

TRAIN-SPOTTER
Trainspotter : adepte du train sous toutes ses formes, de l’express mythique à la capsule futuriste.
Voyager en train : dérouler le monde, adopter le “lent cours”, filer bon train, passer à l’écomobilité, être sur la bonne voie, remonter le temps des premiers voyages…
LES CITÉS DES VOYAGEURS
PARIS 2E
55, rue Sainte-Anne
+33 (0)1 42 86 16 00
BORDEAUX
35, rue Thiac
+33 (0)5 57 14 01 48
BRUXELLES
23, chaussée de Charleroi
+32 (0)2 543 95 50
GENÈVE
19, rue de la Rôtisserie
+41 (0)22 519 12 10
GRENOBLE
16, boulevard Gambetta
+33 (0)4 76 85 95 90
LAUSANNE
Rue du Grand-Chêne 6
+41 (0)21 519 10 65
LILLE
147, boulevard de la Liberté
+33 (0)3 20 06 76 25
LONDRES
First Floor
111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)
+44 (0)20 7978 7333
LYON 2E
5, quai Jules-Courmont
+33 (0)4 72 56 94 56
MARSEILLE 1ER
25, rue Fort-Notre-Dame
+33 (0)4 96 17 89 17
MONTPELLIER
8, rue du Palais des Guilhem
+33 (0)4 67 67 96 30
MONTRÉAL
295, rue de la Commune Ouest
+(1) 514 722 0909
NANTES
13, rue du Moulin
+33 (0)2 40 20 64 30
Voyageurs en train 01 42 86 16 00
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Directrice de la communication Nathalie Belloir Direction artistique Olivier Romano
Rédacteurs Baptiste Briand, Éléonore Dubois, Clara Favini
Ont collaboré à cette édition Raphaëlle Elkrief, Philibert Humm, Olivier Joly, Marion Osmont
Secrétaire de rédaction Stéphanie Damiot Coordinatrice fabrication Isabelle Sire Responsable photo Marie Champenois Iconographe Daria Nikitina Photogravure Groupe Santerre Impression Imprimerie Chauveau Édition avril 2025.
Remerciements Céline Roulleau, pour la sélection livres.
Crédits – Couverture Lucy Laucht Photos Regos Kornyei/Unsplash, Jackie Cole, Jérôme Galland (p. 40) ; Cécile Rosenstrauch, Olivier Romano, Pia Riverola (p. 78) ; Lucy Laucht, Pauline Chardin (p. 92) ; Jérôme Galland, Olivia Spencer/Kintzing (p. 94).
Voyageurs du Monde S.A. au capital social de 3 434 167 €. 55, rue Sainte-Anne, 75 002 Paris.
Tél. : 01 42 86 17 00 – RCS Paris 315459016. Immatriculation Atout France IM075100084.
Assurance RCP : MMA 14, boulevard Marie-et-Alexandre Oyon, 72030 Le Mans, Cedex 9 – Contrat n° 127 113 949. Garantie financière : Atradius (823 646 252 – RCS Nanterre), 159, rue Anatole France, CS 50118, 92 596 Levallois-Perret Cedex.
“Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Chauveau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure imprimée avec des encres végétales.”
NICE
4, rue du Maréchal Joffre
+33 (0)4 97 03 64 64
QUÉBEC
540, rue Champlain
+(1) 418 651 9191
RENNES
31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16
ROUEN
17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50
STRASBOURG
16, rue Sainte-Barbe
+33 (0)3 88 15 29 48
TOULOUSE
26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72
ZURICH
Löwenstrasse 11
+41 (0)44 503 52 60
ÉDITO
C’est l’histoire d’une révolution. Au propre comme au guré. Révolution mécanique : un mouvement circulaire qui vous ramène en arrière. Vous voilà sur le quai d’une gare, à la moitié du XIXe siècle, surpris par un coup de si et annonçant les premiers voyages touristiques en train, en Angleterre, aux États-Unis, en Inde, en Suisse, en France… En 1883, cinq wagons s’élancent pour relier Paris à Constantinople en six jours et cinq nuits. Le mythe de l’Orient-Express est en marche, alliant le faste Belle Époque, le mystère de l’ailleurs et l’e et grisant de la vitesse – le même voyage par la route durait alors plusieurs semaines. Étrangement, c’est justement le besoin de ralentir, de retrouver un rythme propice à la découverte qui remet aujourd’hui sur les rails les périples ferroviaires. Longtemps boudé au pro t de l’avion, le voyage en train s’o re une nouvelle jeunesse. Ses déclinaisons luxueuses et noctambules eurissent sur tous les continents. Au-delà d’atouts écologiques et pratiques évidents (rien ne vaut le train pour relier le cœur de deux capitales européennes), il rouvre des dimensions, un tempo, un imaginaire dans lesquels notre vision du voyage se re ète parfaitement. JEAN-FRANÇOIS RIAL

Voyageurs en train

4 Services
Pour bien vous accompagner –vous et la transition écologique.
Tour d’horizon des plus belles rames de la planète.
Chic s et pratiques, ils (re)quadrillent enfin l’Europe !
DU RAIL
Un voyage au lent cours, de la Bulgarie à la Norvège, à dimension humaine et écologique augmentée.
Éloge et histoire de ce clochard céleste, prince des vagabonds, par Philibert Humm 36
En Italie, même le réseau ferroviaire est généreux et permet de traverser le pays en tous sens.
Un train mythique (l’Orient-Express) et neufitinéraires au choix pour sillonner la Botte.
D ouze suggestions pour créer le voyage qui vous ressemble
50 UN RÊVE NOMMÉ ROVOS
La rencontre réussie entre l’élégance victorienne et les paysages de l’Afrique australe.
61 Satyagraha House
La maison-musée de Voyageurs du Monde, ancienne demeure de Gandhi, à Johannesburg
62 STEPPES BY STEPPES
Gares du bout du monde, caravansérails, marchands… : un voyage sur l’ancienne Route de la soie
73 Transsibérien
Moscou-Vladivostok : septjours dans une vie.

S éoul-Tokyo en train à grande vitesse et en prenant le temps !
Ce repas à emporter est indissociable du voyage ferroviaire sur l’archipel nippon. Mais comment choisir ?
88 LES RAILS DU RAJ
Rajasthan, “pays des rois”, mais aussi des rails. Une aventure indienne colorée et tumultueuse.
99 Chhatrapati Shivaji
À Bombay, la gare centrale, construite à la fin du XIXe siècle, est un bijou architectural
100 MACHU PICCHU
Au Pérou, au départ d’Arequipa, un train de luxe vous mène au cœur de paysages andins à couper le souffle.
111 Mots mêlés
SUR DE BONS RAILS
Pour bien vous accompagner –vous et la transition écologique
RING THE BELL
Trouver un gâteau d’anniversaire en forme de locomotive, organiser une visite privée en ville ou dans un musée…: notre conciergerie répond in situ aux envies et besoins de tous. En plus d’anticiper vos demandes et de suggérer des idées adaptées.
ZÉRO CARBONE
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, Voyageurs du Monde agit en contribuant à l’absorption des émissions de CO2, notamment grâce à des opérations de reforestation. Ce qui fait de votre périple en train un voyage engagé!
LIKE A FRIEND
Un(e) habitant (e) de la ville propose une balade personnalisée et s’adapte selon vos centres d’intérêt. Gastronomie, musique, shopping…, c’est aussi un moment convivial pour échanger sur le pays et la suite du voyage.
DÉPART SIMPLIFIÉ
Pré-seating; cartes d’embarquement reçues la veille; sur demande, enregistrement de vos bagages à domicile à Paris et dans le 92 (sur vol aller Air France et au départ de CDG uniquement) et transferts… Vos formalités sont réglées à vitesse grand V.
FAST-TRACK AÉROPORT
Impossible de rater votre train au départ de Luang Prabang (Laos): à Roissy-CDG, sur les vols longcourriers, vous profitez du passage prioritaire (enregistrements, contrôles). Sur demande, notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement. Service possible également au retour.
FIXEUR
Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.
WELCOME!
Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut même être prévue.
ASSURANCE DÉDIÉE
En train, en avion ou en voiture, notre équipe sait parer les imprévus. En cas de tracas, Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis !
RÉSERVATION DE TABLES
Aller goûter la meilleure pizza de la ville lors d’une correspondance entre deux gares?Votre conseiller anticipe et réserve votre table. Des lieux testés et approuvés à retrouver sur l’app et dans le carnet de voyage.
MILES CUMULÉS
Si votre voyage en train s’assortit d’un segment en avion et que vous êtes membre du programme Flying Blue (à partir de 18 ans), vous bénéficiez d’un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.
DANS LA POCHE
L’app Voyageurs du Monde reprend ledéroulé de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Elle joue les guides malins en compilant des adresses géolocalisées par genre (restaurants, boutiques, musées…).
ACCÈS AU LOUNGE
Avant la gare de départ, votre voyage passe par l’aéroport de CDG? Bonne nouvelle: sur les vols éligibles, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé: les contrôles (police et sûreté) y sont effectués en privé. Enregistrement, cartes d’embarquement, etc. sont organisés pour vous. •
WIFI NOMADE
Même sur les rails, rien n’interdit de communiquer (à condition de passer ses appels en toute discrétion)! Voyageurs du Monde met à votre disposition, sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) pour connecter jusqu’à 5 terminaux au réseau (1GO/jour inclus).
ASSISTANCE 24/24
Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, notre assistance vous aide à trouver une solution –logistique, médicale, administrative, mécanique… Avant le départ, vous pouvez également échanger avec notre médecin Voyageurs du Monde.
Des services toujours plus personnalisés, adaptés et adaptables à chaque instant. Plus doux pour la planète et votre tempo, le voyage en train sait se faire fluide et souple.
Voyageurs en train 01 42 86 16 00 voyageursdumonde.com
LE MONDE EN TRAIN
Leurs noms sont synonymes des premiers grands voyages par le rail. Des liaisons devenues légendaires, un terreau précieux de la littérature et du cinéma. Nostalgiques de l’élégance d’antan, ces trains entraînent à travers le monde la renaissance d’une forme de voyage oublié.


ÉCOSSE
ROYAL SCOTSMAN
Avec une prestance édouardienne, il file à travers les paysages des Highlands striés de lochs, de landes de bruyères, de bras de mer. Derrière la carapace de ses wagons aubergine, un écrin cousu de tartan, de marqueterie, de porcelaine armoriée, entraîne ses passagers sur la route des grands whiskys écossais. Une quinzaine d’itinéraires, de deux à sept nuits, au départ d’Édimbourg. Les étapes sont ponctuées de dégustations en distilleries, de découvertes des châteaux et jardins iconiques et d’échappée sur les îles. Enivrant.


ANGLETERRE
BRITISH PULLMAN
S’il fallait résumer l’élégance britannique en un wagon, sans doute serait-ce l’un des onze qui composent le British Pullman. Construits dans les années 1920, patiemment restaurés, ils ont transporté la famille royale à travers le Royaume. Rejoindre York, Canterbury ou Bath en sillonnant la campagne anglaise dans cette bulle Art déco reste un privilège. Cherry on the cake : la voiture Cygnus, dont le design intérieur a été confié au réalisateur Wes Anderson (À bord du Darjeeling Limited), grand amateur de trains. Un décor tout en plafond rose pastel, fauteuils et tapis verdoyants, panneaux de bois sculptés de nuages. Un voyage au-delà de l’imagination.

ROCKY MOUNTAINEER
Suivant le tracé du premier passage vers l’Ouest ouvert par les pionniers de la Ruée vers l’or, ce train mythique traverse les montagnes Rocheuses canadiennes, de Banff à Vancouver. Un itinéraire de deux à trois jours, durant lequel les nuits se passent à l’hôtel. Derrière leurs grandes baies vitrées, les wagons laissent filer des panoramas époustouflants: le lac Louise, le pont de Stoney Creek, suspendu à une centaine de mètres au-dessus des torrents, le canyon du Fraser. La voiture ouverte permet de respirer l’air saisissant des Rocheuses. Une expérience vertigineuse.

MALAISIE
EASTERN ORIENTAL EXPRESS
Reliant initialement la Thaïlande à la Malaisie, l’Eastern & Oriental Express se concentre dorénavant sur les traces du Jungle Railway, un tracé qui au début du XXe siècle sillonnait la péninsule malaisienne. Deux itinéraires au départ de Singapour capturent l’essence du pays : l’une des plus anciennes forêts primaires de la planète, les plages sublimes de Langkawi, le charme colonial de Penang. À bord, la nature luxuriante se reflète dans un raffinement total. Les boiseries, les motifs floraux, la cuisine du chef André Chiang, le spa Dior. La palme revenant sans doute au wagon d’observation ouvrant sur les rizières et la jungle.


CALIFORNIA ZEPHYR
À sa manière, il incarne la grandeur de l’Amérique. Un parcours de 4000 kilomètres d’est en ouest à travers sept États : Illinois, Iowa, Nebraska, Colorado, Utah, Nevada et enfin Californie. Trois jours et deux nuits durant lesquels défilent certains des paysages américains les plus iconiques : la skyline de Chicago, les grandes plaines du Middle West, les Rocheuses, la Sierra Nevada, la baie de San Francisco. Le confort des cabines est spartiate, le spectacle et l’aventure grandioses.
Kintzing

VENICE

Et l’Orient-Express créa le mythe… Lancé en 1883 entre Paris et Istanbul, la première rame de luxe à traverser l’Europe centrale a nourri l’imaginaire collectif, la littérature, le cinéma. Aujourd’hui, le VSOE, son héritier direct, perpétue la mémoire d’un faste ancré dans les Années folles. Dix-sept voitures anciennes ont été restaurées pour recomposer un train bleu et or qui, dans sa version la plus rapide, file jusqu’à la Cité des Doges. Si l’attachement aux années 1920 est soigneusement préservé, leur réinterprétation contemporaine s’autorise de beaux écarts. L’Observatoire, une voiture privée fraîchement imaginée par l’artiste JR, véritable clin d’œil à l’esprit Art déco et énigmatique du train, en est l’exemple parfait.


THE GHAN
Il doit son nom aux monteurs de dromadaires afghans qui, au milieu du XIXe siècle, furent commandités par la couronne britannique pour explorer l’outback australien. Seuls à savoir braver cette planète brûlante, aride et bien souvent hostile. En 1929, la première ligne de train permet de désenclaver le centre du territoire. Près d’un siècle plus tard, le long serpent (902 mètres) rouge et argent glisse toujours, quatre jours durant, d’Adélaïde à Darwin. À son bord, il dorlote des explorateurs moins téméraires qui, du Centre Rouge flamboyant au verdoyant Top End, glanent des instants inoubliables.

SUISSE
GOLDENPASS BELLE ÉPOQUE
Les grands voyages ne se résument pas toujours au nombre de kilomètres. La Suisse en fait une démonstration supplémentaire avec cette ligne MontreuxZweisimmen perchée dans l’Oberland bernois, région qui abrite notamment la célèbre station de Gstaad. Deux heures de contemplation bercées de sommets, vallées et forêts. Version ouatée en plein hiver, resplendissante à la belle saison. La rame Belle Époque, habillée de bois, laiton et velours clairs, fait écho à l’âge d’or du train européen. Seul regret : on aimerait prolonger le voyage.
LE GRAND RETOUR DU TRAIN DE NUIT
Wagons feutrés, cabines-cocons, art de vivre et de voyager plus lentement et en conscience – écologique, notamment… Les trains de nuit (re)quadrillent l’Europe. Chic et pratique.
Il semblait avoir complètement disparu, relégué aux oubliettes de la modernité. Un lointain souvenir e acé par les valises cabines, les Paris-Nice en 1 h 10, et les cartes d’embarquement scannées depuis un smartphone. Le train de nuit, promesse d’ailleurs et de voyages sans n, semblait n’être plus qu’un souvenir sépia qui resterait dans la postérité pour avoir été la source d’inspiration d’innombrables récits. D’Agatha Christie à Alfred Hitchcock, de La Bête humaine d’Émile Zola aux Compartiment tueurs de Sébastien Japrisot, ces wagons feutrés ont nourri l’imaginaire collectif de mystères et de romances impossibles. Signe que la mythologie fonctionne toujours : Chanel a reconstitué une gare entière pour son défilé Métiers d’art, tandis que Louis Vuitton réédite ses malles historiques spéciales train. Car chaque décennie, tel un phénix ferroviaire, on annonce le grand retour du train de nuit. 2024 n’a pas fait exception, le train de nuit devenant le symbole d’un nouveau luxe, plus lent, plus conscient, plus expérientiel.
La plus amboyante incarnation de cette mythologie s’appelle bien entendu l’Orient-Express. Prêt à reprendre du service grâce à Accor qui a racheté la marque en 2022, ce palace sur rails imaginé par l’architecte Maxime d’Angeac
promet de faire revivre la splendeur des années 1960 italiennes. Neuf itinéraires serpentant à travers la péninsule, suites somptueuses aux boiseries précieuses, un restaurant où le “made in Italy” s’invite sur des nappes blanches dans dix-sept voitures originales datant des années 1920-1930. Dans les wagons, les luminaires Lalique côtoient les marqueteries rares et les suites Presidential de 55 mètres carrés établissent un nouveau record d’espace dans l’histoire ferroviaire. Chaque détail raconte une histoire : vaisselle Bernardaud, verrerie Saint-Louis, argenterie Christo e, jusqu’aux parfums d’ambiance signés Guerlain. L’enthousiasme est contagieux. En Espagne, l’Al Àndalus reprend sa course à travers l’Andalousie, pour un voyage de 7 jours et 6 nuits dans quinze voitures Belle Époque, assuré par la compagnie espagnole Renfe. Plus au nord, le Britannic Explorer, nouveau joyau du groupe Belmond, transportera dès juillet 2025 ses hôtes à travers l’Angleterre et le Pays de Galles. Dans ses cabines aux tons pastel, le luxe se fait art de vivre : un spa, une table signée par le chef étoilé Simon Rogan – pionnier du mouvement britannique “de la ferme à la table” –, un bar inspiré des apothicaires victoriens et des excursions dans les jardins exotiques de Tremenheere Sculpture Gardens en Cornouailles ou des baignades dans les lacs sauvages du Lake District.




