu besoin de temps pour se familiariser avec le travail et l’environnement. Les patrons ont été plus patients car elle n’avait pas de contrat permanent et était rarement payée pour toutes les heures qu’elle faisait. En conséquence de quoi (conditions économiques précaires et injustes), elle a démissionné et a cherché un autre emploi.

Depuis, elle a trouvé d’autres emplois mais s’est à chaque fois trouvée confrontée à la lenteur due à son 54


déficit d’apprentissage. Elle a maintenant perdu toute motivation et craint de se retrouver à nouveau en situation d’échec.

Travail préliminaire: Comment accompagner la bénéficiaire à développer ses capacités d’adaptation lors de sa prise de fonctions en entreprise ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Pensez-vous que Diane aurait plus de chance de réussir son intégration si elle prévenait dès le début l’employeur de ses difficultés d’apprentissage ? Argumentez votre réponse.

2/

Comment le conseiller Emploi peut-il accompagner Diane lors de son démarrage dans un nouvel emploi?

3/

Quelle information pouvons-nous déduire du profil de Diane d’après sa première orientation?

II – Questions d’ordre général 1/

Comment pensez-vous qu’un conseiller puisse accompagner vers l’emploi une personne ayant perdu confiance en ses compétences et possibilités ?

2/

Avez-vous déjà été confronté(e) à ce genre de situation? Si oui, comment vous y êtes-vous pris ?

3/

Comment vous y prenez vous pour aider un bénéficiaire à découvrir de nouveaux secteurs d’activité en vue d’une reconversion professionnelle ?

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Elena Thèmes abordés: Droit des personnes handicapées, Communication. Elena a 45 ans. Divorcée depuis un an et demi, elle a deux enfants à charge. Elle n’a pas de famille à proximité, excepté du côté de son ex-mari. Malvoyante, elle souffre de rétinite pigmentaire, maladie dégénérative de la rétine diagnostiquée à la naissance. Les aspects cliniques de cette maladie montrent lors des tests d'acuité une diminution lente et progressive de l’espace visuel. Les tests mettent également en évidence une baisse des niveaux de clarté Jusqu’à l’âge de 6 ans, elle a pu voir assez nettement et n’a pas eu besoin d’aide à l’école. Puis, peu à peu, ses difficultés visuelles se sont accrues et ont eu davantage d’impact sur sa vie. Elena et sa famille n’ont pas accepté la maladie et n’ont jamais mentionné ses difficultés à l’école ni demandé d’aide. De ce fait, les professeurs pensaient qu’elle était paresseuse et qu’elle n’étudiait pas lorsque, au cours de contrôles, elle ne répondait pas à toutes les questions. En réalité, il arrivait que le soleil donnant sur son bureau l’empêche de lire correctement sa feuille. Ainsi, elle ne pouvait pas comprendre tout ce qui était écrit. A l’âge de 19 ans, elle a décidé de changer de région pour raisons économiques (elle ne trouvait pas de travail dans sa ville). Il y a 5 ans (elle avait alors 40 ans), sa maladie est devenue plus contraignante. Elle ne pouvait plus effectuer certaines tâches, celles-ci devenant plus risquées du fait de ses capacités visuelles limitées. Elle a 1/20ème de l’œil gauche et 1/10ème de l’œil droit. Sa vision est devenue moindre la nuit ou avec un faible éclairage, et elle a perdu la vision périphérique, ce qui lui cause une « vision de tunnel ». Au début de sa vie professionnelle et pendant une dizaine d’années, Elena s’est débrouillée pour occuper différents postes en tant que vendeuse et employée de maison. Les cinq années suivantes, elle a travaillé comme Aide de cuisine dans un restaurant, puis au cours des cinq années suivantes sur le même type de poste au sein d’un hôtel. Cependant, elle a finalement dû démissionner à cause de sa pathologie, son employeur ne désirant pas la reclasser sur un autre poste.

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Elle est actuellement en recherche d’emploi, Sa situation économique est très difficile et, comme elle n’a pas de diplôme, elle aurait besoin de suivre une formation professionnelle pour effectuer une reconversion professionnelle. Elena n’a aucun contact avec des institutions spécialisées dans le handicap visuel et elle n’est pas reconnue comme malvoyante. Elle ne bénéficie par conséquent d’aucune des aides qui pourraient lui être allouées si c’était le cas. Elle ne connaît rien non plus à la législation en faveur des personnes handicapées. C’est pourquoi elle a pris contact avec un conseiller Emploi : elle souhaite obtenir des informations et un soutien afin d’être en mesure de retravailler

Travail préliminaire: Les problèmes de santé alliés aux contre-indications médicales limitent de façon significative les opportunités d’emploi se présentant à Elena. Trouver un métier compatible avec les recommandations du médecin et ses capacités constitue un défi pour le conseiller Emploi. Quelle est sa marge de manœuvre ? Développez.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Que suggèreriez-vous à Elena en priorité pour débloquer la situation?

2/

Pensez-vous qu’il est important que le conseiller Emploi comprenne les difficultés spécifiquement liées à sa maladie pour accompagner Elena dans l’élaboration de son projet professionnel? Pourquoi ?

3/

A votre avis, en prenant en compte ses difficultés visuelles, quel(s) type(s) de fonctions Elena pourrait-elle occuper ?

II – Questions d’ordre général 1/

Où pouvez-vous obtenir des informations spécifiques pour aider des personnes reconnues handicapées malvoyantes à rechercher un emploi ?

2/

Pouvez-vous établir la liste exhaustive des différents types d’allocations existant dans votre pays pour les personnes reconnues handicapées?

3/

Savez-vous s’il existe dans votre pays des aides et/ou avantages offerts aux entreprises recrutant des personnes reconnues handicapées?

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Elise Thèmes abordés: Gestion du temps, Pensée critique, Démarche créative, Travail en équipe, Communication Elise a 41 ans. Elle a étudié la Comptabilité (niveau 5) dans sa ville natale mais n’a pas obtenu le diplôme. A l’âge de 21 ans, elle s’est installée à la campagne. Pendant trois ans, elle a vécu du ramassage de fraises et de pommes en tant qu’employée saisonnière. Après cette expérience dans le secteur agricole, Elise est revenue en ville avec le désir d’étudier la gestion de produits financiers. Pour ce faire, elle a repris le chemin de l’école mais n’a pas terminé le cursus. Désireuse de reprendre la vie active, elle a trouvé un emploi d’assistante de bibliothèque dans un lycée. Il s’agissait d’un contrat aidé de deux ans sans possibilité de transformation en contrat à durée indéterminée. A l’issue de cette période, elle a pendant quelques mois distribué des prospectus puis s’est inscrite dans une agence de travail temporaire où elle a effectué quelques missions de secrétaire, sans conviction. Elle s’est ensuite orientée vers le secteur de la distribution où elle a travaillé de façon ponctuelle comme Animatrice commerciale. Puis, tandis qu’elle travaillait en supermarché, Elise a envisagé de devenir infirmière : elle connaissait bien le milieu médical car sa mère était aide-soignante. Ne pouvant s’inscrire directement pour préparer le concours d’entrée faute d’un niveau de formation suffisant, elle a suivi pendant un an des cours par correspondance. Elle a cependant échoué aux examens et s’est vue contrainte de revoir son projet. Tout en réfléchissant à l’orientation à prendre, Elise a repris des missions d’animation commerciale dans la distribution à temps partiel et a complété celui-ci par des vacations en tant qu’animatrice en centre de loisirs pour enfants le mercredi. Cependant, tout ceci s’arrêta lorsqu’elle tomba malade à l’âge de 29 ans. Elle présentait de nombreux symptômes cliniques qui occasionnèrent de nombreuses et de longues analyses médicales. Différentes pathologies furent diagnostiquées et les quatre années suivantes furent exclusivement consacrées aux traitements médicaux. Elle avait à la fois des problèmes neurologiques et gastro-entérologiques. Quand elle se sentit mieux, Elise chercha un emploi et fit des remplacements en écoles primaires comme surveillante. Il s’agissait de postes à plein temps et Elise devait souvent s’absenter pour raisons de santé. Elle fut finalement licenciée. A partir de ce moment, elle reprit ses fonctions d’animatrice dans la distribution, fonctions qu’elle exerce encore ponctuellement à ce jour. En parallèle à cette activité commerciale, Elise commença à écrire des poèmes (un recueil de ceux-ci fut d’ailleurs publié) et à fréquenter le milieu artistique. Elle rencontra des musiciens et des chanteurs et 60


compte à présent de nombreux amis parmi eux. Certains de ceux-ci lui demandent régulièrement de leur écrire des textes et elle dit qu’elle le fera certainement un jour. L’année dernière, Elise s’est plu à imaginer de devenir manager d’artistes. Elle a cherché une formation préparant à ce métier et a trouvé un module correspondant à son projet. Quand elle se tourna vers sa conseillère au service Handicap afin d’obtenir le financement de ce module, celle-ci l’orienta vers notre association afin que nous l’aidions à valider son projet. La prestation d’accompagnement commença par une séance collective au cours de laquelle Elise eut un malaise. Appelé en urgence, les pompiers l’emmenèrent à l’hôpital où elle resta quelques heures pour y subir divers examens. Tout le monde dans le groupe pensait qu’elle avait eu une crise d’épilepsie. Quand elle revint, une semaine plus tard, elle expliqua que le médecin l’avait autorisée à reprendre la prestation et nous remit le certificat établi par celui-ci dans ce sens. Elle nous apprit également qu’elle ne faisait pas de crises d’épilepsie : c’était « seulement » une maladie neurologique ayant les apparences de l’épilepsie. Il faut reconnaître que les signes extérieurs et la perte de contrôle étaient similaires à ceux de cette maladie. Tous les participants du groupe s’inquiétèrent quand Elise dit qu’elle avait l’habitude de conduire et que, de temps en temps, elle gardait les enfants de ses voisins. Elle rétorqua qu’elle pouvait gérer ses crises car elle les sentait venir. L’ensemble des exercices et travaux de réflexion proposés au groupe confortèrent Elise dans son projet de devenir Manager d’artistes. Etant donné qu’un stage en entreprise dans ce domaine n’était pas vraiment possible, il fut décidé qu’Elise effectuerait une enquête métier auprès de Managers d’artistes en activité. Trois semaines après le commencement de l’accompagnement, Elise eut une autre crise et fut de nouveau conduite en urgence à l’hôpital où elle resta également quelques heures pour tests et examens. Comme la fois précédente, elle revint plusieurs jours plus tard avec l’accord écrit du médecin stipulant qu’elle pouvait reprendre le cours le la prestation. Elise fréquenta notre centre pendant deux mois et demie avec des absences répétées pour raisons de santé. Chaque fois, elle revenait avec un certificat médical l’autorisant à poursuivre ses démarches. Lorsque notre équipe de conseillers insista auprès d’Elise pour qu’elle donne la priorité à sa santé et revienne plus tard en meilleure forme, elle clama que tout allait bien et qu’elle voulait absolument faire l’enquête métier pour valider son projet.

Effectivement, elle se débrouilla pour la réaliser et parvint à recueillir des informations très intéressantes qui la confirmèrent dans son choix. Deux semaines avant la fin de la prestation, Elise nous annonça qu’elle devait mettre un terme à l’accompagnement car elle devait être opérée six jours plus tard. Elle ne nous donna pas davantage d’explications mais ajouta qu’elle avait été heureuse de participer à la session et d’avoir pu valider son projet. 61


Pour information, voici les contre-indications médicales mentionnées dans sa fiche de liaison nous ayant été transmises avant le démarrage de la prestation: - doit éviter la position accroupie, la marche prolongée, les escaliers, le port de charges, le travail en milieu bruyant et le travail prolongé sur écran. - doit privilégier un temps partiel.

Travail préliminaire : Exprimez vos premières impressions sur ce cas. Quels sont selon vous les points forts et les faiblesses d’Elise à prendre en compte pour l’aider à réussir son insertion professionnelle ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Pensez-vous que le projet d’Elise consistant à devenir manager d’artistes est en adéquation avec ses contre-indications médicales? Pourquoi ?

2/

Elise a tendance à minimiser ses problèmes de santé. Pensez-vous qu’il faudrait l’amener à en prendre davantage conscience ? Si non, pourquoi ? Si oui, comment?

3/

Elise a eu deux malaises au cours des séances de groupe, il y a par conséquent eu de nombreux témoins. Avez-vous déjà vécu une telle situation ? Dans l’affirmative, avez-vous ressenti le besoin d’échanger à ce propos avec les témoins ? Les témoins ont-ils manifesté le besoin d’en discuter ? Dans la négative, pensez-vous que vous seriez à même de gérer ce type d’incident ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Comment réagissez-vous face à une personne ayant un projet atypique, original?

2/

Comment faites-vous pour valider un projet quand il n’est pas possible de mettre en place un stage significatif?

3/

Que faites-vous lorsqu’une personne handicapée est manifestement dans le déni au sujet de ses problèmes de santé?

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Emma Thèmes abordés: Pensée critique, Démarche créative, Communication Emma est âgée de 23 ans et vit à en banlieue avec ses parents dans une maison isolée. Sa mère est femme au foyer. Elle s’occupe d’Emma et de son intérieur qui est très bien tenu. Son père se consacre essentiellement à sa vie professionnelle, même s’il s’occupe aussi d’Emma quand c’est nécessaire. De par son métier, il connaît bien la législation relative aux aides concernant les personnes reconnues handicapées. De ce fait, il a toujours été bien placé pour lui procurer tout ce dont elle pouvait avoir besoin en termes de santé, de services sociaux, d’aides économiques et de formations. Il est également en contact avec un certain nombre d’institutions spécialisées. Ils habitent avec leur chien dans une jolie maison spacieuse avec piscine entourée d’un jardin. Emma est née avec une triplégie spastique et un déficit visuel qui n’est que partiellement corrigé par des lentilles de contact. Elle a des difficultés de communication à l’oral comme à l’écrit. Son problème est apparu dès l’accouchement et, durant ses premiers mois, elle a été suivie par une équipe pluridisciplinaire d’experts qui ont œuvré à maximiser son développement. C’est grâce à cela qu’Emma a pu tirer le meilleur parti de ses capacités. Elle a fréquenté un jardin d’enfants au nord du pays puis est revenue dans sa région natale à partir de l’école primaire. Elle a expliqué à son conseiller Emploi qu’elle n’avait pas de bons souvenirs d’école. A cette époque, elle ne savait pas entrer en contact avec les autres enfants : elle y parvenait uniquement à l’aide d’un classeur dont elle utilisait les images pour communiquer. Au cours de sa quatrième année d’école primaire, grâce à l’aide d’une orthophoniste et à son désir de réussir, elle a pu apprendre à communiquer. A présent, elle est capable de le faire oralement au moyen de syllabes et de petits phonèmes, sinon elle peut utiliser la langue des signes. Elle sait lire et peut avec difficultés écrire avec un stylo, même si elle utilise le plus souvent un ordinateur. Elle a acquis une autonomie partielle car elle dispose d’un fauteuil roulant électrique. Emma a obtenu un diplôme de sciences sociales de niveau 3 (CEC) en suivant un programme restreint. Elle préfère les sciences humaines aux matières scientifiques qui lui sont moins accessibles puisqu’elles demandent un haut niveau de logique. Sur le plan social, elle est quasiment seule. Elle sort souvent avec ses parents ou ses deux seuls amis qu’elle ne peut rencontrer que sous la surveillance de ses parents. Pendant ses études, elle n’a pas su entrer en contact avec les professeurs et les autres étudiants. Elle n’a pas bénéficié d’un environnement bienveillant. Soit on la tolérait, soit elle était en proie à l’indifférence, c’est pourquoi elle n’a pas pu établir de relations amicales avec ses camarades. Dans le passé, elle peignait dans le cadre de ses loisirs et a obtenu un prix national. Le travail du conseiller Emploi avec Emma a commencé par des entretiens individuels à raison de deux fois par semaine pendant cinq mois. Après une période de méfiance de la part d’Emma, le conseiller a essayé de créer un lien plus étroit avec elle. 64


En recourant à la langue des signes, il a pu en apprendre davantage sur sa vie, sa famille, son contexte familial, ses compétences et qualités, ses désirs, son attitude envers le travail et ses rêves d’avenir. Il a ainsi appris qu’Emma voulait devenir peintre. Elle a effectué un stage de six mois en entreprise. Elle était responsable du courrier électronique, des commandes et devait assurer diverses autres tâches administratives. A l’issue du stage, elle était très enthousiaste et voulait commencer à suivre des cours d’informatique car elle adorait cela. A présent, elle aimerait décrocher un emploi mais craint d’être refusée du fait de son handicap. Cette peur l’amène à prendre moins d’initiatives qu’il ne le faudrait. Ses parents tentent de la stimuler et participent souvent à nos entretiens.

Travail préliminaire: Présentez les principaux aspects retenant votre attention dans le profil d’Emma.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment le conseiller peut-il aider Emma à prendre davantage confiance en elle ? Argumentez votre réponse.

2/

Que pensez-vous des motivations d’Emma?

3)

Pensez-vous que le conseiller est en mesure d’aider Emma à élargir son horizon professionnel ? Son horizon social ?

II – Questions d’ordre général 1/

Quels sont les points particulièrement délicats à gérer quand le handicap est aussi important ?

2/

Avez-vous été, ne serait-ce qu’une fois, confronté(e) à un cas similaire? Si oui, comment avez-vous géré la situation ? Sinon, comment vous y prendriez-vous ?

3/

Comment les parents pourraient-ils aider le conseiller Emploi dans son accompagnement?

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Eve Thèmes abordés: Analyse de la demande, Gestion du temps, Connaissances du marché du travail, Pensée critique, Démarche créative, Communication Eve, 25 ans, vit chez ses parents. Elle est handicapée (difformité posturale congénitale: scoliose) et reçoit une allocation spécifique l’AAH (Allocation Adulte Handicapé). Cette allocation est accordée pour cinq ans, période à l’issue de laquelle le renouvellement doit être demandé et l’état de santé de nouveau évalué. Le Centre d’évaluation des handicapés lui a octroyé un certificat permanent d’incapacité. Enfant, Eve a subi plusieurs opérations chirurgicales et orthopédiques en vue d’améliorer sa mobilité. Elle est indépendante dans ses déplacements mais a des contre-indications médicales. Elle a besoin de soins constants et fait de la rééducation, notamment de l’équithérapie (thérapie par le cheval). Eve participe avec plaisir à ce type de thérapie, cela lui plaît énormément. Elle dit que cette activité a sur elle un effet calmant et relaxant. Il y a deux ans, Eve est sortie diplômée de l’école de gestion en Hôtellerie avec le titre de « Technicienne de Gestion » (niveau 4 du CEC). Elle a également effectué un stage en restauration (réception, service et gestion). Après ce stage, Eve a décidé de poursuivre des études dans un autre domaine. Elle aime la photographie et a souhaité développer ses compétences en la matière. Ainsi, soutenue par sa sœur qui l’a beaucoup encouragée, elle a suivi avec succès une formation hors temps ouvrable dans un collège enseignant les technologies de la photo. Elle a obtenu le titre de « Technicienne Photo » (diplôme de niveau 5 du CEC). Tandis qu’elle suivait les cours du collège le soir, Eve travaillait à l’usine de fixations en tant qu’«Inspectrice Qualité ». Au bout de six mois, son contrat de travail ne fut pas renouvelé du fait d’une restructuration avec réduction du personnel. Au cours des deux années suivantes, Eve se retrouva au chômage. Puis on lui offrit un poste d’agent de maintenance dans un centre de développement professionnel (à temps partiel, un 3/4 temps). Elle aima cet emploi qui lui apporta de nombreuses satisfactions : une indépendance financière, l’opportunité de travailler avec des personnes intéressantes ainsi que la possibilité de recourir aux services du centre. En effet, celui-ci en propose un grand nombre tels que la restauration, l’hébergement, l’organisation d’événements particuliers, la location de chambres, le nettoyage de vêtements ainsi que de la physiothérapie.

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Eve a pris contact avec un centre d’insertion pour solliciter aide et conseils car elle souhaitait trouver un emploi correspondant à ses compétences de technicienne en photographie. Son conseiller Emploi l’a accompagnée dans ses démarches pour se lancer dans ce nouveau métier. Elle a été reçue en entretiens individuels et a participé à des sessions de groupe. Son accompagnement incluait informations, conseils, évaluation des compétences, ainsi que réflexion relative aux goûts et motivations, tout cela de façon à ce qu’Eve soit en mesure de choisir un emploi susceptible de lui convenir ou de se focaliser sur une création d’entreprise. Elle a finalement opté pour cette dernière modalité de travail. Un plan de mise en œuvre du projet de création d’entreprise a alors été établi. Il s’est peu à peu élaboré lors des entretiens avec le conseiller en tenant compte des évaluations psychologiques et médicales. Différentes étapes ont été définies et constituent le « B, A, BA » de la création d’entreprise : - Soutien et conseil aux particuliers désireux de lancer leur propre affaire - Connaissance indispensables à la création d’entreprise - Communication en affaires - Gestion du temps - Demande de financements - Accompagnement sur six mois. Ces différents modules ont pour vocation de préparer le bénéficiaire à la création de son entreprise en le familiarisant avec les aspects économiques, législatifs et financiers, et en lui faisant connaître les structures offrant des services aux entreprises. Le programme comprend également les bases d’une étude de marché, les règles de gestion d’une entité économique, la direction d’entreprise, les règles de négociations, le marketing, la comptabilité ainsi que la présentation des formulaires officiels des impôts, de l’URSSAF et de l’INSEE. Eve a suivi toutes ces étapes et, à l’issue de celles-ci, s’est trouvée entièrement confortée dans son projet : elle voulait démarrer une entreprise proposant une large gamme de services dans le domaine de la photographie et se montrait optimiste et enthousiaste. Malheureusement, du fait de complications médicales imprévues (notamment la nécessité de subir une importante intervention chirurgicale neurologique), tous ses projets ont dû être mis de côté.

En final, la décision de poursuivre ou non dans son projet, dépendra du résultat du traitement d’Eve et de l’avis des médecins concernant sa capacité à retravailler et à persévérer dans la voie choisie. Travail préliminaire: Essayez de définir, au moyen de la description ci-dessus, les étapes nécessaires à l’accompagnement 68


d’un bénéficiaire en cours de réorientation professionnelle.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Que pensez-vous de la coopération entre Eve et le conseiller ?

2/

L’état de santé d’Eve, tel que décrit au début de la description du cas vous paraît-il compatible avec la création d’une entreprise ?

3/

Pensez-vous que malgré son jeune âge, Eve soit capable de relever les défis liés à la gestion de sa propre affaire si, finalement, les médecins la déclarent apte à travailler?

I I – Questions d’ordre général 1/

Pensez-vous que les jeunes de votre pays, qu’ils soient diplômés de lycées professionnels ou d’universités, sont bien préparés à intégrer le monde du travail ?

2/

Quels sont les différents types d’accompagnement pour jeunes entrepreneurs existant dans votre pays ?

3/

A votre avis, est-il facile d’aider des jeunes à créer leur entreprise ? Argumentez.

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Frédéric Thèmes abordés: Gestion de l’Information, Pensée critique, Démarche créative, Travail d’équipe, Accompagnement à la recherche d’emploi, Communication Frédéric a 40 ans. Malade du Cœur, il a dû être opéré à l’âge de douze ans. Après une longue période de convalescence, il est retourné à l’école et a commencé à étudier l’électronique. Il a raté l’examen menant au Certificat de Formation Professionnelle (de niveau 5 au CEC) mais voulait travailler et a décidé d’entrer dans la vie active sans aucun diplôme. Il vivait alors à la campagne et a trouvé son premier emploi comme préparateur de commandes dans un centre agricole à l’âge de 19 ans. Il y est resté un an. Il l’a quitté dès qu’il a eu la possibilité de travailler dans l’électronique. Il a été embauché par une société vendant et installant des systèmes d’alarme en entreprises et chez des particuliers. Un an plus tard il quittait la campagne pour s’installer dans la capitale où il avait déjà trouvé un nouvel employeur. Il a été formé sur le tas à développer des jeux vidéo (programmation, installation et dépannage). Frédéric dit qu’il a réellement apprécié cette expérience où il a beaucoup appris. Au bout de quatre ans, il a été affecté à une autre filiale du groupe et a continué sur sa lancée dans les mêmes fonctions pendant trois ans. Cependant, son activité s’est mise à décliner peu à peu et son travail est devenu moins intéressant. Se sentant prêt pour le changement, il a quitté l’entreprise. Son emploi suivant l’a conduit à installer des lignes téléphoniques ainsi que des connexions ADSL. Passionné au début, il a rapidement réalisé qu’il s’agissait d’un job répétitif et ennuyeux. Il avait envie d’autre chose. Au bout de deux ans, il a de nouveau changé d’emploi pour un poste de technicien de maintenance en Informatique et Electronique. En plus de la maintenance proprement dite, il lui revenait d’effectuer le recyclage du matériel et la mise à jour des logiciels. Dans ce contexte, il a également été amené à s’intéresser aux réseaux de télécommunications et cela a pris tant d’importance pour lui qu’il a estimé judicieux de suivre une formation sérieuse dans ce domaine. En effet, jusque là il était autodidacte. Il a jugé que le moment était venu de reprendre les études et d’acquérir un diplôme reconnu. Il avait alors 31 ans. Il a posé sa candidature et été accepté dans une école préparant au diplôme de « Technicien Supérieur en Réseaux Informatique et Télécommunications ». Ces études duraient deux ans et comprenaient plusieurs stages en entreprises. Frédéric a beaucoup aimé cette formation et brillamment obtenu son diplôme (de niveau 3). Il a immédiatement été embauché comme technicien confirmé dans son nouveau domaine de compétences (les réseaux télécom). Très satisfait de son nouvel emploi, il a pu mettre en pratique ce qu’il 71


avait appris. Au cours de cette période, il s’est fait un ami œuvrant dans le même secteur et tous deux se sont mis à rêver de créer leur propre affaire. Aussitôt dit, aussitôt fait : au bout d’un an, ils ont tous deux démissionné pour se mettre à leur compte. Ils étaient très excités par le projet de devenir leur propre patron et quelques mois plus tard leurs efforts portaient leurs fruits : une entreprise était née. Elle offrait ses services à des sociétés privées et à des hôpitaux : installation de serveurs et des applications correspondantes, ainsi que télésurveillance. La phase de démarrage s’est bien passée et, pendant deux ans, l’affaire s’est harmonieusement développée. Toutefois, ce développement a été entravé lorsque Frédéric a de nouveau connu des problèmes de santé. Cet obstacle imprévu l’a tenu quelques temps éloigné du travail, ce qui a eu des conséquences fâcheuses sur les affaires. Par ailleurs, en plus des problèmes de santé, des difficultés relationnelles sont apparues avec son associé et Frédéric a vécu des temps très difficiles. Son découragement s’est accru quand il a appris qu’une autre opération du cœur était inévitable. Obligé de répondre à cette nouvelle priorité, Frédéric a confié la gestion de ses parts à une tierce partie et s’est concentré sur sa santé. Les deux années suivantes ont entièrement été consacrées aux interventions chirurgicales (en fait, deux opérations se sont avérées nécessaires) puis aux soins et enfin à la convalescence. Au cours de cette dernière, il a entendu parler de la profession d’analyste financier (trader). Après plus ample information, il a réalisé qu’il était intéressé par ce secteur d’activité. Il savait que ce type de métier (analyste financier / trader) lui permettrait de travailler à son domicile et pouvait générer de confortables revenus. Il a alors consulté de nombreux sites spécifiques et lu quantité d’ouvrages sur le sujet : il a commencé à s’auto-former ainsi qu’il l’avait toujours fait. Petit à petit, il a été convaincu que cette activité correspondait parfaitement à ses centres d’intérêt et besoins. Il a étudié les différentes possibilités de travail d’un trader et appris qu’il pouvait être indépendant en commençant avec un capital personnel s’il arrivait à se constituer un portefeuille de clients de base : il a estimé qu’il en était capable. Il a continué à lire des livres spécialisés et s’est senti de plus en plus excité par ce projet. Il a appris, seul, de nombreuses techniques financières, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il avait besoin d’une formation spécifique complémentaire. Après recherches, il a trouvé une école offrant des cours en adéquation avec son projet. Partant de là, Frédéric a pris rendez-vous avec son conseiller du Pôle Emploi pour lui demander le financement de la formation susmentionnée. Le conseiller, après avoir pris en considération ses contreindications médicales, s’est montré extrêmement sceptique quant à la faisabilité de ce projet. En effet, ces contre-indications stipulaient que Frédéric devait éviter tout effort physique, tout stress, et devait tenir compte de sa fatigabilité. Le métier de "trader" n’était-il pas réputé comme particulièrement stressant ? Le conseiller a inscrit Frédéric sur une action d’accompagnement à l’élaboration d’un projet professionnel 72


compatible avec son état de santé, dans l’optique qu’il revienne sur son choix. Lorsque Frédéric a intégré le groupe dont il faisait partie au sein de notre structure, il a successivement mentionné ses contre-indications médicales puis son projet de reconversion. Tous les participants ont eu la même réaction : ils ont éclaté de rire, croyant à une plaisanterie. Mais ce n’en était pas une. Patiemment, Frédéric a expliqué que ce métier n’était pas stressant en lui-même, tout dépendait des conditions dans lesquelles il est pratiqué. Il a proclamé qu’il était en mesure : 1/ de trouver une entreprise qui l’accueille en stage comme trader stagiaire. 2/ de recueillir des témoignages attestant qu’il était possible d’exercer cette activité dans des conditions sereines. De fait, il a ensuite décidé de relever ce double défi pendant la durée de l’accompagnement.

Tâche préliminaire: Mettez en relief le fil conducteur du parcours de Frédéric.

73


QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment pouvez-vous vérifier si le projet professionnel de Frédéric est compatible avec son état de santé?

2/

Après lecture de ce cas, quelles options d’action avez-vous?

3/

Frédéric est très actif : il a sans cesse travaillé jusqu’à ce qu’il soit obligé de s’arrêter pour être opéré. Pensez-vous qu’il est possible de tirer des conclusions significatives de cette observation ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Comment le conseiller peut-il éviter de tomber dans le piège des préjugés?

2/

Comment peut-il être certain de prendre en compte tous les aspects d’un problème?

3/

Comment interpréter la réaction unanime des participants d’un groupe à une affirmation de l’un d’entre eux ?

