L'Info n°14 | 2022

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www.lacsc.be Bureau deCharleroidépôt:P911984 ISSN 0772/2427 80e année Bimensuel JOURNAL D'INFORMATIONS SYNDICALES L’Info dossierLe 1036Victoires syndicales 2021-2022 Loi sur le bien-être: du travail bien fait, mais incomplet Bien que l’introduction de la notion de «bien-être au travail» ait permis d’envisager les problèmes des travailleurs au quotidien, son application dans l’entreprise laisse encore à désirer. 7/9 Accord sur les pensions: pas une réelle réforme Intérim: limitation du nombre de contrats journaliers Uber files, un loup dans la bergerie 26 août 2022 N°14 Shutterstock©

Le contenu de cette publication s'entend aussi bien au féminin qu'au masculin. I L’essentiel L’entrée sur le marché du travail constitue un moment charnière pour les jeunes fraîchement diplômés, moment durant lequel ils se trouvent bien démunis en l’absence de couverture sociale. Les Jeunes CSC veulent mettre un terme à la galère du début de carrière. Des milliers de jeunes fraîchement diplômés abordent l’entrée sur le marché du travail la boule au ventre. En effet, à l’issue de leur inscription auprès d’Actiris, du Fo rem, de l’ADG ou du VDAB où ils vont entamer leur stage d’insertion professionnelle qui durera un an, aucune aide financière ne leur sera accordée… mais leur re cherche active d’emploi sera contrôlée deux fois. Après deux évaluations positives, les jeunes qui n’auront pas décroché un travail pourront alors enfin accéder à la sécurité sociale en bénéficiant des allocations d’inser tion. Tous? Loin de là! En 2012, le gouvernement Di Rupo a restreint l’accès aux allocations d’insertion. Le gou vernement Michel en a ensuite durci l’accès. Comme l’a récemment rappelé une étude, cette politique est inef ficace en matière d’insertion des jeunes sur le marché du travail. Elle a également pour conséquence l’explo sion de l’emploi intérimaire qui condamne les jeunes à un avenir à la «petite semaine».

• Pour la possibilité d’accéder à la sécu jusqu’à 30 ans.

I 2 I L’Info n° 14 26 août 2022 www.lacsc.be www.youtube.com/cscvideowww.instagram.com/lacscwww.twitter.com/la_cscwww.facebook.com/lacsc TIRAGE MOYEN 200.000 exemplaires RÉDACTION Chaussée de Haecht, 579 B-1030 Bruxelles (Belgique) Tél: 02.244.32.86 Fax: chiffresfaitesPourE-mail:02.246.30.10presse@acv-csc.beobtenirvotrecorrespondant,le02.244suividesquatreindiqués. ABONNEMENTS ET POSTE Danny Assumani danny.assumani@acv-csc.be(3563) CHEFFE DU SERVICE PRESSE Brigitte Jaspard bjaspard@acv-csc.be(3291) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Stéphanie Siegels stephanie.siegels@acv-csc.be(3557) RÉDACTION David Morelli dmorelli@acv-csc.be(3289) Donatienne Coppieters dcoppieters@acv-csc.be(3283) MISE EN PAGE Patricia Martin m-htoussaint@skynet.beMarie-Hélènepatriciamartin@skynet.be(3297)Toussaint

Depuis plusieurs années, les Jeunes CSC constatent un appauvrissement alarmant de la jeunesse. La tranche d’âge des 15-24 ans est la deuxième à présenter le risque de pauvreté le plus important. Cette situation n’est pas acceptable dans un pays riche comme la Bel gique. Aujourd’hui, 36% des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale ont de 18 à 24 ans (alors qu’ils ne représentent que 10,2% de la population). En 2019, près de 23.000 étudiants émargeaient au CPAS (ils étaient 4.500 en 2003). Stopper la galère Pour rendre aux jeunes l’accès à la sécurité sociale, les Jeunes CSC ont lancé une pétition et la campagne «Stop à la galère en début de carrière!» pour sensibiliser la population et mettre la pression sur le gouvernement.

Stop à la galère en début de carrière! + de blé, + de sécurité sociale, + de dignité

• Pour une période d’attente en vue d’accéder à la sécu réduite à 75 jours. Plus d’infos: www.jeunes-csc.be/campagnealloc

Les Jeunes CSC veulent mettre un terme à la galère du début de carrière.

Appauvrissement alarmant Nicolas témoigne: «Aujourd’hui, je vis chez mes parents qui me donnent 50 euros d’argent de poche. Il ne sera pas facile pour moi de trouver du boulot après mes études si je n’ai pas d’aide en plus. Ce ne sont pas ces 50 euros qui couvriront toutes les dépenses liées à ma recherche d’emploi».

