VOYAGEURS EN ESPAGNE
MADRID ANDALOUSIE BARCELONE
COSTA BLANCA — BILBAO — GALICE
ASTURIES BALÉARES — CANARIES

MADRID ANDALOUSIE BARCELONE
COSTA BLANCA — BILBAO — GALICE
ASTURIES BALÉARES — CANARIES
Paris 2e
55, rue Sainte-Anne
+33 (0)1 42 86 16 00
Bordeaux
35, rue Thiac
+33 (0)5 57 14 01 48
Bruxelles
23, chaussée de Charleroi
+32 (0)2 543 95 50
Genève
19, rue de la Rôtisserie
+41 (0)22 519 12 10
Grenoble
16, boulevard Gambetta
+33 (0)4 76 85 95 90
Lausanne
Rue du Grand-Chêne 6
+41 (0)21 519 10 65
Lille
147, boulevard de la Liberté
+33 (0)3 20 06 76 25
Londres
First Floor
111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)
+44 (0)20 7978 7333
Lyon 2 e
5, quai Jules-Courmont
+33 (0)4 72 56 94 56
Marseille 1 er
25, rue Fort-Notre-Dame
+33 (0)4 96 17 89 17
Voyageurs en Espagne
01 83 64 79 06
8, rue du Palais des Guilhem
+33 (0)4 67 67 96 30
Montréal
295, rue de la Commune Ouest
+(1) 514 722 0909
Nantes
13, rue du Moulin
+33 (0)2 40 20 64 30
Nice
4, rue du Maréchal Jo re
+33 (0)4 97 03 64 64
Québec
540, rue Champlain
+(1) 418 651 9191
Rennes
31, rue de la Parcheminerie
+33 (0)2 99 79 16 16
Rouen
17-19, rue de la Vicomte
+33 (0)2 32 10 82 50
Strasbourg
16, rue Sainte-Barbe
+33 (0)3 88 15 29 48
Toulouse
26, rue des Marchands
+33 (0)5 34 31 72 72
Zurich
Löwenstrasse 11
+41 (0)44 503 52 60
Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com
Voir un peu plus loin. Toujours. Sinon risquer de passer à côté de la réalité. À côté de l’ensemble des communautés qui disparaissent trop souvent dans l’ombre de la Catalogne et de sa capitale, Barcelone, ou de l’Andalousie et de la belle Séville. Quels visages ont l’Estremadure, les Asturies ou la Galice? Et les Baléares? Quels chefs-d’œuvre de la nature manquerions-nous si nous n’allions pas trouver cette finca enfouie dans les terres ibicencas ? Telle est l’ambition de cette édition consacrée à l’Espagne: vous mener à la rencontre d’un pays multiple, ouvert, dynamique, têtu, dont la fougue est inscrite dans son ADN. La fougue et aussi l’irrévérence, celle du mouvement phare de la contre-culture espagnole: la movida, qui renaît, plus sage, mais prend toujours l’époque par les cornes. Son berceau, Madrid, reste ainsi un grand laboratoire de créativité. Une qualité commune à tout un pays qui a façonné de grands talents dans l’art, l’architecture, la gastronomie… À vous de voir. Plus loin.
JEAN-FRANÇOIS RIAL
Pdg de Voyageurs du Monde
4
Cartographie L’Espagne en un clin d’œil.
L’esprit Voyageurs du Monde Notre façon d’aborder le monde.
8
Les services Nos attentions pour voyager en toute fluidité. 12
Portfolio
Les compositions géométriques du photographe Yosigo.
20
Book lovers
Une sélection des libraires Voyageurs du Monde
Voyageurs en Espagne 22 Culture
Madrid et la movida : 40 ans d’irrévérence.
28
L’Andalousie
L’âme andalouse, riche d’un héritage culturel foisonnant, ne cesse de séduire.
38
Séville
Découverte de la ville au rythme des festivités de la Semaine sainte.
40
Portrait Ricardo Bofill (1939-2022), l’architecte de la modernité.
44 Barcelone
Festive et cosmopolite, la capitale catalane poursuit sa mue avec succès.
50
La Costa Blanca
Une costa aux charmes encore nombreux malgré son industrie touristique.
52
Food À Saint-Sébastien, le pintxo, version basque de la tapa espagnole, est un rendez-vous culinaire d’exception.
56
Bilbao
Depuis 1997 et son musée Guggenheim, Bilbao rayonne dans le monde entier.
60
Un désert spectaculaire : l’Ouest américain au Pays basque !
62
Une principauté toute simple, entre montagnes et océan.
70
Pop culture
Les Grands d’Espagne.
74
Naturel méditerranéen charismatique et art de vivre en paix.
84
Au large du Sahara marocain, huit îles comme autant de parenthèses tropicales.
88
Sa capitale, Saint-Jacquesde-Compostelle, en fait une destination incontournable et ouverte sur le monde. 68
L’usage du monde
Dix mots ou expressions à connaître pour parfaire votre culture. ¡ Olé !
La Corogne Lugo
Saint-Jacques-de-Compostelle
Quelques repères
• Durée du vol depuis
Paris : environ 1 h 50 vers Ibiza, 1 h 35 vers Barcelone, 1 h 25 vers Bilbao, 2 h 05 vers Formentera…
• Point culminant : le mont Mulhacén, au sud de l’Espagne dans la chaîne de la Sierra Nevada, avec environ 3 480 mètres.
• Côtes : 4 964 kilomètres.
• Plages : plus de 600 plages ont le label de qualité Pavillon Bleu (2019).
• Population : 46,72 millions d’habitants (2018).
• Langues : le castillan (langue o cielle parlée dans tout le pays), le basque, le catalan, le galicien et l’aranais sont les langues co-o cielles des communautés autonomes.
Gijón
Pontevedra
Tui
Vigo
Baiona
Portugal
Monforte de Lemos
Orense
Ribadesella
Llanes
CASTILLE-ET-LEÓN
Bilbao Saint-Sébastien
Vitoria-Gasteiz
Logroño
LA RIOJA
Pampelune
Tudela
Soria
Guadalajara
Huesca
ARAGON
Saragosse
Teruel
Cuenca
CASTILLE-LA-MANCHE
Albacete
Castellón de la Plana
COMMUNAUTÉ VALENCIENNE
Valence
Gandie
Dénia
Calp
Lérida
Reus
CATALOGNE
Barcelone
Sitges
Tarragone
Cadaqués
Figueras Besalú
Vic Gérone
Ciutadella
Huelva
Sóller Pollença Artà
Palma de Majorque
Majorque
Plasence
Alicante
Elche
MURCIE
Murcie
Almería
Ibiza
Mahon
Minorque
La Palma
La Gomera
El Hierro
Portinatx Formentera
Ibiza
Tenerife
La Laguna
Fuerteventura
Lanzarote
Grande Canarie
Parce qu’on n’a pas envie de la même chose à 2 ou 12ans, nos conseillers visent à satisfaire tous les goûts et tous les âges: un atelier sur le thème de la crème glacée traditionnelle à Séville, ladécouverte d’une bananeraie familiale à Tenerife, une chasse aux trésors à Cadaqués, Goya et Vélasquez expliqués aux plus jeunes, un cours de yoga parents-enfants à Ibiza, la visite privée du Camp Nou avec un journaliste sportif pour les ados mordus de foot… Et la certitude, pour les parents, de pouvoir voyager l’esprit tranquille.
À vos côtés, dans chaque ville, pour vous la faire découvrir. À Cordoue, par exemple, en compagnie de Ricardo, globe-trotter infatigable ayant vécu à Londres, Cork, Paris et Neuchâtel. Il vous entraîne dans les ruelles et recoins cachés de sa ville natale pour partager sa culture et la gastronomie andalouse. Promenade relax et improvisée, où l’on avance en fonction des envies de chacun et du calendrier local.
250
142
concierges à travers le monde, dont 4 sur l’Espagne, veillent sur vous et exaucent vos souhaits à chaque instant.
Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage des destinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.
conseillers, dont 17 experts de l’Espagne. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.
26
100 %
carbone absorbé La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.
di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.
arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Philippe Romero Insolite Batisseur Foundation.
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nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.
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pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.
Cités des Voyageurs : 13 en France, 3 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.
maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.
Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.
Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.
Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.
Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde a développé un outil aérien spécifique et participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.
Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.
L’app Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Elle joue lesguides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées par genre (restaurants, boutiques, musées…).
Adresses gastronomiques, spots préférés des locaux, haute saison, Voyageurs du Monde anticipe et réserve votre table à l’avance. Des lieux testés et approuvés à retrouver sur l’app et dans votre carnet de voyage.
Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).
Welcome!
Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.
Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident.
L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis!
Pré-seating; cartes d’embarquement reçues la veille ; sur demande, enregistrement de vos bagages à domicile à Paris et dans le 92 (sur vol aller Air France et au départ de CDG uniquement) et transferts aéroports… : vos formalités réglées en un clin d’œil.
À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.
Au départ de CDG, sur les vols éligibles, notamment ceux d’Air France, même en classe éco, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé : les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont prévus pour vous.
Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.
Le quotient émotionnel
Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap: en Galice, à Séville, Bilbao ou ailleurs, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.
Son œil est a ûté et la puissance esthétique de ses images saisissante. Basque installé à Barcelone, le photographe José Javier Serrano, aka Yosigo (surnom qui exprime l’idée d’“aller de l’avant”), est graphiste de profession. Passionné par les structures des immeubles, dont les formes évoluent au gré de la lumière du soleil, il parvient à insu er de la beauté à la banalité du quotidien.
Complexe et chaleureuse Espagne. Nation aux identités et régionalismes multiples, qui parle tantôt castillan, tantôt catalan, galicien ou basque, l’Espagne est coutumière du syndrome lost in translation. Cette sélection des libraires Voyageurs du Monde vous aidera à mieux comprendre ce flamboyant pays.
Théâtre
Noces de sang de Federico García Lorca
Gallimard/Folio
Inspirée d’un fait divers, Noces de sang est une pièce majeure dans l’œuvre de Federico García Lorca. Lepoète et dramaturge y met en scène, sous le soleil brûlant d’un village andalou, une histoire de révolte. Celle des femmes envers leur condition et celle de l’auteur envers une société assoi ée de pouvoir et d’argent. Un texte s(a)igné en 1931, qui décrit la violence sous-jacente d’une Espagne patriarcale et extrêmement pauvre.
Essai
Espagne –La passion de l’identité de Luis Lema
Nevicata/L’Âme des Peuples
Invasions musulmanes, Reconquista et franquisme hier, prospérité puis récession aujourd’hui. Qu’est-ce qu’être Espagnol à l’heure de la montée du nationalisme, de la crise catalane et des multiples identités régionales? Ce court essai complété d’entretiens décrypte l’histoire de l’Espagne et sa politique actuelle. Un éclairage essentiel pour mieux comprendre nos voisins transpyrénéens.
Roman
Confiteor de Jaume Cabré Actes sud/Babel
Adrià, un homme vieillissant, écrit une lettre à sa femme. Au gré de sa mémoire vacillante, il nous fait voyager dans ses souvenirs personnels et dans les pans les plus sombres de l’histoire européenne (Inquisition, nazisme, franquisme). Confiteor (en latin, “je confesse”) est un roman rare, foisonnant (900pages), fascinant et érudit. Traduit du catalan, il est une somme incontournable, un phénomène littéraire qui exige concentration et ténacité, mais qui en vaut la peine.