74


Jade Thèmes abordés: Information management, Travail en équipe, Communication Jade a 20 ans et un léger déficit cognitif entraînant des difficultés d’apprentissage. De plus, elle ressent parfois des problèmes de comportement. Elle vit avec sa famille - composée de son père, sa mère et sa sœur cadette - et travaille depuis 9 ans dans une entreprise de nettoyage. Elle n’a pas eu trop de mal à travailler. Elle a mentionné des troubles de comportements à cause de la situation déstabilisante qu’elle vit à l’intérieur de sa famille. Après le collège, Jade a suivi une formation de couturière. Le fait d’aller en cours, de suivre la formation, d’être en relations avec des professeurs et des élèves l’a beaucoup stimulée, même si elle n’avait pas envie de devenir couturière. Après cette formation, elle a trouvé un emploi dans une entreprise de nettoyage où elle travaille encore. Maintenant, elle a envie de changement et veut faire autre chose. Au cours de son entretien avec le conseiller Emploi, Jade a mentionné son envie de devenir dactylo même si elle ne s’en croit pas capable. Elle a expliqué au conseiller qu’elle avait eu du mal à apprendre son travail. Au début, elle était assez lente et c’est pourquoi elle travaille seule car elle n’arrive pas à être aussi rapide que les autres employés. De plus, elle n’a pas de bons rapports avec ses collègues à l’exception de deux avec lesquels elle a pu établir de chaleureuses relations. Jade est compétente et fait du bon travail. Le seul problème réside dans sa lenteur car elle est perfectionniste et a besoin de beaucoup de temps pour venir à bout de sa charge de travail (le double de temps par rapport aux autres employés). Depuis ses débuts dans l’emploi, la responsable de Jade a tenté de l’aider à avancer sur cette question, sans réel succès. Jade s’est peu à peu découragée car elle sait qu’elle n’est pas payée pour le temps supplémentaire qu’elle passe à accomplir ses diverses tâches. En outre, quand elle travaille en équipe, Jade se sent stressée mais ses collègues ne comprennent ni ses problèmes ni son anxiété. Malgré tout, depuis qu’elle travaille, Jade a quelque peu gagné en autonomie et son comportement s’est peu à peu amélioré. Elle prend davantage soin d’elle, même si, de temps en temps, elle ne s’habille pas correctement et n’a pas les attitudes adéquates. Ses proches ont remarqué un certain progrès mais ne veulent pas vraiment admettre le changement : pour eux, leur fille reste le type de personne incapable de quoi que ce soit et qui n’apporte que des problèmes. Avant qu’elle ne commence à travailler, ses parents n’étaient pas d’accord pour qu’elle prenne cet emploi qu’ils considéraient trop dur pour elle. En outre, ils craignaient qu’elle parte seule à vélo à 5 h du matin. 75


Après son premier entretien avec Jade, le conseiller Emploi a également rencontré ses parents. Ce fut un entretien difficile, tout particulièrement avec la mère qui a parlé pendant plus de trente minutes sans aucune logique et sans apporter d’informations pertinentes. Pour ce qui est du père, il considère que si la famille a de gros problèmes et n’est pas bien vue, c’est de la faute de Jade. L’éducateur suivant Jade depuis plusieurs années a confirmé au conseiller Emploi que la jeune fille était le vilain petit canard de la famille. Tous ses malheurs lui sont imputés du fait de son handicap. La famille n’a jamais cru en ses possibilités, même quand elle commençait sa formation en couture.

Travail préliminaire : Analysez la façon dont on pourrait aider la bénéficiaire à gérer ses émotions et à trouver un moyen de faire baisser son stress.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Jade rencontre le conseiller Emploi parce qu’elle veut changer de travail. Pensez-vous qu’elle a d’autres demandes sous-jacentes ?

2/

Pensez-vous que le conseiller Emploi peut les parents de Jade à la considérer différemment?

3/

Comment le conseiller Emploi peut-il aider Jade à avoir de meilleures relations avec ses collègues ?

II – Questions d’ordre général 1/

Pensez-vous que le conseiller Emploi doit travailler avec les proches de la personne reconnue handicapée pour l’aider dans son insertion ou sa réinsertion professionnelle? Argumentez votre réponse.

2/

En plus d’une bonne réalisation du travail proprement dit, il est crucial pour tout employé d’établir de bonnes relations avec ses collègues. Comment imaginez-vous le rôle du conseiller Emploi à cet égard ?

3/

Quelles aides peuvent-elles être proposées aux parents pour les aider à mieux accepter le handicap de leur enfant et à se sentir moins seuls ?

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Hélène Thèmes abordés: Droits de la personne handicapée, Pensée critique, Travail en équipe, Accompagnement à la recherche d’emploi, Communication, Suivi en entreprise Hélène a 55 ans. Elle a quitté l’école à 15 ans. Après quelques petits jobs variés, elle a eu deux expériences professionnelles importantes : 1/

Elle a travaillé pendant 16 ans comme vendeuse-caissière dans un supermarché. Les années passant, elle a assumé davantage de responsabilités et cela lui a plu. Quand le supermarché a été restructuré, elle a été licenciée pour raisons économiques.

2/

Presque tout de suite après, elle a été embauchée comme agent polyvalent de restauration collective et a été formée sur le tas. Elle a pu être rapidement opérationnelle et a été appréciée par tous dans ce domaine nouveau pour elle. Elle est restée 18 ans dans l’entreprise mais a finalement été licenciée pour inaptitude au poste.

Quand elle s’est retrouvée sans emploi, Hélène s’est sentie perdue : elle avait toujours travaillé et ne savait pas quoi faire de ses journées. De plus, elle ne pouvait plus aller de l’avant en saisissant la première opportunité du fait de son état de santé. Ses contre-indications étaient les suivantes : elle devait éviter les efforts physiques, le port de charges, la station debout prolongée, les conditions de travail stressantes, le travail en hauteur, le travail en ambiance humide, dans le froid et dans le bruit. Elle devait également tenir compte de sa fatigabilité. Ayant toujours exercé des activités physiques, Hélène se demandait comment elle allait pourvoir gagner sa vie autrement. La seule possibilité qu’elle entrevoyait était de devenir agent administratif mais elle ne savait pas utiliser un ordinateur. Etait-il possible d’apprendre à 55 ans ? De plus, était-il réaliste pour elle d’envisager une vraie reconversion professionnelle ? Lors de son rendez-vous avec sa conseillère du service Handicap, Hélène a parlé de ses préoccupations et s’est vu proposé un accompagnement à l’élaboration d’un projet professionnel compatible avec son état de santé. Elle a accepté et s’est très vite rendue au centre de formation, à la fois enthousiaste et anxieuse. Au cours de la première séance collective, Hélène s’est présentée au groupe avec beaucoup d’énergie et elle a impressionné les participants, notamment les plus âgés qui semblaient timides et peu sûrs d’eux. Elle ne savait pas quoi faire mais était manifestement déterminée à réussir sa réinsertion. Comme l’accompagnement avançait, Hélène était de plus en plus attirée par le métier d’agent administratif. Elle a souhaité effectuer un stage en entreprise pour valider son projet et sa conseillère lui a proposé une mise en situation au sein d’une clinique privée : il s’agissait d’aider la secrétaire travaillant 78


au service Accueil. Hélène a accepté cette proposition et a passé trois semaines dans la clinique. La conseillère a appelé plusieurs fois sa tutrice au cours du stage et, à chaque fois, n’a reçu que des éloges la concernant : « Elle veut bien faire, elle comprend tout, est très aimable avec les patients et leur famille,.. ». La conseillère savait depuis le début qu’Hélène voulait bien faire mais ignorait si elle allait être à l’aise dans le secteur médical et appréciée par l’équipe en place. A la fin du stage, Hélène est revenue au centre avec une excellente appréciation de la directrice de la clinique, ce qui a été un facteur décisif pour valider son projet de reconversion. En effet, il n’est pas aisé d’obtenir le financement d’une formation pour une personne de 55 ans, qu’elle soit ou non handicapée… De plus, Hélène avait une surprise à annoncer aux autres membres du groupe : elle était embauchée par la clinique pour un mois pendant les vacances d’été, et ce, en tant qu’Aide secrétaire. Son projet de reconversion se basait sur un emploi à mi-temps mais le remplacement prévu pour l’été était un plein temps. Hélène avait accepté car c’était seulement pour un mois et elle s’était dit que cela ne poserait pas de problèmes pour une aussi courte période. Elle était heureuse, fière et presque incrédule : elle avait réussi ! Sa vie future commençait à se dessiner : une mission d’un mois, puis les vacances en famille puis la formation en septembre. A la fin du premier jour de sa mission d’été, Hélène a appelé sa conseillère: elle se disait très fatiguée, bien plus fatiguée que pendant son stage. Son planning de la semaine portait sur 33 heures devant être effectuées sur trois jours. Elle travaillait ainsi 11 heures par jour ! Devant l’étonnement de sa conseillère face à une telle organisation, Hélène a précisé qu’il s’agissait du planning de la personne remplacée (titulaire du poste) et que la question d’une autre répartition horaire ne s’était pas posée. La conseillère a appris à cette occasion que c’était là un mode de fonctionnement courant dans le milieu médical, les secrétaires préférant travailler trois « longues journées » et bénéficier ensuite de 4 jours en famille. Pendant ses trois semaines de stage, Hélène avait eu des semaines de 5 jours mais à raison de 7 heures par jour, ce qui n’avait pas du tout eu la même incidence en termes de fatigue. Elle avait tenu à ce rythme pendant le stage mais avait été très surprise qu’on lui propose de tels horaires pour la mission d’été car la directrice savait qu’elle était handicapée. Elle n’avait pas osé négocier ou refuser cette proposition mais, à présent, elle se demandait si elle pourrait supporter ce rythme pendant quatre semaines. Voyant la réaction interloquée de sa conseillère et son envie manifeste d’appeler l’employeur, Hélène s’est montrée ferme : elle ne voulait pas d’intervention auprès de la direction. Elle avait eu envie de parler de ses difficultés mais souhaitait se débrouiller seule dans la clinique. Respectant ses desiderata, la conseillère a simplement proposé de rester « une oreille disponible pour le cas où Hélène ressentirait le besoin de parler». Elle a effectivement supporté le rythme prévu pendant sa mission mais ces semaines ont été beaucoup plus difficiles que les précédentes même si elle faisait 33 heures par semaine au lieu de 35 pendant le stage. 79


Deux aspects ont sérieusement étonné Hélène au cours de cette première « réelle expérience » dans son nouveau domaine : 1/ Elle a découvert que son statut de personne handicapée n’impliquait pas automatiquement la prise en considération de ses difficultés de santé dans les termes de son contrat de travail 2/ Elle a été surprise que la directrice d’une clinique, c’est-à-dire d’une structure médicale (censée être sensible aux questions de santé…), fasse si peu de cas des problèmes médicaux de son personnel. Elle a terminé sa mission épuisée mais heureuse d’avoir tenu. Elle a néanmoins appris une leçon : la prochaine fois, elle serait attentive aux termes du contrat de travail et, si nécessaire, essaierait de négocier des conditions appropriées à son état de santé.

Travail préliminaire : Hélène a réussi à élaborer et valider son projet de reconversion. Précisez les aspects sur lesquels attirer son attention pour l’aider à réussir sa réinsertion professionnelle.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Hélène montre dès le début de l’accompagnement énergie et détermination. Comment faire profiter tout le groupe de cette énergie?

2/

Comment amener Hélène à donner la priorité à sa santé au moment de choisir son futur emploi?

3/

Pensez-vous qu’Hélène sera capable de négocier des conditions de travail appropriées à son état de santé lorsqu’elle signera son futur contrat ? Quels sont les éléments vous permettant de répondre dans ce sens ?

I I – Questions d’ordre général

1/

Quelles sont, à votre avis, les principales difficultés rencontrées par une personne ayant toujours exercé un métier physique et désireuse de se reconvertir dans un métier administratif?

2/

Comment préparer, en séance collective, des personnes handicapées à négocier les termes de leur futur contrat de travail?

3/

Pensez-vous qu’il existe des circonstances nécessitant absolument l’intervention en entreprise du conseiller en dépit de l’avis du bénéficiaire ?

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Jerzy Thèmes abordés: Droits des personnes handicapées, Gestion de l’information, Travail en équipe, Jerzy est un homme grand et mince de 37 ans. Du fait de son handicap (épilepsie), il a étudié dans un centre spécialisé et obtenu un diplôme professionnel de niveau 5. Lors du premier entretien avec son conseiller, Jerzy apparut en bonne forme, se montrant bavard mais quelque peu nerveux. Il voulait manifestement faire bonne impression sur le conseiller. Jerzy fait partie d’une association organisant des ateliers thérapeutiques. Il est responsable de la newsletter et s’intéresse au journalisme. De par ses capacités intellectuelles, il se démarque des participants aux ateliers et des autres membres de l’association. C’est la raison pour laquelle son conseiller lui suggéra de faire un stage dans l’un des magazines locaux. Cette idée plut beaucoup à Jerzy qui accepta avec empressement. L’éditeur en chef et le conseiller travaillèrent de concert pour faire aboutir ce projet et tombèrent d’accord à une condition : Jerzy devait préalablement produire des écrits mettant en évidence ses capacités rédactionnelles. On demanda ainsi au journaliste novice Jerzy d’écrire deux articles, étant entendu qu’il devait lui-même trouver le sujet de l’un d’entre eux. On lui donna une date limite pour la remise des articles. Il les r e n d i t avec une semaine de retard mais l’un des articles fut jugé digne d’être publié. Parallèlement au stage effectué par Jerzy, un nouveau poste devait être créé au sein de l’équipe éditoriale pour la réalisation de tâches telles que la frappe des manuscrits envoyés par des lecteurs, l’écriture d’articles relatifs aux difficultés rencontrées par les personnes handicapées ainsi que la mise à jour du site web. Jerzy fut pressenti pour ce poste mais il y avait un problème : il n’était pas inscrit comme demandeur d’emploi or cela était indispensable à son embauche. Son conseiller lui demanda d’y remédier et lui expliqua les tâches qui seraient les siennes dans l’équipe éditoriale. Le succès semblait assuré. C’est alors qu’un autre problème, plus sérieux, émergea : le conseiller apprit que Jerzy était sous tutelle et que sa mère, sa tutrice légale, n’était pas d’accord pour que son fils travaille ni même qu’il effectue un stage quelque peu rémunéré. Elle donnait à sa décision une raison des plus simples : les allocations de Jerzy seraient suspendues s’il était rémunéré pendant le stage. Le conseiller vérifia les divers aspects législatifs de la situation, et lorsque celle-ci fut précisée, l’exposa à Jerzy. Il laissa clairement la décision entre les mains de la tutrice et de son fils (si tant est qu’il ait voix au chapitre). il n’essaya en aucune manière de les influencer dans un sens ou dans l’autre. Entretemps, Jerzy écrivit un autre article pour le magazine mais celui-ci ne fut pas publié, ce que Jerzy prit plutôt mal. Au cours d’un rendez-vous avec Jerzy, l’éditeur en chef insista sur le fait qu’il ne pouvait garantir la publication de tous ses textes. Il lui expliqua qu’il s’agissait là d’une des règles de collaboration avec les journalistes. La décision d’accepter ou non un texte revenait à l’éditeur en chef ou au 82


directeur. Il promit à Jerzy que si quelques-uns de ses textes étaient jugés adéquats en termes de contenu, ils seraient utilisés mais ne put s’engager quant aux éventuelles dates de parution. Quelques temps après, le conseiller et l’éditeur en chef reçurent des mails de menaces. Ils mentionnaient le fait que les articles de Jerzy n’étaient pas publiés dans le magazine, comportaient des insultes envers le conseiller – c’était un arnaqueur…- etc .… Les mails étaient signés par un pseudonyme suggérant qu’ils étaient écrits par la petite amie de Jerzy. L’un d’eux était signé « Amis pour la vie ». Les courriers se faisaient l’avocat de Jerzy et soulignaient « ses grandes qualités ». Ils insistaient sur les défauts du conseiller et de l’équipe du magazine. Cette dernière fut d’ailleurs accusée de conduite abusive. Après cela, le conseiller s’entretint avec Jerzy et lui expliqua qu’il était le principal suspect comme auteur des mails reçus. Le sujet fut également débattu avec le thérapeute de Jerzy qui déclara que ce type de situation s’était déjà produit auparavant, Jerzy s’en étant pris à d’autres personnes. Cet incident fut très significatif pour le conseiller : il comprit que Jerzy n’était pas prêt à travailler en milieu ordinaire et que son comportement, apparemment adapté, n’était qu’une façade. Pourtant, il continua à l’accompagner. Jerzy demanda et obtint une autre chance. Toutefois, le fait que Jerzy ne soit pas à même de prendre ses décisions continuait à poser problème. C’est pour cela que le conseiller souhaita entrer en contact avec sa mère. Un soir, à plus de neuf heures, Jerzy l’appela et lui passa sa mère. Ce fut une grande surprise pour le conseiller, d’autant plus que la femme qui prit la parole ne se présenta pas comme la mère de Jerzy mais comme sa tutrice. Quand le conseiller lui demanda si elle était bien sa mère, elle acquiesça. Après un bref échange, elle déclara qu’elle n’avait pas de temps pour un rendez-vous car elle était trop prise par ses affaires. Elle dit qu’elle rappellerait plus tard mais ne le fit pas. L’employeur était quant à lui sceptique pour une éventuelle coopération car il craignait des conflits entre Jerzy et l’équipe du magazine. Le handicap de Jerzy, sa mise sous tutelle et son état mental étaient des obstacles de taille au regard de son insertion.

Jerzy avait besoin d’un accompagnement continu par un thérapeute. De plus, tous les efforts en vue de favoriser son embauche étaient réduits à néant du fait que sa mère, sa tutrice légale, n’était pas d’accord pour qu’il fasse un stage rémunéré ou travaille.

Travail préliminaire : Identifiez les freins qui font obstacles à l’insertion professionnelle de Jerzy ? 83


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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

A votre avis, le conseiller a-t-il utilisé tous les moyens mobilisables pour que Jerzy puisse effectuer un stage ?

2/

Quelles solutions pourriez-vous proposer pour aider Jerzy dans ses démarches d’insertion ?

3/

Quelles sont les motivations poussant la mère de Jerzy à se positionner contre le stage de son fils au magazine et la poursuite de l’accompagnement avec le conseiller emploi ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Les tuteurs de personnes handicapées, leurs droits et leurs responsabilités : Quels sont les recours envisageables quand un tuteur abuse de son autorité ?

2/

Quels sont les plus sûrs moyens d’assurer une coopération fructueuse entre conseiller emploi, thérapeute et tuteur d’une personne handicapée ? Donnez, si possible, des exemples basés sur votre expérience.

3/

Comment gérer un accompagnement lorsqu’il s’avère que le bénéficiaire souffre d’autres troubles de santé que ceux pour lesquels il a obtenu une reconnaissance de handicap ? (Troubles de santé parfois inconnus ou niés par la personne concernée)

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Jolanta Thèmes abordés: Travail en équipe, Communication, Gestion du temps, Suivi en entreprise Je suis la conseillère Emploi de Jolanta et j’ai fait sa connaissance alors qu’elle participait aux ateliers thérapeutiques. Au cours d’un entretien préalable, il apparut que sa mère, qui était sa tutrice légale, prenait toutes les décisions la concernant. Sa mère se montra d’ailleurs enchantée d’apprendre que la vie de Jolanta était susceptible de s’améliorer et surtout qu’elle pouvait envisager de travailler, ce qu’elle accepta sans aucune objection. Jolanta a 23 ans, c’est une personne mentalement déficiente qui a des difficultés à lire, écrire et compter. Elle a une reconnaissance permanente de handicap. Jolanta vient d’une famille nombreuse vivant dans des conditions très précaires. Elle doit parfois tenir la maison et s’occuper de ses jeunes frères et sœurs. Elle reçoit une allocation pour son handicap mais ne peut jamais s’en servir pour elle-même. Sa mère gère les finances et l’allocation de Jolanta est considérée comme une ressource complémentaire pour la famille. Ses parents m’ont expliqué qu’elle avait arrêté l’école en fin de primaire mais Jolanta est incapable de dire quelles classes elle a fréquentées et n’a aucun certificat. Elle n’avait jamais travaillé ni même fait de stage. Elle aime chanter et écouter de la musique. C’est une jeune femme chaleureuse et souriante qui est aimée par les éducateurs et les autres participants des ateliers. Au cours de notre premier entretien, Jolanta était timide, renfermée, peu sûre d’elle et manifestement anxieuse. Elle n’avait pas envie de parler et s’exprimait par monosyllabes. Au cours des entretiens suivants, elle s’apaisa, prit confiance et s’ouvrit, répondant aux questions et parlant d’elle-même. Petit à petit nous fûmes en mesure d’aborder une plus large gamme de sujets. Jolanta se sentait à l’aise quand elle connaissait les gens et aimait participer aux jeux simples et aux activités. Lorsqu’elle ne comprenait pas les instructions, elle posait des questions. Elle fit de son mieux pour s’acquitter des tâches demandées. Elle ne put pas terminer les tests car il y avait de nombreux mots ou phrases qu’elle ne comprenait pas. Quand je lui demandai quels serait l’activité ou l’emploi de ses rêves, elle ne put me donner d’indications particulières, ses réponses manquaient de consistance. Parfois, elle déclarait qu’elle voulait travailler. D’autres fois, elle semblait s’en moquer ou disait qu’elle ne le pouvait pas à cause des tâches ménagères qui l’attendaient à la maison. Concernant un éventuel futur métier, elle évoqua successivement celui de chauffeur, de cuisinière ou de secrétaire. Pour ce qui est des activités en ateliers, ce qu’elle préférait était de faire la cuisine et elle adorait préparer toutes sortes de plats. Elle était efficace, rapide, attentive, toutefois l’éducateur devait lui rappeler l’enchaînement des étapes.

Mon travail avec Jolanta commença par des entretiens individuels bihebdomadaires pendant quatre 86


mois. Vu sa timidité initiale, il fallait que je gagne sa confiance. Plus tard, j’en appris davantage sur sa vie, son histoire familiale, les conditions précaires dans lesquelles elle vivait, sa santé, ses traits de caractère, ses compétences, son éducation, son attitude face au travail et ses envies pour le futur. Au cours des séances collectives, nous nous focalisâmes sur les relations interpersonnelles et les difficultés liées à la recherche d’emploi. La mère de Jolanta devait approuver toutes les décisions et la coopération avec elle s’avéra très fructueuse. Elle ne s’opposa jamais aux idées de sa fille et accepta de lui laisser faire ce qu’elle voulait. Pourtant, bien qu’elle eût une meilleure connaissance de sa fille, elle ne fut pas en mesure de nous fournir quelque piste que ce soit pour nous aider à imaginer le futur de Jolanta. Je pris alors contact avec un travailleur social ainsi qu’avec le responsable du service social municipal. Il en ressortit que la famille était bien connue des services sociaux et qu’elle bénéficiait souvent d’allocations et d’aides de toutes sortes. Nous joignîmes nos efforts pour améliorer le niveau de formation de Jolanta. Celle-ci étant surtout intéressée par l’acquisition de compétences en cuisine, nous décidâmes de rechercher une formation dans ce domaine. Ce ne fut pas simple car elle disposait de très peu d’argent. Nous cherchâmes partout mais nous heurtâmes à des obstacles divers : pas d e f o r m a t i o n s dans cette discipline, ou seulement cours payants, lieux de formation très éloignés du domicile, cours réservés à d’autres types de publics, etc. Je me rendis compte que Jolanta avait besoin de l’aide d’un psychologue. Après une évaluation psychoéducative, il fut établi qu’elle pouvait occuper un emploi adapté à ses modestes compétences. Il fut décidé que Jolanta ferait un stage en cuisine puisque c’était son secteur de prédilection et qu’elle s’inscrirait à l'agence pour l’Emploi, ce qui augmenterait ses chances d’être embauchée. Etant donné qu’elle n’était pas à l’aise dans tout nouvel environnement, je me suis arrangée pour qu’elle puisse faire le stage dans un endroit qu’elle connaissait et j’ai trouvé une association située à coté des ateliers.

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Elle connaissait déjà sa tutrice et n’était pas non plus complètement étrangère à l’employeur. Elle pourrait ainsi acquérir de nouvelles compétences en cuisine d’une façon non stressante. Je dus aider Jolanta pour toutes les formalités administratives relatives au stage et je l’accompagnai à la visite médicale obligatoire puisqu’elle avait besoin du certificat d’aptitude. Au début, elle bénéficia d’un suivi journalier au travail, puis celui-ci devint hebdomadaire. Elle se débrouillait bien, était assidue, ponctuelle, et réalisait toutes les tâches demandées (bien sûr sous la responsabilité de sa tutrice). Dans les premiers temps, Jolanta se montra très heureuse de son travail mais, un jour, elle déclara qu’elle voulait retourner aux ateliers. Après plus ample information, il apparut qu’elle ne voulait pas continuer car elle ne touchait pas son salaire, sa mère le gardant en totalité. J’abordai alors la question avec la mère et celle-ci me dit que Jolanta n’était pas capable de gérer son argent, qu’elle allait tout dépenser tout de suite. Finalement, nous décidâmes que Jolanta commencerait à percevoir une petite partie de son salaire et qu’il lui serait bien précisé qu’il s’agissait là d’une part de ce qu’elle avait gagné par son travail. A partir de ce moment, des changements visibles se produisirent dans sa vie. Elle apprit à travailler en cuisine et à respecter les consignes. Aujourd’hui, elle a fait de gros progrès mais a encore besoin de soutien et de conseils pour être tout à fait opérationnelle. Elle souhaite persévérer pour se faire embaucher à la fin du stage.

Travail préliminaire: Situation des personnes handicapées sous tutelle ou curatelle : que pouvez-vous dire des relations entre le conseiller Emploi et le tuteur/la tutrice légal(e), à qui revient la prise de décision ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas

1. Obstacles à l’emploi rencontrés par Jolanta: que pensez-vous de l’approche et des méthodes utilisées par son conseiller Emploi? 2. Estimez-vous que Jolanta a été suffisamment accompagnée au cours de son stage ? 3. Que pensez-vous du travail effectué par l’équipe qui s’est occupée d’évaluer les possibilités d’emploi de Jolanta?

I I – Questions d ’ordre général 1. Le travail du conseiller Emploi accompagnant une personne sous tutelle curatelle: quels problèmes législatifs rencontre-t-il ? 2. Est-ce que L’Allocation Adulte Handicapé (AAH) peut être un facteur démotivant pour rechercher un emploi ? 3. Connaissez-vous l’offre de formations subventionnées pour les personnes handicapées en situation financière difficile ?

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Juanma (Juan, María and Andrés) Thème abordé : Démarche créative Trois étudiants déficients intellectuellement (sur un total d’une cinquantaine) ont participé à des cours de cuisine de niveau 5 dans un établissement d’enseignement hôtelier, Il s’agit de Juan, Maria et Andrés Le chef cuisinier de cet établissement avait déjà donné des cours pendant 6 mois, dans leur institution, quelque temps auparavant. Ces cours constituant une première en termes de formation en cuisine destinée à des personnes handicapées de la région, il n’y avait pas de matériel spécifique et le chef avait été amené à créer de toute pièce une méthodologie susceptible de leur convenir. La région décida d’allouer une subvention et les cours furent considérés comme une action pilote. Le chef, Manolo, se montra très satisfait à la suite des cours et décida de donner leur chance aux trois meilleurs étudiants : il leur proposa de poursuivre leur formation en Ecole hôtelière pendant deux ans. Pendant le premier mois, le conseiller aida les enseignants à adapter leur méthode aux trois étudiants handicapés. En dépit du fait qu’ils avaient déjà beaucoup appris au cours de leur précédente formation, ils rencontraient des difficultés avec la théorie et le conseiller ne voulait pas qu’ils ralentissent le rythme d’apprentissage de l’ensemble de la classe. Pour éviter cet écueil, il fut décidé que Manolo leur donnerait des cours supplémentaires sur les concepts théoriques les plus importants. Il y avait également d’autres questions pratiques à régler. Pour ce faire, le conseiller rencontra l’enseignant pour lui demander de procéder à quelques adaptations. Voici les principaux obstacles rencontrés en cours : 1/ L’enseignant se plaignait que les trois étudiants de l’institution (mais plus particulièrement Juan) ne soient pas en mesure de comprendre des consignes simples. Par exemple : « Changez, s’il vous plaît, l’eau du seau de lavage parce qu’elle est sale. ». Mais, à quel moment savoir que l’eau est vraiment sale ? En effet, ce n’est pas un concept aisé pour des personnes intellectuellement déficientes. Le conseiller proposa d’appliquer un système de références : « Changez l’eau après X utilisations pour nettoyer X surfaces ». Par exemple : « quand vous nettoyez des chaises changez l’eau toutes les 10 chaises ». 2/ Les étudiants handicapés avaient aussi du mal à associer les bons couverts aux bons plats (chaque couvert correspondant à un plat). En ayant recours à la répétition, tous les étudiants apprirent à associer un couvert à un plat. 3/ Dans le module de service, il apparut que Juan, Maria et Andrès avaient du mal à se souvenir du prix des boissons. Le conseiller résolut le problème en plaçant à proximité des caisses une bouteille de chaque boisson avec le prix indiqué. Le travail de conseiller consiste aussi à imaginer des solutions auxquelles les autres ne pensent pas. Les résultats sont parfois extraordinaires. Dans le cas présent, l’enseignant se montra 90


reconnaissant parce que le conseiller lui avait donné des instructions précises lui permettant d’adapter ses cours aux trois étudiants venant de l’institution, ce qui lui donna également l’opportunité d’améliorer la méthodologie avec l’ensemble du groupe d’apprentis. En effet, il arrive que les solutions spécifiquement mises au point pour les personnes handicapées soient utiles à tout le monde. A ce propos, le chef cuisinier nous rapporta qu’il lui avait été très utile de savoir donner des ordres en utilisant des termes spécifiques au lieu de rester imprécis comme il le faisait auparavant. Ainsi, au lieu de dire : « Faites ça rapidement », « ne laissez pas ça trop longtemps sur le feu ». Il avait appris à dire « Cela nécessite d’être fait en 20 minutes », « le dessert a besoin d’être réalisé en 35 minutes après le plat principal ». Cette nouvelle approche s’est avérée bénéfique pour l’ensemble de la classe. Les personnes avec un handicap ne sont pas seulement des ayant droit. Beaucoup de changements liés à leur présence ont un impact positif pour l’ensemble de la société.

Travail préliminaire : Considérer la situation décrite ici et expliquez pourquoi il est nécessaire et important de faire preuve d’inventivité pour adapter un emploi à une ou plusieurs personnes handicapées. Pensez à d’autres solutions possibles dans ce cas.

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QUESTIONS

I- Questions sur le cas 1/ Pensez-vous que la créativité est une qualité importante pour un conseiller? Comment la développer ? 2/ Pensez-vous que, dans ce cas, le conseiller s’est montré inventif ? 3/ Etes-vous d’accord avec la position qu’il a adoptée? Pourquoi ? II- Questions d’ordre général 1/ On peut dire que la créativité résulte de la combinaison de plusieurs compétences. Lesquelles selon vous? 2/ Pensez-vous qu’il est judicieux que le conseiller s’associe avec l’enseignant dans ce type de situation ? Pour quelles raisons ? 3/ En vous rapportant à votre expérience, pouvez-vous évoquer des situations concrètes où vous avez innové pour faciliter les tâches de vos bénéficiaires ?