Francis découvre ce qui l’attend: «Je jongle déjà entre job étudiant, aide de la famille, épargne et CPAS pour m’en sortir. Je finirai les études à 25 ans et vous me dites que j’aurai un an sans rien?»

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ÉDITEUR Confédération des syndicats chrétiens (CSC) IMPRIMERIE Remy-Roto Beauraing I

Fraîchement diplômé? Prochaine étape: la précarité

• Pour un accès à cette protection sans limite dans le temps.

Dans les secteurs Fabrications métalliques: accord marquant En octobre dernier, les négociateurs du secteur des fabrications métalliques sont arrivés à un accord his torique concernant la future formation des salaires, la planification de carrière des travailleurs et la concerta tion sociale. La prime corona est coulée dans un cadre sectoriel. Le salaire minimum sectoriel national, qui atteindra la barre des 15 euros de l’heure en 2026, est une première pour le secteur et bien au-delà.

Cela faisait des mois que les travailleurs des collec teurs de déchets wallons et bruxellois se plaignaient, entre autres, de sous-investissements chroniques dans le matériel et du non-respect des instances de concertation sociale. Inquiets pour l’avenir, ils sont partis en grève en juin dernier. Trois jours plus tard, les représentants syndicaux obtenaient des engagements en matière d’investissements, de qualité d’emploi et de concertation sociale.

Des victoires syndicales

Dans les entreprises AGC Moustier: avancée historique

Grâce aux mouvements de grève en octobre 2021, un accord a été trouvé pour les travailleurs de Lidl: qua rante-deux heures supplémentaires de travail par se maine ont été injectées dans les magasins. Le mois suivant, c’est la direction d’Aldi qui a plié suite à la mobilisation des travailleurs pour exiger l’engagement de personnel pour soulager leur trop plein de travail. Les délégations syndicales ont également obtenu pour les deux enseignes l’engagement de CDI au lieu de CDD et l’étoffement de l’équipe volante là où le personnel est absent pour cause de maladie.

Aéroport de Charleroi: le pire a été évité Pandémie, manque de diversification des activités… En mars 2021, l’aéroport de Charleroi est au bord de la fail lite. Les propositions de la direction, faites sans concer tation ni transparence, sont imbuvables. Après six mois de négociations et deux arrêts de travail, un accord so cial est signé le 30 décembre 2021 pour sauver l’aéro port. Conclu pour une durée de trois ans, il protège les travailleurs les plus fragiles (retrouvez l’article complet dans l’app de l’Info).

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Malgré un contexte difficile, la CSC continue inlassablement à négocier et à lutter pour éviter le pire, améliorer le quotidien et l’avenir. Tour non exhaustif des avancées syndicales de l’année sociale 2021-2022. I David Morelli I

Lidl et Aldi: victoires en magasins

L’Info n° 14 I 3 I26 août 2022

TI Group Automotive Systems: victoires sur la durée

Après un mouvement de grève – le premier en 40 ans – qui aura duré dix jours, la direction nationale et le front commun syndical sont parvenus à un accord qui a dépassé les espérances travailleurs (lire article p5).

En juin 2021, la délégation CSC-CNE de cette entreprise, spécialisée dans le feuillard cuivré pour l’industrie au tomobile, avait réussi à stopper le licenciement collec tif de 40 travailleurs sur le site de Wandre. Elle négocie actuellement un plan de prépension décent en trois ans pour 18 personnes et une prime de 100 euros par année d’ancienneté pour tout le personnel. CNE©

Accord total chez Renewi

L’essentiel

Monde - Une cinquième norme fondamentale du travail À la Conférence internationale du travail à Genève (photo ci-dessous), les syndicats, les employeurs et les pouvoirs publics sont arrivés à un accord pour re connaître la sécurité et la santé au travail comme une norme fondamentale du travail. Tous les pays membres de l’Organisation internationale du travail (OIT) sont te nus de la respecter.

L’essentiel

LausnayDeMichael©OIT©A&SCSC©

Titres-services: la lutte paye Après 10 mois (!) de lutte, un accord sur les salaires, les frais de déplacement et les conditions de travail des aide-ménagères, a été conclu et approuvé en juin dernier. Une première étape vers une amélioration de leur statut. La lutte paye.

Intérim: limitation du nombre de contrats journaliers Retrouvez l’article dédié à ce sujet en page 10.

Belgique - Liste des métiers en pénurie élargie La liste des métiers en pénurie pour le permis unique passe de 10 à 42 métiers. Pour le groupe Migrants CSC, qui a participé aux négociations, c’est une belle avan cée qui permettra de mettre la pression sur d’autres revendications, comme l’accès au travail légal pour les travailleurs sans papiers. Grâce à l’élargissement de cette liste, des dossiers juridiques pourront être réin troduits.

Accord dans la construction Cet accord prévoit, entre autres, une augmentation des salaires, une prime corona et un écochèque de 130 eu ros. Des avancées importantes ont également été ob tenues dans le domaine de la lutte contre le dumping social.