Beau livre
Mallorca de Michael Poliza teNeues
Les salines d’Es Trenc, la plage de Cala sa Nau, le phare de Cap Formentor… Majorque et sa beauté légendaire se dévoilent sous l’objectif du photographe allemand Michael Poliza. Vues aériennes et clichés aux couleurs vives donnent à voir une variété de paysages époustouflante. Et la plus grande des îles des Baléares, malgré son tourisme de masse, parvient encore à nous surprendre. C’est heureux.
Cuisine
Ibiza entre terre & mer –100 recettes ensoleillées de Françoise Pialoux
La Martinière
L’auteure, dite “Mimine”, est une figure locale d’Ibiza. Propriétaire de l’hôtel
LesTerrasses (lire p. 81), elle est aussi une excellente cuisinière. Les plats qu’elle concocte essentiellement à partir des produits de son potager ravissent immanquablement ses hôtes. Les recettes, accompagnées de photos solaires et gourmandes, sont assez faciles à réaliser. Un ouvrage et une adresse chaudement recommandés par Voyageurs du Monde.
Un passage obligé !
On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller.
48, rue Sainte-Anne, Paris IIe
In vino veritas
Avec près de 3000heures d’ensoleillement par an, leclimat espagnol est favorable aux êtres humains en manque de vitamine D, mais également aux nombreux vignobles qui parsèment le pays. Parmi les plus connus, ceux de larégion de LaRioja (nord de l’Espagne), répartis sur troisgrands terroirs – Rioja Alavesa, Rioja Alta et Rioja Baja–, qui peuvent tout à fait justifier un road-trip des plus gouleyant.
Au gré des villes et villages, champs de vignes, caves, bodegas, vinothèques, musées, visites et dégustations sesuccèdent. Sur la route des vins de la Rioja Alta, passage obligé par la capitale, Haro, berceau du fameux Viña Ardanza, mélange des cépages Garnacha (20%) et Tempranillo (80%), et par Laguardia, doté d’un Centre thématique du vin (Villa Lucía). Sur celle de la Rioja Alavesa, surprise de découvrir aussi bien des vins élevés dans des grottes médiévales que des crus d’avant-garde. Et si, entre chaleur et vapeurs d’alcool, latorpeur vous gagne, l’hôtel Marqués de Riscal, signé Frank Gehry, àElciego, o re une pause exquise bordée de prestations haut de gamme et d’un spa… Vinothérapie ! L’abondance continentale ne doit cependant pas masquer les richesses insulaires des Canaries, et particulièrement deLanzarote. LaGeria, lapittoresque route des vins locale, révèle des vignes pluricentenaires (en blanc, lemalvasia; en rouge, le listán negro), nourries de lave solidifiée et de cendres volcaniques. Unterroir minéral, on ne peut plus naturel, qui ne saurait mentir sur la qualité du nectar versé à votre coupe.
Au tout début des années 1980, Madrid voit naître le courant le plus marquant et exubérant de la contre-culture espagnole. Quarante ans plus tard, dans le sillage du mouvement des Indignés, une nouvelle vague, pleine d’énergie mais sans doute plus sage, déferle sur le monde.
Alaska, Pedro y Fabio, par Pablo Pérez-Mínguez, 1979-1985.
La scène se déroule à Madrid, une nuit d’octobre 2016, dans le quartier de Chamberí. Trente-et-un ans après avoir tiré le rideau de fer, le Rock-Ola rouvre ses portes. La nouvelle rebondit dans la capitale et au-delà. Et pour cause… Bien qu’elle ait été déplacée et sa capacité réduite, cette salle de concerts reste l’un des lieux emblématiques de la movida. Quaranteans après ses premières vibrations dans le quartier de Malasaña, la grande vague de transgression culturelle qui a chahuté l’Espagne à la chute de la dictature franquiste et jusqu’à la fin des années 1980, trouve encore écho. À l’époque, les mouvements de révolte inspirés des courants punk, le Rollo underground en tête, ne se souciaient guère du futur.
“Le mot d’ordre était de s’amuser sans frein, d’envoyer valdinguer l’ordre moral, d’user d’une liberté sans limites”, confiait Pepo Perandones, propriétaire historique du Rock-Ola au quotidien Libération. Une libération joyeuse et explosive menée par une jeunesse pourtant née après la période la plus sombre de la dictature mai uve sa rédemption dans la fête, le sexe, et les drogues en tout genre (“hacer una movida” désigne le fait de se rendre en banlieue pour s’approvisionner).
De plus, le contexte politique est favorable. Dans la municipalité de Madrid, siège du pouvoir socialiste, et sous la bienveillance d’un maire, Enrique Tierno Galván, juriste et philosophe qui a connu les geôles et
l’exil, l’onde ne cesse de gonfler. Mais surtout, cette remise en cause des carcans sociétaux, religieux et familiaux s’exprime tous azimuts: dans la musique, la peinture, le cinéma, la bande dessinée, la photographie. “Quand une ville, un pays, et toute une jeune génération fait l’expérience brutale d'une liberté à laquelle ses parents et grands-parents n’avaient même pas accès, cela crée une vraie fraîcheur. C'est ça la movida: une époque aussi amusante qu’artistiquement stimulante”, témoigne le photographe Miguel Trillo, dont les images, comme celles de Pablo Pérez-Mínguez, Ouka Leele ou Alberto García-Alix, racontent les jours et surtout les nuits déjantées de cette génération.
Et Madrid créa Almodóvar…
Un portrait réalisé au début des années 1980 par Pérez-Mínguez réunit trois icônes de la movida. Elle, cheveux noirs crêpés, guêpières, cuissardes et jupes en cuir, s’appelle Alaska, chanteuse des Kaka de Luxe, puis des Pegamoides, qui enflammait de paroles blasphématoires la scène du Rock-Ola, mais aussi de El Penta ou de la Vía Láctea, des bars ou clubs qui ont également ressuscité. Accrochés à ses hanches, deux hommes grimaçants. Le premier, look androgyne, balafres de maquillage, deviendra l’une des muses du second. C’est l’acteur Fabio McNamara, alias Fanny. L’autre, blouson noir, cheveux de geai ébouri és et moue distordue, a des airs de mau-
Souvent écartée par les voyageurs qui lui préfèrent
Barcelone ou Bilbao, Madrid demeure, pour les acteurs de la culture espagnole, un lieu de passage inévitable.
vais garçon au cœur sensible. Comme beaucoup, il a quitté sa campagne natale d’Estrémadure et fui l’éducation religieuse qui lui était destinée pour tenter sa chance dans la capitale. Entre les petits boulots et un duo punk avec Fanny, le jeune Pedro saisit la caméra (une Super-8) pour exprimer une sensibilité en pleine osmose avec la movida. Sentiments débridés nourris de confusion entre les sexes, la fiction et la réalité, le drame et la comédie. Et Madrid créa Almodóvar. Dès son premier long-métrage distribué en 1980, Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, le cinéaste donne au phénomène une résonance internationale. Il signe le début d’une longue carrière et de sa relation avec des actrices comme Carmen Maura et Cecilia Roth. Certaines scènes du film se jouent dans l’appartement des Costus, couple d’artistes formé par Enrique Naya Igueravide et Juan Carrero Galofré, alors l’équivalent madrilène de la Factory d’Andy Warhol. Huit ans plus tard, Femmes au bord de la crise de nerfs, nominé aux Oscars, marque la consécration hors des frontières du réalisateur. Almodóvar s’envole au firmament planétaire au moment où, à Madrid, se referme la “parenthèse enchantée”. La movida, après avoir dépassé les remparts de la ville et gagné Barcelone, Bilbao, Séville et Malaga, s’éteint progressivement. Les overdoses, l’apparition du sida, les tentatives de récupération politique ont sonné le glas de la fête.
Une “re-movida” ?
Cependant, Madrid reste un grand laboratoire de créativité. Souvent écartée par les voyageurs qui lui préfèrent Barcelone ou Bilbao, la capitale demeure, pour les acteurs de la culture espagnole, un lieu de passage inévitable. À Malasaña, Chamberí, la Prosperidad ou Chueca, le quartier gay, les murs ont gardé leurs gra tis et les clubs mythiques font à nouveau du bruit. Au-delà de l’élan nostalgique, la jeunesse madrilène détient une énergie qui déferle dans la musique, les arts, la mode. Les sociologues analysent
les similarités entre la génération des baby boomers, actrice de la movida, et celle qui a vu naître le mouvement des Indignés (ou 15-M), le 15mai 2011. Si l’envie de bousculer l’establishment est très présente en chacune, la méthode di ère –les Indignés, assembléistes, sont aussi organisés que la movida était spontanée et bordélique.
Mais la créativité des “Gatos” (surnom des Madrilènes) est telle que la “revista” dominicale d’El Mundo parle de “re-movida”. Avec plus de 7000représentations par an, le théâtre est l’un des lieux d’expression de cette e ervescence improvisée avec les moyens du bord. De son côté, le cinéma d’auteur a trouvé l’héritier d’Almodóvar, version plus sombre, en la personne d’un réalisateur né en 1980, Carlos Vermut.
La mode n’échappe pas non plus à ce renouveau et a aussi ses égéries excentriques, telle Sita Abellán (quelque 910000 abonnés sur Instagram en février 2025), courtisée par des marques établies. La “techno princesse” exporte son style de Milan à New York, à l’instar d’Alejandro Gómez Palomo, prince andalou du genderless dont les défilés de garçons en robes longues et l’univers almodóvarien agitent les fashion week du globe. Rossy de Palma, actrice fétiche du réalisateur de La Loi du désir (1987) et Kika (1993), a défilé pour Palomo, très proche de la jeune artiste Aaliyah Rosales, quasi-sosie de De Palma et muse de la scène mode madrilène. À l’évidence, Madrid inspire le monde et c’est finalement aussi à cela que l’on reconnaît la movida.
VOYAGEURS DU MONDE
À votre écoute pendant tout votre voyage, notre conciergerie francophone est à même d’organiser une visite thématique aux côtés d’un spécialiste. À Madrid, dans le quartier de la Malasaña, vous pouvez notamment passer en revue les lieux emblématiques de la movida des années 1980.
Cœur historique de l’Espagne, la cosmopolite Madrid a rme depuis quelques années un dynamisme retrouvé. Fière de son identité culturelle, la capitale se découvre au fil de lieux emblématiques comme le musée de la Reina Sofía, mais aussi d’espaces alternatifs tel le café-librairie-galerie Swinton & Grant, stop obligatoire pour tout passionné d’art contemporain. Austère sous le règne des Habsbourg, classique sous celui des Bourbons ou délurée pendant la movida, l’architecture madrilène (1) o re un foisonnement de genres et de styles. À ne pas louper: la visite des Torres Blancas (2), bâtiment en béton conçu en 1961 par Francisco Javier Sáenz de Oiza. Côté mode, direction le (très cool) quartier Conde Duque et son concept-store pour hommes Sportivo. Dans le quartier de la Latina, coup de cœur pour Cocol (3), une boutique souvenirs 100% artisanat. Passez à table chez Dos Cielos Madrid, situé dans les anciennes écuries d’un luxueux palais, ou au Restaurante Sacha, pour de bons plats traditionnels dans un bistrot éclairé à la bougie.
Dans le barrio de Salamanca, vous posez vos valises au Tótem Madrid (4), point de chute minimaliste idéal pour une première visite dans la capitale. À quelques rues de là, se cache dans un ancien palais du XIXe siècle le luxueux et ra né hôtel Único. Dernière adresse: le Principal (5), pour son rooftop et ses vues sur le mythique immeuble Metrópolis.
GRENADE — CORDOUE — CAMPIÑA — CARMONA
ÚBEDA — BAEZA — JAÉN — ALBAICIN — CADIX
MALAGA — RONDA — JEREZ — EL ROCÍO
Des cités tels des joyaux, mais aussi, plus modestes, des campagnes ocre et des villages blancs. Partout, la même élégance mudéjare.