“Les trains de nuit sont populaires, à la fois car ils permettent de gagner du temps en voyageant sur un temps de nuit, mais aussi plus économiques. On voit que dès que les installations, sont au rendez-vous, il y a un public. Le problème, ce n’est pas la demande, c’est l’offre.”
Nicolas Forien, porte-parole du collectif “Oui au train de nuit”
CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCÉE
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, ces mêmes rails semblaient ne plus mener nulle part. Les wagons-lits des années 1980, vestiges d’une époque révolue, disparaissaient progressivement faute d’être entretenus. “Le gouvernement n’a pas nancé leur réhabilitation”, regrette Nicolas Forien, porte-parole du collectif “Oui au train de nuit”. L’avion low-cost, en grand rival, remplaçait progressivement des liaisons comme le Strasbourg-Nice avec la promesse d’un voyage express, et démocratisé. Ce que con rme le géographe Antoine Frémont : “Le low-cost a maillé l’Europe en créant du point à point entre de nouvelles destinations, à bas coût, en rendant le transport aérien accessible à toute une partie de la population européenne qui ne pouvait pas se permettre de voyager sur de telles distances.”
Le déclin semblait irrémédiable. Cédant face à la vitesse, le service de train de nuit qui avait connu en France un fort développement et son apogée des années 1930 aux années 1970 commence à décliner dans les années 1980. À cette époque, 550 gares sont desservies par un train de nuit en France. Au début des années 2010, c’est l’hécatombe au niveau européen. En 2017, il ne restait plus que deux liaisons exploitées en France : Paris-Briançon et Paris-Rodez (Albi) /Toulouse-Latour-de-Carol/Cerbère.
IMAGINAIRE ET CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE
“Le train de nuit fait fonctionner les imaginaires, explique Antoine Frémont. Le Paris-Venise, la littérature, le cinéma. Mais aujourd’hui il est aussi question de l’existence ou non d’une véritable stratégie à l’échelle européenne pour rendre son retour possible, dans une stratégie de décarbonation de nos mobilités.” Les voyageurs seraient-ils prêts à (re)passer le cap ? Les chi res semblent parler d’eux-mêmes : le taux d’occupation de ces trains est passé de 40 % en 2019 à 70 % aujourd’hui sur le Paris-Toulouse ou le Paris-Nice. Le ParisVienne a repris du service en 2021, bientôt suivi du Paris-Berlin. Et si le nombre de voyageurs a doublé, ce n’est pas que par simple nostalgie. La conscience écologique,
née dans les brumes scandinaves sous le nom de “ ygskam” – la honte de prendre l’avion – a changé la donne. Selon l’ONG Transport & Environment, un voyage en train de nuit pollue 28 fois moins qu’un voyage en avion.
UN RENOUVEAU PROMETTEUR
Alors, dans les wagons contemporains, le voyage nocturne se réinvente. La compagnie autrichienne ÖBB, pionnière de ce renouveau avec ses Nightjet, propose désormais des cabines individuelles avec douche privative, des wagonsrestaurants aux menus locavores, des espaces communs pensés comme des salons mobiles. Le design lui-même raconte une nouvelle histoire : exit le skaï des années Corail, place aux matériaux nobles et aux technologies discrètes. “Plusieurs lignes ont été relancées, ce qui est une preuve d’engouement”, note Nicolas Forien. La France redécouvre ses lignes oubliées : Paris-Cerbère, Paris-Nice, Paris-Biarritz en été. “On est au-delà du train touristique, insiste Antoine Frémont. Il y a un vrai enjeu et des aspects opérationnels : quels trains, quels réseaux, comment assurer le confort du passager dans les gares…” “Les trains de nuit sont populaires à la fois car ils permettent de gagner du temps, en voyageant sur un temps de nuit, mais aussi plus économiques, poursuit Nicolas Forien. On voit que dès que les installations, les gares, sont au rendez-vous, il y a un public. Le problème, ce n’est pas la demande, c’est l’o re.” Dans un monde qui redécouvre les vertus de la lenteur, le train de nuit pourrait incarner une proposition de plus pour voyager autrement. Les projets se multiplient à l’échelle européenne, portés par une volonté politique de décarbonation des mobilités. Le réseau européen Back on Track, visant à soutenir le tra c transfrontalier de trains de passagers et en particulier les trains de nuit, imagine déjà une Europe nocturne quadrillée de rails, où l’on pourrait s’endormir à Paris pour se réveiller à Madrid ou Stockholm. Une promesse décarbonée, qui comme bien souvent dans ce domaine, puise ses solutions d’avenir dans les grandes mythologies du passé. •

© Lucy Laucht
DIAGONALE DU RAIL
Huit pays, dix-huit étapes en près de deux semaines, et 3 882 kilomètres. Pour qui souhaite faire l’expérience du voyage au lent cours, cette traversée, de la mer Noire aux portes de l’Arctique, apparaît comme un périple idéal. À dimension humaine et écologique augmentée.
Vingt-deux heures pour rejoindre Vienne ?
Pourquoi ne pas aller plutôt à New York ?” Ce vendeur de la gare de Bucarest (Roumanie), à qui je viens d’acheter trois litres d’eau, conserve tout son humour dans la chaleur estivale. À l’ère des vols intercontinentaux et des trains à grande vitesse, comment lui faire comprendre que je me réjouis des dix-huit étapes qui m’attendent dans ce tortillard entre deux capitales d’Europe centrale ? Comment partager l’idée du voyage lent que je suis venu rechercher, ce désir d’un périple intime bercé par le roulis, comme dans un lm au ralenti ? Ainsi que le notait Romain Gary, “le train, c’est le temps retrouvé. Dans un wagon, on a le loisir de lire, de penser, de rêver, de se retrouver soi-même” Au départ de Varna (Bulgarie), cité balnéaire à l’extrémité sud-est de l’Europe, mon projet était de rejoindre Narvik (Norvège), la gare la plus septentrionale du continent, en moins de deux semaines. Une diagonale ferroviaire presque directe sur 3 882 kilomètres, de la mer Noire aux portes de l’Arctique, à travers huit pays. De jour comme de nuit, entre villes, nature et campagnes, je prendrais le temps de m’immerger dans la diversité des paysages et de rencontrer quelques-uns de mes concitoyens. Un périple varié, surprenant, à dimension humaine et écologique, après des années à voyager en avion en tant que reporter. Il est 4 h 55 du matin, le premier train quitte Varna. Ancien lieu de villégiature des apparatchiks du bloc de l’Est, la ville est aujourd’hui appréciée des touristes pour son sable n et bon marché. Cette ligne ferroviaire date de l’empire ottoman. Les wagons sont vieillots, tagués, grinçants, mais d’un confort étonnant. Dans l’unique compartiment éclairé, Natalia montre sur son téléphone le chaton qui l’attend dans un bourg voisin ; Soavi, jeune homme souriant, s’en va lui voter dans son village. L’échange est chaleureux. Notre regard s’échappe vers les fenêtres semi-ouvertes, où forêts et champs alternent dans une lumière de miel. Après un rapide contrôle des passeports à la frontière, nous nissons par rejoindre Bucarest (Roumanie), métropole vibrante et créative.
De Bucarest à Vienne (Autriche), via Budapest (Hongrie), voici donc l’étape la plus longue. Les wagons des chemins de fer roumains ont été achetés voici un demi-siècle à l’Allemagne de l’Est. Ils ne paient pas de mine, mais les compartiments à quatre sont très agréables. Des parures de lit blanches sont fournies. Avec ses deux grosses valises, mon voisin Mircea, programmateur informatique, va passer un an à La Haye (Pays-Bas). Il tourne en dérision la lenteur du convoi, tout en se réjouissant de pouvoir pro ter du panorama. Il désigne la gare ouvragée de Sinaia, “perle des Carpates”, site de l’ancienne résidence royale. Le train traverse les monts Bucegi, puis les plateaux de Transylvanie.
UNE EUROPE FERROVIAIRE
QUI MÊLE L’ANCIEN ET LE MODERNE
À la vitesse de 40 km/h, nous avons le loisir d’observer cerfs, cigognes, églises en bois, charrettes à chevaux et gares fantômes. Un tableau dépaysant, comme arrêté dans le temps. À la gare centrale de Vienne, c’est la modernité qui domine. Lumineuse et fonctionnelle, elle a été rénovée au début des années 2010. L’Autriche se veut au cœur de l’Europe ferroviaire. Sa compagnie nationale ÖBB a racheté les trains de nuit de la Deutsche Bahn. Désormais, on file à Paris, Berlin, Prague, Venise ou Hambourg grâce à ses Nightjet. Aux alentours, un quartier d’affaires ultramoderne a vu le jour, aux hôtels design et bars en rooftop.
De ce nouveau temple de la mobilité, on peut toutefois emprunter un réseau très ancien qui mène vers les villages élégants des Alpes viennoises. Datant de 1854, le train du Semmering trace sa voie en haute montagne grâce à une centaine de viaducs et quatorze tunnels. Cela lui a valu d’être la première ligne de chemin de fer classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. En son temps, elle desservait la première région touristique de l’empire. Aujourd’hui, des sentiers mènent à huit plateformes avec vue sur les voies, qui n’ont jamais cessé d’être exploitées depuis cent soixante-dix ans.


À Budapest, faire escale dans les eaux thermales des Bains Gellért.
La Suède est le pays du flygskam, la honte de prendre l’avion, et du tagskryt, la fierté de prendre le train.
Le tout nouveau musée des Transports de Stockholm (Sparvagsmuseet)
enseigne tôt aux enfants les bienfaits des transports en commun.
Vue du Musée nordique, à Stockholm, dédié à l’histoire et à la culture scandinave.
Dans le train de nuit entre Vienne et Hambourg (Allemagne), je fais l’expérience des minicabines. Inspirées des hôtels capsule japonais, ces espaces accueillent une personne seule. On y entre avec une carte à puce. Des espaces sont prévus pour stocker les petits bagages; les valises sont cadenassées dans le wagon voisin. La cloison peut s’ouvrir en partie entre deux minicabines. Prises électrique et USB, tablette pour ordinateur et grand miroir sont à disposition. La clientèle business plébiscite ces chambres minuscules qui permettent de sauter d’une réunion à l’autre. Pour le voyageur lambda, c’est un moyen de transport e cace et non sans charme. On peut même y emporter son vélo. Hambourg sera l’un des coups de cœur de ce voyage. À proximité de sa gare, la cité hanséatique a entrepris sa mue, elle aussi. Nouveau quartier sorti de terre sur les rives de l’Elbe, HafenCity abrite d’anciens entrepôts rénovés devenus bars branchés, hôtels servant de tiers-lieux, terrasses accueillantes et logements à haute qualité environnementale. Du dernier étage de la Philharmonie, on peut observer cette ville sur l’eau, cosmopolite et tournée vers le futur. Les bâtiments au-dessus des canaux ont même été bâtis à neuf mètres de hauteur, pour anticiper la montée du niveau des océans.

UNE LONGUE REMONTÉE BORÉALE
Un train de nuit de la compagnie suédoise Snälltåget conduit à Stockholm, via Malmö. Un défaut de signalisation en gare de Hambourg aura été le seul stress de ce voyage. Dans le compartiment à six couchettes au parfum eighties, à moitié vide, la nuit est excellente. La découverte d’un nouvel environnement au petit matin est un plaisir rare. Stockholm est une ville maritime, elle aussi. À quinze minutes de marche depuis la gare, il su t de monter dans un ferry pour naviguer dans un parc naturel – ou face à de charmantes propriétés insulaires, décor d’un polar scandinave. La Suède est le pays du ygskam, la honte de prendre l’avion, et du tagskryt, la erté de prendre le train. Le tout nouveau musée des Transports de Stockholm (Sparvagsmuseet) enseigne tôt aux enfants les bienfaits des transports en commun.
La suite sera une longue remontée boréale. Dans ce dernier train de nuit, alors que crépuscule et aube fusionnent, les fermes rouges de la campagne suédoise laissent place à la taïga : des sapins, des bouleaux, des lacs, une cabane isolée… Et ainsi à l’in ni. Après Christophe, sexagénaire suisse venu suivre un stage de danse suédoise, je ferai la connaissance de Hampus et Anna, qui ont traversé tout le pays en train pour des vacances aux îles Lofoten (Norvège).
D’Abisko, le train monte vers les hauts plateaux à la frontière norvégienne.
La voie s’éloigne de la route jusqu’à devenir le seul moyen de desservir les cabanes isolées où les Scandinaves aiment retrouver l’essence de la nature. Suit une descente vertigineuse des montagnes vers le ord de Narvik (Norvège), ponctuée de haltes brèves dans des gares perdues.

Mais aussi de Karl Asp, chercheur en musicologie collé à son ordinateur dès l’ouverture du wagon-bar à 5 h 30, voyageant en cabine privée, disposant de toilettes et d’une douche. Au menu du bord, quelques produits locaux : fromage blanc aux myrtilles, sandwichs au renne, roulés à la cannelle… À Boden, malgré deux heures de retard, le train suivant nous attend. Je n’aurai pas manqué une correspondance de ce long voyage. Avant la dernière étape, je m’accorde une journée dans le minuscule village d’Abisko, porte d’entrée du parc national éponyme. Paradis des amoureux de randonnée, Abisko est le point de départ du trek appelé “Kungsleden”, 450 kilomètres à travers la toundra de la Laponie suédoise. Une journée de balade donne un clair aperçu de cet univers : des sommets caressés par la brume, des roches éternelles, le chant des rivières, le vol des oiseaux. Avec un peu de chance, on aperçoit la silhouette d’un élan… Mais le dernier tronçon sera bien l’acmé de ce voyage ! D’Abisko, le train monte vers les hauts plateaux à la frontière norvégienne. La voie s’éloigne de la route jusqu’à devenir le seul moyen de desservir les cabanes isolées où les Scandinaves aiment retrouver l’essence de la nature. Suit une descente vertigineuse des montagnes vers le ord de Narvik (Norvège), ponctuée de haltes brèves
dans des gares perdues. Prouesse d’ingénierie à l’époque de sa construction, le Malmbanan suédois (appelé Ofotbanen côté norvégien), construit par l’industrie minière pour exporter le fer des mines de Kiruna, conclut l’odyssée dans une splendeur inouïe. Arrivé au terminus, face à la mer de Norvège, me reviennent à l’esprit ces mots de l’écrivain anglais G. K. Chesterton : “Le train est un poème en mouvement.” •
L’ESSENTIEL POUR PARTIR
Y aller Un vol Paris-Varna, en Bulgarie, permet de rejoindre le point de départ de cette diagonale ferroviaire de 18 étapes. Retour en France depuis Stockholm.
Le bon moment Toute l’année. Idéalement du printemps à l’automne (conditions météorologiques aléatoires en hiver).
Durée 13 jours, dont 9 nuits à l’hôtel et 4 en trains couchette.
Escales Dans les villes principales (Varna, Bucarest, Vienne, Hambourg, Stockholm), Voyageurs du Monde propose une découverte de certains quartiers dans les pas d’un habitant (Like a friend). Et, à la demande, organise tous types d’activités, visites et rencontres personnalisées.
Budget Environ 4 200 € pour l’ensemble du voyage (billets de train 1re classe, vols A/R, hébergements, transferts et visites avec guide-chauffeur privé).
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 55 42 78 42