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Karin Thèmes abordés: Analyse de la demande, Pensée critique, Accompagnement à la recherche d’Emploi, Communication Karin est une jeune femme qui vient de terminer ses études dans un lycée pour personnes mentalement déficientes (elle a atteint le niveau 5). Elle est maintenant inscrite à l'agence pour l’emploi. L’objet du premier entretien est de définir comment Karin et sa conseillère vont coopérer. Karin vit dans une ville de taille moyenne avec ses parents. Au cours de sa première rencontre avec sa conseillère, elle lui dit qu’elle espère trouver un emploi dans lequel elle pourra s’épanouir. Pendant ses études au lycée, elle a eu l’opportunité de faire de la vente, surtout dans le prêt-à-porter. Elle considère de ce fait qu’elle connaît ce métier et déclare être attentive, avoir un bon contact avec la clientèle et savoir prendre des initiatives. L’accompagnement se poursuit en séances collectives au cours desquelles Karin peut échanger avec d’autres participants au sujet de leurs diverses expériences (études, stages et jobs divers). Les regroupements permettent également la pratique d’exercices de motivation et d’orientation professionnelle. La rédaction du CV fait l’objet d’une attention particulière car il doit correspondre au type d’emploi recherché : c’est l’outil de base indispensable à la recherche d’un stage dans l’optique d’une embauche ultérieure. Karin est motivée et se montre assez vite prête pour un premier essai sur le marché du travail, en l’occurrence un petit restaurant, ceci, dans l’optique d’élargir quelque peu son horizon et de lui procurer un autre type d’expérience que celles qu’elle a connues antérieurement. Lors de la rencontre avec le responsable du restaurant, sont précisées les futures tâches de Karin: préparer les tables, laver la vaisselle, et couper les légumes pour les salades. Karin met fin à cet essai le soir du premier jour de travail : ce n’est pas ce qu’elle avait imaginé, ditelle à sa conseillère par téléphone en quittant le restaurant. Elle lui explique ensuite qu’elle a besoin de plus d’animation autour d’elle, comme, par exemple dans un grand hôtel où il y aurait beaucoup de clients ou, encore mieux, dans une boutique de vêtements branchés. Soucieuse de répondre aux desiderata de Karin, sa conseillère lui trouve un grand hôtel où elle aura pour tâches d’aider au service du petit déjeuner et de faire les chambres. L’essai s’arrête au bout de deux semaines, d’un commun accord entre les parties concernées. Au cours de l’entretien suivant, Karin estime qu’elle s’est pourtant bien débrouillée et ne comprend pas pourquoi elle n’a pas pu continuer. Le responsable explique que Karin a du mal à suivre des instructions simples, à prendre des initiatives et à se souvenir du travail à effectuer. L’hôtel ne pouvant adapter le poste en fonction de ses besoins, on ne peut pas lui offrir le soutien qui serait nécessaire pendant le service. L’accompagnement continue et il s’agit pour la conseillère de déterminer quel pourrait en être la prochaine étape. Karin persiste dans son souhait de travailler dans une activité commerciale et manifeste le désir d’intégrer une boutique. Sa conseillère lui trouve un magasin où les choses sont mises au clair avec la responsable : Karin a besoin d’être étroitement encadrée, doit pouvoir poser une question quand elle en ressent le besoin et ne peut se voir confier que des tâches très simples telles que suspendre des vêtements sur les cintres. 93


Au cours des jours suivants, Karin appelle sa conseillère : elle se plaît dans le magasin, peut faire le travail demandé et aime le contact avec la clientèle. Toutefois, la responsable de la boutique tient un discours sensiblement différent : Karin n’arrive pas à réaliser les tâches les plus simples, elle ne voit pas ce qu’il faut faire même si on le lui a clairement expliqué. Elle oublie ce qu’elle doit faire, se montre rêveuse et disparaît parfois du magasin. Il est également mis fin à ce stage et il s’ensuit une période de suivi étroit avec Karine qui est déçue mais aussi en colère : elle ne comprend pas pourquoi les employeurs ne sont pas satisfaits de ses services. Sa conseillère essaie, d’une part, d’expliquer à Karin les exigences du marché de l’emploi et, d’autre part, de l’aider à réfléchir à ses possibilités de travail dans le futur. Quelque temps plus tard est organisée une réunion avec les membres de l’organisation référente et les parents de Karin pour décider de la suite de l’accompagnement. Tous aboutissent à la conclusion que Karin a besoin d’un accompagnement de longue durée et d’une formation conséquente pour atteindre son objectif d’insertion. Or, l’accompagnement par le conseiller Emploi est limité dans le temps. Il est par conséquent décidé que Karin sera accompagnée dans le cadre de l’organisation référente. Au bout de quelques semaines, Karine rappelle sa conseillère, elle est ulcérée : on ne la comprend pas et elle n’a pas l’accompagnement qu’elle désire. Après concertation, les parties concluent que Karin n’est pas prête à travailler, que ce soit en milieu ordinaire ou en milieu protégé, ce qui la met très en colère : elle veut travailler et décide de continuer sa recherche d’emploi toute seule. A ce stade, un conseiller Emploi ne peut lui proposer aucun poste : la seule chose qu’il puisse faire est de l’écouter et de tenter de lui faire prendre conscience de ses limites. Travail préliminaire : Comment préparer Karin à intégrer le monde du travail?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

A votre avis, doit-on proposer à Karin d’autres stages en entreprise ?

2/

Auriez-vous établi le profil professionnel de Karin différemment de façon à repérer le type d’emploi le plus susceptible de lui convenir?

3/

Pensez-vous qu’il aurait été judicieux de mettre d’abord Karin en stage en milieu protégé, au lieu de lui proposer directement une mise en situation en milieu ordinaire?

II- Questions d’ordre général 1/

Comment procédez-vous lorsque les amis ou les parents d’un bénéficiaire ont une opinion différente de la vôtre quant à ses capacités de travail ?

2/

Comment gérez-vous la situation lorsqu’un de vos bénéficiaires surestime manifestement ses capacités de travail? Comment faire avancer les choses?

3/

Comment gérez-vous la situation lorsqu’un de vos bénéficiaires sous-estime manifestement ses capacités de travail? Comment faire avancer les choses?

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Klaus Thèmes abordés: Analyse de la demande, Droit des personnes handicapées, Pensée critique Klaus a 60 ans. Le conseiller Emploi doit juger de son employabilité. L’évaluation sera la base du plan d’action visant à lui trouver un emploi. L’étude de son parcours professionnel montre que Klaus a appris le métier d’électricien et l’a exercé pendant de nombreuses années à l’étranger. Il vit dans notre pays depuis 10 ans mais n’y a jamais travaillé à l’exception de longs stages effectués au sein d’une entreprise de recyclage. Dans la ville qu’il habite à présent, il a été intégré au sein de la municipalité pour différents travaux de réfection, t o u t e f o i s , son expérience professionnelle se limite à avoir réparé des vélos pendant six mois. Klaus souffre du dos depuis le début de sa vie adulte. Malheureusement, ses douleurs se sont accrues au cours des dernières années, ce qui l’a rendu moins mobile. Il a été suivi au centre de santé et y a été traité par radiothérapie, mais sans résultat notable. Il a eu quelques séances de kinésithérapie mais y a mis un terme car il ne ressentait pas d’amélioration. Klaus pense qu’il n’arrive pas à trouver d’emploi du fait de sa formation à l’étranger, de son niveau d’expression limité dans notre langue et de ses douleurs. Il est attiré par un travail manuel. Je suis sa conseillère et commence l’accompagnement par une période d’observation en le mettant en stage dans une usine. Il y travaille les lundis, mercredis et jeudis de 10 à 12 h et il est censé prendre part à un maximum de tâches afin qu’il puisse prendre conscience de ses forces et faiblesses. Au bout de deux semaines, il passe de trois à deux jours par semaine car il a déjà eu deux jours d’absence et a mal au dos. Il tient beaucoup mieux à ce nouveau rythme et prend l’habitude de nous prévenir quand il ressent le besoin de s’absenter. A la fin du stage, il s’avère que Klaus a seulement pu travailler à l’assemblage sur une table réglable. En ce qui concerne les autres tâches, telles que le chargement et le déchargement, le ramassage et le nettoyage, il s’y est essayé mais s’est vite rendu compte qu’elles n’étaient pas faites pour lui car ce type d’activité exige de la force et une bonne mobilité générale.Il est évident que Klaus a l’expérience du monde du travail et le sens des responsabilités. Il comprend les instructions qui lui sont données et comment un travail doit être réalisé. Il peut à la fois être autonome et collaborer avec ses collègues et il sait bien utiliser les outils. Les problèmes qu’il rencontre sont dus au fait que son endurance est fonction de sa condition physique du jour, même s’il ne travaille que pendant une courte durée. Il travaille lentement et s’arrête très souvent. Il est limité dans sa force et ses déplacements et ne peut pas travailler assis. Au cours du stage, il ne lui a absolument pas été possible d’augmenter son nombre d’heures de travail ou de tâches à effectuer. 96


Klaus réalise que ses douleurs se sont accrues. Il a de plus en plus de mal à faire le travail demandé et a besoin de davantage de repos lorsqu’il rentre du travail.

Travail préliminaire: Selon vous, comment le handicap, l’âge, et une insuffisante maîtrise de la langue du pays affectent-ils ici respectivement les possibilités d e K l a u s de r e trouver un emploi ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Quel est l’obstacle principal auquel se heurte Klaus dans sa volonté de se réinsérer ?

2/

Voyez-vous autre chose qui aurait pu permettre à Klaus de tirer un meilleur parti de sa période de stage?

3/

A votre avis, quel est le problème majeur de Klaus? Le mal de dos, l’âge ou ses difficultés à s’exprimer dans la langue nationale ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Y-a-t-il, dans votre pays, une limite à ne pas dépasser en termes d’heures de travail par jour/par semaine pour garder le droit de rester demandeur d’emploi ?

2/

Dans votre pays, les personnes étrangères ayant reçu une formation professionnelle dans leur nation d’origine et pouvant justifier d’une réelle expérience professionnelle, peuvent-elles valider leurs compétences ? Développez.

3/

Quelles sont les aides possibles qui permettraient aux seniors handicapés étrangers de se réinsérer ?

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Lola Thème abordés : Analyse de la demande Parfois, les conseillers ont besoin de comprendre une situation en dehors de la façon dont leurs bénéficiaires leur présentent les choses. C’était le cas de Lola, une femme sourde qui s’était rendue au service Conseil Emploi pour un suivi d’orientation. Lola avait validé des études de gestion administrative (niveau 4) dans sa ville natale de 12 000 habitants. Elle n’avait pas réussi à trouver de travail sur place. Dans cette ville, il n’existe pas de service à l’emploi spécialisé pour le public handicapé et elle avait donc décidé de se rendre dans une ville voisine plus importante (300 000 habitants). Lola avait connu un revers de fortune : son compagnon, père de son enfant de 4 ans, les avait quittés. Elle vivait, à la suite de cet épisode, d’allocations de l’Etat et d’une pension alimentaire versée par le père. Elle avait un urgent besoin de travailler. rapidement trouver un emploi.

Très

douée en comptabilité, elle pensait pouvoir très

Son conseiller attitré connaissait la langue des signes. Il décida d’utiliser les listings des sociétés de la confédération des hommes d’affaires et ceux des syndicats pour repérer des offres correspondant au profil de Lola. Ensuite, il l’aida à rédiger un C.V. attractif. Enfin, il fit appel à un interprète pouvant accompagner Lola en entreprise pour les entretiens. En effet, Lola était capable de lire sur les lèvres et de s’exprimer mais le recours à un interprète pouvait faciliter les choses. Toutefois, il est rapidement apparu qu’il allait être très difficile pour Lola de décrocher un emploi en pleine crise économique au des milliers de jeunes bardés de diplômes (notamment en gestion) prêts à saisir toute opportunité. La concurrence s’annonçait redoutable, même dans le cadre des emplois de la Fonction Publique réservés aux personnes handicapées. Lola était désespérée ; quatre mois après le début de ses recherches, elle était toujours en quête d’une opportunité et elle n’entrevoyait aucune lumière au bout du tunnel. L’administration publique connaissait une réduction du personnel et même les compagnies privées n’avaient manifesté aucun intérêt pour son profil. Pourtant, elle avait un besoin urgent de travailler. De plus, elle se sentait redevable vis-à-vis de son conseiller pour ses efforts.Ils firent ensemble le point sur la situation ; ils avaient besoin de mettre en place une autre stratégie, une nouvelle manière de faire face au problème. Peut-être fallait-il élargir les recherches à d’autres villes plus importantes ? Le conseiller observa Lola pendant l’entretien et réalisa que c’était l’une des plus belles femmes qu’il ait eu l’occasion de voir dans sa vie. Lola avait de longs cheveux noirs, de grands yeux noisette et était 99


plus grande que la moyenne… Il eut alors une idée et lui posa la question suivante : “Lola, je veux que tu penses à une chose. Est-il si décisif pour toi de travailler en tant qu’agent administratif dans un département de comptabilité ou y a-t-il d’autres choses que tu aimerais faire ? Lola répondit : « Bien sûr qu’il y a d’autres choses». Le conseiller lui dit alors : « Regarde l’appareil, s’il te plaît ». Il connaissait une société spécialisée dans les catalogues publicitaires des boutiques et des magasins régionaux. Il demanda un entretien avec le directeur commercial de la société et lui envoya une photo de Lola. La réponse de celui-ci ne se fit pas attendre : “Elle est très belle et, chose plus importante encore, très photogénique. Cette fille pourrait convenir pour nos catalogues d e mode jeunesse. J’irai même plus loin, je pense qu’elle pourrait être hôtesse pour des congrès et j’ai un contact pour elle. D’après ce que j’ai compris, elle a étudié la comptabilité, donc, elle ne connaît rien à notre milieu et aurait besoin d’une agence : la nôtre pourrait s’occuper d’elle. Elle pourrait ainsi être formée pour être mannequin et apprendre à poser. En plus, cet emploi e st à t e m p s p a r t i e l . I l l u i p e r m e t t r a i t d ’ ê t r e a u t o n o m e t o u t e n c o n t i n u a n t à é t u d ie r d a n s s o n d o m a i n e s i e l l e l e d é s i r e . Je reste persuader que cette situation de crise va finir un jour et qu’il y aura plus de possibilités dans le futur.” Ravi d’entendre cela, le conseiller mit en place toutes les mesures afin que cette éventualité devienne réalité. Ce ne fut pas facile mais Lola devint mannequin Aujourd’hui, Lola travaille beaucoup en tant que mannequin. De plus, elle a suivi à distance des cours universitaires et a obtenu en deux ans un diplôme en gestion d’entreprises de niveau 1 du CEC. Son rêve ? Ouvrir une agence de mannequins dont elle serait la directrice commerciale.

Travail préliminaire Pensez-vous qu’un conseiller peut se permettre de proposer à un(e) bénéficiaire une réorientation professionnelle à laquelle il/elle n’a jamais songé ?

100


QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Pensez-vous que le conseiller a eu une attitude judicieuse ?

2/

Quelle est bonne place du conseiller dans ce type de situation ?

3/

Qu’auriez-vous fait dans sa position ?

II- Question s d’ordre général 1/

Pensez-vous que la situation de chaque bénéficiaire nécessite une prise en considération individualisée ?

2/

Le conseiller doit-il fait preuve de souplesse dans son appréhension de la situation d’accompagnement ?

3/

Quelles sont les difficultés particulières que rencontrent les personnes sourdes dans leur insertion ? De quelles aides peuvent-elles bénéficier ?

101


Lucas Thématiques: Analyse de la demande, Gestion du temps, Accompagnement à la recherche d’emploi Lucas a 22 ans et est atteint de paraplégie suite à un accident qu’il a eu à l’âge de 14 ans. Depuis lors, il se déplace en fauteuil roulant. Il vit avec ses parents dans une petite ville peu équipée pour son handicap: les bureaux de la mairie ne sont pas accessibles aux utilisateurs de fauteuils roulants et les bus n’ont pas de plateforme escamotable. Ses parents sont inquiets et conscients du fait que leur fils a besoin d’acquérir plus d’autonomie. Lucas a fréquenté une école générale et a obtenu un diplôme de niveaux 4 avec deux ans de retard du fait de l’accident qui l’a tenu éloigné des études pendant plusieurs mois. Son parcours scolaire n’a pas été brillant et il était tout juste au niveau. Avant l’accident, Lucas n’était pas un étudiant modèle: il n’était pas très doué et ne faisait rien. Après l’accident, il a eu du mal à s’habituer à sa nouvelle situation et a souffert d’une grave dépression. Il n’est pas arrivé à se faire d’amis dans sa nouvelle école et a seulement gardé un lien avec un vieux copain, mais peu à peu leurs contacts se sont espacés. Cet ami a commencé à fréquenter les discothèques et des endroits inaccessibles aux fauteuils roulants. Puis, après le lycée, il est parti s’installer dans une ville universitaire. Malgré son faible réseau relationnel et un grand sentiment d’abandon, année après année, il en est venu à accepter son état et à émerger de sa dépression, réussissant à être plus autonome : il a pris des cours d’informatique, obtenu son permis de conduire et préparé des concours de la fonction publique. Ses parents auraient aimé qu’il fasse un stage au sein de la médiathèque municipale mais cela n’a pas été possible, les locaux n’étant pas accessibles aux fauteuils roulants. Grâce à son conseiller Emploi, Lucas a pu effectuer un stage de standardiste dans une institution. Il a seulement eu besoin d’un coup de pouce pour trouver la structure d’accueil, sans que des adaptations particulières soient nécessaires. Ensuite, il a trouvé, seul, un poste d’agent de bureau à l’accueil d’une autre institution. Plus tard, il a passé un concours pour travailler dans la fonction publique en tant qu’agent administratif. Malheureusement, il a échoué. Son jeune âge, son peu d’expérience professionnelle et son bas niveau de qualification le rendent peu compétitif sur le marché du travail. S’il veut travailler comme agent administratif dans la fonction publique ou dans une entreprise privée, il lui faut acquérir de réelles compétences administratives et comptables. Dans sa ville, il n’est pas facile de trouver un emploi administratif, de standardiste ou de réceptionniste. 102


De plus, les entreprises ont besoin de personnel plus flexible et capable de polyvalence en toute autonomie. Il a peur de suivre une formation qualifiante car, à l’école, après l’accident, il a toujours été aidé par un professeur-assistant et il a eu tant de mal à obtenir le diplôme qu’il craint de ne pas être capable d’atteindre le niveau requis.

Travail préliminaire: A première lecture, essayez d’identifier la problématique de Lucas.

103


QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment le conseiller Emploi peut-il aider Lucas à avoir confiance en lui pour son projet d’études ?

2/

Pensez-vous qu’il serait bon que Lucas acquière davantage d’expérience ? Développez.

3/

Etablissez une liste des difficultés rencontrées par Lucas en raison de son handicap

II – Questions d’ordre général 1/

Comment le conseiller Emploi peut-il se tenir au courant des propositions de stages réservés aux personnes handicapées?

2/

Comment rassemblez-vous ce type d’informations?

3/

Comment vous informez-vous sur les formations subventionnées proposées aux chômeurs handicapés ?

104


Luis Thèmes abordés: Analyse de la demande, Travail en équipe, Communication, Suivi en entreprise Luis a 29 ans. Il est malentendant et son quotient intellectuel est très bas. Il vient d’une famille dysfonctionnante, très pauvre sur le plan culturel et en grande précarité. Il ignore la langue des signes mais, au cours de l’année dernière et grâce à l’intervention d’experts et d’orthophonistes, il a développé une certaine habileté à l’expression verbale. Il arrive maintenant à bien se faire comprendre. Il a également appris à lire sur les lèvres. Très timide, i l manque d’assurance et se montre méfiant. Il a très peur d’entrer en contact avec d’autres personnes. Luis n’aime pas avoir à rappeler aux personnes qu’il a besoin d’un contact visuel direct pour les comprendre et, en général, quand il n’a pas compris une phrase, il évite d’en demander la répétition. Il parle rarement de sa famille. Il vit avec son père dans un pavillon situé dans un secteur mal desservi par les transports publics. Il n’a ni frère ni sœur. Son père est très inquiet pour lui et le restreint beaucoup dans ses activités et ses mouvements. Il refuse que son fils aille seul au plus proche arrêt de bus (même s’il n’y a qu’un km et 10 minutes de marche de leur maison) et, a fortiori qu’il prenne le bus seul pour se rendre au centre ville. De plus, son père a une attitude défaitiste et ne croit jamais aux opportunités d’emploi de Luis. La scolarité de Luis s’est arrêtée au premier cycle du secondaire (niveau 5 du CEC). Comme il craignait de rater l’examen final, il a suivi un programme différent lors de la dernière année de collège. Ce genre de programme ne lui a pas permis d’obtenir son Brevet. Après le collège, il s’est inscrit dans un cours d’informatique afin d’obtenir le Passeport Européen en Informatique, mais, bien qu’il ait acquis de nouvelles compétences, il n’a pas réussi pas à obtenir le certificat. Il a effectué quelques stages dans des emplois administratifs, surtout en tant qu’opérateur de saisie et agent des expéditions. Au cours de ceux-ci, il a été encadré par un tuteur qui a mis en évidence des difficultés psychologiques : fort manque de confiance en soi, peur de montrer ses limites, ce qui l’a amené à prétendre comprendre les consignes alors que ce n’était pas le cas. En conséquence de quoi, il n’est pas parvenu à accomplir les tâches demandées. De plus, il a fait preuve d’intolérance aux frustrations. Par exemple, à chaque fois qu’on lui faisait une remarque, même de façon constructive, il s’en irritait et la rejetait. Il a fait preuve d’une faible capacité à résoudre les problèmes et de peu d’autonomie dans la prise de décisions, même les plus simples, et cela, par peur de se tromper. A la fin des stages, quelques problèmes ont trouvé une solution grâce au tuteur. Cependant, le manque 105


de confiance en soi persiste, entretenu par l’appréhension constante du père. Au cours des entretiens avec le conseiller Emploi, Luis a exprimé son désir d’indépendance financière et son souhait de vivre seul. Il a besoin de trouver un emploi correspondant à ses capacités. Mais il a encore besoin d’un tuteur pouvant l’aider à acquérir une plus grande confiance en lui. Enfin, il serait important que le père arrive également à dépasser ses peurs et puisse se montrer plus encourageant pour stimuler son fils.

Travail préliminaire : A partir des informations données ci-dessus, essayez de lister les principales raisons de l’échec à l’insertion professionnelle de Luis.

106


QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Luis a étudié l’informatique dans l’optique d’obtenir le passeport européen mais ne l’a jamais eu. Par ailleurs, il a acquis un peu d’expérience dans la saisie de données et les expéditions. Comment vous y prendriez-vous pour qu’il acquière davantage confiance en lui et en ses capacités ?

2/

Analysez la famille et le cadre de référence du bénéficiaire. A votre avis, pour quelles raisons le père de Luis est-il aussi réfractaire à son embauche ? Que feriez-vous pour faire changer l’opinion du père ?

3/

Comment pourriez-vous aider Luis dans sa volonté de travailler?

II – Questions d’ordre général 1/

A votre avis, est-il important pour une personne atteinte d’une déficience sensorielle de prendre conscience des limites engendrées par son handicap ? Développez.

2/

Pensez-vous que la conscience de ses limites puisse améliorer les relations interpersonnelles? Pourquoi ?

3/

Comment responsabiliser le bénéficiaire? Donnez trois exemples couronnés de succès basés sur votre propre expérience.

107


Malone Thèmes abordés: Gestion de l’information, Pensée critique, Démarche créative Travail en équipe, Communication Malone a 27 ans. Il a terminé ses études à l’âge de 18 ans avec un baccalauréat en Gestion Commerciale (niveau 4). Il a obtenu son permis de conduire la même année. Pendant ses études, Malone prit l’habitude de travailler avec son père, peintre-décorateur, le soir, le week-end et, parfois, pendant les vacances. Il aurait souhaité suivre ses traces mais son père n’était pas d’accord : il voulait que son fils ait un métier moins pénible. Quand il obtint son diplôme, Malone ne sut pas quoi faire ni dans quelle faculté s’inscrire. Faute de mieux, il commença à travailler en intérim comme préparateur de commandes. Tout se passa bien et, au bout de quelques mois, il passa en contrat à durée indéterminée. Cependant, tous les membres de sa famille travaillaient dans le bâtiment et il mourait d’envie de les rejoindre. Ainsi, trois ans plus tard, il démissionna et s’inscrivit dans un centre de formation pour apprendre le métier de plombier-chauffagiste. Cette nouvelle voie lui plut beaucoup et il étudia pendant un an avec plaisir et confiance. Toutefois, il eut un grave accident de voiture une semaine avant les examens. Il fut trois jours dans le coma et resta hospitalisé pendant treize mois. Il effectua ensuite une rééducation d‘un an. Quand il eut suffisamment récupéré pour envisager de reprendre la vie active, ses contreindications médicales lui interdirent catégoriquement l’exercice du métier de plombier. Pour information, voici la liste des contre-indications mentionnées dans son dossier. Malone devait éviter : - les positions « assis » et « accroupi » - les mouvements répétitifs - le déséquilibre du tronc - le port de charges lourdes - la position « debout » statique. Il devait alterner positions assise et debout. Il avait par ailleurs des difficultés pour lire (diplopie : Il ne voit pas lorsque sa tête est inclinée à plus de trente degrés). Lorsqu’il eut finalement accepté l’idée d’une inévitable reconversion professionnelle, Malone saisit l’opportunité offerte par un ami de travailler comme opérateur sur machine digitale. Il apprit le métier sur le tas et celui-ci lui plut mais était pénible. 108


Lorsqu’il fut convoqué à la visite médicale annuelle obligatoire, le médecin le déclara inapte au poste. Malone tenta de discuter mais le médecin fut intraitable : il ne pouvait pas continuer dans cette activité. Arrivé à ce point, Malone se sentit perdu, en pleine confusion : il était jeune (26 ans) et avait déjà expérimenté plusieurs métiers. Pourtant, il devait recommencer dans un nouveau domaine et ne savait pas comment s’y prendre. Depuis la fin de ses études au lycée, il avait toujours choisi et décidé seul mais là, il se sentait d’autant plus perdu qu’il venait de perdre son père décédé quelques mois plus tôt. Malone demanda un accompagnement à son conseiller du département Handicap et se arriva au centre particulièrement motivé. Lorsqu’il se présenta au groupe, il mentionna deux pistes ayant retenu son attention pour une réorientation : - conducteur de travaux dans le bâtiment Et - dessinateur en impression 3D.

Travail préliminaire : Dites comment vous pouvez aider Malone à réussir sa réorientation professionnelle. Décrivez les phases de réflexion que vous pouvez d’ores et déjà prévoir.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Malone a toujours voulu travailler dans le bâtiment mais il n’a pas pu. Nous voyons ici qu’il envisage de devenir « Conducteur de travaux dans le bâtiment », comment expliquez-vous cette « nouvelle » idée ?

2/

Malone a réussi ses études et a toujours été apprécié dans ses différents postes. Il aime travailler et est motivé pour prendre « la » bonne décision en ce qui concerne sa future vie professionnelle. Comment pouvez-vous utiliser ces aspects positifs pour créer une synergie lors des séances de groupe ?

3/

D’après vous, quel rôle de père de Malone a-t-il joué dans ses choix professionnels?

II - Questions d’ordre général 1/

A quels types de difficultés est-on confronté lorsque l’on accompagne des personnes étant restées longtemps éloignées de la vie active? (Par exemple, pour cause d’accident ou de longue maladie)

2/

Un certain nombre de personnes handicapées doivent effectuer plusieurs reconversions au cours de leur vie professionnelle. Montrez comment chaque expérience peut enrichir la suivante.

3/ Malone est jeune. Pouvez-vous faire la liste des différences existant entre de jeunes bénéficiaires et celui de bénéficiaires plus âgés ?

110

l’accompagnement


Marcos Thèmes abordés : Droit des personnes reconnues handicapées Marcos est un jeune ingénieur qui a eu un terrible accident de la route. Son véhicule a heurté une pelleteuse et il est resté paraplégique. Depuis l’accident, il souffre d’une terrible douleur dans les bras. Il doit bien entendu utiliser un fauteuil roulant. Il reçoit une allocation puisqu’il est considéré comme entièrement dépendant. La vie de Marcos a totalement changé car il avait l’habitude de pratiquer toutes sortes de sport, de travailler intensément, et de voyager (il parle anglais et espagnol couramment). Il sortait beaucoup avec ses amis et jouissait d’une étonnante condition physique. Voyant son fils sombrer dans une dangereuse spirale de dépression, sa mère (Laura) s’est ouverte à un ami de cette situation dévastatrice. Il lui a conseillé de chercher des activités adaptées à Marcos et d’aller voir un service d’orientation très réputé. Laura a conduit Marcos au service d’orientation : « il a seulement 40 ans et a d û r e n o n c e r à une brillante carrière d’ingénieur. Il a besoin d’être occupé, de faire quelque chose. » Laura a-t-elle expliqué au conseiller. Elle a poursuivi : « Nous espérons que la douleur dans les bras passera et qu’il pourra faire de l’ingénierie de projet. Enfin, le médecin dit que la douleur devrait s’atténuer dans quelques mois». En attendant, il fallait trouver à Marcos une activité (même bénévole) de 2 à 3 heures par jour, deux ou trois fois par semaine, l’activité devant être compatible avec le versement de son allocation. Laura comptait sur l’aide du conseiller pour cela. Elle avait déjà contacté une ONG dispensant des cours de langues aux immigrés, deux soirs par semaine, et située près de leur domicile. La demande de Laura s’avéra très particulière pour le conseiller. L’endroit où les cours avaient lieu n’était pas accessible en fauteuil roulant. Le bâtiment avait un escalier et l’ONG avait besoin des conseils de spécialistes pour voir comment le rendre accessible à une personne à mobilité réduite. L’association n’avait pas les ressources pour entreprendre les travaux, tous ses fonds étant exclusivement consacrés aux personnes qu’elle accueillait. De plus, la conjoncture économique particulièrement difficile l’obligeait à accueillir de plus en plus de personnes en difficultés. Le conseiller leur donna toutes les informations relatives à l’aménagement de l’escalier afin qu’ils les transmettent au directeur de l’ONG en question.