I 4 I L’Info n° 14 26 août 2022

Accords du non marchand Retrouvez cet article dans l’app de L’Info Mais aussi...

Une prime aussi pour les nettoyeurs en sous-traitance dans les hôpitaux Après plus d’un an de campagne pour que les net toyeurs en sous-traitance obtiennent aussi la prime d’encouragement unique, une prime de solidarité de 985 euros brut leur sera versée.

Belgique - Maladie professionnelle: élargissement de la reconnaissance du Covid Grâce aux efforts des représentants des travailleurs au comité de gestion de Fedris, le gouvernement accepte d’élargir la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle pour les infections survenues entre le 18 mai 2020 et le 31 décembre 2021.

Belgique - Augmentation des bas salaires Après des années de négociations et de demandes pressantes, la CSC a fini par obtenir satisfaction: le 1er avril dernier, le salaire minimum et le bonus à l’em ploi ont augmenté pour de nombreux travailleurs et, pour la plupart, la cotisation spéciale en faveur de la sécurité sociale a diminué.

Belgique - Succès des mobilisations Durant toute l’année, de nombreuses mobilisations pour le pouvoir d’achat ont réuni un nombre impor tant de militants dans tout le pays. Soutenues par les 87.000 signatures de la pétition demandant aux res ponsables politiques de modifier la loi sur la norme salariale, ces mobilisations ont culminé le 20 juin der nier en réunissant 80.000 manifestants dans les rues de Bruxelles.

Europe - Stagiaires et apprentis: un salaire équitable En 2017, le Forum européen de la jeunesse avait dé posé une plainte, soutenue, entre autres, par la CES, auprès du Conseil de l’Europe (CE) au constat que la Belgique autorisait les stages non rémunérés. Le CE a suivi les plaignants. Le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, s’est engagé à prendre des mesures contre «les stages qui sont en réalité du travail caché».

Si l’issue d’une mobilisation syndicale est toujours incertaine, certains éléments peuvent contribuer à sa réussite. L’équipe syndicale des ouvriers, em ployés et cadres d’AGC Moustier a collectivement décrypté les dix jours de grève qui les a menés à la victoire.

Front commun solide et unité Après dix ans de «guéguerres» syndicales, la grève a marqué une unité sans faille parmi les travailleurs.

Ces informations ont permis d’adapter la stratégie en concertation avec les travailleurs.

Construire un rapport de force

Recherche d’alliances

Les DS de Moustier étaient en contact quotidien avec les DS des autres sites d’AGC et les ont convaincus du bien-fondé de leurs revendications.

Les DS étaient informées de l’impact économique de la grève (état des commandes, stocks des concurrents…).

Reconstruction de l’action syndicale

Grâce à la collaboration des DS avec les journalistes et les nombreux articles publiés, les travailleurs étaient soutenus par l’opinion publique.

Les délégations syndicales (DS) ont très rapidement fait valider en assemblée du personnel un cahier de re vendications. AGC voulait cadenasser les négociations salariales au niveau national pour décourager les ini tiatives syndicales locales. Les réalités professionnelles et conditions de travail étant très différentes d’un site à l’autre, il était indispensable de maintenir une action syndicale locale forte avec les travailleurs.

La grève a révélé de nouveaux militants et élargi l’équipe syndicale. Certains travailleurs se sont même construits syndicalement grâce à cette action.

Une mobilisation exemplaire

Présence médiatique

Rappel des faits: dans un contexte de réorganisation in terne et de pandémie, les 600 travailleurs d’AGC Mous tier avaient consenti à plus de flexibilité. Reconnais sant leurs efforts, la direction locale s’était engagée à revoir à la hausse les montants d’une prime qui de vait être renégociée. En mars dernier, la direction nationale d’AGC revient sur cet accord local. Ce désaveu, empêchant toute possi bilité de concertation au niveau local, est vécu par les travailleurs comme une rupture de confiance et du mé pris. Ils arrêtent spontanément le travail. Les dix jours de grève aboutissent à un accord financier et social «dépassant toutes les espérances».

Soutien et solidarité

Chaque jour, des personnes externes à l’usine passaient pour encourager les travailleurs. La DS de Saint-Gobain a rédigé une motion de soutien et envisageait un arrêt de travail en solidarité.

Piquet de grève vivant et organisé La présence de plus de 80 travailleurs sur le piquet de grève – tenu 24h/24, 7j/7 – a visibilisé le rapport de force. Les travailleurs se sont spontanément rendus disponibles afin d’assurer la logistique.

Grève chez AGC Moustier: une mobilisation exemplaire et victorieuse

Pendant la grève, les DS ont coordonné des équipes pour maintenir l’outil. Vu le manque de place et le blo cage des expéditions, 12.000 tonnes de verre a été cassé et réinjecté dans le four, ce qui a demandé une coor dination minutieuse: pendant que certains travailleurs tenaient le piquet, d’autres tenaient l’usine.

