Luci - Édition 6 - Français

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Luci

Inspiring Travel Stories from Luxembourg ÉDITION 6 — FRANÇAIS

Aventures féériques Sur les traces du fameux géant

Collections de photos Les images d’un pays

À vélo à travers le pays D‘ouest en est le long de la Sûre


plan K

LE SE M OS E L RGEO I U O B LU X E M

DESTINATION ROUTE DU VIN à consommer avec modération

Retrouvez les vignerons sur vins-cremants.lu


Editorial Moien et bienvenue au Luxembourg, Vous est-il déjà arrivé de vous plonger complètement dans une histoire, comme si vous y étiez ? Dans cette édition du magazine Luci, nous espérons pouvoir vous offrir quelques occasions de le faire. Par exemple, dans les collections photographiques du Luxembourg, devant les innombrables scènes et motifs qu’elles recèlent, et en découvrant l’histoire de leurs origines. Il existe de fabuleux endroits où les admirer. Petits et grands pourront également s’émerveiller sur les traces du géant du Parc Merveilleux, où l’on peut passer la nuit dans un château digne d’un conte de fées. Dans ce numéro de Luci, nous vous emmènerons aussi dans des aventures sportives, à vélo, sur un parcours d’ouest en est à travers le pays, le long de la Sûre. Vous serez surpris de découvrir quelles histoires une rivière peut raconter. Et vous apprendrez aussi que l’on peut écouter parler les pierres, dans le monde souterrain de la capitale du Luxembourg. Mais il est temps de vous jeter à l’eau. Je vous souhaite beaucoup de plaisir à la lecture du nouveau numéro de notre magazine de destination Luci. À très bientôt au Luxembourg,

Dr. Sebastian Reddeker CEO Luxembourg for Tourism

PS : Vous avez manqué les premiers numéros de Luci ? Commandez le magazine gratuitement sur www.luci.travel — pour encore plus de moments inspirants.

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Sommaire

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Outdoors Passion

MINETT TRAIL

Le chemin du changement 18-26

The Good Life

LE PARC MERVEILLEUX ET LE SENTIER DÉCOUVERTE DE BETTEMBOURG

Le géant part en voyage

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28-33

The Good Life

LE JARDIN DES PAPILLONS DE GREVENMACHER

Suivez le battement d’ailes ! 34-40

Transforming Experiences

CENTRE DE DÉCOUVERTE DE LA NATURE « ROBBESSCHEIER »

2 CV et beaucoup de cœur 42-47

Outdoors Passion

« HAFF RÉIMECH » ET BIODIVERSUM

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La nature par passion 48-52

Daydream

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LES CHÂTEAUX : DE PUISSANTS LIEUX D’INSPIRATION

Châteaux et rêves de voyageurs 18

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54-62

Transforming Experiences

UN TOUR À VÉLO LE LONG DE LA SÛRE, DE FRONTIÈRE EN FRONTIÈRE

Go with the Flow 64-69

The Good Life

UN TÉLÉSIÈGE À VIANDEN

Un voyage dans le temps 70-82

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Open and Diverse

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LES COLLECTIONS DE PHOTOS AU LUXEMBOURG

Le Luxembourg en photo

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84-88

Transforming Experiences

LE MUSÉE DE L’ARDOISE DE HAUT-MARTELANGE

Histoire d’ardoise 90-101

Transforming Experiences

LES CASEMATES DE LUXEMBOURG-VILLE

Tunnels cachés et pierres qui racontent des histoires 102-110 Daydream

LES BIBLIOTHÈQUES DU PAYS

Des voyages pour l’esprit et pour l’âme

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112-120

Open and Diverse

CARTE BLANCHE: MIKE ZENARI

Nuit des Musées 122 Ours

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Outdoors Passion MINETT TRAIL

Le chemin du changement À travers les paysages pittoresques du sud du Luxembourg serpente un chemin de randonnée bien particulier qui séduit les amoureux de la nature et les passionnés d’histoire : c’est le Minett Trail. Ce sentier se déploie sur plus de 90 kilomètres à travers la région qui constituait autrefois le cœur de l’industrie sidérurgique du pays. C’est une aventure pédestre à travers le passé industriel et la beauté naturelle du Luxembourg. Texte TOM JUTZLER Photos ANDRÉ SCHÖSSER

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Le Minett Trail est un sentier qui reflète parfaitement toutes les facettes de la région. Ici des roches rouges, là des vestiges du passé industriel, là encore une végétation dense, d’un vert intense, qui fascine les randonneurs. C’est en grande partie à Nora Peters que l’on doit la conception de ce sentier. La voici dans la forêt, près d’Esch-sur-Alzette, où un ancien puits minier débouche sur un tunnel.

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Tel un phare, le château d’eau de Dudelange nous indique le chemin. Visible de loin, il est l’emblème implicite de la friche industrielle de « Neischmelz ». À son pied, dans le bassin de refroidissement, se trouve le « Floater ». Il s’agit de l’un de ces « Kabaisercher », l’un de ces hébergements de randonnée qui ont été conçus spécialement pour le Minett Trail. C’est là que nous allons passer la nuit. Comme une péniche, cette maisonnette de vacances tangue entre les nénuphars et les canards de passage, et elle attend d’être découverte. C’est un objet d’art habitable, fait d’acier et de bois. Nous entrons. Les murs sont constitués de panneaux de bois superposés qui rappellent le front de taille d’une mine. De larges fenêtres offrent une vue imprenable sur le château d’eau. Moderne, inspirant, confortable. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester, car la journée s’annonce bien remplie.

L’ADN de la région Nous avons rendez-vous avec Nora Peters, de l’office régional du tourisme, qui nous attend au « Kantin ». Ce restaurant situé à deux pas du « Floater », dans un ancien hall industriel classé, comprend aussi une microbrasserie, « Twisted Cat ». Nora est assise dans un fauteuil en velours et nous sourit devant la carte du Minett Trail, dépliée devant elle. Le sentier, que nous voyons indiqué sur la carte, avec le kilométrage, les sites touristiques et les niveaux de difficultés, est en grande partie le fruit de son travail.

avec des locaux et collecté des informations sur les particularités du relief. Comme nous n’avons pas le temps de parcourir l’ensemble des 90 kilomètres du trail, nous voulons que Nora nous donne des conseils et nous dise quels sites il ne faut surtout pas manquer quand on vient pour un long week-end. Et nos doigts survolent donc la carte, de sites en sites, que nous avons plaisir à sélectionner. Pour pouvoir ressentir l’ADN de la région, nous commençons par une visite du musée des Mines à Rumelange. Le chaleureux gérant du « Kantin », tout tatoué et aux avant-bras massifs comme des troncs d’arbres, nous invite à passer la soirée ici, en guise d’adieux. Un DJ sera aux platines et ça va danser. Il grince et gronde, le petit train qui nous conduit, toujours plus profondément, dans ce long voyage vers les

tréfonds de la terre. Il vacille dans sa lente avancée vers les galeries souterraines. Au fur et à mesure qu’il nous emmène plus loin dans l’obscurité, l’air qui nous enveloppe devient toujours plus frais et plus humide. Sous terre, dans les vastes couloirs de l’ancienne exploitation de minerai de fer, le dur et dangereux labeur des mineurs reprend soudain vie.

Bonne chance ! La visite des sombres tunnels, faiblement éclairés, qui nous fait passer devant de vieux outils et d’anciennes machines, nous permet d’imaginer les efforts auxquels les mineurs étaient soumis quotidiennement. On peut voir avec quels outils rudimentaires – en somme, de simples marteaux et burins et la force de leurs muscles – les travailleurs extrayaient le minerai de fer, dans les débuts. Et quelles

Sur le sentier, des panneaux indiquent le nombre de curiosités touristiques à voir en chemin. Réserves naturelles, bassins d’eau, points de vue, sites liés au passé industriel et bien plus encore rendent le chemin plus attrayant.

Pendant des mois, elle a testé différents itinéraires, elle en a discuté

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L’emblème implicite de la friche industrielle de « Neischmelz » est le château d’eau de Dudelange. À son pied, dans le bassin de refroidissement, se trouve le « Floater ». C’est un de ces « Kabaisercher », ces hébergements de randonnée qui ont été conçus spécialement pour le Minett Trail.

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Avec la fermeture définitive du laminoir du groupe sidérurgique ArcelorMittal en 2005 est né le projet « Neischmelz » de Dudelange. En plein cœur du centre-ville, sur une superficie de près de 36 hectares, les anciennes friches sidérurgiques ont été reconverties en écoquartier ultra moderne. 11


gigantesques et infernales machines on utilisait à la fin de cette ère de l’extraction du minerai de fer au Luxembourg. Des excavateurs à roues pelles géants jaunes et des foreuses surdimensionnées sont restés dans les couloirs parallèles. Ils ressemblent à des créatures mécaniques tout droit sorties d’un film de science-fiction.

Des mondes cachés Comme notre balade en forêt, entre Rumelange et Esch-sur-Alzette, nous fait du bien après l’obscurité, la roche et la poussière ! Nous passons devant la Maison Gonner, le « Kabaischen » qui porte le numéro 10, près du musée national des Mines, avant que la forêt ne nous accueille avec son air vivifiant et ses feuilles d’un vert éclatant.

Soudain, nous sentons une brise fraîche. Les troncs des hêtres sont ici recouverts de mousse et de lichen. Et il faut garder l’œil ouvert pour découvrir le chemin vers le monde souterrain. À tout moment, on tombe sur des entrées de la mine abandonnées et fermées par de lourdes grilles. Une brise douce et froide annonce souvent les tunnels. Mais nous n’entrerons pas. Lentement, le chemin descend et s’enfouit toujours plus profondément dans le sol de la forêt, jusqu’à devenir un véritable puits, dont même les parois sont recouvertes de mousse et de fougères. La température a nettement baissé. Et puis, derrière des ronces, nous découvrons l’entrée. C’est une bouche sombre, noire, au milieu d’une forêt dense. Avec ces sentiers de découverte quelque peu effrayants, les promenades à travers les forêts

La Maison Gonner est le « Kabaischen » de Rumelange. Un joyau historique réinterprété. Associant la brique et la pierre naturelle, ce bâtiment qui accueillait autrefois les bureaux des mines, fascine les visiteurs par son charme authentique et par les histoires qu’il raconte, celle de l’époque où l’on exploitait le minerai.

du Minett deviennent de véritables aventures. C’est ainsi qu’on se rend compte à quel point l’homme peut parfois façonner son environnement. Et à quel point la nature reprend vite ses droits. Nous suivons le chemin jusqu’à Esch-sur-Alzette et retournons à Dudelange par le bus. Car le « Floater », le DJ et la bière artisanale nous attendent. Le lendemain matin, le soleil entre par les grandes baies vitrées du « Floater ». Depuis l’extérieur, la tour qui se reflète dans l’eau nous salue. Dans la lumière du soleil levant, elle apparaît comme en filigrane. On sonne à la porte. En ouvrant, il n’y a personne, mais un plateau de petit-déjeuner avec des produits régionaux est posé sur le seuil. La journée peut commencer !

Où se trouve le wagon-poche ? Nous commençons par chercher la poche, installée sur un wagon de chemin de fer. La poche était une sorte de container déposé sur un wagon muni d’une bascule dans laquelle on versait les scories de la production d’acier encore liquides. Les wagons partaient de l’usine sidérurgique de Dudelange jusqu’à la limite du plateau de la Haard, d’où les scories étaient déversées dans une ancienne mine à ciel ouvert. Aujourd’hui, le crassier est devenu un précieux habitat pour les animaux et espèces végétales qui apprécient la chaleur. Dans les éboulis qui se réchauffent très vite se constituent de petites cavités où se réfugient lézards, coléoptères et serpents. Nous trouvons le wagon-poche et grimpons à l’intérieur, dans un

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Dans le Minett Park Fond-de-Gras est retracé plus d’un siècle d’histoire industrielle du sud du Luxembourg. Le train à vapeur, que l’on appelle le Train 1900, relie Pétange au Fond-de-Gras, comme au tournant du 20e siècle.

Le Fond-de-Gras possède aussi son « Kabaischen ». Il s’agit d’un wagon restauré. Mais les six couchages sont bien plus qu’un simple wagon-lit de luxe. On y trouve un sauna, deux salles de bain entièrement équipées, une cuisine ainsi qu’une pièce à vivre et même une loggia pour se détendre en bonne compagnie.

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Un petit train conduit les visiteurs au musée des Mines de Rumelange, vers les profondeurs. Sous terre, dans les vastes tunnels de l’ancienne exploitation de minerai de fer, le dur et dangereux labeur des mineurs reprend soudain vie.

tonneau qui ouvre sur le paysage. De l’autre côté de la vallée, le regard se pose sur l’une des plus longues parois abruptes d’Europe. Même si ces impressionnants murs de pierre rouge ont été massivement créés par l’homme, ils rappellent malgré tout les formations rocheuses naturelles de l’Ouest américain. Une forêt clairsemée alterne avec des clairières aux allures de steppes. Et entre les deux, on retrouve sans cesse cette roche rouge typique du Minett. Un petit serpent noir

disparaît entre deux rochers. Des papillons volètent d’une orchidée à l’autre. On s’attend à voir débouler sur son cheval le cow-boy de la publicité pour Marlboro, au bord du précipice, regardant pensivement vers le lointain. Au lieu de cela, nous entendons des bêlements provenant du côté opposé. Un troupeau de moutons surgit d’entre les buissons. Nous reconnaissons le chien de berger qui court comme un fou autour du troupeau pour maintenir les bêtes ensemble. Et c’est un berger, non pas un cowboy, qui se tient de l’autre côté de l’ancienne mine-canyon, vêtu d’une longue cape frôlant le sol.

De luxueux changements structurels Nous poursuivons notre randonnée à travers la réserve naturelle « Haard-Hesselsbierg-Staebierg » en direction de Tétange, puis nous prenons le bus pour Belval. Là nous attendent les innombrables marches qui mènent à la plateforme panoramique aménagée sur un ancien haut-fourneau. Les marches grincent sous nos pas tandis que nous grimpons, au milieu de cette imposante architecture industrielle, témoin désormais d’une époque révolue. Arrivés au sommet, nous sommes récompensés par une vue panoramique époustouflante sur Belval et les régions environnantes. Les structures rouillées du haut-fourneau se dressent dans le ciel comme de véritables sculptures, tandis qu’en bas résonne la nouvelle vie de quartier. Les anciennes aciéries côtoient des bâtiments modernes dans lesquels se sont installés universités, musées et

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entreprises. Nous déambulons dans la Cité des Sciences, où naissent les savoirs du futur, et nous admirons la fusion harmonieuse de l’ancien et du nouveau. Ici, dans les rues de Belval, on sent pulser le progrès, tout en saisissant à chaque recoin la présence du passé industriel. Notre périple nous conduit plus loin à travers la réserve naturelle « Prënzebierg-Giele Botter ». Ici aussi, la nature a repris ses droits depuis la fermeture de la mine à ciel ouvert. Désormais, de nouveaux habitats biologiques ont surgi, où des plantes, notamment de rares orchidées sauvages, mais aussi des animaux – amphibiens, reptiles, insectes, chauves-souris, oiseaux – ont trouvé refuge.

Histoire et gâteau à la rhubarbe De là, nous descendons jusqu’au Fond-de-Gras, un parc sur le thème du passé industriel, qui fut autrefois l’un des grands centres miniers du Luxembourg. L’ancienne gare du Fond-de-Gras, maintenue dans son état d’origine, nous ramène à une époque où les trains à vapeur étaient le principal moyen de transport. L’une des attractions les plus singulières est le Train 1900, un vieux train à vapeur, qui conduit les visiteurs dans un voyage dans le temps, et qui circule à horaire fixe entre Pétange et le Fond-de-Gras. Dans la gare a ouvert un café qui rappelle ceux d’autrefois. Le gâteau à la rhubarbe nous fait de l’œil, tout comme la dame couronnée de cheveux blancs permanentés, derrière la vitrine. « Ici, on a l’impression d’être au début du 20e siècle, n’est-

Dans la réserve aquatique et ornithologique « Dumontshaff », classée Natura 2000, se déploie toute la splendeur de la vallée de l’Alzette. On randonne sur des passerelles à travers ce refuge de biodiversité, et avec un peu de chance, on observera cigognes et vanneaux dans leurs zones de reproduction, ainsi même que des buffles d’eau dans les marais. C’est un rare aperçu d’un écosystème protégé.

ce pas ? Nous tous qui travaillons ici sommes membres de l’association. Du contrôleur au conducteur de train, de la vendeuse de gâteau au mécanicien qui s’occupe de la locomotive à vapeur. C’est une grande famille qui aime les jeux de rôles. » Nous marchons à travers une forêt épaisse et vallonnée en direction de Lasauvage. Chemin faisant, nous tombons sur de nombreux vestiges de l’époque où la mine était active, notamment des tronçons du « Bremswee » (chemin de freinage) des « buggies », ces wagonnets qui servaient à transporter le précieux minerai pour l’acheminer hors de la mine. Des témoins du passé industriel, comme les vieux pylônes

électriques ou rails recouverts de végétation, nous murmurent des histoires issues d’une autre époque. Sur notre parcours, le « Kabaischen » de Lasauvage est un vrai petit bijou. C’est là que nous allons passer la nuit. Cette ancienne maison ouvrière a été astucieusement transformée par l’architecte Anouck Pesch qui en a fait un espace alliant histoire et confort moderne. À l’intérieur, on trouve une grande salle commune et plusieurs chambres individuelles. Chaque chambre est magnifiquement ornée d’une fresque relatant l’histoire de la femme sauvage qui a donné son nom au lieu. Séjourner ici n’est pas qu’un moyen de se reposer, c’est

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La réserve aquatique et ornithologique « Dumontshaff » est une zone humide située le long de l’Alzette. Pendant des décennies, la zone était Lorsque, le lendemain matin, nous complètement asséchée. Désormais, quittons le village, nous longeons après sa renaturation, des espèces la Crosnière, un ruisseau, jusqu’à rares comme la cigogne blanche reDifferdange, d’où nous prendrons, viennent. Les planches de bois de la gratuitement, le train pour Schifpasserelle qui constitue une bonne flange. Pour clore notre aventure du partie du sentier craquent sous nos week-end Minett Trail, nous avons choisi l’étape la plus simple, de Schif- pieds. Des plantes marécageuses aux grandes ombelles de fleurs roses flange à Bergem. En même temps, il s’agit de la moins typique. Au lieu de prolifèrent de toutes parts. Tous les quelques mètres, des papillons se randonner parmi les roches rouges, reposent sur les planches chauffées la forêt et les friches industrielles en par le soleil. Et nous aussi, sur un pleine mutation, nous cheminons à travers les marais luxembourgeois. Si petit pont tout simple qui enjambe nous avons de la chance, nous verrons l’Alzette. Nous balançons nos pieds au-dessus de l’eau et contemplons même des buffles d’eau. aussi une plongée dans la culture et l’histoire de Lasauvage.