Allemagne, Pologne & Pays baltes Un triptyque à la croisée des rails
Au départ de la capitale allemande, que l’on sillonnera à vélo, ce périple relie trois grandes capitales. Première escale à Varsovie, débordante de créativité, puis les deux voisines baltes, l’artistique et historique Vilnius, en Lituanie, puis Riga, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
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Prague, Vienne & Budapest Pour un voyage poétique


PARIS >> BERLIN DE NUIT
COMME DE JOUR
Après la remise en service d’une liaison en train de nuit, les capitales française et allemande se rapprochent encore un peu plus. Une ligne à grande vitesse opérant de jour place désormais l’éclectisme culturel berlinois à huit heures seulement de Paris, gare de l’Est.
Trois villes emblématiques de l’Europe centrale composent les étapes de ce voyage poétique, naviguant entre histoire, architecture baroque, Renaissance, Art nouveau et adresses festives. Chaque escale est enrichie de visites privées, de moments de détente – aux thermes notamment –, et d’une soirée à l’opéra.
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À LIRE
DANS LE TRAIN
Wagon-lit de Joseph Kessel (Folio, 1988)
Quête d’amour et d’aventures de Berlin à la Lituanie et la Russie. Vers Varsovie : une errance ferroviaire de Joël Schuermans (Partis Pour, 2019) Errance poétique, photographique et ferroviaire de Liège à Varsovie.
Trains étroitement surveillés de Bohumil Hrabal (Folio, 1984)
L’univers fantasque de l’auteur prend place dans une petite gare de Bohême. Transports amoureux (Folio, 2015)
De Guy de Maupassant à Emmanuel Carrère, six nouvelles sur la rencontre amoureuse en train.
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs! 48,rue Sainte-Anne, Paris 2e

De Vienne à la mer du Nord
Trajectoire culturelle
L’Europe ne manque pas d’inspirations lorsqu’il s’agit de tracer sa voie… Ici, elle sera culturelle, des rives du Danube à la mer des Wadden. Au départ d’une Vienne, loin des classiques, cap sur Prague, Berlin, l’île de Sylt, puis Hambourg, où le riche héritage hanséatique côtoie le renouveau.
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HOBO
par PHILIBERT HUMM
Il marche le long de la voie ferrée, son paquetage sous l’épaule, la barbe roussie par le tabac, des poches sous les yeux, la casquette au vent. Il n’a rien et garde cependant le menton haut. C’est le hobo. Le satané hobo. Clochard céleste, misérable nomade et prince des vagabonds. Apparus à la fin du XIX e siècle, avec l’avènement du capitalisme industriel, les premiers hobos sont des travailleurs de force, que le chômage a jeté sur le rail. Ils quittent les grandes métropoles, espérant trouver le salut ailleurs. C’est le prix de la liberté, la seule facture dont ils sont en mesure de s’acquitter. À leur suite s’engagent des assoiffés d’azur, des poètes migrateurs, des fous. Après la Grande Dépression, ils sont des centaines à se rassembler autour des principaux nœuds ferroviaires. Tous attendent le train providentiel, celui qui les mènera droit à l’Eldorado.
Un coup de sifflet retentit dans le petit jour. Une locomotive s’ébranle dans un fracas de bielles et d’essieux, passe sous le poste d’aiguillage. C’est le signal. Les hobos sortent de leur cachette et s’élancent, à l’ombre du convoi qui prend de la vitesse. En un éclair il faut choisir le bon wagon et saisir au vol une poignée, tenter d’atteindre le marchepied. La moindre chute peut être fatale. Les hobos font rarement de vieux os.
Walt Whitman, Jack London, Jim Tully et d’autres écrivains américains ont révélé au monde l’existence du hobo, mais c’est Kerouac qui achèvera de le mythifier, à l’heure même de sa disparition. À la fin des années 1960, la police accroît sa surveillance sur les routes, dans les gares, sur les plages, le long des rivières ou des talus, et dans les mille et un recoins où se cachent les trimardeurs. “En Californie, écrit Kerouac, lechemineau,cetypeancienetoriginalquivade ville en ville avec ses vivres et son matériel de couchage sursondos,le’Frèresanslogis’,apratiquementdisparu,en mêmetempsquelevieuxratdudésert,chercheurd’orqui cheminait, le cœur plein d’espoir, à travers les villes de l’Ouest qui vivotaient alors et qui sont maintenant si prospères qu’elles ne veulent plus des vieux clochards”.
À rebours de l’époque, il en est pourtant qui revendiquent encore le droit à l’errance, aux nuits à la belle étoile, aux rencontres et à l’imprévu. J’en sais quelque chose puisque je fus moi-même hobo, dans un passé pas si lointain, en compagnie de mon ami Simon. Par une nuit de beuverie à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), nous avions décidé de tout plaquer pour aller brûler le dur à bord des trains de marchandise. Cela dura huit jours… Huit glorieux jours. Une mauvaise chute mit un terme prématuré à ce projet de reconversion et nous fûmes contraints de rentrer en train payant. L’aventure avait fait son temps.
À LIRE
ROMAN DE GARE de Philibert Humm (Éditions des Équateurs, 2024)
Un roman qui part en retard, s’arrête sur les voies et finit en eau de boudin.

TRENO, GELATO, CIAO!
L’Italie en train : rien de plus facile ! Le pays est, là aussi, généreux en lignes permettant de le traverser du nord au sud et inversement. Jusqu’à s’étourdir de pi(a)zzas et d’opéras, sans jamais se lasser. Avant de recommencer.
L’épopée glamour de l’Orient-Express a marqué les mémoires. Or, ce mythe ferroviaire n’est pas la seule manière de (bien) voyager in treno en Italie. Et l’âme voyageuse peut aisément voir en ces trains modernes qui sillonnent le pays autant de tapis volants et machines à remonter le temps lant vers l’aventure. Et quelle aventure… Lombardie, Latium, Sicile, Toscane, Émilie-Romagne. On embarque pour la grande traversée de la Botte ! Des fastes design de Milan aux criques turquoise de Syracuse, Antiquité, Renaissance, baroque et néoclassique rejouent le grand show de l’histoire européenne. On y assiste, enthousiaste, depuis son siège, sa couchette ou la terrasse ombragée d’une trattoria “L’Italie est comme un artichaut qu’il faut manger feuille à feuille”, disait Metternich. Aussi s’autorise-t-on à s’arrêter un peu partout, à se payer une tranche de terroir et de vie. Prima fermata : Milano Centrale. La capitale de la Lombardie est aussi celle de la couture et du design. Pour preuve, son quadrilatère de la mode qui aligne les rues pavées et les boutiques de luxe. On part à la rencontre de ce célèbre chic milanais sous la coupole néoclassique de la galleria Vittorio Emanuele II et les comptoirs patinés où le negroni se commande du bout des doigts et se sirote du bout des lèvres. Préambule à un dîner d’osso bucco, une soirée à La Scala ou aux pérégrinations le long des Navigli, canaux bohèmes où les terrasses animées cèdent la place, à l’aube, aux étals des brocanteurs. À la pinacothèque de Brera, on discute avec Le Caravage et Raphaël avant d’aller trouver sur les toits du Duomo cet inimitable calme cathédral. De Milan, on peut ler à peu près partout : Gênes, Turin, Padoue, Venise… Mais tous les chemins ne menaient-ils pas à Rome ? Un peu plus de trois heures plus tard, on pose le pied en gare de Termini. Rome est universelle, incontournable, dans le bon sens du terme. Parce que sur ses sept collines se raconte un bout
de l’histoire du monde. Parce qu’une partie de la ville vit encore à l’Antiquité, du forum républicain au Colisée ; du mont Palatin, où les empereurs avaient leurs palais, au grand stade – “Panem et circenses”. Rome vit aussi au Moyen Âge. Elle est baroque à Santa Maria della Vittoria et sur la piazza Navona ; Renaissance et grandiose à la Villa Médicis (1564), sur la colline du Pincio ; cosmopolite et puissante au Vatican. Elle est créative et contemporaine à la Centrale Montemartini et au musée Maxxi. Elle est de marbre, d’or et d’eau, ses deux mille fontaines pouvant à elles seules faire l’objet de balades in nies. Encore enivré par le fumet des pasta cacio e pepe, on embarque pour le plus long trajet du voyage.
FERMER LES YEUX À ROME, LES ROUVRIR À PALERME
Le train de nuit qui nous emmène en Sicile accomplit un petit miracle : traverser le détroit de Messine sans réveiller les voyageurs, en chargeant les wagons à bord d’un ferry ! On ferme donc les yeux à Rome pour les rouvrir à Palerme. Solaire et spontanée, la capitale sicilienne se savoure l’esprit et le cœur ouverts. Sous sa patine, un charme imprégné de siècles d’in uences – grecque, romaine, byzantine, arabe, normande et italienne. Églises baroques et façades arabo-normandes, catacombes, palais, cathédrale et chapelle palatine. Un syncrétisme visuel et culturel qui rythme les promenades le long des élégants Corsi, des places ombragées et des ruelles populaires menant à de fourmillants marchés aux airs de souks. On se bouscule, on s’interpelle. On s’attarde, savourant ce merveilleux désordre mais aussi panelle et frittula croustillantes, avant de prendre la route. Arrivederci Palermo, buon giorno road-trip ! À peine installé au volant que l’arrière-pays sicilien nous tend déjà les bras et, avec lui, abbayes, théâtres antiques et ères citadelles.





“Trois choses concourent à créer la beauté: d’abord l’intégrité ou perfection, ensuite la proportion requise, autrement dit l’harmonie, enfin, la clarté et la lumière…”
Umberto
Eco, intellectuel italien (1932-2016)
Agrigente, depuis sa colline, domine la Vallée des temples, crête où Zeus, Athéna, Héraclès, Héra, Héphaïstos et les autres ont toujours leurs piédestaux sacrés. Les amandiers disputent les lieux aux temples doriques, aux nécropoles et aux vestiges de l’ancienne cité grecque d’Akragas qui faisait la pluie et le beau temps à l’époque de la Magna Grecia.
En route vers le sud-est, on s’o re un détour par Raguse et Modica qui, détruites par le tremblement de terre de 1693, a chent désormais le plus pur style barocco siciliano. Il en va de même pour Noto qui n’a été épargnée ni par le séisme ni par la tendance locale à bâtir en hauteur. La reconstruction de la ville lui a conféré une formidable unité architecturale et esthétique – le fameux baroque “tardif”. Le centre-ville, qui comptabilise une dizaine de palais et une vingtaine d’églises, s’étire autour du corso Vittorio Emanuele et de jolies piazze où l’on s’arrête volontiers se rafraîchir d’un granita ou croquer dans un appétissant cannolo – le dé étant multiple : se régaler sans que ricotta et pistaches ne prennent la poudre d’escampette et réussir à n’en manger qu’un.
EN TOSCANE, À L’OMBRE DES CAMPANILES
Une quarantaine de kilomètres au nord, les nourritures sont moins terrestres – quoi que. Voici Syracuse dont le nom seul su t à évoquer mythes et légendes. Au commencement, l’ancienne capitale sicilienne était une île, Ortygie, au-dessus de laquelle s’étire désormais le reste de la ville. Et quelle ville ! Vestiges du temple d’Apollon, cathédrale aux colonnes antiques, majestueux théâtre grec de la colline Temenite et castello Maniace, éminente illustration de l’ar-
chitecture militaire du XIIIe siècle. Un musée à ciel ouvert dans lequel la vie suit pourtant son cours – sur la plage de Cala Rossa, le long du port et dans les jolies rues du centre. À la stazione di Siracusa, c’est avec une pointe de nostalgie que l’on retrouve sa couchette. Dans la nuit, on rejoint Rome où nous attend un autre train pour Florence. Terriblement élégante, la Cité du lys se déploie, alanguie, le long de l’Arno. De ses toits rouges se détachent le dôme emblématique de Santa Maria del Fiore et la tour carrée du Palazzo Vecchio. On se trouve en Toscane et cela en dit long sur l’atmosphère et les saveurs. Un gelato artisanal au détour d’une visite d’église, un verre de chianti et des pâtes à la tru e blanche en sortant du palais Pitti des Médicis, schiacciata (cousine de la focaccia) et prosciutto dans le jardin de Boboli, minestrone pour se remettre de sa rencontre avec Botticelli, Da Vinci et Michel-Ange. La vie est décidément bien douce à l’ombre des campaniles, et alors qu’approche l’heure du départ, on sirote un dernier Campari (quand Paris est à l’eau).
Par chance, on rejoint rapidement une autre épicurienne. Généreuse, voluptueuse, alléchante, Bologne ne fait pas dans la modération, et l’on ne parle pas ici uniquement de mortadella e tortellini. Le long des portici, historiques rues à arcades du centre médiéval, on se repaît de maisons de briques pleines de charme, de palais et de tours. Devant la San Petronio, basilique gothique de la piazza Maggiore, on ne peut qu’admettre le triomphe de l’éclectisme architectural bolognais. “Trois choses concourent à créer la beauté : d’abord l’intégrité ou perfection (…) ; ensuite, la proportion requise, autrement dit l’harmonie ; en n, la clarté et la lumière…”
Bologne, ses portici, ses maisons de briques, ses palais et ses tours. Sans oublier la basilique gothique de la

piazza Maggiore, San Petronio.

Ciao Verona! Si la ville chère à Shakespeare surfe allègrement sur l’inépuisable vague
Roméo et Juliette, Vérone n’a de toute évidence besoin de personne pour briller. Voir le jardin
Giusti, les immenses arènes du Ier siècle qui s’emplissent chaque été de chants lyriques, le duomo, le Ponte Scaligero menant au Castelvecchio, lapiazza delle Erbe…

Les mots d’Umberto Eco résonnent encore dans les couloirs de l’université la plus vieille d’Occident. Puis, il y a partout cette gourmandise folle propre à l’Émilie-Romagne qui se nourrit de la plaine du Pô et des Apennins. L’environnement fertile qui o rit au monde le ragù alla bolognese. Déjà se pro le le dernier trajet en train ; et la dernière gare. Ciao Verona! Si la ville chère à Shakespeare surfe allègrement sur l’inépuisable vague Roméo et Juliette, Vérone n’a de toute évidence besoin de personne pour briller. Certes, on peut y visiter la maison de l’amoureuse éperdue, mais on fera tout aussi bien d’aller âner sur la rive est de l’Adige où pousse depuis le XVe siècle le merveilleux jardin Giusti, planté à anc de coteau. Sans oublier les immenses arènes du Ier siècle qui s’emplissent chaque été de chants lyriques, le duomo, le Ponte Scaligero menant au Castelvecchio et la piazza delle Erbe, place carrée anquée de la tour Lamberti, doyenne de la ville, et des maisons Mazzanti, dont les fresques ancestrales témoignent d’une époque lointaine où les voya-
geurs surnommaient Vérone Urbs picta, la “ville peinte”. Force est d’admettre que dans un aussi beau théâtre, “la séparation est un si doux chagrin”. •
L’ESSENTIEL
POUR PARTIR
Y aller Selon votre ville de départ, vous rejoignez Milan par le rail ou en avion, pour embarquer dans le premier train de ce périple à travers toute la Botte italienne. Même flexibilité au retour depuis Vérone. Quand ? Toute l’année. Idéalement au printemps ou à l’automne, pour bénéficier d’un temps clément et de plus de tranquillité. Durée 25 jours, dont 22 nuits à l’hôtel et 2 en trains couchette. Escales Dans les villes principales (Milan, Rome, Palerme, Florence), Voyageurs du Monde propose la découverte de certains quartiers dans les pas d’un habitant (Like a friend). Et, à la demande, organise tous types d’activités, visites privées, rencontres personnalisées et réservations de tables.
Budget Environ 4 900 € par personne pour l’ensemble du voyage (billets de train et ferry, hébergements, transferts, location de voiture, activités).
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 84 17 46 76
© Martin Pauer

3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN
1
Profiter d’un réseau ferroviaire vaste, rapide et bien pensé
2
Savourer la facilité d’arriver directement au cœur des villes italiennes

De Zurich à Milan
À travers les Alpes
Des cantons suisses à la Lombardie, le train s’impose naturellement. Facile, forcément fiable, il permet de traverser les Alpes – au sens propre –, aux premières loges d’un panorama éblouissant. Lacs, ponts couverts, églises baroques et sommets spectaculaires ponctuent le voyage jusqu’à la piazza del Duomo et la Scala. Grandiose!
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3
La fierté de privilégier le train pour soigner son bilan carbone





À LIRE
DANS LE TRAIN
La Modification de Michel Butor (Éditions de Minuit, 1980)