Maintien de l’outil

Écoute et confiance de la base

L’Info n° 14 I 5 I26 août 2022 L’essentiel

Stratégie et revendications claires

Les dix jours de grève ont abouti à un accord financier et sociaL La grève a marqué une unité sans faille parmi les travailleurs.

L’enjeu était de construire un rapport de force obli geant la direction nationale à négocier un accord local.

Les DS ont tenu chaque jour des assemblées du per sonnel et étaient disponibles et accessibles sur le pi quet. L’écoute et la confiance des délégués syndicaux vis-à-vis des travailleurs est un élément essentiel qui a permis d’aboutir à un accord favorable.

Le gouvernement est loin d’avoir réalisé une vraie réforme des pensions qui améliore concrètement la vie pour des milliers de futurs pensionnés, en particulier des femmes. I D.Mo. I L’accord conclu le 19 juillet durcit les conditions d’accès à la pension minimum via les exigences d’une carrière effective de 20 ans (avec possibilité d’assimilation de cinq années de maladie, des périodes de congé de ma ternité et de handicap) et de prestations à 4/5e temps (au lieu de 2/3 jusqu’à présent). Un régime transitoire est prévu pour les plus de 54 ans. Cette réforme n’améliore en rien le montant des pen sions. Au contraire, elle dévalorise les périodes assimi lées: «Ce gouvernement poursuit l’œuvre de ses prédé cesseurs en portant atteinte à la légitimité des périodes assimilées. Il y aurait d’un côté les bonnes périodes qui méritent d’être prises en compte et de l’autre, les mauvaises», explique Youssef El Otmani, du service d’études de la CSC. Ce processus rompt avec la logique de notre système de pension qui consi dère que les périodes assimilées correspondent largement à des situations que le travailleur n’a pas choisi et doivent donc être assimilées à du travail.

Un bonus pension, d’un montant de 2 à 3 euros par jour, sera à nouveau accordé, pour une durée de maximum trois ans. Pour l’obtenir, il faudra remplir les condi tions d’accès à la pension anticipée ou avoir l’âge de la pension légale. «La CSC s’était opposée par le pas sé à la suppression du bonus pension. Pourtant, selon des études menées dans d’autres pays, celle-ci n’incite pas à allonger la carrière et constitue en fait un effet d’aubaine», commente l’expert. Par ailleurs, il constate qu’il n’est pas question dans l’accord de l’amélioration de l’accès à la pension anticipée ni de la pénibilité des métiers. Des choix arbitraires et injustes Plus globalement, Anne Léonard, secrétaire nationale, pointe qu’en ajoutant des conditions supplémentaires, l’accord rend le système de pension encore plus com plexe sans que cela se traduise par la réali sation de sa finalité: maintenir un niveau de vie décent des futurs pensionnés et pension nées. Elle regrette également sa logique dog matique, sans vision sociétale: «Il n’y a pas de réflexion partant des réalités du marché du travail et des objectifs du système. Le fait de réformer l’accès à la pension minimum sans éva luer l’impact sur les pensions des femmes en est un exemple flagrant. Une vraie réforme aurait impliqué une étude en amont. Une réforme devrait permettre aux jeunes une meilleure constitution de droits en pension et devrait assurer aux pensionnés et pensionnées de vivre dignement.» Enfin, elle pointe l’«injustice et l’in cohérence» de l’accord: «Pourquoi, par exemple, exclure toutes les périodes de chômage ou limiter l’assimilation des périodes de maladie à cinq ans? Ces choix n’ont au cune base objective. Cet arbitraire les rend difficilement défendables.»

Accord sur les pensions: pas une réelle réforme cet accord rend Le système de pension encore pLus compLexe. La réforme n’améliore pas le montant des pensions.

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L’essentiel

Bonus pension

Une compensation… pour le passé Pour faire passer la pilule, le gouvernement s’est ac cordé pour que les périodes de travail prestées à 4/5e soient assimilées à un temps plein. Problème: cette me sure ne concerne que les périodes avant 2001 et pour maximum cinq années. Résultat: cette compensation concernera de moins en moins de monde alors que la restriction de l’accès à la pension minimum s’applique ra pour l’avenir.

I 6 I L’Info n° 14 26 août 2022

Et ce, toujours dans le cadre d’un ensemble de dispositions lé gales et selon une stratégie de pré vention claire: éviter les risques et les combattre à la source, en optant de préférence pour des mesures de protection collectives, adapter le travail à l’être humain, prévoir des instructions et des formations, etc. Cela a été l’occasion d’une refonte radicale de notre législation. La loi sur le bien-être et le code sur le bien-être au travail, qui rassemble les arrêtés d’exécution de la loi, ont constitué le nouveau cadre légal. Le plan global de prévention et le plan d’action annuel en découlent. La loi sur le bien-être et le code régissent par ailleurs l’élection, le fonctionne ment et les compétences du CPPT.

