137 En transparence Perché en haut d’un étroit escalier, l’atelier de filigranage regorge de curiosités bien gardées par le maître de ces lieux : Pascal Blot, le dernier maître filigraneur, chez Lana depuis 35 ans. Curieux de nature et mu par le défi, il est l’homme sur lequel Lana peut compter pour se lancer toutes sortes d’expérimentations. « Un génie », selon ses collègues, qui s’est lui-même fabriqué un miniventilateur animé par l’énergie solaire. Du génie, il en faut pour
Les toiles et leurs galvas (motifs) sont entreposées avant d'être fixées sur le rouleau filigraneur
exercer le métier de filigraneur naviguant à la croisée du dessin, de la mécanique, de la chimie et de la physique. « Personne ne fabrique d’outils ou de machines de filigranage, il faut donc qu’on les invente », explique-t-il. Pourtant, Pascal Blot n’a jamais un mot plus haut que l’autre et si on l’écoutait, on pourrait croire qu’il est ici un peu par hasard : « J’ai fait une école d’ingénieur puis j’ai été dessinateur industriel et voilà, je me suis retrouvé filigraneur. » Un hasard dont on doute en l’entendant énumérer tous les procédés menant à la fabrication des « galvas », ces tampons de métal appliqués sur le papier : commande numérique pour la fabrication des moules, chimie, électrolyse, soudage à la main… la liste des opérations complexes est longue avant que le rouleau filigraneur ne vienne apposer ses poinçons directement dans la pâte à papier. Un travail d’orfèvre – qui vient sécuriser ou esthétiser le papier – que Pascal Blot ne cesse de remettre en question au gré des motifs et innovations. « Le jour où l’on croit que l’on a fait un beau filigrane, c’est fini. On peut toujours faire mieux », termine-t-il. Un savoir et une approche qui se perdent…