Deux jours plus tard, Marcos rappelait le conseiller : les deux principaux responsables de l’ONG étaient âgés et n’avaient pas l’habitude de remplir tant de documents. Marcos était prêt à se charger de ce travail avec l’aide du conseiller, lequel se réjouissait que le 111


bénéficiaire puisse enfin être de nouveau actif. Le conseiller et Marcos demandèrent ainsi une aide pour adapter le poste à un fauteuil roulant et rendre les locaux accessibles aux personnes handicapées. Trois mois plus tard, ils reçurent la réponse : il ne pouvait pas y avoir d’aménagement de poste pour un simple bénévole.... Marcos était très déçu d’avoir attendu trois mois pour rien. Par la suite, le conseiller demanda aux services sociaux des administrations locales d’adapter une salle afin qu’il puisse être en mesure d’y assurer des cours de langues. En même temps, ils demandèrent des subventions pour adapter le bâtiment. Deux mois plus tard, ils furent fixés : il n’y avait pas de salle de cours à prêter et l’aide était refusée parce que le bâtiment de l’ONG n’avait pas le statut de résidence principale. Cinq mois s’étaient écoulés depuis que Marcos avait rencontré pour la première fois le conseiller Emploi. L’impulsion de Marcos pour se maintenir actif s’était envolée et il se sentait profondément dépressif, encore davantage qu’avant de commencer ses démarches. Parfois, comme dans ce cas, les conseillers sont confrontés à des situations inextricables sur le plan juridique. La bureaucratie, l’incapacité de s’adapter à une situation spécifique et la difficulté de réformer le droit sont les principales barrières rencontrées par les personnes handicapées.

Travail préliminaire : En tant que conseiller, accepteriez-vous de prendre en charge ce type de cas ? Développez.

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QUESTIONS

I- Questions relatives au cas 1/

Que pensez-vous des actions menées par le conseiller ?

2/

Selon vous, le conseiller est-il allé au delà de sa mission ?

3/

Quelles autres démarches pouvez-vous envisager dans le cadre de cet accompagnement ?

II- Questions d’ordre général 1/

Considérez-vous que le conseiller doit nécessairement suivre les désirs du bénéficiaire ?

2/

L’adaptation du poste de travail relève-t-elle de la compétence du conseiller Emploi?

3/

Quel est le rôle du conseiller en matière de législation ?

113


Marie Thèmes abordés: Analyse de la demande, Gestion du temps, Droit des personnes handicapées, Pensée critique, Accompagnement à la recherche d’emploi Marie a obtenu un diplôme de niveau 5 (CEC), dans le secteur Hôtellerie-Restauration, il y a six ans. L’école qu’elle a fréquentée et le programme suivi étaient particulièrement adaptés aux personnes souffrant de handicaps mentaux. Au cours du dernier trimestre de formation, elle a effectué un stage dans un hôtel de la ville à raison de trois jours par semaine. Ses tâches principales recouvraient le nettoyage et le service du petit déjeuner. A cette époque, elle vivait avec ses parents dans une ville proche de l’école. Soutenu par un tuteur interne à l’hôtel, elle a fait du bon travail. En mars, nous avions demandé à la direction de l’hôtel si Marie ne pourrait pas y travailler pendant la période estivale et cette demande avait été acceptée. C’est ainsi qu’elle a commencé à travailler le lundi suivant l’obtention de son diplôme. Dans le même temps, elle a pris un appartement dans la ville où elle envisageait de travailler par la suite. Pendant l’été, Marie a bénéficié du soutien d’un conseiller relevant de l’agence pour l’emploi qu’elle rencontrait une fois toutes les trois semaines. Au mois d’août, son contrat à durée déterminée fut transformé en contrat à durée indéterminée. Cependant, son changement de statut mit fin à la prestation de soutien et Marie se retrouva livrée à ellemême. Le conseiller Emploi apprit que son tuteur au sein de l’entreprise était parti et n’avait pas encore été remplacé. Il insista auprès de l’hôtel sur l’importance de nommer un nouveau tuteur pour Marie dès que possible. Cette période fut manifestement dure pour elle car elle commença à se sentir en insécurité et connut des difficultés à s’occuper de son intérieur. Le conseiller l’aida à faire une demande d’assistance ménagère, qu’elle obtint. Malgré la demande insistante conjointe de Marie et de son conseiller, l’employeur ne put nommer de nouveau tuteur et l’état de Marie se dégrada à tel point qu’elle se retrouva en arrêt maladie. Le conseiller l’aida à prendre contact avec un psychologue avec qui elle eut des entretiens réguliers. Son contrat de travail se termina en août de l’année suivante. Le conseiller emploi se mit d’accord avec Marie et le psychologue sur le fait qu’ils reprendraient contact quand elle se sentirait prête pour une nouvelle mise en situation. Ce qu’ils firent neuf mois plus tard. Au cours de cet entretien, Marie évoqua la possibilité de travailler en milieu protégé. Le conseiller l’entendit mais ne le releva pas. Peu de temps après, il lui trouva une structure d’accueil pour une mise en situation. Il s’agissait d’un centre de conférences, dépendant de l’église locale, où Marie pouvait travailler deux heures par jour, à raison de trois jours par semaine. Marie accepta cette proposition et commença en avril. Tout se passa très bien. Ses tâches comprenaient du nettoyage et, parfois, quelques menus travaux en cuisine. Le 114


rythme y était beaucoup plus mesuré qu’à l’hôtel. En août, Marie demanda s’il était possible de lui augmenter son temps de travail. Elle passa à vingt heures par semaine et une aide-ménagère vint à son domicile un jour par semaine tandis qu’elle travaillait dans le centre. Les choses se passèrent si bien que le conseiller commença à tâter le terrain pour une éventuelle embauche. En janvier de l’année suivante, Marie fut embauchée comme employée du centre de conférences. Au cours des rendez-vous de suivi en entreprise, il apparut que Marie manquait parfois d’application et qu’elle se montrait triste quand on le lui faisait remarquer. Le conseiller et l’employeur définirent un certain nombre de stratégies que le tuteur utiliserait pour exprimer une critique de façon à ce que Marie puisse l’accepter. Cependant, l’état psychologique de Marie devint instable. Son tuteur essaya de l’aider autant que possible pour qu’elle puisse continuer à travailler. Marie recommença à voir le psychologue et expliqua qu’elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait mal. Elle trouvait son travail stimulant, avait une bonne relation avec son petit ami et se sentait bien aidée à la fois par l’aide ménagère et le soutien du psychologue. Marie fut de plus en plus souvent absente au travail et le conseiller emploi se rendit plusieurs fois sur les lieux pour aborder le problème. Elle fut si souvent absente, qu’au moment de renouveler le contrat, l’employeur y renonça. Marie ne comprit pas pourquoi. Elle dit « qu’elle avait juste été malade ». Le conseiller emploi commença alors à parler de travail en milieu protégé. Après un autre arrêt maladie, Marie se rangea cette suggestion. Le conseiller l’aida à s’occuper des questions légales pour qu’elle puisse bénéficier d’une place en atelier protégé. Le conseiller accompagna Marie lors de sa première visite sur les lieux de façon à lui présenter ses tâches quotidiennes. On proposa à Marie un travail protégé en externe, basé au centre de gymnastique de sa ville. Au début, elle hésita, mais après une visite du centre elle accepta avec plaisir. Son travail consiste à essuyer les équipements de fitness, à ranger les accessoires et à aider les clients du centre de gymnastique. Elle travaille 20 heures par semaine et cela lui plaît beaucoup. Elle continue à bénéficier d’une aide-ménagère et à rencontrer le psychologue une fois par semaine. Le conseiller emploi espère maintenant que Marie se sent bien et n’a plus autant de pression que lors de ses emplois précédents. Pour rappel, Marie avait été la première à mentionner l’intérêt d’un emploi en milieu protégé.

Travail préliminaire : Comprenez-vous la suggestion de Marie concernant la recherche d’un emploi en milieu protégé lors 115


de sa reprise de contact avec les conseiller? Que signifie « trouver le bon degré d’accompagnement » ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Le soutien conjoint du conseiller et du tuteur a-t-il été suffisant pour Marie ? Ou pensez-vous qu’elle aurait eu besoin de davantage?

2/

Estimez-vous que le conseiller aurait dû prendre en compte l’idée de Marie de travailler en milieu protégé au lieu de lui chercher à nouveau un poste en milieu ordinaire?

3/

Comprenez-vous que l’absence de tuteur ait pu avoir un effet aussi dévastateur sur Marie?

I I – Questions d’ordre général 1/

Pouvez-vous exposer les conditions de travail en milieu protégé ?

2/

Est-ce au conseiller de s’occuper des démarches administratives pour une entrée en atelier protégé ?

3/

Connaissez-vous la législation relative au travail en milieu protégé ?

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Mark Thèmes abordés: Analyse de la demande, Pensée critique, Accompagnement à la recherche d’emploi Mark a 40 ans et souffre d’une déficience auditive. Bien qu’il soit diplôme en métallurgie (niveau 3), il n’a jamais eu d’emploi correspondant à sa qualification. Pendant dix ans, il a exercé des métiers peu rémunérateurs, des travaux physiques ne nécessitant pas de savoir- faire particulier (réparations et nettoyage). Lorsqu’il s’est retrouvé sans emploi, il a demandé à être accompagné dans ses démarches de réinsertion par un conseiller connaissant la langue des signes. Mais, compte tenu de la longue liste d’attente, il s’est écoulé un an entre le moment de sa demande et la rencontre du Conseiller chargé de l’aider. C’était la première fois qu’il bénéficiait de ce type d’aide. Tandis qu’il attendait de se voir attribuer un conseiller, il a malgré tout pu participer à des ateliers dédiés aux outils de recherche d’emploi (CV, lettre de motivation, entretien d’embauche). Il a finalement été suivi pendant 5 mois pour une recherche intensive d’emploi en lien avec ses compétences professionnelles. Lorsqu’il s’agissait de prendre contact avec les employeurs, le conseiller lui servait d’interprète. Il le rencontrait une fois par semaine, répondait aux offres d’emploi et faisait également des candidatures spontanées. Mark s’est montré très actif au cours de cette période mais, malgré cela, il n’a obtenu que très peu d’entretiens. Cependant son conseiller lui indiqua une annonce émanant d’une agence de recrutement spécialisée dans son domaine. L’offre provenait d’une petite compagnie de métallurgie de 12 personnes. Au début, l’employeur se montra réticent à employer une personne handicapée mais le conseiller lui exposa les avantages dont il bénéficierait et lui promit une entière prise en charge de la situation en cas de problèmes. Le conseiller présenta à Mark le lieu de travail ainsi l’organisation et la culture de l’entreprise. Par ailleurs, il expliqua aux autres salariés la manière de se comporter avec une personne souffrant d’une déficience auditive, ceci afin de faciliter les échanges au sein de l’équipe. Mark eut enfin l’opportunité d’envisager la possibilité d’un emploi en adéquation avec sa formation initiale. Tous les intéressés se mirent d’accord sur une période d’essai de deux mois. Une semaine plus tard, l’employeur était tellement content du haut niveau de compétences de Mark qu’il décidait de l’embaucher. Il nomma dans l’équipe un tuteur devant soutenir Mark dans son insertion. Tout se déroula pur le mieux et depuis lors, Mark est en CDI et travaille à plein temps. Travail préliminaire Selon vous la détermination et la persévérance de Mark dans son désir de trouver un emploi en lien avec son niveau d’études peuvent-elles servir d’exemple aux personnes handicapées soucieuses de s’épanouir dans leur vie professionnelle ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Que pourriez-vous dire du « binôme » Mark-conseiller? Développez.

2/

Le Conseiller Emploi de Mark lui sert d’interprète auprès des employeurs : avez-vous déjà connu des situations de ce type dans votre milieu professionnel ? Si oui, développez, sinon trouvez-vous qu’il s’agisse là d’une solution satisfaisante ? Motivez votre réponse.

3/

Quels sont, selon vous, les points forts de Mark?

I I – Questions d’ordre général 1/

Le bas niveau de formation de nombreuses personnes handicapées confrontées aux exigences du monde du travail constitue un défi permanent pour le Conseiller Emploi. De quels moyens dispose-t-il pour le relever ?

2/

Connaissez-vous les divers dispositifs et aides existant pour favoriser l’insertion de personnes sourdes ou malentendantes ?

3/

Pourriez-vous imaginer, suggérer d’autres moyens pour améliorer leurs chances d’insertion professionnelle?

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Marthe Thèmes abordés: Analyse de la demande, Pensée critique, Gestion de l’ information, Travail en équipe, Communication, Suivi en entreprise Marthe a 42 ans. Elle souffre depuis l’enfance d’anxiété sociale et de dépression, ce qui l’a amenée à rencontrer de nombreuses difficultés, tout d’abord au collège, et plus tard au travail. Elle a quitté l’école à l’âge de 16 ans (avec le niveau 5 du CEC). Cependant, de par sa pathologie (ou son état de santé), elle a été incapable de se débrouiller. Comme première expérience professionnelle, elle a décroché un emploi dans un supermarché qui ouvrait près de chez elle. Elle n’y est restée que deux mois du fait de son anxiété et de ses problèmes de communication avec ses supérieurs. Quand j’ai rencontré Marthe, elle demandait l’allocation Adulte Handicapée et de l’aide pour rechercher un emploi. Nous nous sommes rencontrées régulièrement au cours des deux premières semaines de suivi, ce qui m’a permis de me faire une idée globale de Marthe ainsi que de son expérience professionnelle et de ses compétences. J’ai pu comprendre comment son état de santé influait sur son parcours et instaurer une relation de confiance entre nous. J’ai travaillé régulièrement avec elle, tout d’abord en l’aidant à définir un métier susceptible de correspondre à ses goûts et compétences, puis en la préparant à l’entretien ; enfin en l’accompagnant jusqu’à sa confirmation dans le poste quand elle trouva un emploi dans un commerce de proximité. Je suis allée la voir régulièrement au cours de ses premières semaines de travail pour savoir comment elle se débrouillait dans sa prise de fonctions. Je me suis entretenue séparément avec Marthe et son responsable, puis les ai rencontrés ensemble pour me rendre compte de la façon dont les choses avançaient des deux côtés. J’ai encouragé Marthe à être entièrement honnête en ce qui concernait son ressenti face à sa charge de travail et à me faire savoir s’il y avait quelque problème que ce soit puisque j’étais là pour la soutenir vis-à-vis de l’employeur et, éventuellement, intercéder en sa faveur si nécessaire. Sans mon soutien lors de ses premiers jours de travail, Marthe aurait laissé tomber ou perdu son emploi de par son état dépressif et son angoisse. Par exemple, alors qu’elle était en poste depuis deux semaines, Marthe me dit que l’emploi lui plaisait et qu’elle n’avait aucun problème avec les tâches à réaliser mais que le transport et le temps de déplacement travail- domicile posaient problème et la fatiguaient trop. En fait, elle devait attendre pendant une heure après son service pour prendre le bus et tournait en rond.

Avant, Marthe n’aurait pas été en mesure d’aborder cette question avec son employeur et elle aurait vraisemblablement laissé tomber cet emploi. Toutefois, réalisant qu’elle prenait peu à peu confiance en elle, je l’ai encouragée à en parler avec son responsable. Résultat : Marthe a obtenu un changement d’équipe qui lui a permis de prendre un bus peu après la fin 120


de son service. L’accompagnement de Marthe dans l’emploi a duré deux ans, ce qui lui a permis de faire face à tous les problèmes, chacun étant pris en compte et résolu au fur et à mesure qu’il se présentait. Finalement, quand nous avons fait le point au bout de cette période, Marthe se sentait assez confiante pour se débrouiller seule. Marthe a continué à progresser avec l’aide de l’employeur et elle gère maintenant son propre rayon. Elle constate qu’elle a encore des moments difficiles mais sait qu’elle est à présent en mesure de réaliser quand elle a besoin de soutien. Elle a davantage confiance en elle et peut désormais se faire des amis. Elle s’est pris un appartement dans une ville proche de son travail et est indépendante. Le nouvel emploi de Marthe a eu des conséquences sur sa santé physique et mentale, elle est devenue plus autonome et plus optimiste. Avant sa prise de fonctions, Marthe disait qu’elle manquait d’énergie. Depuis, elle a perdu beaucoup de poids, est enthousiaste au sujet de son activité et continue à apprendre. Elle déclare: « mon job a changé ma vie ». Bien que Marthe ait craint de se retrouver face à d’insurmontables difficultés pour retrouver un emploi, elle a maintenant un métier qui lui plaît, son estime de soi s’est accrue, elle progresse et se montre enchantée de sa vie et de son travail Travail préliminaire : Décrivez brièvement l’accompagnement et le mode de résolution de problèmes mis en œuvre ici par le Conseiller Emploi pour favoriser la confirmation de Marthe dans le poste.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Qu’est-ce qui a permis à Marthe de réussir son insertion en entreprise ?

2/

Pensez-vous que l’expérience de Marthe puisse servir d’exemple à d’autres personnes se trouvant dans la même situation ?

3/

Quel est ici le rôle du Conseiller Emploi auprès de l’employeur ?

II – Questions d’ordre général 1/

Que diriez-vous de l’accompagnement continu de la/du bénéficiaire à toutes les étapes de l’embauche?

2/

Pouvez-vous justifier l’accompagnement sur le lieu de travail au fur et à mesure que s’ajoutent de nouvelles tâches, ou que le tuteur change, ou que le niveau de performances de la/du bénéficiaire semble insuffisant ?

3/

Selon vous, à partir de quel moment le suivi en entreprise doit-il s’interrompre ?

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Martin Thèmes abordés: Analyse de la Demande, Pensée Critique, Démarche Créative, Accompagnement à la recherche d’Emploi Martin, 36 ans, est titulaire d’un diplôme de Commerce de niveau 3. Il a trouvé très rapidement un emploi après la fin de ses études et a travaillé pendant 15 ans comme délégué commercial, pour trois entreprises successives. Il y a deux ans, Martin a eu un accident de voiture et, depuis, il ne peut plus conduire. Il y a huit mois, il a bénéficié d’un accompagnement pour réfléchir à une reconversion professionnelle et a finalement décidé de devenir comptable. Il a trouvé un bon centre de formation en Comptabilité et a demandé à intégrer la prochaine session, mais sa demande a été refusée. Il ignorait qu’il était obligatoire d’effectuer, au préalable, un stage sur le terrain pour valider son projet. Très motivé par son besoin d’action, il a fait de nombreuses démarches pour trouver une entreprise d’accueil au cours des deux derniers mois. Il a obtenu plusieurs rendez-vous (neuf pour être précis), à la fois avec des comptables employés au sein d’entreprises et avec des experts-comptables en cabinet. Malgré ses tentatives, il n’est pas parvenu à obtenir leur accord pour un stage Lors de notre premier entretien, Martin a apporté tous les éléments de preuve de ses démarches. Il m’a dit qu’il était très pressé de reprendre une vie active mais qu’il redoutait d’être obligé de rester toute la journée au même endroit. En effet, au cours de sa vie professionnelle de commercial, il était toujours sur la route et voyageait souvent en pays étrangers. Il avait l’habitude de rencontrer des personnes très différentes et adorait cela. Il ne vivait pas vraiment avec sa famille, seulement le weekend. D’ailleurs, son entourage s’était familiarisé avec ce mode de vie. Il a réalisé il y a seulement quelques mois qu’il allait rester “à la maison pour toujours” (ce sont ses propres mots pour mentionner un emploi sédentaire proche de son domicile). Peu après son accident, il souffrait tellement physiquement qu’il appréciait la présence constante de son épouse qui prenait grand soin de lui (elle est femme au foyer). Cependant, le temps passant, il avait commencé à se sentir anxieux en pensant à sa future reconversion. Son appréhension s’était peu à peu accrue et il était à présent très anxieux. Voici la liste de ses contre-indications médicales : Il doit éviter les positions « debout » et « assis » prolongées, les mouvements fréquents, le port de charges, la conduite (en raison des effets secondaires – assoupissement – des médicaments antidouleurs qu’il prend quotidiennement). 123


Il doit utiliser une chaise et un bureau ergonomiques. Une hypothétique opération chirurgicale est envisagée pour sa jambe droite. Toutefois, elle ne pourra se faire que dans trois ans, au minimum. Le médecin traitant préconise un emploi à temps partiel mais Martin veut travailler à temps plein.

Travail préliminaire: Précisez les points qu’il serait intéressant d’approfondir dans la description ci-dessus.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Quels aspects importants et positifs peut-on souligner dans la carrière de Martin?

2/

Comment vous y prendriez-vous pour aider Martin à appréhender ses peurs?

3/

Pensez-vous que Martin ait besoin de changer de voie et d’élaborer un autre projet professionnel?

I I – Questions d’ordre général 1/

Quels sont les aspects délicats à prendre en considération quand le projet professionnel suppose un changement complet de mode de vie?

2/

Avez-vous été confronté(e), ne serait-ce qu’une fois, à ce type de cas? Si oui, comment avez-vous géré la situation ? Sinon, comment vous y prendriez-vous ?

3/

Lors d’un accompagnement à la reconversion, faut-il prendre en considération les changements dans le mode vie impliqués par le nouveau projet professionnel ?

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Max Thèmes abordés: Gestion de l’Information, Pensée Critique, Travail en Equipe, Accompagnement à l’Emploi Max a 21 ans. Un handicap visuel important et des difficultés d’élocution lui ont été diagnostiqués au cours de sa petite enfance. A présent, il a besoin de verres très forts et peut utiliser un ordinateur sous réserve que les caractères puissent être agrandis à 150%. Il a conservé un léger défaut d’élocution mais est tout à fait compréhensible. Il a quitté l’école à 19 ans avec un CAP de restauration (niveau 5). Bien qu’il ait obtenu son diplôme, il ne peut pas travailler de façon continue en cuisine car l’ambiance humide qui y règne est incompatible avec ses problèmes oculaires. Il s’en était rendu compte pendant les stages en entreprise effectués pendant ses études mais avait préféré terminer son CAP. Aussi, après l’obtention du CAP de restauration a-t-il décidé de changer d’orientation. Cependant, attiré par les métiers de bouche, il a souhaité rester dans le secteur alimentaire et a décidé de devenir boulanger par la voie de l’apprentissage. Toutefois, ce projet a tourné court du fait d’un désaccord entre l’apprenti et son patron : trois mois après la signature du contrat, Max quittait l’entreprise. Lorsqu’il a démissionné, il pensait retrouver rapidement une autre entreprise pour continuer sa formation mais ce ne fut pas le cas et il se retrouva sans rien. Faute de mieux, il fut embauché par une société de transports en commun pour de courtes missions de comptage de clients. Il eut plusieurs contrats successifs à temps partiel mais il savait que ce type d’emploi n’était qu’une solution temporaire. Lors d’une rencontre avec son conseiller du Département Handicap, il lui parla de ses inquiétudes et celui-ci nous l’adressa pour un accompagnement. Lorsqu’à son arrivée Max se présenta au groupe, il mentionna trois pistes qui l’intéressaient : - Agent de sécurité - Préparateur de commandes/gestionnaire de stock - Standardiste. Il ajouta qu’il avait envie de travailler directement, sans être obligé de passer par une formation complémentaire. Très vite au cours de la prestation, Max renonça au métier d’agent de sécurité. Il expliqua de lui-même les raisons qui rendaient cette piste inenvisageable : son handicap visuel étaIt incompatible avec les exigences de cette activité. Quelques temps après, considérant ses problèmes d’élocution, il déclara qu’il ne pouvait pas devenir standardiste : il connaissait les difficultés qu’il rencontrait lors de ses conversations téléphoniques, alors comment aurait-il pu devenir un professionnel du téléphone ? La seule possibilité qui lui restait concernait la préparation de commandes et la gestion de stock. Après 126


plus ample information, Max réalisa que la gestion de stock supposait la maîtrise d’un logiciel spécifique et il n’avait pas du tout envie de se lancer dans un apprentissage aussi court fut-il. Il décida par conséquent de se focaliser sur la préparation de commandes et de faire un stage dans ce domaine. Au cours de nos entretiens individuels, Max évoqua souvent les désirs de sa mère concernant son insertion professionnelle. En effet, il vivait encore chez ses parents et elle était très présente dans tout cela. Elle lui donnait beaucoup de conseils qu’il écoutait sans toutefois montrer d’empressement à les suivre. Quand il approfondit sa réflexion relative au stage qu’il désirait effectuer en entreprise en tant que Préparateur de commandes, Max songea qu’il aimerait trouver une structure faisant du conditionnement de plats préparés : il connaissait le secteur de la restauration et avait approché la Boulangerie. Il estima donc qu’il serait à l’aise dans une entreprise œuvrant dans le secteur des plats tout prêts à déguster. Il devait cependant vérifier préalablement que ce type de travail ne s’effectuait pas en milieu de chaleur humide. Pour cela, il prit contact avec des professionnels de ce secteur et apprit que les plats préparés arrivaient directement en conteneurs réfrigérés. Ainsi les préparateurs de commande n’étaient-ils absolument pas soumis à quelque chaleur que ce soit. Il fit appel à ses parents et amis pour trouver un lieu de stage et obtint très vite un rendez- vous avec la responsable du personnel d’une société livrant des plats préparés aux restaurants d’entreprise. Tout se passa pour le mieux et Max obtint un accord pour un stage de trois semaines.

Travail préliminaire: D’après la description qui précède, précisez les points auxquels il conviendra d’être particulièrement attentif au cours du stage dans l’optique que Max ait de réelles chances de réussir son insertion professionnelle.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Quels sont, selon vous, les points positifs du profil de Max?

2/

Max ne veut pas envisager de nouvel apprentissage, même pour une très courte période. Pensez-vous qu’il serait judicieux d’essayer de le faire changer d’avis ? Pourquoi ?

3/

Quel rôle la mère de Max joue-t-elle dans ses décisions? Estimez-vous ce rôle plutôt positif ou négatif ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Comment réagissez-vous lorsqu’une personne handicapée souhaite s’orienter vers une activité manifestement incompatible avec son état de santé ?

2/

Souvent, les jeunes en situation de handicap sont très entourés par leur famille et reçoivent de nombreux conseils, que ce soit de leur père, de leur mère ou des deux. Comment les aider à faire leurs propres choix sans exclure les parents ni heurter leur sensibilité ?

3/

Pensez-vous qu’il soit possible, voire souhaitable, de stimuler l’ambition d’une personne ou cela relève-t-il de sa responsabilité et de sa personnalité?

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Michel Thèmes abordés: Analyse de la demande, Droit des personnes handicapées, Suivi en entreprise Michel a 36 ans et des attentes très précises: il a besoin de travailler. Il a une famille (une femme et un fils de 5 ans). Ils sont en situation difficile : sa femme travaille dans une cantine et ils vivent chez ses beaux-parents. Leur fils a besoin d’être opéré. Sa classification handicap vient d’être baissée et, du coup, il a perdu son allocation qui était sa seule source de revenus. Il a commencé à rechercher un emploi, sans succès, cet échec étant principalement dû à la peur des employeurs d’embaucher une personne épileptique. Michel est titulaire d’un diplôme professionnel de niveau 5 du CEC. Malheureusement, il a perdu son ancien job car il a touché le fond sous l’influence de l’alcool. Il regrette cette erreur et aimerait beaucoup pouvoir reprendre son ancien poste mais son ex-patron ne veut plus lui parler. Michel n’a pas voulu prendre part aux séances collectives ni aux ateliers. Il s’est surtout montré intéressé par les entretiens individuels centrés sur la recherche d’emploi. Quand je l’ai mieux connu, je me suis rendu compte qu’il était méfiant et manquait de confiance en lui. Il a raté deux entretiens et il lui arrivait souvent de ne pas répondre au téléphone. Au début, il ne voulait pas parler de lui ni de son ancien job. Plus tard, je me suis rendu compte que sa méfiance résultait de ce qu’il avait connu dans sa famille. Il m’a fallu préciser les règles de l’accompagnement : soit nous nous faisions confiance soit nous arrêtions l’accompagnement. N’ayant pas trop le choix il accepta de coopérer selon les règles de la prestation. Avant que nous commencions la recherche d’emploi, nous établîmes une liste des compagnies à contacter. La liste contenait 20 noms. Nous rédigeâmes un CV et une lettre de motivation et commençâmes à appeler les employeurs potentiels. Cependant, dès que le mot épilepsie était prononcé, chaque employeur potentiel mettait un terme à la conversation et nous ne parvînmes pas à décrocher un seul entretien. Tout le monde a peur de l’épilepsie. Michel était très déçu, aussi ai-je pris la décision de reprendre contact avec son ancien employeur. Il lui avait donné une chance, peutêtre pourrais-je le convaincre de lui en donner une nouvelle. Cette fois, je ne pris pas la peine de téléphoner avant et m’y présentai directement, sans rendez-vous. En y arrivant, je me suis présentée et j’ai parlé du programme d’accompagnement. Le patron se montra très sympathique et intéressé par une coopération. Il se trouvait à un moment où il avait besoin d’embaucher des personnes handicapées afin d’obtenir le statut d’entreprise handi-accueillante. Quand vint pour moi le moment de faire des propositions, je ne savais pas si je devais n e mentionner que Michel pour lui donner toutes les chances ( mais en prenant aussi le risque de faire échouer l’ensemble du projet) ou si je devais présenter à l’employeur deux ou trois autres personnes parmi lesquelles il pourrait choisir. Je fis le choix de m’en tenir à la présentation de Michel car j’étais là pour lui. Nous parlâmes 129


en détails des raisons de son licenciement. L’employeur consulta d’ailleurs le service du personnel pour m’en dire plus à ce propos. Il me dit qu’il avait besoin de réfléchir à tout cela. J’essayai de lui expliquer que Michel avait changé : il avait une famille, il avait vraiment besoin de travailler, ses motivations et sa situation étaient différentes maintenant. Finalement, le patron accepta et il fut convenu que Michel reprendrait son poste dès le lendemain et serait en période d’essai pendant deux semaines. S’il ne commettait pas de bévue pendant ce laps de temps, il aurait une chance pour une période d’essai plus longue. Je m’inquiétais au cours de ces deux semaines. Au bout de cette période, je pris rendez-vous avec l’employeur et lorsque je le rencontrai, je pus réaliser qu’il était satisfait du travail de Michel et qu’il avait d’ailleurs besoin d’embaucher. Malgré cela, il n’avait rien dit à Michel. Après cet essai, Michel fut engagé pour un CDD de trois mois. Il était en bonne voie pour un CDI si tout se passait bien. Alors que je croyais que nos relations avaient changé, Michel « rentra dans sa coquille » quand je lui demandai une copie de son contrat de travail. Nous avions pris rendez-vous mais Michel ne vint pas et ne répondit pas au téléphone. Je lui laissai alors un message pour l’avertir que j’allais l’exclure du projet s’il ne donnait pas signe de vie. Il rappela. Je l’interrogeai sur les raisons de son comportement et il me déclara qu’il craignait que son contrat et son salaire ne tombent entre de mauvaises mains. Il ne put m’en dire davantage. A l’issue d’une longue conversation, il s’excusa pour son comportement et dit qu’il vivait un moment difficile car son petit garçon venait juste d’être opéré. Ensuite, les choses ont continué plus ou moins tranquillement. Au cours des entretiens de suivi, ni l’employeur ni le bénéficiaire ne firent état de quelque problème que ce soit. J’accompagne toujours Michel. Bien que son patron lui exprime régulièrement sa satisfaction, il a peur de perdre son emploi. Je lui ai promis que nous verrions le patron ensemble à la fin du CDD. Travail préliminaire: Quels sont les difficultés rencontrées ici par le conseiller de Michel ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Estimez-vous judicieux l’accompagnement effectué par le Conseiller?