La réglementation sur le bien-être a évolué: on s’est rendu compte qu’une approche adéquate des risques, parfois complexes, néces site l’intervention d’experts issus de différentes disciplines. Outre les experts «sécurité du travail» et «médecine du travail», des ex perts dûment formés ont été dési gnés pour les domaines «ergono mie», «risques psychosociaux» et «hygiène industrielle». Ainsi, des conseillers en prévention ont été nommés pour cinq disciplines aux quelles les entreprises peuvent (ou, parfois, doivent) faire appel par le biais de leurs services internes ou externes de prévention et de pro tection au travail. Cette multidisci plinarité est un des acquis impor tants de la loi sur le bien-être.

La loi du 4 août 1996, relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail, fêtait l’année dernière ses 25 ans. Cette loi a consacré une réforme et une amélioration radicales de la législation en matière de sécurité et de santé au travail. L’utilisation d’analyses des risques a été un des éléments-clés de la réforme, de nouveaux risques ont été admis et reconnus. S’il convient de se réjouir de ces avancées, nous ne sommes pas au bout de nos peines. I Stijn Gryp & Kris Van Eyck I

L’introduction de la notion de «bienêtre au travail» a permis d’envisager de façon plus globale les problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés au quotidien. La sécuri té, la santé, l’ergonomie, les risques psychosociaux, l’hygiène indus trielle, l’embellissement et l’envi ronnement sont les sept domaines sur lesquels il faut travailler. L’un de ceux-ci, les risques psychosociaux, est devenu un nouveau point d’at tention majeur. Dans ce cadre, il est question du stress, du burn-out,

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Du responsable de la sécurité au conseiller en prévention

La loi sur le bien-être n’est pas le fruit du hasard. Jusqu’en 1996, les textes de lois en vigueur repre naient toutes les dispositions que les entreprises devaient respecter pour protéger la sécurité et la santé des travailleurs. Ces règles n’étaient pas toujours adaptées à toutes les situations. Dans les années 1990, plusieurs directives européennes ont été adoptées. Elles s’inspiraient d’une approche différente: sur la base d’une analyse des risques, les entreprises doivent déterminer elles-mêmes comment éliminer les risques.

Loi sur le bien-être: du travail bien fait, mais incomplet

L’Info n° 14 I 7 I26 août 2022 Le dossier

Le bien-être psychosocial

I 8 I L’Info n° 14 26 août 2022 Le dossier mais aussi de la violence et du har cèlement moral et sexuel. Tous ces éléments peuvent lourdement im pacter le bien-être des travailleurs, tant sur leur lieu de travail que dans leur vie privée. La loi sur le bien-être et le code sur le bien-être au travail consacrent pour la première fois toute une série d’obligations desti nées à combattre ces risques dans l’entreprise, tant individuellement que collectivement. Les victimes de violences et de harcèlement moral et sexuel sont désormais aussi pro tégées contre le licenciement lors qu’elles entament une procédure pour dénoncer ces faits. Pas encore au bout de nos peines Depuis 1996, la loi sur le bien-être n’a, bien entendu, pas résolu tous les problèmes:

• Le nombre d’accidents du travail enregistrés au cours du dernier quart de siècle n’a cessé de dimi nuer. Malheureusement, ce n’est pas le cas des accidents graves du travail.

• Les travailleurs soumis à un tra vail flexible et précaire sont le plus souvent victimes de condi tions de travail dangereuses et préjudiciables à la santé. Les travailleurs intérimaires, par exemple, sont deux fois plus sou vent victimes d’un accident du travail que les travailleurs sous contrat ordinaire. Mais ce groupe

Les troubles musculosqueletti ques sont la deuxième cause la plus fréquente de maladies de longue durée (150.000).

• Parmi ces malades de longue du rée, 170.000 (36%) souffraient de troubles psychologiques. Il s’agit de la principale cause d’invalidité en Belgique. 33.402 malades de longue durée étaient en burn-out depuis au moins un an (+33% depuis 2016). est en un sens privilégié, puisque nous disposons de bonnes statis tiques à son propos. Par contre, nous ignorons totalement quelles sont les conséquences négatives des conditions de travail impo sées à d’autres groupes, tels que les travailleurs des plateformes, les (faux) indépendants, les tra vailleurs étrangers, etc. Parfois, ils ne sont pas protégés du tout et n’ont pas accès aux assurances requises pour les indemniser en cas d’accident ou de maladie.

On estime qu’entre 2.600 et 5.500 nouveaux cas de travailleurs vic times d’un cancer profession nel sont détectés chaque année. Moins de 200 de ces cancers pro fessionnels sont reconnus et in demnisés comme des maladies professionnelles.