Eva dort de Francesca Melandri (Folio, 2012)
Zone de Mathias Enard (Actes Sud, 2008)
Train 8017 d’Alessa Perissinotto (Folio, 2008)
La Maldonne des sleepings de Tonino Benaquista (Folio, 1998)
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs ! 48, rue Sainte-Anne, Paris 2e

Lucerne
Wengen
Montreux
Zermatt
Saint-Moritz
L’Italie du Nord À contre-courant
Souvent dans l’ombre des villes du sud, Milan, Bologne, Padoue et Turin débordent d’atouts. Culturels d’abord – palazzi, villas, édifices religieux –, artistiques – des chefs-d’œuvre à foison – ; gourmande enfin – marchés et trattorie dans les pas d’un local. Sans oublier le vélo aux escales pour se dégourdir les jambes.
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AU 01 84 17 46 76
De Florence à Rome Avec les enfants
L’Italie avec les bambini, une évidence. À Florence, du David à la Vénus, du bistecca aux gelati. S’installer ensuite dans un wagon et filer jusqu’à Rome. Sillonner la Ville éternelle comme un monumental jeu de piste architectural, vivre un match au Stadio Olimpico, savourer un pique-nique à la Villa Borghese… Ils vont aimer.
CONTACTEZ UN CONSEILLER VOYAGEURS DU MONDE
AU 01 84 17 46 76
Padoue

Dolce Vita Orient-Express
LA BOTTE SUR MESURE
Son nom ressuscite d’un même élan l’esprit du plus mythique train de luxe et le glamour des sixties italiennes. Ses intérieurs rendent hommage au talent des maîtres du design transalpin – Carlo Scarpa, Gio Ponti, Ignazio Gardella – et à l’imagination débridée des artistes du spatialisme – Luciano Fontana, Agostino Bonalumi, Enrico Castellani. Le tout relevé d’un twist de modernité par les architectes du Dimorestudio. Lancée au printemps 2025, la Dolce Vita Orient-Express embarque ses passagers sur un choix de neuf itinéraires sillonnant la Botte : de Rome à Venise, de Rome à la Sicile, à Portofino ou Matera. La Toscane, Le Piémont, la côte sicilienne prennent une autre dimension à bord de ses 12 cabines et 19 suites aux teintes chaudes et aux miroirs fumés. Un spritz au bar du lounge, un dîner sous les étoiles du chef Heinz Beck encensant les terroirs régionaux, une nuit bercée d’élégance : les cœurs chavirent. Au terminus, c’est une évidence, vous irez danser dans la fontaine de Trevi.
Renseignez-vous auprès de votre conseiller Italie pour connaître les itinéraires et les dates de départ de la Dolce Vita Orient-Express.
L’EUROPE EN TRAIN









































PUISEZ L’INSPIRATION
DANS NOS SUGGESTIONS
AVANT DE CRÉER LE VOYAGE QUI VOUS RESSEMBLE
















Laponie Stockholm / Lulea
Votre mission si vous l’acceptez : depuis
Stockholm, rejoindre en train de nuit Lulea, en Laponie. Un périple épique à travers les paysages sauvages du nord de la Suède que l’on parcourt tout en confort, à l’abri d’une cabine 1 re classe. Encore enivrés par l’effervescence de la capitale, on s’apaise dans le Grand Nord qui déploie sous nos yeux sa neige immaculée. 8 jours
Autriche Vienne / Graz / Innsbruck / Salzbourg Grandeurs impériales et retraites alpines, tout –ou presque –en Autriche est accessible en train. Et en dix jours, on en voit du pays ! Vienne, l’éternelle, la gourmande ; Graz, la Styrienne aux toits rose-orangé Innsbruck, le Tyrol pittoresque et actif. Crapahuter, randonner, respirer à pleins poumons. S’émouvoir à Salzbourg aussi, musicale, châtelaine, sensible. 10 jours
Espagne / Maroc Barcelone / Séville / Tarifa / Tanger / Rabat / Fès Quand le train s’envisage comme un moyen de relier les continents et les océans entre eux, alors tout semble possible. Marcher sur les pas de Gaudí à Barcelone, s’émerveiller devant les splendeurs de Séville –espagnoles et mudéjares –et filer vers le Maroc. Tanger, terre d’artistes, et Rabat, en plein boum. Le cœur voyageur, lui aussi, bat à tout rompre.
10 jours
Danemark / Scandinavie
Stockholm / Copenhague / Oslo / Bergen
Les capitales du Nord ont depuis longtemps compris l’importance de préserver ce qui nous entoure. Quoi de plus logique, donc, que de privilégier le train et le bateau pour voyager de l’une à l’autre ? Stockholm, Copenhague, Oslo et Bergen nous déroulent le tapis vert : nature proche, pistes cyclables, hôtels vertueux et cuisine scandinave responsable. 11 jours
Pologne Cracovie / Wroclaw / Poznan / Gdansk / Varsovie
Pologne des gares, Pologne des villes. Cinq, exactement, dont quatre ayant les faveurs de l’Unesco. Des cités marquées par le va-et-vient des puissances, les soubresauts du XX e siècle, abîmées, réveillées, transformées. De l’art, du cosmopolitisme, du charme. La campagne qui défile derrière la fenêtre fait, elle, un trait d’union romanesque entre tout cela. 10 jours
Écosse Fort William / Oban / Glasgow / Édimbourg / Londres
En Écosse, le train fait choo choo Il traverse des paysages grandioses que l’on ne pensait pas si facilement accessibles : des montagnes, des lacs scintillants et des châteaux sans âge, des distilleries d’où sortent de grands single malts , des palais princiers et de petits villages magiques. Car grâce au Jacobite Steam Train Harry Potter fait aussi partie du voyage. 11 jours
Allemagne
Brême / Hambourg / Lübeck
Faire en train le tour des grandes cités hanséatiques, c’est mettre un pied dans l’histoire commerçante du nord de l’Allemagne, mais aussi s’ouvrir à un héritage architectural unique.
De la Basse-Saxe au Mecklembourg-Poméranie, on est précipité aux XIV e et XV e siècles, dans un monde de briques rouges, de façades gothiques et de ports transformés en espaces tendance. 6 jours
Espagne (nord)
Saint-Jacques-de-Compostelle / Ourense / León / Burgos / Bilbao
Qui a dit que les pèlerinages devaient se faire à pied et toujours dans le même sens ? Relier
Saint-Jacques-de-Compostelle au Pays basque en train est une excellente manière de se familiariser avec cette Espagne du nord, souvent boudée et pourtant si riche. Au programme thermalisme, gastronomie, art de vivre et, bien sûr, à Bilbao, l’emblématique Guggenheim.
10 jours
Portugal Porto / Coimbra / Lisbonne Il était une fois le vin de Porto et les azulejos Il était une fois, au bord du fleuve Mondego, l’université historique de Coimbra, sa bibliothèque dorée et ses étudiants en cape. Il était une fois Lisbonne, qui bouge dans tous les domaines –mode, design, graphisme… Il était une fois le train, qui vous mène, tout en douceur (et en 1 re classe), de l’une à l’autre. 7 jours
Angleterre
Londres / Cambridge / Birmingham / Bath / Oxford / Londres
Cheminer à travers l’histoire anglaise ? En voilà une belle idée. Et une affaire que l’on n’envisage qu’en train tant il est plaisant de cliqueter d’une ville universitaire à l’autre. À chacune son caractère : bains thermaux ancestraux, architecture XVIII e , adorables canaux et pubs qui, chaque soir, font le plein d’étudiants débordants de vie. 8 jours
Norvège Oslo / Lillehammer / Andalsnes / Oppdal / Roros / Trondheim Alle om bord! On a rendez-vous avec Oslo, muséale et branchée, puis avec les panoramas grandiloquents de la Norvège de l’intérieur. À travers la vitre défilent villages aux toits herbeux et vallées merveilleuses, lacs miroitant et fjords vertigineux, montagnes emphatiques et forêts centenaires. De lestes rivières, aussi, au-dessus desquelles volent 32 ponts… 11 jours
Espagne
Séville / Cordoue / Grenade Il faut de la volonté pour quitter l’Alcazar et les autres charmes de Séville. Heureusement, en train, il faut peu d’effort pour rejoindre l’attachante Cordoue, sa Mezquita, l’une des plus belles illustrations de l’art islamique, et ses patios délicieux. Terminus dans la splendide Grenade, berceau du flamenco dominé par l’éblouissante Alhambra. 8 jours

UN RÊVE NOMMÉ ROVOS
En l’espace de quatre décennies, le Rovos Rail s’est imposé comme l’un des plus beaux voyages ferroviaires de la planète.
Une rencontre réussie entre l’élégance victorienne et les paysages de l’Afrique australe.
Une locomotive à vapeur tractant un bracelet de wagons à travers la plaine fauve, le visage botticellesque de Meryl Streep, la bande originale de John Barry… Oscarisé en 1986, le lm Out of Africa, de Sydney Pollack, fresque romantique inspiré de la vie de l’écrivaine danoise Karen Blixen, ressuscite dans son générique d’ouverture le voyage en train et l’Afrique des années 1930. La même année, non pas au Kenya mais quatre mille kilomètres plus au sud, dans les faubourgs de Pretoria, un Sud-Africain passionné de belles mécaniques met sur les rails une folle aventure basée sur la restauration de wagons d’époque. D’abord conduit par la volonté d’o rir à ses proches une autre façon de voyager, Rohan Vos comprend rapidement que pour assouvir son rêve il devra élargir le cercle de ses passagers. Quarante ans et quelques péripéties plus tard, la compagnie Rovos Rails comptent une dizaine de liaisons qui sillonnent l’Afrique subéquatoriale, la plus longue reliant Le Cap à Dar es Salaam, en Tanzanie. Un périple de quinze jours, et plus de 5 500 kilomètres, déroulant les paysages de l’Afrique du Sud, du Botswana, le Zimbabwe et la Zambie. Ni la pression des banques, ni la pandémie de Covid, ni les pénuries d’électricité, pas plus que la vétusté des systèmes ferroviaires n’ont eu raison de la détermination de Rohan Vos, octogénaire aujourd’hui secondé par sa lle cadette. Deux liaisons historiques ont forgé la réussite du Rovos. La première, reliant en quatre jours et trois nuits Le Cap à Pretoria, l’autre, menant de Pretoria aux chutes Victoria, spectaculaire frontière naturelle entre le Zimbabwe et la Zambie, posée sur le euve Zambèze.
LE CAP, POINT ZÉRO
Rayonnant, attachant, Le Cap (Capetown dans sa version anglophone) est le berceau de l’histoire coloniale du pays. Un noyau aujourd’hui rythmé par l’atmosphère toniante des éléments – le magnétisme de la Table Mountain surplombant la ville, les plages d’albâtre de Clifton, Camps Bay et Llandudno – et le dynamisme artistique, créatif, architectural, gastronomique de quartiers en pleine gentri cation, à l’image de celui de Woodstock. Là, les entrepôts désa ectés se muent en lieux hybrides, convoquant l’art contemporain, le design, la mode, aussi spontanément que le homard et le thé matcha. On a beau l’abandonner volontiers à la journée pour ler en décapotable sur la route panoramique de Chapman’s Peak suspendue au-dessus de l’Atlantique, rejoindre la péninsule sauvage du Cap de Bonne-Espérance, il reste di cile de s’en séparer dé nitivement. La perspective d’un rendez-vous avec l’Afrique victorienne jusqu’à Pretoria vous réconcilie avec l’idée. Installé dans un salon aux abords d’une voie dédiée à la ligne Rovos “Pride of Africa”, vous êtes invité à quitter votre Chester eld pour prendre place à bord du train.
À l’intérieur des wagons restaurés otte une atmosphère minutieusement orchestrée entre panneaux d’acajou et de noyer, chandeliers en laiton, épais rideaux de velours, tables en bois massif et fauteuils tapissés de cuir ou de tissus Liberty. Vous rejoignez votre capsule. Cocon de sept mètres carrés équipé d’un lit-banquette et d’une douche pour les uns ; suite royale dotée d’une baignoire victorienne pour les autres. Le train s’ébroue, rangeant Le Cap sur l’étagère des beaux souvenirs.
Le Cap Johannesburg
Pretoria
Louis Trichardt
Bulawayo
Hwange
Victoria Falls

Le Cap, surplombé par la magnétique Table Mountain.

Sous les boiseries, porcelaine d’époque et cuisine contemporaine font bon ménage.

ROVOS RAIL OU LE SENS DU DÉTAIL
Par la large fenêtre, les faubourgs de la ville laissent progressivement place aux espaces d’herbes blondes. Quelques impalas paissent tranquillement, à peine troublés par un cheval de fer se muant à moins de 60 km/h. Bientôt, les paysages s’escarpent. Quand pointent les premiers vignobles de Stellenbosch, héritage huguenot de la n du XVIIe siècle, un coup de gong invite à rejoindre le wagon-restaurant. La trentaine de passagers s’attable. Sous les boiseries, porcelaine d’époque et cuisine contemporaine font bon ménage. Le homard grillé et l’agneau braisé épousent les cépages gorgés de soleil sud-africain qui dé lent à la fenêtre. La campagne, ponctuée de maisons blanches de style Cape Dutch, re ète un style aussi impeccable que le service à bord. Après le dessert, vous rejoignez volontiers l’arrière du train, où le compartiment d’observation, ouvert sur la savane, o re une respiration.
La caresse de la brise et les parfums sauvages de la brousse ajoutent à la sensation de liberté. Le sens du détail du Rovos se re ète jusque dans les lunettes de protection fournies aux passagers désireux de passer la tête à l’extérieur du wagon. Durant trois jours s’installe un rythme réconfortant, tandis que les paysages eux changent radicalement. Après la première escale à Matjiesfontein, village gé dans le XIXe siècle, le vert intense cède à l’ocre et à l’aridité du désert. Vous entrez dans l’imposant Grand Karoo, ancêtre minéral de plus de 200 millions d’années, qui au printemps se mue en toile eurie. L’escale à Kimberley permet de plonger le regard dans l’œil jade du Big Hole, l’une des plus imposantes cavités minières du monde (240 mètres de profondeur) , aujourd’hui en partie immergée, qui fut l’un des plus grands sites d’extraction de diamants du pays. Votre trésor est ailleurs. La lumière mordorée embrase les grandes plaines du Highveld.
Suspendu au-dessus du fleuve Zambèze, le pont des chutes Victoria relie la Zambie et le Zimbabwe.