Sentier et repos :  Les « Kabaisercher » sont nés dans le cadre de Esch2022, Capitale européenne de la culture. Selon la devise « Remix », l’ancien est devenu le nouveau, des endroits improbables ont été transformés en hébergements. Les « Kabaisercher » sont parfaits pour découvrir le Minett Trail et passer la nuit en chemin. www.simpleviu.com

Dans la pièce à vivre du « Kabaischen » de Lasauvage, une immense fresque raconte l’histoire de la « femme sauvage ». C’est de cette légende que vient le nom du lieu. On raconte qu’elle vivait autrefois dans les forêts alentour, recouverte seulement de ses cheveux pas coiffés, qu’elle avait des yeux brillants et de redoutables griffes. C’est un rappel du passé mystique du lieu.

 Le Minett Trail, c’est 90 kilomètres de nature et d’histoire. La réserve naturelle de la région Minett attend les randonneurs et leur montre pourquoi on l’appelle aussi les Terres Rouges. Dix étapes différentes, reliant des villes et des lieux importants, permettent d’explorer la région Minett, à son propre rythme. www.minetttrail.lu

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la prairie. À partir de là, le terrain grimpe tout doucement et s’assèche. S’ensuit une prairie qui ressemble à une steppe. Nous scrutons les bords de la rivière. La tache noire, au loin, entre les roseaux et les peupliers, ne serait-ce pas un buffle d’eau ? Peut-être. Du moins aimerions-nous le croire. En tout cas, les libellules, dont le corps brille d’un vert métallique au soleil, ne sont pas imaginaires.

Tout continue de changer ! À chaque étape du sentier, nous prenons la mesure de l’impact qu’a eu l’homme sur la nature de cette région et nous voyons combien les choses sont en train de changer. Les gens font beaucoup pour façonner leur espace vital et pour qu’il s’accorde harmonieusement à la nature actuelle. Tout est en mouvement. Et nous sommes curieux de voir quels seront les prochains changements quand nous reviendrons dans la région Minett.


Voici un pan du patrimoine culturel mondial : depuis le belvédère du haut-fourneau, à 40 mètres de hauteur, et après avoir grimpé 180 marches, les visiteurs profitent d’une vue à couper le souffle sur le nouveau quartier de Belval et sur les environs.

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The Good Life LE PARC MERVEILLEUX ET LE SENTIER DÉCOUVERTE DE BETTEMBOURG

Le géant part

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en voyage Le Parc Merveilleux de Bettembourg est connu au Luxembourg et par-delà les frontières du pays. Il constitue un vrai pôle d’attraction pour les visiteurs. Son emblème est le géant couché à côté de l’aire de jeu et sur lequel les enfants adorent grimper. Mais maintenant, il s’est réveillé ! Les plus téméraires le suivront à travers le parc et même dans toute la ville de Bettembourg. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Apposer la silhouette du géant sur le château d’eau a demandé beaucoup d’efforts. Mais le jeu en a valu la chandelle. Désormais, le géant adresse un clin d’œil amical à toute la ville. Dans le Parc Merveilleux, c’est depuis l’enclos des ânes qu’on le voit le mieux. Et quand on se tient juste devant, on peut réveiller le géant grâce à la réalité augmentée.

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Quand, tout à coup, le géant se met à ronfler bruyamment et à bouger, Léa et Ben manquent de tomber de son ventre tant ils ont peur. Ce personnage est-il vivant ? Les deux enfants de cinq ans regardent d’où vient le bruit. Ouf, ce n’est qu’un hautparleur ! Et le bon vieux géant du Parc Merveilleux reste bel et bien un personnage imaginaire. Mais que se passerait-il s’il prenait vraiment vie ?

Une mascotte prend vie

son, au Parc Merveilleux ! Alors, le géant se met en route avec le perroquet Lori. Ils cherchent aux quatre coins de Bettembourg et finissent par trouver quelques indices… Outre des personnalités de la commune, l’histoire intègre des éléments qui se sont réellement produits, comme le fait que la petite figurine du Petit Poucet a déjà réellement disparu. Ou qu’il y a bien eu une « armée des ombres »

De nombreuses attractions du parc sont connues par des générations de Luxembourgeois. Les petits chevaux qui traversent la forêt en font partie, pour le plus grand plaisir de Ben et de Léa. « Encore ! », ne cessent-ils de crier.

Le géant, « De Ris » en luxembourgeois, est la mascotte du parc depuis ses débuts. Au fil des ans, son apparence a changé. Il avait l’air beaucoup plus effrayant autrefois. « Ma grand-mère me disait toujours : si tu n’es pas sage, le géant du parc va se réveiller », raconte en riant Patrick Hurt, responsable de la communication pour la ville de Bettembourg. Bien entendu, lui aussi connaît le géant depuis son enfance. Mais que se passerait-il si le géant se mettait réellement debout et partait en courant ? La réponse existe désormais sous forme de bande dessinée. L’intrigue est la suivante : le géant, après avoir dormi des décennies dans le parc, se réveille subitement. Et les autres habitants du parc, les animaux, s’en réjouissent tout d’abord. Mais le gentil « Ris » découvre que son ami le Petit Poucet, habituellement assis à ses côtés, a disparu. A-t-il été enlevé ? Quoi qu’il en soit, il faut qu’il rentre à la mai-

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Les deux meilleurs amis que sont Ben et Léa se déchaînent entre les attractions féeriques, mais ils aiment aussi voir et écouter les histoires. Les bâtiments d’origine abritent différentes scènes des contes les plus connus. Chacune des fenêtres, derrière lesquelles les figures sont en mouvement, correspond à un chapitre d’une histoire.

à Bettembourg pendant la Seconde Guerre mondiale : des chars factices et des figurants jouant le rôle de soldats pour tromper l’ennemi et faire croire à la présence d’une armée importante, qui en fait n’existait pas. Le clou de cette histoire : on peut suivre le parcours du géant grâce à une balade dédiée à travers Bettembourg. Partout, on y retrouve les traces du géant et de ses amis. Bien sûr, on le rencontre d’abord

dans le Parc Merveilleux, endormi près d’un livre ouvert qui raconte son histoire. Mais on le voit aussi sur le grand château d’eau, dans la prairie avec son bonnet rouge surdimensionné, ou assis, trempé, dans l’étang du parc municipal, ou encore conduisant les visiteurs dans le vieux verger, là où paissent les vaches. Et on peut même l’animer grâce à la réalité augmentée. Toute cette expérience est idéale pour les sorties en famille.

Entre fiction et réalité Depuis longtemps, des habitants engagés de Bettembourg envisageaient d’utiliser le Parc Merveilleux pour créer une histoire et pour positionner leur ville au centre d’une expérience touristique. C’est notamment ce qu’ils ont fait avec le sentier de découverte autour du géant. « Dans le cadre d’Esch2022, Capitale européenne de la culture, nous nous sommes dit qu’il fallait concrétiser le projet ! », explique Patrick Hurt. C’est ainsi qu’à partir de 2019, la planification s’est mise en place : le sentier a été tracé et des artistes de Bettembourg en ont enrichi les stations avec leurs œuvres. Et, enfin et surtout, deux célèbres auteurs de BD en ont fait un livre : Lucien Czuga, créateur, entre autres, du sympathique super-héros luxembourgeois « Superjhemp », et Andy Genen, un jeune illustrateur et dessinateur de BD, qui a déjà donné un visage à plusieurs projets et héros.

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En se promenant à travers Bettembourg, les auteurs Lucien Czuga et Andy Genen rencontrent par hasard le maire, Laurent Zeimet. « Mes trois enfants ont testé le parcours et l’ont adoré. Et il y a vraiment des gens qui viennent spécialement pour ce sentier découverte », s’enthousiasme-t-il. 23


Oups, le géant est tombé sur son popotin ! Dans sa quête du Petit Poucet, il a atterri dans l‘étang du parc.

Danse avec les loups : avec Patrick, son papa, Ben s’est arrêté pour voir les loups du Parc Merveilleux. Espérons que le Petit Chaperon rouge s’est bien caché !

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La publication d’un livre comme celui-là dans le cadre d’Esch2022 et à l’occasion du dixième anniversaire de « LiteraTour », le festival du livre de Bettembourg, confirme qu’il est bon de tout associer : le passé et le présent, la réalité et la fiction, l’art et la nature. Les auteurs connaissent évidemment ce parc, qui fait partie de la vie des Luxembourgeois. Andy Genen, enfant des années 1970, aime se souvenir des excursions qu’il y entreprenait : « J’adorais les chevaux et les petites voitures de course », se remémore-t-il. Il a adoré redécouvrir les lieux dans le cadre de ses recherches. « C’est un endroit spécial. Beaucoup moins stressant que les grands parcs d’attraction et avec un charme tout particulier », dit Andy.

Des lieux qui existent vraiment Andy Genen a été immédiatement séduit par l’idée de ce livre. « Lucien et moi avons été contactés par les collectionneurs de BD Charel Bauer et Alex Kloos, de Bettembourg, et nous avons tout de suite accepté », se souvient-il. « Nous avons peaufiné ce travail pendant deux ans », raconte Lucien Czuga, le père de « Superjhemp », véritable institution dans le monde de la BD luxembourgeoise. C’est lui qui a écrit les textes, Andy les a illustrés. « Le défi, dans ce processus, était de savoir quelles stations représenter sous forme de dessin et comment s’y prendre ? C’est une vraie ville, les lieux existent

vraiment. C’était donc un challenge passionnant », explique Lucien. Les deux artistes ont aussi reçu l’aide des enfants de la commune, auxquels on a demandé de réfléchir aux péripéties que le géant allait vivre sur son chemin. Et à quoi ressemble-t-il dans la réalité, ce chemin du géant ? C’est avec plaisir que les deux auteurs arpentent le sentier avec

Patrick Hurt, de la commune de Bettembourg, l’auteur Lucien Czuga et l’illustrateur Andy Genen flânent dans le « Bongert », le verger de Bettembourg et en apprécient le calme. Les différents vergers sont indiqués sur le parcours. On y trouve certains des plus vieux arbres fruitiers du grand-duché.

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Féerique :  Il est possible de revivre le voyage du géant. On peut commander la BD, les produits dérivés et le plan de la ville à la commune de Bettembourg, directement au Parc Merveilleux ou en ligne. www.deris.info  Le Parc Merveilleux est connu au-delà des frontières. C’est un parc de loisirs tranquille, loin du stress et de l’agitation. En plus des enclos pour les animaux, des aires de jeux et des petits manèges, on trouve, disséminées à travers le parc, des stations sur le thème des contes de fées, avec des personnages animés. Blanche-Neige, Raiponce et le Petit Chaperon rouge y prennent vie, au même titre que les héros d’autres contes typiquement luxembourgeois. www.parc-merveilleux.lu

Patrick Hurt de la commune. On peut opter pour une boucle de 6,7 ou de 9,7 kilomètres. En tout, ils découvrent 15 stations thématiques conçues par 13 artistes luxembourgeois, avec du street art, des sculptures, de la réalité augmentée et bien plus encore. L’une de ces stations, le château d’eau sur lequel est peint le géant surdimensionné, est visible depuis l’enclos des ânes du Parc Merveilleux. Au pied de la tour, on peut donner vie au géant et au perroquet Lori grâce à son portable. Ce perroquet est culte depuis qu’un gigantesque graffiti à son effigie orne un mur de la ville de Bettembourg. Mais est-ce que le Petit Poucet sera finalement retrouvé ? Oui, on peut l’apercevoir sur un banc, au bord du chemin. Le géant voudrait-il s’accorder une pause ? Il peut s’asseoir à cette table imposante.

 Si l’on veut passer la nuit à Bettembourg dans un univers digne des contes de fées, c’est au petit château situé à l’entrée du parc qu’il faut aller. Le lieu fait partie de ce qu’on appelle les « Kabaisercher », des hébergements typiques de la région Minett, près des chemins de randonnée du Minett Trail. Le point fort : on peut y grimper tout en haut de la tour, comme Raiponce. Si on le souhaite, un petit-déjeuner est proposé dans un endroit secret de la cour. www.minetttrail.lu

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Est-ce que le « Ris » aimerait voyager dans un autre pays ? Ou bien doit-il simplement remettre un train sur les rails ? C’est à la gare que l’on peut observer cela. Mais qui l’a réveillé ? Était-ce un tour de magie ? Une pomme dorée à l’entrée du luxuriant verger pourrait aider à résoudre l’énigme. Est-ce que l’histoire finit bien ? Bien sûr que oui. Les amateurs d’histoire pourraient à coup sûr imaginer plein d’autres aventures pour le géant, Lori et le Petit Poucet. D’ici là, toute personne qui flâne dans Bettembourg constatera que la petite ville est devenue le terrain de jeu d’un grand héros.

Vrais loups et chevaux voyageurs Léa et Ben continuent à profiter de leur journée après avoir rendu visite au géant endormi du Parc Merveilleux : ils passent des ponts en bois, caressent des chèvres et des ânes, frissonnent à la vue de serpents et de reptiles, découvrent des loups blancs entre les arbres, traversent la forêt sur des petits chevaux qui se balancent, testent les nombreuses aires de jeux. Et, bien sûr, ils sont fascinés par les différentes attractions féeriques qui existent depuis les débuts du parc. Certains des automates sont là depuis les années 1960, d’autres sont flambants neufs. Et les enfants restent bouche bée en écoutant les contes du Luxembourg qu’ils ne connaissent pas encore. Les bonnes histoires continuent d’émerveiller, de génération en génération.


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The Good Life LE JARDIN DES PAPILLONS DE GREVENMACHER

Suivez le battement d’ailes !

Dissimulé dans la petite ville pittoresque de Grevenmacher, en région Moselle, se trouve un lieu qui vous transporte dans un autre monde. Le jardin des papillons, un spectacle coloré que nous offre la nature. Texte et photos TOM JUTZLER

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Le jardin déborde de vie. Chacune des visites commence par un délicat bruissement d’ailes et un feu d’artifice de couleurs. Partout, ça bourdonne, et le parfum des plantes exotiques imprègne l’air chaud et humide de la grande serre qui abrite le jardin. Mais ce ne sont pas seulement les papillons qui rendent cet endroit si particulier. Les personnes qui travaillent en coulisses y contribuent largement et Pit en fait partie. Un jeune homme plein de joie de vivre ayant une déficience intellectuelle.

lantes et colorées. Son savoir est impressionnant et son enthousiasme contagieux. On ne peut pas s’empêcher de se laisser emporter par son amour pour ces délicates créatures.

Site éducatif Le jardin des papillons de Grevenmacher n’est pas seulement un refuge pour les papillons, c’est également un site éducatif pour les visiteurs. C’est aussi un lieu où

Une petite île paradisiaque au bord de la Moselle : le jardin des papillons est le lieu idéal pour les amis de la nature et de ses beautés. Avec ses centaines de papillons exotiques, ce jardin tropical, niché dans le village viticole de Grevenmacher, invite à la promenade, sur une surface de plus de 600 mètres carrés.

Les bananes comme mets préféré Les yeux de Pit se mettent à briller quand il parle de son travail. Il a un sens du détail qui est essentiel dans ce jardin rempli de joyaux. Il a ici la possibilité de se préparer au monde du travail « à l’extérieur », et il accomplit sa tâche avec un engagement et un enthousiasme impressionnants. Quand nous rencontrons Pit, il est en train de donner à manger à un groupe de papillons morpho d’un bleu éclatant. « Ils aiment les bananes trop mûres », explique-t-il avec un sourire en déposant délicatement le fruit sur une mangeoire. Ses doigts bougent avec prudence, ses gestes sont réfléchis. Il évoque les différentes espèces de papillons qui vivent dans le jardin, depuis les spécimens presque invisibles jusqu’à ceux, somptueux, aux ailes scintil-

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des personnes avec des besoins spécifiques et en situation de déficience intellectuelle peuvent apprendre et grandir. Ici, elles acquièrent des compétences et se préparent aux exigences de la vie professionnelle.

Pour des raisons climatiques, le jardin des papillons n’est ouvert que d’avril à octobre. À l’intérieur règne une température constante de 28°C et un taux d’humidité toujours élevé. Les familles peuvent venir y passer une ou deux belles heures et trouver dans la boutique de jolis petits objets ainsi que des livres sur le sujet. Car la boutique est aussi une librairie où ont parfois lieu des lectures publiques.