Confiance mais aussi contrôle Quelle que soit la qualité de la législation, son application dans l’entreprise constitue la clé du suc cès. Or, c’est souvent là que le bât blesse. Les contrôles et les amendes pourraient constituer une solution, mais ils requièrent un nombre suf fisant d’inspecteurs du travail et un bon mécanisme de sanction. Au jourd’hui, ni l’un ni l’autre ne sont satisfaisants. Malgré les promesses du monde politique, l’inspection du bien-être ne dispose actuelle ment que de 77 inspecteurs équi valents temps plein pour contrôler réellement le lieu de travail, soit un inspecteur pour 52.252 employés et pour 3.825 sites d’entreprise. La CSC a calculé que, malgré tout le bon travail qu’ils accomplissent, ces inspecteurs ne pourront visiter en 170.000 malades de longue durée souffrent de psychologiques.troubles

• Fin 2020, on dénombrait quasi ment 471.000 travailleurs malades ou invalides de longue durée (= en incapacité de travail depuis plus de 12 mois), soit une progres sion de plus de 20% depuis 2016.

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©GuyPuttemans

Les troubles musculosquelettiques sont la deuxième cause des maladies de longue durée.

I Propos recueillis par Laurent Lorthioir I Quel a été le principal impact de la loi sur le bienêtre de 1996 sur la politique de prévention dans l’entreprise? Un des éléments les plus importants pour les travail leurs, les travailleuses et leurs représentants syndicaux est que cette loi désigne l’employeur comme respon sable de la politique de prévention dans son entre prise. Il est au pilotage de la politique de prévention au travail, pas les représentants des travailleurs au CPPT! Au sein du CPPT, notre rôle est presque exclusivement de veiller à ce que l’employeur respecte la législation via les avis que nous y rendons sur le plan annuel d’ac tion ou le plan global de prévention. C’est aussi au sein du CPPT que nous pouvons tenter de convaincre l’em ployeur d’investir plus de temps et de moyens dans la prévention, ce qui n’est pas toujours une mince affaire!

Le dossier

Bonus Dans l’app de L’Info cesDécouvrez10propositions.

Pour conforter les succès de la loi sur le bien-être et faire face aux nouveaux problèmes et à ceux qui subsistent, nous devons œuvrer en perma nence à l’amélioration de la législation et de son application sur le lieu de travail. Pour y parvenir, la CSC propose dix actions, parmi lesquelles l’aug mentation du nombre d’analyses de risques et la centralisation de leurs résultats, l’adaptation de la législation au marché du travail toujours plus flexible, l’amélioration des règles de réintégration des malades de longue durée, l’évaluation per manente des règles relatives aux risques psycho sociaux et leur application pratique, assurer une formation solide pour toutes les disciplines des conseillers en prévention, etc.

Lorsque l’employeur ne veut pas prendre les mesures nécessaires à la protection de ses travailleurs et tra vailleuses et qu’il refuse de tenir compte de nos avis, c’est aussi notre rôle d’interpeller l’inspection afin de le contraindre à prendre ses responsabilités. Vous avez dit souhaiter que la législation sur le bien-être au travail continue à évoluer… Oui en effet! Les conditions de sécurité sur les lieux de travail ont été améliorées de manière significative ces dernières décennies, grâce notamment à une législa tion bien-être plus complète et à la vigilance des syn dicats. Néanmoins, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans pas mal de domaines. Ce qui me dérange profondément, c’est qu’aujourd’hui, il y a encore des gens qui décèdent sur leur lieu de travail suite à un accident. Les accidents graves sont encore bien trop nombreux. Les travailleurs et travailleuses subissent de plus en plus de pressions de la part de leur direction afin de travailler toujours plus, plus vite, plus long temps. Ce sont autant de preuves qu’il y a encore bien de la place pour des améliorations concernant la san té, la sécurité et le bien-être au travail! L’inspection du contrôle du bien-être au travail devrait également être dotée de plus de moyens humains et finan ciers pour pouvoir mieux contrôler l’applica tion de la loi dans les entreprises.

L’Info n° 14 I 9 I26 août 2022 moyenne le même site d’entreprise qu’une fois tous les 43 ans. Et les inspecteurs constatent des violations de la réglementation sur le bien-être lors d’au moins la moitié de leurs visites. Antonio Dionisio est représentant des travailleurs au CPPT de l’entreprise Twin Disc à Nivelles depuis plus de 30 ans. Il évalue la manière dont la santé et la sécurité au travail ont évolué depuis 1996.

Il y a encore beaucoup de progrès à faire dans pas mal de domaines Shutterstock© Dix propositions pour les 25 prochaines années

Entre-temps, des discussions sont en cours au Conseil national du tra vail sur la réintroduction éventuelle de la clause de non-débauchage.