À l’ouest du pays, le Matabeleland déroule la splendeur africaine… Derrière la fenêtre du wagon-bar, chacun guette les silhouettes animales, une tasse de thé à la main.
L’absence de réseau dans cette région reculée offre aux passagers le luxe rare de laisser l’esprit flotter.
Le train lève des hordes de zèbres et d’antilopes, un vol de amants roses se re ète sur le lac de Kamfers Dam. La dernière nuit est la plus douce, le corps s’est habitué aux roulis et aux petits bruits. Au cours de la matinée, la brousse cède peu à peu le pas aux banlieues de la capitale administrative. Comme pour assouplir l’atterrissage au XXIe siècle, le débarquement se fait à Capital Park, une gare privatisée par Rovos Rails, dotée des ateliers de construction et d’entretien, mais aussi d’un musée de 10 000 mètres carrés qui retrace l’aventure du rail sud-africain.
LES CHUTES VICTORIA, TERMINUS
On y apprend qu’en 1905, l’accès aux chutes Victoria, merveille naturelle posée entre le Zimbabwe et la Zambie, fut facilité grâce au développement du réseau ferroviaire.
Révélées aux yeux du monde un demi-siècle plus tôt par l’explorateur écossais David Livingstone, ces cascades spectaculaires – 1,7 kilomètres de large et 90 mètres au plus haut –, classées au patrimoine mondial de l’Unesco depuis
1989, constituent l’autre fer de lance du Rovos. Lancée en 1993, à la veille des premières élections démocratiques du pays, la liaison depuis Le Cap a mis sur de bons rails l’entreprise de Rohan Vos. Un voyage de trois jours et quatre nuits au départ de Pretoria.
Alors que les lumières des faubourgs disparaissent dans le sillage du train, de gros nuages gris annoncent les premières pluies qui viennent nourrir la terre craquelée du Limpopo. Le train le vers le nord, le long de la Mogalakwena, que les premiers colons Boers avaient baptisé “la rivière Nylstroom”, pensant que celle-ci lait jusqu’au Nil. Erreur bien pardonnée puisque sans avoir la carrure du euve-roi d’Égypte, le lit de la Mogalakwena o rirait bientôt à la région l’un de ses premiers gisements d’or. Entre Messina et Beitbridge, les wagons kaki et crème passent la frontière du Zimbabwe en toute discrétion. À l’ouest du pays, le Matabeleland déroule la splendeur africaine. Savane cramoisie, cactus cierges, babouins aux couleurs fauves et hameaux de huttes endormis. Derrière la fenêtre du wagon-bar, chacun guette les silhouettes ani-
males, une tasse de thé à la main. L’absence de réseau dans cette région reculée o re aux passagers le luxe rare de laisser l’esprit otter. À cette ânerie immobile, le voyage est contrebalancé de pauses qui réveillent la curiosité. Le parc national de Matobo abrite une faune discrète, la tombe de Cecil John Rhodes, gure politique de l’Afrique coloniale britannique, mais surtout les vestiges rupestres du peuple San, les premiers bushmen de l’Afrique australe. Dans la nuit, au rythme méditatif des wagons, on ne peut s’empêcher de guetter les ombres depuis sa couchette. Sans distinguer vraiment s’il s’agit d’acacias géants ou d’éléphants. Le lendemain, dans le parc Hwange, la vision est plus franche : gnous, lions, léopards, zèbres et girafes sont au rendez-vous dans une végétation qui s’est densi ée. En n, dans la chaleur du quatrième matin, le train entre en gare de Victoria Falls. Le pas encore un peu hésitant, comme à la descente d’un bateau, les passagers quittent leur navire pour rejoindre les rives du Zambèze. Face à eux, le spectacle monte crescendo, des Devil’s Falls étroites et jaillissantes aux Main Falls, drapées d’écume assourdissante, jusqu’aux Rainbow Falls, parmi les plus hautes que la Terre ait données. Une brume permanente rafraichît l’air. Des millions de particules d’eau qui donnent à la scène présente et celles des derniers jours une impression de rêve nébuleux. Un songe auquel la mémoire s’accrochera inlassablement. •
L’ESSENTIEL POUR PARTIR
Y aller Vol Paris-Le Cap ou Paris-Johannesburg selon la gare de départ du périple choisi.
Le bon moment Les trains Rovos circulent toute l’année. Septembre et octobre sont deux mois particulièrement propices à l’observation de la faune, avec une météo homogène sur l’ensemble du pays. Durée Le Rovos Rail propose dix liaisons au départ du Cap ou de Pretoria. De 3 à 15 nuits. Celles du Cap à Pretoria et de Pretoria aux chutes Victoria se réalisent chacune en 4 jours et 3 nuits. Budget À partir de 6 400 € les 10 jours, incluant Le Cap en ouverture, une étape à Johannesburg, le voyage à bord du Rovos, les vols A/R, les hébergements, les transferts et visites.
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 84 17 57 32

3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN
1
Adopter un temps long en parfaite adéquation avec les paysages
2
S’immiscer dans la vie culturelle locale, le train comme une photo sociétale 3
Renouer avec les premiers grands voyages d’époque



À LIRE
DANS LE TRAIN
La Proie de Deon Meyer (Gallimard, 2021) Ce polar tiré à quatre épingles a pour point de départ un meurtre commis à bord du Rovos, en Afrique du Sud. Une traque sur fond de services secrets et de souvenirs enfouis.
Le Train des sables de Jamal Mahjoub (Actes Sud, 2004) Épopée retraçant la construction d’une voie ferrée pendant la colonisation en Égypte et au Soudan. À la fois chronique historique, et photographie de l’intolérance religieuse.
Quand nous étions des lucioles d’Abubakar Adam Ibrahim (Julliard, 2024) Dans la gare d’Abuja, un peintre a la vision de ses morts antérieures. Un voyage à travers le Nigeria à la recherche des vestiges de ses vies passées.
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs ! 48, rue Sainte-Anne, Paris 2e
Sur les rails
D’un Marocimpérial
Fès
Rabat
De médinas en souks, de jardins en vestiges dynastiques – zaouïas, mosquées, palais et riads –, les villes impériales du Royaume reflètent la richesse de son histoire et son obsession pour l’esthétisme. Entre Fès, Meknès, Rabat et Marrakech, voyager en première classe s’avère d’une extrême facilité.
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LE CHIFFRE
1854
Le 12 juillet de cette année-là est inaugurée en Égypte la première ligne ferroviaire du continent africain. Construite sous l’autorité du khédive Abbas Ier (1813-1854), elle relie d’abord Alexandrie à Kafr el Zayiat, avant d’être prolongée jusqu’au Caire en 1856.
L’Égypteau fil du Nil & en train de nuit
En ouverture, un Caire d’initiés dont la lecture se fait par l’eau – balade en felouque, nuit dans une maisonbateau dans l’agréable quartier de Zamalek. À votre agenda, les plus beaux sites d’Égypte : Saqqarah, Gizeh, les temples de Philae, Karnak, etc. Entre les deux, l’expérience unique de rejoindre Louxor en train de nuit.
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Marrakech
Le Caire Assouan Louxor

Satyagraha House
LA MAISON-MUSÉE
Du sanskrit satya (la “vérité”) et agraha (la “fermeté”), un nom qui évoque la lutte non-violente contre l’oppression, cette maison blanche au toit de chaume fut celle de Gandhi au début du siècle dernier. Elle s’intègre désormais au quartier résidentiel d’Orchards, dont la tranquillité sied bien à l’énergie de la Satyagraha, construite en 1907 par l’architecte allemand Hermann Kallenbach, compagnon de route du Mahatma. Subtilement restaurée et agrandie d’une aile plus design, elle accueille désormais les visiteurs en quête de voyage spirituel. Une poignée de chambres ont été intégrées dans un esprit de sobriété. La maison principale est également un musée dédié à ses occupants historiques, réunissant photos, objets, et correspondances. Cuisine végétarienne et séance de méditation participent à préserver l’atmosphère apaisante des lieux.
satyagrahahouse.com

© Matthieu Paley
STEPPES BY STEPPES
Voyager sur l’ancienne Route de la soie, à travers les paysages illimités du Kazakhstan, du Kirghizistan et de l’Ouzbékistan, associe inévitablement l’imaginaire du rail à celui du commerce caravanier : trains de nuit et gares du bout du monde, caravansérails, marchands et conquérants.
Àla seule évocation de la Route de la soie, le désir d’ailleurs se met en marche. Une foule déferle, échappée des manuels d’histoire et des récits de voyage. Gengis Khan, Marco Polo, Tamerlan, conquérants et bâtisseurs se bousculent. Voilà que l’imagination court le long des pistes caravanières, et l’on entrevoit des chameaux chargés de corail, de fourrures, de cannelle ; et dans les caravansérails, tout un peuple de la soie, explorateurs et marchands. Choisir le train pour parcourir les grands espaces du Kazakhstan, du Kirghizistan et de l’Ouzbékistan, c’est aussi prendre le temps d’éprouver physiquement l’immensité des steppes d’Asie centrale. Car il permet l’expérience concrète du déplacement, dans la succession rapide des points de vue qui dé lent à la fenêtre tout comme dans les sensations intimes – et c’est cette expérience qui permet d’imaginer ce que ressentaient les caravaniers en apercevant les minarets de Khiva, leurs tuiles bleues annulant le désespoir du désert comme la lumière d’un phare annule l’obscurité de la mer. Le train traverse d’abord une immensité vide d’habitants, le Kazakhstan – le plus vaste État de la région, avec une densité de population parmi les plus faibles au monde : sept habitants au kilomètre carré. Au Kirghizistan, il parcourt des paysages dessinés par les montagnes, des milliers de lacs, des centaines de rivières et des dizaines de glaciers. Et le voyageur de découvrir une culture nomade tissée au l des siècles dans l’un des pays les moins connus au monde. En n, il fend les grandes steppes ouzbèkes jusqu’aux anciennes cités caravanières : Samarcande, Khiva et Boukhara.
Le voyage s’ouvre à Almaty, ancienne capitale aux airs de mirage, au bout de la steppe kazakhe. Le musée d’État, la
cathédrale orthodoxe de l’Ascension, toute de bois sombre, et le monument du parc des vingt-huit gardes de Pan lov racontent la culture des nomades kazakhs, le christianisme et le communisme – un condensé d’Asie centrale.
MONTAGNES CÉLESTES ET “MER KIRGHIZE”
Gare d’Almaty-II, n d’après-midi. Le train s’ébranle dans la lumière du crépuscule, il emporte ses passagers à travers des vallées herbeuses in nies. Petit matin au Kirghizistan. Les hôtesses servent du thé sur des tables ornées de napperons blancs. Plaisir d’un autre temps. Des steppes s’étendent à perte de vue, ponctuées çà et là de cahuttes posées au milieu de nulle part, et anquées de semi-remorques – des Bagdad Café kirghizes. Au loin, les sommets coi és de neige aimantent le regard, et bientôt le train grimpe jusqu’à Cholpon Ata, perché à 1 600 mètres d’altitude sur la rive nord du lac Issyk-Koul. Immense, cerclé des montagnes opalescentes et célestes du massif des Tian Shan, le lac scintillant déploie ses eaux pures et chaudes : une mer intérieure – 170 x 70 km – qui ne gèle jamais (issyk signi e “chaud” et koul, “lac”, en kirghize). C’est l’ancien lieu de villégiature de la nomenklatura soviétique, qui aimait se délasser sur les sables bordant la “mer kirghize” : jusque 1991, les rives du lac accueillaient des thermalistes venus de toutes les républiques socialistes. On peut encore s’y adonner à des bains d’eau sulfureuse.
Après une nouvelle nuit sur les rails, Bichkek apparaît à la fenêtre, cernée par les montagnes enneigées. Là aussi, l’héritage soviétique s’inscrit dans l’architecture. Les échoppes traditionnelles proposent du plov – pilaf de riz mijoté, viande de mouton, carottes jaunes, feuilles de menthe –, et de vieux samovars fournissent à toute heure l’eau du thé.



DE LA VIBRANTE TACHKENT AU JOYAU SAMARCANDE
Bercés par le roulis du train, les passagers s’endorment au Kirghizistan pour se réveiller en Ouzbékistan. À Tachkent, les larges avenues bordées d’immeubles de béton sont parcourues de Chevrolet blanches. Ici, on parle ouzbek, arménien, tadjik et russe. Le bazar de Chorsu, où l’on trouve de tout – cuvettes en plastique made in China, pistaches iraniennes, poivres indiens, fromages fermentés – est le marché central et le cœur vibrant de la ville. Une belle introduction au pays aussi.
Le train reprend le cours de son voyage, et bientôt les sommets enneigés cèdent la place aux collines verdoyantes. Des chevaux s’égaient dans les pâtures, le vert devient plus vert à mesure que nous descendons dans la vallée de Ferghana. Par la fenêtre dé lent les vergers d’abondance : abricotiers, pêchers et mûriers en pagaille. Halte à Kokand, dont la mosquée du Vendredi est peinte de eurs rouges et bleues, puis à Chakhrisabz, la ville natale de Tamerlan. Puis, le train grimpe à nouveau vers
les montagnes du Tian Shan. La voie serpente à travers des gorges étroites. Les pics enneigés, les villages accrochés aux ancs des collines, et les pâturages alpins où l’on aperçoit parfois des troupeaux de chevaux. Spectaculaire. Le col de Kamchik est atteint par une série de tunnels et de viaducs. Les vallées s’égayent de eurs sauvages. Après avoir franchi les montagnes, le train redescend vers les vastes steppes de l’Ouzbékistan central. Les paysages hypnotiques, parfois ponctués de villages isolés, dé lent par la fenêtre jusqu’à Samarcande, emportant le voyageur dans une douce rêverie.
Les bâtiments ondulent dans l’air chaud, petites maisons en torchis, sable et poussière tourbillonnant. Une brise amène les premières rumeurs de la cité. Samarcande. La beauté de la ville-lumière des Routes de la soie saisit. Fondée sept cents ans avant notre ère, elle a vu dé ler Alexandre le Grand, Marco Polo, Gengis Khan et Tamerlan. Le conquérant-bâtisseur, régnant sur un empire qui s’étendait de Moscou à Delhi, t de Samarcande un joyau.
© Mathieu
Paley
Ici, le voyageur se délecte de haltes célestes dans les cours carrées des médersas ou dans les tchaikana, maisons de thé couvertes de treilles chargées de grappes –un monde de fleurs et de feuillages, césure avec l’agitation du monde.
Place du Régistan, le gigantisme des trois immenses médersas étourdit, le kaléidoscope de mosaïques, de faïences et de volutes turquoise enchante. Il faut imaginer le lacis des ruelles de la vieille ville, aujourd’hui disparu – on cheminait par les bazars, passages couverts, venelles étroites aux odeurs de cuir et de thé, artères sombres et sinueuses qui convergeaient jusque-là. Ici, le voyageur se délecte de haltes célestes dans les cours carrées des médersas ou dans les tchaikana, maisons de thé couvertes de treilles chargées de grappes – un monde de eurs et de feuillages, césure avec l’agitation du monde.
En quittant Samarcande, la voie ferrée longe des champs verdoyants et des villages. Des paysans labourent les terres, des enfants guident des troupeaux de moutons. Au bord des routes, des femmes vendent du jus de grenades dans des bouteilles en plastique. Peu à peu, les cultures laissent place à la steppe et c’est à nouveau un paysage illimité, aux ciels immenses. Les plaines, le sable et leurs maigres buis-
sons composent une grande partie du parcours. Mais parfois, des oasis inattendues surgissent comme des mirages, où les palmiers dominent.
KHIVA-BOUKHARA : BEAUTÉS MYSTIQUES
Khiva est une citadelle de désert ocre et bleue retranchée en ses murailles de pisé. On la dit fondée par Sem, le fils de Noé. Ici, l’urbanité résulte d’une accumulation de chefs-d’œuvre. Des palais baroques et des mosquées d’été, des harems, des médersas, des caravansérails et des portes en bois sculptées. Partout, des édifices flamboyants qui rivalisent de beauté en ce musée à ciel ouvert. Le minaret tronqué de Kalta Minor est l’emblème de la cité. Mouhammad-Amin, qui dirigea le khanat de 1845 à 1855, voulut se rendre célèbre par l’édification du plus haut minaret de l’Islam. Les travaux commencèrent donc en 1851, mais furent interrompus à la mort de l’ambitieux.



Entre Khiva et Boukhara, des paysages nus et arides. Àgauche, les sables noirs du désert de Kyzyl-Koum; à droite, le fleuve AmouDaria et ses champs de coton qui défilent dans le bleu du matin.

Reste ce curieux objet architectural, dont la base est si large qu’on ne parvient à imaginer la hauteur qu’il aurait atteint s’il avait été achevé.
Entre Khiva et Boukhara, des paysages nus et arides. À gauche, les sables noirs du désert de Kyzyl-Koum ; à droite, le euve Amou-Daria et ses champs de coton qui dé lent dans le bleu du matin. Le paysage est ponctué à intervalles réguliers par les anciennes citernes, sardoba, qui pourvoyaient après chaque journée de marche une eau fraîche pour les voyageurs de la soie et leurs chameaux. Boukhara, cité des poètes et des mystiques, est la plus douce des villes du pays. Vaste labyrinthe de mosquées aux dômes bleus, de cours pavées de mosaïques, de maisons anciennes en pisé et torchis, avec des coupoles de pierres serrées les unes contre les autres. D’arabesques en minarets et médersas, le voyageur aime se perdre dans le tourbillon du bazar, au l des caravansérails ou sous les arcades et les passages couverts du quartier juif. Dans l’embrasure des portes, un patio euri, une cour peuplée d’enfants ou une tonnelle écrasée sous le poids des rai-
sins. Au centre de la vieille ville, un grand bassin cerné de maisons de thé. Leurs grands lits d’extérieur en bois, jonchés de coussins où le thé noir est servi avec des graines de courge grillées, invitent à rester un peu plus longtemps, pour expérimenter l’art de vivre de la belle cité caravanière. •
L’ESSENTIEL POUR PARTIR
Y aller Vol pour Almaty (Kazakhstan) et vol retour depuis Tachkent (Ouzbékistan). Après une nuit à l’hôtel, visite de la ville, puis embarquement à bord du train. Cabine confortable, dotée de deux lits-banquettes et d’un cabinet de toilette.
Le bon moment La compagnie opère deux départs au printemps et deux à l’automne.
Durée La durée totale du voyage suggéré est de 16 jours, les étapes sont adaptées au temps nécessaire à la visite de chaque ville. Trois jours sont consacrés à Samarcande et trois à Boukhara.
Budget À partir de 10800 € les 16 jours, incluant les vols A/R, le voyage en train, les hébergements, les visites privées avec guide francophone, nos services dont la conciergerie.
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 70 38 01 46
3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN 1
Partir dans les pas des grands explorateurs et écrivains inspirés par ce voyage à travers l’un des berceaux de l’humanité
2
Parcourir l’immensité des steppes, des déserts et des régions isolées de façon sereine

À LIRE
DANS LE TRAIN
3
Profiter d’un certain confort à bord, et d’un réseau en pleine modernisation, à un coût modéré


Prose du Transsibérien… de Blaise Cendrars (Folio, 2024)
Recueil de trois poèmes, dont le plus célèbre retrace le voyage d’un Cendras adolescent, en 1913, de Moscou à la Mongolie, à bord d’un train mythique.
Tangente vers l’est deMaylis de Kerangal (Verticales, 2012)
Un jeune appelé et une Française vont partager en secret le même compartiment du Transsibérien, condamnés à fuir vers l’est, chacun selon sa logique.
Contes du chemin de fer d’Hamid Ismaïlov (Sabine Wespieser, 2009)
Dans une bourgade d’Ouzbékistan, l’arrivée du train bouleverse la vie locale. Chronique débridée de multiples destins, contée avec une exubérante singularité.
L’Orient-Express raconté par les écrivains deBlanche El Gammal (Libretto, 2023) De Jean Giraudoux à Graham Greene, d’Apollinaire à Agatha Christie : une anthologie de textes célèbres et oubliés, un voyage dans l’Europe du siècle dernier.
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs ! 48, rue Sainte-Anne, Paris 2e
La Chine
Un réseau ferroviaire qui évolue à grande vitesse
Affichant le plus grand réseau ferroviaire mondial, la Chine répond au défi de son immensité. Les trains à grande vitesse (HSR) permettent de relier facilement les différentes régions : Pékin-Shanghai en à peine plus de quatre heures (contre six en avion, avec les transferts), Pékin-Canton en huit heures. Le voyage le plus emblématique reste la Route de la soie ferroviaire : une épopée de vingt-quatre heures qui traverse le pays d’est en ouest.
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AU 01 84 17 19 21
Jusqu’à 50 dialectes sont parlés en Asie centrale. Les langues officielles des cinq principaux pays en “stan” appartiennent à deux familles : turcique et indo-iranienne. Les dialectes des minorités régionales complètent le panorama et donnent une idée de la diversité culturelle locale.
Une liaison de légende
Le 5 juin 1883, s’élançait de Paris gare de l’Est, le premier OrientExpress. Destination Constantinople. Un train devenu légende. Sans complexe, on reprend aujourd’hui le fil de cet itinéraire, marqué de pauses pour explorer les villes majeures d’Autriche, de Hongrie et de Roumanie, à bord d’un train contemporain.
LE CHIFFRE
© Carol Sachs, Rawpixel Ltd.

