Le lycée "L'Annexe" sis à Sousse, un héritage colonial à repenser - PARTIE 2

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Chapitre 2 : Le lycée « L’Annexe », un patrimoine en marge de deuil dans un quartier historique en altération

Repenser un héritage colonial en marge de deuil

L’ancienne école industrielle et commerciale des français, est située au plein centre du quartier portuaire colonial.

Cette belle bâtisse aujourd’hui porte encore son ancien nom au beau milieu de sa façade principale. Autrefois un lieu d’éducation, d’échange et de partage, ouverte sur la galerie commerçante de la Médina, et sur le port de Sousse, n’est plus qu’un bâtiment fantôme menaçant ruines. Malgré son importance et sa valeur dans la mémoire collective, son histoire se perd peu à peu, surtout chez les nouvelles générations, devenant « l’une des constructions coloniales délabrées ». Nous souhaitons donc la faire découvrir et renaitre à travers ce mémoire, espérant qu’elle redonnera vie à tout son quartier qui se perd à son tour.

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1. APPRECIATION DU CONTEXTE 1.1. Immersion dans le milieu Autrefois, le quartier du port reflétait une harmonie générale et un prestige digne de sa position face à la mer, en tant que façade de la ville portrayant et matérialisant son esprit vivace et son vécu mondain et chaleureux.

Figure 58 : Boulevard Armand Fallières, vue du port, CPA SOUSSE.

Aujourd’hui, le contrôle urbanistique de ce quartier semble échapper aux autorités publiques. L’image du quartier est devenue imperceptible et son ensemble n’est plus homogénéisé.

La ville ne parvient pas à imposer de règles et de lois générales concernant le quartier et la ville coloniale, vu que la plupart des constructions sont des propriétés privées et non classées.

Plusieurs édifices coloniaux ont été substitués par d’autres constructions dites « modernes », ne respectant pas les règles établies par les autorités françaises auparavant, notamment relatifs à la limite des hauteurs du bâti, à l’harmonie des matériaux, etc… ce qui fait perdre son charme et son unité au quartier. 20

Figure 59 : Ex Boulevard Armand Fallières, vue du port [Auteur].

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(Hassen)

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Figure 60 : Analyse sensible et image du quartier aujourd'hui [Auteur].

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1.2. Bilan des repères

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Figure 61 : Points repères du centre-ville de Sousse sur base de carte satellite modifiée [Auteur].

1

Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse

11

Collège Avenue Soudan

2

Cinéma Le Palace

12

École El Trikiya

3

Théâtre municipal de Sousse

13 Théâtre Sidi Dhaher

4

Cinéma ABC

14 Musée Dar Essid

5

Mairie de Sousse

15 Musée Archéologique

6

Club nautique de Sousse

16 Foyer Universitaire

7

Port de Sousse

1

Bab Jedid

8

Centre National Pédagogique de Sousse

2

Bab El Jemaa

9

Marché Municipal de Bab Jedid

3

Bab Bhar

10

Annexe de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse

Lycée « L’Annexe »

En relevant la nature des repères majeurs au sein de la zone, on peut facilement s’apercevoir de la dominance d’équipements à valeur patrimoniale, culturelle et éducationnelle. Cela reflète parfaitement la mémoire du lieu et sa dimension culturelle. On parle ici du génie du lieu, du caractère spécifique du quartier qui définit sa particularité et sa valeur dans la mémoire collective.

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1.3. Accès et voiries Le quartier suit une trame rectangulaire délimitée par deux principaux axes reliant Bab Bhar à Bab Jedid, représentant le Nord et le Sud de la ville.

L’ex boulevard Armand Fallières, en contact direct avec le port, devient aujourd’hui le boulevard Mohamed V, et l’ex avenue Léon Mougeot, l’avenue Habib Thameur.

Ces deux axes droits sont parallèles au port. L’ex boulevard Emile Loubet, en relation directe avec la Médina, se dénomme aujourd’hui l’avenue Mohamed Ali. Cet axe reprend quant à lui la forme des remparts.

Considérant que le quartier représente une zone de transition entre les parties Nord et Sud de la ville, mais encore entre la Médina et le port, le traçage de ses voiries a été réfléchi par rapport à ces zones qu'elles desservent.

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50

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Figure 62 : Voiries du quartier portuaire [Auteur].