L’âme andalouse, riche d’un héritage culturel foisonnant, ne cesse de séduire.
L’architecture traditionnelle arabo-andalouse du village de Vejer de la Frontera, dans la province de Cadix.
Ayamonte
À l’embouchure du río Guadiana, le village vit au rythme de la criée matinale, du va-et-vient des bateaux et des terrasses qui s’animent en soirée. De longues plages bordent l’océan. En face, c’est l’Algarve.
Cadix
Si elle est l’une des plus vieilles villes d’Europe, elle n’en est pas moins “en vogue”. Pourquoi ?
Une gastronomie tendance, d’excellents vins, des galeries d’art, mais aussi trois parcs naturels, des montagnes et de nombreuses plages…
Tarifa
Point de rencontre intercontinental, c’est aussi le lieu où soufflent Poniente (vent d’ouest) et Levante (vent d’est). Une véritable bénédiction pour les véliplanchistes, surfeurs et kitesurfeurs…
Marbella
Le vieux Marbella rivalise avec les plus beaux pueblos blancos. Aux portes de la ville, dunes et plages sauvages sur lesquelles la Sierra Blanca veille. Plus loin, celle de Las Nieves est classée réserve de biosphère.
Cabo de Gata
C’est l’Andalousie littorale sans béton, après les serres d’Almería. Le parc naturel volcanique de Cabo de Gata déploie ses gorges et garrigues plongeant à pic, entrecoupées de salines, criques et villages de pêcheurs.
Séville, Cordoue, Grenade: les grandes cités andalouses, trésors de l’ère musulmane érigés de témoins architecturaux inimitables, palais Renaissance et églises gothiques, sont les pierres angulaires d’un itinéraire à travers l’Espagne méridionale. Mais pour sentir toute l’âme de l’Andalousie, il faut s’autoriser détours et haltes, respirer le parfum de l’arrière-pays qui déroule de vastes plaines de champs d’oliviers, châteaux dressés en nids d’aigle et villages immaculés endormis à l’heure de la siesta, cultivant l’élégance mudéjare.
Mélange des cultures et harmonie
Un dernier regard sur la Giralda avant de mettre le cap sur la Campiña, à l’est de Séville, où les champs de céréales alternent avec les fincas. Certaines de ces fermes d’élevage familiales ouvrent leurs portes aux visiteurs afin de leur faire découvrir l’histoire des chevaux pure race, symbole de la culture andalouse. D’autres, dans leurs haciendas ont aménagé quelques chambres et une table d’hôtes. Juchée sur un tertre, Carmona dissimule derrière ses murailles une jolie cité médiévale aux allures de médina. Puis, voici Cordoue, incarnation du mélange des cultures et de l’harmonie entre les peuples. La Judería (La Juiverie), le vieux quartier juif, se blottit autour de l’immense mosquée-cathédrale. La forêt de colonnes de marbre rouge et blanc de la Mezquita
fait partie de ces images qui marquent l’esprit voyageur.
La route se poursuit à travers les oliveraies pour gagner Úbeda et Baeza, classées à l’Unesco, qui partagent la finesse de l’architecture et la splendeur Renaissance. La ville de Jaén dévoile, elle, un héritage fabuleux du royaume d’Al-Andalus. Cachés sous un palais, les bains arabes du XIe siècle incarnent un modèle de perfection architecturale. Plus au sud encore, Grenade, sur les contreforts de la Sierra Nevada. La fusion des cultures a fait naître ici une beauté et une richesse historiques sans pareilles, qui trouvent écho dans la poésie de l’enfant du pays, Federico García Lorca.
Depuis les fenêtres de la citadelle-joyau de l’Alhambra, la lumière rasante du soleil couchant magnifie le vieil Albaicin, découpe ses ruelles pentues et ses cármenes, ces anciennes villas entourées de jardins clos.
Les œuvres d’art urbain fleurissent sur lesmurs du quartier juif du Realejo, tandis que des maisons troglodytes du Sacromonte s’échappent des accords de flamenco. Nouveau crochet, plein ouest cette fois.
Au détour des collines, dans l’arrière-pays de Cadix et Malaga, se dressent fièrement les pueblos blancos –ces petits bourgs aux maisons blanchies à la chaux décorées de fleurs éclatantes, terres de vestiges romains, mauresques et chrétiens.
Le village d’El Rocío surprend par son décor de western –rues en terre battue et maisons aux allures de saloon.
Ronda a la particularité d’être scindée en deux par la profonde gorge d’El Tajo. Ses arènes, parmi les plus anciennes d’Espagne, ont vu naître de grandes dynasties de toreros. À la tombée du jour, la vue en contrebas sur l’imposant Puente Nuevo ravit l’œil du photographe. Un chapelet de villages blancs émaille lescontreforts du parc naturel de la Sierra de Grazalema.
Beautés terrestres et aquatiques
Encastrée dans des falaises calcaires monumentales aux eaux abondantes, la forteresse maure de Zahara de la Sierra trône fièrement sur la vallée. Le belvédère laisse apparaître un lac, qui vient ajouter une note turquoise aux dégradés de vert. Le fleuve Guadalete coule aussi au pied d’Arcos de la Frontera, gros bourg meringue bâti en étages, dont les ruelles serpentent jusqu’à la basilique et son promontoire spectaculaire.
À Jerez, le Mercado de Abastos, dont les façades extérieures en pierre sont décorées de céramiques émaillées, déploie un florilège coloré d’étals de produits du terroir andalou, en provenance de la côte Atlantique toute proche ou directement des vignes et vergers voisins.
L’École royale andalouse d’art équestre de Jerez présente l’un des plus beaux ballets au monde.
Entre l’embouchure du Guadalquivir et Mazagón, le parc national de Doñana –plus vaste marais du continent européen– rappelle la Camargue française. Lagunes et canaux s’entremêlent dans ce labyrinthe terrestre et aquatique, puis laissent place aux étendues de sable blanc, orange ou ocre, dominées par des falaises où les oiseaux font halte en période de migration. Aux abords du parc, le village d’El Rocío surprend par son décor de western –rues en terre battue et maisons aux allures de saloon. Ici, on discute, on trinque, on danse et on se déplace à cheval et en charrette. Chaque année, une foule hétéroclite de pèlerins vient célébrer la “Virgen del Rocío”, lors du pèlerinage de la Pentecôte, aux rythmes des chants et des danses andalous et gitans. À quelques kilomètres, l’Andalousie littorale déroule ses “Costa” (de la Luz et del Sol), entre bétonisation outrancière et refuges préservés, comme des secrets bien gardés…
VOYAGEURS DU MONDE
Nos conseillers dessinent avec vous un itinéraire andalou au fil des paradores. Ces établissements ont investi les murs d’anciens châteaux, monastères et autres édifices historiques, offrant une expérience hôtelière privilégiée.
Malaga : le boom culturel
Pour se défaire des clichés et se forger une identité plus substantielle que celle du triptyque “fiesta, sol y sangria”, Malaga mise sur l’art et la culture. Une politique municipale tenace a rendu possible ce renouveau culturel, impulsé par la filiation de Picasso avec Malaga et des ouvertures d’envergure internationale – le Centre d’art contemporain en 2003, le musée Carmen Thyssen en 2011. L’année 2015 a également vu l’implantation de la collection du Musée russe de Saint-Pétersbourg, composée d'un fonds d’œuvres d’art russes renouvelé chaque année, ainsi que de l’antenne du Centre Pompidou Malaga. À ces projets institutionnels s’ajoutent des initiatives plus alternatives, à l’image du projet Malaga Arte Urbano en el Soho (Maus), quartier périphérique réhabilité en musée d’art urbain en plein air, ou de la Casa Amarilla, espace dédié à la promotion des artistes.
C’est à Séville que l’on s’acclimate à la douceur andalouse. L’architecture mudéjare (1) et l’incontournable Real Alcázar, témoins de l’histoire mauresque de la ville, émerveillent toujours autant. Moins connus, la Casa de Pilatos et le Palacio de la Dueñas pour flâner sous les odeurs de fleurs d’orangers et les bougainvilliers. El Rinconcillo, plus ancienne et charmante taberna de Séville, propose croquetas, jambon serrano ibérique et poivrons grillés depuis plus de trois-cent-cinquanteans.
Pour les passionnées d’azulejos et de céramiques anciennes (2), rendez-vous shopping chez Populart. Pour le dîner, il faut choisir entre Contenedor pour sa slow-food dans le quartier bohème de Macarena ou Petit Comité, bistrot intimiste de plats andalous.
Le voyage continue plus au sud, sur la route des villages blancs (3), avec les ruines romaines de Santiponce, le village d’Algatocín, les bains arabes et les arènes de Ronda, les façades immaculées de Mijas (4)… À quelques kilomètres de Tarifa, on s’installe sur les dunes de sables de Playa de Bolonia, en imaginant au loin Tanger et l’Afrique.
PLACE TO BE
Ra nement et art de vivre à l’Hacienda de San Rafael, domaine familial niché au cœur des oliviers, à mi-chemin entre le centre de Séville et Jerez. Halte romantique à la Fuente de la Higuera, ancien moulin à quelques minutes de Ronda. Côté finca, on craque pour la Donaira (5), ses couleurs douces, ses meubles design et ses vieilles pierres. Fin de séjour à El Carligto (6), pour son panorama et sa déco rustique-chic.
Découverte de la capitale de l’Andalousie au rythme des festivités de la Semaine sainte. Ou quand dévotion rime avec flamenco.
Au premier plan, la Torre del Oro se mire dans les eaux paisibles et rafraîchissantes du Guadalquivir qui traversent la ville avant d’aller se jeter dans l’océan. Plaza de España, Giralda, palais Renaissance, églises gothiques, façades couvertes d’azulejos et patios ombragés aux e uves de fleur d’oranger font o ce de décor. Àla tombée du jour, les airs de guitare de l’ancien quartier gitan de Tirana font écho aux éclats rieurs qui s’échappent des bars à tapas de SantaCruz. On s’imprègne de la douceur de vivre d’une Andalousie qui n’aime rien tant que les rencontres et la fête. Et de fête, il en est une qui surpasse toutes les autres. Chaque année, du dimanche des Rameaux à celui de Pâques, l’Espagne célèbre la Semaine sainte, l’un des événements religieux les plus importants du pays.
À Séville, la tradition est très intense et revêt une dimension spirituelle et esthétique absolument unique. Pendant une semaine, le cœur de la ville entière bat au rythme des processions. Une foule de plusieurs dizaines de milliers de Sévillans et visiteurs, croyants et non-croyants, se mêle aux quelque cinquante hermandades pour commémorer la mort de Jésus-Christ. Les membres
de ces confréries revêtent leurs costumes traditionnels et traversent la ville depuis leurs églises respectives jusqu’à la cathédrale, en passant par la carrera oficial (itinéraire o ciel). Les processions comportent deux ou trois pasos –grandes plates-formes décorées de représentations religieuses– escortés de Nazarenos, pénitents vêtus d’une tunique et masqués de hautes cagoules coniques. Les cortèges s’accompagnent de tambours et trompettes, d’encens et parfois de saetas, ces émouvantes chansons flamencas entonnées a capella par les Espagnols depuis leurs balcons, pour honorer les confréries. La ferveur prend fin avec la résurrection du Christ. Les costumes sont rangés, les chars démontés, mais le répit n’est que de courte durée. Quelques jours plus tard s’ouvre la Feria de Abril –festivités, festins et flamenco: l’essence même de Séville.