Transsibérien
MOSCOU - VLADIVOSTOK : SEPT JOURS DANS UNE VIE
C’est la plus longue des voies ferrées du monde, qui chemine à travers les plaines et les steppes de deux continents : 9 28 8 kilomètres de territoires conquis sur le vide. Le tsar Alexandre III ambitionnait une ligne de chemin de fer qui traverse l’entièreté de son empire – deux années étaient alors nécessaires pour relier Moscou à Vladivostok à cheval. Le chemin de fer a dévoré forêts, fleuves, marécages et vies humaines pour devenir la colonne vertébrale de la Russie moderne. Pendant les vingt-cinq années que dure le chantier, des villes sont apparues et ont grandi sur son tracé, passant de minuscules bourgades en agglomérations de centaines de milliers d’habitants.
Embarquer à bord du Transsibérien, c’est passer sept jours sur les rails sans escale, c’est traverser sept fuseaux horaires sans jamais changer de chambre. C’est éprouver une prodigieuse lenteur dans la somnolence ouatée d’une traversée de la taïga. C’est une perte de repères : “Toutfuit,toutglisse,onseditqu’onestbieniciloindechez soi,libreprovisoirementdetouteattache,etquec’estpourçaqu’on voyage”, constate Olivier Rolin, embarqué à bord. Le train devient un microcosme où les rencontres enrichissent autant que les paysages. Les journées à bord se vivent pleinement : le train impose son rythme, lent et hypnotique, où l’instant présent prend toute sa valeur. À la fin du voyage, à Vladivostok, ce n’est pas seulement le bord du Pacifique que l’on atteint, mais un peu plus de soi-même.

EXTRÊME EXPRESS
Séoul-Tokyo : en train à grande vitesse et en prenant le temps. Relier ces capitales asiatiques des plus convoitées donne la pleine mesure de deux pays, toujours en avance d’un wagon.
Séoul
Gyeongju
Busan
Le pays du Matin calme vit en accéléré. Sous les enchevêtrements d’enseignes lumineuses, le quartier Myeongdong de Séoul crépite jour et nuit. Dans ses ruelles étroites, les vendeurs ambulants préparent d’un geste uide tteokbokki (galettes de riz épicées) et gimbap (en-cas fraîchement roulés dans une feuille d’algue). Leurs e uves se mêlent à l’arôme sucré des kotteok, le pancake version coréenne. Entre deux échoppes, s’alternent les stands de cosmétiques qui promettent la jeunesse éternelle, une obsession dans un pays qui vient à peine d’abandonner une méthode de comptage par laquelle un nouveau-né venait au monde déjà âgé d’un an.
Dans la course contre le temps, Séoul part pourtant favorite. Comme pour mieux se démarquer du passé, la capitale a conservé bien en évidence les anciens palais de la dynastie Joseon. Le quartier traditionnel de Bukchon, avec ses maisons aux toits incurvés, les hanoks, se visite quant à lui tel un musée à ciel ouvert. À Insadong, les salons de thé aux façades de bois gravé, les ateliers de calligraphie et de céramique ancienne racontent, eux aussi, l’histoire d’une Corée ancestrale, tandis qu’à Ssamziegil l’artisanat fusionne avec le design contemporain. Ailleurs, dans les quartiers de Hongdae et Sinchon, la jeunesse séoulite a fait des cafés éphémères, des pop-up stores et de la K-pop, ses nouvelles armes contre le temps. Disparaître avant qu’il ne vous rattrape.
LE KTX, UNE CORÉE À GRANDE VITESSE
Séduit par l’idée, vous visez la gare centrale qui, sous ses arches de verre, voit transiter quotidiennement près de 300 000 passagers. Construite en 1925, elle marque le point départ d’un voyage à bord du KTX (Korea Train Express).
Véritable euron technologique, ce train à grande vitesse incarne toute l’e cacité coréenne. Lorsqu’il s’élance, Séoul s’évanouit dans un ballet de gratte-ciel, laissant place aux vallées vertes et aux rizières humides du Chungcheong-do. Propulsée à 300 km/h, la èche blanche et bleue transperce les montagnes boisées du Gyeongsang et le le long des rizières à travers des plaines ponctuées de maisons aux toits colorés. À la fenêtre dé lent des images furtives : un paysan travaillant son champ, une pagode trônant sur une colline vert tendre.
Les sièges tapissés de tissus sobres, invitent à fermer les yeux l’espace d’un instant. L’esprit otte quand passe discrètement une hôtesse portant un plateau de snacks locaux : chips de nori, petits pains au haricot rouge, mandarines sucrées de Jeju. Deux heures seulement, et le KTX s’immobilise sur le quai de Gyeongju, ancienne capitale du royaume de Silla, le plus important du premier millénaire, avant que les Trois Royaumes n’en forment plus qu’un. De son passé glorieux, Gyeongju garde des vestiges imposants tel le temple de Bulguksa et l’observatoire de Cheomseongdae. Le train reprend sa voie, serpente suivant les ondulations de la géographie. Il fend les paysages, si ant jusqu’à heurter le littoral à Busan. Dans l’air, une odeur de sel et de poisson grillé émane depuis le marché de Jagalchi. La mer apparaît, vaste et scintillante, comme une promesse de ce qui attend au-delà.
Le KTX cède sa place au ferry. Trait d’union maritime entre la Corée du Sud et le Japon. Les voyageurs les moins pressés optent pour une traversée qui durera toute une nuit. Mais il existe une option permettant de poursuivre le voyage en accéléré. Un bateau rapide relie la côte ouest de l’archipel nippon en moins de quatre heures. À bord, l’atmosphère est détendue, presque méditative. CORÉE

Rooftops, cafés éphémères, K-pop… : la jeunesse séoulite vit avec son temps.




À la lumière des
lanternes, un ramen
Hakata
(bouillon tonkotsu à base de porc et nouilles fines)
invite à savourer l’instant présent. Demain, il faudra
se mettre au pas de la gare d’Hakata, qui voit défiler 43 millions de passagers par an, mais est aussi
le point de départ du Seven Stars, quintessence du palace roulant et de l’omotenashi (l’art de recevoir).
Les passagers montent sur le pont pour observer les mouettes qui dansent avec les vagues, ils tentent d’apercevoir l’île de Tsushima, cerclée d’une brume matinale en apesanteur sur la mer du Japon. Certains lisent, d’autres discutent autour de bentos soigneusement préparés. Une légère brise porte le parfum des embruns. En n, se dessine progressivement à l’horizon la côte septentrionale de Kyūshū, la plus méridionale des quatre îles de l’archipel japonais. Le ferry se range au quai de Hakata, à Fukuoka, dans un ballet millimétré. En avance, il faudra patienter quelques dizaines de minutes jusqu’à ce que le bureau des formalités ouvre ses guichets. Alors, l’agent de l’immigration tamponne votre passeport du mont Fuji et d’un sakura, l’emblématique cerisier.
BIENVENUE AU JAPON !
Dans le parc Maizuru qui borde les remparts de la ville, couples et familles déambulent sous les arbres en eurs. De son côté, le lac du parc Ôhori constitue l’autre poumon de la ville. Au milieu des tours modernes, le sanctuaire Kushida rappelle quant à lui les liens sacrés du shintoïsme. Plus loin, le temple de Tôchô-ji dresse les cinq niveaux carmin de sa pagode vers le ciel tandis qu’au second étage du sanctuaire, le plus grand Bouddha en bois du pays regarde devant lui, imperturbable. On déambule au Canal City Hakata, centre commercial exubérant, avant
de s’attabler à une yatai, carrioles qui telles des lucioles surgissent à la nuit tombée. À la lumière des lanternes, un ramen Hakata (bouillon tonkotsu à base de porc et nouilles nes) invite à savourer l’instant présent. Demain, il faudra se mettre au pas de la gare d’Hakata. L’un des hubs de marchandises les plus importants du pays voit passé 43 millions de passagers par an et abrite accessoirement le plus grand centre commercial du pays. Près de deux cents trains quittent quotidiennement ses quais, rien que pour rejoindre Tokyo et Osaka. La gare est aussi le point de départ du Seven Stars, quintessence du palace roulant et de l’omotenashi (l’art de recevoir), qui parcourt quatre jours durant les préfectures d’Oita et de Kagoshima. À défaut d’avoir remporté la loterie qui donne accès à sa réservation, le voyage se poursuit cette fois à bord d’une icône ferroviaire indétrônable : le Shinkansen. Sexagénaire roulant à 300 km/h, il a ouvert la voie aux trains à grande vitesse dans le monde et son réseau sur l’archipel ne cesse de s’élargir. Le “Bullet train”, son surnom chez les AngloSaxons, place Tokyo à moins de trois heures des principales préfectures du pays. Fukuoka fait exception et o re deux heures de voyage supplémentaires. À bord : un confort optimisé dans le moindre détail. À la fenêtre, les rizières bien alignées succèdent aux collines hirsutes de bambous. Sous vos baguettes : un ekiben compartimente poisson grillé, légumes marinés, et riz subtilement assaisonné.

KYOTO, CAPSULE DU TEMPS NIPPON
Le temps s’accélère, la vitesse du train décroît. Il entre doucement dans les faubourgs de Kyoto. Les immeubles cèdent rapidement aux toits incurvés des premiers temples. Sous l’atrium de verre et d’acier dessiné par l’architecte Hiroshi Hara, la gare est un contre-pied avant-gardiste à l’ancienne capitale millénaire. Il faut quitter cette ruche vibrante et ler au nord de la ville, dans le quartier d’Oahara, pour retrouver la tranquillité. Flâner alors dans les jardins moussus du temple Sanzen-in, beauté végétale au l des saisons, semé de statuettes Jizo, le protecteur des enfants et des voyageurs.
Rejoindre ensuite les rives de la rivière Kibune, pour déjeuner au bord de l’eau. Rafraîchissant en été, admirable à l’automne lorsque les momiji (érables) virent au rouge cramoisi, magique en hiver, lorsque les ocons couvrent les toits du sanctuaire Kifune dédié à la divinité des eaux. L’atmosphère et le cadre de cette vallée montagneuse se prêtent admirablement à un premier onsen (le bain thermal japonais). Le retour à Kyoto suit le l de l’eau, libéré de toutes tensions.
Encadrées par la rivière Kamo, les maisons en bois de l’allée Pontocho, abritant ateliers de céramique et de shibori (teinture à l’indigo), retrouvent peu à peu le calme, au fur et à mesure que la nuit s’installe. Dans le clair-obscur, passent deux geishas vissées à l’écran de leurs smartphones. Image d’une ville où les époques se télescopent.
TOKYO : TERMINUS ÉLECTRISANT L’ESSENTIEL
Dernier chapitre d’un voyage propulsé, de Séoul à Tokyo. Miroir, miroir : la capitale japonaise ne manque pas de répondant. On reprend rapidement les marques acquises au point de départ, débarqué dans le quartier coréen de Shin-Okubo qui entoure la gare de Shinjuku. L’avenue Okubo-duri, entièrement vouée à la K-pop, la K-beauty et la K-food, est la pleine démonstration que l’hallyu – cette vague de culture coréenne – a bien déferlé sur l’archipel nippon. En toute logique, car les deux pays ont toujours entretenu des échanges sur les plans culturels et économiques, dans la religion, l’architecture, les arts martiaux. La jeunesse tokyoïte ne s’y trompe pas et a rapidement fait de ce quartier son nouveau repaire.
© Dameli
Zhantas/Unsplash

Atelier de céramique de l’une des maisons en bois de l’allée Pontocho, à Kyoto.

© Lucy Laucht


À
Tokyo, dans le quartier coréen de Shin-Okubo qui entoure la gare de Shinjuku. L’avenue Okubo-duri, entièrement vouée à la K-pop, la K-beauty et la K-food, est la pleine démonstration que l’hallyu –cette vague de culture coréenne–a bien déferlé sur l’archipel.

Celles et ceux qui préfèrent poser sans attendre le pied sur une mégalopole longtemps fantasmée lent à Shibuya, célèbre passage piéton où des centaines de personnes traversent dans une chorégraphie hypnotique. L’étonnante fourmilière prend une autre dimension depuis la terrasse de la Shibuya Sky, 230 mètres plus haut. Puis, dans l’excentrique quartier d’Harajuku, on part véri er que lolitas et cosplayers n’existent pas uniquement dans les pages de mangas. Tokyo défend son titre de capitale futuriste et pop à travers des expositions immersives sur l’île arti cielle de Toyosu, des lieux de cross culture contemporaine, à l’image du Kadokawa Culture Museum, ovni de granit renfermant notamment une bibliothèque de 50 000 ouvrages dédiés à la culture populaire, ou encore au Mori Art Museum, temple du design et de l’art contemporain qui trône sur Roppongi Hills. La capitale japonaise n’est jamais à court d’idées pour séduire les fans de kawai (tout ce qui touche à l’adorable) – des étagères du Pokémon Center, aux dioramas du musée Ghibli. Pour autant, Tokyo reste la gardienne d’une culture ancestrale,
magni ée par les sanctuaires qui ponctuent la ville (tel Meiji-jingu) et les quartiers anciens, à l’instar de Yanaka. Culture également mise en lumière par de nombreux musées dédiés. En n, dans les ruelles de Golden Gai, des bars minuscules rendent un sentiment d’intimité précieux dans une cité tentaculaire. L’impression d’entrer dans un wagon, sentiment auquel on est désormais attaché. •
L’ESSENTIEL
POUR PARTIR
Y aller Vol direct Paris-Séoul, de 12heures à 14heures.
Le bon moment Si le voyage est envisageable toute l’année, préférez le printemps, entre fin mars et mi-avril (températures agréables et floraison des cerisiers), ou encore l’automne.
Durée Les liaisons en train n’excèdent jamais 3h30.
Idem pour la traversée en ferry. Afin d’apprécier au mieux les différentes étapes, nos conseillers recommandent de consacrer 2 à 3 jours à chacune.
Budget À partir de 4800€ les 18 jours, incluant vols, hébergements, trajets en train, transferts, visites privées, conciergerie francophone.
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3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN
Sans doute le système ferroviaire le plus efficace au monde 2
Tortillard, Shinkansen, ligne de prestige : le train est un pan de culture japonaise 3