Faire ses propres expériences au labo Pit est en train de contrôler les billets des visiteurs. « On a besoin de moi, ici. Et j’apprends tous les jours quelque chose de nouveau », raconte-t-il avec élan. En plus des papillons, Pit doit s’occuper de plein d’autres animaux fascinants : ici se cache un caméléon, là voltigent des cailles, rampent des araignées, volètent de petits oiseaux. Des carpes koï multicolores forment des cercles dans le bassin. Les plantes exo-

tiques complètent également le tableau et nous transportent dans un autre monde. L’autre point fort du jardin des papillons de Grevenmacher est ce qu’on appelle le laboratoire. C’est une salle où les scolaires et autres visiteurs intéressés peuvent se plonger plus profondément dans le monde des papillons. Le laboratoire est équipé de microscopes modernes qui permettent une observation détaillée de ces fascinants insectes. « Ici, les enfants peuvent observer de près les papillons et examiner leurs fines structures », raconte Sandra, l’une des pédagogues en charge de l’encadrement, en nous conduisant vers le labo.

Quand les chenilles apprennent à voler Au microscope, on découvre les fines écailles qui recouvrent les ailes des papillons. Les enfants voient aussi les yeux multifacettes, très complexes, de ces créatures, ainsi que les minuscules poils qui parsèment leurs corps. « C’est incroyablement plaisant de voir les enfants faire leurs premières découvertes. Leurs yeux brillent, ils sont si excités qu’ils ne tiennent pas en place. C’est le moment où ils comprennent que la nature est pleine de merveilles qui n’attendent que d’être découvertes », s’enthousiasme Sandra. Il n’y a pas que l’observation au microscope qui offre une expérience d’apprentissage, il y a aussi celle des différents cycles de vie

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Il n’y a pas que l’observation au microscope qui offre une expérience d’apprentissage, il y a aussi celle des différents cycles de vie des papillons.

Les papillons ne vivent que deux semaines. D’où viennent-ils ? Certains du Costa Rica, d’autres des Philippines, d’autres encore d’un élevage local.

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Grâce au climat tropical de la serre, les papillons venus du monde entier ne sont pas les seuls à vivre là. On y trouve aussi un certain nombre de cailles naines venues de Chine, des caméléons, des tortues, différentes espèces d’oiseaux et un essaim d’abeilles (dans une boîte en verre). L’atmosphère idyllique et les fleurs de toutes les couleurs font rêver les enfants… et aussi les grands.

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Ce ne sont pas seulement les animaux qui rendent cet endroit si particulier. Les personnes qui travaillent en coulisses y contribuent largement. Parmi eux, il y a Pit, qui fait un tour du jardin avec les enfants.

des papillons. De la chenille à la chrysalide, de l’éclosion au vol majestueux : voilà ce qu’on peut voir ici, en vrai. Le jardin des papillons éveille la curiosité et l’envie d’explorer. C’est un lieu qui encourage l’amour de la nature et fera peut-être éclore aussi la prochaine génération de scientifiques et de protecteurs de la nature. Une jolie boutique est directement reliée au jardin. Ici, la nature rencontre l’artisanat. On y trouve un

grand nombre d’objets fabriqués avec amour, notamment des bijoux inspirés des couleurs et des formes des papillons du jardin, mais aussi des produits à base de miels de la région. Ce magasin offre donc une large palette d’idées de cadeaux et de souvenirs. Une des vendeuses nous montre fièrement quelques objets. « Nombreux sont les articles inspirés de nos papillons », expliquet-elle en tenant un bijou en forme de sublime papillon monarque.

Rencontres et gourmandises Après un petit tour au magasin, on est tenté par la brasserie, située juste à côté. En dégustant un gâteau fait maison et une tasse de café fraîchement préparée, il est toujours plaisant d’observer les allées et venues des visiteurs. La brasserie est un lieu de rencontres pour les visiteurs comme pour les employés. Des gens de tous âges et de tous horizons se retrouvent ici, à partager la magie du jardin. C’est un lieu qui réunit les gens. Ici, on peut se détendre, rire, apprendre. Et on peut célébrer la simplicité et la beauté de la nature. Le jardin des papillons de Grevenmacher est plus qu’un simple jardin. C’est un espace de découverte, de formation, de rencontres et de gourmandises. Et pour beaucoup, c’est aussi un tremplin, un lieu qui remplit le cœur des visiteurs de joie et d’émerveillement et qui leur laisse une impression durable.

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Transforming Experiences CENTRE DE DÉCOUVERTE DE LA NATURE « ROBBESSCHEIER »

2 CV et beaucoup de cœur

Charel Braquet et ses chevaux de trait ardennais forment une équipe bien rodée. Les visiteurs peuvent les rencontrer au centre de découverte de la nature « Robbesscheier ». Texte SIEGLINDE MARX Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Depuis sa jeunesse, Charel Braquet aime travailler avec ses Ardennais, qu’il considère comme de véritables collègues. Le tandem parfait entre l’humain et l’animal.

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Un matin au début de l’été, dans une forêt de résineux près de Munshausen au nord du Luxembourg. Les premiers rayons du soleil font disparaître la fraîcheur de la nuit et les dernières gouttes de rosée. En pénétrant plus profondément dans la forêt, un délicieux parfum boisé caresse les narines. C’est l’odeur de la sève qui coule des branches, mélangée à l’arôme piquant des aiguilles. Soudain, une sorte de sifflement, puis les bruits d’un attelage de chevaux et, peu après, le claquement des sabots amorti par le sol forestier. Le branchage craque et un long tronc d’arbre frotte sur le sol. Charel Braquet et ses Ardennais, Bieke et Jasmin, sont en plein débardage. Dans ces pentes escarpées et difficiles d’accès, il n’est pas rare de croiser un tel attelage.

Aux petits soins pour les animaux

rête de travailler dans la forêt dès que les températures augmentent », explique-t-il. Il enlève le collier que portent les chevaux et les attèle à une élégante voiture marathon.

Prr : au repos ! « Nous sommes tellement proches du village, que cela ne vaut pas la peine de transporter les juments dans une remorque. Et puis, c’est quand même plus gai de se déplacer ainsi », précise le passionné de chevaux. Le trajet passe d’abord par un chemin forestier très tranquille, avant de traverser la localité, où l’attelage devra partager la route avec des véhicules possédant bien plus que 2 CV. Pour les habitants, Bieke et Jasmin font réellement partie du quotidien, à tel point qu’ils ne lèvent même plus les yeux lorsque le claquement des sabots retentit devant leurs fenêtres. Les étrangers, par contre, sont généralement tel-

lement étonnés par cette rencontre, qu’ils arborent à la fois un grand sourire et un regard interloqué. Quoi qu’il en soit : Charel Braquet reste détendu, au même titre que ses chevaux. La « Robbesscheier », où vivent les animaux et où travaille Charel Braquet, est rapidement atteinte. « Prrrrr » – les lourds quadrupèdes s’arrêtent devant leur écurie. Ce bâtiment moderne au bardage en bois s’intègre parfaitement dans son environnement rural. D’un geste assuré, l’homme débarrasse les juments de leurs harnais, avant de les laisser rejoindre le troupeau. Maintenant, repos !

Les franges ne sont pas la nouvelle mode de l’été pour équidés, mais empruntées aux zèbres. En raison de leurs yeux à facettes, les mouches ne les voient pas et évitent donc de s’approcher des chevaux. Une méthode naturelle, pratique et intelligente.

Même si ses vêtements sont mouillés de transpiration et qu’il peine à éponger celle qui coule de son front, Charel Braquet sourit visiblement satisfait : « C’est un travail éreintant, mais c’est pour moi la meilleure manière de passer mes matinées ». Lentement, mais sûrement les rayons du soleil réchauffent l’air. Pour Charel Braquet et ses collègues équidés, cela signifie que la première partie de leur journée de travail touche à sa fin. « Le débardage requiert des efforts physiques conséquents de la part des animaux. J’accorde une très grande importance à ce qu’ils se sentent bien. C’est pourquoi j’ar-

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« Pour les animaux en tout cas », ajoute-t-il le sourire aux lèvres. Pour le chargé de direction du centre de compétences du cheval de travail, la deuxième partie de la journée commence à la « Robbesscheier », un lieu où les enfants et les familles peuvent découvrir la nature par le biais d’ateliers. L’itinéraire de Charel Braquet le mène d’abord, et comment pourrait-il en être autrement, vers le paddock dans lequel se trouvent les chevaux. Un coup d’œil rapide lui suffit pour s’assurer que tout s’y passe pour le mieux : « En étant en contact régulier avec les chevaux, on apprend à les comprendre – tout comme ils parviennent à interpréter nos mimiques. Quand je suis de mauvaise humeur, ils le remarquent

et adaptent leur comportement. Dans ces cas-là, je fais une pause, le temps de redescendre. Le travail peut alors reprendre et je me sens renaître », s’extasie-t-il. Sa ronde le conduit ensuite à la maison des abeilles, où un essaim d’apprentis apiculteurs en tenue d’astronaute l’attend. Accompagnés de l’apicultrice Dana Ross, ils regardent un cadre qui grouille de petites ouvrières. Soudain, les enfants s’agitent : « Là ! La reine », s’écrie l’un d’eux. Charel Braquet sourit. Ici aussi, tout va bien. En passant à côté des lapins, chèvres et ânes, il se dirige vers le vaste potager. Il y retrouve Romain Mores, le jardinier-paysagiste et son fils Simon, qui souhaite marcher sur les traces de son père et suit un apprentissage à la « Robbesscheier ».

À la « Robbesscheier », les visiteurs peuvent participer à de nombreux ateliers, qui jouent un rôle dans l’agriculture et sont indispensables pour la production d’aliments de qualité, par exemple la culture de fruits, de légumes et d’herbes aromatiques dans des serres et parterres.

Alors que les plants de tomates tiennent compagnie aux cornichons et aux piments dans la serre, les betteraves rouges et blanches n’attendent que d’être récoltées à l’extérieur. « Ce matin, j’ai déjà amené des carottes, des courgettes et des petits pois au restaurant. Peut-être que tu les retrouveras dans ton assiette tout à l’heure », souffle le jardinier à son collègue. En effet, quelques instants plus tard, Charel Braquet est rappelé à l’ordre par son estomac. Dans le restaurant de la « Robbesscheier », comme dans le reste de l’entreprise, on met l’accent sur le caractère durable et local. C’est pourquoi Charel y opte pour l’assiette « 0 kilomètre », un plat composé uniquement de produits ultra-locaux, cultivés sur place, issus de fermes ou de chasses des alentours.

Un travail d’équipe avec les chevaux Pendant le repas, Charel Braquet explique d’où lui vient sa passion pour les Ardennais. « Mes parents ont toujours eu des chevaux. Lorsque j’étais petit, je pratiquais assidument les sports équestres, mais je n’avais plus envie de cela. J’ai rencontré les chevaux de trait grâce à mon emploi à la 'Robbesscheier'. À mes yeux, la collaboration avec ces animaux constitue un véritable travail d’équipe. Elle requiert beaucoup d’humilité et un certain essentialisme. Personnellement, elle m’apporte une satisfaction beaucoup plus importante que le monde de l’équitation, dans lequel je ne me retrouvais plus », assure-t-il. Grâce à la création du centre de compétences du cheval de trait, qui est installé à la « Robbesscheier »,

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Pour les familles et les groupes d’enfants, la balade en char à bancs fait partie des moments forts de la visite. Les Ardennais traversent la nature en toute délicatesse.

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Découvrir plus de campagne :  La ferme familiale « Um Knapphaff » à Wiltz permet aux enfants de mettre la main à la pâte. Elle accueille également les fêtes d’anniversaire des plus petits. www.um-knapphaff.lu

Le contact avec les abeilles requiert beaucoup de calme. Les enfants apprennent que ces petites bêtes ne sont pas dangereuses, mais qu’il suffit d’adopter quelques règles de comportement avec elles.

Que ce soit dans le tourisme, dans l’exploitation forestière ou dans la gestion des paysages — le cheval de trait est employé dans de nombreux domaines au Luxembourg. Dans ce cadre, le plus grand défi est de former des personnes compétentes, attentives au bien-être animal et à la sécurité au travail pour l’homme et l’animal. Après ce repas revigorant, Charel Braquet prépare les équidés pour les balades de l’après-midi en char à bancs. « Lors des ateliers, nos visiteurs peuvent participer aux soins des chevaux. Souvent, les plus petits craignent ces créatures imposantes.

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Je leur explique alors qu’ils n’ont pas besoin d’avoir peur, mais qu’il faut les respecter. Je leur propose de tendre la main au cheval. Lorsque l’animal baisse la tête et flaire la main, il se passe quelque chose que je ne saurais pas traduire en mots », ajoute Charel Braquet quelque peu ému. C’est là qu’il voit son rôle : « Ce que les enfants qui grandissent à la campagne savent encore, beaucoup d’enfants qui vivent en ville l’ignorent. Nous essayons de compenser cela par notre travail », explique-t-il en grimpant sur le siège du cocher pour emmener une classe à la découverte des alentours verdoyants de Munshausen.

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 « A Mëchels » offre un aperçu de l’élevage bovin et dispose de trois appartements de vacances. La particularité ? Les bœufs Wagyu, qui ont trouvé un environnement de vie propice dans le parc naturel de l’Our, au nord du pays. www.amechels.lu

© FERME PÉDAGOGIQUE AN NEIPÉITSCH

Charel Braquet s’est trouvé une nouvelle mission : la réintroduction du travail avec le cheval et le développement des connaissances sur le sujet.

Partir à la découverte

 La ferme pédagogique « A Schmatten » à Schuttrange accueille les familles et les classes. De la cuisson du pain au nettoyage des étables : ici, on apprend comment vivaient les agriculteurs d’hier et comment vivent ceux d’aujourd’hui. www.a-schmatten.lu

 « An Neipéitsch » à Reimberg est une ferme laitière moderne, avec des vaches, des veaux, des lapins et des poneys. Les visiteurs y découvrent les différentes étapes de la production de lait et peuvent même y participer. www.visitatertwark.lu


ENVIE DE FAIRE UNE PAUSE ?

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Outdoors Passion « HAFF RÉIMECH » ET BIODIVERSUM

La nature par passion La réserve naturelle de « Haff Réimech », avec son Biodiversum, constitue un lieu fascinant pour entrer en contact avec la nature au Luxembourg et s’informer sur la protection de l’environnement. Cela tient aussi beaucoup aux collaborateurs engagés qui fournissent des explications et proposent des visites guidées. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Au commencement était l’animal. « J’adore les animaux ! », s’écrie Kerstin Rose, cette grande femme blonde qui se promène dans la réserve naturelle de « Haff Réimech ». Son regard balaie l’eau calme de l’étang qui soudain s’agite. Trois foulques se posent à la surface. Aussitôt, de délicats mouvements d’eau circulaires se forment autour des oiseaux. Les foulques poussent trois cris aigus. Puis, le calme revient. Kerstin Rose est l’une des guides qui présentent, aux jeunes visiteurs surtout, la nature et le bâtiment du Biodiversum. Et qui ainsi les fait entrer, littéralement pas à pas, dans un tout autre monde, celui de la protection de la nature et de la durabilité.

Quand le futurisme rencontre la durabilité Kerstin est capable d’organiser beaucoup de choses. Par exemple, les préparatifs du « Bird Watch Day » lors duquel on observe les habitants à plumes de la réserve naturelle. Ou bien elle crée, en compagnie de ses collègues, un nouveau jeu de piste avec chasse au trésor qui rendra les visites à travers la lagune encore plus passionnantes. Il y a des questions et des tâches à accomplir, et certaines sont vraiment délicates. Par exemple, le défi de trouver de minuscules oiseaux métalliques placés en haut des arbres. Tout cela est excitant et pédagogique, mais requiert certaines capacités didactiques. Pourtant, Kerstin Rose n’était pas prédisposée à ce parcours professionnel, puisqu’elle était vétérinaire. « Mais j’ai toujours aimé

cette réserve naturelle ! », insiste-telle. « C’est mon endroit préféré au Luxembourg ! » Kerstin Rose s’est installée ici par amour et elle vit avec son mari et ses deux enfants à Wintrange, pas loin de son lieu de travail. Quand le poste de guide au Biodiversum a été annoncé, elle a postulé. Mais en raison de ses qualifications initiales, fondamentalement différentes, elle ne pensait pas l’obtenir. « Mais j’ai tout de suite vu que c’était une personne motivée et impliquée, avec une bonne énergie, qui prendrait son travail au sérieux

et qui aurait de bonnes idées », raconte Steve Jungen, le directeur du « Centre nature et forêt Biodiversum Camille Gira ». Et ce jourlà, il visite avec Kerstin quelques nouvelles stations de la réserve naturelle. Ravie de pouvoir faire partie de l’équipe de Steve, Kerstin a une vocation. Et tous ceux qui l’accompagnent le remarquent. Tout se passe dans et autour du bâtiment à la fois futuriste et durable qu’est le Biodiversum, aux airs de coque de bateau en bois renversée. Ici, la nature environnante est présentée sur trois étages, avec

Le bâtiment à la fois futuriste et durable qu’est le Biodiversum a des airs de coque de bateau en bois renversée. Ici, la nature environnante est présentée sur trois étages, avec toutes ses composantes méritant d’être protégées. Petits et grands visiteurs peuvent littéralement découvrir cela grâce aux expositions temporaires et permanentes.