VOYAGEURS DU MONDE
Pour sentir battre le pouls de Séville, expérimentez la ville aux côtés d’un(e) habitant(e). Laissez-vous guider par notre Like a friend au hasard des ruelles ou sur une thématique particulière (gastronomie, architecture, arts), et vivez la Semaine sainte depuis un balcon privatif avec vue directe sur toutes les processions.
En près de soixanteans de carrière, ce Catalan visionnaire a développé, à travers une centaine de réalisations dans le monde, un univers unique. Un voyage architectural en forme d’utopie, naviguant entre œuvre vernaculaire, postmodernisme et futur.
Àpremière vue, la commune de Sant Just Desvern, en périphérie de Barcelone, ne présente guère d’intérêts. Entre zones résidentielles et industrielles, elle abrite pourtant deux pièces maîtresses de Ricardo Bofill (1939-2022). Né dans la capitale catalane, l’architecte, qui se disait nomade, y avait planté, au début des années 1970, son camp de base et les fondements d’une vision architecturale projetée aux quatre coins du monde. Là, d’une cimenterie de la révolution industrielle, Bofill a fait sa forteresse. Bouleversant la perception de l’espace, dissociant la forme de la fonction –l’une des devises du maestro–, la Fábrica abrite alors sous des airs de ruine couverte de végétation, des ateliers RBTA (Ricardo Bofill Taller de Arquitectura), des résidence privées, des salles de concerts et d’expositions. Un lieu monumental de vie et de travail pour sa famille (ses deux fils ont pris la tête du Taller depuis lesannées2000), une quarantaine d’architectes et des amis de passage – ingénieurs, sociologues, économistes, philosophes, poètes, artistes…
Un architecte méditerranéen À deux pas de là, le Walden7, conçu en 1975, constitue l’un des piliers de son œuvre. Une autre vision de l’habitat urbain. Inspirée des casbahs explorées par Bofill lors de ses voyages en Algérie et au Maroc, cette citadelle d’ocre est un assemblage savant de cubes et de patios suspendus pour créer une “ville dans l’espace”. Une interprétation moderne de l’architecture vernaculaire, caractéristique des premières réalisations du Taller, à l’image du Castillo Ka a à Sitges, des résidences Xanadù et la Muralla Roja érigés sur la Costa Blanca. Énigmatiques imbrications de cubes d’habitation, d’escaliers infinis qui rappellent ceux de l’artiste M.C. Escher, et de puits créant ombre, ventilation et jeux de lumière. Le langage architectural de ces premières œuvres fait aussi écho au constructivisme soviétique à un détail près: la couleur. Bofill décline une palette de rouges, de verts, de bleus ou d’indigo qui sculptent les volumes, évoluent avec le temps et font aujourd’hui le bonheur des photographes de mode. Surtout, cette chromie ancre l’édifice à son environ-
nement –principe essentiel à l’architecte. Lié à la Méditerranée, “une mer de tragédie et d’utopie”, et ses cités, qui de l’Afrique du Nord à l’Italie ont nourri son travail, le jeune Ricardo Bofill aime avec la même passion les défis impossibles.
Bofill et la France
Dans l’Espagne des années 1980, sa conception sociale de l’habitat ne fait pas l’unanimité. Bofill répond alors à l’invitation de la France, en quête d’un visionnaire pour déstigmatiser les futurs logements sociaux de ses villes nouvelles. Un changement d’échelle pour le RBTA qui, au cours de la décennie, livre une série d’ensembles monumentaux. Le plus emblématique restant les Espaces d’Abraxas, à Noisy-le-Grand (47000 mètres carrés, 600appartements). Cette fois, Bofill trempe son inspiration dans les théâtres grecs et les jardins Renaissance.
Le trublion catalan (renvoyé de l’école d’architecture de Barcelone pour ses positions anti-Franco) détourne l’usage décoratif de l’art classique pour installer le “peuple” dans un décor de Versailles postmoderne. Il servira aussi celui de fictions apocalyptiques (de Brazil à Hunger Games). Le manifeste de mixité sociale reste quant à lui incompris. “Un échec”, reconnaît Bofill, dont l’insatisfaction nourrit le principe de création.
Sensible à la philosophie berbère, l’architecte savait s’adapter à l’environnement, mais aussi à l’époque, avec souvent un pas d’avance. “La vie d’un architecte est faite de projections. La mienne est un projet qui regarde en permanence vers l’avenir, plutôt qu’une histoire passée”, soulignait l’octogénaire. Les réalisations les plus récentes du Taller (le Terminal1 et Camp Nou à Barcelone, l’université Mohamed-VI de Ben Guerir au Maroc) en font la démonstration, usant de techniques et matériaux high-tech, avec toujours une dimension humaine et un ancrage au lieu. Dans un ouvrage paru trois ans avant le décès de l’architecte (Ricardo Bofill, Visions of Architecture, Gestalten, 2019), le photographe catalan Nacho Alegre livrait un témoignage qui résumait bien l’homme et l’œuvre: “Bofill rêve et construit en grand. Il fait partie des derniers rêveurs de la modernité.” •
Incontournable, cosmopolite, indépendantiste, artistique, touristique, familiale, transgressive… Une somme de clichés que la capitale catalane ne dément pas, poursuivant sa mue avec audace et succès.
Année 1992, jeux Olympiques. Propulsée sous le feu des projecteurs, la capitale catalane subit une incroyable transformation structurelle, une véritable mutation. Elle troque alors son statut de ville de seconde zone pour celui d’attrayante cité balnéaire. Elle en profite pour étendre ses jambes vers la mer, s’accordant même le luxe d’une plage en pleine ville. Elle se donne aussi les moyens de devenir une référence en matière d’art et de culture. Post-J.O., de formidables musées et œuvres architecturales voient le jour: Richard Meier signe le Macba, musée d’art contemporain, et Jean Nouvel l’iconique tour Agbar, désormais tour Glòries. Or, Barcelone ne se repose pas sur ses lauriers…
Garder sa personnalité
Barcelone –ses ramblas, sa fiesta, son cosmopolitisme et son architecture éclectique–, popularisée par de nombreux films, devient incontournable. Elle est comme une voisine que l’on croise régulièrement et dont on connaît l’histoire, les habitudes et les passions. La belle catalane, qui semble ne plus avoir
de secrets pour personne, reçoit en e et chaque année des millions de curieux. Unexercice périlleux, où l’on laisse parfois quelques plumes, voire son âme… C’est sans compter sur les Barcelonais qui, depuis toujours, s’élèvent comme les gardiens de l’authenticité barcelonaise. Véritables contorsionnistes du quotidien, habiles surfeurs urbanistes et défenseurs de la vie de quartier, ils ont appris à vivre dans une ville en perpétuel mouvement, et à résister. Le linge sèche toujours aux balcons de la Barceloneta, les anciens discutent toujours sur les bancs du Poblenou, et, face aux prolifiques boutiques de souvenirs, les petits commerces, galeries et disquaires tiennent bon.
Rehab
Mue par sa popularité grandissante et l’énergie de ses habitants, Barcelone continue de se transformer de l’intérieur, à travers des projets urbains d’ampleur, tels que 22@ qui, en 2000, visait à rénover entièrement le quartier de Poblenou en en faisant l’un des plus importants centres économiques de la ville. Désormais, le visiteur n’est plus cantonné aux seuls quartiers du Gótic, de Gráçia et de la Barceloneta.
Sitges
Ancien village de pêcheurs, Sitges dévoile avec énergie ses longues plages de sable doré et ses criques intimistes, sa gastronomie iodée et ses murailles médiévales, à moins d’une heure de Barcelone.
Un village les pieds dans l’eau, des ruelles pavées labyrinthiques, des maisons aux allures cubaines… Mais, surtout, l’âme omniprésente des artistes qui s’en sont inspirés : Dalí, bien sûr, mais aussi Picasso et Duchamp.
Figueras
Dalí y est né, Dalí y est mort. Et il y a laissé un théâtre-musée plus qu’excentrique. Figueras, c’est aussi la magnificence du château de Sant Ferran, et une douceur de vivre palpable sous les platanes.
Peratallada
Le charme médiéval de tout un village aux façades tapissées de vigne vierge et de fleurs délicates. Au hasard d’une balade, un porche ombragé, et, au fond d’une cour, la terrasse d’un adorable restaurant…
Miravet
Au premier plan, un chapelet de maisons accrochées à flanc de colline, les pieds dans l’Ebre. Au second, le château de Miravet, imposant protecteur. Partout, la fierté du village : la poterie, élevée ici au rang d’art.
On peut aujourd’hui vivre dans des barrios “plus vrais”, en plein renouveau, qui pâtissaient jusque-là d’une réputation sulfureuse.
On peut aujourd’hui vivre dans des barrios “plus vrais”, en plein renouveau, qui pâtissaient jusque-là d’une réputation sulfureuse. Évidente incarnation: El Raval, ancien fief des trafics en tout genre, royaume de la drogue et de la prostitution, assume pleinement son statut bien assis de quartier trendy, ethnique et arty. Il abrite quelques-uns des must-see barcelonais : le Macba, lemarché de la Boquería, le palais Güell, la Filmothèque de Catalogne et de nombreux bars où se réunit la jeunesse branchée autour de quelques copas ÀPoblenou, les usines Can Ricart et Can Felipa, imposants bâtiments austères et froids, accueillent désormais théâtre, centre civique, Archives historiques et espaces dédiés à la création artistique. Jolie preuve que la vie de quartier est toujours là: les mercadillos (marchés de plein air), symboles d’un quotidien qui se partage, perdurent autant à Poblenou qu’à Sant Antoni, où résident encore de nombreux Barcelonais de la première heure.
Même sensation à Palo Alto, où la créativité catalane s’exprime aussi bien dans les food-trucks que sur lesstands d’artisanat. Du côté de Sant Martí, une ancienne manufacture de tapis baptisée LaEscocesa reçoit désormais des artistes plasticiens et leur permet d’exposer leurs œuvres. Autour de ces nouveaux lieux de vie, on se retrouve et on échange comme sur la place du village, à quelques encablures de l’agitation des ramblas et de la frénésie fécondée par le legs de Gaudí. On célèbre Barcelone au hasard de ses quartiers, en la vivant plus qu’on ne la visite, en la ressentant plus qu’on ne l’idéalise. Il y a plusieurs lectures de Barcelone, tout dépend de ce que l’on a envie de lire.
Aux côtés d’un “local”, appréhendez les quartiers comme si vous y viviez. Une journée dans les pas d’un habitant qui livre une autre vision de la ville.
À quelques pas de la Sagrada Família (1) et du Parc Güell se cache un Barna (à ne pas confondre avec Barça, surnom du club de football local) méconnu des touristes et réservé aux amateurs d’architecture décalée, d’installations d’art loufoques et de rooftops branchés… On boude la Casa Batlló pour la Casa Vicens, première demeure signée Gaudí On oublie le quartier gothique et ses rues bondées pour le quartier du Poblenou, âme de la ville et lieu de création. Passage obligé à la Sala Beckett, théâtre alternatif datant des années 1920 et restauré en 2016, puis pause gourmande chez Van Van Var, qui accueille chaque semaine un des meilleurs foodtrucks de la capitale catalane. Et quand il fait trop chaud, on quitte la ville pour une escapade culturelle à la fondation Pilar et Joan Miró dans le parc de Montjuïc ; au Walden 7 pour une plongée dans l’univers de Ricardo Bofill ; ou plus loin vers Cadaqués (2), le parc du cap de Creus (3) et la maison biscornue et poétique du couple Gala et Salvador Dalí (4, 5, 6).
