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Changement de perspective

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LE CERVEAU JOUE LUI AUSSI UN RÔLE Le cerveau fait également une distinction entre les sexes. Ainsi, à douleur égale, d’autres zones du cerveau sont actives. D’autres cellules immunitaires sont également impliquées dans le traitement des stimuli douloureux. Il est donc logique que les femmes présentent des symptômes différents de ceux des hommes, comme on peut le voir en cas d’infarctus du myocarde : les femmes ne se plaignent souvent pas de douleurs caractéristiques dans la poitrine, mais plus de nausées, de faiblesse, de douleurs dorsales ou abdominales. C’est la raison pour laquelle, en général, elles se rendent malheureusement trop tard aux urgences. Il n’est pas étonnant que les femmes réagissent différemment aux médicaments (antidouleurs) : « La morphine, par exemple, agit chez elles plus tardivement, mais plus fortement et plus longtemps », explique la spécialiste de la douleur. Pendant longtemps, les médicaments n’ont été testés que sur des hommes, afin de ne pas devoir tenir compte de la grossesse et des variations hormonales. La répartition différente des graisses, la masse musculaire, le métabolisme et le fonctionnement des organes n’étaient pas non plus pris en compte. « Cela a déjà entraîné des effets secondaires fatals chez les femmes », explique la médecin.

Les femmes ressentent plus la douleur

Nous ressentons tous la douleur de manière différente. Et la femme et l’homme alors ? Les femmes ont un seuil de douleur inférieur et doivent en principe se montrer plus courageuses. Que se passe-t-il dans le corps féminin et masculin lorsque l’on a mal ? Le point.

COMMENT LA DOULEUR SE MANIFESTE « Aïe ! » On était en train d’éplucher des légumes, la lame du couteau a dérapé et s’est plantée dans le doigt. Une douleur parcourt la zone lésée et, par réflexe, on retire la main pour se protéger d’un autre mauvais pas. La douleur nous prévient d’un dysfonctionnement de l’organisme ; par exemple, en cas d’inflammation d’une dent, on ressent des palpitations. La douleur se manifeste lorsque des cellules sensorielles, appelées nocicepteurs, situées dans la peau, les muscles, les articulations ou les organes, perçoivent des stimuli (chaleur, pression ou inflammations) qui peuvent nous agresser. Ces stimuli douloureux sont transmis sous la forme de signaux nerveux vers la moelle épinière et le cerveau, où ils sont transformés en une sensation désagréable appelée « douleur ».

LES HOMMES NE CONNAISSENT PAS LA DOULEUR Nous ne sommes pas tous identiques face à la douleur. Qu’en est-il de l’homme et de la femme ? La croyance populaire selon laquelle le sexe fort est plus enclin à pleurer que les femmes qui mettent des enfants au monde est-elle fondée ? Non, les femmes doivent davantage serrer les dents. « Les femmes ressentent plus fortement la douleur que les hommes », explique Petra Hoederath, spécialiste de la douleur et neurochirurgienne. Elle dirige un service de consultation de la douleur à la clinique Stephanshorn de Saint-Gall. Si l’on soumet des hommes et des femmes à une expérience avec exactement le même stimulus de chaleur sur le bras, les femmes retirent plus rapidement le bras. Le sexe féminin souffre en outre plus souvent de maux de tête, de migraines et de douleurs musculaires, articulaires et dorsales. « Les femmes présentent une plus grande sensibilité à la douleur et un seuil de douleur plus bas », explique le Dr Hoederath. LES HORMONES SEXUELLES EN CAUSE Les hommes sont davantage soutenus : leur corps sécrète plus de messagers (les endorphines) qui inhibent la douleur. Ces endorphines leur permettent de minorer la douleur. La testostérone masculine peut en outre réduire la perception de la douleur. L’œstrogène féminin, en revanche, semble la majorer, comme le montre également le changement de sexe. Les hommes qui reçoivent des œstrogènes se plaignent davantage de douleurs. Les douleurs chroniques peuvent également s’aggraver en cas de taux élevé d’œstrogènes. Mais cela est bien plus complexe : dans le cycle menstruel, les femmes sont justement sujettes à la douleur lorsque le taux d’œstrogènes est bas. Une contradiction donc ? « La sensation de douleur ne dépend probablement pas seulement du taux d’hormones, mais aussi de son évolution dans le temps », commente l’experte. Que se passe-t-il lors de l’accouchement ? Dans ce cas, ce sont surtout les endorphines qui aident à supporter les contractions violentes », poursuit-elle.

Bettina Jakob

MÉDECINE DE GENRE EN SUISSE

Les femmes tombent malades différemment des hommes. Le genre a un impact sur les symptômes, l’évolution, le traitement et le diagnostic des maladies. Ces différences ont été pendant longtemps négligées. La Suisse veut y remédier. Les universités de Lausanne, Zurich, Genève, Fribourg, Berne et Bâle ainsi que l’école d’infirmières tessinoise de Manno ont reçu des fonds pour intégrer la dimension du genre dans la formation médicale. Les universités de Berne et de Zurich proposent par exemple un cursus de formation continue.

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