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Par expérience, Kerstin Rose et Steve Jungen peuvent le confirmer : pour les visiteurs, le Biodiversum est toujours impressionnant, divertissant et pédagogique à la fois. À titre d’exemple, à l’aide d’une frise chronologique, Kerstin Rose explique très clairement comment le paysage fluvial de la Moselle s’est transformé (voir ci-dessous).

toutes ses composantes méritant d’être protégées. Par exemple, une frise chronologique montre clairement comment le paysage fluvial de la Moselle a évolué : le large lit avec des bras latéraux, des îles, des bancs de sable et de gravier ainsi que des ceintures de roseaux s’est transformé en une voie navigable bien droite, avec des niveaux d’eau régulés et des berges pour la plupart consolidées et aménagées. « Ce qui était autrefois une gravière est désormais un habitat de substitution pour un grand

nombre d’animaux, habitat que nous devons entretenir et maintenir artificiellement ouvert afin qu’il ne se referme pas. De ce point de vue, notre réserve naturelle n’est pas un lieu sauvage. Elle est entretenue par l’Homme dans le but de préserver la biodiversité. Qu’il s’agisse de roseaux, de bancs de sable ou de gravier, il faut prévenir l’embroussaillement et parfois abattre des arbres pour éviter que cet habitat ne disparaisse, et ses habitants avec », explique Steve Jungen. On essaie de remplacer la dynamique qui existe normalement sur un cours d’eau naturel par des niveaux d’eau variables, l’érosion et la sédimentation. Bien sûr, le Biodiversum présente aussi les différentes espèces animales. À quoi ressemblent les butors étoilés, les étourneaux et les cormorans ? Grâce aux expositions temporaires et permanentes, les petits et les grands peuvent littéralement le découvrir. On comprendra que le « Haff Réimech » est la zone humide du Luxembourg la plus riche en espèces, avec jusqu’à 76 % de celles recensées dans le pays, et que de nombreuses nuées d’oiseaux migrateurs en partance pour le sud font halte ici.

Les petits pas ont un impact Ici, les préoccupations liées à la durabilité et à la protection de la nature sont toujours en tête des priorités. « Nous entamons chaque visite guidée à travers la réserve naturelle en jetant un coup d’œil au règlement », dit Kerstin Rose. En cheminant à travers la réserve, elle ramasse avec les visiteurs des détritus qui bordent le chemin. L’effet

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Matthias W., un retraité, vient régulièrement depuis la Sarre pour photographier les oiseaux à l’aube et profiter du calme. Il a acheté son matériel photographique au début de sa retraite, après avoir travaillé des années à Luxembourgville. Un vrai contraste, qu’il apprécie visiblement.

On peut explorer le « Haff Réimech » à travers deux circuits. L’un de 2,2 kilomètres de long, et un autre plus grand, de 4,6 kilomètres. Tout le monde trouve son bonheur.

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Le « Haff Réimech » n’est pas un parc naturel sauvage où tout ce qui pousse est laissé tel quel. C’est une réserve naturelle avec des biotopes de substitution entretenus par l’Homme, en fonction des besoins des animaux.

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Découvrir la nature en apprenant Actuellement, le Luxembourg compte 60 réserves naturelles nationales homologuées, soit 8116 hectares protégés (près de 3 % de la superficie du pays). Mais les parcs naturels du Luxembourg sont également intéressants pour les visiteurs :

Pour une chasse au trésor, les guides nature Luc Gossmann et Isabelle Zwick, de l’équipe du Biodiversum, accrochent des panneaux près de la station des abeilles sauvages.

secondaire : même les enfants qui n’ont pas beaucoup de contact avec la nature rapportent chez eux, dans leurs familles, un savoir et une sensibilité liés à la protection de l’environnement. « Ce qui est important ici, c’est de montrer des actions concrètes, mais sans trop exiger et sans trop créer de frustrations », dit Steve Jungen. La formule magique, c’est d’avancer à petits pas. Et ce qu’il faut montrer, c’est comment faire bouger les lignes, dans l’ici et le maintenant.

Construit pour la biodiversité Quand on traverse la réserve naturelle, on passe devant de magnifiques murs de pierres sèches, dans les interstices desquels des animaux et des plantes à protéger trouvent refuge ; devant une « ruche » constituée de divers grès, devant

une spirale d’herbes aromatiques et devant d’autres exemples d’aménagement durable du paysage et du jardin, très agréables à voir. « Nous souhaiterions que davantage de personnes aient des murs de pierres sèches dans leurs jardins plutôt que ces éléments en béton que l’on voit partout », suggère Steve Jungen. Puis, l’on traverse des passerelles de bois entre les roseaux, sous les frondaisons des arbres dont les branches s’abaissent doucement pour former des arches naturelles. Et on tombe toujours sur des points de vue, parfois même depuis des cabanes sur pilotis. Deci delà, des grenouilles barbottent dans l’eau. « Ici, c’est magnifique à chaque saison, mais la plus belle, c’est le printemps », s’enthousiasme Kerstin Rose en regardant la nature. « Surtout lorsque les oiseaux donnent un concert ». Au même moment, les foulques lancent leurs cris. Ce ne sont pas les voix les plus mélodieuses du chœur. Mais une partie du grand Tout.

 Le parc naturel de la HauteSûre se situe au nord-ouest du Luxembourg. Sa pièce maîtresse est le lac de barrage de 3,8 km2 qui sert de réserve d’eau potable et de zone de loisirs au pays. Autour du lac, les visiteurs peuvent découvrir le parc naturel de différentes manières : par exemple, en faisant de longues randonnées ou des tours à vélo. On peut aussi explorer le lac en bateau solaire. www.naturpark-sure.lu  Le parc naturel de l’Our se trouve dans les Ardennes, dans le triangle frontalier entre la Belgique, l’Allemagne et le Luxembourg. Il se caractérise par un vaste plateau et des vallées rocheuses étroites et romantiques, creusées dans la roche schisteuse par les rivières Our et Clerve et leurs affluents. www.naturpark-our.lu  L’histoire du « Natur- & Geopark Mëllerdall » commence il y a environ 245 millions d’années, dans une mer. D’innombrables grains de sable et autres particules se sont accumulés et sédimentés pour devenir de la pierre. La mer s’est retirée et des rivières ont formé ces impressionnants paysages rocheux. www.naturpark-mellerdall.lu

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Daydream LES CHÂTEAUX : DE PUISSANTS LIEUX D’INSPIRATION

Châteaux et rêves de voyageurs Les châteaux peuvent être des lieux de pouvoir, une invitation à rêver. L’actrice Hana Sofia Lopes et la directrice d’hôtel Mayke van Straalen aiment la magie des châteaux du Luxembourg. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Parfois, rêves et visions peuvent modifier des édifices entiers. Ce fut le cas pour le petit château de Clemency, au Luxembourg, près de la frontière belge. Au 17e siècle, le propriétaire de ce château construit par les seigneurs de Küntzig au 14e siècle a eu une vision : déplacée de quelques mètres, la ruine de l’époque retrouverait sa splendeur d’antan. Et c’est ainsi que les pierres ont été déplacées d’une trentaine de mètres, un peu plus loin, et l’ensemble reconstruit.

raconte sa propre histoire. Partout, on trouve des objets de collection de grande valeur, qu’il s’agisse de vaisselle ou d’œuvres d’art. Mayke, qui vient des Pays-Bas, se souvient : « Je suis passée ici en 2021, au retour d’un voyage de trois semaines en Italie. Une petite voix intérieure m’a dit : il faut que tu passes la nuit ici ! Il va se produire quelque chose d’important ! »

Et c’est ce qu’elle a fait, dans une chambre meublée dans le style années 20. Aussitôt, Mayke est tombée amoureuse de cet hôtel. C’est ce qu’elle a tout de suite dit au propriétaire, Pascal Zimmer, qui a immédiatement compris que cette femme avait sa place ici. Et à peine quelques semaines plus tard, les jeux étaient faits. Mayke a quitté son travail aux pompes funèbres, qu’elle avait pourtant toujours

Le petit château de Clemency est à son nouvel emplacement depuis 1651. Puis, il n’a cessé d’être remanié. En 2009, il a été rénové et transformé en hôtel par l’architecte, homme d’affaires et visionnaire Pascal Zimmer, connu au Luxembourg pour ses nombreux projets liés à l’habitat et au lifestyle. La jolie construction gris foncé et blanche avec sa tourelle octogonale a récemment changé à jamais la vie d’une voyageuse.

Mayke van Straalen est la femme dont le destin est désormais inextricablement lié au petit château. Rayonnante, elle conduit sa visiteuse de haut en bas à travers des couloirs et d’étroits escaliers, lui montre la nouvelle salle avec sa grande table dédiée aux soirées conviviales et l’agréable terrasse aménagée à partir de l’ancien hangar. Puis elle l’emmène dans la chambre Sherlock Holmes et dans celle qui a été entièrement repensée par l’artiste Peggy Dihé. Chaque pièce

Mayke van Straalen et Hana Sofia Lopes se rencontrent au Château de Clémency. Leurs vies sont très différentes et pourtant, aller à la rencontre des gens est, pour toutes les deux, le cœur de leur métier.

© CLAUDE PISCITELLI

La femme et le château sont indissociables

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exercé avec passion, elle a quitté les Pays-Bas et elle s’est installée dans les combles de l’hôtel qu’elle dirige désormais. « C’est tout simplement merveilleux. Je ne regrette rien, j’adore ce château, les rencontres avec les gens, le Luxembourg et tous nos futurs projets ! » Entre autres, avec Pascal Zimmer, elle a ouvert des chambres d’hôtes à Beaufort et bientôt à Vianden et Wormeldange.

Un éternel recommencement Pensive, sa visiteuse hoche la tête. La jeune femme aux longs cheveux bruns est Hana Sofia Lopes, l’actrice luxembourgeoise aux racines portugaises. « Parfois, l’univers a prévu quelque chose de spécial », souligne-t-elle en buvant avec Mayke son café au bar, qui fait également office de réception. Les deux femmes se sont entendues instantanément et échangent sur la vie, les rencontres et les décisions à prendre. Et elles sont d’accord : il faut oser, et chaque jour apporte son lot de nouvelles décisions qui peuvent parfois mener à quelque chose de grandiose. Repartir de zéro peut être très enrichissant. Par exemple, quand on quitte son travail pour commencer quelque chose de différent, comme Mayke. Ou comme Hana Sofia avec un tout nouveau rôle qui la change en tant que personne et qui la fait grandir.

revient toujours au Luxembourg. C’est là qu’elle a grandi, c’est là qu’elle vit, dans la maison familiale, au centre du pays. « J’aime la nature au Luxembourg », affirme la jeune comédienne. De longues promenades dans des lieux aimés depuis l’enfance ou dans des endroits qu’elle a récemment découverts lui permettent de se ressourcer. Le jardin du « nouveau » château d’Ansembourg, dans la région Guttland, fait partie de ces endroits. C’est un lieu idéal pour laisser libre cours à ses rêves et ses pensées. Deux chats saluent Hana Sofia derrière le portail en fer forgé. Dans un bassin flanqué de buis taillés géométriquement, s’ébattent bon nombre de gros poissons rouges. Un peu plus bas, une fontaine clapote. C’est comme si ce jardin attendait une nouvelle châtelaine qui déambule sous les arcades, parmi les haies et les fleurs. Des statues regardent vers le ciel, le sol ou même les visiteurs.

Hana Sofia est connue au cinéma, entre autres, pour le film « Kanaval » et pour son rôle dans la série « Capitani ». Mais elle est apparue aussi sur les scènes luxembourgeoises, dans différentes productions, notamment « Hedda Gabler » et « Médée ». Hana Sofia voyage souvent pour son travail. Lisbonne, Toronto, festivals de films, remises de prix, mais elle

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« Depuis un tournage que j’ai fait sur les châteaux du Luxembourg et leur beauté, c’est devenu un de mes endroits préférés », avoue Hana Sofia.

Une nouvelle châtelaine ? Elle se promène volontiers parmi les arbres ou dans le labyrinthe de haies, elle monte lentement les marches et observe le château depuis l’extérieur. Quand la vie reviendra-t-elle ici ? Et si l’on y tournait un film ? Et si l’on y ouvrait un hôtel ou un café ? Le futur nous le dira peut-être.

Actuellement, le château d’Ansembourg se trouve dans une sorte de sommeil à la Belle au bois dormant. On ne sait pas encore ce qu’à l’avenir il adviendra de ces murs. Pour le moment, seul le jardin au charme romantique avec ses éléments baroques est ouvert au public.


Le château de Vianden figure au sommet de la liste des plus beaux châteaux du monde. Les visiteurs peuvent aussi s’approcher de ses murs imposants par des chemins de randonnée et en télésiège.

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Bons plans : Les hôtes apprécient toujours une touche particulière lorsqu’ils se trouvent dans un lieu coup de cœur. Un thème original transforme les chambres en des univers qui racontent des histoires. Ici, dans une chambre du Château de Clémency, le thème des années 1920 se reflète jusque dans les moindres détails.

Il y a encore un somptueux château qu’Hana Sofia Lopes affectionne particulièrement : c’est celui de Vianden. Certes, il attire les foules, mais on y trouve quand même des coins tranquilles. Dans la chapelle, dans les longs couloirs, devant les fenêtres qui ouvrent sur le lointain, entre les murs et sous les arcades, on peut trouver le calme.

La vie et l’univers Quand Hana Sofia raconte des histoires, elle le fait dans plusieurs langues. Elle parle le français couramment, mais avec sa famille et au Portugal, bien sûr, elle parle le portugais, sa langue maternelle. C’est typique du Luxembourg et encore plus typique de quelqu’un qui mène une vie de polyglotte comme elle. Lorsqu’elle parle de Toronto, où elle a acheté son manteau en

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cuir vintage, elle se met à parler anglais. Ses souvenirs du chien de la famille, au Luxembourg, elle les raconte en luxembourgeois, et quand son interlocutrice allemande lui parle de quelque chose de personnel, elle lui répond en allemand. Se tourner vers les autres, faire preuve d’empathie, se poser des questions sur l’existence, Hana Sofia le fait naturellement, intensément et avec un réel intérêt. C’est pourquoi il est si agréable de se promener avec elle. Bavarder et flâner parmi les vieilles pierres : peut-être que lors de la prochaine visite du château que fera Hana Sofia, Mayke sera de nouveau là. Car rien ne nourrit plus les rêves éveillés que les conversations avec des êtres inspirés, à propos d’hier et d’aujourd’hui, de la vie, de l’univers et de tout le reste.

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 Le château de Vianden, au nord-est du Luxembourg, est ouvert au public toute l’année. Il fait partie des châteaux les plus prisés des voyageurs du monde entier. Tout autour, plein de possibilités de randonnées invitent à découvrir les environs. www.castle-vianden.lu  Le jardin du château d’Ansembourg séduit par son charme romantique.

C’est une étape appréciée dans la vallée des Sept Châteaux, au cœur du Guttland. Une visite des six autres châteaux vaut le détour ! Dans le « vieux château » d’Ansembourg on trouve d’ailleurs un confortable bed and breakfast géré par l’actuel comte. www.visitguttland.lu  Le Château de Clémency fait partie des nombreux hébergements d’exception que compte le Luxembourg. Dans chaque région, il y a quelque chose d’original à découvrir ! www.visitluxembourg.com/fr/ planifier-son-voyage/hebergements


The Luxembourg Story Michel Engels (1851-1901), Bilder aus der Luxemburger Sage und Geschichte, Die Lützelburg auf dem Bockfelsen, 963-1543 (détail), vers 1886

EXPOSITION PERMANENTE

PLUS DE 1000 ANS

D’HISTOIRE URBAINE

MAR - DIM 10 - 18.00 JEU 10 - 20.00 LUN fermé

citymuseum.lu


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Transforming Experiences UN TOUR À VÉLO LE LONG DE LA SÛRE, DE FRONTIÈRE EN FRONTIÈRE

Go with the Flow Trois amis, trois vélos, une rivière, une expérience commune, d’une beauté sans frontières : d’ouest en est, le long de la Sûre. L’Europe est bien vivante, notamment sur les pistes cyclables luxembourgeoises. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos ALFONSO SALGUEIRO

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Le petit village d’Esch-sur-Sûre est presque entièrement encerclé par une boucle de la rivière. Tout en haut trônent les ruines d’un petit château avec tourelles et drapeaux.

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Il est très tôt le matin. L’air est encore clair et frais en cette journée de printemps. Devant le pont de la Sûre, près d’une station-service et d’un café de Martelange, à la frontière belgo-luxembourgeoise, les trois hommes se préparent pour leur tour à vélo. Les vélos de course sont prêts, les tenues profilées, l’humeur est bonne. L’un d’eux sort un petit thermos de son sac à dos, trois tasses de camping, des morceaux de sucre et de la crème allemande, spéciale pour le café, siglée d’un petit ours. « C’est quoi ? », demande en français l’homme à côté de lui, vêtu d’un maillot bleu foncé. « C’est quelque chose que j’adorais quand j’étais en Allemagne ! D’ailleurs, le café, je l’ai fait avec une cafetière traditionnelle napolitaine », répond l’homme au sac à dos bien rempli. « Oui, je connais cette crème à café ! », reprend, en anglais, le troisième homme. Il sourit : « J’ai vécu quelques années en Allemagne ! »

souvenirs glanés à chaque étape de leur vie dans différents pays. Tout cela crée littéralement un flot. Et c’est justement le flot d’une rivière qu’ils veulent suivre aujourd’hui, avec leurs vélos de course. « C’est le bonheur sur deux roues ! », dit Georges. « Faire du vélo, c’est merveilleux », poursuit-il. « Ça pousse tes limites, ça te permet d’évoluer. Ça te suit toute ta vie. Et quand tu pars en balade avec tes amis, que tu passes du temps avec eux, la conversation

De bon matin, les trois amis entament leur parcours à vélo à la frontière ouest du Luxembourg, avec un café du thermos. C’est le mois de mai, et le colza est en pleine floraison. On le retrouve un peu partout sur le chemin.