Les citadins posent leurs valises dans un boutique-hôtel design et chic comme Cotton House (7), Barcelona Edition ou Sir Victor : piscine sur le toit, rooftop glamour, et atmosphère sophistiquée. Pour les adeptes de villages de pêcheurs catalan, direction le Little Beach House Barcelona : ADN Soho House (8), déco fifties, pieds dans le sable et “room with a (sea) view”
La lumière y est si vive, si blanche, qu’elle a donné son nom à la région, alanguie face à des eaux toujours bleues. Aperçu d’une costa aux charmes encore nombreux malgré son industrie touristique.
Dans le sud-est de l’Espagne, la Costa Blanca est une succession de plages de sable fin plongeant dans une mer tranquille et de criques sauvages o ertes au soleil et au vent.
L’arrière-pays, boisé de chênes verts, de pins et de caroubiers, enchaînent les routes serpentant en lacets à travers la pinède, les villages à flanc de montagnes, et les vergers d’orangers qui s’étagent en terrasse.
Phéniciens, Romains, princes maures et rois chrétiens, tous ont tenté de conquérir Alicante, laissant châteaux et tours de guet, églises et mosquées, dont l’ombre rafraîchit les plages. Rythmées par la sieste et les plongeons dans le bleu, les journées s’y étirent tard dans la nuit. Après un déjeuner de paëlla aux légumes, arroz con verduras, l’eau claire de la Playa del Postiguet, bordée de vieux immeubles à stores rouges, mais loin des excès des spéculateurs immobiliers, vous attend. En fin d’après-midi, c’est le moment d’un rituel, celui de la promenade sur le front de mer, el tardeo : toute la ville est là, élégante, toutes générations confondues. À quelques kilomètres de là, Altea, aussi délicate que les sonorités de son nom le laissent présager, est une vieille ville posée sur sa colline d’où émerge le clocher de l’église paroissiale à la coupole bleu azur. Maisons blanches fleuries de jasmins et bougainvilliers
se serrent le long de rues pentues et étroites, au détour desquelles apparaît parfois un point de vue magique sur la mer. Un peu plus loin, Elche. Le dôme bleu et les tours crénelées de l’ancienne mosquée, désormais basilique de Santa María, émergent à peine d’une forêt de palmiers. Ce paysage qui évoque l’Afrique du Nord plus que l’Espagne abrite la plus grande palmeraie d’Europe et compte plus de 200 000spécimens –autant que d’habitants. Des palmiers rapportés par les Phéniciens, entretenus ensuite par les Romains.
Aux VIIIe et IXe siècles, ce sont les Arabes qui installèrent le vaste réseau d’irrigation, toujours exploité de façon traditionnelle, qui a préservé la palmeraie. Aujourd’hui, des palmereros, acrobates en suspension, se chargent de veiller à la bonne santé de ces arbres millénaires. Autour de la ville, vergers de grenadiers, figuiers et plantations d’oliviers se succèdent quand, dans le parc naturel El Hondo, on peut observer le spectacle d’une multitude d’oiseaux et de flamants roses au milieu de vastes marais.
VOYAGEURS DU MONDE
Passionnés de photographie, notre conciergerie sur place ou encore un conseiller en amont peuvent préparer un itinéraire des sites les plus “instagrammables”.
De la grande cuisine en miniature
À Saint-Sébastien, le pintxo (prononcer “pintcho”), version basque de la tapa espagnole, a fait de l’élégante ville côtière un rendez-vous culinaire d’exception.
Condensé de tradition et de créativité, il joue avec les saveurs que de jeunes chefs ingénieux se plaisent à booster. Un véritable amuse-bouche.
Dans la ville qui compte plus d’étoiles Michelin au mètre carré que partout ailleurs, l’“ir de pintxos” se pratique tous les soirs de la semaine.
Parfois, les hasards ont du bon . Joaquin Aranburu, surnommé Txepetxa, en fit l’expérience au milieu des années 1940. Ce fidèle de la taverne Casa Vallès, à Saint-Sébastien, ne pouvait imaginer, en piquant avec un cure-dents les quelques ingrédients posés sur le comptoir, susciter l’enthousiasme des autres clients qui demandèrent que leur verre de vin soit accompagné de la combinaison gourmande. Ainsi naquit la gilda, baptisée de la sorte par Txepetxa en hommage à l’actrice d’origine espagnole Rita Hayworth et à son rôle-titre dans le film de 1946. Comme son personnage, la petite bouchée formée d’une olive, d’un piment et d’un anchois est “verte, salée et piquante”. Voilà pour l’invention du premier pintxo, la version basque de la tapa. Depuis, la créativité et les associations de saveurs n’ont cessé de surprendre et de satisfaire les papilles. À Saint-Sébastien, les chefs étoilés rivalisent d’ingéniosité. Et comble du plaisir, le pintxo encourage à la plus délicieuse des régressions: manger avec les doigts. Condensé de tradition et d’intuition, le pintxo combine à l’origine au moins trois éléments posés sur un morceau de pain tenus par un pic en bois. Chaud ou froid, il se prépare sur le moment.
Pour le distinguer de la tapa espagnole, un coup d’œil suffit: quand celle-ci se plaît dans sa simplicité et son passé, à l’instar de la célèbre tortilla, le pintxo basque s’épanouit dans la digression. Technique, scénographie,
produits de qualité supérieure…: tous les ingrédients sont rassemblés pour révéler des associations puissantes et légères à la fois. À base d’anchois, de thon, de jambon, de piment, d’œuf, de foie gras et de langoustes, les pintxos se réinventent au gré des saisons, même si les classiques (cuillère de homard, cœur d’artichaut au jambon, morue fumée, champignon farci au foie gras, beignet de crevettes, tartare de tomates et de thon, œufs brouillés aux cèpes) ont toujours la cote.
Un voyage culinaire au fil des ruelles Debout au comptoir ou assis autour d’une table, l’expérience pintxos est vraiment totale quand elle devient nomade. Car les Basques espagnols ont aussi inventé le voyage culinaire à travers les ruelles de Saint-Sébastien. Dans la ville qui compte plus d’étoiles Michelin au mètre carré que partout ailleurs, l’“ir de pintxos” se pratique tous les soirs de la semaine, et pour toutes les générations, qui passent de bar en bar pour goûter la spécialité de chacun, un verre de bière (zurito) ou de cidre (txuleta) à la main.
Dans les quartiers de Gros, d’Antiguo et d’Ondarreta, les rues s’improvisent terrasses de café. Les groupes se lient et se délient au fil du chemin. Voyageurs de passage et habitants se fondent, l’esprit des lieux apparaît. La magie des pintxos opère et donne un goût singulier à ces instants de fraternité passés, même furtivement, ensemble. •
Martín Berasategui
Chef espagnol le plus étoilé, Martín Berasategui a été maintes fois primé pour son restaurant de LasarteOria, près de Saint-Sébastien.
Pour découvrir sa cuisine à un prix doux, il faut se rendre au Eme Be Garrote, dans le quartier de Ibaeta.
Arzak
Avec trois étoiles Michelin depuis 1989, Juan Mari Arzak est un pionnier de l’avant-garde gastronomique. Il travaille avec sa fille Elena, élue meilleure femme cheffe du monde en 2012.
Akelarre
Le restaurant de Pedro Subijana est situé sur le mont Igueldo, avec vue sur la mer. Triplement étoilé, le chef de file de la nouvelle cuisine basque (aux côtés de Juan Mari Arzak) possède son propre potager.
Mugaritz
Le chef Andoni Luis Aduriz combine terroir basque et influences du monde entier pour des compositions ultrainnovantes. Prévoir jusqu’à trente plats dans ses menus dégustation.
Bar Txepetxa
Txepetxa se fournit auprès des meilleurs pêcheurs de la région pour proposer des produits de qualité et une grande variété de préparations à base d’authentiques anchois de Cantabrie, le produit phare de la maison.
En y plaçant un musée Guggenheim, l’architecte Frank Gehry a modifié à jamais la capitale basque, l’inscrivant au passage sur la carte du monde.
Il préfère l’énigme à l’évidence et les sorties de route aux lignes droites. Frank Gehry a la manie de la déconstruction, le goût des courbes et des fragmentations. Rien de nihiliste. Au contraire, l’architecte cherche à montrer l’origine et à rendre libre. Il bouscule tous les acquis pour mener vers une joyeuse folie, un chaos organisé. Quand il crée le musée Guggenheim de Bilbao en 1997, son design est basé sur “le port qui fut et la ville qui est”. À partir des contradictions de la cité basque, il imagine un navire amarré sur les rives du fleuve Nervion. Pour sublimer ces volumes entrelacés, l’architecte a choisi de les parer d’écailles en titane, reflet du passé minier de la région. “Il y a quelque chose de menaçant à sauter le pas, mais une fois qu’on a essayé, on ne peut plus s’arrêter”, raconte
Frank Gehry dans le film documentaire Esquisses de Frank Gehry (2006) que lui consacre son ami Sydney Pollack. Sa catharsis a dépassé les espérances: le “bâtiment du siècle” a balayé les tâtonnements d’une ville en déclin, au profit d’un regain culturel et économique sans précédent. Les visiteurs se pressent aux portes de l’agora pour y découvrir le colosse et ses œuvres venues de Venise, New York, ou de la région. Des créations majeures y jouent les gardiens du temple comme Maman, l’araignée bienveillante de Louise Bourgeois, et Puppy, le chien géant de Je Koons. À l’intérieur, les sculptures en tôle de Richard Serra mènent à de curieux émois, de la sensation d’un monde en gésine à celle d’une catastrophe imminente. Ces œuvres de l’artiste composent LaMatière du temps.
Guggenheim, mais pas seulement…
L’élan a gagné toute la métropole. Preuve en est avec ses ponts de couleur –le Zubizuri de l’architecte espagnol Santiago Calatrava, remarquable par ses haubans blancs; ou la Salve, sur lequel Daniel Buren a dressé un immense arc rouge.
Au centre de la vieille ville (Casco viejo), le marché de laRibera se tient au diapason en portant haut les couleurs et les produits frais de la région. Dans ce grand bâtiment Art déco, les pieds touchent terre.
C’est un voyage, et le sentiment d’atteindre le cœur basque, un verre de txakoli (vin blanc) à la main.
À deux pas, la Plaza Nueva o re une pause à l’ombre de ses arcades, avant de gagner les gaies ruelles de la vieille ville réputée pour célébrer chaque jour “la meilleure fête de tous les temps”, selon Boris Vian dans sa Chanson de Bilbao. La balade se poursuit au musée des beaux-arts, où l’on croise Bacon, Murillo, Goya et de nombreux artistes basques qui rendent le lieu
incontournable. Plus de 6000œuvres sont réunies dans ce musée que la moitié des habitants de la ville aime à trouver plus pointu que le titan du fleuve.
C’est ici également que les représentations de la traditionnelle corrida rappellent le passé glorieux des arènes, désertées désormais, au profit des stades et des centres culturels. Comme l’Azkuna Zentroa, anciennement Alhóndiga Bilbao revisitée par Philippe Starck, dont on adore la piscine suspendue.
L’ultramoderne Bilbao, berceau du nationalisme basque, fait penser à ceux qui s’éloignent, plus enclins à aimer et à sublimer l’endroit d’où ils viennent…
Des friches industrielles aux lieux culturels d’avant-garde, du célébrissime Guggenheim aux bars branchés, découvrez Bilbao aux côtés d’une guide francophone privée.
Le quartier médiéval de Bilbao contraste étonnamment avec l’architecture ultramoderne du musée Guggenheim. Il fait bon flâner entre ses ruelles étroites de pierre, passer de pont en pont, admirer les nombreuses églises et marquer un stop devant la spectaculaire cathédrale gothique de Santiago. La petite place attenante est très agréable pour boire un verre en terrasse.
