KER OLIVIER
MALCY, CONSTANCE & ALINE
Assérac. Près de Pénestin et de l’embouchure de la Vilaine. À 25 km de La Baule. Au détour d’un chemin, une petite pancarte toute simple indiquant « Ker Olivier ».
Christophe de Bailliencourt aimait beaucoup son oncle : « Je le voyais, surtout l’été. Il était adorable avec les enfants de sa sœur. Il nous impressionnait par sa taille, sa voix et sa légende. C’était un peu le fils prodigue, qui rassemblait toute la famille autour de lui. On savait qu’il avait été très proche du Général. Et ses allers-retours ne passaient pas inaperçus ! Il aimait beaucoup le frère de son père, Pierre Guichard, qui était un grand original et qui vivait lui aussi à Ker Olivier… »
Il faut s’enfoncer dans un bois, longuement, avant de découvrir un ferme habitée. Et la campagne environnante. Discret, blôti derrière les bâtiments agricoles, apparaît Ker Olivier, avec sa vue imprenable sur la baie de la Baule, au loin… Le vieux manoir breton semble échapper aux affres de la modernité tant il semble incrusté, là, depuis la nuit des temps. C’était le lieu de villégiature estival préféré des Guichard depuis trois générations. L’une des trois filles de l’ancien Ministre, Malcy, directrice de collection aux éditions Robert Laffont, y a même construit sa maison derrière les feuillages.
Dans la bibliothèque du manoir, le neveu a conservé des ouvrages de son grand-père, écrivain de marine à la mode entre les deux guerres, avec des romans comme Bleu marine et autres essais consacrés à la mer et aux bateaux. Diplomate, attaché naval, au Portugal et à La Haye, Louis Guichard « ne retourna jamais à la mer ». Très parisien, il éleva ses enfants à Paris dans les traditions de la bonne société. Barons d’empire, les Guichard tenaient leur rang !
Aujourd’hui, c’est l’un de ses cousins (sa maman était la sœur d’Olivier Guichard) qui a repris la propriété. Christophe de Bailliencourt a longtemps travaillé aux Chantiers de l’Atlantique. Un atavisme familial. Il connaît par cœur la route de Saint-Nazaire. Et pour cause…
Malcy, comme ses sœurs Constance (Mme Ladislas Poniatowski) et Aline (Mme Paul Goldshmidt) ont passé de nombreux étés à Ker Olivier. Une résidence « secondaire » partagée avec le château du Bordelais, « Siaurac », où la famille produisait – et produit toujours – un excellent Pomerol.
C’est en 1903 que Maurice Guichard, polytechnicien, acheta Ker Olivier. Pour être à seulement « une journée de voiture à cheval » des chantiers voisins. Un véritable enracinement. Son fils, Louis, le père d’Olivier et de la future Malcy de Bailliencourt, y séjournera également fréquemment.
Pour Malcy Guichard, l’admiration de la sœur vis-à-vis du frère était totale : « Elle était en admiration devant Olivier ! » Et quand il était à Ker Olivier tout – absolument tout – tournait autour de lui.
30 I La Baule Privilège 2011
Olivier Guichard ou la statue du commandeur.