Des racines dans plusieurs pays Les trois amis se nomment Alfonso Salgueiro, Georges Gloukoviezoff et Andres Gavira Etzel. Leur amitié, leur « composition », tout cela est si typique du Luxembourg. Ils vivent et travaillent ici, mais leurs histoires familiales sont colorées, ils ont des racines un peu partout. Alfonso est espagnol, Andres aussi, mais Georges est français avec des origines russes et italiennes. Les épouses d’Alfonso et de Georges viennent d’Irlande, et c’est à travers l’amitié des deux femmes qu’ils se sont rencontrés. La mère d’Andres est allemande, et lui-même a étudié quelques années à Munich. Tous ont des habitudes, des amitiés, des

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est plus profonde, elle se déploie comme le chemin ». Le circuit que font Alfonso, Georges et Andres le long de la Sûre traverse le Luxembourg d’ouest en est. Départ à la frontière belge, à Martelange, puis direction Esch-sur-Sûre, Bourscheid, Ettelbruck, Echternach et Rosport, jusqu’à Wasserbillig à la frontière entre le Luxembourg et l’Allemagne. Et le chemin sera ponctué de nombreux petits villages, de lieux secrets à découvrir, de coins magiques. Pour les grands sportifs, ce tour peut se faire dans la journée, pour ceux qui préfèrent pédaler tranquillement, en deux ou trois jours. Les trois amis quittent rapidement Martelange et ses nombreuses stations-service. De là, ils s’enfoncent directement dans les prairies verdoyantes qui entourent la Sûre. Ils suivent la partie luxembourgeoise de l’EuroVelo 5, également dénommée

Via Romea Francigena. Le circuit de la Sûre proposé par Alfonso est un mélange de pistes cyclables et de routes bien adaptées avec peu de circulation. En passant par Arsdorf, le groupe d’amis atteint « Misärshaff », une vieille ferme sur le bord de la route. De là, il faut emprunter une côte raide qui mène au point de vue « Houfels ». La maison en bois construite presque au bord d’un précipice, est une véritable icône. Andres et Georges se tiennent devant la clôture en bois. C’est la première fois qu’ils viennent ici et ils sont séduits par l’endroit. Georges s’écrie : « Quand on est sur un vélo de course, on veut toujours avancer le plus possible, et je n’aurais sûrement pas fait ce détour pour monter jusqu’ici. Mais parfois, il suffit de faire un ou deux kilomètres de plus pour arriver à un endroit aussi magnifique qu’ici ! Et ça en vaut toujours la peine ! » Juste au bord du plateau s’élève une construction en bois devant laquelle un banc

Plusieurs ponts et deux rivières, la Sûre et la Moselle, rendent fascinante la dernière étape du parcours, à Wasserbillig, tout à l’est du pays, à la frontière allemande.

invite à faire une pause. Sur le côté, un chevreuil apparaît en bondissant, le soleil brille à travers les branches des arbres. Même dans la forêt, il fait très chaud, ce matin. Georges rit en sortant son téléphone de sa poche. Il le garde dans un petit sac en plastique. « Comme ça, il est protégé de la sueur et de la pluie », dit-il en souriant. Il faut savoir se débrouiller.

« Un paradis pour cyclistes » Deux jeunes hommes à VTT qui ont l’habitude d’aller par monts et par vaux montent le chemin pour contempler la vue. Les amis les regardent d’un air compatissant. Andres aime lui aussi faire du VTT et trouve que le Luxembourg est très adapté à cette pratique. « Le VTT, c’est le plus haut niveau de folie », dit-il avec un sourire entendu. En plus du vélo de course, Alfonso et Georges aiment le gravel bike. À 16 ans, dans sa prime jeunesse, Alfonso était un coureur cycliste accompli, il s’entraînait beaucoup et les week-ends, il parcourait volontiers 250 km par jour. « Aujourd’hui, je fais du vélo pour le plaisir, à mon rythme », raconte Alfonso. Les trois amis s’accordent à dire que le Luxembourg est « un paradis pour cyclistes ». Le chemin les conduit plus loin, le long du barrage de Bavigne. D’un peu partout montent des odeurs de viande grillée, car sur le chemin, des petits groupes ont sorti leurs grills et profitent d’un barbecue quasi estival. Soudain, au bord du chemin, apparaît une petite maison en bois avec l’inscription « De klenge Buttik ». Alfonso jette un coup d’œil sur ce petit magasin : à l’intérieur, il y a plusieurs dis-

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Le Camping du Moulin donne envie de faire une pause au bord de la rivière. Pieds dans l’eau, on se détend en admirant le château de Bourscheid.

Les rivières et les routes ont toujours été les artères vitales d’un pays. Ici, les marchandises circulaient et circulent toujours, on voyage et les perspectives changent.

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La contemplation de l’eau a toujours un effet apaisant. On descend de vélo, on regarde les reflets, on respire profondément.

Partout sur le parcours, on croise de petits ponts de bois qui invitent à traverser, même si la balade mène ailleurs.

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tributeurs automatiques qui vendent des produits bio, comme des œufs et des pommes de terre. Pas très pratique quand on fait du vélo, mais on y trouve aussi des barres énergétiques et des boissons isotoniques. Ces petites boutiques sont de plus en plus présentes au Luxembourg. Plus loin, une allée. Des vaches noires et blanches paissent dans les prés. Les arbres projettent des ombres bien dessinées. Des feuilles bruissent dans le vent. En passant par Kaundorf et par le principal mur de barrage du lac de la Haute-Sûre, les trois amis arrivent à Esch-sur-Sûre autour de midi. Le petit village est presque entièrement encerclé par une boucle de la rivière. Tout en haut trônent les ruines d’un petit château avec tourelles et drapeaux. Le soleil tape. C’est l’heure de déjeuner ! L’Hôtel de la Sûre propose un copieux repas en terrasse. « C’est bien de pouvoir beaucoup manger quand on fait du vélo », rit Georges en se tapant sur le ventre.

le « maestro de la mayonnaise », mais il aime faire aussi des burgers végan aux lentilles, à partir d’une recette bien particulière. Quant à Alfonso, il prépare volontiers un plat sévillan à base de pois chiches, d’épinards, d’œufs et de beaucoup d’ail. Les trois amis sont d’accord : une session de cuisine doit absolument être planifiée pour bientôt. Au départ d’Esch-sur-Sûre, les trois hommes empruntent la piste cyclable numéro 18 en direction de

« Houfels » est un point de vue spectaculaire avec sa cabane en bois en guise d’abri. Là où les rivières se rejoignent, on peut même voir d’en haut différentes couleurs d’eau, comme ici à Wallendorf.

Cuisine du monde entier Et bien sûr, la conversation tourne autour de la gastronomie. « Au Luxembourg, on trouve toujours les bons produits, que ce soit pour la cuisine italienne, portugaise, française ou espagnole », déclare Alfonso avant de prendre une grande gorgée de bière sans alcool. « Tout simplement parce que beaucoup de gens venant de ces pays vivent ici et n’accepteraient pas des produits de mauvaise qualité ! », précise Andres avant d’évoquer sa paëlla et les talents culinaires de son épouse, qui vient justement de Valence, le berceau de ce plat. Georges, lui, est

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Mobilité et plus encore :  Si l’on circule à vélo et ne souhaite pas transporter soi-même ses bagages, on peut faire appel au service de transport MoveWeCarry. Pour une somme modique, les bagages sont acheminés d’un hébergement à l’autre. www.movewecarry.lu  Fatigue sur le parcours, pneu crevé, insolation ? L’on peut à tout moment prendre gratuitement les transports en commun et rejoindre son point de départ ou choisir une autre destination. Pour un petit air de vacances, on pourra aussi opter pour le ferry électrosolaire « Sankta Maria » qui traverse la Moselle entre Oberbillig, en Allemagne et Wasserbillig, au Luxembourg. www.mobiliteit.lu La statue de l’abbé Johannes Bertelius sur le vieux pont de la Sûre, entre Echternach et Echternacherbrück, en Allemagne, fait ses adieux aux cyclistes.

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Heiderscheid. De luxuriant champs de colza jaune bordent leur chemin, un parfum de printemps tardif flotte dans l’air.

Dans l’œil des vaches Encore une fois, les vaches observent les cyclistes de manière synchronisée, les oiseaux gazouillent. Puis le chemin continue sur la PC 16 en direction de Bourscheid. Depuis le pont de Michelau, les vues sur le château sont splendides. En contrebas du château, le Camping du Moulin donne envie de faire une pause au bord de la rivière. Pieds dans l’eau, ils se détendent pendant que les campeurs installent leurs tentes ou savourent un café sur leur chaise longue, juste devant la Sûre. Puis, les trois hommes reprennent la PC 16. À Ettelbruck, l’une des plus grandes villes du nord, la Sûre rejoint l’Alzette dans une zone industrielle, et les deux eaux de couleurs différentes n’en font plus qu’une. À Reisdorf, la PC 16 devient la PC

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3 Rivières. Et de nouveau, deux rivières se rencontrent, cette fois à Wallendorf : c’est là que se rejoignent la Sûre et l’Our, un autre cours d’eau important de l’Éislek, qui traverse un impressionnant parc naturel. À Bollendorf, en allant vers Echternach, on entre dans la région Mullerthal. « On pourrait passer toute la journée ici », s’enthousiasme Alfonso. Avec ses petites ruelles, ses nombreuses offres gastronomiques et son imposante basilique, la ville natale de la Procession dansante est un bon but d’excursion. Pourtant, les trois amis veulent avancer et arriver à destination avant la nuit. Mais ils prennent quand même une petite collation au « Sauerpark Beach », un restaurant au décor maritime, au Camping de Rosport, dont la terrasse donne une impression de vacances absolues.

« Nous reviendrons ! » Wasserbillig, à la frontière allemande, est le bouquet final de ce circuit. Ici aussi, la Sûre rejoint un autre cours d’eau : la majestueuse Moselle. Ouettes d’Égypte et cygnes nichent sous le pont qui marque la frontière, un petit ferry transportant les voitures fend l’eau entre le Luxembourg et l’Allemagne au coucher du soleil. « Ce circuit était super beau », dit Andres, au moment où les trois amis trinquent avec une autre bière sans alcool. D’ici, ils rentreront gratuitement en train jusqu’à Luxembourg-ville, en emportant sans problème leurs vélos. Et Georges en est persuadé : « Nous reviendrons ! »


Depuis de nombreuses années, le camping Kaul accueille ses hôtes dans un environnement naturel au pied des Ardennes. Après la reprise par Coopérations s.c. en 2021, les valeurs humaines, durables et culturelles, fidèles à l’image de Coopérations s.c., sont appliquées au camping, tout en tenant compte des principes de l’économie circulaire. Une panoplie de nouveautés ainsi qu’un accueil chaleureux vous sont garantis tout au long de l’année. Pour tous ceux souhaitant allier l’aventure, le sport et la nature à l’agréable, nos différents types de chalets entièrement équipés et constamment mis à niveau, vous accueillent toute l’année. Vous pouvez également vous faire livrer vos repas et faire de cette expérience un moment inoubliable. Seit vielen Jahren empfängt der Camping Kaul seine Gäste in einer natürlichen Umgebung am Fuße der Ardennen. Nach der Übernahme durch Coopérations s.c. im Jahr 2021 werden die menschlichen, nachhaltigen und kulturellen Werte, getreu dem Image von Coopérations s.c., auf dem Campingplatz Kaul gelebt. Zudem wird Wert auf die Prinzipien der Kreislaufwirtschaft gelegt. Zahlreiche Neuheiten und ein herzlicher Empfang sind das ganze Jahr über gewährleistet. Für diejenigen, die Abenteuer, Sport und Natur mit dem Angenehmen verbinden wollen, sind unsere verschiedenen Arten von vollständig eingerichteten Chalets, die stets nachgerüstet werden, ganzjährig buchbar. Sie können sich zudem Ihr Essen liefern lassen und somit dieses Erlebnis zu einem unvergesslichen Moment machen. Ouvert toute l’année - en hiver avec une offre réduite de logements. Ganzjährig geöffnet - im Winter mit reduziertem Angebot an Unterkünften.

Camping KAUL 60, Campingstrooss L-9554 Wiltz

Tél. : (+352) 95 03 59 1 E-mail : info@kaul.lu www.kaul.lu


The Good Life UN TÉLÉSIÈGE À VIANDEN

Un voyage dans le temps Prendre le télésiège de Vianden, c’est un peu comme faire un voyage dans le temps. On flotte lentement, on se balance doucement, on vibre délicatement. Et tout en haut, c’est un panorama sur la ville et le château. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Flashback ! Je me trouve à Vianden, au guichet de la station de la vallée. Un peu plus loin, au coin, deux sièges gris argentés, simples et étonnamment étroits, apparaissent en vibrant. Ce sont exactement les mêmes que ceux de l’époque où j’apprenais à skier. J’avais à peine 3 ans quand je suis montée pour la première fois dans un de ces trucs, alors sur les genoux de mon père. C’était formidable ! Ça grimpe, et une simple barre me sépare de la chute en pleine montagne, et en même temps, mon regard erre sur un paysage à couper le souffle, mon nez devient toujours plus froid au fur et à mesure que l’on monte, je suis heureuse, un peu excitée et en même temps je me sens protégée. Plus tard, au fil des ans, les télésièges sont partout devenus des oasis de bien-être futuristes. Rembourrés au maximum, chauffants, avec des capots aérodynamiques pour protéger de la neige et des tempêtes. Je ne me suis installée que quelques rares fois dans ce type de télésièges high-tech, à côté de sept amis montagnards, bien rangés et bien alignés sur leurs coussins. Et intérieurement, je regrettais le bon vieux temps. L’instabilité. L’excitation. Soudain, à Vianden, le passé ressurgit ! Grâce à l’unique télésiège du Luxembourg !

de monnaie, une deuxième pour payer, on tourne la manivelle et voilà, la pièce cuivrée est devenue le souvenir d’une visite, avec le motif du château de Vianden. Bien sûr qu’il faut le faire ! Ça fait partie de l’expérience du voyage ! La pièce glisse dans mon porte-monnaie. Puis quelques pas plus loin, me voici debout sur un cercle jaune avec une flèche pointant vers le haut, comme pour un décollage. Une sympathique jeune femme me fait signe et me dirige vers le bon endroit, glisse le siège sous mes fesses. Et c’est parti, on monte vers le sommet. Je sens sur moi le soleil et les souvenirs d’autrefois. Je flotte au-dessus des maisons, de la rivière, d’un minigolf, qui me rappelle aussi le passé et, toujours sur mon siège, je glisse au-dessus des jardins. Le rythme est lent, très lent. Le regard vagabonde en toute quiétude. Mais, comme au ski,

il est interdit de se balancer. Dans l’ombre, en contrebas, des enfants s’amusent sur une aire de jeu.

Ne pas perdre son portable ! Puis nous traversons l’Our, je prends une photo, non sans un léger frisson à l’idée que mon smartphone puisse à tout moment tomber dans l’eau de la rivière. Surtout ne pas le lâcher ! Bientôt, je survole des maisons plus modernes et la forêt, j’aperçois quelques randonneurs d’en haut. Encore un peu plus haut, en biais, trône le château de Vianden, le but de mon excursion. Le soleil tape, la prochaine fois, il faudra mettre un chapeau. Peu avant l’arrivée, la montée est à pic, et des fleurs s’épanouissent sous nos pieds. On entend les roues qui grincent en tournant. Sur l’un des pylônes, à la sortie, un panneau indique : « dans 50 mètres,

Les ruelles étroites, les églises gothiques, le mur d’enceinte avec ses tours de garde… Chaque année, des milliers de visiteurs sont attirés par la jolie vieille ville médiévale, située au pied du château fort restauré de Vianden.

Frapper une pièce et être heureux ! Devant moi, deux touristes achètent leurs tickets pour la montée vers les hauteurs de Vianden. Dois-je rapidement presser une pièce de 2 centimes pour en faire une médaille-souvenir ? Car, comme dans tous les endroits touristiques, on trouve ici une presse à penny. On y introduit une pièce

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souriez ! » Et clic, une photo est prise. On peut l’acheter à la sortie, après avoir encore une fois reçu l’aide sympathique d’un employé s’assurant de notre sécurité. Ce que je fais, bien sûr, car je veux jouer les touristes jusqu’au bout. Je reçois la photo dans une petite pochette de présentation cartonnée. Je ne peux la payer qu’en espèces. C’est très old school aussi, tout ça ! En fouillant pour trouver de la monnaie, je retombe sur ma médaille. Et ça me fait plaisir. Une fois en haut, on se laisse volontiers séduire par un bon coca frais en admirant le paysage et cette vue

fantastique. Le château se dresse sur ma droite et m’incite à aller le voir. Le chemin est caillouteux, passe sur les roches d’ardoise et serpente à travers la forêt. C’est impressionnant, car très sauvage par endroits. Il est clair qu’il faut être bien chaussé ! Je n’irai voir que rapidement l’imposant château car mon but d’aujourd’hui n’est pas de le visiter, mais de redescendre à pied et de faire encore deux arrêts sur mon voyage dans le temps. Les ruelles de Vianden sont pittoresques, et les gens, sous le soleil, sont de bonne humeur. Comme eux et moi, Victor Hugo, autrefois, a lui

Sur le petit balcon du musée consacré à Victor Hugo, on peut feuilleter ses écrits en prenant l’air et s’imaginer le grand écrivain lorsqu’il se tenait là, laissant errer ses pensées et cherchant de nouvelles idées.

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aussi flâné dans ces rues. Politiquement persécuté, parce qu’à la fin du 19e siècle, il s’était insurgé contre le gouvernement français qui, lors d’émeutes, tirait sur le peuple. À Vianden, il a trouvé un lieu où s’exiler, secrètement et de son plein gré. Car il était déjà venu, plus tôt, en tant que voyageur, et avait été séduit par Vianden.