Ne pas manquer, à deux pas, le Marché de la Ribera, le plus grand marché de produits frais d’Europe et la Plaza Nueva, sur laquelle, le week-end, se retrouvent les collectionneurs.
On goûte sur le pouce quelques pintxos chez Ekain, une glace artisanale chez Nossi-Be ou des carolinas (petits gâteaux meringués typiques de la région) à la Pastelería Don Manuel. Ici montagnes et océan ne sont jamais très loin. Il faut donc choisir entre surf ou randonnée, rouleaux de Bakio (1) ou sentiers du Camino del Norte (2), portion du chemin de Compostelle.
PLACE TO BE
Avec vue sur le musée Guggenheim, Le Miró est un hôtel urbain où l’art et la culture sont au rendez-vous. Matières contemporaines, lignes pures et design sont les maîtresmots du créateur barcelonais Antonio Miró. De son côté, le Petit Palace Arana joue les contrastes entre un intérieur contemporain et une façade datant du XIXe siècle.
C’est l’Ouest américain au Pays basque. Entre Navarre et Aragon, le désert des Bardenas, sculpté depuis des millénaires par l’eau et le vent, o re les splendeurs de l’immensité aux voyageurs.
Mesas et canyons, cheminées de fées, larges steppes balayées par le vent –un vent froid et sec qui, au fil du temps, a lacéré, plissé, usé et érodé les paysages. Quand on foule les terres des Bardenas, au pied des Pyrénées, les repères vacillent. On peut y passer quelques heures ou plusieurs jours, les parcourir à pied, à cheval, à vélo ou en voiture. Mais à chaque fois, on s’enfonce sur des pistes balisées, à travers de spectaculaires paysages d’érosion, avec l’impression de traverser di érentes zones géographiques –des grandes plaines d’Afrique à l’Ouest américain.
Entre les vastes plateaux de El Plano et de la Bardena Negra à la végétation méditerranéenne, ce sont les paysages bruts de la Bardena Blanca, la zone la plus désertique, qui provoquent le plus grand dépaysement. Ses steppes arides, sur lesquelles planent aigles royaux et vautours, sont semblables à celles du plateau du Colorado; ses formations rocheuses évoquent Monument Valley. Le vent, puissant, forme des tourbillons de sable sur la route…
De Ridley Scott à Terry Gilliam, nombre de réalisateurs ont saisi le potentiel cinégénique de ces lieux d’exception.
La saison 6 de Game of Thrones y a été tournée –des fans viennent d’Australie ou de Corée pour retrouver la mer
Dothrak et les plaines du continent d’Essos dans cette immensité de désert et de vallées herbeuses.
À l’exception de ces inconditionnels, les Bardenas demeurent ignorés des voyageurs. Ainsi, on arpente en solitaire ce désert qui s’o re tel un territoire premier. Et quand il faut le quitter, c’est pour rejoindre, à ses portes, une oasis inattendue : l’hôtel Aire, conçu par les architectes Emiliano López et Mónica Rivera. Composé de cubes et de bulles posés entre ciel et terre, l’hôtel, aux chambres entièrement ouvertes sur l’extérieur, aimante le regard. La nuit, on s’endort sous un ciel blanc d’étoiles, puis l’on s’éveille avec une vue sur les champs de blé ou de coquelicots à l’horizon. Côté table, une assiette locavore, fournie par les fruits, les légumes et les herbes du potager. Le verre de vin qui l’accompagne pousse à poursuivre le voyage un peu plus loin, dans la province de Rioja, d’architectures religieuses en vignobles.
VOYAGEURS DU MONDE
Pourquoi ne pas découvrir à cheval la Bardena Alta, cette région de ravins et de cascades aux allures de Far West ? En chemin, organisée rien que pour vous, une pause gourmande avec dégustation de vins et de fruits locaux.
SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE
CAP ORTEGAL — CAP FINISTERRE — MEANO
LA COROGNE — VIGO — PONTEVEDRA
Nation celte au caractère bien trempé, la Galice n’en est pas moins accueillante. Ses ports et sa capitale, Saint-Jacquesde-Compostelle, en font une destination ouverte sur le monde. Pèlerins ou fervents d’histoire s’y croisent dans des cadres naturels époustouflants.
Au XIIe siècle, un ancêtre des guides touristiques, l’Iter pro peregrinis ad Compostellam d’Aimery Picaud, décrit quatre chemins possibles pour se rendre à Saint-Jacquesde-Compostelle. Il y détaille étapes, reliques et sanctuaires, et donne des indications sur les régions et leurs populations. Aujourd’hui encore, les marcheurs qui cheminent avec leur carnet de pèlerin vers la crypte de la cathédrale, dans laquelle se trouvent les restes supposés de Jacques le Majeur, s’émerveillent du roman galicien de l’église et rapportent la fameuse coquille, indispensable souvenir.
En plus du coquillage, la Galice, située à la pointe nord-ouest de l’Espagne, partage de nombreuses similitudes avec d’autres terres celtes. Ici, la cornemuse s’appelle gaita gallega –beaucoup moins connue que la guitare madrilène– et climat et paysages sont semblables à ceux de la Bretagne. La côte, échancrée de rias, élevée en falaises et éperons, comme au cap Ortegal, à la roche grise plongeant dans des eaux fortes au chromatisme variable, peut, tout comme le vert soutenu de la nature, évoquer l’Irlande.
Face à la houle de l’Atlantique, le cap Finisterre, considéré durant l’Antiquité comme la fin du monde connu, n’est pas sans rappeler la pointe de la Bretagne… Les nombreux ports galiciens font la part belle aux poissons et aux fruits de mer dans la cuisine, mais le pays est également réputé pour ses fromages et son vignoble –les ceps, arrivés avec les voies romaines, ont été ensuite entretenus par les abbayes.
Les viticulteurs font des vins bien typés, généreux et puissants. À Meano, se trouvent les vignes qui produisent le célèbre vin d’Albarino.
Point de connexion entre la Méditerranée et l’Europe du Nord, la Galice s’est forgé une culture solide et métissée. Son territoire en est le principal témoin, portant les traces de la Rome antique, comme la muraille de Lugo ou la tour d’Hercule à La Corogne (haut de 55mètres, il est le plus ancien phare d’Europe d’origine romaine), figurant au patrimoine mondial de l’Unesco.
Cité portuaire dotée d’une vieille ville médiévale, La Corogne fait cohabiter petites rues piétonnes, églises romanes et terrasses animées. Elle est le cœur économique de la province. Vigo, grande ville industrielle, est davantage connue pour ses îles Cíes, qui insu ent des notes tropicales à la côte Atlantique. Pontevedra finira de vous convaincre de tenter le pèlerinage dans cette Espagne verte et vivifiante. Merveille de préservation et d’aménagement (son origine serait antérieure à l’époque romaine), elle est surnommée “Ville où le piéton est roi”… Avis aux marcheurs!
VOYAGEURS DU MONDE
Enfilez vos bottes et partez à la rencontre de différentes familles de pêcheurs et d’éleveurs de coquillages, habitants du port de pêche de San Tomé. L’occasion d’en apprendre davantage sur ce métier et de s'initier à la pêche sur sable.
Arpenter les allées d’un marché est souvent le meilleur moyen de prendre le pouls d’une région et de se familiariser avec la culture locale. Ce qui saute aux yeux ici, c’est l’influence nourricière de l’Atlantique sur les étals: sardines, coquillages, crustacés et bien sûr l’emblématique et incontournable poulpe (1), fierté galicienne. Animé, coloré et chaleureux, le Mercado de Abastos de Santiago est un endroit agréable où l’on n’hésite pas à rester déjeuner. Quittez ensuite les terres pour atteindre les Rías Baixas (2), cinqestuaires ponctués d’une série de petits îlots paradisiaques nommés Ciés, Ons et Sálvora. Plages de sable blanc et criques secrètes se succèdent aux détours des virages qui longent la côte. Il faut aussi passer une journée à Cambados : découvrir le petit port de Santo Tomé, la place baroque de Fefiñáns, entourée du manoir des Figueroa et l’église San Bieito. Cambados est aussi la capitale de l’albariño (3), un excellent vin blanc fruité à boire sous les tonnelles galiciennes…
Entouré par les vignes et les vallons de Meano, l’hôtel Quinta de San Amaro a tout pour plaire: des chambres à la décoration soignée et personnalisée, une chapelle reconvertie en salon d’hiver, des recoins cachés, des terrasses ombragées, une petite piscine et un jardin luxuriant… L’ensemble a beaucoup de cachet.
Le Noroeste espagnol en train
Le réseau ferré espagnol progresse à vitesse grand V : avec 4 000 kilomètres de voies à alta velocidad , le pays caracole en tête des nations ferroviaires européennes. Indifférent à cette effervescence, le nord-ouest du royaume reste attaché à ses lignes robustes et nonchalantes qui encouragent la contemplation. Embarquement à Santiago de Compostela – la fin d’un pèlerinage pour certains, le début pour d’autres. On ne séjourne ici qu’au prix d’une visite de courtoisie à la cathédrale.
La tarta de Santiago se commande para llevar afin d’être savourée dans le wagon. À Orense, les eaux thermales ont agi comme un aimant sur les Romains. Le ponte qu’ils ont laissé en a inspiré maints autres – une manière de cohabiter avec le fleuve Miño, à défaut de le dompter. La campagne escorte ensuite les passagers jusqu’à León. Au cœur de la Santa María, les vitraux du transept transcendent et transportent. Pour rallier Burgos, les rails s’imposent de nouveau. Au palais des Connétables (la casa del Cordón), les armoiries des fondateurs sont figées dans une étreinte éternelle. Terminus : Bilbao. Sur les rives du Nervión, le musée Guggenheim chatoie et danse. Le fleuve glisse sous les ponts, desservant les terrasses aux tables chargées de pintxos
Montagne et océan réconciliés, art de vivre soigneusement cultivé, le tout sans frime ni chichis. C’est la recette secrète de la principauté des Asturies.
La région des Asturies doit son nom aux Astures, une ancienne peuplade celtique. Miniterritoire de 10000kilomètres carrés blotti entre mer (200plages), montagnes (la cordillère Cantabrique est longue de 480kilomètres) et forêts magiques, les Asturies, bien que couronnées, gardent la tête claire. Ici, on aime l’âme paysanne et les capitaines taiseux, selon qu’on veille sur le troupeau ou qu’on scrute les vents du large.
Les trois principales villes –Oviedo la capitale, Gijón et Avilés – ne sont qu’à une trentaine de minutes de route les unes des autres. Et il faut moins d’une heure pour rallier les jolies plages qui bordent Llanes, son charmant port de pêche et les sentiers du Parc national des Pics d’Europe, une merveille que domine le Torre Ceredo (2648mètres d’altitude).
Le centre-ville d’Oviedo, dessiné autour de la cathédrale San Salvador, un modèle d’architecture du gothique flamboyant, se découvre à pied. Les “villas de los Indianos”, qui appartiennent à des natifs de la région partis chercher fortune en Amérique du Sud, au Mexique et à Cuba, sont également admirables. Grandioses, elles a chent la réussite de leurs propriétaires.