Selon la démarche adoptée, on obtient deux avenues principales qui relient le centre-ville avec la périphérie industrielle, chacune menant dans un seul sens : o o

Celle du côté de la Médina vers le Sud en passant par la place Bab Jedid Celle du côté du port vers le centre-ville jusqu’à la place Farhat Hached.

L’avenue centrale divise quant à elle la circulation dans les deux sens gauche et droite par le biais de rues secondaires à sens unique également.

Le recours à l'aménagement de rues à sens unique revient à la distribution des flux véhiculaires afin de fluidifier la circulation et d'éviter la congestion de la zone.

Le

ZONE ADMINISTRATIVE ET TOURISTIQUE

quartier

crée

donc

un

lien

entre

MEDINA

PORT

quatre

composantes de la ville et matérialise une transition entre ces derniers.

ZONE INDUSTRIELLE

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1.4. Analyse des flux Un passage éventuel Le quartier longe les remparts de la médina et les rives du port, représentant un espace de transition entre la partie Nord touristique et la partie Sud industrielle, la « Sousse riche » et la « Sousse pauvre ». 21 D’importants flux le traversent donc chaque jour, notamment ceux des usagers de transports publics : o Le flux des voyageurs débarquant du métro du Sahel, à l’extrémité Sud, de 1 785 725 voyageurs entrants par an 22. Cette station n’est liée à aucun autre mode de transport public, ce qui oblige les voyageurs à traverser tout le quartier, afin de rejoindre une correspondance au Nord. o Le flux des voyageurs venant de la gare ferroviaire, à l’extrémité Nord, pour sa part de 476 145 voyageurs entrants par an 22. o Le flux des voyageurs s’arrêtant à la station terminus de bus de Sidi Yahia. o Le flux des voyageurs descendants des louages à la station de Bab Jedid.

Zone piétonne

Voie principale

Ilot

Voie principale

Ilot

Voie principale

Figure 63 : Transect urbain [Auteur].

Une anarchie Etant donné la convergence des réseaux viaires et des lignes de transports publics vers le centre, des enjeux sont soulevés au niveau du quartier portuaire, portant multiples équipements publics : le marché municipal, les écoles, les commerces et restaurants, la municipalité, les banques... Les voitures stationnées anarchiquement longent les trottoirs et occupent les places publiques. Des places de parking se juxtaposent le long des remparts, étouffant le quartier qui fait désormais office d’un énorme espace de parking, saturé par d’interminables embouteillages.

Cela lui fait perdre son attractivité et condamne l’expérience de l’usager piéton.

21 22

(Hassen) (INS, 2008)

Zone piétonne

Port

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Flux véhiculaire

Fluide

Flux piéton

Ralenti

0

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100

Usagers piétons Figure 64 : Trafic routier du quartier portuaire entre 10h et 15h [Auteur].

Figure 65 : Densité piétonne du quartier portuaire [Auteur].

Le flux véhiculaire est plus dense et le trafic plus ralenti au niveau des avenues principales longeant la Médina et le port et vers le Nord du quartier.

Le flux piéton est légèrement plus dense au niveau des avenues principales, mais on observe également des rassemblements aux extrémités : o Nord : la placette de Bab Bhar chargée de commerces et restaurants. o Sud : le bâtiment annexe de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts. o Est : le marché municipal de Bab Jedid. o Ouest : la station du métro du Sahel.

Le quartier est placé entre deux places emblématiques de la ville, représentant deux

nœuds qui sont des points de jonction stratégiques de la ville, ce qui accentue son

importance et sa centralité et explique l’ampleur du flux piéton et véhiculaire et les problèmes de congestion et de stationnement qui en résultent.

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1.5. Analyse du cadre bâti et du paysage urbain 1

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Figure 66 : Analyse de la composition urbaine du quartier portuaire [Auteur].

1 2 3 23

Après une lecture approfondie du tissu urbain et une étude méticuleuse du règlement de la zone 23, on peut remarquer d’une part la prolifération d’entrepôts mal entretenus et de locaux abandonnés au sein du quartier ; On constate également le dépassement de la hauteur maximale autorisée (R+2) qui représente la hauteur des remparts, le quartier étant situé dans la zone tampon de la Médina de Sousse ; En outre, on dégage un contraste assez apparent concernant l’état des bâtiments coloniaux de la zone. Certains bâtiments ont été entièrement rénovés, tandis que d’autres sont délaissés et menacent ruines, notamment le « lycée l’annexe ».