Avec du sable et du marc de café Ici, le souvenir de Victor Hugo perdure entre autres dans un hôtel-restaurant qui porte son nom et qui donne sur la rivière et, bien entendu, sur la maison où il passa quelques semaines. Dans cet endroit où l’on vendait du tissu avant qu’il n’y séjourne, Hugo conçut sa propre étoffe littéraire, notamment un poème qu’il a dédié, dans sa complexité, à la fois à la ville et à la souffrance des enfants parisiens. Mais de Vianden, il a aussi laissé des images. Il a réalisé environ 60 dessins durant son séjour au Luxembourg. J’entre dans la maison qui est désormais un musée, je monte les escaliers, me rends dans son bureau, où une sculpture grandeur nature est assise à sa table de travail et regarde au loin, pensive. Ses yeux sont tournés vers le château de Vianden, que Victor Hugo aimait et a immortalisé par ses dessins. Victor Hugo était un homme original : il peignait et dessinait parfois à l’encre, parfois même avec du sable et du marc de café. Il était ouvert à la nouveauté, avide de savoir, aimant la nature, respectant aussi bien les orties et les mauvaises herbes que les roses les plus raffinées. Je me demande combien


On traverse le pont à la fin de la randonnée pour passer du château à la ville.

Les portraits de plusieurs mètres de haut, qui représentent les ouvriers, sur le mur du barrage, sont un « Reverse Graffiti », œuvre de l’artiste Klaus Dauven, originaire de Düsseldorf.

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Le château de Vianden est l’une des principales curiosités de la région Éislek. Massif, il trône au-dessus de la ville. Salle d’armes, crypte, chapelle, salle des chevaliers et bien d’autres pièces emmènent les visiteurs au Moyen Âge.

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de fois il a pu se rendre au château à pied et s’il aurait aimé prendre le télésiège. Il est probable que lui aussi aurait apprécié le trajet et découvert sans cesse de nouveaux détails dans le paysage. Des plantes particulières, des promeneurs, des bouteilles oubliées dans la forêt, tout ce que l’on peut voir quand on est en surplomb.

Portraits géants sur le mur du barrage Ce qui fascinait aussi Victor Hugo, c’était la photographie. Et si l’on s’aventure un peu plus loin autour de Vianden, on découvre quelque chose qui relie le passé et le présent de manière époustouflante et originale, grâce à l’architecture et la photographie. En bordure de la ville, je longe la rivière, passe devant le cimetière pittoresque et me retrouve soudain devant le gigantesque mur du barrage de la centrale de pompage-turbinage.

Dessus, des portraits de plusieurs mètres de hauteur montrent les ouvriers qui ont contribué à la construction de cette centrale électrique. Ces portraits sont l’œuvre de l’artiste Klaus Dauven, originaire de Düsseldorf, qui a reproduit les photos sur le mur, avec un renfort humain et un équipement de nettoyage haute pression, à l’initiative de l’association ViArt asbl et en collaboration avec la SEO, la Société électrique de l’Our. Cela me fait sourire car mon oncle Walter, un ingénieur autrichien, a fait partie de ceux qui, dans les années 1950, ont conçu cet ensemble. Cela faisait longtemps que je voulais venir ici, en espérant trouver une photo de lui et du barrage dans les archives. C’est maintenant que j’y repense. Peut-être qu’en venant ici avec mon oncle, lorsque j’étais petite, j’avais déjà frappé une pièce pour en faire une médaille-souvenir. Aujourd’hui, cette balade à Vianden a vraiment été un voyage dans le temps.

Le penseur prend la plume, il regarde au loin, il contemple le château et compose ses vers.

Bons plans :  Le télésiège permet de s’élever jusqu’à 440 mètres au-dessus de la vallée de l’Our.

Il est actuellement en service pendant la saison estivale, d’avril à fin octobre, tous les jours à partir de 11 heures. Quand on arrive à la station du sommet, on peut trouver snacks et boissons avant de redescendre à pied. www.vianden.lu  Envie d’une plus grande randonnée autour de Vianden et dans la belle région de l’Éislek, tout au nord du Luxembourg ? Les plus beaux sentiers de randonnée, les « Éislek Pied » y invitent. Ils sont de différentes longueurs et de différents niveaux de difficulté. Ce qu’ils ont tous en commun, ce sont les fantastiques points de vue et les petits coins tranquilles pour faire des pauses. www.visit-eislek.lu  On peut se rendre sur les traces du grand écrivain Victor Hugo en visitant la maison où il a passé quelques semaines en exil à Vianden. On y trouve des écrits mais aussi des dessins et images de lui. www.victor-hugo.lu

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Open and Diverse LES COLLECTIONS DE PHOTOS AU LUXEMBOURG

Le Luxem

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bourg en photo Au Grand-Duché, l’histoire de la photographie commence avec l’un de ses plus célèbres pionniers, le photographe Edward Steichen. Nombreux sont les artistes, galeries, institutions culturelles et commerciales qui, depuis lors, perpétuent son héritage. Car les gens qui aiment l’art savent le mettre en lumière. C’est le cas des deux conservateurs que sont Paul di Felice et Ruud Priem. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA & MYLÈNE CARRIÈRE Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Petite image mais grand effet. Ce ne sont pas forcément les œuvres monumentales qui laissent l’impression la plus marquante. On le ressent ici, à l’exposition du musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art MNAHA. 72

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« Cette image est super petite. Et pourtant, c’est une scène familiale où apparaissent deux femmes très importantes dans la vie d’Edward Steichen. De manière générale, beaucoup de femmes l’ont accompagné et inspiré. C’est pourquoi nous avons exposé ici des femmes fortes qui ont compté pour Steichen, c’est-à-dire des photographies qui les représentent ». Souriant, Ruud Priem se tient devant une photo en noir et blanc de format horizontal, pas plus grande qu’une carte de visite. Mais le cadre est de la même taille que ceux des autres œuvres de cette salle. Ici, le travail de Steichen est vraiment mis en valeur. Ruud Priem est le conservateur en chef du musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA) de Luxembourg. Ce Néerlandais adore la photographie et est un grand admirateur d’Edward Steichen.

Un lien profond avec le pionnier de la photographie

Beeck, qui ont clairement un lien profond avec la manière dont Steichen observait la nature et les hommes. Il peut s’agir d’éléments visuels, comme des arbres, ou tout simplement d’atmosphères et de vibrations. Edward Steichen, connu par les amateurs de photographie comme l’un des plus importants photographes américains ayant élevé la photographie au rang d’art à part entière, est né au Luxembourg. « En fait, Steichen peignait aussi, mais quand il s’est rendu compte que ses photos étaient meilleures que ses peintures, il les a presque toutes brûlées. C’est ce que j’appelle être cohérent ! », affirme Ruud Priem. Selon lui, Steichen a toujours été curieux et avide de développer son art. Il a quitté son pays pour les États-Unis quand il était très jeune. Ce n’est que dans les années 1960 qu’il est retourné au Luxembourg et qu’il a décidé de léguer à son pays une grande partie de son travail et, de fait, une part importante de l’histoire de la

photographie : les expositions « The Family of Man » en 1965 et « The Bitter Years » en 1967. L’exposition « The Family of Man », partiellement présentée pour la première fois en 1974 au château de Clervaux, dans le nord du pays, marque pour ainsi dire la naissance de la photographie

Ruud Priem (à gauche), qui vient des Pays-Bas, a travaillé entre autres pour l’institut de recherche du musée J. Paul Getty de Los Angeles et il s’est fait un nom en tant que conservateur dans différentes villes d’Europe. Après un passage au célèbre « Rijksmuseum » d’Amsterdam et d’autres institutions artistiques, notamment à Utrecht, Nimègue et Bruges, en 2020, il a pris le poste de conservateur et chef du département des arts visuels au musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA) de Luxembourg-ville.

La collection permanente de l’institut culturel est composée d’images qui, en raison de la délicatesse de leurs matériaux, sont exposées en alternance. On peut en voir une vingtaine à chaque fois, sur le site géré par l’institut, au « Nationalmusée um Fëschmaart ». Fin 2022, avec l’exposition « Inspired by Steichen », Ruud Priem a entamé une nouvelle série, un an et demi après son arrivée au MNAHA. Il met des artistes contemporains en relation avec le grand pionnier luxembourgeois de la photographie qu’était Steichen, dont la célèbre exposition « The Family of Man » fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il montre les œuvres − photographies et sculptures − des artistes Erwin Olaf et Hans Op de

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Le Mudam est dédié à la création photographique avec des collections comptant plus de trente artistes, comme Andreas Gursky, Wolfgang Tillmans, Thomas Ruff et Martin Parr, parmi les plus célèbres.

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Construit par l’architecte star Ieoh Ming Pei dans le quartier du Kirchberg, le Mudam (musée d’Art moderne Grand-Duc Jean) séduit par sa singularité : adossé à la vieille forteresse, il est cependant moderne et élégant.

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Ce jour-là, à la galerie « Schlassgoart » d’Esch-sur-Alzette, Ruud Priem et Paul di Felice, qui est une fois de plus commissaire d’exposition, s’enthousiasment pour celle consacrée à Romain Urhausen, dont le travail a une portée universelle. Cet artiste luxembourgeois est mort en 2021, à l’âge de 90 ans. Dans les années 1950 et 1960, il a été un pionnier de la photographie au Luxembourg et, comme beaucoup d’autres photographes, a dû se battre pour que ce médium soit reconnu comme une forme d’art à part entière.

au Luxembourg. Et l’enthousiasme perdure encore aujourd’hui. À Clervaux, « The Family of Man » est une exposition permanente qui attire les amateurs de photographie venus aussi bien du Luxembourg que de l’étranger. Depuis le début des années 1980, passionnés, photographes et conservateurs s’organisent pour donner une visibilité à la création photographique du Grand-Duché. En 1989 a été fondé le Centre national de

l’audiovisuel (CNA), dont la mission est de collectionner, de préserver et de valoriser le patrimoine audiovisuel du Luxembourg, notamment la photographie. Les deux collections léguées par Edward Steichen ont été intégrées au fonds de l’institution qui les expose de manière permanente − depuis 1994 pour « The Family of Man » et depuis 2012 pour « The Bitter Years ». Cette dernière est cependant en cours de restauration et donc non visible pour le moment. Mais le CNA a développé en parallèle un programme d’expositions temporaires ainsi que de commandes et de soutien à la création, à destination des photographes nationaux et internationaux.

Actif à Café-Crème La galerie « Nei Liicht » a été fondée en 1982 à Dudelange, dans le sud du pays. À l’époque, c’était le seul lieu dédié à ce médium. La galerie exposait des photographies, mais elle organisait aussi de nombreuses rencontres et des formations avec des photographes de tous horizons. L’association Café-Crème est née presque en même temps, sous l’égide de Paul di Felice, Pierre Stiwer et Paul Bretz. Entre 1984 et 1991, l’association a publié un magazine grand format du même nom et s’est spécialisée dans l’organisation d’événements autour de la photographie. Ce qui est aussi très important, c’est que le mois de la photographie, « European Month of Photography » ou EMOP, a eu lieu pour la première fois ici, en 2006. Cet événement soutient de jeunes artistes montants à travers l’Europe, chaque fois dans des villes différentes. Paul di Felice et l’équipe de Café-Crème ont aussi été actifs au Casino Luxembourg − Forum d’art contemporain. C’est là

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Dans le parc de Merl, à Luxembourg-ville, ont lieu des expositions temporaires de photographie à ciel ouvert. Deux fois par an, ces images « flottantes » changent. Il peut s’agir d’œuvres de jeunes artistes luxembourgeois, dans le cadre d’EMOP ou de celles d’élèves du Luxembourg.

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Dans les locaux du cabinet d’avocats Arendt & Medernach, des œuvres d’art pertinentes pour la société sont exposées depuis des décennies. Les visiteurs et les personnes qui y travaillent sont ainsi confrontés quotidiennement à des thèmes qui les touchent de près.

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Ces images font partie de l’exposition « Hidden Narratives ». Des instants saisis par l’appareil de la photographe Susan Meiselas. Avec l’autre photographe mondialement connue qu’est Isabel Muñoz, elle crée une narration dans cette exposition intitulée « histoires cachées ». 79


qu’ils ont mis au point, dans les années 1990, une version réactualisée de « The Family of Man », intitulée « The 90’s, a Family of Man? » Paul di Felice, président du EMOP, est titulaire d’un doctorat en arts visuels, commissaire d’expositions indépendant, artiste plasticien et photographe, et il aime rapprocher différentes formes d’art, de

Paul di Felice, conservateur de la collection permanente du cabinet d’avocats Arendt & Medernach, est aussi et entre autres actif au sein de l’ Association internationale des critiques d’art Luxembourg, président du réseau « European Month of Photography » et viceprésident de l’association « Lëtz’Arles », dont la mission est de faire connaître à l’international les artistes luxembourgeois, et codirecteur de Café-Crème.

la poésie aux installations. Cet homme de 70 ans voyage sans cesse à travers le pays ainsi qu’à l’étranger pour promouvoir et célébrer la photographie. Il partage avec Ruud Priem sa passion pour ce médium et pour les expositions qui s’inscrivent dans un contexte plus large. C’est ainsi qu’entre autres, dans le cadre du « European Month of Photography », ils ont monté ensemble, au MNAHA, l’exposition « Rethinking Identity ».

L’humain et l’art « Ce sont des questions existentielles. Qui suis-je ? Quelle est ma relation au monde ? Qu’est-ce que l’identité ? Ce peut être le genre, mais aussi l’origine des gens, ce qui, au Luxembourg, pays si international, est bien sûr très intéressant, en raison du grand nombre d’habitants issus de l’immigration », explique Paul di Felice, qui se tient avec Ruud devant les portraits de l’exposition.

La série intitulée « Rethinking » montre que l’on peut et même doit tout repenser. Par exemple, avec les thèmes « Rethinking Nature » et « Rethinking Landscape », on se demande comment les artistes voient la nature, comment ils envisagent la conscience des hommes à l’égard de la nature et des paysages. Il s’agit certes d’un thème très classique dans l’art, mais aujourd’hui, plus que jamais, d’actualité. « Et nous exposerons aussi bientôt ‘Rethinking Photography’ », assure Paul di Felice. « La question hyper actuelle est la suivante : comment l’intelligence artificielle modifie-t-elle la photographie ? Est-elle un enrichissement ou doit-on lutter contre ? » Pour Paul di Felice et Ruud Priem, cela ne fait aucun doute : la photographie doit être aussi et avant tout considérée dans son contexte temporel. Mais en dehors des musées et diverses galeries, au Luxembourg, la photo est partout. Par exemple, dans le quartier d’affaires du Kirchberg, notamment chez le groupe « Deutsche Börse », qui possède l’une des plus grosses collections de photographie contemporaine, du milieu du 20e siècle à aujourd’hui, et qui décerne un des prix les plus prestigieux, le « Deutsche Börse Photography Foundation Prize ».

Abondance créative Depuis de nombreuses années, le célèbre cabinet d’avocats Arendt & Medernach prouve aussi son engagement en faveur de la création et en particulier pour la photographie contemporaine. Quand on entre dans ses bureaux, l’omniprésence de l’art étonne, ainsi que l’architecture qui semble avoir été conçue pour l’accueillir. Dans les couloirs, des portraits observent les visiteurs. Et

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Où se situe l’homme dans le présent, le passé et l’avenir ? Comment peut-on se définir, comment peut-on se réinventer ? C’est aussi à ces questions que s’intéresse la photographie. 81


dans les salles de conférence, des photographies de nature en tout genre. Chez Arendt & Medernach, Paul di Felice joue encore un rôle important, puisqu’il est le curateur des expositions présentées au siège luxembourgeois de la firme. Par ailleurs, ce siège accueille aussi une collection permanente d’œuvres de photographes nationaux et internationaux, décerne un prix à l’un des photographes exposés lors du « European Month of Photography » et accueille une association liée au célèbre prix Edward Steichen. Au Grand-Duché, l’engouement pour la photo n’est pas près de s’atténuer. Edward Steichen a laissé une trace indélébile dans l’histoire de la photographie. Et le Luxembourg semble déterminé à poursuivre son engagement.

« Rethinking Identity » au « Nationalmusée um Fëschmaart » : sur d’impressionnantes images sont représentées des femmes et leur(s) histoire(s). Souvent douloureuses mais toujours merveilleusement belles.

Conseils autour de l’art photographique au Luxembourg  Les « Steichen Collections Luxembourg » rassemblent des œuvres liées à l’héritage artistique d’Edward J. Steichen (1879–1973) et à sa longue et diverse carrière, qui a cependant été surtout marquée par la photographie. Plusieurs collections publiques témoignent de son remarquable parcours de photographe et de conservateur du « Museum of Modern Art » de New York (MoMA). Il s’agit des collections du musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA) de Luxembourg-ville et du Centre national de l’audiovisuel (CNA). La première étape pour entrer dans l’univers de Steichen est sans conteste « The Family of Man ». Cette exposition à Clervaux est bel et bien une œuvre d’art totale. www.steichencollections.lu  Envie d’art en plein air ? À Clervaux, la Cité de l’image propose sans cesse de nouvelles expositions temporaires à ciel ouvert. www.clervauximage.lu

 Depuis 2006, le Luxembourg joue un rôle important dans le « European Month of Photography » (EMOP). www.europeanmonthofphotography.org  Au Luxembourg, le CNA est le point de repère des passionnés de photographie. Le château d’eau de Dudelange accueille régulièrement des expositions temporaires, avec, bientôt, le retour de « The Bitter Years » de Steichen. www.cna.lu  À Esch-sur-Alzette, la galerie « Schlassgoart » est également un lieu important, même pour son architecture. On peut y admirer la collection du géant de la sidérurgie ArcelorMittal, anciennement Arbed. Les œuvres ont toujours un rapport avec l’industrie sidérurgique luxembourgeoise. Les architectes sont EMBT : Enric Miralles, Benedetta Tagliabue, Arquitectes Associats et Moreno Architectes. www.schlassgoart.lu  Chaque week-end, les portes du cabinet d’avocats Arendt & Medernach sont ouvertes au public. On reconnaît le bâtiment grâce à l’œuvre iconique de l’artiste Julian Opie, « Walking in the city », qui se situe directement devant la façade du bâtiment construit en 2017. www.arendt.com/arendt-art

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룩셈부르크. OUR COMMON GROUND.