Côté mer, Gijón et sa marina aux 780anneaux s’imposent. La route des phares, qui relie entre eux 18villages de pêcheurs, est à envisager. Les terres ne sont pas en reste: les Asturies comptent sept réserves de la biosphère et six parcs naturels, tous labelisés par l’Unesco. Le long de centaines de kilomètres de sentes balisées, la nature s’o re sur un écran géant que traverse l’aigle royal, le cerf ou l’ours brun. Les réjouissances s’étendent à toutes les terrasses du pays, où bon accueil et simplicité sont des mantras locaux. Le fabada (une variante de cassoulet), oursins, araignées de mer (les spécialités) et fromages (la région produit cinquante variétés) sont à tester. Enfin, prière de sacrifier au rite du cidre: le serveur tient très haut la bouteille, loin du verre dont il ne rate jamais le col, en faisant mousser le liquide doré qui accompagne toutes les soirées à refaire le monde.
VOYAGEURS DU MONDE
Amoureux de grands espaces, découvrez le parc naturel des Pics d’Europe, les eaux bleu vif de ses lacs, et son incroyable univers verdoyant en compagnie d’un guide local.
Chanteur de charme, infante du Siècle d’or, matador de la terre battue ou gueule d’atmosphère, les Espagnols ont du tempérament, s’emportant aussi intensément qu’ils aiment. Caliente! Comment résister?
Coco Capitán (1992)
L’univers du luxe se l’arrache – Gucci en tête, avec qui elle collabore très tôt. Photographe de mode, artiste engagée, cette native de Séville compose des images doucement subversives, et ses aphorismes publiés sur Insta (210 k) sont toujours aussi inspirants.
Salvador Dalí (1904-1989)
“Je suis fou du chocolat Lanvin !” n’est pas la meilleure formule qu’ait prononcée Dalí, mais elle témoigne de son sens du contrepied dans un monde où l’art allait, en partie de son fait, s’identifier au marché.
Cristóbal Balenciaga (1895-1972)
Né à Getaria, le jeune Cristóbal, initié par sa maman, est un couturier précoce. À 22 ans, il crée sa marque à Saint-Sébastien, avant de s’installler à Paris. Toujours prisée, la maison Balenciaga continue d’habiller actrices et autres célébrités.
Miguel de Cervantès (1547-1616)
L’auteur de Don Quichotte a tout simplement révolutionné la littérature. Véritable succès de librairie, son roman connut cinq réimpressions dès l’année de sa parution, en 1605.
Julio Iglesias (1943)
Roi de la guimauve et de la suggestion, le chanteur, reconnu o ciellement comme l’artiste latino au plus grand nombre d’albums vendus au monde – n’a pas changé. Remarquable après un demi-siècle de carrière.
Marguerite-Thérèse d’Autriche (1651-1673)
En robe bleue (1659), grège (1657) ou rose (1654), l’infante d’Espagne eut l’honneur d’être immortalisée par l’un des maîtres de la peinture universelle, Diego Vélasquez.
Paloma Picasso (1949)
Créatrice de mode franco-espagnole et jet-setteuse, elle est la fille des peintres Françoise Gilot et Pablo Picasso. Ce dernier réalise le dessin de La Colombe de la paix l’année de naissance de Paloma, qui signifie “colombe” en espagnol.
Luis Buñuel (1900-1983)
Des scandales ayant ponctué son œuvre surréaliste et souvent insaisissable à l’Oscar de 1973 pour Le Charme discret de la bourgeoisie, le cinéaste n’a eu de cesse d’ébranler les bonnes consciences.
Alba Flores (1986)
Comme son personnage de braqueuse dans la série La Casa de papel, l’actrice aux origines gitanes attise la curiosité. Son héritage familial y est pour beaucoup : elle est la petite-fille de la “Faraona”, Lola Flores, artiste espagnole majeure.
Rafael Nadal (1986)
Palmarès épais comme un bottin, rendezvous épiques avec Roger Federer, lift phénomène : le Majorquin, qui a raccroché en 2024, ne laisse pas une trace dans l’histoire du tennis, mais un cratère.
Javier Bardem (1969)
Né à Las Palmas (Canaries), il obtient son premier rôle en 1990. Depuis, une carrière internationale, moults prix (Goya, Oscar, Golden Globe…) et un mariage heureux avec la belle Penélope Cruz ont suivi.
Rossy de Palma (1964)
La Majorquine a une gueule d’atmosphère, celle de la movida et d’un cinéma espagnol dont Pedro Almodóvar reste le chef de file : La Loi du désir (1987), Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), Julieta (2016).
IBIZA — MAJORQUE — MINORQUE
Sous le fard de son tourisme de masse, l’archipel cache un autre visage. Un naturel méditerranéen charismatique, aujourd’hui mis en lumière pas les (p)artisans d’un retour aux sources de ces îles.
Routes tracées par les mulets, murets de pierres sèches et mégalithes préhistoriques : Minorque est un chef-d’œuvre naturel.
À la playa
Les possibilités sont nombreuses à Ibiza, mais s’il ne devait en rester qu’une ce serait Cala Mastella pour la couleur de l’eau et sa paillote, El Bigotes, où l’on peut déguster la pêche du jour après un plongeon.
Formentera
La plus sauvage des îles se gagne par les flots. Escale obligée sur l’îlot paradisiaque de S’Espalmador et déjeuner à Es Moli de Sal. Dernier refuge bohème, l’île abrite de belles maisons, dont celle de l’architecte Marià Castelló.
Es Vedrà
Cet éperon magnétique émergeant au large de la pointe sud d’Ibiza collectionne les légendes (la déesse d’Ibiza y serait née) et invite à la méditation. Point de vue idéal depuis Torre des Savinar, à rejoindre à pied.
Miró à Majorque Nichée dans la dernière demeure de l’artiste, aux portes de Palma, la fondation Pilar et Joan Miró se visite autant pour la beauté du lieu que l’ensemble des œuvres (plus de 6 000) qui y sont présentées.
Cavaler à Minorque
Le pur-sang minorquin est étroitement lié à la culture de l’île. Une piste permet d’en faire le tour, et cavaler sur la plage de Cala Fustam. Pour aller jusqu’au bout du cliché : attendre que soleil s’y couche.
Ibiza, côté pile
Ce n’est pas un hasard si, dans lessixties, les hippies y ont posé leurs pénates. Dès les années 1930, artistes et écrivains venaient déjà y puiser l’inspiration. Vingt-cinq siècles plus tôt, les Phéniciens avaient eux aussi jeté l’ancre et leur dévolu sur cette île d’Ibossim, future Ibiza. Aux portes de la ville du même nom, devenue depuis le temple du clubbing, Ibiza cache son véritable visage.
Au sud, les salines, fief des oiseaux migrateurs, s’achèvent sur un hameau oublié, ancienne escale des forçats du sel. Et dans son prolongement, l’île de Formentera, la petite sœur sauvage. L’ouest, de son côté, déroule plages blanches et ports miniatures. Poulpes et gambas y sont passés au gril, grignotés sur le pouce, les pieds dans l’eau. Le nom des criques se chuchote: SaCaleta, Es Xarco ou encore Sa Pedrera, accessible aux cœurs (et mollets) aguerris. Mais, c’est au nord et au centre qu’il faut viser pour percer l’âme de ce grain de terre cramoisie. Posés à travers des bouquets d’oliviers et d’amandiers, des villages agricoles du XIVe siècle, rodés à la vie en autarcie, hébergent des pionniers d’un genre nouveau. Une génération de néo-hippies qui défendent les richesses de leur île. Ibicencos de naissance ou d’adoption, ils sont agriculteurs, éleveurs, viticulteurs, oléiculteurs, mais aussi makers, tous unis dans une même philosophie écoresponsable. Ibiza compte désormais une soixantaine de fermes converties au bio qui fournissent directement les petites tables et épiceries locales, elles aussi en plein épanouissement.
Parallèlement, la région a vu naître ces dix dernières années une poignée de refuges pour voyageurs en mal d’authenticité. Des fincas séculaires restaurées dans un style contemporain, là aussi dans un grand respect de l’île. Simplicité des lignes, beauté des matériaux, maîtrise du “less is more”. Aux commandes: des esprits créatifs venus des quatre coins du monde, pour laisser germer leurs idées à Ibiza. Chez eux, on apprend à cultiver et cuisiner les légumes du jardin, mais aussi à prendre soin de son jardin intérieur grâce à des outils simples: le yoga et la méditation. Beaucoup d’amour (celui des autres, mais surtout de soi, avouonsle) et un art de vivre en paix qui n’a qu’un seul défaut au moment du départ: un cruel retour à la réalité.
Majorque, en art majeur
C’est l’immeuble qui cache la montagne. Des tours d’hôtels surplombant une marée de parasols couvrant une plage bondée. Majorque, centre économique de l’archipel, assisté au tourisme de masse, sou re de ces complexes qui défigurent ses côtes sud et est. Zombies hôteliers des années 80, ils continuent d’avaler chaque année plus de dixmillions de visiteurs européens. Pourtant, l’île principale des Baléares (six fois plus grande qu’Ibiza), a cent fois de quoi séduire les voyageurs allergiques à la foule et tous ceux à qui la plage ne su t pas. Prenez la capitale, Palma. À travers ses ruelles pavées, sous la cathédrale gothique, l’île raconte des siècles de civilisations – mégalithique, romaine, vandale, byzantine et hispano-mauresque– qui ont laissé ici les vestiges de leur passage.
Beaucoup d’amour et un art de vivre en paix qui n’a qu’un seul défaut au moment
du départ: un cruel retour à la réalité.
Aujourd’hui, les vieilles pierres de la capitale abritent également de beaux refuges contemporains. Majorque s’a rme également comme le centre artistique des Baléares. À elle seule, Palma o re un beau panorama -des ateliers de la fondation Pilar et Joan Miró aux installations du musée d’Art moderne EsBaluard. Plus surprenant, le musée d’Art Nouveau Can Prunera, implanté au cœur de la Sierra de Tramuntana, à Sóller. Le prétexte est idéal pour quitter la capitale et explorer cette sublime région montagneuse qui borde la côte ouest. Un “road-trip” poétique qui vous entraîne du village perché de Valldemossa, sur les pas de George Sand et Frédéric Chopin, jusqu’à Deià, typique village majorquin et dernier refuge bohème posé au bord de l’eau. Puis, on file à l’est, vers Pollença pour renouer avec l’architecture araboandalouse. Un voyage ponctué de nuits en mas aristocratiques, monastères ou couvents subtilement réhabilités pour recevoir les voyageurs en quête d’un autre Majorque.
Minorque, l’irrésistible À l’ombre de ses pinèdes et des projecteurs braqués sur ses deux voisines, Minorque (la petite en comparaison à Majorque) brille avec discrétion. Une île qui garde la fierté de ses chevaux sauvages, purssangs aussi racés que le café servi en terrasse de la plaça des Born, à Ciutadella, chef-lieu de l’ouest qui perpétue chaque année, à la Saint-Jean, une surprenante tradition équestre médiévale. Ancrée dans sa ruralité, Minorque a su échapper à un développement anarchique.
Une seule route traverse l’île de part en part. Moins de cinquante kilomètres plus à l’est, Port-Mahon, point stratégique des conquêtes navales méditerranéennes, préserve derrière sa forteresse un véritable caractère minorquin. Entre ces deux villes, Minorque a che une nature farouche. Des champs vert tendre cadrés de murets qui bloquent la tramuntana, ce vent froid et sec de l’hiver. Un puzzle de vastes prairies plantées de citronniers, d’oliviers et de vignes arrachées à la terre ocre. Éparpillées dans ces paysages colorés, des fermes chaulées et des demeures de maître néoclassiques ont été reconverties en haltes de charme qui hébergent les voyageurs.
Le point de départ idéal à une parenthèse minorquine qui file doucement, au rythme des balades à vélo, des marchés sur lesquels on déguste robiols (chaussons au thon) et trampó (salade tomatespoivrons). Puis, cap au nord, vers la réserve ornithologique de S’Albufera des Grau et l’adorable port de Fornells. Enfin, on se laisse bien volontiers rappeler par le chant des cigales vers les criques blanches pour un plongeon en catimini dans la grande bleue.