2/

Pourriez-vous proposer des actions complémentaires ? Si oui, lesquelles ?

3/

Pensez-vous que le Conseiller Emploi de Michel aurait intérêt à le faire parler de ce qu’il veut manifestement garder pour lui ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Quelles sont les allocations existant dans votre pays pour les personnes handicapées ayant un taux d’invalidité peu élevé?

2/

Quel accompagnement existe-t-il dans votre pays pour les demandeurs d’emploi longue durée Handicapés?

3/

Pensez-vous que le Conseiller Emploi doit prendre en compte les difficultés pécuniaires du bénéficiaire dans son accompagnement ?

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Nieves Thèmes abordés: Gestion du temps : définition et gestion des priorités ___________________________________________________________________________________________

Nieves a 31 ans et est atteinte de névrose obsessionnelle, laquelle est cependant désormais bien contrôlée par un nouveau médicament. Après le premier cycle du secondaire, elle a été formée au métier de coiffeuse (niveau 5 du CEC). Elle a ensuite pris des cours complémentaires pour améliorer ses aptitudes et compétences: coupe, la couleur... Il y a 5 ans, elle travaillait dans un salon de coiffure du centre-ville, (c’était avant qu’on ne lui diagnostique la maladie). Maintenant, les clients, et son travail lui manquent. Le conseiller a pris contact avec son ancien employeur, et celui-ci a déclaré qu’il ne voyait pas d’objection à ce que Nieves reprenne son poste maintenant qu’elle était stabilisée, si, toutefois, le conseiller s’engageait à la suivre en entreprise. Il s’engageait même à lui éviter au maximum les situations stressantes, d’autant plus que le salon de coiffure bénéficiait d’une aide pour l'embauche de personnes handicapées (somme fixe et réduction des cotisations sociales). Les entretiens que le conseiller a eus avec le propriétaire du salon et les anciens collègues de Nieves ont été très positifs et cordiaux et il a estimé qu’avec un bon soutien Nieves pourrait certainement se réadapter à ce poste. Il avait cependant quelques craintes parce Nieves était devenu l'objet de beaucoup de potins locaux et de nombreux clients connaissaient son histoire. En réalité, les rumeurs avaient de beaucoup dépassé la réalité. En situation « normale », Nieves était une femme drôle, réactive, souriante et extravertie, capable d’aborder tous les sujets et l’employeur s'en souvenait très bien. Pourtant, lorsque le conseiller fit part de ses démarches au psychiatre de Nieves et lui annonça son intention de l’aider à reprendre son ancien poste, celui-ci se montra plutôt réservé et ne montra pas beaucoup d'enthousiasme à cette idée. Il exprima quelques doutes et envisagea des complications, supposant que ce projet n’était peut-être pas vraiment compatible avec la thérapie que suivait Nieves et les médicaments qu’elle prenait. Le psychiatre recommanda une analyse minutieuse de la situation et demanda au conseiller de tenir compte de la vie personnelle de Nieves. Nieves avait un bébé âgé un an et se révélait être une bonne mère. Elle vivait seule, son petit ami n'ayant pas voulu reconnaître l’enfant et percevait une allocation « mère célibataire »i qui s’avérait suffisante pour eux deux. Si elle devait être réembauchée par le salon de coiffure, elle le serait en tant qu’assistante coiffeuse et son salaire serait au plus équivalent à son allocation. Elle se retrouvait ainsi à avoir à choisir en salaire et allocation. 132


Si elle renonçait à retravailler, elle pourrait percevoir l’allocation jusqu'à ce que son fils soit adulte, c’està-dire plus à sa charge. Ensuite, l’allocation serait réduite, mais encore suffisante pour lui permettre de mener une vie normale. Le conseiller réfléchit à la meilleure solution pour Nieves. Il veut l'aider à identifier ses priorités et à décider si travailler tout en élevant son enfant est possible ou pas. « En toute honnêteté, pense-t-il, si Nieves souffrait d'une autre grande crise, le bébé en serait la première victime ». Du point de vue du conseiller, il y a ici deux acteurs centraux en jeu. Nieves n'étant pas sûre de sa condition sur le plan médical, a demandé à son psychiatre de s’entretenir en toute franchise avec le conseiller à son propos, ce qu’il a fait. A l’issue de cet entretien, le conseiller a émis une proposition à Nieves. Entre la reprise d’un emploi ou le renoncement au retour à la vie active, le conseiller a suggéré une troisième option: inscrire Nieves sur une formation complémentaire en Coiffure (à raison d’un ou deux jours hebdomadaires) de façon à ce qu’elle ne perde pas son savoir-faire mais au contraire améliore ses compétences, et attendre quelque temps avant d’envisager le retour à une vie pleinement active. C'était aussi une façon de lui permettre de casser sa routine, de sortir de chez elle, d’avoir une occupation et de rencontrer de nouvelles personnes tandis que le bébé grandissait et pouvait aller à l'école. Nieves demanda à réfléchir à cette proposition avant de se décider.

Travail préliminaire: Quelles remarques pouvez-vous formuler après une première lecture de ce cas ? Après une deuxième lecture ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment auriez-vous agi à la place du conseiller?

2/

Quelles démarches précises auriez-vous pu lui proposer pour lui permettre de découvrir ses priorités ?

3/

Avez-vous déjà été confronté(e) à un cas où il convenait de prendre en compte l’intérêt d’un enfant

I I – Questions d’ordre général 1/

Considérez-vous qu’il y a des cas où le conseiller doit s’entretenir avec le médecin de la / du bénéficiaire ?

2/

Le rôle du Conseiller Emploi : il peut être très variable selon les situations. Pourriez-vous donner quelques exemples des divers rôles qu’il peut être amené à jouer

3/

Pensez-vous que le retour au travail est toujours la meilleure solution?

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Nora Thèmes abordés: Pensée critique, Gestion du temps: définition et gestion des priorités Nora a 27 ans et, pour le moment, s’occupe de ses deux enfants. A l’âge de 6 ans, elle a été attaquée par un Doberman et, traumatisée, a commencé à bégayer. La thérapie mise alors en place n’a pas donné les résultats escomptés, Nora est donc entrée à l’école primaire apeurée, incertaine de la façon dont allait se dérouler sa vie d’écolière et dont elle allait pouvoir entretenir des relations avec ses camarades de classe. Aujourd’hui, Nora ne veut pas se remémorer ses années passées à l’école élémentaire car elles ont été pénibles, surtout les remarques de ses camarades. Ce qu’elle n’oubliera jamais, ce sont les difficultés rencontrées en littérature, en histoire et en géographie, matières dans lesquelles elle rencontrait le plus de difficultés. Par exemple, à cause de son bégaiement, elle n’était pas en mesure de dire les récitations et commettait de nombreuses erreurs de prononciation. Lire des énoncés était également une « mission impossible pour elle ». La classe était excédée lorsqu’elle devait répéter quelque chose. Le stress ressenti renforçait son problème de prise de parole. La plupart des enseignants étaient aussi stressés qu’elle. Nora confie que ses professeurs ont eu une attitude positive et qu’ils voulaient l’aider, mais ils s’avéraient étaient impuissants à trouver une méthode pour le faire. Ils essayèrent différentes techniques pour lui faciliter la vie en classe mais sans grands résultats. Du fait de son bégaiement, Nora ne pouvait pas exprimer ce qu’elle avait appris et prouver de la sorte ses capacités. Malgré une scolarité très problématique, elle garde en mémoire quelques bons souvenirs, souvent liés à ses professeurs qui se montraient compréhensifs et se voulaient aidants. Selon Nora, quand les problèmes ne peuvent pas être affrontés, ils doivent être évités. Ainsi, après le premier cycle du secondaire (niveau 5), elle décida de devenir « Cuisinier professionnel ». En effet, pour exercer ce métier, il n’est pas nécessaire d’avoir de bonnes qualités oratoires et une diction irréprochable. Elle se présenta donc dans nos bureaux car elle avait besoin d’être guidée dans le choix d’une école, son objectif étant de trouver une structure où la dimension pratique prédominerait sur le versant théorique. Nous avons lui avons trouvé ce type d’établissement et elle y a effectué sa formation. Les années passées dans l’école et dans les ateliers de cuisine furent les plus agréables et les plus sécurisantes de toute sa vie. Là bas, elle a commencé à nouer des amitiés, à prendre confiance en elle et ce fut également le premier endroit où elle fut reconnue comme une bonne professionnelle pouvant travailler efficacement tout en privilégiant la qualité.

Peu de temps après la remise de son diplôme (niveau 4), elle a trouvé un emploi dans l’un des 135


restaurants les plus populaires de la ville. C’est là qu’elle a rencontré son futur mari. Aujourd’hui Nora s’occupe de son enfant, mais quand il sera plus grand, elle a pour projet de reprendre des études universitaires.

Travail préliminaire: Comment interprétez-vous cette phrase de Nora: “Quand les problèmes ne peuvent pas être affrontés, ils doivent être évités. ” ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comprenez-vous le désir de Nora de trouver une école axée en priorité sur la pratique et non la théorie? Développez.

2/

Quels sont selon vous les atouts de Nora ?

3/

Quel ont été les facteurs décisifs dans le parcours de Nora ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Vous êtes-vous déjà trouvé(e) confronté(e) à une situation où la demande de la /du bénéficiaire était exclusivement d’ordre pratique (exemple : aidez-moi à trouver une école correspondant à mes critères) ?

2/

Quelles sont, selon vous, les compétences requises des formateurs ou enseignants s’occupant de personnes en situation de handicap.

3/

Quelles sont les synergies possibles entre les professionnels des différents secteurs (santé, formation, emploi, social) afin d’optimiser l’insertion professionnelle de personnes handicapées?

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Olivia Thèmes abordés: Droits des personnes handicapées, Gestion de l’information, Pensée critique, Démarche créative, Travail en équipe, Accompagnement à la recherche d’emploi, Communication Olivia a 36 ans. Elle a brillamment réussi ses études et est sortie diplômée d’une Ecole d’Ingénieurs en Informatique réputée à l’âge de 22 ans (niveau 1). Embauchée dans une grosse entreprise, elle a immédiatement managé une équipe de quatre personnes en tant que chef de projet. Elle a ainsi mené plusieurs projets avec succès. Toutefois, tandis que sa vie professionnelle suivait son cours, Olivia a souffert de dépressions saisonnières récurrentes et a finalement été diagnostiquée bipolaire. Un traitement approprié lui a permis de se stabiliser (il s’agit d’un traitement à vie). Au bout de neuf ans dans la même entreprise, Olivia a eu envie de changement et a commencé à chercher un autre poste. C’est dans cet esprit qu’elle a pris des contacts avec diverses structures jusqu’à ce qu’elle pense avoir trouvé la bonne. Il était entendu qu’elle commencerait par une mission de travail temporaire et qu’elle serait ensuite embauchée en CDI à la fin de la mission intérimaire. Elle a ainsi démissionné sans hésitation et pris ses nouvelles fonctions dans un établissement financier. Toutefois, ses espoirs ont été de courte durée car, au lieu d’être embauchée en CDI à la fin de la mission d’intérim, elle s’est retrouvée sans travail du fait d’un mouvement imprévu des marchés financiers, lequel a amené son futur employeur à changer d’avis quant à son embauche. Olivia s’est par conséquent retrouvée sans travail et sans aucun recours car aucune promesse d’embauche n’avait été signée. Elle a obtenu d’autres missions mais s’est rapidement sentie perdue car, si depuis son enfance elle avait eu un parcours linéaire, son futur lui semblait dorénavant incertain. De plus, deux missions qui étaient supposées être renouvelées se sont terminées sans autre forme de procès. Olivia se rendait compte que quelque chose n’allait pas mais elle n’arrivait pas à savoir quoi. Elle a fini par s’en ouvrir à sa psychiatre qui lui a prescrit des explorations cérébrales approfondies. Une maladie génétique a été découverte.Le neurologue lui a conseillé des exercices de mémoire, des séances d’orthophonie et de kinésithérapie. Il a cependant ajouté qu’il n’existait pas de traitement spécifique à cette maladie et qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Pendant deux ans, Olivia n’a eu que ces séances paramédicales comme activité. Toutefois, ne supportant plus de rester seule chez elle (elle est célibataire, sans enfant) sans aucun projet, elle a demandé de l’aide au département Handicap qui nous l’a adressée pour un accompagnement à l’élaboration de projet. La première fois que j’ai rencontré Olivia en entretien individuel, elle m’a raconté ce qui précède et 138


annoncé qu’elle souhaitait reprendre la vie active. Elle n’avait cependant pas de piste de reconversion. La seule contre-indication médicale mentionnée dans son dossier portait sur la nécessité d’éviter des conditions de travail stressantes. Interrogée sur ces centres d’intérêt et éventuels hobbies, Olivia a eu bien du mal à répondre. Elle semblait n’en avoir aucun. J’ai réalisé qu’elle s’était toujours focalisée sur le travail : travailler à l’école pour obtenir de bons résultats puis avoir un bon métier. Ses parents semblaient avoir le travail pour valeur première et l’engageaient vivement à retrouver un emploi. Olivia a aimé les séances collectives qui lui ont permis de rencontrer d’autres personnes et elle s’y est impliquée tout en étant très lente à réaliser les divers exercices proposés. Comme nous réfléchissions ensemble à différentes voies de reconversion, Olivia a mentionné un double critère important pour elle : elle souhaitait un emploi simple et stable. Peu à peu, elle a envisagé de tenir un poste d’Agent administratif en mairie et a souhaité effectuer un stage dans ce domaine. C’est dans cette optique qu’elle a repris contact avec une ancienne amie travaillant au sein d’une mairie parisienne et a obtenu un stage de trois semaines : une semaine au département Communication, une autre dans le service des ressources humaines, enfin une troisième au service de l’Etat Civil. Durant son stage, j’ai eu beaucoup de mal à m’entretenir avec ses tuteurs successifs. J’ai compris pourquoi lorsque j’ai appris qu’Olivia ne faisait qu’un stage d’observation et n’avait aucune tâche concrète à réaliser. Elle suivait ainsi le personnel dans ses déplacements, dans les réunions,… Un point a cependant été respecté : elle a bien pu découvrir les trois services prévus. A son retour de stage, Olivia a exprimé des sentiments mitigés : d’un côté elle était satisfaite d’avoir pu observer la vie d’une mairie de l’intérieur, d’un autre côté, elle était déçue qu’on ne lui ait rien donné à faire. Mais, comme l’accompagnement se poursuivait, Olivia devenait de plus en plus anxieuse. Elle a fini par me demander si elle ne pourrait pas faire un autre stage, mais cette fois « un vrai » pour faire l’expérience de la vie quotidienne d’une Agent administratif de mairie. Je voyais Olivia en grandes difficultés et n’avais pas l’impression qu’elle serait en mesure de bénéficier d’un autre stage. Je lui ai par conséquent demandé s’il ne serait pas plus judicieux d’envisager un autre type d’accompagnement par exemple via la fréquentation d’un hôpital de jour où elle pourrait participer à des ateliers avec d’autres personnes mais sans la pression liée à la reprise d’une activité professionnelle à court terme. A la mention de l’hôpital de jour, Olivia m’a appris que son médecin lui avait conseillé d’intégrer ce type d’institution. Elle a ajouté qu’elle allait y penser jusqu’à notre prochain entretien. Elle est revenue deux jours plus tard avec le compte-rendu de son neurologue datant de huit mois. 139


Dans celui-ci, le neurologue expliquait qu’Olivia perdait peu à peu ses facultés physiques et mentales. Il ajoutait qu’elle n’avait pas complètement réalisé la gravité de sa situation mais qu’elle allait devenir dépendante. Il terminait son compte-rendu en précisant qu’Olivia ne pouvait, en aucune façon, reprendre une activité professionnelle, aussi simple soit-elle. Olivia m’a dit qu’elle n’avait pas montré ce texte à son conseiller du département Handicap: elle ne savait que penser ni que faire. Par ailleurs, ses parents s’attendaient toujours à ce qu’elle retravaille. Finalement, j’ai ressenti qu’Olivia était soulagée : elle se sentait autorisée à lâcher-prise. J’ai réalisé à quel point elle avait dû souffrir d’essayer de faire quelque chose dont elle n’était plus capable. Elle a reconnu qu’elle n’était plus attirée par la vie professionnelle et m’a annoncé qu’elle allait prendre rendez-vous avec son psychiatre pour parler de l’hôpital de jour.

Travail préliminaire: Parfois, comme dans ce cas, l’accompagnement n’implique pas le retour à l’emploi. Pourtant, il est utile. Expliquez pourquoi et comment. Développez.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Dans le cas d’Olivia, une seule contre-indication figure dans son dossier: elle doit éviter le travail sous stress. A votre avis, pourquoi n’y en a-t-il pas d’autres ?

2/

Comprenez-vous le comportement des parents d’Olivia?

3/

Comment expliquez-vous le soulagement manifesté par Olivia à la fin de la prestation?

I I – Questions d’ordre général 1/

Avez-vous déjà été confronté à une telle situation? Si oui, comment l’avez- vous gérée ? Sinon, quels sont les points qui vous paraissent les plus délicats ?

2/

Dans les séances collectives, il y a beaucoup de personnes et toutes sortes de handicaps. Pourtant, nous constatons souvent que les participants s’enrichissent les uns les autres. A votre avis, quels sont les facteurs qui entraînent cette synergie ?

3/

Quel est à votre avis l’intérêt de la fréquentation d’un hôpital de jour pour un bénéficiaire qui ne peut pas (ou pas encore) se préparer à reprendre la vie professionnelle ?

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Patrice Thèmes abordés: Droit des personnes handicapées, Accompagnement à la recherche d’emploi, Suivi en entreprise Patrice a 20 ans et souffre d’un léger retard mental. Il vit depuis sa naissance dans une petite ville de province. Aidé par sa famille et ses amis, il a réussi à obtenir un diplôme de niveau 5 en cuisine, via une formation proposée par le service Emploi de sa ville. Patrice voulait trouver un emploi, avoir une activité et gagner son propre salaire. Sur le conseil de travailleurs sociaux du service Emploi, il a pris contact avec le service Handicap de notre structure. En tant que conseiller Emploi au sein de cette organisation, j’ai pris en charge le suivi de Patrice et l’ai reçu plusieurs fois en entretien, à la fois au bureau et à l’extérieur. Patrice a exprimé un grand désir de travailler sans toutefois avoir de piste d’orientation. C’est pourquoi, pensant à son certificat de cuisine, j’ai essayé de lui trouver un emploi dans un restaurant en organisant plusieurs rencontres avec des professionnels du secteur. L’un de ceux-ci accepta d’embaucher Patrice pour une période de 3 mois. Cependant, dès la première semaine, il fut évident que Patrice ne savait pas cuisiner et il décida de lui-même de quitter le restaurant. Me basant sur mon expérience, j’ai continué à chercher un autre emploi pour Patrice. Il m’a accompagnée en entreprises pour voir quels types de jobs étaient envisageables, quelles seraient ses tâches éventuelles, etc. J’ai tout d’abord proposé à Patrice de travailler dans un jardin pour s’occuper des fleurs mais, au cours de la visite, Patrice a réalisé que ce type d’emploi ne lui convenait pas. Via une relation personnelle dans la ville, je me suis arrangée pour convaincre le propriétaire d’une société de traitement de déchets d’embaucher Patrice. Il devait retirer toutes les agrafes en métal et les trombones des papiers et les étiquettes adhésives des dossiers. Il lui incombait également de rassembler le papier transformé dans de grandes boîtes en carton. Ce travail a plu à Patrice et au bout d’un mois il a touché son premier salaire. Il était extrêmement content d’avoir gagné son propre argent. Ses collègues l’aidaient autant que nécessaire. Patrice a continué à nous rendre visite après son embauche. Avec ses premiers euros, il m’a acheté une boîte de chocolats pour m’exprimer ses remerciements. Travail préliminaire: Quels sont les compétences mises en œuvre dans ce cas par le conseiller Emploi ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment expliqueriez-vous le manque d’aptitudes de Patrice à travailler en cuisine malgré l’obtention de son certificat professionnel ?

2/

A votre avis, sans l’importance des contacts personnels du conseiller Emploi, quelles auraient été les chances de Patrice de trouver un poste dans cette petite ville?

3/

Comment auriez-vous accompagné Patrice dans son désir de travailler malgré son manque total d’idées de réorientation?

II – Questions d’ordre général 1/

Ne serait-il pas plus judicieux de familiariser la personne handicapée avec l’environnement du métier envisagé avant de lui proposer une formation professionnelle ?

2/

Quel est le niveau de collaboration entre les différents services concernant l’Emploi dans votre pays ?

3/

Existe-t-il dans votre pays des services spécialisés d’accompagnement à l’emploi par type de handicaps?

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Pawel Thèmes abordés: Pensée critique, Démarche créative, Travail en équipe, Gestion du temps Pawel a 29 ans. Après le baccalauréat, il a étudié le droit transfrontalier et obtenu un Master dans ce domaine (niveau 1). Il a ensuite fait une spécialité en Comptabilité au sein d’une grande école, spécialité avalisée par le Ministère des Finances et reconnue par un certificat. En tant qu’étudiant, Pawel a eu plusieurs petits boulots pour gagner de l’argent de poche et payer une partie de ses frais universitaires. Il a ensuite effectué un stage à temps partiel (3/4 temps), comme Assistant du Chef Comptable, dans une entreprise adaptée. Il y a quelques années, Pawel a eu un accident de voiture dans lequel il a perdu ses deux jambes. Il a connu une longue période d’hospitalisation suivie de rééducation. Il perçoit une pension d’invalidité, vit chez ses parents et est autonome dans ses déplacements grâce à une voiture adaptée à ses besoins. Equipé de deux prothèses, il peut se mouvoir mais doit faire face à de nombreuses difficultés. Pawel est aidé par une fondation pour personnes handicapées qui propose différents types d’Assistance telles que soutien psychologique, ateliers d’activités, programmes de réhabilitation et soutien financier pour l’ajustement des prothèses aux besoins particuliers des personnes. Pawel souhaitait être embauché à l’issue du stage mais n’étant pas sûr d’obtenir un CDI, il a fait appel à l'agence pour l'emploi pour un soutien à l’emploi. Il y a été accompagné par un conseiller Emploi et par d’autres spécialistes du monde du travail. Après une évaluation de son état de santé et de son employabilité, Pawel et son conseiller Emploi se sont mis d’accord sur un plan d’action personnalisé. L’insertion professionnelle est particulièrement difficile pour les personnes ayant un handicap lourd et les aider à trouver un poste susceptible de leur convenir est un défi pour les conseillers Emploi. Les employeurs du milieu ordinaire sont souvent réfractaires à l’embauche de telles personnes. Ils craignent leurs éventuelles difficultés à s’adapter tant aux obligations professionnelles qu’à l’environnement physique et social. D’où la nécessité pour les conseillers Emploi d’assurer, en plus du coaching du demandeur d’emploi, l’accompagnement d’employeurs potentiels. Ils doivent en effet les convaincre de l’intérêt de recruter des personnes handicapées puis effectuer le suivi en entreprise après l’embauche pour les aider à résoudre les problèmes pouvant survenir sur le terrain. Le stage comprenant l’évaluation des compétences du bénéficiaire a été suivi d’une recherche d’emploi et d’un employeur désireux d’embaucher une personne handicapée. Pawel avait au préalable préparé son dossier de candidature. Pawel et son conseiller Emploi ont chacun utilisé leur réseau pour commencer la recherche en milieu ordinaire. Pawel avait clairement défini son objectif : un emploi en adéquation avec sa formation et son expérience acquise au sein de l’entreprise adaptée. Ils ont trouvé plusieurs postes mais seulement deux correspondaient précisément aux attentes de Pawel. 144


Après un entretien avec chaque employeur potentiel, le bénéficiaire a refusé les postes : dans le premier cas à cause de la distance domicile-lieu de travail (30 kilomètres) et dans le second à cause du trop faible temps de travail proposé (1/4 temps). S’est ensuivie une période de stagnation. Pawel a alors décidé de poser sa candidature sur des sites web destinés aux personnes handicapées. Au début, il s’en est tenu à quelques postes puis il a élargi son champ de recherche et postulé pour un emploi de gestionnaire Economie et Finances au sein d’une entreprise de comptabilité ayant des filiales dans de nombreuses villes. Cet emploi comportait, entre autres avantages, la possibilité de travailler à domicile deux jours par semaine et les trois autres jours au bureau. Pawel a été embauché en CDI et il est à présent en période d’essai de deux mois. Ces modalités lui conviennent : quand il ne se sent pas très bien, il peut travailler de chez lui et les jours où il va mieux il va au bureau, ce qui a un effet thérapeutique de par les contacts qu’il a avec ses collègues et le travail en équipe qui favorise son intégration sociale. Grâce à ce nouvel emploi, Pawel se montre très optimiste quant à son avenir ; c’est une bonne opportunité pour obtenir satisfaction professionnelle et indépendance financière.

Travail préliminaire: Quelles sont vos impressions après lecture de ce cas ? Quelles remarques vous inspirent le parcours de Pawel tel que décrit ci-dessus ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/ Quels sont les atouts de Pawel ? 2/ Comprenez-vous qu’il ait refusé les trois propositions du conseiller Emploi ? 3/ Il a fait preuve d’initiative et a pris des contacts directs avec des employeurs potentiels. Pensez-vous que son conseiller aurait eu des raisons de s’en formaliser?

I I – Questions d’ordre général 1/ Enoncez les différentes formes d’emploi flexible existant dans votre pays pour les personnes en cours de reconversion professionnelle. 2/ Quelles sont les institutions proposant des aides à la reconversion professionnelle de personnes handicapées dans votre pays ? 3/ Rôle du conseiller Emploi dans les contacts entre employeur et employé potentiels

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Pedro Thèmes abordés : Pensée créatrice Pedro a 37 ans. Très jeune, il a été diagnostiqué comme souffrant de psychose obsessionnelle : il se polarise sur une idée réelle ou inventée et ne peut pas s’en défaire. Il a fait parti d’un projet d’insertion professionnelle pour les personnes atteintes de pathologies mentales. Des institutions et des entreprises de différents secteurs ont collaboré à divers programmes autour de l’intégration professionnelle et ont reçu pour cela des compensations financières. Pedro a commencé à travailler comme serveur dans un bar-restaurant situé à l’extérieur de la ville. Pendant la semaine, il y avait des clients mais le bar n’était pas plein ; en revanche le weekend, il y avait beaucoup de familles et le service devait être rapide. Le travail de Pedro consistait à prendre les commandes des boissons à chaque table. Pendant la semaine, Pedro n’avait pas énormément de travail ; il servait les clients des tables dont il s’occupait. Il prenait les commandes sur une petite tablette pendant qu’un autre serveur recevait les informations au bar et préparait les commandes. Les boissons étaient apportées aux clients par un autre serveur. Les problèmes de Pedro commençaient le jeudi. S’il y avait beaucoup de clients qui l’appelaient en même temps, Pedro se bloquait et était dans l’incapacité de s’occuper de quelque table que ce soit. Même quand le conseiller restait au restaurant près de Pedro pour le guider dans son travail, il se retrouvait vite coincé. Pedro confia au conseiller qu’il entendait des voix dans sa tête : « je ne peux pas m’occuper de tout le monde ; je ne peux pas m’occuper de tout le monde ».... et soudainement, il ne pouvait plus continuer à travailler. Le conseiller a essayé d’aider Pedro à effectuer son travail le week-end de toutes les manières possibles. Aucune méthode n’a marché. Tous les week-end Pedro restait bloqué au milieu du restaurant. Le propriétaire du restaurant, mécontent de cette situation, s’en est ouvert au conseiller: « les autres serveurs doivent faire le travail de Pedro, les commandes sont retardées, des réclamations émergent des clients, le service des tables est déficient. De plus, la haute saison pour le restaurant est de courte durée !» (de mars à juin et de septembre à octobre). Si le propriétaire voulait participer au projet, c’était en partie parce qu’il bénéficiait de subventions, mais, dans la situation présente, les inconvénients avaient pris le dessus sur les avantages. La situation était devenue compliquée et le temps pressait. Le conseiller s’est dit : « Pedro a des pensées négatives, s’il apprend à penser de manière positive peut-être que cela l’aidera ». La stratégie a consisté à faire apprendre une nouvelle phrase à Pedro : « C’est mon/ma client(e) et jusqu’à ce qu’il/elle soit servi(e) les autres n’existent pas. ». Le conseiller fit répéter cette phrase à Pedro 147


des centaines de fois. Puis ils décidèrent ensemble que Pedro devrait la dire dans sa tête toutes les fois où il s’occuperait d’une table. Le conseiller aida également le patron à réorganiser les tables dont Pedro devait s’occuper le weekend. En le plaçant dans un angle du jardin, il n’aurait pas à traverser le reste de la salle, l’objectif principal était d’éviter que d’autres clients appellent Pedro pour passer des commandes. Certains serveurs réagirent mal face à cette réorganisation puisqu’ils devaient servir plus de tables mais la stratégie fonctionna. Pedro commença à servir les tables une par une et à pouvoir se concentrer durant toute une journée de travail. Quelques semaines plus tard, la majorité des problèmes avait été résolue, le patron était satisfait de Pedro, Pedro était content de son travail, le conseiller avait fait connaissance avec des pairs du propriétaire se montrant intéressés par les programmes et il avait même reçu les remerciements de la famille de Pedro qui avait noté une évolution positive de son comportement. La créativité du conseiller l u i a p e r m i s d e n e p a s a b a n d o n n e r e t d e t r o u v e r u n e s o l u t i o n originale qui a transformé une situation d’échec en un succès à effets positifs multiples.

Travail préliminaire : Trouvez-vous l’action du conseiller adaptée à la pathologie et à la situation de Pedro ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/ 2/ 3/

Comment auriez-vous géré la situation à la place du conseiller ? Vous êtes-vous déjà trouvé(e) dans une situation vous ayant amené(e) à vous montrer créatif(ve) ? Avez-vous déjà participé à des programmes mêlant les divers acteurs de la vie économiques dans le but de favoriser l’insertion professionnelle de personnes handicapées ?

