Zut ! 15 Strasbourg

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ILS VIENNENT SE PRODUIRE SUR UNE SCÈNE À STRASBOURG, ASSURENT DES INSTANTS DE PROMOTION. ARTISTES POP, ACTEURS, RÉALISATEURS OU ÉCRIVAINS… ILS POSENT ET S’EXPOSENT. L’ÉQUIPE DE ZUT ! EN PROFITE POUR LES RENCONTRER.

Par Caroline Lévy // Photo Christophe Urbain

FRANÇOIS CLUZET ACTEUR POPULAIRE

Comment toucher l’intouchable le plus actif du cinéma, après le record historique du film français le plus vu au monde ? Actuellement à l’affiche de la nouvelle comédie d’Yvan Attal, Do Not Disturb, François Cluzet est souriant, docile et d’une sérénité presque déroutante. Rencontre avec un acteur populaire mais pas lisse, qui triomphe sans étaler ses trophées, qui évoque avec nous ses restes d’enfance et son jusqu’au-boutisme légendaire Vous êtes un acteur polymorphe. Comment avez-vous appréhendé le personnage de Jeff ? Après Intouchables, j’avais envie de faire un film et de revenir à mon métier d’acteur, en faisant des choix plus audacieux, plus irrévérencieux. Un artiste a tout à prouver et ne doit pas être trop propre. Le scénario est très drôle, il m’a fait penser aux Valseuses. J’ai été opportuniste sur ce film et je n’ai pas regretté ! Je déteste la maîtrise. Je pense que c’est un truc de débutant et qu’une fois que l’on a passé ce cap, on arrive à sortir des choses qu’on ne sait pas de soi. Avec mon expérience au théâtre, j’ai joué avec des metteurs en scène qui justement demandaient de l’abandon. Jusqu'à en faire disparaître votre égo, parfois en poussant au ridicule certains rôles… Je n’aime pas l’égo, je m’en méfie énormément. Quand on débute, on est excessivement égocentrique. On pense à son éventuelle réussite et à son ambition ; on est tout le temps concentré sur soi et c’est chiant comme la pluie ! Les acteurs doivent se sauvegarder d’un égo hypertrophié, surtout quand on travaille en collectif. Regardez les matchs du PSG par exemple, ils ne jouent qu’en individuel… Ça ne pourra pas gagner, parce que le collectif vous demande de l’abnégation, le contraire de l’égo. Moi ce qui m’intéresse c’est de « devenir », parce que je vais être vieux un jour…

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…mais pas tout de suite ! Je suis un vieil enfant, je n’ai jamais été adulte et je n’ai jamais voulu l’être. Les adultes ne m’ont pas donné envie de leur ressembler. On devrait rester des enfants qui vieillissent et j’ai la chance de faire un métier qui me le permet. Il nous permet aussi d’être ambigu, c’est comme cela que l’on reste crédible dans une interprétation. Si demain je dois jouer un junky homo et pervers, j’espère que je serais crédible ! Je ne veux pas être le gendre idéal. Je ne suis pas un animateur télé comme Michel Drucker, même si je l’apprécie ! Enfant, votre père tenait un commerce de journaux. Vous avez longtemps fais un rejet de la lecture, de l’encre et du papier… Où en êtes-vous aujourd’hui ? J’ai découvert la littérature au théâtre. Pour jouer dans une pièce, il a fallu la lire ! C’est comme cela que j’ai découvert Tchekhov, Marivaux, Molière… Depuis, je lis la presse, je lis les livres, mais je ne vais que rarement au cinéma. Petit, déjà, vous rêviez de célébrité, avec ces auto-interviews auxquelles vous répondiez : « Oh, n’exagérons rien ! » Si je vous dis que vous être un grand acteur, vous me répondriez pareil aujourd’hui ? Lorsque j’ai rencontré Coluche pour la première fois, j’étais tout jeune mais je commençais déjà à pas mal jouer. On lui dit alors : « Michel je te présente un grand acteur » et il a répondu « je préfère être une petite vedette qu’un grand acteur ! » Aujourd’hui, je suis un acteur populaire et c’est ce que j’ai toujours voulu. Propos recueillis à l’Hôtel Régent Petite France, à l’occasion de l’avant-première du film Do Not Disturb, le 27 août à l’UGC Ciné Cité


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