Voir Annexe.

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Un clivage, une dichotomie La municipalité de Sousse occupe actuellement le bâtiment de l’ancien Hôtel de Ville colonial, qui conférait un certain prestige au quartier. C’est aujourd’hui l’un des rares bâtiments du quartier à bénéficier des efforts d’entretien de la part de l’état. Il se situe à l’extrémité nord, donnant sur la « Sousse riche », au même titre que le bâtiment de la banque de Tunisie, rénovés et entretenus à cette image. En revanche, à l’extrémité Sud, donnant sur la « Sousse pauvre », se situent des bâtiments à l’architecture banale et incontrôlée, accueillant les entrepôts.

Les deux extrémités Nord et Sud du quartier évoquent et reproduisent le déséquilibre créé entre le Nord et le Sud de la ville.

Plusieurs banques et administrations sont installées au sein du quartier, à l’intérieur des bâtiments coloniaux en état d’usage, ainsi que des nouvelles constructions, dont une grande partie est exploitée en tant que dépôts et garages.

De modestes restaurants et commerces sont éparpillés au niveau des rez-dechaussée de certains bâtiments, et quelques logements subsistent encore aux étages des constructions coloniales, Figure 67 : Schématisation du clivage fonctionnel entre dont l’état reste quand même critique. le Nord et le Sud [Auteur].

L’affectation fonctionnelle du bâti ainsi que son état actuel contrastent avec l’initiative de la municipalité concernant le réaménagement du quartier, notamment à travers l’arborisation de toutes ses rues et la plantation de rangées de palmiers le long de l’avenue Mohamed V. Le quartier portuaire colonial n’accueille aujourd’hui aucun programme public attractif malgré sa position particulièrement avantageuse et son ouverture sur la méditerranée.

On observe un paysage urbain hétérogène dû au cadre bâti disparate, qui au lieu de traduire le lien et la connexion entre la Médina et son front marin à l’image originelle du quartier à sa construction, devient un élément de rupture et de séparation.

Figure 68 : Coupe schématique de la zone portuaire [Auteur].

Cela résulte du manque de conscience collective quant à son importance et sa valeur.

C’est ici que l’on se rend compte des contradictions que comporte l’image actuelle du quartier, qui menace de ce fait l’interprétation et la matérialisation de l’esprit du lieu.

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Des dualités La Médina s’est toujours renfermée sur elle-même à l’intérieur de ses remparts. Sa relation avec la mer, était presque inexistante. A l’arrivée des français à Sousse, et suite à la construction du quartier portuaire et aux nouvelles portes percées, une ouverture progressive de l’ancienne ville vers son front marin s’impose.

Le quartier représente depuis sa création une transition de la Médina vers la mer, les rapprochant et les unifiant. Plusieurs percées urbaines se créent à travers les rues perpendiculaires aux remparts et aux quais, formant des axes de perspective renforçant ce lien.

Cependant, le quartier d’aujourd’hui ne forme plus qu’une bande bâtie séparant les souks de la Médina et le port. La prolifération des entrepôts et l’état des bâtiments du quartier forment un obstacle à cette connexion tant escomptée.

L’usager se trouve coincé dans une ambiguïté entre union et séparation.

Entre dense et aéré Le tissu médinois est caractérisé par sa densité et sa sinuosité, une configuration prônant l’intimité et la privacité.

Le modèle colonial, dans un tout autre esprit, se définit par sa structuration orthogonale spacieuse et légère.

La structure portuaire quant à elle portrait davantage « l’aéré » et la liberté, présentant un lieu horizontal ouvert sur la méditerranée.

Entre domestique et polyfonctionnel La Médina, zone d’habitat en premier lieu, comprend également un secteur purement commercial et touristique.

Le quartier colonial en revanche est une zone principalement bureautique et plutôt polyfonctionnelle.

Le port représente pour sa part simultanément une zone commerciale, une zone halieutique et une zone ludique.

Entre protégé et marginalisé La Médina est un patrimoine mondial de l’humanité inscrit à l’UNESCO, elle fait l’objet d’un entretient continu de la part des autorités locales.