I I – Questions d’ordre général 1/

Montrez comment les diverses qualités et compétences du conseiller se combinent pour améliorer la qualité de son accompagnement.

2/

Pensez-vous que les personnes souffrant de pathologies psychiatriques nécessitent un accompagnement particulier ?

3/

Qu’est-ce que la « bonne place » pour le conseiller Emploi ?

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Petra Thèmes abordés: Analyse de la demande, Démarche créative Petra est une femme douce et plaisante à accompagner. Elle a été diagnostiquée sourde profonde pendant son enfance. Elle est considérée comme sourde et aveugle car elle a une vue extrêmement basse. Elle souffre également du syndrome d’Usher ce qui laisse supposer qu’elle perdra complètement la vue dans le futur. Elle a 27 ans et vit avec son compagnon qui est également sourd. Ils ont un enfant. Elle a été scolarisée en primaire dans une école spéciale pour sourds appareillés. Elle a suivi des études secondaires option « Société et média » et obtenu un diplôme de niveau 4. Elle n’a pas suivi d’autre formation mais a effectué quelques stages : dans un « body shop », un magasin de vêtements, une épicerie et une librairie. Petra a besoin d’un écran spécial pour travailler sur ordinateur, d’une loupe et d’un éclairage très puissant à l’intérieur. A l’extérieur cependant, elle doit protéger ses yeux. Pour communiquer, elle utilise le langage des signes, du corps, du papier et un stylo ou un ordinateur. Elle est ouverte, indépendante et a une bonne résistance au stress; elle est efficace et sait se concentrer sauf s’il y a trop de bruit autour d’elle et qu’elle doit faire des efforts pour comprendre ce que les gens disent et font (et cela lui prend beaucoup d’énergie). Elle aime planifier les choses de façon à ce qu’elles soient réalisées en temps et en heure et n’aime pas ne pas faire ce qu’elle a prévu. Elle a des facilités pour apprendre et aime découvrir de nouvelles choses. En ce qui concerne ses centres d’intérêt, elle aime lire, la Science et l’Histoire, cuisiner, les exercices d’endurance, le jogging et le tissage. Elle envisage de faire de marathon de New- York et s’y prépare en courant 20 kilomètres par semaine. Lors de son premier entretien avec sa conseillère Emploi, elle lui a déclaré qu’elle voulait un emploi qu’elle puisse exercer en toute autonomie sans avoir à constamment surveiller ce qui l’entoure. Idéalement, ce pouvait être un travail administratif car elle est structurée et aime lire et apprendre. Elle a ajouté qu’elle pouvait aussi travailler dans une boutique à condition qu’elle n’ait pas à tenir la caisse ni trop de contacts avec les clients. Petra a elle-même envisagé de travailler dans des écoles, des hôtels, des chaînes de magasins telles qu’IKEA, en librairie ou à la Poste. Se fondant sur son profil, sa conseillère a essayé de lui trouver le job adéquat. Elle a dû faire un effort pour ne pas trop se focaliser sur les limites de Petra : sourde et aveugle… Elle a pris contact avec plusieurs administrations, avec des structures accueillant des personnes sourdes, avec son propre employeur, avec la Fédération de Football, avec des boutiques de sport et avec diverses 150


autres structures. De nombreux employeurs ont montré de l’intérêt pour la candidature de Petra tout en refusant de la recevoir. Toutefois, le service administratif d’une école a accepté de la prendre en stage. Son tuteur parlait la langue des signes et tout s’est bien passé. Elle a obtenu de bons retours mais il n’y avait pas de possibilités d’embauche et la conseillère a dû rechercher un autre emploi. Elle s’est par hasard trouvée en contact avec la direction d’une usine de cosmétiques. Celle- ci recherchait quelqu’un pour prendre les commandes, les préparer et s’assurer de leur bonne expédition. Il s’agissait d’un emploi à la fois manuel et administratif. Personne ne parlait la langue des signes au sein de l’usine. Pendant la première visite, la conseillère s’est demandé comment les choses pourraient se passer avec le handicap de Petra. La directrice s’est exprimé posément, a mentionné les informations qui seraient transmises à Petra, a décrit l’environnement de travail et réfléchi aux moyens de communication envisageables, ce dernier point inquiétant beaucoup le personnel de l’usine. Finalement, tout s’est passé pour le mieux et Petra a donné entière satisfaction. Au bout de quelques mois de stage, elle a été embauchée. Maintenant, Petra a son propre bureau et celui-ci est très bien éclairé. Elle communique très rapidement via l’ordinateur qui est équipé d’un écran spécial et d’un clavier adapté. Il y a quelques mois, Petra a eu son deuxième enfant. L’employeur lui a fait savoir qu’il ne savait pas comment l’entreprise allait faire sans elle et qu’il attendait son retour avec impatience. Aujourd’hui elle est de retour et a repris le travail. Elle a deux enfants, un compagnon et sait gérer sa vie !

Travail préliminaire: Selon vous, y-a-t-il une limite dans le handicap au-delà de laquelle une personne ne peut pas être embauchée ? Comment faire pour se focaliser sur les possibilités et non sur les limites ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Pensez-vous que la conseillère aurait dû attendre qu’il y ait une possibilité d’embauche avant de mettre Petra en stage en entreprise ?

2/

Estimez-vous que son premier stage lui a été utile dans le processus général qui l’a menée à l’emploi ?

3/

Auriez-vous hésité à rechercher un emploi pour Petra compte tenu de la lourdeur de son handicap?

I I – Questions d’ordre général 1/

En tant que conseiller Emploi, pouvez-vous refuser d’accompagner un bénéficiaire du fait de la lourdeur de son handicap?

2/

Comment faire lorsqu’il est très difficile de repérer les possibilités, les préférences et les centres d’intérêt d’une personne ?

3/

Vers qui pouvez-vous vous tourner quand vous avez besoin d’une aide fonctionnelle ou d’une technologie d’assistance ?

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Philippe Thèmes abordés Pensée critique, Démarche créative, Communication, Suivi en entreprise _____________________________________________________________________ Philippe a 25 ans et vit seul en ville (sa famille habite une autre région). Il a envie de retravailler mais ne reçoit aucun soutien des siens pour ses recherches d’emploi. En fait, son frère et son père ne cessent de le décourager de reprendre le travail. Ils craignent que Philippe ne perde sa pension d’invalidité ainsi que les divers avantages auxquels il a droit en tant que personne handicapée. Ils lui conseillent vivement de se contenter de ce qu’il a. Malgré cet obstacle, Philippe veut suivre une formation et reprendre une activité professionnelle. On lui a diagnostiqué une schizophrénie paranoïde et les symptômes de la paranoïa ont impacté ses capacités de travail dans le passé. Il comprend qu’il est schizophrène mais doute de l’efficacité du traitement prescrit. D’une façon générale, il suit les prescriptions de son psychiatre. Toutefois, il y a environ un an, il a arrêté de prendre ses médicaments, ce qui l’a conduit à être hospitalisé pour une courte période (alors qu’il travaillait). Il a eu des problèmes relationnels dans la plupart des situations sociales. Il est souvent isolé et doit batailler pour atteindre nombre de ses objectifs du fait de sa constante méfiance vis à vis des gens et des organisations. Philippe a terminé le cycle d’études primaires, mais, du fait de sa maladie, a été en arrêt durant deux ans tandis qu’il préparait le BEPC. Il a le permis de conduire mais est terrifié à l’idée de prendre le volant et n’arrive pas à canaliser l’euphorie associée à la conduite. Il est aimable, quoique réservé, et on lui reconnaît une intelligence au-dessus de la moyenne. Pourtant, il est convaincu d’être lent et stupide et d’avoir des difficultés d’apprentissage (tout cela étant principalement dû à ce que son père lui répète depuis son plus jeune âge). Il est grand, élégant, et se maintient dans une bonne forme physique. Il aime jouer au football et au tennis, mais, comme pour la majeure partie de ses activités, se décourage facilement lorsqu’il se sent inférieur aux autres joueurs. Philippe aborde toute activité avec une attitude de « tout ou rien », ce qui entraîne le plus souvent un complet effacement, voire un retrait total de sa part. Ses problèmes sont aussi liés à un sentiment d’inefficacité et à une mauvaise estime de soi. Hypersensible aux critiques : il a l’impression que la plupart des gens le perçoivent comme inférieur, stupide, ou mentalement arriéré. Philippe a occupé plusieurs emplois à temps partiel mais n’a pas retravaillé depuis son dernier épisode psychotique intervenu alors qu’il était employé dans la restauration (il y a environ un an). Il reste traumatisé par le souvenir de cet épisode sur son lieu de travail et craint que cela ne se reproduise s’il reprend la vie active.

A l’issue du premier entretien avec son conseiller, il fut décidé d’une rencontre bihebdomadaire et ce, 153


dans l’optique d’atteindre un double objectif : - l’amener à gérer les symptômes de sa maladie, ce qui inclut des sentiments d’anxiété (méfiance, manque d’assurance) en de multiples situations. - L’aider à étendre son réseau social et amical. Le conseiller proposa à Philippe le plan d’action suivant: - Etablissement d’une liste de jobs par ordre de préférence (il se montrait surtout intéressé par les clubs de sport et les lieux de restauration rapide). - Etablissement d’une liste de choses que Philippe pourrait faire lorsqu’il sentirait venir l’anxiété - Visite de certains lieux de travail pour y observer le personnel en action et démystifier le côté parfois hermétique pour Philippe de certaines situations professionnelles - Elaboration d’un texte que Philippe utiliserait à chaque fois qu’il se renseignerait ou postulerait sur un emploi. - Philippe a accepté de présenter une candidature par semaine. Ils ont intitulé ce plan « le plan l u t t e c o n t r e l e stress ». Philippe est arrivé très contrarié au quatrième entretien individuel. En effet, il venait de s’entretenir par téléphone avec son frère et celui-ci lui avait rappelé l'épisode psychotique de sa dernière expérience professionnelle en lui affirmant que cela allait se reproduire. Le conseiller a profité de cette occasion pour attirer l’attention de Philippe sur l’intérêt du «plan d e l u t t e c o n t r e l e stress » p r é c é d e m m e n t mis au point. Accompagné pas à pas par son conseiller, Philippe a réussi à faire sensiblement diminuer son sentiment de frustration et a appris à se relaxer. Fort de cela, il a décidé de suivre précisément ce plan et a obtenu un entretien d’embauche dans un magasin. Préparé à l’entretien par conseiller, via une simulation, Philippe a su se montrer convaincant et s’est vu proposer le poste. Cependant, à la sortie de l’entretien, il a commencé à lister les raisons pour lesquelles cela n’allait probablement pas marcher. Aujourd’hui, Philippe est nerveux et doute de sa capacité à occuper le poste, même si le directeur a semblé favorablement impressionné par son profil. Tâche préliminaire: A votre avis, quel est l’aspect essentiel à prendre en compte pour aider Philippe à intégrer avec confiance l’entreprise qui vient de lui proposer un poste ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment aider Philippe à parvenir à se stabiliser dans un nouvel emploi ?

2/

Estimez-vous qu’il est possible et souhaitable d’impliquer la famille de Philippe dans les démarches en cours ?

3/

Pouvez-vous mettre en évidence les atouts que possède Philippe pour réussir son insertion professionnelle?

II – Questions d’ordre général 1/

Peut-on considérer l’accompagnement à l’emploi comme une chance pour les personnes reconnues handicapées?

2/

Selon vous, les proches et amis sont-ils une aide ou un frein au travail avec un conseiller emploi? Motivez votre réponse.

3/

Que pouvez-vous faire lorsqu’un bénéficiaire parle sans cesse de ses difficultés, limites et problèmes divers, sans parvenir à se focaliser sur ses atouts ?

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PROIN (Centros de Promoción Integral) Sujets abordés : Pensée analytique et esprit critique Notre société, “Centros de Promoción Integral S.L.”, a été créée en 1992 dans une optique d’intégration sociale. Elle était pionnière dans cette province et même dans le pays pendant toute la période où il n’existait pas encore de cadre législatif spécifique pour les personnes handicapées. Au début de notre aventure, toutes les personnes souffrant d’un handicap participaient à l’évaluation de leurs compétences sur tous les postes existants au sein de notre société. Elles étaient formées à tous les échelons pour travailler dans le secteur de la restauration et servir dans une cantine scolaire. Nous développions une approche intégrale afin d’être au plus près des besoins au niveau de la gestion du temps et du respect de la qualité professionnelle exigée dans le marché du travail ordinaire. Pour arriver à ce résultat, nous mesurions le temps passé par une personne non-handicapée pour accomplir une tâche et nous faisions une étude des coûts nécessaires concernant les principales activités supplémentaires qu’il fallait mettre en place pour une personne handicapée. Nous avions décidé, en dehors des vingt étudiants formés, que tous ceux qui accomplissaient les tâches routinières seraient les premiers sélectionnés et envisagions que certains pourraient s’adapter et d’autres non. Ceux qui auraient le plus de mal à accomplir ce qu’on leur demandait seraient formés pour travailler au service de nettoyage ou au service des livraisons. Plus tard, nous avons découvert qu’il y avait d’autres aspects que nous n’avions pas suffisamment mesurées, analysées et prises en considération… Forts de cette observation, nous avons recruté deux conseillers (spécialistes de l’accompagnement à l’emploi) pour faciliter l’adaptation des personnes ayant un handicap mental et leur avons fourni une liste des activités quotidiennes auxquelles étaient censées s’adonner les personnes à accompagner. Le conseiller le plus expérimenté remarqua, après analyse de cette liste de tâches, que nous avions oublié des choses très importantes : en effet, nous avions pris en considération les tâches courantes mais aucune situation d’urgence n’avait été envisagée. Nous avons revu tous les processus et avons ajouté à la liste de nombreuses situations dans lesquelles nos travailleurs pourraient être impliqués : rester enfermé dans l’un de nos bâtiments, tous les problèmes liés à la vie d’une école (vertiges, chutes), feu ou inondation. Puis, nous avons mis en place des exercices pratiques pour savoir que faire dans ce type de situation. Nous avons d’autant plus apprécié les critiques constructives du conseiller qu’il a su préciser les savoirfaire nécessaires aux employés en situation d’urgence. Par ailleurs, nous avons pu introduire d’autres formations pour nos futurs candidats, et cela a grandement contribué à accroître la valeur de nos enseignements, tout en nous permettant parallèlement de mieux 156


préparer nos bénéficiaires à travailler dans d’autres entreprises. C’est un exemple éclairant du rôle que peut tenir le conseiller à la fois auprès des bénéficiaires et de l’entreprise. Si le conseiller s’était seulement contenté d’aider les employés en situation de handicap à s’adapter à leur lieu de travail, un drame aurait pu subvenir en situation d’urgence. Le conseiller doit-il terminer son suivi lorsque l’intégration du bénéficiaire est manifeste : quand celuici se montre parfaitement capable de mener à bien et en toute autonomie ses tâches quotidiennes.

Travail préliminaire : Estimez-vous que la pensée analytique et l’esprit critique sont des qualités essentielles au conseiller Emploi pour qu’il réalise un accompagnement judicieux et efficace ?

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QUESTIONS

I – Questions sur le cas 1/

Selon vous, que se serait-il passé si le conseiller n’avait pas été aussi expérimenté et aussi investi auprès du public handicapé ?

2/

Pourriez-vous analyser le cas et décrire les différentes étapes de l’adaptation au poste de travail ?

3/

Que pouvez-vous dire du rôle du conseiller dans cet exemple ?

II- Questions d’ordre général

1/

Quelle est selon vous la méthode la plus appropriée pour évaluer les compétences de personnes mentalement déficientes ?

2/

Quel est la bonne place du conseiller dans ce type de situation ?

3/

Imaginez qu’une entreprise soit réfractaire aux changements et ne veuille pas adapter ses procédures aux situations d’urgence : que devrait faire le conseiller dans une telle conjoncture ?

158


Rachel Thème abordés : Accompagnement à la recherche d’Emploi Rachel a 22 ans. Ses parents habitent une région rurale sans écoles ou services adaptés aux personnes handicapées. De ce fait, Rachel qui souffre d’un déficit mental a toujours vécu en résidences pour enfants et jeunes handicapés, loin de sa famille. Ses parents et parfois Rachel elle-même ont constamment été guidés au cours des quinze dernières années dans ces centres. Ils ont été conseillés à chaque fois qu’une décision était nécessaire concernant les études ou la vie de Rachel. Elle a été très protégée et aimée par ses tuteurs et professeurs et ses parents se sont montrés confiants envers les enseignements dispensés à Rachel. Ils ont en effet totalement laissé son éducation entre les mains des spécialistes et des professeurs. Elle n’a d’ailleurs pas été seulement éduquée mais aussi « observée ». Maintenant, elle ne vit plus dans l’un de ces centres réservés aux jeunes mais dans une maison recevant des adultes handicapés et financée par le département. Elle a suivi une formation de deux cents heures mise en place par le service régional de l’emploi et y a appris les rudiments du travail en librairie. Elle a beaucoup aimé cette formation et a montré qu’elle avait les capacités pour ce type d’emploi : elle travaille dur, est patiente avec ses collègues, a bon caractère et sait s’occuper du matériel. A la fin de la formation, Julien, un conseiller expérimenté, lui a proposé un poste d’assistante en librairie. Il a organisé une rencontre avec ses parents et a pu constater que ni Rachel, ni ses parents ne souhaitaient prendre de décision par eux-mêmes. Ils s’attendaient à ce que les choses se passent comme avant et ont même proposé à Julien de choisir à leur place ce qui lui semblait le mieux pour leur fille. Ils ont lourdement insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas préparés à cela, même s’ils savaient qu’ils étaient les tuteurs légaux de Rachel. Ils n’osaient prendre le risque de faire le mauvais choix en donnant à Rachel plus de liberté qu’elle n’en avait connue jusque là. Ils préféraient que Julien en assume la responsabilité et se disaient prêts à respecter sa décision. Julien a longuement réfléchi à la situation. D’un côté, il lui incombait de donner à la famille toutes les informations relatives au job en question, mais la décision revenait aux parents qui étaient les tuteurs légaux. D’un autre côté, il pouvait comprendre le point de vue des parents : ils avaient jusque là eu le mauvais rôle dans l’éducation de leur fille car ce sont des représentants extérieurs qui en avaient assumé toutes les responsabilités. Ils aimaient beaucoup Rachel mais n’avaient pas fait partie de sa vie quotidienne car ils avaient vécu loin d’elle. Ils n’avaient pas non plus pu la voir grandir. A la fin, il dut choisir : il ne voulut pas nuire à Rachel, estimant qu’il aurait été injuste qu’elle soit la victime dans cette situation. Aussi déclara-t-il aux parents de Rachel qu’elle allait commencer à travailler 159


à la librairie. En même temps, il proposa aux parents de les rencontrer en entretiens de façon à ce qu’ils puissent réfléchir ensemble à la façon d’accompagner leur fille dans la suite de sa nouvelle vie. Rachel s’est très bien adaptée à son travail et y est à présent depuis huit mois. Ses parents ne se sont jamais présentés aux rendez-vous proposés par Julien.

Travail préliminaire : En considérant la situation, dites s’il vous semble judicieux pour un conseiller d’accepter de prendre ce type de responsabilités à la place des parents. Développez.

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Quelle position Julien aurait-il pu prendre avec les parents de Rachel ? Pensez-vous qu’il a pris la bonne décision ?

2/

A votre avis, le conseiller doit-il adopter la même stratégie avec Rachel et avec ses parents ? Ou est-il préférable qu’il s’y prenne différemment avec l’une et les autres

3/

Faites l’analyse du cas et donnez votre solution. Développez.

I I – Questions d’ordre général 1/ 2/

3/

Quelles limites voyez-vous au rôle du conseiller ? Ce rôle est-il précisé par des textes ? Ou est-il laissé au bon jugement de chaque professionnel ? Estimez-vous que, parfois, le conseiller doit demander l’avis de ses pairs ? De son responsable ?

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Rafael Thèmes abordés : Droit des personnes reconnues handicapées, Accompagnement a la recherche d’emploi Voici la plus triste histoire de ma vie de conseiller. C’est un cas qui restera présent en moi jusqu’à la fin de ma carrière. C’était il y a vingt cinq ans, je venais de prendre mon premier poste dans une fondation ayant pour objectif l’assistance aux personnes mentalement déficientes. J'étais très motivé et prêt à faire de mon mieux, d’autant que nombre de bénéficiaires venaient avec leur famille et attendaient beaucoup du service d’accompagnement qui avait été créé. J'organisais des réunions avec des hommes d'affaires et des employeurs potentiels pour leur expliquer le mode d’accompagnement que nous avions élaboré. Je leur précisais toutes les étapes du processus, les avantages occasionnés par l’embauche de personnes handicapées, les subventions locales, régionales et nationales, ainsi que la façon de demander ces subventions. Rafael, 23 ans, a été l'un de mes premiers bénéficiaires. Il avait une vision limitée et des problèmes d'apprentissage. Comme il n’avait pas été scolarisé, on ne pouvait pas vraiment se faire une idée de ses possibilités et n’avait apparemment pas de compétences précises. Comme un cours de cuisine commençait dans notre fondation, je lui proposai de l’intégrer: «Pourquoi pas?, me répondit-il, c'est toujours mieux que de rester seul à la maison ». Neuf mois plus tard, Rafael aimait la cuisine et voulait travailler dans ce domaine. Je lui proposais donc de l’aider à trouver un emploi dans un restaurant, une cantine scolaire ou une entreprise de restauration collective. Pour ce faire, je pris contacts avec plusieurs restaurateurs ayant participé à nos réunions de sensibilisation à l’embauche de personnes handicapées. L'un d'eux se montra très intéressé: "Parfait, je peux l'engager à une condition: je veux les subventions, et vous vous occupez de toutes les formalités". Je n'étais pas spécialisé dans le traitement des questions administratives, j'étais un spécialiste de soutien à l'emploi (SES) au moment où l’aide à l’insertion de personnes handicapées était encore balbutiante. A vrai dire, même les employés de l'administration publique avaient des doutes sur l'obtention des subventions et des avantages annoncés. Malgré cela, je voulais vraiment obtenir l’emploi pour Rafael. J’ai donc fait les démarches auprès des administrations lorsque cela s’est avéré nécessaire, et j’ai préparé tous les documents indispensables à l'obtention de la subvention, ce qui m’a d’ailleurs beaucoup appris et m’a été très utile pour la suite de ma vie professionnelle Nous avons eu un seul problème relatif à l’organisation du travail: les horaires. En effet, Rafael terminait à deux heures du matin et il habitait un peu loin du restaurant, dans un petit village que ne desservaient pas, la nuit, les transports en commun. Au début, son père venait le chercher, 162


mais ce n'était qu'une solution temporaire, il ne pouvait pas le faire régulièrement. Je proposai plusieurs solutions: - l'embauche d'un service de taxi régulier - le partage d’une chambre avec un collègue habitant près du restaurant - le recours au service d’un autre collègue pour le raccompagner chez lui après le service contre rémunération Aucune de mes suggestions ne convint à sa famille. Étonnamment, le père de Rafael se présenta un jour à mon bureau pour me faire part de la solution qu’il avait trouvée: il avait acheté une petite moto sans permis pour Rafael. J'étais horrifié et tentais de lui dire que c'était une très mauvaise idée, mais ... il avait pris sa décision: «Il a démontré qu'il était capable de travailler, donc il est en mesure de conduire une moto", déclara son père. Enfin, je décidai de croire que l'idée n'était pas aussi mauvaise qu'elle me le semblait. Six mois plus tard, Rafael travaillait toujours au restaurant et était très heureux de sa nouvelle vie, avec son salaire, ses collègues ... Le propriétaire m’appela même pour me remercier de mon choix : Rafael était le plus travailleur et le plus responsable du restaurant, il compensait son handicap par une volonté inébranlable. A ce momentlà, je me sentis réellement fier de Rafael et du travail que nous avions fait ensemble. Quelques jours après la date de ce coup de fil, Rafael fut victime d'un accident de la route alors qu’il rentrait chez lui. Il mourut sur le champ. Cette pensée me bouleverse encore à ce jour. Le cas de Rafael représente à la fois une réussite d’insertion (dans un premier temps) et l’une de mes plus grandes erreurs. Nous avons beaucoup pensé à lui et son histoire fait encore référence comme exemple de ce qu’il faut éviter. Peut-être, que c'était une erreur partagée ... Parfois, il n'y a tout simplement pas de fin heureuse. Travail préliminaire A première lecture, pouvez-vous faire apparaître la ou les erreurs faites au cours de l’accompagnement ? Quelle(s) autre(s) solution(s) auriez-vous pu proposer ?

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QUESTIONS

I - Questions sur le cas 1 / Comment auriez-vous agi avec le restaurateur pour les procédures légales ? Et avec le père de Rafael quand il a exprimé sa décision ? 2 / Comment auriez-vous accompagné Rafael une fois après son embauche ? Était-ce de la responsabilité du conseiller de savoir comment Rafael rentrait à la maison tous les soirs? 3 / Pensez-vous que le conseiller aurait pu ou dû demander de l’aide pour gérer cette situation difficile ?

I I - Questions d’ordre général 1 / Estimez-vous que c’est au conseiller de s’occuper des questions administratives en lieu et place de l’employeur? 2 / Pensez-vous que le conseiller doit prendre en charge tous les aspects du poste qu’il propose au bénéficiaire? 3 / Quel rôle joue l'enthousiasme d'un conseiller dans l'accompagnement ?

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Reginald Thèmes abordés: Droit des personnes handicapées, , Gestion de l’information, Démarche créative, Travail d’équipe, Accompagnement à la recherche d’Emploi Reginald a 56 ans. Il a quitté le lycée à l’âge de 18 ans après avoir préparé un baccalauréat technique qu’il n’a pas obtenu. Après ses études, il a voyagé pendant quelques années en Europe, travaillant occasionnellement, le plus souvent dans le bâtiment comme aide-maçon. Il s’est ensuite installé au Pays-Bas où son frère était employé dans l’industrie de la métallurgie. Il a saisi l’opportunité d’être embauché dans le même secteur et a appris le métier sur le tas. Trois ans plus tard, il est parti en Belgique où il a travaillé dans une usine de revêtements de sol pendant un an. Malade, il a été obligé de démissionner pour rentrer chez lui. Admis à l’hôpital, il y a passé plusieurs mois avant d’être soigné à domicile. Dès sa convalescence, il a commencé à réfléchir à un autre type d’activité. Tout bien considéré, il a décidé de créer une entreprise à la campagne avec un ami qui est alors devenu son associé. Ils ont ainsi parcouru la région à la recherche d’antiquités, de porcelaine, et d’objets présentant un intérêt historique qu’ils revendaient un bon prix après restauration si nécessaire. L’affaire a très bien marché pendant sept ans. Puis, ils ont connu de plus en plus de difficultés à trouver des objets de qualité et leur revenu a sensiblement décru, plus rapidement qu’ils ne s’y étaient attendus. Les affaires périclitant, les relations entre associés sont devenus plus compliquées étant donné qu’ils ne parvenaient plus à gagner correctement leur vie. Leur association a encore duré trois ans au bout desquels ils ont déposé le bilan d’un commun accord. Reginald dit que cette affaire a été pour lui une bonne expérience et qu’il l’a aimée. Cependant, pour des raisons personnelles et familiales, il a été heureux de reprendre la vie citadine. Agé de 46 ans à son retour en ville, il n’avait pas vraiment d’économies et devait absolument travailler. Sans idée de réorientation, il a décidé de saisir la première opportunité quelle qu’elle soit. S’étant inscrit dans une agence de travail temporaire, il a rapidement décroché une mission sur un chantier de construction pour y poser des façades d’aluminium. Connaissant son état de santé, il savait que ce type d’emploi était trop dur pour lui mais avait le sentiment qu’il n’avait pas le choix. De mission en mission, il a finalement obtenu un contrat à duré indéterminée et a travaillé dans le bâtiment pendant six ans. Toutefois, il a été obligé d’arrêter lorsque ses douleurs aux genoux sont devenues insupportables. Pendant son arrêt maladie, tandis qu’il était en soin pour les genoux, il a également eu des problèmes 165


cardiaques. Après un arrêt maladie de deux ans, Réginald a été licencié pour inaptitude au poste. Bien qu’il ait déjà été malade auparavant, il ignorait tout de ses droits et n’avait jamais demandé quelque allocation que ce soit. Repensant à son expérience dans les antiquités, il a cherché un emploi chez un antiquaire. Il pensait se faire embaucher pour restaurer des objets anciens car il s’y connaissait et était doué et méticuleux en travail manuel. Quand il m’a raconté cela, Reginald m’a dit qu’il n’était pas certain de pouvoir tenir longtemps à faire de la restauration car il avait des tendinites et souffrait depuis la nuque ju s q u ’ au bout des doigts. De toute façon, il n’a rien trouvé et est resté un an sans aucun revenu. En effet, comme mentionné plus haut, il ne savait pas qu’il avait droit à des aides. Ce n’est que lorsqu’il a rencontré un conseiller au Pôle Emploi qu’il a entendu parler de ses droits et a pu demander, puis percevoir, l’allocation chômage.

La première fois que je l’ai rencontré, Réginald semblait désespéré: “Qu’est-ce que je peux faire? J’ai 56 ans, je suis en mauvaise santé et j’ai absolument besoin de travailler. Mais je ne peux travailler qu’à temps partiel du fait de ma fatigabilité ». Il n’avait jamais entendu parler de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH).

Travail préliminaire: Essayez de déterminer, à partir de la description ci-dessus, les motivations profondes de Réginald.

166


QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Comment commenceriez-vous l’accompagnement de Réginald?

2/

Dans son cas, quelles sont les priorités?

3/

Comment vous y prenez-vous avec une personne qui paraît si désespérée?

I I – Questions d’ordre général 1/

Pourriez-vous faire la liste des différents types d’allocations existant dans votre pays pour les personnes reconnues handicapées?

2/

A votre avis, est-il particulièrement difficile d’accompagner une personne d’un âge avancé?

3/

Connaissez-vous les avantages offerts, dans votre pays, aux employeurs recrutant des personnes reconnues handicapées?