Un excellent niveau de confort


De Tokyo
au mont Kôya Un Japon spirituel
À Tokyo, suivez les pas d’un expatrié français, des jardins secrets aux temples cachés. Place ensuite aux eaux curatives de l’onsen Besshô, dans la préfecture de Nagano. Puis, filez jusqu’à Kyoto, avant de rejoindre le mont Kôya, centre du bouddhisme Shingon. Et toujours, le train, en toile de fond de ce périple d’un zen profond.
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De Tokyo à Kyoto Un Japon urbain



Tokyo palpite, dans le quartier Kabukicho où l’on pose ses malles, dans les venelles du Golden Gai, dans les multiples musées… Puis, le Shinkansen vous propulse sur la péninsule d’Izu, dans le village traditionnel de Shuzenji, où l’on s’initie à l’art du onsen. Enfin, terminus à Kyoto pour un aller simple dans le temps nippon.
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L’INCONTOURNABLE


Tokyo
Besshô onsen
Matsumoto
Tsumago
Kôya
SEVEN STARS IN KYŪSHŪ
Il incarne l’esthétisme et le sens de l’hospitalité japonais à leur zénith. Le Nanatsuboshi (son nom officiel) embarque à son bord seulement quatorze suites, habillées de boiseries et treillage traditionnels. Un wagon-restaurant livré par les meilleures tables de l’île de Kyūshū reflète la richesse des paysages traversés lors de ce voyage de deux à quatre jours. Seul bémol : le succès du train oblige la compagnie JR Kyūshū à limiter la réservation aux gagnants d’une loterie. Un voyage exceptionnel à tous les points de vue.
Tokyo, Les Alpes, Kyoto, Miyajima
Un Japon essentiel

Un périple de deux semaines, idéal pour apprécier l’archipel à sa pleine mesure : l’effervescence tokyoïte, l’atmosphère paisible et féodale de Kanazawa, le décor bucolique de Furakawa, Kyoto en aparté, et, enfin, la magie de l’île de Miyajima. Sésame de ce voyage sur rails, votre Japan Rail Pass est bien entendu réservé.
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Tokyo
Shuzenji
Kyoto


Malgré la barrière de la langue, voyager en train au Japon est d’une facilité déconcertante. Excepté sur un point : choisir son ekiben. Ces repas à emporter, contraction des mots japonais eki (“gare”) et bento (“boîte-repas”) sont indissociables du voyage ferroviaire sur l’archipel dès ses débuts fin du XIXe siècle. Chaque gare, même la plus petite, dispose de points de vente, et aujourd’hui de distributeurs automatiques.
L’ ekiben met en avant les spéc ialités régionales de l’archipel. Vous avez ainsi l’occasion d’embarquer avec vous aussi bien un moo taro, à base de bœuf de la région de Mie (servi dans une boîte en forme de vache qui, en s’ouvrant, joue une mélodie), qu’un hipparidako meshi, spécialité de la préfecture de Hyogo, assemblage de poulpe et de shitake, servi dans un pot en céramique. Le plaisir de l’ekiben est plurisensoriel, et la gare de Tokyo compte des centaines de recettes différentes. Le dilemme est donc de faire un choix, sans rater son train.
* combinaison des mots eki (“gare”) et bento (“boîte-repas” japonaise traditionnelle)

© Matthieu Paley
LES RAILS DU RAJ
En Inde, le train incarne à la fois la diversité et l’unité du pays. Il permet la rencontre et la rêverie contemplative. Au cœur de cette aventure, l’atmosphère des gares indiennes si tumultueuses, et la fantasmagorie du Rajasthan d’antan, peuplé de palais fastueux et de princes maharajas.
Delhi Agra
Jaipur
L’Inde compte parmi les grandes nations ferroviaires. Son réseau ferré est l’un des plus étendus au monde. Le train emmène partout, et les Indiens sont plus de 23 millions chaque jour à embarquer à son bord. Ils empruntent le rail pour leurs trajets quotidiens, comme pour les déplacements spéciaux – pèlerinages, célébrations – qui rythment la vie spirituelle indienne. Prendre le train en Inde est forcément une expérience immersive qui raconte le pays dans toute son énergie et toute sa diversité. Des banquettes en bois des classes économiques aux wagons luxueux, on y rencontre tous les Indiens, du plus humble paysan jusqu’au ministre. Voyager en train, c’est aussi regarder l’histoire par la fenêtre : avec les paysages dé le l’aventure de la vapeur indienne, intimement liée à la période de l’Empire britannique des Indes, mais aussi à celle de l’indépendance – on se souvient des campagnes du Mahatma Gandhi, menées en train et en troisième classe. À travers le Rajasthan, ce sont également d’autres pans de l’histoire indienne qui se rappellent à notre mémoire : celle des cités impériales, des princes maharajas et des marchands marwaris.
Circulation folle et cris des klaxons : à la descente de l’avion, Delhi ressemble à toutes les mégalopoles du monde
Jodhpur
Udaipur
– si ce n’est l’explosion de couleurs, qui saisit immédiatement. Ensuite, c’est un patchwork de monuments impériaux moghols, d’avenues verdoyantes datant du Raj, de nouveaux quartiers résidentiels où les classes moyennes se construisent un avenir, de villages branchés, repaires de designers indiens, français ou new-yorkais. Il y a des demeures immaculées devant des pelouses impeccablement tondues, des palaces aux boiseries d’acajou. Il y a des bazars aux ruelles encombrées de vaches, d’ânes et de chiens, des mosquées de marbre, des mausolées et des temples jaïns, des boutiques de créateurs et des fab lab, des disquaires et des galeries d’art. Ses 25 millions d’habitants lui insu ent son énergie: Delhi incarne l’Inde en marche.
DE DELHI AU TAJ MAHAL EN 1H30
Et c’est l’Inde en marche accélérée dont on fait l’expérience en empruntant le train le plus rapide du pays, inauguré en 2016. Avec ses 160 km/h, le Gatimaan Express Superfast Train abolit la distance entre Delhi et Agra (200 kilomètres). Quintessence de la tradition architecturale moghole, le Taj Mahal est une prouesse technique qui témoigne de l’engouement des princes du XVIIe siècle pour les mathématiques, la géométrie et l’astronomie.

Gare de Delhi, direction Agra : 200 kilomètres en une heure et trente minutes.




Le train traverse des villages, où la vie bat son plein. Des enfants courent pieds nus, saluant les voyageurs, des femmes en saris flamboyants s’affairent à trier des grains devant leur maison. Au cœur de la ville, les vieilles Ambassador blanches slaloment entre les vélos, les vaches et les rickshaws.
Le mausolée immaculé, cerné de jardins, saisit par sa symétrie parfaite, et ses lignes pures re étées par les bassins. Là où Delhi avait séduit par son désordre vibrant, le Taj Mahal impose un monde où tout semble à sa place, où l’harmonie triomphe.
Le train pour Jaipur, lui, prend son temps, comme pour faire apprécier aux voyageurs le passage des plaines fertiles du Gange aux terres ocres du désert rajasthani. Les champs de canne à sucre cèdent peu à peu la place à des étendues sablonneuses. Les arbres se raré ent, et la végétation se réduit à des buissons épineux et des acacias noueux. Le train traverse des villages, où la vie bat son plein. Des enfants courent pieds nus, saluant les voyageurs, des femmes en saris amboyants s’a airent à trier des grains devant leur maison. Et à mesure que l’on s’approche de Jaipur, des bâtiments en grès rose se pro lent, des bazars improvisés se pressent contre les rails, avec leurs étals chargés de fruits et de guirlandes de eurs. Le tumulte des rues envahit déjà l’air, une cacophonie de rires et de moteurs. À l’arrivée en gare, le soleil, bas dans le ciel, frappe les wagons bleu vif. Les ombres s’étirent, les couleurs s’intensi ent. Le monde semble baigné dans une lumière poussiéreuse.
JAIPUR, ENTRE ROSE CARAMEL ET FRAISE ÉCRASÉE
Du haut du Nahargarh Fort, ou “fort du Tigre”, la ville se déploie, maisons aux toits plats, serrées les unes contre les autres, à perte de vue. Jaipur est née de la volonté d’un monarque éclairé. Jai Singh II (1699-1743), féru d’astronomie, a dessiné le plan de sa cité idéale, inspiré du zodiaque indien. Inaugurée en 1733, c’est ainsi la première ville du pays dotée d’un plan d’urbanisme. Il la voulait rationnelle, fonctionnelle, avec des rues et de larges avenues se coupant à angles droits, permettant ainsi la circulation et l’échange. Elle est clameur et mouvement.
Dans les rues grouillantes de vie, les vieilles Ambassador blanches slaloment entre les vélos, les vaches et les rickshaws. Partout, les édi ces exhibent leurs teintes ocre – “rose caramel” pour Rudyard Kipling, “fraise écrasée” selon Mark Twain. Au cœur de la ville, le Palais des vents s’élève comme une dentelle de pierre. Sa façade dessine une couronne de Krishna. Ciselée de 953 fenêtres étroites, elle dissimulait autrefois la vie secrète du harem de la cour rajput : les femmes de la famille royale, soustraites aux regards des hommes, s’y réunissaient pour observer la vie, les rues, le marché.


À Jaipur, on voit aussi l’observatoire édi é par le prince astronome, lecteur de Ptolémée et Euclide. Dédié à la mesure à l’œil nu de la position des astres, c’est un émouvant ensemble de cadrans solaires, compas, sextants surdimensionnés, formant édi ce. Un peu plus loin, accroché à la montagne, le fort d’Amber : à la sortie d’une route en lacets, l’ancienne place forte des maharajas, délaissée par Jai Singh II, semble suspendue hors du temps. Une dentelle de pierre, orné de marbre, d’or, de mosaïques, dont les motifs se confondent avec ceux des joailliers de Jaipur, qui fournissent en gemmes précieuses les maisons de la place Vendôme. Alors que Jaipur s’ébroue dans la lumière du petit matin, la brume adoucit les lignes de la gare, inspirées de celles de l’architecture rajput. Les trains de nuit déversent une vague de passagers qui se mêlent à ceux qui s’apprêtent à partir. Certains, emmitou és dans des châles, attendent leur train en sirotant un chai vendu par les vendeurs ambulants.
D’autres se hâtent, portant leurs valises, pour attraper les premiers départs.
L’ ÉCLAT COBALT DE JODHPUR
Le train s’ébranle en direction de Jodhpur. La ville rose s’estompe. Les paysages se font de plus en plus secs. À l’horizon, les collines rocheuses des Aravalli se découpent sous un ciel in niment vaste. Çà et là, des villages cernés de haies d’acacias et de cactus ponctuent l’aridité de murs blanchis à la chaux. Au l de l’avancée du train, le désert du Thar s’a rme. Les bergers mènent leurs troupeaux de chèvres sous un soleil incandescent, à son zénith. Au loin, des silhouettes élancées de chameaux montés par des hommes coi és de turbans.
À chaque halte, de jeunes garçons montent à bord pour vendre samoussas ou chai, dans les e uves doux-amers des épices. Bientôt, la ville de Jodhpur se dévoile dans un éclat cobalt : ses maisons bleues s’étagent à anc de colline sous l’ombre massive du fort de Mehrangarh, forteresse de grès “construite par des anges et des titans” (Kipling, toujours). Labyrinthe de petites ruelles, camaïeu du turquoise à l’indigo, la vieille ville est vivante, tonitruante, rugueuse parfois.

Au cœur de Jaipur, le Palais des vents s’élève comme une dentelle de pierre. Sa façade dessine une couronne de Krishna.

© Lucy Laucht

Loin du tumulte des autres cités du Rajasthan, Udaipur, avec ses 500000habitants, fait figure de bourgade. Nichée au cœur des collines, elle s’alanguit en bordure de ses lacs.
Les lignes élégantes de ses palais et ses paysages aquatiques s’entrelacent pour créer un lieu qui semble tout droit sorti d’un rêve.
Les marchés débordent sur les rues, où se croisent piétons, motos et rickshaws – musc, rose, jasmin et santal, saris et broderies. Ensuite, il faut emprunter la route pour rejoindre Udaipur. En chemin, on peut faire halte à Ranakpur. Solitaire, en pleine campagne, le temple est un éblouissant joyaux de marbre blanc, tout en dentelle de pierre polie – le plus beau des temples jaïns de l’Inde. Ses 84 chapelles et 24 dômes s’organisent selon un plan cosmogonique gurant la création de l’univers. Les jeux de lumière et d’ombre animent une forêt de 1 444 colonnes sculptées de motifs oraux. On quitte son enceinte – un havre, où les dévots marchent pieds nus sur le sol de marbre frais pour rejoindre Udaipur.
Loin du tumulte des autres cités du Rajasthan, la ville, avec ses 500 000 habitants, fait gure de bourgade. Nichée au cœur des collines, elle s’alanguit en bordure de ses lacs. Les lignes
élégantes de ses palais et ses paysages aquatiques s’entrelacent pour créer un lieu qui semble tout droit sorti d’un rêve. •
L’ESSENTIEL POUR PARTIR
Y aller Vol pour Delhi. Une visite privée de New Delhi est prévue. Le lendemain, votre train rejoint Agra en moins de 2 heures.
Le bon moment Les trains réguliers circulent toute l’année quotidiennement entre les villes du Rajasthan. C’est de novembre à mars que le climat est le plus agréable.
Durée La durée totale du voyage suggéré est de 11 jours.
Les étapes à Delhi, Agra, Jaipur, Jodhpur, Udaipur sont prévues sur 2 jours, afin d’explorer au mieux chaque ville.
Budget À partir de 3 200 euros les 11jours, incluant les vols A/R, les trajets en train en 1re classe, les hébergements, les visites privées avec guide francophone, différentes activités, nos services, dont la conciergerie.
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 84 17 21 64
© Lucy Laucht
3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN 1
L’atmosphère incomparable des gares asiatiques, la vie à bord des trains 2
Un mode de transport local qui facilite l’accès aux villes

À LIRE
DANS LE TRAIN
Railway Bazaar de Paul Theroux (Grasset, 2006)
3


Fasciné par les trains, l’un des grands maîtres du récit d’aventure ferroviaire nous conduit cette fois vers l’Orient : d’Istanbul à Delhi, puis à Calcutta, Saïgon ou Kuala Lumpur avant de regagner Londres en passant par Moscou.
Compartiment pour dames d’Anita Nair (Le Livre de Poche, 2019)
Best-seller à l’origine d’une révélation, ce roman retrace le voyage en train d’une fonctionnaire indienne vers le sud du pays. À bord du compartiment réservé aux femmes, les destins se croisent, la complicité se tisse. Une histoire de féminité doublée d’un portrait de la société indienne.
Le Tour de l’Inde en 80 trains de Monisha Rajesh (Forges de Vulcain, 2017)
Inspirée par Jules Verne, Monisha Rajesh, une jeune journaliste londonienne pour qui l’Inde est devenue un pays lointain et mystérieux, décide de se lancer dans un grand périple à travers la terre de ses ancêtres.
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs ! 48, rue Sainte-Anne, Paris 2e

La beauté des paysages traversés : déserts, jungles, campagnes Eastern & Oriental Express
Le Laos De Luang Prabang à Vientiane
De l’ancienne capitale khmère, on retient le patrimoine architectural et l’atmosphère des temples aussi apaisante que le Mékong. Le train prolonge la méditation de jungles en rizières jusqu’à Vang Vieng, carte postale karstique, avant la douce énergie de Vientiane, épilogue d’un voyage heureux.
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Luang Prabang
Vang Vieng
Vientiane
Ressuscitant l’esprit des premiers trains de luxe, l’Eastern&OrientalExpress vous entraîne de Singapour à la frontière thaïlandaise. Marquée de la griffe Belmond, cette capsule au style rétro et au service impeccable relie les sites marquants de Malaisie : Penang, Langkawi, ou le parc de Taman Negara, deux itinéraires différents selon la saison.
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Jungle Railway
Penang
© Lavinia
Cernau, Pia Riverola

CHHATRAPATI SHIVAJI MAHARAJ TERMINUS
À BOMBAY, UNE GARE MONUMENTALE
Est-ce une gare ou un palais? Dômes de pierre, arches brisées, tourelles, statues et bas-reliefs, vitraux et boiseries sculptées… Construite à la fin du XIXe siècle – de 1878 à 1888 – pour commémorer le jubilé d’or de la reine Victoria, la gare centrale de Bombay est un bijou d’architecture propre au Bombay de l’époque. Un style néogothique victorien mêlant d’importantes influences de l’Inde traditionnelle. Une vision transculturelle que l’on doit au Britannique Frederick William Stevens, à l’origine de nombreux édifices de la ville. Rebaptisée du nom du grand maharaja de l’empire marathe du XVII e siècle, la Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus (CSMT) est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2004. Siège de la société des chemins de fer indiens dès son origine, elle symbolise le développement commercial de Bombay dont elle reste l’un de centres névralgiques avec trois millions de personnes y transitant chaque jour. Une visite privée vous ouvre l’accès aux étages et permet d’en apprendre plus sur l’histoire de cette gare iconique. Le balcon, le bureau de réservation et son plafond étoilé… Les terrasses sont un perchoir privilégié pour observer l’animation de la DR. Dadabhai Naoroji Road. Le spectacle est permanent. Sur les quais, le ballet des commuters, voyageurs des trains régionaux se ruant pour monter ou descendre des wagons avant même qu’ils s’immobilisent; les dabbawalas dans leurs uniformes blancs impeccables embarquant pour leurs tournées de livraisons de repas, et les voyageurs de passage hypnotisés par de telles proportions.