Le quartier colonial de son côté ne bénéficie nullement de la même attention, voyant son héritage délaissé et négligé.

Le port quant à lui est une zone un peu plus entretenue sans plus.

Figure 69 : Disparité du paysage urbain de la zone portuaire [Auteur].

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Entre jour et nuit, animé et déserté Une autre manifestation de cette dualité consiste en l’expérience diurne et nocturne du quartier.

On peut soutenir le fait que le quartier reste quand même très animé durant la journée. C’est un pôle d’emplois et d’études, et aussi de commerce par la juxtaposition du marché de Bab Jedid et de la galerie commerciale des souks de la médina à sa limite Ouest.

En revanche, cela devient une tout autre histoire le soir. Il se transforme en un « quartier fantôme » sombre, vide, et mal fréquenté. La seule partie qui reste plus ou moins éclairée et quelque peu fiable est celle de la municipalité, donnant sur le port, puisqu’on y organise souvent des événements et mariages.

Figure 70 : Image du quartier portuaire la nuit [Auteur].

L’analyse du site et du contexte immédiat du lycée « L’Annexe », met en avant le potentiel gaspillé de la zone. Sa position stratégique ainsi que son histoire particulière sont un atout qui pourrait en faire un lieu appréciable et un pôle attractif, à son image d’autrefois, conviviale et cosmopolite. Les diverses mutations affectant le quartier depuis l’indépendance, ne respectant pas les règles d’urbanisme de la zone, fragilisent malencontreusement ces valeurs.

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1.6. Usagers Deux méthodes sont proposées selon la méthode de Kevin Lynch pour atteindre des constats concernant l’image du quartier : • •

L’analyse et l’observation sur terrain.

L’interview d’un petit échantillon de citadins.

C’est un va et vient l’observateur et l’observé. 24

« Tout observateur ou utilisateur d'un espace est conditionné par le contexte socioculturel auquel il appartient. C'est à partir de ce contexte qu'il acquiert, mémorise et génère les codes de production et d'interprétation de son système symbolique particulier. Sous cet angle l'espace architecturé devient une configuration morphologique qui permet à l'homme de réaliser ses activités. » 25

L’observation : Suite à l’observation non participante - encadrée par la sociologue Raoudha Ben Ayed - que nous avons effectué le long du mois de novembre 2021 sur plusieurs jours et à différents moments, nous avons pu cerner une typologie d’usager fréquentant le quartier : o Dominance du nombre d’individus âgés de 18 à 55 ans o Des personnes venant faire leurs courses au marché municipal de Bab Jedid, ou d’autres achats artisanaux aux souks de la Médina. o De jeunes adultes inscrits à l’ISBAS 26 , dont certaines étudiantes logent au sein du foyer universitaire féminin privé du quartier. o Des salariés ou freelancers travaillant dans les bureaux et administrations du quartier. o Des passants traversant le quartier pour rejoindre les stations de transport public aux extrémités du quartier.

(Lynch, 1976) (Djerbi, 2021) 26 Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse 24 25

Espace adulte 18 -55 ans Espace de quotidien Services – Courses - Etudes

Espace de population active

Etudiants - Salariés

Espace de passage Relai de transport public

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Genre

L’interview :

47%

Homme 53%

Une enquête sociale a été ensuite menée au sein du quartier sur un échantillon de 100 personnes, afin de matérialiser et quantifier les informations recueillies par l’étape d’observation.

Cela nous permettra de construire une réflexion analytique basée sur une démarche participante par la suite, en identifiant la population cible.

Femme

Tranche d'âge 9% 7%

Moins de 12 ans

13%

12 à 18 ans

31%

18 à 25 ans 40%

25 à 55 ans Plus de 55 ans

Occupation 4% 7%

Elève ou étudiant 51%

38%

Salarié Touriste ou visiteur Retraité

Usage du quartier 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% ISBAS (Etudiant)

Marché municipal Usager habitant

Port

Bureaux (Client)

Usager logeant au foyer

Bureaux et ISBAS (Salarié)

Passage

Usager non habitant

Figure 71 : Graphiques représentant le type d'usagers du quartier portuaire et les activités pratiquées [Auteur}.