167


Richard Thème abordé: Travail en équipe Richard a 26 ans. Il a suivi une formation de valet de chambre de niveau 5. Il s’agit d’une formation spécifique pour jeunes ayant des difficultés d’apprentissage dans des matières abstraites telles que les maths ou la géométrie mais capables d’apprendre des tâches concrètes telles que le nettoyage. C’est un jeune homme bien élevé. Angela est la conseillère Emploi de Richard et elle l’aide dans ses démarches. Elle a pris contact avec des directeurs d’hôtel et trois d’entre eux se sont montrés intéressés par le recrutement de personnes handicapées. Elle est allée les voir avec Richard et, ensemble, ils ont passé en revue les pour et les contre concernant ces trois lieux de travail. Finalement, Richard s’est décidé pour un luxueux hôtel situé face à la mer. Il peut y aller à pieds sans problème (il n’aime pas prendre le bus car, parfois, il a du mal à se concentrer pour ne pas rater l’arrêt, de plus il s’y sent toujours angoissé). Le directeur a accueilli Angela et Richard pour son premier jour de travail. C’est un homme extraordinaire, très motivé par l’embauche de personnes handicapées. « Je suis ici pour vous soutenir. Si vous avez quelque problème que ce soit, n’hésitez pas à me contacter ». Angela était heureuse pour Richard : un bon job, un bon hôtel et un bon directeur…que souhaiter de mieux ? Richard travaille toute la journée, à raison de huit heures par jour. Les clients sont satisfaits et félicitent le directeur pour avoir engagé Richard mais ce dernier est lent. Dans l’hôtel, les autres employés semblent avoir dix mains tant ils sont actifs mais Richard a besoin du double de temps et même plus pour faire le même travail. Il se trouve que, par décision du directeur, Richard a le même salaire que ses collègues et certains d’entre eux ne comprennent pas cet état de fait. Un matin, un collègue s’en est pris à Richard : « Je dois faire du travail supplémentaire à cause de toi…Tu ne peux pas rester ici. C’est l’été! Je ne peux pas perdre de temps avec toi! ». Richard alla trouver Angela: il aimait le travail à l’hôtel, les clients et le directeur mais ne voulait plus y retourner. « Jamais ! », dit-il. Angela se trouvait devant un dilemme et devait prendre une décision : - Parler au directeur ? Aux collègues ? - Demander à la famille de Richard de le convaincre de reprendre le travail ? -

-

Parler à Richard afin de le responsabiliser, lui apprendre à répondre à ses collègues par des phrases telles que « Désolé mais vous et moi sommes dans la même situation : nous faisons de notre mieux. Il est juste que nous percevions le même salaire ». Autre chose ? 168


Finalement, Angela choisit de responsabiliser Richard. Il y aurait toujours des collègues pour se plaindre d’une façon ou d’une autre et il était inutile d’essayer de les en empêcher. Les hôtels ont un rythme de travail frénétique l’été et de légères tensions entre collègues sont tout ce qu’il y a de plus normal. Elle apprit aussi à Richard à ne pas dramatiser et lui fit comprendre qu’il n’était pas le seul à rencontrer ce type de problèmes, que tout le monde en avait un jour ou l’autre et que l’on pouvait les résoudre. Comme Angela ne voulait pas obliger Richard à reprendre le travail, elle s’arrangea avec le directeur pour qu’il lui donne une semaine afin de pouvoir travailler avec lui certains aspects qui l’inquiétaient un peu mais sans toutefois entrer dans les détails. Deux entretiens suffirent et Richard reprit le travail. Aujourd’hui, c’est-à-dire trois ans plus tard, Richard est un travailleur permanent de l’hôtel où il travaille pendant les mois de haute saison (de mars à octobre). Il est heureux.

Travail préliminaire: En considérant la situation, pensez-vous que la conseillère aurait dû informer le directeur des problèmes rencontrés dans l’entreprise avec les collègues ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas 1/

Estimez-vous qu’Angela aurait dû parler aux collègues de Richard?

2/

Quel est l’obstacle principal rencontré par Richard ?

3/

Richard décide d’abandonner son poste : le conseiller Emploi se doit-il de le faire changer d’avis ? Est-ce éthique?

I I – Questions d’ordre général 1/

Essayez de définir la meilleure façon d’agir pour un conseiller confronté à ce type de situation.

2/

Avez-vous déjà été confronté(e) à ce type de situation? Si oui, qu’avez-vous fait ? Sinon, que feriez-vous ?

3/

Quelles actions peuvent être mises en place en entreprise auprès des équipes qui doivent accueillir une personne handicapée ?

170


Rocío Thèmes abordés : Analyse de la demande, démarche créative Rocio est une belle tzigane sourde âgée de 25 ans. Elle a fini des études de coiffure de niveau 5. Elle est venue dans notre service d’orientation parce qu’elle voulait trouver un travail et qu’elle savait que l’un de nos conseillers connaissait très bien la langue des signes. La passion de Rocio est la danse. Rocio a très bien appris à danser le flamenco : elle a le rythme dans la peau et perçoit les sons à travers son estomac. Personne ne pourrait être en mesure de savoir lorsque l’on la regarde danser qu’elle est sourde. Elle a étudié la coiffure mais le flamenco est toute sa vie. Elle cherche donc à incorporer une compagnie européenne intègrant des danseuses de flamenco. Le conseiller sait que ce sera une tâche difficile. Pour ceux qui ne sont pas familier avec l’univers du Flamenco, il faut rappeler que c’est un univers extrêmement compétitif. Chaque année, des milliers de jeunes cherchent des occasions de se faire connaître. Il y a aussi beaucoup de danseurs qui dansent depuis leur plus tendre enfance dans l’une des écoles disséminées à travers d’Espagne et spécialement en Andalousie, berceau de la danse flamenco. Parmi les compagnies qu’il contacte, le conseiller n’en trouve pas une seule qui souhaite incorporer une personne sourde dans sa distribution, sauf si c’est une personne extraordinaire ou très connue, mais ce serait le premier emploi de Rocio dans ce domaine, elle ne peut donc faire valoir de référence. Le conseiller propose à Rocio de gagner de l’expérience dans un “tablaos’ de Grenade. Les tablaos sont des salles ou des restaurants qui offrent des spectacles de Flamenco aux touristes. Là, elle pourrait avoir une expérience qui lui permettrait de travailler dans une plus grande compagnie. Le conseiller connaît le patron d’un tablaos et décide de lui parler. Rocio est ravie mais ses parents s’opposent catégoriquement à cette idée. Rocio est très jeune et danser dans une compagnie signifie qu’elle devrait être raccompagnée à la fin des spectacles. Quelqu’un devrait prendre soin d’elle, leur fille finirait à 2 ou 3 heures du matin et personne ne pourrait venir la chercher : « une jeune fille ne peut pas être seule à 2 ou 3 heures du matin ». C’est ce que dit son père pendant que sa mère opine du bonnet. De plus, ses parents ont une épicerie et ils doivent se lever très tôt le matin. « Impossible » conclut le père. Le conseiller, ne trouvant pas de solutions pour Rocio, lui déclare “nous devrions chercher un emploi dans le domaine de la coiffure, tu es une très bonne coiffeuse.”. Rocio bouge très vite ses mains et dit qu’elle ne veut pas devenir coiffeuse !!!. Elle a l’air en colère : “je ne veux pas décevoir mes parents, ils ont travaillé dur toute leur vie pour moi et mon frère… mais, je vous en prie, aidez-moi à trouver un emploi dans lequel je pourrai danser.” 171


Rocio supplie, elle semble désespérée. Peu de personnes connaissent une passion aussi forte pour le flamenco. Le conseiller réfléchit longtemps sur ce cas, comment peut-il aider Rocio ? Il commençe à noter sur une feuille les forces et les faiblesses de Rocio : elle danse merveilleusement, bien que sourde, et il ne connait d’ailleurs personne qui danse aussi bien. Le conseiller téléphone à la famille pour organiser un rendez-vous. « Rocio, que penserais-tu d’enseigner le flamenco à des sourds ? Seulement quelqu’un comme toi est en mesure de le faire, créons une compagnie de danse pour les personnes sourdes, cela pourrait être une solution”. Le visage de Rocio s’illumine quand elle entend ces mots. “Nous trouverons une local approprié près de la maison de tes parents”. Rocio est très excitée bien que ses parents ne le soient pas vraiment. Cela pourrait coûter beaucoup d’argent mais, d’un autre côté, c’est une meilleure idée que de danser dans un tablaos. Malheureusement, après avoir étudié la faisabilité du projet, ils réalisent qu’il serait très difficile pour une académie de danse de vivre uniquement de l’enseignement à la population sourde du voisinage. Rocio est très triste mais le conseiller trouve une autre idée : “Peut-être que tu n’as pas besoin d’ouvrir une institution, nous pouvons contacter les écoles pour les personnes sourdes pour qu’elles te laissent le soin d’organiser des cours . De la sorte, tu toucheras un public plus large ». Le premier endroit approché est l’école pour sourds de Grenade. Petit à petit, Rocio trouve plusieurs cours de danse près de chez elle. De plus, la ville se montre intéressée par sa proposition, non seulement pour des cours de flamenco, mais aussi pour des cours d’initiation à la danse destinés aux enfants sourds. Cette histoire est arrivée il y a huit ans. Rocio est maintenant sur une liste d’attente pour recevoir un implant cochléaire qui lui permettra sans doute d’entendre. “Peu importe que j’entende” dit-elle “Je ne ferai rien d’autre, je suis heureuse d’enseigner la danse et le flamenco à des enfants sourds.” Travail préliminaire: Que pensez-vous du rôle du conseiller dans ce cas ?

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QUESTIONS

I - Questions relatives au cas 1/

Quels sont les points forts du conseiller d’après les solutions trouvées ?

2/

Estimez-vous qu’il a raison de focaliser son accompagnement sur la passion de Rocio ?

3/

Analysez le cas et proposez d’autres solutions argumentées

II- Questions d’ordre général

1/

Pensez-vous qu’il est judicieux qu’un conseiller propose des solutions éloignées de la formation professionnelle de la / du bénéficiaire ?

2/

Aimeriez-vous être confronté(e) à une situation de ce type ? Pour quelles raisons ?

3/

Pensez-vous qu’un conseiller doit avoir une attitude passive ou est-il souhaitable qu’il soit actif et s’implique fortement dans l’accompagnement ?

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Rodolfo Thèmes abordés : gestion du temps, Accompagnement a la recherche d’emploi Rodolfo a 29 ans. Il a perdu une jambe dans un accident de moto et il porte une prothèse bionique adaptée qui lui permet de marcher, de prendre le bus, de monter des escaliers etc. C’est un modèle très perfectionné que ses parents lui ont pris en Autriche. Ils ont très bonne position sociale. L’accident a eu lieu à l’âge de 17 ans, juste au moment où il venait de commencer ses études pour être enseignant. Rodolfo n’a pas pu rentrer à l’université et il a abandonné ses études après le lycée (niveau 3 selon le CEC). Ses parents l’aident dans sa recherche d’emploi. Ils ont travaillé durs toute leur vie et ils ont fait beaucoup de sacrifices pour constituer leur fortune personnelle. C’est accompagné par eux que Rodolfo est venu à notre service d’orientation, il souhaite trouver un emploi. Le conseiller chargé du cas a découvert que Rodolfo n’a pas de préférences claires, il l’a donc informé des opportunités d’emploi pour les personnes handicapées et en fonction de son parcours scolaire. Sa famille trouve intéressante une offre d’emploi émanant d’un magasin de reprographies : l’emploi ne nécessite pas de marcher beaucoup, il pourrait donc rester assis et le travail pourrait être adapté. Le patron est un jeune homme d’affaire qui possède plusieurs magasins de reprographies dans lesquels travaillent plusieurs personnes handicapées. Le propriétaire est sensibilisé au handicap : étant enfant, il a dû faire de la rééducation pour sa colonne vertébrale et s’est donc confronté à la difficulté d’avoir un problème de santé d'ordre physique. Le conseiller a placé plusieurs personnes handicapées dans le passé au sein de cette structure. Il connaît ainsi très bien le patron. Ce serait une très bonne chose que Rodolfo obtienne un poste dans cette entreprise puisque l’ensemble des autres employés est vraiment satisfait de l’environnement de travail, des conditions et des facilités offertes par la compagnie. Le conseiller a accompagné Rodolfo pour son premier jour de travail. Il a formé un autre bénéficiaire pour les mêmes fonctions dans la même entreprise, il est donc confiant pour Rodolfo. Le conseiller et son bénéficiaire ont profité du trajet du retour chez Rodolfo pour établir et calculer le temps qu’il mettra pour se rendre au travail. Depuis le premier jour, le conseiller sait que Rodolfo convient pour ce poste ; en raison de la bonne éducation qu’il a reçu, il est très attentif et s’occupe poliment des clients. Le conseiller et Rodolfo ont planifié le nombre d’heures pendant lesquelles il resterait avec lui avant de le laisser complètement autonome Le jour suivant, Rodolfo est arrivé vers 10 heures au magasin de reprographie, le conseiller était en train de faire le travail à sa place depuis 9h30. Rodolfo a expliqué qu’il avait manqué le bon bus et que le suivant était retardé. « Ne t’inquiète pas Rodolfo mais tente d’être ici avant 9h30 surtout les premiers jours puisque tu ne maitrises pas encore la fréquence des bus. Tu dois faire attention d’être présent avant l’ouverture du magasin ». Rodolfo s’est excusé et a dit que cela n’arriverait plus. Le troisième jour, Rodolfo est arrivé à 18h l’après-midi au magasin de reprographies. Il s’est excusé et disant qu’il avait mangé avec sa tante et qu’ils avaient tellement apprécié le repas que le temps fila sans qu’ils s’en aperçoivent. Le conseiller lui a dit : « Je ne suis pas là pour te remplacer Rodolfo. Je suis là 174


pour t’apprendre et t’aider en cas de problèmes pour t’adapter à ton lieu de travail. ». Il ajouta : « Il y a beaucoup d’employés ici et tout le monde arrive à l’heure sur le lieu de travail. En plus, il y a beaucoup de personnes qui recherchent un emploi de ce type et qui n’ont pas eu la chance que tu as eu. La prochaine fois, tu es viré. » Le conseiller a téléphoné aux parents de Rodolfo pour leur expliquer la situation et leur demander d’aider leur fils. Il a passé plus de 12 ans sans étudier ni travailler et il a besoin d’être secoué. Il y a un changement dans sa vie : il est passé d’une période où il ne faisait rien à une phase lors de laquelle il travaille toute la journée. Rodolfo a besoin d’être encouragé. L’ensemble des employés du magasin de reprographies effectue le travail à la place de Rodolfo quand il est en retard. Ils sont très gentils avec lui et, dans le magasin, tout le monde s’entre-aide. Rodolfo est sûr de cet aspect et il sait que ses collègues le couvriront pour ses retards. Au final, une semaine après son arrivée dans le magasin il est arrivé en retard trois fois le matin et deux fois l’après-midi. Le conseiller a préparé un programme pour Rodolfo avec ses devoirs, y compris le contrôle des horaires de bus : « c’est ta vie Rodolfo, tu as encore une chance si tu ne l’as saisie pas, je dirai au patron de te virer. Tu dois respecter le contrat, le travail et l’ensemble de tes collègues qui arrivent à l’heure tous les jours ». Le conseiller recommanda à Rodolfo « de ne pas arriver même avec une minute de retard. ». Le jour suivant, Rodolfo est arrivé à 9h45 (seulement 15 minutes de retard) ; le conseiller était au magasin : « Désolé Rodolfo, je ne te laissera pas mettre à mal le travail d’autres personnes handicapées employées dans cette société. Tu es allé trop loin… ». Travail préliminaire : L’attitude du conseiller est-elle adéquate ? Proposez d’autres solutions possibles.

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QUESTIONS

I- Questions sur le cas 1/ Pensez-vous que le conseiller a été trop dur avec Rodolfo ? Rodolfo a-t-il besoin de plus de temps pour s’adapter à sa nouvelle situation ? 2/ Pourraient-ils explorer d’autres alternatives, lesquelles ? 3/ Est-il pertinent de la part du conseiller d’avoir pris une décision qui était du ressort du patron ?

II- Questions d ’ordre général sur le conseil 1/ Quelles sont les étapes qu’il faudrait respecter afin que le bénéficiaire réussisse son intégration dans une entreprise ? 2/ Quel rôle le conseiller doit tenir dans ce type de situation? 3/ Pensez-vous que le conseiller devrait retarder sa prise de décision lorsqu’elle est motivée par de la colère ou, à l’inverse, est-ce que cette colère est bénéfique pour le bénéficiaire ?

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Rosemarie Thèmes abordés: Gestion du temps, Gestion de l’information, Pensée critique, Accompagnement à la recherche d’emploi, Communication Rosemarie a 54 ans. Elle a quitté l’école à l’âge de 14 ans sans diplôme (EQF2). Elle dit seulement qu’elle a eu une enfance chaotique mais n’aime pas s’étendre sur cette période. Elle a commencé à travailler en gardant des enfants à leur domicile. Elle a ensuite eu d’autres jobs (vente, câblage électronique…). De 21 à 48 ans, elle fut assistante maternelle et elle travailla pour six familles différentes. Ce métier lui plut. A l’âge de 47 ans, elle eut des problèmes de santé et sa pathologie fut diagnostiquée un an plus tard. Elle fut soignée au cours de quatre années suivantes et un traitement approprié fut finalement mis en place. Quand Rosemarie eut 52 ans, son état de santé s’était stabilisé et elle reprit son activité à temps partiel : elle faisait les sorties d’écoles c’est-à-dire qu’elle allait chercher des enfants à la sortie des cours puis les ramenait chez eux où elle les faisait goûter et les surveillait tandis qu’ils faisaient leurs devoirs. Ensuite elle les baignait et attendait avec eux le retour des parents. Bien qu’il ne s’agît que d’un temps de travail limité à quatre heures par jour, elle ne tint qu’une année car elle était trop épuisée. S’occuper d’enfants demande de l’énergie et Rosemarie a réalisé qu’elle n’en n’avait plus. Elle n’a jamais clairement mentionné son handicap: elle ne voulait manifestement pas en discuter et je ne lui ai jamais posé de questions à ce sujet. En revanche, j’ai dû lui demander quelles étaient ses contreindications médicales et elle m’en a donné la liste : elle devait éviter le port de charges, le travail dans la chaleur, être attentive et prudente dans l’utilisation de sa main gauche (tremblements, transpiration) et tenir compte de sa fatigabilité. De plus, elle avait un traitement pour dépression et devait tenir compte de ses effets secondaires, notamment du ralentissement de ses réflexes. A son arrivée, Rosemarie s’occupait depuis un an d’une vieille dame, à raison de quelques heures par jours. Bien que son emploi du temps fût léger, elle n’était pas bien. Elle disait que c’était une activité trop triste et qu’elle n’avait pas envie de continuer. Quand elle s’était rendue compte qu’il lui fallait réfléchir à une reconversion professionnelle, Rosemarie avait pris rendez-vous avec son conseiller du département Handicap et c’est ainsi qu’elle nous avait été adressée pour un accompagnement. Au début de la prestation, Rosemarie déclara qu’elle ne voyait qu’une seule possibilité de reconversion: devenir agent d’accueil. Elle ajouta cependant que dorénavant, ce type de poste supposait la maîtrise des nouvelles technologies. Ce n’était pas son cas mais elle se disait prête à apprendre. Comme le temps passait, il devenait évident que Rosemarie prenait plaisir à venir au centre : elle vivait avec ses chiens et voyait peu de gens. Elle n’avait pas de réelles discussions avec la dame dont elle 177


s’occupait, aussi était-elle très heureuse de rencontrer les autres participants lors des sessions collectives et semblait-elle apprécier nos entretiens individuels. Comme elle réfléchissait à sa reconversion, elle s’inscrivit à des cours du soir pour s’initier à la microinformatique. Cependant, elle réalisa rapidement que, si elle était contente d’apprendre à utiliser un ordinateur, elle n’était pas du tout attirée par un métier en nécessitant une pratique régulière, voire quotidienne. Considérant ses centres d’intérêt, Rosemarie envisagea un métier en lien avec les animaux : elle avait toujours vécu avec des chiens et s’est plu à imaginer qu’elle aurait une vie agréable si elle pouvait travailler entourée d’animaux. Du fait de son bas niveau de formation (2 du CEC) et de sa fatigabilité, Rosemarie ne pouvait envisager de faire des études supérieures. Elle était toutefois à même de suivre une formation courte. Elle avait l’habitude de conduire ses chiens au salon de toilettage et eut envie de faire un stage pratique dans ce type de structure. Elle demanda à la toiletteuse qui s’occupait de ses chiens et qui était la propriétaire du salon, si elle voulait bien l’accueillir pour une durée de trois semaines et celle-ci accepta. Il était entendu qu’il s’agissait d’un temps partiel, à raison de 4h par jour. Rosemarie quitta notre centre en vue de son stage avec plaisir et légèreté. Pourtant, lorsque j’appelais sa tutrice quelques jours après le début du stage, elle me dit que Rosemarie était très gentille et de bonne volonté mais qu’elle semblait profondément triste et perdue dans ses pensées. La semaine suivante, la tutrice déclara que Rosemarie s’était absentée à plusieurs reprises. Elle ajouta qu’elle pensait que la stagiaire ne pouvait pas s’épanouir dans ce métier, même si elle aimait les animaux et plus particulièrement les chiens. J’ai pu m’entretenir deux fois avec Rosemarie au cours de cette période mais elle ne m’a pas dit grand’ chose. La dernière fois que j’ai eu sa tutrice, à la fin du stage, elle m’a appris que Rosemarie s’était montrée de plus en plus triste. Elle estimait qu’elle n’était pas prête à travailler et qu’il fallait avant tout qu’elle soit aidée à sortir de cet état dépressif.

Quand elle revint au centre, Rosemarie était en effet plus que morose. Elle avait pensé qu’elle serait heureuse entourée d’animaux mais venait de se rendre compte que cela ne suffisait pas. Elle avait passé tout le temps seule avec la toiletteuse et toutes deux parlaient peu. Les clients entraient pour « déposer » leur chien et ne restaient qu’une ou deux minutes afin de donner quelques directives puis repartaient. Cela se passait presqu’aussi rapidement lorsqu’ils revenaient le chercher et payer. Rosemarie a compris qu’elle manquait cruellement de relations humaines. Même si elle aimait les chiens, elle avait besoin d’échanger, d’écouter et d’être écoutée par d’autres personnes. 178


Lors de notre dernier entretien individuel, Rosemarie fit le constat qu’elle avait toujours manqué de contacts humains dans sa vie professionnelle. Elle adorait les enfants mais ne pouvait pas discuter de tout avec eux. Il devint de plus en plus évident pour elle qu’une psychothérapie était souhaitable. Jusque là, son état dépressif avait simplement été considéré comme un « bobo » curable avec des pilules mais, il était clair qu’elle avait besoin d’autre chose. Se rangeant à l’avis de sa tutrice, Rosemarie admit qu’elle n’était pas prête à retravailler. Il fut décidé qu’elle ferait la demande d’un accompagnement pour une psychothérapie et qu’elle s’inscrirait dans un hôpital de jour pour participer à des ateliers créatifs avec d’autres adultes. Elle avait, par ailleurs, l’intention de continuer son initiation à la bureautique.

Travail préliminaire: Dans le cas de Rosemarie, l’accompagnement n’aboutit pas à l’élaboration d’un projet professionnel. Expliquez pourquoi il peut pourtant s’avérer très utile pour son avenir.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas

1/

Rosemarie a quitté l’école à l’âge de 14 ans sans diplôme. Cependant, elle a travaillé sans interruption de 15 ans à 48 ans et sa vie professionnelle a été linéaire. Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées par une personne ayant travaillé 33 ans dans le même domaine et devant envisager une reconversion?

2/

Sa première piste de réorientation a été de passer de la garde d’enfants à l’aide aux personnes âgées. Comment expliquez-vous cette option quasi spontanée ?

3/

L’état dépressif de Rosemarie n’avait apparemment pas vraiment été pris en compte avant son arrivée au centre (même si elle avait un traitement). C’est pourtant le principal obstacle à son reclassement professionnel. Avez-vous souvent rencontré ce type de situations ?

I I – Questions d ’ordre général 1/

Avez-vous déjà rencontré une personne handicapée mentionnant son manque de relations humaines dans la vie professionnelle? Pensez-vous que beaucoup de gens souffrent du manque d’échanges dans leur travail ?Comment faciliter les échanges entre participants lors des séances collectives ?

2/

Il arrive que des personnes handicapées ne souhaitent pas évoquer leur pathologie(s). Comment être aidant sans devenir intrusif ?

3/

Quels sont les signes pouvant aider à repérer qu’un bénéficiaire souffre de profonde dépression ?

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Sara Thèmes abordés: Démarche créative, Gestion de l’information, Travail en équipe, Sara a 21 ans et vit depuis 1,5 an avec son petit ami chez les parents de celui-ci. Elle a grandi dans une famille réduite (mère, frère et beau-père). Elle a un handicap visuel qui s’aggrave d’année en année. A l’école primaire, elle a porté des lunettes pour être capable de suivre et de rester au niveau. Puis elle entra au Lycée technique où elle apprit le métier d’Auxiliaire de puériculture. Sa vision continua à se réduire de façon drastique au cours de cette période et elle eut besoin de supports techniques particuliers pour être en mesure de poursuivre ses études. Elle obtint son diplôme (niveau 4 du CEC) et comprit au cours des stages qu’elle effectua sur le terrain qu’il ne lui serait pas possible de travailler en école primaire ou dans d’autres structures accueillant des enfants car elle ne pouvait pas voir ce dont ils avaient besoin. C’est pourquoi elle s’inscrivit au Pôle Emploi pour trouver un poste compatible avec son état de santé. Voici la liste des critères et/ou exigences qu’elle mit en avant: - Elle devait travailler dans un petit bureau: quand il y a trop d’espace, elle a du mal à s’orienter - Le bureau doit être bien éclairé et, si elle doit être amenée à se déplacer dans différentes pièces, il est souhaitable que celles-ci aient le même niveau d’éclairage. Si ce n’est pas le cas, ses yeux ont beaucoup de difficulté à d’adapter aux différents niveaux d’éclairage et cela la fatigue énormément. - Il ne fallait pas que des objets traînent au sol car elle risquait de trébucher. Sara a fait un stage en pharmacie: elle a réceptionné les médicaments et vérifié les préparations d’ordonnance. Pour ce faire, elle a utilisé une loupe car elle avait besoin de déchiffrer les numéros des différents produits. Son horaire de travail était de 10 h à midi, du lundi au vendredi car elle avait estimé qu’elle ne pouvait pas se concentrer plus de deux heures sans faire de pause. Lors de la première semaine de stage, elle sentit que ses yeux étaient fatigués mais ne ressentit pas de douleurs. Les choses se passèrent de la même façon au cours des deux semaines suivantes. Tous les bureaux de la pharmacie étaient bien éclairés, ce qui simplifiait les choses pour Sara. Le personnel travaillait dans un petit nombre de pièces et le magasin lui-même était également de taille réduite. Au début, le personnel de la pharmacie était positif et désireux de donner à Sara l’opportunité de trois semaines d’immersion avec des tâches simples à réaliser. Toutefois, au cours de la troisième semaine, le directeur déclara qu’il n’était pas possible d’intégrer une autre personne à l’équipe du fait de l’étroitesse des lieux et il mit fin au stage. Sara commença un autre stage dans un salon d’esthétique. Elle devait accueillir les clients, répondre au téléphone, prendre les rendez-vous, ce genre de choses. Au début, l’horaire de travail était de 11h à 13h les lundis, mardis et jeudis. L’idée était que l’employeur augmente peu à peu le temps de travail si tout se passait bien pour elle. Les jours de travail avaient été choisis avec la conseillère en partant du principe qu’il serait souhaitable que Sara ait, si possible, un jour de repos entre deux jours de travail pour récupérer.

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Cependant Sara commença à se sentir mal. Elle était angoissée dans les transports en se rendant sur son lieu de travail alors qu’elle était très heureuse du poste en lui-même une fois qu’elle était sur place. Les tâches qui lui incombaient étaient relativement gérables. L’accueil des clients se passait très bien et la mise en place d’un programme avec des grands caractères lui permit d’être plus à l’aise pour la prise de rendez-vous. En revanche, Sara trouvait qu’elle ne connaissait pas assez les produits pour être en mesure de conseiller les clients et elle en éprouva du stress, se blâmant elle-même pour cela. Sa tutrice insista sur le fait qu’elle n’était pas obligée de conseiller les clients alors elle cessa de le faire et prit l’initiative de nettoyer les cabines entre deux soins. Son horaire de travail fut étendu et elle travailla de 10 h à 15h (dont une heure de repas) les lundis, mardis et jeudis. Sara insista sur le fait qu’il lui fallait absolument une heure de repos au cours de ces cinq heures pour que ses yeux puissant récupérer. Pourtant, à partir du moment où elle adopta cet horaire plus important, Sara se sentit de plus en plus fatiguée et eut besoin de davantage de repos en rentrant à la maison. Elle eut des migraines. Son état psychologique se dégrada et il fut décidé qu’elle aurait des rendez-vous réguliers avec sa conseillère tous les quinze jours. Malheureusement, au bout de quatre entretiens, sa conseillère fut mutée dans une autre structure et une autre conseillère lui fut attribuée. L’état de Sara empira et elle eut des crises de larmes au salon. Au début du stage, sa tutrice lui avait dit qu’elle pouvait rester aussi longtemps qu’elle le souhaitait mais qu’il n’y avait aucune possibilité d’embauche. C’est la raison pour laquelle Sara n’avait pas reçu de formation spécifique et ne pouvait pas effectuer les différents soins prodigués à la clientèle. Au bout de trois mois, le stage se termina car son état psychologique empirait et elle eut une attaque de panique alors qu’elle se rendait au salon. On lui conseilla de prendre contact avec sa conseillère et celle-ci l’orienta sur un médecin qui la mit en arrêt maladie. Durant tout le temps que la seconde conseillère Emploi l’accompagna, il fut sans cesse question de la reprise d’études comme moyen d’évoluer. Aujourd’hui, Sara est toujours en arrêt-maladie et elle continue être suivi par le service Psychologie. Elle n’est toujours pas prête à intégrer le marché de l’emploi Travail préliminaire: Pensez-vous que le stage aurait dû être interrompu plus tôt pour éviter que la santé mentale de Sara ne se détériore davantage ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas

1/ A votre avis, aurait-il été nécessaire d’organiser des réunions entre l’employeur, la conseillère et le service de psychiatrie qui suivait Sara? Si oui, de quelle façon ces réunions auraient-dues être conduites ? 2/ Pensez-vous qu’une alternative au stage aurait pu être proposée à Sara ? Si oui, quelle démarche aurait-elle été la plus appropriée ?

3/ Estimez-vous qu’il soit judicieux que Sara reprenne ses études lorsqu’elle ira mieux ou pensezvous qu’il serait plutôt souhaitable de lui donner l’opportunité de découvrir d’autres métiers et d’autres environnements pour qu’elle puisse juger des métiers compatibles avec son handicap visuel ?

II – Que st io n s d ’o rd re gén éra l 1/ Pouvez-vous citer cinq métiers compatibles avec un handicap visuel?

2/ Si vous êtes non voyant ou déficient visuel, vous avez en général besoin d’aménagement de votre lieu de travail. Vers quel organisme pouvez-vous vous tourner pour obtenir des informations à ce sujet ?

