48 Zut ! Culture Théâtre
LˇINSOUMIS PAR SYLVIA DUBOST PHOTOS PASCAL BASTIEN
Enfin nommé à la direction du TNS, Stanislas Nordey, metteur en scène et comédien turbulent et jamais rassasié, entend diriger le théâtre dans la joie et avec l’ambition d’en faire un vrai acteur de la cité. En attendant les détails de son projet en janvier, dessinons les contours de son univers et de son parcours en quelques termes choisis.
Stanislas Nordey est un boulimique et un précoce. Le théâtre, il y vient un peu par hasard. Enfant de la balle, du réalisateur Jean-Pierre Mocky et de la comédienne Véronique Nordey, il traîne plutôt sur les plateaux de cinéma. À 15 ans, lors d’un voyage à Oxford, il visite un ancien théâtre. Lui que ne va pas vraiment au spectacle est fasciné par ce lieu habité de 200 ans d’histoire et de créations. Il décide de devenir acteur et demande à sa mère d'être son professeur. Pour lui, elle monte une école dans laquelle il enseignera très vite, dès l’âge de 20 ans. Suivent le cours Florent – qu’il déteste –, le Conservatoire – où il ne se sent pas vraiment bien non plus – et, entre les deux, sa première mise en scène, La Dispute de Marivaux, qui fait sensation dans le Off d’Avignon en 1988. Dès lors, Nordey n’a cessé de mener de front ses activités de metteur en scène (pour le théâtre et l’opéra), d’acteur (pour lui et les autres) et de pédagogue, construisant une œuvre centrée sur le texte et la présence physique de l’acteur, le travail de troupe et la question du théâtre dans la cité. En 1995, il rejoint avec la troupe le théâtre de Nanterre-Amandiers dirigé alors par JeanPierre Vincent (directeur du TNS de 1975 à 1983), son professeur au Conservatoire et
la seule vraie rencontre pendant ses trois années avec Valérie Lang, compagne de vie et de projet pendant de longues années. De 1998 à 2001, il co-dirige avec elle le Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Il veut tout changer, tout de suite, et le projet qu'il mène entraîne d'importantes difficultés financières. Responsable pédagogique de l’école du Théâtre National de Bretagne depuis 2001, il continue à monter des spectacles avec sa compagnie et à jouer pour d’autres. Artiste associé au festival d’Avignon en 2013, il monte Par les villages de Peter Handke dans la Cour d’honneur. Nommé directeur du TNS en septembre, après quelques péripéties, il entend bien y mettre en œuvre les idées qu’il a toujours défendues : renouveler profondément le public, faire venir au théâtre ceux qui ne viennent jamais ou ne viennent plus et ancrer plus profondément dans la ville cette grande institution, seul théâtre national installé en région. À presque 50 ans, il en va désormais pour lui de la responsabilité de sa génération.