Notre conciergerie francophone vous assiste tout au long de votre voyage pour vous recommander les meilleures farm-to-table d’Ibiza, organiser une journée en bateau privé à Formentera, trouver le bon guide pour une balade au nord de Majorque ou une baby-sitter pour la soirée à Minorque…
Au bout d’un chemin, une finca enfouie dans une nature généreuse abrite douze chambres grandes ouvertes sur des jardins foisonnants. Une atmosphère pleine de douceur. Sur ses Terrasses, entre lauriers et oliviers, Françoise Pialoux cultive la générosité et le goût des choses simples. Des qualités qu’elle transpose allégrement dans ses petits plats concoctés avec les légumes du potager bio et des produits frais du marché, dont elle partage volontiers les secrets (lire aussi p. 20) Ses hôtes se régalent à l’ombre des pins, rythment leur journée de lectures autour des délicieuses piscines. Alternative à cet éden, la maîtresse des lieux propose également un cabanon sur la mer, près de Cala Salada.
Loin du port et de ses yachts, on découvre dans les terres d’Ibiza une douceur de vivre unique. Un climat idéal, des fincas blanches entourées d’amandiers, un sol rouge et riche, terreau des excellents légumes de la ferme Terra Masia (1) Au nord, les “calas” (Xuclar, Portitxol (2), Xarraca…) sont moins bondées et se découvrent avec masque et tuba. À 15heures, c’est l’heure de déjeuner, direction Ses Boques pour ses poissons grillés. Ici, le coucher de soleil est un moment magique à ne pas manquer: le dimanche soir à Cala Benirrás pour une célébration hippy au son des tam-tams, plein ouest au Sunset Ashram pour un cocktail en musique, ou au calme et en méditation face au rocher sacré d’Es Vedrà. Le dîner se fait dans les jardins de la Paloma ou chez Macao, installé dans le charmant village de Santa Gertrudis. La “isla bonita”, “the magic island”, la capitale de la fête, le repaire des hippies…: Ibiza est une oasis mystique qui ne laisse aucun voyageur indi érent.
Bazar, boutique, lieu d'échanges et de vie, Los Enamorados (3, 4) propose, à Ibiza, bien plus que de dormir les pieds dans l’eau. Dans les terres, on opte pour Les Terrasses, havre de paix “comme à la maison”. Expérience slow life dans l’écrin préservé d’Etosoto à Formentera. Séjour en agriturismo branché au Menorca Experimental sur l’île éponyme et sublime.
FUERTEVENTURA — LANZAROTE — GRANDE CANARIE — LA PALMA TENERIFE — LA GOMERA — EL HIERRO — LA GRACIOSA
Berbères, espagnoles ou guanches, les huit îles de l’archipel incarnent un patchwork culturel et paysager singulier. Cratères ocre, plages au sable blond ou charbonneux, arrière-pays authentique, petits villages de pêcheurs…: leurs charmes spectaculaires, au large du Sahara marocain, sont comme des parenthèses tropicales, à seulement quelques milliers de kilomètres de l’Espagne.
Les vignes de Lanzarote s’inscrivent dans les paysages lunaires de la vallée de la Geria. Au milieu des cratères, des milliers de murets de pierres en arc-de-cercle protègent les cépages de Malvoisie, parmi les plus vieux au monde.
Le parc national de Garajonay déploie une forêt humide unique en Europe: la laurisylve. Ce camaïeu de verts, régulièrement plongé dans un mystérieux brouillard, détonne avec les paysages rocailleux et lunaires de l’archipel. Un excellent lieu de retraite par forte chaleur.
Sur l’île de LaGraciosa, la plus méconnue de l’archipel. Aucune route goudronnée, seuls quelques insulaires regroupés en un seul village et un parc national recouvrant la quasi-totalité de l’île. La Graciosa est l’un des derniers refuges en Europe, un lieu secret où les plages solitaires sont plus nombreuses que les visiteurs.
Depuis des siècles, les habitants de LaGomera utilisent un langage si é: le Silbo. De colline en colline, cette communication codifiée par les autochtones guanches d’origine berbère leur permet de dialoguer grâce à la portée des si ements qui peuvent atteindre près de dixkilomètres. La gestuelle chorégraphiée, à une ou deux mains, vaut aussi le détour.
Piscines naturelles de Roque Pietro ou de Charco Azul, plages de sable noir de Playa de Nogales ou de Benijo (superbes, mais où il est conseillé de ne pas se baigner et de rester prudent face aux forts courants. Vous préférerez y admirer leurs inoubliables couchers de soleil), ou celles immaculées (et très fréquentées) de Fuerteventura… Aux Canaries, l’eau est omniprésente. Tout comme le vent: pratique pour sécher.
La Casa Rural Caletón del Golfo, décorée par César Manrique, est une minuscule structure à l’écart des foules sur Lanzarote. Les Canaries ont été façonnées par cet artiste de génie à qui l’on doit un grand nombre de lieux magiques (jardins, belvédères, maison-musée…).
Parasols toisés de paille, murs blanchis à la chaux, mobilier en bois : la terrasse panoramique du Chiringuito Papagayo, dominant la plage abritée de Punta Papagayo, au sud de Lanzarote, et les formations rocheuses d’une noirceur toute volcanique, est parfaite pour chiller tout en prenant de la hauteur.
Dix mots ou expressions à connaître pour parfaire votre culture. ¡ Olé !
Faire le
consiste à déambuler dans les rues de la ville ou le long des promenades de bord de mer. Avec élégance, en famille ou entre amis
Le plat commun à toute l’Espagne est la
(œufs, patates, oignons). La paëlla, elle, est surtout prisée à Valence
En général, on déjeune vers
Pensez à prendre un “desayuno” copieux ou un encas pour patienter
Le 15mai, à Madrid, les femmes CÉLIBATAIRES
vont à la chapelle Ermita de San Isidro afin de trouver un mari
Le nom Espagne vient du mot
qui signifie “terre de lapins”
Depuis 1761, date à laquelle elle a été posée o ciellement sur papier,
est l’hymne national. Particularité: il est sans paroles
Un peu plus de 150000tomates sont jetées lors de la
Cette fête, célébrée chaque année à Buñol, dans la province de Valence, le dernier mercredi du mois d’août, consiste en une bataille géante de tomates
L’origine du mot
vient de “tapar” (“couvrir”, “boucher”). Pour éviter qu’une mouche tombe dans le verre, on le recouvrait d’une soucoupe dotée d’un encas ou d’une olive
Au Nouvel An, lors des douze coups de minuit, les Espagnols croquent un
à chaque son de cloche, et entourés de leur famille
Essentiel pour être bien compris, la prononciation de la
qui nécessite d’appliquer la “technique du chat pas content” en se râclant un peu la gorge. Essayez avec le mot “rojo” (“rouge”) pour bien faire la di érence entre le “r” qui roule et le “j” qui accroche
PAR DESTINATION
Afrique
Amérique du Sud
Directrice de la communication Nathalie Belloir
Rédacteur en chef Raphaël Goubet
Directeur artistique Olivier Romano
Conception et réalisation Faustine Poidevin-Gros, Morgane Le Gall
Rédacteurs Rosanne Aries, Emmanuel Boutan, Baptiste Briand, Éléonore Dubois, Olivier Esteban, Clara Favini, Marion Le Dortz, Marion Osmont, Faustine Poidevin-Gros
Secrétaire de rédaction Stéphanie Damiot
Coordinatrice fabrication Isabelle Sire
Responsable photo Marie Champenois
Iconographe Alix Aurore Pardo
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Impression Imprimerie Chauveau
Antilles
Mexique, Amérique centrale & Grandes
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Asie du Sud-Est & Indonésie
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Canada
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Espagne
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Europe centrale & Balkans
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Inde, Himalayas, Pakistan, Sri Lanka & Maldives
Israël & Palestine
Italie
Japon & Corée du Sud
Maroc & Moyen-Orient
Polynésie
Portugal
Russie & Ukraine
PAR THÉMATIQUE
Voyageurs…en famille / en train / dans les îles
LES ÉDITIONS SPÉCIALES JOURNAL VOYAGEURS / VACANCE
Édition Avril 2025
Crédits – Couverture Salva Lopez
Illustrations Førtifem (p. 4, 8, 9, 20), Léa Maupetit (p. 6, p. 21)
Photos A. Morris (p. 2) ; P10 - A. Pardo (p. 10) ; P. Bagi/ Gallery Stock (p. 11) ; Yosigo (pp. 12-19) ; M. Trillo (p. 23) ; P. Pérez-Mínguez (p. 24) ; S. Lopez, The Principal Madrid, Nuria & Coke, Totem Madrid (p. 26) ; S. Lopez, J. Ignacio de Frutos Gomez (p. 27) ; M. Salvaing (p. 29) ; P. Riverola (p. 30) ; M. Salvaing (p. 32) ; P. Riverola (p. 33) ; C. Testani/ Gallery Stock (p. 35) ; M. Jaeger/RÉA, M. Salvaing, A. Morris, S. Lopez, P. Riverola (p. 36) ; M. Murillo, P. Riverola, A. Olejnik, S. Lopez (p. 37) ; P. Chardin (p. 38) ; Nuria & Coke (p. 40) ; G. Fazio, S. Lopez, Fondation Ricardo Bofill (p. 43) ; I. Humm (p. 45) ; A. Morris (p. 46) ; A. Morris, Cotton House, J. Galland, P. Riverola, S. Lopez (p. 48) ; J. Galland (p. 49) ; A. Boileau (p. 52) ; M. Kirchner/LAIF/RÉA (p. 53) ; I. Humm (p. 55) ; Nuria & Coke (p. 57) ; P. Riverola (p. 58) ; C. Renard, P. Riverola (p. 59) ; Nuria & Coke (p. 60) ; S. Lopez (p. 62) ; S. Lopez, C. Renard, S. Urquijo (p. 65) ; J. Fotografía/Unsplash (p. 66) ; M. Bailen/Getty Images (p. 67) ; C. Renard (p. 68) ; Coco Capitan by David M. Benett/Dave Benett/Getty Images for Gucci & i-D, Portrait of Cristóbal Balenciaga/Private Collection/ Prismatic Pictures/Bridgeman Images, Portrait of Miguel de Cervantes/Bridgeman Images, Courtesy Foundation Gala Salvador Dalí (p. 71) ; Julio Iglesias/United Archives/ Roba Archive/Bridgeman Images, Paloma Picasso by Central Press/Getty Images, Luis Buñuel by Vera Roberts/ Fotos International/Hulton Archive/Getty Images, Portrait de l’Infante par Diego Vélazquez/Louvre, Paris/Bridgeman Images (p. 72) ; Alba Flores by Europa Press Entertainment/ Europa Press via Getty Images, Javier Bardem/Picture Alliance/Bridgeman Images, Rossy de Palma by Henny Garfunkel/Redux-RÉA, Rafael Nadal by Luo Huanhuan/ Xinhua-RÉA (p. 73) ; S. Lopez (pp. 75-76) ; C. Renard (p. 78) ; L. Laucht (p. 79) ; V. Mercier (p. 81) ; C. Renard, F. Poidevin-Gros, V. Mercier, S. Lopez, Los Enamorados Ibiza (p. 82) ; F. Poidevin-Gros, S. Lopez, C. Renard (p. 83) ; S. Lopez (p. 85) ; M. Jaeger/LAIF/RÉA, Nuria & Coke, S. Lopez (p. 86) ; Nuria & Coke (p. 87).
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