3/ Si l’employeur accepte de prendre un stagiaire en précisant dès le départ qu’il n’y a aucune chance d’embauche dans l’entreprise, pensez-vous qu’il soit judicieux d’y placer un bénéficiaire pour une mise en situation?

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Simon Thèmes abordés: Gestion du Temps, Pensée Critique, Démarche Créative, Travail en Equipe, Suivi en entreprise

Simon a 22 ans et est atteint de trisomie 21. Il a obtenu un diplôme professionnel de niveau 2 (EQF). Il a un léger handicap intellectuel et des déficits sensoriels (surdité partielle et hypermétropie). Malgré des difficultés d’élocution, Simon communique très bien. Il a acquis un vocabulaire assez large et prend plaisir à apprendre des mots et à faire de nouvelles phrases. Simon est le plus jeune de sept enfants (âgés de 22 à 35 ans). A l’âge d’un an, Simon et sa famille déménagèrent dans une grande ferme d’élevage ovin. Tandis que sa famille n’avait pas de parents à proximité susceptibles d’aider, Simon a reçu beaucoup de soutien à l’intérieur du cocon familial, notamment dans ses jeunes années où il a bénéficié du modèle et du support de ses frères et sœurs. Sa trisomie 21 fut diagnostiqué à la naissance et il a pu profiter de services spécifiques de prévention basés sur l'usage jeux collectif et de la ludothèque ainsi que le recours bien que restreint à l'orthophonie. Quand le responsable du parking local a eu besoin d’un ramasseur de caddies, j’y ai vu une opportunité pour Simon qui recherchait alors un emploi. L’entreprise organisa des entretiens individuels de façon à ce que les candidats puissent présenter leurs compétences. Elle avait aussi prévu des formateurs pour les aider pendant la période de prise de fonctions. A l’issue de l’entretien, le directeur de l’entreprise locale de parkings accepta de le prendre en stage. Je l’ai préparé à sa nouvelle activité. Quand il a pris son poste, à raison d’un jour par semaine pour commencer, Simon a continué à être accompagné car il fallait s’assurer qu’il ait les compétences nécessaires au service clients et qu’il maîtrise les règles de sécurité indispensables au travail dans un parking très encombré. A cause de sa trisomie 21, Simon est plus lent que ses pairs ; il peut seulement suivre des instructions simples et a des difficultés de concentration. Il a du mal à organiser son travail journalier et a besoin qu’on lui rappelle les choses. De plus, sa petite taille et ses membres courts rendent difficiles certains postures de travail. Ses collègues essaient de l’aider en abaissant les bancs, en lui procurant un siège adapté à sa taille, des marches pour atteindre les étagères et en faisant en sorte que les outils de travail soient à sa portée. A présent, Simon est en stage 28 heures par semaine sur cinq jours. Il a toujours le sourire et un mot agréable pour chaque client. Il a tout le soutien dont il a besoin et ses collègues adorent travailler avec lui. L’un des managers a même constaté qu’il avait une influence positive sur l’ambiance de travail. 184


Son directeur souhaiterait l’embaucher et lui proposer un poste permanent à temps partiel, à condition qu’il gère mieux son temps et puisse planifier sa journée de travail de façon structurée et habituelle, immuable

Travail préliminaire: Sur le lieu de travail, différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour aider les personnes atteintes de trisomie 21 à gérer leurs déficience. Ce qui implique l’aménagement des tâches et de l’environnement qui sont variables selon les possibilités de chaque personne. Citez-en au moins trois.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/ Comment aider Simon à organiser sa journée de travail de façon structurée et routinière? 2/ Quels types de moyens mnémotechniques utiliseriez-vous pour l’aider à activer sa mémoire ? Feriez-vous appel aux technologies adaptatives ? 3/ Quel type de Formation peut-on proposer aux collègues/partenaires dans l’accueil de personnes trisomiques ? II – Question s générale s relatives à l’accomp agnement 1/ Le stage et la formation sur le tas : pourriez-vous présenter les opportunités et les bénéfices liés à ce type de démarches ? 2/ Quel type de prestations ou de subventions existe-t-il dans votre pays pour aider les jeunes atteints de ce type de handicap à trouver du travail? 3/ Quelles sont les possibilités d’insertion professionnelle dans votre pays pour les personnes atteinte de trisomie 21

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Sven Thèmes abordés: Analyse de la demande, Pensée critique, Démarche créative, Suivi en entreprise Sven avait 9 ans lorsqu’il a été séparé de ses parents à cause de leur vie dans la drogue et la criminalité. Il fut placé en maison d’accueil et il changea plusieurs fois de famille au cours des années qui suivirent.

Il avait toujours été très actif, ce qui lui posa des difficultés en familles d’accueil. Il fut diagnostiqué hyperactif à l’âge de 21 ans, ce qui expliqua son comportement. Un traitement lui fut prescrit pour stabiliser sa pathologie.

Peu de temps après, il fut adressé à un conseiller Emploi. Ils discutèrent tous deux de ses centres d’intérêt et établirent son profil professionnel, lequel faisait apparaître que Sven avait besoin d’être accompagné pour trouver un emploi où il puisse mettre en pratique sa force physique et son côté très actif. Sven déclara qu’il voulait travailler dur de façon à être fatigué en quittant son poste en fin de journée.

Son conseiller lui trouva un emploi dans un garage : Sven devait changer les pneus et réaliser des tâches simples telles que remplir l’eau du lave-glace, changer les essuie-glaces, etc. Sven adorait les voitures et prit plaisir à ce travail. Les jours où il avait beaucoup de pneus à changer répondaient parfaitement à son besoin d’être fatigué en fin de journée.

Au début, tout se passa bien mais, au bout de quelques semaines, le conseiller fut informé que Sven avait commencé à oublier certaines choses : il oublia de remplir des lave-glaces et de visser les boulons de roues qu’il changeait. De plus, il était moins concentré et se promenait dans le garage pour parler avec ses collègues, disant qu’il pouvait réaliser des tâches plus complexes. Certains d’entre eux le mirent à l’épreuve mais Sven ne réussit pas les tests tandis que d’autres s’irritaient plus ou moins de sa vantardise. Il apparut également que Sven s’était absenté plusieurs jours sans prévenir l’employeur. Confronté à cela, Sven dit au conseiller qu’il avait des problèmes d’argent et qu’il ne pouvait se payer le transport domicile-lieu de travail. Il lui apprit aussi qu’il avait arrêté son traitement pour hyperactivité. Il ajouta qu’il pouvait se débrouiller sans cachets, ceux-ci le ralentissaient et lui donnaient des vertiges, dit-il.

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Le conseiller découvrit par ailleurs que Sven avait mal géré son appartement, ne payant pas le loyer, et qu’il était sur le point de voir son bail résilié.

Le conseiller réalisa qu’il y avait beaucoup de choses qui n’allaient pas dans la vie de Sven et se demanda comment faire : Par quoi commencer et que faire concrètement au cours de l’accompagnement ?

Travail préliminaire: De quel type d’accompagnement Sven a-t-il besoin? Qui peut le lui apporter ?

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QUESTIONS

I – Questions spécifiques au cas

1/

Quel type d’aide pouvez-vous apporter dans le garage où travaille Sven? Précisez.

2/

Comment l’employeur peut-il aider Sven?

3/

Parmi tous les aspects pour lesquels Sven a besoin d’aide, comment pouvez- vous définir les priorités?

I I – Questions d ’ordre général

1/

Lorsqu’une personne refuse de suivre son traitement, entraînant ainsi des problèmes sur le lieu de travail, est-il judicieux de continuer à l’accompagner ? comment peut-on continuer l’accompagnement ?

2/

Comment maintenir le bénéficiaire dans l’objectif de trouver un emploi quand d’autres problèmes émergent?

3/

Si un bénéficiaire estime que vous n’avez plus à le suivre en entreprise, devez- vous vous conformer à son désir?

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Tobias Thèmes abordés : Analyse de la demande, Droit des personnes handicapées, Pensée critique, Communication Tobias est un jeune homme de 17 ans vivant dans un petit village. Il a des difficultés d’apprentissage et a quitté l’école sans avoir terminé son cycle d’études secondaires ; il a un niveau 2 du CEC. Les raisons qui l’ont conduit à arrêter ses études ne sont pas claires. Il vit avec sa mère qui a souhaité qu’il prépare, à domicile, son diplôme de fin d’études secondaires. Tobias est encore en contact avec l’école, simplement parce qu’il y est inscrit mais elle n’intervient en aucune façon dans sa formation. Nous envisageons de rencontrer Tobias en terrain neutre où nous espérons qu’il se sentira plus à l’aise et en sécurité. Notre partenaire participe à l’entretien. Notre intention est de faire connaissance sans condition et de proposer nos services. Nous prévoyons de nous retrouver 3 ou 4 fois afin de déterminer le meilleur moyen pour Tobias de trouver un emploi en adéquation avec ses besoins et ses goûts. Notre premier entretien a lieu dans le bureau de notre partenaire en présence de celui-ci. La mère de Tobias souhaite y participer, ce que nous acceptons. Nous présentons notre approche et notre intention. L’entretien dure une bonne heure au cours de laquelle Tobias montre des difficultés de concentration. Nous utilisons quelques uns de nos outils et parvenons à nous faire une bonne idée de la personnalité de Tobias. Nous établissons un plan d’action avec Tobias et lui remettons quelques exercices qu’il devra réaliser à la maison et qu’il devra rapporter lors de l’entretien suivant. Tobias se montre très intéressé mais recherche l’approbation de sa mère. Nous décidons d’un commun accord que celle-ci ne participera pas à l’entretien suivant mais qu’il peut-être bon qu’elle l’accompagne car Tobias n’aime pas les transports en commun. Nous serons amenés à prendre cet aspect en considération et à le travailler avec Tobias de façon à ce qu’il acquière de l’indépendance et qu’il soit autonome dans ses déplacements. Nous arrêtons une date pour le prochain entretien auquel Tobias est censé se présenter avec les exercices et échangeons nos numéros de téléphone. A la date prévue pour le deuxième entretien, nous recevons un appel de la mère de Tobias qui nous apprend qu’il ne se sent pas bien et qu’ils sont tous deux grippés. Je tente de joindre Tobias et y parviens après plusieurs essais. Il demande que nous passions par sa mère pour tout contact ou décision et clôt la conversation de façon abrupte en disant qu’il va informer sa mère de notre appel et lui demander de nous rappeler. Quelque temps après, nous arrivons à joindre sa mère et elle nous explique que Tobias n’aime pas parler au téléphone ; nous fixons une nouvelle date de rendez-vous. La semaine suivante, Tobias se présente à l’entretien avec sa mère mais il n’a pas préparé les exercices demandés. Nous passons beaucoup de temps sur cette question du travail à préparer à la maison car nous souhaitons comprendre comment continuer notre accompagnement. Nous nous entretenons avec Tobias sur ces centres d’intérêt, sa vie sociale, ses amis et parents et nous essayons de savoir si, parmi ses proches, il y en a qui travaillent et ce qu’ils font. Tobias a beaucoup de mal à nous parler et vérifie toutes ses réponses avec sa mère. Finalement, nous nous mettons d’accord sur le fait que, moi, sa conseillère, 190


vais lui préparer une série de visites d’entreprises afin que Tobias puisse se faire une idée du type d’activités existant dans son proche environnement, qu’il établisse une liste de celles qui l’intéressent et me l’envoie par mail. Je contacte plusieurs entreprises relativement proches de son domicile et leur présente l’objet de mon appel. L’une des plus grosses entreprises refuse la visite car l’âge minimum requis est de 18 ans, ne serait-ce que pour la visite. Une autre entreprise accepte et nous donne rendez-vous. Cependant, trois jours avant la date prévue, je reçois un appel de cette entreprise qui souhaite avoir davantage d’informations sur Tobias. Il s’avère qu’il a un passif de délinquant et n’est par conséquent plus le bienvenu. La visite est annulée. Je trouve une autre entreprise mais on me demande un peu de temps pour réfléchir à la visite. Je suis finalement informée qu’elle ne souhaite pas donner suite. J’apprends également que la mère de Tobias est allée les voir pour poser des questions. Je poursuis mes recherches d’entreprises à visiter et tente en même temps de joindre Tobias, sans succès. La mère ne répond pas non plus. J’organise une visite avec une autre entreprise et l’informe de mes démarches précédentes ainsi que de leurs résultats. Je préviens l’employeur qu’il y a un gros risque que la visite n’ait pas lieu mais il accepte quand même de nous rencontrer. Je contacte Tobias par SMS et nous nous mettons d’accord pour la visite. Tobias ne se montre pas le jour J et je visite seule l’entreprise. L’employeur, reste, malgré tout, ouvert à l’idée d’une autre visite. J’essaye à nouveau de joindre Tobias, sans plus de succès et appelle notre partenaire pour lui apprendre ce qui s’est passé. La recherche pour Tobias n’a rien donné. Nous décidons de la fin de son accompagnement. Travail préliminaire : Analysez la relation mère/enfant dans ce cas, est-elle aidante pour Tobias ? Comment gérer un passif de criminalité ?

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QUESTIONS

I – Questions relatives aux cas

1/ Pensez-vous qu’une autre démarche aurait pu être tentée pour faciliter la communication entre le conseiller et le bénéficiaire ? 2/ Selon vous, était-ce une bonne idée de faire participer la mère de Tobias 3/ Est-il possible de croire à l’envie de Tobias de travailler quand on son comportement?

aux entretiens?

considère ses propos et

II – Questions générales 1/ Est-il possible de rechercher des informations sur un fichier criminel dans votre pays ? 2/ Dans l’affirmative, quel moment vous semble-t-il le plus approprié pour cette recherche? A votre avis, faut-il en informer un futur employeur ? 3/ A votre avis, les parents et amis sont-ils un atout ou un obstacle pour un conseiller?

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Yann Thèmes abordés: Analyse de la demande, Démarche créative, Travail en équipe, Communication La première fois que j’ai rencontré Yann, j’ai été très embarrassée lorsque j’ai découvert dans son dossier la mention “Orientation en milieu protégé”. Son conseiller au service Handicap avait fait une erreur en nous adressant ce monsieur car notre centre accompagne exclusivement des personnes devant travailler en milieu ordinaire. J’ai informé Yann de cette erreur mais il m’a répondu qu’il souhaitait travailler en milieu ordinaire et était certain qu’il en était capable. Très désireux de me convaincre, il m’a raconté son parcours. “J’ai 45 ans. J’ai quitté l’école au cours du deuxième cycle secondaire pour raisons familiales. J’ai commencé à vendre des vêtements sur les marchés et en boutique de dégriffés J’ai essayé de décrocher le baccalauréat (niveau 4 du CEC) en suivant des cours par correspondance tout en travaillant mais je n’avais pas le temps de préparer correctement mes examens et j’ai échoué.

A l’âge de 20 ans, j’ai été embauché comme employé polyvalent dans un supermarché. J’ai occupé ce poste pendant un an puis j’ai dû partir pour effectuer mon service militaire. J’ai été affecté à l’armurerie et j’ai passé mon permis poids lourds. A la fin du service militaire, je suis retourné au supermarché où j’avais travaillé mais je n’ai pas eu envie d’y rester et j’ai démissionné au bout de quelques mois.

Pendant un an, j’ai surtout fait de l’intérim (comme manœuvre). Puis, j’ai réalisé qu’il me fallait apprendre un métier. J’aimais la rigueur, la logique, le travail sur informatique et les chiffres. Je me suis par conséquent orienté vers la Comptabilité et j’ai obtenu deux certificats professionnels dans ce domaine (de niveau 5 CEC). Pourtant, je n’ai pas trouvé d’emploi dans ce secteur et me suis vu contraint de saisir la première opportunité car j’avais besoin de travailler. J’étais par ailleurs habitué à mener une vie active. C’est ainsi que j’ai successivement exercé les fonctions de valet de chambre en hôtellerie, représentant pour une association aidant les aveugles et serveur dans un restaurant. 193


Je suis ensuite retourné dans le secteur de la distribution comme Employé polyvalent et suis resté deux ans dans le même magasin. Cependant, tandis que je travaillais, j’ai commencé à me sentir mal sans comprendre ce qui m’arrivait. J’entendais des voix, notamment des voix me disant de me tuer. J’étais effrayé et j’ai cherché de l’aide mais il ne se trouvait personne pour m’aider dans mon entourage. Finalement, ne sachant plus que faire, j’ai démissionné. Au cours des mois suivants, j’ai quand même rencontré des médecins qui m’ont soigné. Deux ans plus tard, j’étais stabilisé et me sentais prêt à reprendre la vie active avec un traitement approprié. J’ai repris un emploi temporaire pendant six mois. Puis, j’ai été embauché comme Employé polyvalent dans une station-service. J’avais à m’occuper des ventes, des relations clientèle, des commandes, de la gestion du stock et de la formation des nouveaux employés. J’ai aimé ce métier et l’ai exercé avec succès sous tous ses aspects pendant dix ans. Puis, de nouveau, j’ai eu des bouffées délirantes et j 'ai été en arrêt maladie pendant trois ans. En conséquence de quoi, j'ai été licencié pour raison d’inaptitude médicale. Pendant mon arrêt maladie, j’ai été soutenu par une association pour les personnes handicapées ayant des problèmes psychiatriques et j’ai participé à divers ateliers : théâtre, informatique,… J’ai également effectué un stage comme aide de cuisine mais n’ai pas du tout aimé cette activité et m’en suis détourné. Deux ans après ma démission, j’étais stabilisé et prêt à retourner au travail avec pour seule recommandation médicale la nécessité d’éviter les situations stressantes. J’ai rencontré mon conseiller habituel au service Handicap pour demander un accompagnement. Je pensais alors que ce serait une bonne idée de revenir à mon orientation initiale : la comptabilité. En considérant mon dossier, mon conseiller a remarqué que j’avais été récemment orienté vers le milieu protégé mais qu’il n’y avait pas de postes.. C’est pourquoi, il a décidé d’indiquer « Agent administratif » comme métier choisi dans mon dossier car c’était, selon lui, le métier le plus proche de « Comptable ». Quelque temps plus tard, mon conseiller m’a adressé à votre centre pour un accompagnement à l’emploi. Je suis très heureux d’apprendre que vous vous occupez de personnes devant travailler en milieu ordinaire car je sais que je réussirai si j’ai la chance d’essayer ». Après avoir écouté l’histoire de Yann, j’ai réalisé qu’il connaissait très bien le monde du travail et qu’il avait toujours été employé en milieu ordinaire. Il avait même été capable, après son premier arrêt maladie, quinze ans plus tôt, de reprendre un poste à responsabilités et d’y réussir brillamment 194


pendant dix ans. J’ai appelé son conseiller au service Handicap et, après une conversation à bâtons rompus, nous nous sommes mis d’accord pour conclure qu’il méritait qu’on lui donne sa chance. Nous avons décidé qu’il ferait un stage dans un service comptabilité de façon à pouvoir évaluer ses capacités à se débrouiller en milieu ordinaire.

Travail préliminaire: Yann veut reprendre un emploi en milieu ordinaire. Mettez en relief ses forces et faiblesses au regard de ce désir.

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QUESTIONS

I – Questions relatives au cas 1/

Yann semble à l’aise lorsqu’il évoque ses problèmes psychiatriques. Il parle avec beaucoup de lucidité de ce qui lui est arrivé et ne montre ni honte ni embarras. D’après votre expérience, ce comportement est-il courant parmi les personnes reconnues handicapées pour désordres mentaux ?

2/

Estimez-vous la profession de Comptable compatible avec ses contre- indications médicales ?

3/

En dépit de ses importants problèmes de santé, Yann totalise, à 45 ans, 19 ans d’expérience professionnelle. A votre avis, que cela nous dit-il de son tempérament ?

I I – Questions générales 1/

Avez-vous déjà été confronté(e) à une personne orientée en milieu protégé et désirant travailler en milieu ordinaire? Si oui, qu’avez-vous fait ? Si non, comment vous y prendriez-vous ?

2/

3/

Avez-vous été confronté à la situation opposée, c’est-à-dire à une personne orientée en milieu ordinaire et désirant intégrer le milieu protégé ? Si oui, que s’est-il passé ? Etes-vous à l’aise pour vous entretenir avec les prescripteurs d’actions d’accompagnement ? Avec les autres types d’interlocuteurs ?

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GLOSSAIRE Activité d'apprentissage

Activité délibérée dans laquelle un individu participe avec l'intention

d'apprendre. ISCED

Apprentissage L'acquisition ou la modification individuelle de l'information, de la connaissance, de la compréhension, des attitudes, des valeurs, des compétences, des compétences et des comportements par l'expérience, la pratique, l'étude ou l'instruction.ISCED

Apprentissage formel C’est le résultat d’une formation intentionnelle, institutionnalisée, planifiée par des structures publiques ainsi que des structures privées reconnues. Les formations professionnelles, notamment les formations professionnelles continues font le plus souvent partie intégrante de l’apprentissage formel. ISCED

Apprentissage informel C’est le résultat d’une formation intentionnelle mais non institutionnalisée, qui est souvent moins structurée et moins organisée que la formation formelle. Ce type d’apprentissage peut se faire en famille, sur le lieu de travail, dans une communauté, à sa propre initiative, à l’initiative de la famille ou d’un organisme social. ISCED

Cadre européen des qualifications pour l'apprentissage tout au long de la vie (CEC) Outil de référence pour décrire et comparer les niveaux de qualification dans les systèmes de qualifications développés aux niveaux national, international ou sectoriel. Les principaux composants du CEC sont un ensemble de huit Niveaux de référence décrits en termes de résultats d'apprentissage (a Combinaison de connaissances, de compétences et / ou de compétences) et Mécanismes et principes pour la coopération volontaire. Les huit niveaux couvrent toute la durée des qualifications de ceux-ci reconnaissant les connaissances, les compétences et les compétences de base à ceux décernés au plus haut niveau d'enseignement et de formation académique, professionnel et professionnel. CEC est un dispositif de traduction pour les systèmes de qualification. Source: based on european Parliament and council of the european union, 2008.

Carrière Le cours de la vie pendant lequel on exerce une charge, un emploi, etc. LGPD Glossary, Cedefop

Compétences en gestion de carrière

Une gamme de compétences qui fournissent des moyens structurés pour que les individus (et les groupes) puissent recueillir, analyser, synthétiser et organiser l'information personnelle, éducative et professionnelle, ainsi que les compétences nécessaires pour prendre des décisions et des transitions (les compétences de gestion de carrière sont la vie, L'apprentissage, la formation et les compétences professionnelles que les gens doivent développer et gérer efficacement leur carrière).LGPDGlossary, Cedefop

Conseiller

En général, une personne ayant à la fois des connaissances approfondies et une réelle expérience dans un domaine particulier (elle peut aussi avoir des compétences transversales et une expérience multidisciplinaire). Le rôle du conseiller est celui d’un mentor ou d’un guide. Il diffère catégoriquement de celui d’un consultant chargé de mission en entreprise. Wikipedia Un expert qui donne un avis ; « un conseiller aide les étudiants à choisir leurs cours ».

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Conseiller Professionnel Conseiller qui aide les personnes à explorer, poursuivre et atteindre leurs objectifs professionnels. Ce conseiller a, en principe, reçu une formation professionnelle et est titulaire d’un diplôme reconnu. LGPD Glossary, Cedefop

Curriculum Programme des cours donnés dans un collège, une école. www.thefreedictionary.com/curriculum

Conseiller d'orientation

Une personne formée fournissant des conseils tels que définis ci-dessus. Les conseillers d'orientation aident les gens à explorer, à poursuivre et à atteindre leurs objectifs de carrière. LGPDGlossary, Cedefop

Conseils/orientation en matière d'emploi Un conseil ou une orientation qui répond à un ou plusieurs des domaines suivants: prise de décision professionnelle / professionnelle, amélioration des compétences, recherche d'emploi et maintien de l'emploi. Les activités comprennent l'évaluation, l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan d'action, d'un suivi et d'une évaluation.LGPDGlossary, Cedefop

Éducation pour besoins spéciaux

L'éducation conçue pour faciliter l'apprentissage par des individus qui, pour diverses raisons, nécessitent un soutien supplémentaire et des méthodes pédagogiques adaptées pour participer et atteindre les objectifs d'apprentissage dans un programme d'éducation. Les raisons peuvent inclure (sans s'y limiter) des inconvénients dans les capacités physiques, comportementales, intellectuelles, émotionnelles et sociales. Les programmes d'éducation dans l'éducation des besoins spéciaux peuvent suivre un programme similaire à celui offert dans le système d'enseignement régulier parallèle, mais ils tiennent compte des besoins individuels en fournissant des ressources spécifiques (par exemple, du personnel, du matériel ou de l'espace spécialement formés) et, le cas échéant, des activités éducatives modifiées Contenu ou objectifs d'apprentissage. Ces programmes peuvent être offerts à des étudiants individuels dans des programmes d'éducation déjà existants ou en classe distincte dans les mêmes établissements d'enseignement distincts ou distincts. Cedefop.

Étude de cas

Une méthode de recherche impliquant un examen approfondi, approfondi et détaillé d'un sujet d'étude (le cas), ainsi que ses conditions contextuelles connexes. Wikipedia.

Evaluation des acquis de l’apprentissage Evaluation de l’atteinte des objectifs pédagogiques d’un individu faisant appel à diverses méthodes de vérification (écrites, orales, exercices pratiques, projet, portefeuille de compétences…) au cours ou à la fin d’une formation.

Evolution de carrière

Processus concernant la façon de diriger son parcours professionel via des formations, des réorientations, des bifurcations, dans l’optique d’atteindre un but personnel et déterminé dans le monde du travail. LGPD Glossary, Cedefop

Formation L'éducation conçue pour atteindre des objectifs d'apprentissage particuliers, en particulier dans l'enseignement professionnel. La définition de l'éducation dans ISCED (International Standard Classification of Education - UNESCO) inclut la formation.

Formation Professionnelle Regroupe les programmes et activités d’apprentissage élaborés pour permettre aux personnes d’acquérir les compétences et savoirs nécessaires à leur évolution de carrière. La formation professionnelle se décide souvent après conseil et ou concertation avec un conseiller professionnel. LGPD Glossary, Cedefop

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Gestion de carrière Un processus continu de préparation, de mise en œuvre et de suivi des plans de carrière. LGPDGlossary, Cedefop

Indicateur

Facteur ou variable quantitatif ou qualitatif qui fournit un moyen simple et fiable de mesurer la réalisation, de refléter les changements liés à une intervention ou d'aider à évaluer la performance d'un acteur de développement.LGPDGlossary, Cedefop

Méthode des cas Méthode d’enseignement basée sur l’analyse et la discussion de cas réels illustrant la problématique étudiée. Cette méthode a pour objectif d’aider les étudiants à trouver des solutions pratiques. Universalium

Méthode Casebook La méthode d'enseignement dans laquelle les étudiants et les enseignants participent à la discussion directe de situations ou de problèmes d'affaires. Ces cas sont généralement préparés par écrit et tirés de l'expérience de personnes réelles travaillant dans le domaine de l'entrepreneuriat, nous lisons, étudions et discutons par les étudiants. Ces cas constituent la classe de conversation de base sous la direction d'un enseignant. Par conséquent, la méthode comprend les deux cas un type spécial de matériel pédagogique et des moyens particuliers d'utiliser ce matériel dans le processus d'apprentissage.Harvard Business School

Méthode d'enseignement

Une méthode d'enseignement comprend les principes et les méthodes utilisées pour l'enseignement. Les méthodes d'enseignement couramment utilisées peuvent inclure la participation de classe, la démonstration, la récitation, la mémorisation ou une combinaison de ceux-ci. Wikipedia.

Méthodes socratiques

Une forme d'enquête et de discussion entre les individus, sur la base de poser et de répondre à des questions pour stimuler la pensée critique et éclairer les idées.source : Wikipedia.

Module Unité d’enseignement comportant un ensemble d’activités éducatives se rapportant à un domaine particulier (on parle de cours, de module ou d’unités) ISCED

Modérateur Personne qui a guidé la conversation, les discussions, les séminaires ou toute autre communication et les guider.

Objectifs d'apprentissage Spécification des résultats d'apprentissage à atteindre à la fin d'une activité éducative ou d'apprentissage. ISCED

Orientation Aide les individus à faire des choix concernant l'éducation, la formation et l'emploi. LGPDGlossary, Cedefop

Participant

Les personnes qui participent ou participent à un programme d'éducation, ou une étape ou un module de celui-

ci.

Participation Participation ou réalisation d'un programme d'éducation, d'une étape ou d'un module de celui-ci.

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Programme Un aperçu ou un résumé des principaux points d'un texte, d'une conférence ou d'un cours d'étude. Un aperçu d'une étude, d'un texte, etc. Les sujets étudiés pour un cours particulier. Un document qui énumère ces sujets et indique comment le cours sera évalué. http://www.thefreedictionary.com/

Résultats d'orientation

L'orientation a des résultats économiques, sociaux et d'apprentissage et reflètent à la fois son impact personnel et les bénéfices sociétaux plus larges. LGPDGlossary, Cedefop

Réussite d'un programme d'éducation

Réalisation des objectifs d'apprentissage d'un programme d'éducation généralement validé par l'évaluation des connaissances, des compétences et des compétences acquises. La réussite d'un programme d'éducation est habituellement documentée par l'attribution d'un diplôme d'études.

Services de conseil

L'interaction entre un professionnel et un individu les aidant à résoudre un problème ou un problème spécifique. LGPDGlossary, Cedefop

Services d'orientation

La gamme de services offerts par un fournisseur d'orientation particulier. Ceux-ci pourraient être des services conçus pour différents groupes de clients ou les différentes façons dont les directives pourraient être fournies (par exemple, face à face, en ligne, téléphone, etc.)LGPDGlossary, Cedefop

Syllabus Descriptif de cours www.thefreedictionary.com/curriculum

Validation des résultats d'apprentissage Évaluation de la réalisation par un individu des objectifs d'apprentissage En utilisant une variété de méthodes d'évaluation (tests / examens écrits, oraux et pratiques, projets et portefeuilles) ne présumant pas la participation à un programme d'éducation.

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Recueil de Cas pratiques pour les conseillers Emploi auprès des personnes handicapées

Ce recueil de 60 cas s’adresse aux Conseillers Emploi accompagnant des travailleurs handicapés dans leurs démarches d’insertion. Chaque cas est suivi d’un ensemble de questions susceptibles de favoriser une réflexion approfondie des problématiques rencontrées et d’amorcer échanges et discussions entre conseillers et formateur. Certaines de ces questions donnent également des pistes pour gérer des situations délicates.

Projet cofinancé par l'Europe via le programme

Cette publication reflète seulement l’avis de l’ensemble des auteurs qui y ont participé, et la Commission ne saurait être tenue pour responsable de quelque utilisation pouvant être faite de son contenu.


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