N° 44 - Septembre 2021

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société

Chanter-Jouer-Résister Q

u’on soit petit joueur de fifre, tambour de longue date, trompettiste imbattable ou chanteur-se ténor, il a bien fallu subir une pause forcée due à notre actualité à tous bousculée depuis un an et demi. Mais il a bien fallu résister aussi, peut-être par désir que notre vie quotidienne redevienne normale, ou par refus de relations sociales réduites à s’exprimer uniquement par écran. La vie d’avant Les six sociétés de fifres et tambours (Chandolin, St-Luc, Mission, Ayer, Grimentz et St-Jean), les six chorales (de Chandolin, de Ayer/St-Luc/Zinal, de Grimentz, de Vissoie, le chœur Clin d’œil, le chœur des chasseurs), ainsi que la fanfare l’Echo des Alpes de Vissoie incarnaient la vie sociale locale lors des fêtes, célébrations, cérémonies, animations touristiques, théâtres, festivals, anniversaires, mariages, prestations diverses. Les responsables étaient chargés de maintenir la motivation en proposant des sorties, des participations à des festivités hors vallée, des répétitions originales. Au cours du temps, les effectifs ont fluctué, parfois à la limite du hors-jeu, souvent de taille moyenne, parfois même en XXL. Dans certaines sociétés, les cheveux blancs dominent, dans d’autres c’est la jeunesse qui mène le bal. La relève chancelle de temps à autre, mais elle tient bon et traverse le temps : il suffit de voir que les quelques irréductibles jeunes de la fin du 19ème siècle qui ont créé la fanfare, ont réussi à déjouer les craintes des autorités religieuses d’alors, en promettant que non, la jeunesse ne serait pas pervertie par la musique… Les sociétés de fifres et tambours se sont constituées au cours du 20ème siècle, ainsi que les chorales.

Choeur de l’Etoile de Chandolin

Certains mayens se souviennent encore de quelques bals improvisés, avec un bon goût d’interdit… Dès le début du printemps, on entendait claironner les fifres et rythmer les tambours, des deux côtés de la Navisence : on s’entraînait à ajuster le pas aux méandres des partitions pour faire bonne figure dans les festivals. Les chorales, elles, répétaient plutôt à l’intérieur. En se promenant le soir à travers les villages, on pouvait les entendre près de l’église ou du local de répétition et se réjouir de bientôt en profiter en vrai, à la Fête-Dieu, au concert annuel ou pendant l’été. La musique, le chant, comme un écho de vie festive côtoyée en toute légèreté sans y penser, tellement ancrée dans notre quotidien d’avant. Il paraît que les after avaient leur impor-

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tance aussi pour entretenir le lien social, mais chut, ceci est une autre histoire. De longs mois différents, à part Et voici qu’a sonné le glas de mars 2020, tout partage social s’est vu stoppé net : plus de chant ni de musique en groupe ou en public. Alors les président-e-s de ces sociétés ont visé une priorité imposée d’emblée: garder le contact malgré tout. Chacun a trouvé les astuces nécessaires, l’envoi d’une carte de vœux à tous les membres pour préserver le lien, les retrouvailles par Zoom, par WhatsApp. Pas d’autre choix que de gérer l’incertitude ; chaque semaine annonçait un lot de nouveaux obstacles provoquant prises de têtes mêlées d’espoir. L’été 2020 est apparu presque libre, mais l’automne venu, il a fallu déchanter encore, devenir à nouveau plus prudent, apprendre à mieux com-


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