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2. Le lycée 2.1. Histoire de l’édifice

Figure 72 : Ecole Supérieure de Garçons, (Perrut, Architecte), CPA LL, Coll. Ch. Attard.

Édification de l’Ecole Vidal : Ecole industrielle et commerciale de garçons, dans le nouveau quartier portuaire colonial.

1

Figure 73 : L'Ecole des Garçons, CPA LL, Coll. Ch. Attard.

Réaffectation en lycée annexe du Lycée de Garçons puis du Lycée Technique. Des élèves d’autres établissement y pratiquaient également le sport scolaire.

Figure 74 : Le lycée "L'Annexe".

L’édifice est fermé et cédé par le ministère de l’éducation à la municipalité de Sousse en vue de réhabilitation, mais a été abandonné par la suite, squatté et incendié.

Figure 75 : Océan de Bab Jedid, réalisé par M. J. Siala [Auteur].

Des œuvres sont réalisées sur les murs de l ’édifice dans le cadre de Utopies Visuelles, un nouvel événement annuel de la galerie d’art El Birou en collaboration avec l’ISBAS. Figure 76 : Communiqué de consultation publique de la municipalité de Sousse.

La municipalité tente de suivre une démarche participative pour sa réhabilitation, mentionnant une idée de démolition et de construction d’un parking à étages à la place.

Figure 77 : Logo de l'INP.

Le bâtiment est inscrit en tant que monument historique protégé à l’INP par l’arrêté du 21 janvier 2021.

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Le lycée se démarque par son gabarit et son langage architectural particuliers, notamment celui de sa façade Est, marquant le paysage urbain de la zone. Il représente une icône urbaine pour la ville de Sousse, et une trace remarquable du passé colonial de la ville.

L’édifice en soi peint une empreinte assurant la sauvegarde de cette mémoire du lieu, porteur de potentialités et capable de redynamiser l’ensemble du quartier, il constitue de ce fait un élément architectural d’appel.

Il se retrouve actuellement dans un état complètement délabré et menace ruines.

« L’annexe du lycée de garçon de Sousse, situé au centre-ville à Bab Jdid, est aujourd’hui malheureusement dans un état de délabrement total. Il tombe pratiquement en ruine. C’était pourtant un lieu d’éducation et de savoir pour une jeunesse qui a contribué à l’édification du pays. Il n’est plus à démontrer de nos jours que, lorsque l’éducation et la culture manquent, c’est l’obscurantisme et l’idée de fuir le pays avec tous les risques, qui prennent la place. » 27

Figure 78 : Le lycée "L'Annexe", entre hier et aujourd'hui [Auteur].

27

(Siala, 2020)

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2.2. Analyse morphologique et style architectural L’Annexe peint un beau portrait du style néo-classique, malgré l’adoption des styles néo-mauresque, art-déco et moderne par les français au sein de la ville neuve et du quartier même. Il s’agit là d’une architecture classicisante, émergeant dans l’Europe des Lumières en 1750, trouvant sa référence dans l'art grec, étrusque et romain, pour devenir l’architecture officielle de la France pendant 70 ans.

Ce style a pour objectif de conférer un aspect monumental aux édifices publics, tout en développant un confort urbain pour les autorités coloniales. Il est basé principalement sur l’esthétique, l’hygiène et l’agrément.

La façade principale, image parfaite du prestige et de la monumentalité de l’édifice : Rythmicité

Axes secondaires

Axe de symétrie principal

Axes secondaires

Figure 80 : Façade Est du lycée "L'Annexe" aujourd’hui, relevé effectué par l'architecte Riadh Hadj Saïd, INP.

Figure 79 : Façade Est du lycée "L'Annexe" [Auteur].

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Matériaux

Pierre de taille

Bois

Fer forgé ou moulé

Plâtre

Ornementation Fronton emblématique portant l’ancien nom qu’avait le lycée durant la période coloniale

Couronnement

Corps Base Répartition tripartite

Corniche moulurée

Encadrement à motifs floraux Bandeaux de séparation d’étages Consoles

Figure 81 : Eléments ornementaux de la façade principale [Auteur].

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Le concept formel, matérialisation de l’intention de s’ouvrir sur la Médina et sa vitrine commerciale : Clin d’œil à la typologie des demeures de la Médina, l’édifice s’articule autour d’un patio central.