À NOUS LE MACHU PICCHU(CHU)
Au Pérou, tous les chemins (ou presque) mènent à la majestueuse citadelle inca : le Camino del Inca pour les plus courageux, la voie aérienne pour les plus pressés. Les autres opteront pour le train de luxe, au départ d’Arequipa. À la clé, une expérience hôtelière itinérante au cœur de paysages andins à couper le souffle.
LIMA, 101 MÈTRES
Principale porte d’entrée du pays, Lima ne se vit pas comme l’un de ces ennuyeux passages obligés. C’est une introduction éloquente, presque nécessaire, à un voyage au Pérou. Une ville de son temps, où se mitonnent certains des meilleurs plats du monde, où se rencontrent les époques et les cultures, le long des plages de la Costa Verde – en pleine capitale, on surfe sur les vagues du Paci que. Dans le vieux Lima, le Cercado, le grand legs de l’époque coloniale – plaza de Armas, palais présidentiel, archevêché, cathédrale San Juan, etc. –, côtoie voies express, quartier chinois et marchés traditionnels où l’on vend anones, pommes-liane et inca berries. Du côté du barrio cosmopolite de Mira ores est sorti de terre le Huaca Pucllana, site millénaire où à travers près de 350 édices sacrés s’exprime toute l’ingéniosité de la civilisation Wari. Au même endroit, les enfants du quartier jouaient encore au foot il y a quarante ans.
Dans le quartier branché de Barranco, station balnéaire huppée du début du XXe siècle, Lima est bohème et arty, comme en témoignent les collections du musée Larco Herrera et du riche MAC, Museo de Arte Contemporaneo. Autour, de grands espaces verts, de ères casonas colorées et pléthore de boutiques, galeries et cafés fréquentés par des âmes créatives. Un éclectisme qui imprègne également la scène culinaire, sémillante – et étoilée –, de la capitale. Les cuisines fusion chifa et nikkei, respectivement infusées de saveurs chinoises et japonaises, s’ajoutent aux grands classiques de la gastronomie traditionnelle péruvienne, causa limeña, papas a la huancaína et incontournable ceviche. De quoi tenir jusqu’à Arequipa.
AREQUIPA, 2335 MÈTRES
Sur le quai de la gare, l’Andean Explorer (Belmond) attend ses passagers. Une poignée de privilégiés s’apprêtant à regarder les Andes sous un angle unique, enveloppés d’un confort digne des meilleurs hôtels. On prend possession de sa cabine, une suite cosy à la décoration élégante, où les réfé-
rences coloniales s’acoquinent d’éto es traditionnelles tissées à la main. De grandes fenêtres brouillent les frontières entre intérieur et extérieur. Dehors s’éloigne déjà Arequipa. Cette étonnante “cité blanche” perchée à plus de 2 335 mètres d’altitude est un exemple épatant de la fusion des architectures native et espagnole. Des motifs baroques décorent les façades en sillar, pierre blanche d’origine volcanique ayant notamment servi à bâtir le monastère Santa Catalina (XVIe siècle), plus grand couvent du monde (deux hectares) – un village. Les environs du Misti, géant de 5 800 mètres, loin de détenir le record d’altitude du pays, sont de véritables montagnes russes. Au pied des volcans qui irtent avec les nuages, des failles s’enfoncent dans les entrailles de la terre. Les versants du canyon du Colca, second canyon le plus profond du monde (3 400 mètres), ont été aménagés par les Collaguas. Sous le regard du grand condor, ils y ont suspendu d’incroyables cimetières et de proli ques cultures en terrasses, dès le VIIe siècle. De l’autre côté du Huarancante, dans les grottes de Sumbay, des femmes et des hommes paléolithiques ont dessiné sur la pierre près de 500 humains, animaux et formes géométriques. Six mille ans plus tard, on sillonne les Andes par le rail.
LAC TITICACA, 3800 MÈTRES
Après avoir traversé les plaines sauvages et esseulées de l’Altiplano, le train marque une pause au bord du lac Saracocha à l’heure où le soleil se couche. Les derniers rais de lumière glissent avec douceur sur les sommets. Quand le train reprend sa marche en direction de Puno, la nuit s’est installée pour de bon. Les notes acidulées du pisco sour annoncent la première soirée à bord. Derrière le bar, le shaker s’agite énergiquement, les doigts virevoltent sur les touches noires et blanches. Délicieuse cacophonie de piano-bar. Tenues distinguées, atmosphère feutrée, assiettes stylisées, le dîner a quelque chose de princier qui contraste fortement avec le dépouillement des hauts-plateaux. Le lendemain matin, les yeux s’ouvrent sur un lever de soleil inoubliable au-dessus du lac Titicaca, plus haut lac navigable du monde (3 800 mètres).
Puno (lac Titicaca)
Cuzco
(Machu Picchu) Vallée


Les notes acidulées du pisco sour annoncent la première soirée à bord. Derrière le bar, le shaker s’agite énergiquement, les doigts virevoltent sur les touches noires et blanches.
Délicieuse cacophonie de piano-bar.

Entre deux gorgées de café, on sonde cette immensité bleue à cheval entre le Pérou et la Bolivie. Là, entre terre et eau, des communautés Aymaras vivent sur les îles ottantes bâties dès le XIIIe siècle par les Uros grâce au totora, roseau avec lequel sont également fabriquées des embarcations bigarrées dont la forme évoque les drakkars. Du lac se détachent d’autres îles, des vraies cette fois. Des paillettes de volcan à l’image de Taquile, terre paisible de tisserands aux mains magiques où l’on déjeune avant de poursuivre vers le nord-ouest. On s’arrêtera pour la nuit dans la petite ville de Marangani.
CUZCO, 3339MÈTRES
En ce dernier jour à bord de l’Andean Explorer, le petit déjeuner avec vue sur les Andes sonne la n d’un voyage et le début d’un autre. On s’accorde une ultime séance de contemplation depuis le balcon panoramique, ouvert aux quatre vents. Dernière halte avant le terminus, le site archéologique de Raqchi (XVe siècle), centre administratif et religieux du peuple Kanchi, s’étendant sur près de mille hectares. Les vestiges d’un village de pierre et d’adobe – maisons,
greniers circulaires (colcas), fontaines, lieux de cérémonie, etc. – jouxtent ceux du temple dédié au dieu Viracocha. Un édi ce aux proportions originelles absolument prodigieuses, en partie soutenu par des colonnes, fait rarissime à l’époque préhispanique. En chemin pour Cuzco, les paysages se resserrent. Les plaines cèdent la place aux vallées. Celle du euve Urubamba, notamment, que l’on suit quelque temps. En gare de Wanchaq, le train se vide.
On se console : voici la capitale du Tahuantinsuyu, le nombril du monde – ou, tout du moins, de l’empire inca. À 3 339 mètres d’altitude, Cuzco cultive un art de vivre propre nourri par la rencontre entre cultures andines et esthétique baroque. Tout y est surprenant, des pommes de terre et autres tubercules du marché San Pedro aux peintures de l’église de la Compañía de Jesús – réalisée par l’école de Cuzco –, en passant par le Qorikancha, Temple du Soleil. Sans oublier l’incroyable forteresse de Sacsayhuamán, complexe inca monumental, érigé à deux kilomètres de Cuzco. Trois mille hectares sur lesquels s’élèvent depuis le XIVe siècle murailles, temples, tours – la plus grande construction inca de tous les temps.



LE MACHU PICCHU, 2430MÈTRES
Les wagons bleus et or de l’Hiram Bingham (Belmond) s’alignent le long du quai, auréolés d’un glamour typique des années 1920. Tout en boiseries, dorures et fauteuils capitonnés, il semble ouvrir une faille temporelle. Repas gastronomique, cocktails sophistiqués et musique d’ambiance lent la métaphore du ra nement alors que le train s’ébranle en direction d’Aguas Calientes. Cultures, canyons et rivières se succèdent. Depuis la voiture d’observation les pupilles sautillent de l’un à l’autre avec excitation. En n, protégée par les photogéniques montañas Machu Picchu et Huayna Picchu, elle apparaît, époustou ante : la citadelle de Pachacutec. Un million de livres et de lms ne su raient pas à nous préparer au choc. Le génie, la vision et la puissance du peuple inca. On ne comprend tout simplement pas. Il faut redescendre, retrouver la terre, ce qui a du sens.
L’Hiram Bingham nous laisse près de la forteresse d’Ollantaytambo, dans la Vallée Sacrée des Incas qui sait, elle aussi, accueillir à la perfection – spa, piscine et farm-to-table. On se mêle aux communautés des hautes terres autour des étals de fromages et herbes aromatiques – le marché de Pisac est entouré de terrasses cultivées depuis des siècles. À Maras, les terrasses ne sont pas vertes, mais blanches comme le sel. La Pachamama a ici donné naissance à une aberration géologique : des salines en plein cœur des Andes. Un étonnant
Alors que le train s’ébranle en direction d’Aguas
Calientes (…), elle apparaît, époustouflante, protégée par les photogéniques montañas Machu Picchu et Huayna Picchu: la citadelle de Pachacutec.
paysage alvéolaire composé de milliers de bassins alimentés par une source naturelle d’eau salée dont l’origine reste inexpliquée. Du côté de Moray, les terrasses sont concentriques, on fait dans l’expérimentation : un site de recherche agronomique tente, entre autres, de préserver les nombreuses espèces régionales de maïs. À plus de 3 560 mètres, le restaurant MIL Centro s’érige en laboratoire culinaire, distille, étudie et partage, porté par l’approche instinctive et organique du chef Virgilio Martínez. Une cuisine ré échie où brillent les écosystèmes endémiques. Un autre voyage marquant à travers les Andes. •
L’ESSENTIEL
POUR PARTIR
Y aller Selon votre ville de départ, vous rejoignez Lima, puis Arequipa en avion. Le retour se fait depuis Cuzco (via Lima).
Quand ? Réalisable toute l’année (de préférence de mai à décembre).
Durée Ce voyage a été réalisé sur 11 jours, dont 8 nuits à l’hôtel et 2 en train couchette.
Escales Tout au long du trajet, Voyageurs du Monde propose la découverte de certains quartiers et sites dans les pas d’un habitant (Like a friend) ou en compagnie d’un guide francophone privé. Et, à la demande, organise tous types d’activités, visites privées, rencontres personnalisées et réservations de tables.
Budget Prix sur demande pour l’ensemble du voyage (billets d’avion et train, hébergements, transferts, activités).
Contactez un conseiller Voyageurs du Monde au 01 84 17 21 60

3 BONNES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN 1
La dimension des paysages, souvent inaccessibles par d’autres moyens
2
Le spectacle de la vie locale, dans les gares, à bord des trains 3
Des itinéraires mythiques : Hiram Bingham au Pérou, Nariz del Diablo en Équateur, Chepe au Mexique, Wara Wara del Sur en Bolivie

À LIRE
DANS LE TRAIN
Patagonie Express de Paul Theroux (Grasset, 1988)


Parti en métro de sa maison du Massachussetts, l’auteur entame une traversée en train des continents américains, jusqu’en Patagonie. Des pentes de Fitzwilliam aux vents secs de la Pampa, des wagons de luxe aux tortillards, un voyage étourdissant.
Patagonia Tchou Tchou de Raúl Argemí (Rivages, 2019)
Deux hommes embarquent à bord de La Trochita, un train antédiluvien qui parcourt la Patagonie argentine à petite allure, dans l’idée de mener une prise d’otages. Une odyssée surréaliste où rien ne se passe comme prévu.
Trains de vie de Jean-Marie Laclavetine (Folio, 2005)
“Nos vies courent sur des rails. Parfois elles les quittent, pour le meilleur ou pour le pire…”, prévient l’auteur de ses onze nouvelles teintées d’ironie. Toutes sont liées à l’univers du train sous sa forme réelle ou métaphorique.
Encore plus de livres à la librairie Voyageurs ! 48, rue Sainte-Anne, Paris 2e

LES INCONTOURNABLES
PERURAIL & INCA RAIL
Le Pérou reste sans aucun doute le fer de lance des voyages en train en Amérique du Sud. Parmi les stars nationales : le PeruRail Titicaca relie Cuzco à Puno, sur les rives du lac Titicaca. Ses voitures bleues et jaunes filent à travers l’Altiplano sous le regard des cigognes et des flamants roses. Spectacle grandiose arrosé d’un pisco sour et d’un déjeuner gourmet. Autre vedette : l’ Inca Rail, au départ d’Ollantaytambo, entraîne ses passagers vers le Machu Picchu. Mention spéciale au wagon d’observation offrant une vue à 360° sur les paysages de la Vallée Sacrée.
LE CHIFFRE
4220
L’altitude à laquelle grimpe El Tren a las Nubes (le Train des nuages), en Argentine, en fait l’un des plus hauts trains du monde. Au départ de San Antonio de Los Cobres, dans le nord-ouest du pays, il grimpe rapidement pour atteindre son point culminant sur le viaduc de la Polvorilla. Un voyage strictement époustouflant.
© Daniel Dorsea, Ben Susi
COMMENT JOUER ?
Rayez dans la grille tous les mots de la liste ci-dessous. Ces mots sont toujours inscrits en ligne droite, horizontalement ou diagonalement, à l’endroit ou à l’envers. Quand ce sera fait, il vous restera 23 lettres : assemblez-les et vous découvrirez une phrase qui fait écho à cette édition dédiée au train.
AL BORAQ ANDEAN
EXPLORER
ARCTIC CIRCLE
AUBRAC
BERNINA (EXPRESS)
BRITISH PULLMAN
CALIFORNIA
ZEPHYR CANADIEN
CÉVENOL
CHEPE (EXPRESS)
CIRCUMETNEA
COASTAL PACIFIC
CÔTE-BLEUE
DARJEELING HIMALAYAN (RAILWAY)
DENALI STAR (TRAIN DU) DÉSERT
DOGU (EXPRESS)
DOLCE VITA (ORIENT EXPRESS)
EASTERN AND ORIENTAL (EXPRESS)
FLAM
FLYING SCOTSMAN
FUXING HAO
GHAN
GLACIER (EXPRESS)
GOLDEN CHARIOT
GOLDEN EAGLE
DANUBE (EXPRESS)
GOLDENPASS
HARAMAIN
HIRAM BINGHAM
INDIAN (PACIFIC) (LE TRAIN) JAUNE (INTERCITY) NOTTE
JACOBITE STEAM
KURANDA
LHASSA (EXPRESS)
LINHA DO DOURO
MADARAKA (EXPRESS)
NAPA (VALLEY
WINE TRAIN)
NARIZ DEL DIABLO NILGIRI (MOUNTAIN RAILWAY)
OCEAN ODONTOTOS
PILATUS
P OLAR BEAR (EXPRESS)
PRIDE OF AFRIC A
REUNIFICATION (EXPRESS)
ROCKY
MOUNTAINEER
ROVOS RAIL
ROYAL SCOTSMAN
SERRA VERDE (EXPRESS)
SETHU (EXPRESS)
SEVEN STARS IN KYŪSHŪ SHINKANSEN
SUNSET (LIMITED)
TAURUS (EXPRESS)
TRAIN D’ÉBÈNE
TRANSSIBÉRIEN
TREN A LAS NUBES
TREN DEL FIN
DEL MUNDO U TRINICHELLU
VENICE SIMPLON (ORIENT EXPRESS)
VIETAGE
WARA WARA
PRÉVOIR DE NE RIEN PRÉVOIR
LE VOYAGE DÉSORGANISÉ

Le train reste sans doute l’une des façons de voyager les plus propices à l’improvisation. Réserver son billet au dernier moment, descendre en cours de route, transformer une simple escale en parenthèse de plusieurs jours… Suivant cet état d’esprit, Voyageurs du Monde vous propose désormais de décider en temps réel de votre voyage. En lien permanent avec votre conseiller et le service de conciergerie francophone sur place, vous choisissez au jour le jour la direction et les options – étapes, hébergements, activités– de votre périple. L’inventivité et la capacité d’adaptation à l’écoute de vos émotions.
© Pia Riverola
PAR DESTINATION
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Voyageurs… en famille / en train / dans les îles
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