BE PART OF IT

Le Luxembourg est un lieu de rencontre des cultures. C’est l’un des pays les plus diversifiés et les plus ouverts au monde, avec plus de 180 nationalités représentées et 3,6 langues parlées en moyenne par résident. Chacun(e) d’entre eux fait du Luxembourg une terre de cultures commune, un „common ground“.

* Luxembourg

www.ourcommonground.lu

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Transforming Experiences LE MUSÉE DE L’ARDOISE DE HAUT-MARTELANGE

Histoire d’ardoise Dans les collines verdoyantes entourant le village pittoresque de Haut-Martelange se trouve un lieu qui mène les visiteurs vers un passé où le travail manuel était encore la clé de l’industrie. Les pierres elles-mêmes parlent de l’Histoire, présentée de manière fascinante, dans le nouveau musée de l’Ardoise de Haut-Martelange. Texte und Photos TOM JUTZLER

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Dans des bâtiments restaurés avec soin et grâce à un nombre important d’objets, le musée de l’Ardoise offre aux visiteurs un aperçu d’une période souvent négligée, mais qui a marqué l’histoire de l’industrie luxembourgeoise et qui a duré de 1790 à 1986. Mais le véritable trésor de ce musée, ce ne sont pas les pièces exposées, ce sont les gens qui ont travaillé là. Lors de notre visite, nous avons eu la chance de rencontrer René Risch, un ancien ouvrier dont les mains ont transformé d’innombrables blocs d’ardoise en matériaux utilisables. Avec ses yeux vifs et son attitude marquée par le travail, René est le visage humain d’une industrie qui a joué un rôle décisif au cours des siècles passés.

Devant une machine à 14 ans Les histoires qu’il a à raconter donnent vie au musée. René parle des conditions difficiles dans lesquelles les ouvriers devaient chaque jour couper et façonner l’ardoise, de la camaraderie et des petites joies qu’ils trouvaient dans ce dur labeur. Ici, on ne raconte pas seulement l’histoire de l’ardoise, mais aussi celle des hommes qui ont consacré leur vie à ce travail certes difficile, mais aussi gratifiant.

« c’était ma place. C’est ici que j’ai commencé ». Il s’appuie contre les murs familiers, ses doigts les caressent délicatement. « J’étais un jeune garçon de 14 ans quand j’ai commencé ici. C’était dur, très dur. Les journées de travail étaient longues, et pour découper les ardoises, il fallait être précis et concentré. » Avec un sourire presque juvénile, René se dirige vers un coin de la pièce où se trouve une vieille machine à découper l’ardoise. Il

s’assoit et prend avec précaution une pierre brute entre ses mains. « Je me demande si j’en suis encore capable », dit-il d’un air espiègle. Autour de lui, les visiteurs se font silencieux lorsqu’il pose la pierre sur la machine et met lentement en route la découpeuse. C’est un moment de silence tendu, puis on entend le grattement de l’outil coupant la pierre. Les mouvements de René sont ceux, routiniers et précis, d’un ouvrier rodé. Beaucoup de

Ce n’est pas seulement l’histoire de l’ardoise que raconte le musée, c’est aussi celle des hommes qui ont voué leurs vies à ce labeur difficile mais gratifiant. René a commencé à seulement 14 ans. Les journées de travail étaient longues, et pour découper les ardoises, il fallait être précis et concentré.

D’un air légèrement mélancolique, René nous conduit tout au fond du musée, vers un coin éclairé par la douce lumière d’une vieille fenêtre. « Ici », ditil en nous montrant un banc,

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Le musée propose un passionnant voyage dans le temps à travers l’industrie luxembourgeoise de l’ardoise, vieille de deux siècles. On y voit tout le processus de création de l’ardoise, depuis la pierre et son extraction jusqu’au produit fini et son transport. Durant les heures d’ouverture officielles, les visiteurs peuvent explorer librement tout le site du musée.

petits mouvements. Krrk, krrk, krrk. Et voilà une plaque d’ardoise parfaitement taillée dans la paume de sa main. Après la rencontre avec René, un autre guide poursuit la visite et conduit les visiteurs dans les tréfonds de la mine. La descente vers les profondeurs se fait avec un casque. L’air se rafraîchit, et bientôt on entend l’incessant

goutte-à-goutte de l’eau qui tombe du plafond et forme de petites mares obscures sur le sol rocheux. De petites flaques sur les marches mais de vrais lacs au fond de la grotte. L’humidité est omniprésente, elle flotte dans l’air et rend la peau froide et moite. Dans les tunnels de la mine, l’histoire de l’extraction de l’ardoise prend vie de manière impressionnante. Des installations de lumières et de vidéos illuminent les anciennes galeries et créent des ombres vivantes, dansant sur les parois. Ces illuminations éclairent la beauté brute de l’ardoise et font littéralement la lumière sur le travail qui était accompli ici.

Éclairer ce qui se passe sous terre Les projections vidéo montrent les mineurs à l’œuvre et donnent aux visiteurs une impression réaliste de ce que c’était que de « trimer » dans les tunnels. Le bruit des marteaux et des burins résonne à travers la pièce, mêlé à l’écho des voix des hommes ayant travaillé là il y a longtemps. Mais ce n’est pas seulement l’Histoire que l’on perçoit ici. C’est aussi la présence de la nature. L’humidité, la fraîcheur, l’incessant bruit des gouttes d’eau qui tombent. Tout cela rappelle qu’il s’agit d’un lieu façonné par l’homme, mais toujours impacté par les éléments. Après l’impressionnante visite de la mine, les visiteurs re-

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Une visite de la mine est une expérience qui fait appel aux sens. C’est un lieu où l’on peut non seulement voir l’Histoire, mais aussi l’entendre, la sentir et la ressentir.

Dans les tunnels, l’histoire de l’exploitation de l’ardoise prend vie de manière impressionnante grâce à des projections vidéo. Pour cette visite souterraine, il est recommandé de porter une veste chaude et de grosses chaussures.

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Faire l’expérience du travail sous terre :  Après une longue phase de planification, le musée de l’Ardoise a ouvert ses portes en 2023. De nombreux anciens employés et personnes impliquées ont contribué à en faire l’endroit inspirant qu’il est aujourd’hui. Cet engagement a été récompensé, entre autres, par plusieurs prix lors des « Tourism Awards 2023 ». www.ardoise.lu

René est le visage humain d’une industrie qui, ces derniers siècles, a joué un rôle déterminant. Sur les grandes photos de l’exposition, on voit les ouvriers transformer des blocs d’ardoise en matériaux utilisables.

trouvent la lumière du jour et auront peut-être la chance de revoir René au « Bopebistro ». Ce bistro est un endroit agréable au sein du musée. On peut y savourer une tasse de café et des spécialités locales.

Les amis de l’ardoise C’est ici que René retrouve régulièrement les membres de l’association « Frënn vun der Lee », un groupe d’enthousiastes qui ont à cœur la préservation de cet important patrimoine culturel. Bien que les membres du groupe soient nettement plus jeunes que René, ils partagent sa passion

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pour ce métier manuel et pour l’histoire de l’ardoise. Admiratifs, ils écoutent René faire le récit de l’époque où il était ouvrier et partager ses expériences et ses connaissances. Plus que de simples réunions conviviales, ces rencontres sont un témoignage vivant de l’inlassable engagement de cette communauté pour la mémoire et l’histoire du lieu. Dans cette atmosphère chaleureuse, on perçoit la joie et la fierté que René et ses plus jeunes amis ressentent à l’égard de leur patrimoine. Tous ceux qui le souhaitent sont invités à les rejoindre pour apprendre et découvrir en direct la culture et l’histoire singulière de l’extraction de l’ardoise au Luxembourg.

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 Intéressé par le travail « sous terre » ? Il existe au Luxembourg d’autres lieux faisant revivre cette industrie du passé. Par exemple le musée à ciel ouvert du Fond-de-Gras, dans le sud du pays. Une ancienne mine y a été rouverte que l’on peut visiter grâce au train minier de couleur jaune, la « Minièresbunn », dans une balade assez cahotante à travers les rochers. Contrairement au nord du Luxembourg, ce n’était pas l’ardoise qu’on extrayait et exploitait ici, mais une roche rouge contenant du minerai de fer. Pendant de nombreuses années, ce fut ici la base de la production d’acier au Luxembourg. Et dans le village voisin, Lasauvage, accessible par le petit train minier, on trouve encore plus d’informations sur la production d’acier et sur la vie des mineurs. www.minettpark.lu


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Transforming Experiences LES CASEMATES DE LUXEMBOURG-VILLE

Tunnels cachés et pierres qui racontent des histoires 90

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Les casemates sont un fascinant système de tunnels, long de plusieurs kilomètres, qui traverse toute la vieille ville de Luxembourg sous terre et qui s’étend même jusqu’au plateau du Kirchberg. On peut les découvrir lors de passionnantes visites guidées : une visite classique des casemates du Bock ou de la Pétrusse, ouvertes aux touristes avec relativement peu de restrictions, ou une visite plus mystérieuse de tunnels souvent cachés, et que les Amis de l’histoire de la forteresse ne montrent que lors d’occasions spéciales. Texte BIRGIT PFAUS-RAVIDA Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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Le guide, Jean, connaît les casemates du Bock et de la Pétrusse comme sa poche. S’il porte un chapeau, ce n’est pas pour le style. Lorsque le tunnel de pierre devient bas, c’est d’abord le chapeau qui heurte le plafond et prévient le jeune homme qu’il est temps de baisser la tête. C’est le cas ici, dans le « Goldregen-Tunnel », le tunnel de la pluie d’or, sous la « Gëlle Fra » (la dame en or).

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La belle sirène Mélusine est l’héroïne tragique du mythe fondateur de Luxembourg. Le comte Siegfried tombe éperdument amoureux d’elle lorsqu’il la voit, transformée en femme, dans la vallée de l’Alzette. Mélusine, qui elle aussi tombe amoureuse de lui, décide de l’épouser. Elle est très heureuse, mais pour préserver leur bonheur conjugal, elle pose une condition : elle veut être seule une fois par semaine. Chaque samedi, elle s’enferme dans son boudoir où Siegfried n’a pas le droit d’entrer.

Elles sont le lieu de travail privilégié du jeune guide qui est aussi acteur et auteur. Dans son livre, « The Pleasure of Drowning », qu’il a écrit en anglais − ce natif du Luxembourg dit aimer les langues − on retrouve l’histoire de Mélusine, modifiée pour des raisons narratives. Le pseudonyme du jeune guide est Jean Bürlesk, mais son vrai nom est Jean Beurlet. Les casemates du Bock

« Luxembourg City Underground » : Les casemates du Bock comme celles de la Pétrusse ont été rénovées et sont de nouveau ouvertes au public. Les casemates du Bock peuvent être visitées sans guide mais pas celles de la Pétrusse.

Ce jour-là, elle redevient sirène. Mais une fois, le comte regarde par le trou de la serrure, voit la transformation, la queue de poisson. Il pousse un cri. Et il s’attire ainsi les foudres de sa femme. Selon les différentes versions de la légende, elle saute depuis le rocher du Bock dans la rivière, l’Alzette et disparaît pour toujours ou bien c’est le rocher qui l’engloutit.

Serpent et clef d’or « Et voici le puits où l’on dit que Mélusine vit encore aujourd’hui. Il se situe à l’endroit même où le rocher l’a avalée. C’est là qu’elle tisse un linceul pour la ville de Luxembourg. Elle protège cette ville, mais elle peut aussi la conduire à sa perte, si on ne la délivre pas », raconte d’une voix dramatique le jeune homme à lunettes, au chapeau et aux cheveux longs. Il se tient devant le puits de 47 mètres de profondeur, au cœur des casemates du Bock. Ces dernières constituent un système de défense souterrain, un réseau de tunnels sous toute la vieille ville et jusqu’au plateau du Kirchberg.

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Les montées et les descentes incessantes, ainsi que les vues sur l’extérieur toujours surprenantes montrent la complexité des casemates. Elles jouent un rôle déterminant dans l’image de la ville.

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Les traces de Vauban, l’architecte militaire français, se retrouvent partout dans les constructions et la structure même de la vieille ville. La forteresse et la vieille ville appartiennent au patrimoine mondial de l’UNESCO. Plus impressionnant encore : la ville moderne repose en grande partie sur les anciens murs de la forteresse. 95


et de la Pétrusse, il les connaît littéralement comme sa poche. Lorsqu’il était élève, cet historien de formation aimait déjà guider les visiteurs à travers les systèmes de tunnels souterrains. Il a donc suivi une formation pour pouvoir devenir guide officiel du LCTO (Luxembourg City Tourist Office).

Patrimoine mondial de l’UNESCO Au cours de sa carrière de guide, les casemates ont connu quelques changements. Les casemates du Bock et de la Pétrusse ont toutes deux été rénovées et donc fermées pendant un certain temps. Désormais, elles sont de nouveau ouvertes au public. Les casemates du Bock peuvent être visitées de manière autonome, tandis que les casemates de la Pétrusse nécessitent la présence d’un guide.

Il y a tellement de choses à raconter sur les casemates, qu’une visite de 45 minutes est bien trop courte. Car toute l’histoire politique du pays, avec ses épreuves, ses vicissitudes et ses conquêtes, y est liée. C’est d’ailleurs Vauban, l’architecte français qui, après l’attaque et la conquête du Luxembourg en 1684, a perfectionné et modernisé la forteresse. On retrouve son empreinte dans les bâtiments et dans la structure même de la vieille ville. Au même titre que la forteresse, elle appartient au patrimoine mondial de l’UNESCO. Plus impressionnant encore : la ville moderne repose en grande partie sur les anciens murs de la forteresse. La salle située à l’entrée des casemates illustre les fouilles faites autour du système de défense militaire. Une maquette de la vieille ville permet de s’orienter. Elle montre aux visiteurs où ils se situent sous terre.

Depuis les casemates du Bock, les vues sont toujours époustouflantes, notamment sur le Kirchberg et ses tours modernes.

À travers des couloirs et des escaliers, on progresse dans les casemates du Bock, en passant régulièrement devant de grandes ouvertures. Avant le démantèlement de la forteresse en 1867, ces fenêtres n’étaient que de petites échancrures, difficiles à repérer depuis l’extérieur. Aujourd’hui, ces grandes fenêtres et ces balcons, que l’on voit des deux côtés du rocher, façonnent l’image même de la ville. « Il faut s’imaginer à quel point il faisait humide, froid et suffocant ici. Il n’y avait aucune hygiène et peu d’oxygène, et quand on tirait des coups de fusil, l’air se remplissait de fumée et de poudre. Personne n’est mort ici d’une balle ennemie, mais peut-être de maladies », raconte Jean, le guide, en dépeignant de manière vivante les scènes qui ont pu se dérouler autrefois. En théorie, les casemates du Bock pouvaient accueillir 1200 soldats et 50 canons. Certains d’entre eux ont même vécu ici pendant une longue période.

Poudre à canon et viande de cheval « Accompagné de ses troupes, le maréchal von Bender, un commandant autrichien âgé à l’époque de 82 ans, a passé ici l’hiver 1794-95 pour défendre la forteresse contre les Français ! », raconte Jean. Ils ont dû manger un certain nombre de leurs chevaux quand les vivres ont commencé à manquer. Heureusement, le pouvoir autrichien a autorisé leur retrait au bout de huit mois.

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Le panneau à l’entrée des casemates du Bock montre à quel point le système de tunnels est long.

Une expérience impressionnante dans les casemates de la Pétrusse : les pierres racontent leur histoire grâce une installation vidéo.

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Les premières casemates ont été construites en 1644. Au fil du temps, elles n’ont cessé d’être agrandies et améliorées. On ne sait pas exactement d’où vient le mot « casemate ». Probablement du grec « chasma(ta) », qui signifie « crevasse » ou « faille ».

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Le fort Lambert fait partie des fortifications du 17e siècle, dans le parc municipal de la ville de Luxembourg. Les travaux de démantèlement conduits entre 1868 et 1874 ont fait disparaître l’ensemble du fort. Ce n’est qu’en 2001, lors des travaux de construction d’un parking, que certaines parties en ont été retrouvées.

Jadis, on devait se sentir très à l’étroit dans les casemates. Le démantèlement de la forteresse a conduit à l’agrandissement des fenêtres, de sorte qu’on ne pouvait plus tirer d’ici, ni avec des canons, ni avec des fusils. Malgré tout, les lieux servirent encore de bunker pendant les deux guerres mondiales. Au 20e siècle, l’une des salles, la « Tun Deutsch », a même hébergé le théâtre des Casemates, qui aujourd’hui se trouve dans le quartier de Bonnevoie.

« Autrefois, dans les casemates de la Pétrusse, il faisait encore beaucoup plus sombre », se souvient Jean, lorsqu’il y pénètre après avoir traversé celles du Bock et s’être promené en ville.