Cela ne l’empêche tout de même pas de s’ouvrir aussi sur l’extérieur contrairement aux constructions arabo-musulmanes.

Figure 82 : Schéma de conceptualisation formelle du lycée "L'Annexe" [Auteur].

La façade Ouest a été conçue de manière à offrir une visibilité des remparts, notamment de la vitrine commerciale de la Médina, en construisant le large tronçon central de la bande Ouest en niveau RDC, afin d’ouvrir le bâtiment et de créer un cadrage sur la ville ancienne perceptible depuis l’intérieur de l’édifice en tout point.

Figure 83 : Le lycée "L'Annexe", vu des Souks de la Médina [Auteur].

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Patio

Les accès du bâtiment donnent tous sur le côté Est, situés sur la façade principale, dont un accès principal central et deux accès de part et d’autre rejoignant les deux noyaux de distribution et de circulation verticale.

Connexion avec la Médina

Patio

Figure 84 : Plans du lycée "L'Annexe" aujourd'hui, INP [Modifié et analysé par l’auteur].

L’agencement intérieur de l’édifice et la répartition de ses espaces furent continuellement modifiés et altérés au fil des années, notamment après l’indépendance afin de subvenir aux besoins de l’époque.

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2.3. Etat des lieux et diagnostic pathologique Le lycée est un bâtiment vétuste qui risque de s'effondrer à tout moment.

2.3.1. Diagnostic structurel Niveau RDC :

Affaissement

Tassement différentiel

Figure 85 : Plan de localisation des pathologies structurelles en RDC [Auteur].

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La façade Ouest : Du côté Ouest, le tronçon central conçu en RDC est le plus touché par les problèmes d’infiltration d’eau et de contamination de moisissure avancée, vu la présence des locaux sanitaires non entretenus, ce qui a provoqué un affaissement du sol et un tassement différentiel à ce niveau.

Ce morceau de façade comporte de plus les ouvertures sanitaires qui le dépourvoient de caractère et de valeur.

Figure 86 : Façade Ouest [Auteur].

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Niveau 1 er Etage :

Figure 87 : Plan de localisation des pathologies structurelles à l'étage [Auteur].

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1.1.1. Diagnostic architectural

Figure 88 : Plan de localisation des pathologies architecturales en RDC [Auteur].

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1.1.2. Diagnostic architectonique Niveau RDC :

Figure 89 : Plan de localisation des pathologies architectoniques en RDC [Auteur].

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Niveau 1 er étage :

Figure 90 : Plan de localisation des pathologies architectoniques à l'étage [Auteur].

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SYNTHESE

Avec l’expansion urbaine de la ville de Sousse, le quartier portuaire colonial est devenu une zone polyfonctionnelle et avantagée d’une dynamique urbaine ardente qui repousse le lycée « L’Annexe » à devenir un fragment marginalisé.

Le bâtiment de cette ancienne école industrielle et commerciale a laissé une empreinte d’un passé important pour les natifs de la ville de Sousse, autrefois l’un des symboles du quartier et un agencement réunificateur de vie sociale et urbaine. Fermé et sans entretien, ce témoignage architectural est aujourd’hui dans un état désolant et menace de s’estomper sous le manque d’entretien et la mauvaise conservation.

Bien qu’il soit doté d’un emplacement stratégique au beau milieu de l’activité humaine, le monument communique à peine avec cette multiformité sociale, ses liaisons avec les deux rives voisines, la Médina et le port, deux zones dotées d’une activité socio-commerciale effervescentes, sont interrompues. « L’Annexe » est réduit à un ilot en ruine auquel on passe à côté. Son exclusion a engendré un fractionnement urbain qui, par conséquent, a généré une modification du tissu social et une diminution de fréquentation et en répercussion une diminution de sécurité urbaine autours de la bâtisse.

Repenser un héritage colonial en marge de deuil

Apres avoir consciencieusement analysé le support d’études dans son intégralité, nous pouvons considérer ce lycée comme un patrimoine notable de la ville de Sousse.

Toutefois une intervention est primordiale et imminente afin de protéger l’édifice menaçant ruines, et de préserver ce legs pour les générations futures. Cela jouera un rôle majeur quant à redynamiser le quartier portuaire colonial et améliorer son image afin de restaurer l’esprit originel de ce lieu dans la mémoire collective.

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