LE POLLUEUR PAYERA Nombre parparjournalierscontratsdesuccessifssemestre,travailleurintérimaire spécialeCotisationONSSpartravailleurintérimaire,parjour,eneuros 0-39 0 40-59 10 60-79 15 80-99 30 ≤ 100 40

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La présence d’une telle clause dans les contrats commerciaux conclus entre les entreprises de travail in térimaire et les utilisateurs em pêche les utilisateurs d’engager des travailleurs intérimaires avant que ceux-ci n’aient effectué leurs prestations. Cette situation réduit les chances d’obtenir un emploi (fixe), surtout pour les intérimaires à temps partiel.

I 10 I L’Info n° 14 26 août 2022

Entre 2015 et 2020, la moitié des contrats intérimaires étaient des contrats journaliers. En 2016, 2017 et 2018, près de trois millions de contrats journaliers successifs ont été comptabilisés chaque année. En 2019 et 2020, ils étaient encore au nombre de 2,5 millions, mal gré la crise du coronavirus. Il est clair que les contrats journaliers ne sont pas exclusivement utilisés pour faire face à des pics imprévus. En recourant aux contrats journa liers successifs, les entreprises ré percutent le coût du travail ultra flexible sur la sécurité sociale. Les personnes qui travaillent dans le cadre de contrats successifs sont en à la flexibilité débridée qui est im posée aux travailleurs en découra geant, via cette cotisation supplé mentaire, le recours aux contrats journaliers. Le principe actuel selon lequel les contrats journaliers ne sont autorisés qu’en cas de néces sité, sans qu’il ne puisse devenir un modèle de gestion, est également

Le retour de la clause de non-débauchage

Un accord a été obtenu au CNT (Conseil national du travail) sur la limitation du nombre de contrats journaliers dans le secteur intérimaire. L’instauration d’une cotisation de sécurité sociale supplémentaire en cas de recours exagéré aux contrats journaliers par les employeurs est une avancée importante dans l’application du principe du «pollueur payeur».

Les contrats journaLiers engendrent une grande insécurité chez Les intérimaires effet plus souvent au chômage et, en cas de maladie, elles ne peuvent bénéficier du salaire garanti payé par l’employeur. Les contrats jour naliers engendrent également une très grande insécurité chez les inté rimaires concernés, tant sur le plan financier que pour l’organisation de leur vie privée. Un frein à la flexibilité débridée La partie la plus importante de cet accord porte sur l’instauration d’une cotisation ONSS supplémen taire. Celle-ci devra être payée par l’entreprise utilisatrice en cas de recours exagéré aux contrats jour naliers (voir tableau ci-dessus). Cette cotisation de sécurité sociale supplémentaire est une avancée importante dans l’application du principe du «pollueur payeur». Les syndicats sont satisfaits car cette mesure permet de mettre un frein Les contrats journaliers ne sont autorisés qu’en cas de nécessité.

LimitationINTÉRIM du nombre de contrats journaliers

Ilmaintenu. aaussiété convenu de procéder, à court terme, à une évaluation des contrats de deux jours, l’objectif étant de les soumettre également à une cotisation ONSS supplémen taire si une augmentation subs tantielle du recours à ce type de contrat devait être constatée. L’ac cord entrera en vigueur le 1er janvier 2023 et il sera également applicable aux étudiants jobistes car eux aussi ont droit à une plus grande sécurité.

Les secteurs

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Uber files: le loup dans la bergerie

Et UF et la CSC Trans com de conclure: «Les plateformes (et cer tains de leurs alliés) savent qu’elles dessinent les règles du travail du futur. Les Uber files étalent l’hypocrisie de quelques ac teurs qui ne poursuivent que leur intérêt propre, et certainement pas le progrès de l’humanité.» Cette en quête sera elle le signal du réveil? L’activisme des pLateformes n’a jamais été aussi grand.

PÉTITION

PLATEFORMES

Région bruxelloise est en train de réformer son secteur taxi, poussée dans le dos par les jugements qui ont constaté l’illégalité du système

Signez la pétition lancée par la confédération européenne des syndicats pour exiger des chefs de gouvernements européens et des membres du Parlement européen qu’ils cessent d’écouter les lobbyistes d’Uber et autres plateformes:

Ils consi dèrent par ailleurs que l’activisme des plateformes n’a jamais été aus si grand pour essayer de contrer les différents projets législatifs visant à légaliser leur activité, tout en la cadrant un minimum. Mais ce mi nimum serait-il déjà de trop?

Uber joue avec les différences régionales en faisant rouler des voitures des autres régions sur le marché bruxellois.

«La

Uber. Il s’agit d’officialiser les plate formes, mais le cadre semble en core trop étroit pour Uber qui n’hé site pas à jouer avec les différences régionales, en faisant rouler des voitures des autres régions pour faire exploser le marché bruxellois.»

