N° 44 - Septembre 2021

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évasion

Une traversée de l’Afrique à vélo

S

afia a été depuis longtemps propulsée sur les routes du monde entier par son addiction au voyage : elle a rêvé sa vie sans limite, et sa vie a rêvé d’elle. Ses voyages ont été de longues aventures tumultueuses et surprenantes. Elle a serpenté à vélo sur les chemins de tous les continents. Lors de son périple de plus d’une année à travers les Amériques, elle a pédalé avec ténacité depuis les confins polaires de l’Alaska jusqu’à l’extrême sud de la froide Patagonie, en traversant les déserts brûlants du Mexique et de la Bolivie, la jungle moite de l’Amazonie et même les hauts sommets des Andes. Depuis 2004, son point d’ancrage est le val d’Anniviers : elle y vient entre deux voyages, y habite, y travaille une ou deux saisons, y retrouve à chaque fois ses amis, en repart, puis y retourne, car elle est attachée à la vallée et à ses habitants, et elle s’y sent chez elle. En 2018, alors qu’elle préparait son voyage en Afrique, Safia a eu l’idée d’apporter des crayons de couleur et des stylos aux écoliers des villages reculés, afin de leur rendre service mais aussi pour créer un contact avec eux et entrer dans leur univers. Elle a sollicité l’aide des habitants d’Anniviers et beaucoup d’entre eux ont participé au projet en lui donnant de nombreux crayons. Elle a partagé ensuite avec les Anniviards des photos des enfants rencontrés durant son voyage à travers le continent africain. «Les enfants et moi-même vous remercions sincèrement pour votre générosité, votre soutien et votre participation à ce projet qui me tenait tant à coeur. Grâce à vous, les yeux de ces enfants ont

brillé de bonheur l’espace d’un instant et vos petits gestes ont permis de grandes choses». Safia

Pour les lecteurs des 4 saisons, Safia a accepté de raconter sa traversée difficile, courageuse et merveilleuse de l’Afrique en six mois, 7000 kilomètres uniquement à vélo, à travers l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie et le Botswana, pour parvenir finalement en Namibie, une contrée mythique de dunes rouges, bordée par l’océan Atlantique et peuplée d’innombrables animaux sauvages. Safia : Mon vélo était à la fois ma maison et mon moyen de transport. Je portais une cuisine et une tente, et je fabriquais mon électricité grâce à une dynamo dans la roue. Je devais aussi transporter l’eau et la nourriture. Au Botswana, il n’y avait des points d’eau que tous les deux cents kilomètres, alors je roulais entre cent et cent cinquante kilomètres quotidiennement. Je buvais sept litres d’eau par jour, car les températures

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étaient extrêmement chaudes, supérieures à quarante degrés. Je transportais environ une trentaine de kilos de matériel en plus des dix-huit kilos du vélo. Le but du voyage, c’est la rencontre avec les gens. Mais ça fatigue énormément ! Déplacer ma maison tous les jours me demandait beaucoup d’énergie, alors au bout d’un moment ça pouvait devenir très éprouvant de passer en plus mes soirées à communiquer. Pour choisir mon lieu de campement, j’essayais donc d’alterner entre des villages et des endroits de nature isolés où je pouvais être seule et me reposer. Mais c’était parfois difficile de trouver des lieux sauvages pour camper, car certains pays d’Afrique sont surpeuplés. Dans les villages, je campais souvent dans les écoles, car j’étais presque sûre d’y trouver quelqu’un qui parlerait anglais: le professeur. Ces écoles au milieu de la brousse étaient juste des abris sans chaise. Les écoliers ne pouvaient pas s’asseoir. Il y avait à peine un tableau noir et même pas de craie pour écrire dessus. On ne m’a jamais refusé l’hospitalité en Afrique. Làbas, c’est un honneur d’accueillir celui


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