«L’objectif vanté est celui d’une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes qui organisent le travail pour enrayer l’énorme précarisation en cours. Mais le projet de loi a été vidé to talement de son contenu par le lobbying des plateformes, relayé complaisamment par certains ca binets.» Au niveau européen, le projet de directive allant lui aussi dans le sens d’une présomption de salariat à certaines conditions a été déposé «mais il fait l’objet d’une intense activité de guérilla pour, comme en Belgique, le vider de son contenu.»

En juillet dernier, les «Uber files» ont été publiés dans la presse. United Freelancers (UF) et la CSC Transcom ont réagi aux informations divulguées sur les méthodes de la plateforme. I Adapt. D.Mo I Issus d’une investigation journa listique basée sur des milliers de documents internes à Uber, les ar ticles issus de leur analyse confir ment ce que dénoncent depuis longtemps United Freelancers et la CSC Transcom: la stratégie agressive de lobbying de l’entreprise améri caine et la mise sous pression or ganisée des autorités publiques, y compris par la violence. «Ces docu ments ne font que confirmer ce que tous pouvaient déjà voir. Ce n’est pas faute d’avoir diffusé l’image d’un ministre belge filant à Davos rassurer une vice-présidente de De liveroo, en janvier 2018, lorsqu’une révolte de ses coursiers menace la plateforme en Belgique. D’un côté son cabinet dit comprendre les tra vailleurs, de l’autre le ministre dor lote les lobbyistes.»

Des lois qui s’achètent L’organisation par Uber d’une soi-disant «initiative citoyenne», en Californie, fin 2020, pour contrer la loi de l’État est, de l’intérêt dé mocratique, «tout aussi édifiant.» Uber prétend que tout cela ap partient au passé. Pour UF et la CSC Transcom, cette attitude est «facile et trompeuse. Si ces plate formes ont l’influence qu’elles ont aujourd’hui, c’est bien parce que leur stratégie était de s’implanter de manière forte et brutale, et de devenir incontournables.»

Hypocrisie Le gouvernement belge devrait, quant à lui, bientôt voter son «deal pour l’emploi», incluant un cha pitre sur l’économie de plateforme.

https://act.wemove.eu/campaigns/stop-uber

L’Info n° 14 I 11 I26 août 2022 Les secteurs

Répondre à cet été trop chaud!

Le CIEP, la CSC Liège-VerviersOstbelgien et divers partenaires locaux organisent «Nourrir Fléron», un festival de promotion de l’alimentation Objectifs:durable. ouvrir la réflexion sur le contenu de nos assiettes et de mettre un coup de projecteur sur la production locale, accessible et de qualité. Diverses animations sont prévues: ateliers pratiques, soirée-débat autour du film «Tandem local», visites chez des producteurs locaux, moments festifs… Rendez-vous les 16 et 17 septembre à Fléron (province de Liège). Infos et nourrir-fleronhttps://lacsc.co/festival-inscription:

I Marc Becker, secrétaire national en charge des affaires wallonnes I Cet été, nous avons  été confrontés à une ca nicule entrainant feux de forêt et sécheresse dans de nombreux territoires. Plus aucune ré gion n’est épargnée et le temps de l’insouciance semble clairement dernière nous. On a beau coup parlé de pénurie de gaz et d’électricité ces derniers mois, mais c’est maintenant l’eau, res source jugée comme abondante, qui s’ajoute au centre des préoccupations. En adaptant certains de nos comportements, nous tentons de contri buer aux efforts nécessaires pour lutter contre le réchauffement de la planète. Mais ce n’est pas Poursuffisant.notreorganisation, notre combat pour un meilleur pouvoir de vivre ne peut faire l’im passe sur les tensions subies par l’environne ment. Notre dernier congrès wallon, consacré au «Bien vivre», avait d’ailleurs bien intégré ce que nous vivons actuellement en propo sant de rendre notre mode de développement plus sobre dans son utilisation des ressources et d’investir intelligemment dans les technolo gies de pointe dont nous aurons besoin demain pour faire face au changement climatique. L’in vestissement et l’innovation doivent être des leviers pour développer de nouveaux fleurons de l’économie circulaire et bas carbone. Tous les secteurs doivent participer à l’atteinte de la neutralité climatique en 2050. Cette réflexion est au cœur de notre organisation depuis mainte nant plusieurs années. Mais le combat à mener est commun. Il faut maintenant espérer que nos gouvernements définissent rapidement un cadre d’action am bitieux. Des mesures concrètes peuvent être prises rapidement, même si la situation impose avant tout un plan de lutte structurelle. Le temps presse pour une crise qui ignore les frontières et les «accords de gouvernement».

ALIMENTAIREDEFESTIVALLATRANSITION

L’édito

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