Casemates avec son et lumière Depuis la récente rénovation, un nouveau concept de visite fascinant remplit les couloirs de son et de lumière. Des torches électriques et des écritures illuminent les murs. Dans l’une des pièces, même les pierres se mettent à « parler » et, telles des silhouettes éclairées, à raconter un temps où l’on cultivait des champignons et où l’on célébrait des fêtes de la bière dans les casemates. On y stocka aussi du vin mousseux. Mais il y a quelques trésors cachés que l’on ne peut pas voir lors d’une visite classique, que ce soit dans les casemates du Bock ou dans celles de la Pétrusse. C’est ce que les Amis de l’histoire de la forteresse ont à cœur de montrer depuis les années 1990. Ils organisent des visites guidées où l’on pénètre parfois dans le monde souterrain par des entrées insoupçonnées. Par exemple autour de la villa Vauban, près de la tour du fort Louvigny, ou sous la « Kinnekswiss » (pré du roi en luxembourgeois), qui doit son nom au roi Louis XIV. Ou encore dans le parc municipal, autour du fort Lambert. « Il faut que je regarde laquelle est la bonne ! », dit Robert Wagner, président de l’associa-

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Où et avec qui :  « Rocks coming to Life » : découvrez les casemates de la Pétrusse comme jamais. Des récits accompagnent les visiteurs à chaque étape du parcours. www.luxembourg-city.com  « Rock with a view » : en traversant les casemates du Bock, les visiteurs bénéficient d’une vue imprenable sur la ville, montrant le contraste entre l’ancien et le nouveau. www.luxembourg-city.com  Sur réservation, les Amis de l’histoire de la forteresse proposent aux groupes de découvrir des entrées secrètes et de participer à des visites guidées insolites. En les suivant, on découvre les casemates sous un nouveau jour. Quand il n’y a ni panneaux d’indication, ni de storytelling, on se dit que la présence d’un guide est indispensable… www.ffgl.lu Depuis les casemates, beaucoup d’autres promenades conduisent sur les traces du patrimoine UNESCO.

tion « Frënn vun der Festungsgeschicht », les Amis de l’histoire de la forteresse, en sortant un énorme trousseau de clés. Il en essaie trois, et enfin on entend un « clic ». Il pousse la grille métallique qui ouvre sur un escalier obscur.

Une porte vers des trésors cachés Le grand monsieur aux boucles grises passe beaucoup de temps avec des groupes à qui il aime montrer les casemates secrètes. Cet ancien ingénieur en construction, qui a longtemps travaillé pour le musée national d’Histoire lors de fouilles à Dalheim et ailleurs, a déjà écrit plusieurs livres. Il descend les escaliers. Deux petites bougies chauffe-plat scintillent, vestiges de la visite guidée d’un de ses collègues, plus tôt dans la journée. Un nouveau « clic » : Robert Wagner allume la lumière. Maintenant, on traverse des couloirs étroits et bas. « Ici,

on aurait pu couper le chemin à l’ennemi en faisant exploser le couloir », explique-t-il à un certain endroit. Autrefois, on utilisait de la poudre à canon partout dans les casemates. Et puis tout à coup, une sortie, et l’on se retrouve parmi les vestiges du fort Lambert. Vus du haut, depuis le parc, l’œuvre d’art « La Vague » et ses petits cercles en pierre contrastent clairement avec la pelouse verte autour du fort. Après avoir parcouru les tunnels, on la voit d’en bas, littéralement sous un autre jour. Quand, ensuite, on se tient sur la pelouse, entre les murs, et qu’on lève les yeux, on croise le regard étonné des passants qui n’auraient pas imaginé qu’on puisse se promener par-là.

Étrange grondement Soudain, dans l’obscurité des couloirs, un grondement retentit. « Ce bruit vient des voitures dans le parking ! », explique Robert Wagner, pour nous rassurer. En effet, juste derrière les murs se trouvent les places de stationnement du parking Monterey. Heureusement, ce ne sont pas les murs des casemates qui s’écroulent. La malédiction de Mélusine ne frappera pas aujourd’hui : la ville continue de reposer solidement sur ses fondations. Mais peut-être devrait-on garder à l’œil le puits des casemates du Bock. Peut-être que Mélusine y reviendra bientôt, afin d’être délivrée ?

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L’ensemble de pierre, béton et métal ainsi que l’œuvre d’art intitulée « La Vague » font du fort Lambert un lieu fascinant. Et pas seulement pour les guides et grands connaisseurs des casemates que sont Jean Beurlet et Robert Wagner.

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Daydream LES BIBLIOTHÈQUES DU PAYS

Des voyages pour l’esprit et pour l’âme Dans le si vivant paysage culturel luxembourgeois se cachent des trésors inattendus. Ce sont des chefs-d’œuvre architecturaux, une mosaïque de culture et d’histoires et une oasis de paix, au cœur d’une vie urbaine trépidante. Dans les nombreuses bibliothèques du Luxembourg, les histoires ne demandent qu’à être découvertes. C’est justement là que l’auteure luxembourgeoise Stéphanie Heuertz trouve son inspiration. Dans des bibliothèques urbaines ou rurales. Texte CAROLE THEISEN Photos PANCAKE! PHOTOGRAPHIE

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La Bibliothèque nationale du Luxembourg, au Kirchberg, offre une symétrie parfaite et d’étonnantes perspectives. La jeune auteure Stéphanie Heuertz peut y faire des recherches et rêver.

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Bienvenue dans ce voyage nonconventionnel à travers le Luxembourg, où les globe-trotteurs et les passionnés de culture s’immergent dans le monde du savoir, de l’imagination et de l’inspiration : celui des diverses bibliothèques du Luxembourg. Et ce ne sont pas des lieux qui sentent le renfermé, remplis de vieux livres ennuyeux dormant dans les rayonnages poussiéreux. Non, ce sont de véritables oasis de bibliophilie, vivantes et innovantes, dans lesquelles la frontière entre réalité et imagination s’estompe. À une époque où les gens se perdent dans les sphères du virtuel et sont confrontés à la réalité numérique, les bibliothèques offrent un contraste libérateur. Ce ne sont pas seulement des lieux de savoir et d’apprentissage, mais de véritables espaces de rencontres, vivants, des gardiens de l’Histoire, des sources d’inspiration pour l’avenir.

Une curiosité débordante

Le voyage de découverte littéraire qu’a entrepris Stéphanie à travers le Grand-Duché commence par l’impressionnante Bibliothèque nationale, sur le plateau du Kirchberg, dans la capitale. Ici, le savoir est à portée de main, dans les manuscrits rares comme dans les bandes dessinées contemporaines, dans les documents historiques comme dans les expositions interactives.

Alcôves et coins lecture De l’extérieur, on ne peut qu’imaginer ce qui nous attend à l’intérieur. Mais dès que Stéphanie entre dans la grande salle de lecture, elle est totalement subjuguée. Architecture majestueuse, atmosphère chaleureuse et agréable lumière tamisée accueillent la jeune auteure. Le caractère sinueux du bâtiment l’emmène dans un voyage riche en surprises et la conduit

vers d’innombrables coins, recoins et alcôves où l’on peut s’asseoir, sortes de retraites cachées invitant à s’attarder pour lire. « Les bibliothèques sont tout simplement parfaites quand on a envie d’être avec des gens tout en étant tranquille », explique Stéphanie. Elle raconte qu’étudiante, elle aimait bien se rendre dans l’ancienne Bibliothèque nationale, qui se trouvait autrefois près de la cathédrale, mais aussi dans de nombreuses autres bibliothèques, au Luxembourg et à l’étranger, pour potasser et préparer ses examens. Et, comme par hasard, tandis qu’elle se promène aujourd’hui à travers la

Si elle est calme à l’intérieur, à l’extérieur, la Bibliothèque nationale est en parfaite symbiose avec la vie urbaine. Grâce au tramway, tout le monde peut s’y rendre gratuitement. L’arrêt se situe juste devant l’entrée.

Depuis l’époque où elle allait encore à l’école, Stéphanie Heuertz entretient une relation très particulière avec les bibliothèques. Forte d’une passion pour la littérature et d’une curiosité sans limite, cette jeune auteure entame aujourd’hui un voyage de découverte à travers tout le pays, depuis l’imposante Bibliothèque nationale (qui ne brille pas seulement par ses trésors anciens), jusqu’au futuriste « Luxembourg Learning Centre » de Belval, en passant par ces petits nids de livres cachés à Wiltz et à Schwebsange, la rurale. Mais attention : une fois ensorcelé par les bibliothèques, impossible de faire machine arrière !

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Bibliothèque nationale, elle croise ses propres élèves qui se préparent à leurs examens. Car l’activité principale de Stéphanie est d’enseigner l’allemand au Lycée technique pour professions éducatives et sociales, un travail « qui la comble profondément », comme elle dit. En 2022, Stéphanie Heuertz a conquis le cœur des jeunes lecteurs avec son livre pour enfants en luxembourgeois « De Félix, d’Mimi an d’Lëtzebuerger Traditiounen ». Dans ce captivant voyage à travers l’année civile, les coutumes, traditions et histoires luxembourgeoises sont très bien expliquées aux enfants. C’est une aventure palpitante qui fait vivre la diversité culturelle du Luxembourg. Les deux aventuriers du livre découvrent douze traditions et coutumes du

Luxembourg, mais apprennent aussi qui était « Jang de Blannen », et quel était son lien avec la Schueberfouer, pourquoi les Luxembourgeois célèbrent la fête nationale et d’où vient ce mystérieux « Kleeschen ». « Je suis partie d’une idée un peu folle », raconte Stéphanie, qui n’avait absolument pas prévu de publier un livre. Elle voulait simplement, sans objectif particulier, noter quelques idées. Mais un peu plus tard, quand les éditions Schortgen ont exprimé leur intérêt, cette « idée un peu folle » est devenue réalité. Un an plus tard, le volume suivant, « De Félix an d’Mimi wëlle bleiwe wat si sinn », dans lequel les deux enfants apprennent encore plus de choses sur leur pays natal, a fait son apparition sur les rayonnages des bibliothèques du pays mais aussi à la Bibliothèque nationale, dans

À Esch-Belval, la bibliothèque universitaire est consacrée à la recherche. Sa formidable architecture et les matériaux qui la composent la rendent elle aussi fascinante.

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la section « Luxemburgensia », qui répertorie toutes les publications en luxembourgeois. Lorsque l’on flâne à travers la bibliothèque, lorsque l’on monte et descend les escaliers, on ne peut manquer de constater à quel point le mobilier et la décoration, modernes et pleins d’originalité, confèrent un vrai charme au lieu. Les grands tableaux d’affichage analogiques, composés de multiples blocs euxmêmes constitués de lettres, attirent particulièrement l’attention. Et, anecdote amusante, il a fallu se résoudre à coller ces blocs, car certains visiteurs n’ont pas pu s’empêcher d’emporter des morceaux chez eux.

Entre tradition et modernité L’impressionnante Bibliothèque nationale dans le rétroviseur, Stéphanie poursuit son voyage à travers le monde fascinant des bibliothèques luxembourgeoises et se dirige vers une prochaine étape importante : le « Luxembourg Learning Centre », bibliothèque de la célèbre université du Luxembourg à Esch-sur-Alzette, dans le sud du pays. Cette bibliothèque, située au milieu des anciens hauts-fourneaux qui, ici, s’élèvent encore vers le ciel, n’est pas seulement, pour les étudiants, le paradis du savoir, c’est aussi un véritable chef-d’œuvre architectural. L’alliance entre le verre, l’acier et les éléments décoratifs multicolores enthousiasme tout le monde, qu’on soit féru d’architecture ou non. Des couleurs claires, des espaces ouverts et une abondance de lumière naturelle passent à travers les grandes fenêtres et confèrent à l’espace une légèreté accueillante. Lors de la conception


Esch-Belval est un lieu où se rencontrent idéalement le passé et le futur, l’industrie et la science. Parmi les anciens hauts-fourneaux, dont certains peuvent être visités, Stéphanie découvre la bibliothèque du « Luxembourg Learning Centre ».

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À la « Bicherthéik » de Schwebsange, un bâtiment historique datant de 1905, les rats de bibliothèque de tous âges trouveront tout ce dont ils rêvent : polars et romans, livres pour enfants et essais, sans oublier l’importante collection de publications luxembourgeoises. 108

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des éléments de façade en verre, les architectes se sont inspirés des couleurs et des motifs des dépôts de cendres que les anciens hauts-fourneaux avaient laissés sur les fenêtres de l’ancienne usine. Un hommage à l’industrie sidérurgique si importante pour le Luxembourg. Lors de la planification du bâtiment, le bureau d’architecture luxembourgeois Valentiny HVP a tenu à intégrer la structure métallique d’origine, si marquante, celle de la « Möllerei », l’ancien hall industriel, afin de jouer le contraste entre le passé et le futur de la région. Lorsque l’on entre dans la bibliothèque, on ne peut manquer de voir le « Skip », un gigantesque ascenseur, témoin de l’industrie sidérurgique, qui se fond parfaitement dans le nouveau bâtiment moderne. « Le LLC est une version tendance de la Bibliothèque nationale », résume Stéphanie Heuertz. « Elle capte l’esprit de notre époque et se distingue, par son agencement, des bibliothèques traditionnelles ».

Pour Stéphanie, la dernière étape du jour se démarque encore des autres bibliothèques et fascine par son aura historique. Le craquement des lattes de bois sous les pieds confère à l’endroit une atmosphère de nostalgie. Le doux murmure des pages et l’odeur inimitable du vieux papier font de cette bibliothèque un lieu très chaleureux. À proximité de Schengen, non loin des berges de la Moselle, la « Bicherthéik » de Schwebsange, un vrai paradis pour la lecture, attend petits et grands amoureux de la littérature.

Cela va de l’antique machine à écrire au téléphone rouge vif des années 1980 en passant par le tableau noir, vestige d’une époque où le bâtiment servait d’école. Il y a aussi un étage entièrement consacré aux enfants, où ils peuvent se prélasser dans des coins de lecture douillets pour plonger dans l’univers des livres. Et pour ceux qui le souhaitent, les bibliothécaires leur offrent une tasse de café chaud ou, pour les plus petits, un morceau de chocolat. Et à peine les enfants de Stéphanie, qui l’accompagnent dans son voyage de

Un refuge féerique Par la fenêtre, la vue sur les vignobles typiques de la Moselle est magnifique. C’est parfait pour se détendre avec un bon livre et profiter du pittoresque paysage. La bibliothèque est meublée et décorée de reliques du passé, certaines vieilles d’une centaine d’années.

À la bibliothèque rurale de Schwebsange, dans la fertile région de la Moselle, on s’immerge dans la lecture. On y trouve naturellement, entre autres, beaucoup d’écrits sur la viticulture.

Chaleureux et convivial La bibliothèque Welubi de Wiltz, étape suivante, au milieu des paysages grandioses du nord du Luxembourg, entre forêts et larges horizons, le long de la Sûre, offre un charmant contraste avec celles, imposantes, de la capitale et d’Esch-sur-Alzette. Dès que l’on entre, on est saisi par le caractère chaleureux de cette bibliothèque. C’est un lieu où l’on se sent bien et qui inspire. Son plus, c’est la grande table située tout au fond. Ici, les visiteurs peuvent s’asseoir ensemble, s’informer, lire et même s’essayer à un jeu de société.

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découverte, ont-ils franchi le seuil de la bibliothèque, que leur regard tombe sur l’attrayant bol rempli de friandises, dans lequel ils plongent leur main avec impatience.

monde plein d’histoires. Avant que la famille ne se remette en route, chacun a le droit de choisir un livre à emporter pour les prochaines vacances.

Après cette petite collation de bienvenue, les enfants ne peuvent visiblement plus contenir leur curiosité et commencent à parcourir les rayonnages. Les couvertures colorées des livres attirent leur attention et ils disparaissent pendant une demi-heure dans un

Cela vaut la peine de se laisser envoûter par les bibliothèques luxembourgeoises. Les portes de la fiction et du savoir, venus du monde entier, sont grandes ouvertes, il suffit d’entrer et de se laisser emporter par la magie des bibliothèques.

Bibliothèques à ne pas manquer :  À la fois impressionnante et tranquille, la Bibliothèque nationale, dans le quartier du Kirchberg, se trouve directement sur la ligne de tramway. www.bnl.lu  Le « Luxembourg Learning Centre » d’Esch-Belval, au sud du pays, se situe dans le quartier des anciens hautsfourneaux. www.uni.lu/llc-fr  La bibliothèque Welubi de Wiltz séduit par son charme, sa chaleur et l’esprit de communauté qui y règne. www.welubi.lu  Près des berges de la Moselle, dans la paisible commune de Schwebsange, la « Bicherthéik » attend les visiteurs. www.schengen.lu/bichertheik  Nombreuses sont les autres bibliothèques du pays, mais aussi les festivals littéraires. Le Centre national de littérature de Mersch fournit toutes les informations concernant la littérature au Luxembourg. www.cnl.public.lu

Attenante à la gare, la bibliothèque Welubi de Wiltz accueille les usagers, les voyageurs et tous ceux qui recherchent échanges et créativité. Les rires d’enfants, que l’on entend entre les rayonnages, confèrent vie et légèreté à la bibliothèque.

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LUXEMBOURG CITY

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Open and Diverse CARTE BLANCHE

Une nuit au musée ! C’est le rêve de beaucoup d’enfants, mais de nombreux adultes aussi. À quoi ressemblent les animaux empaillés à la tombée de la nuit ? Et la grande façade vitrée, quand le ciel nocturne se fait plein d’ombres ? Qu’est-ce que cela fait de contempler une œuvre à une heure très tardive ? C’est ce que l’on peut découvrir durant la « Nuit des musées », qui a lieu une fois par an en octobre à Luxembourg-ville et qui invite à flâner à travers diverses institutions.

Villa Vauban – Musée d’Art de la Ville de Luxembourg

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Pour cette édition de Luci, nous avons donné carte blanche au photographe luxembourgeois Mike Zenari. Dans une série très expressive, l’artiste nous montre, à travers son objectif, sa propre vision de la « Nuit des musées ».

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MUDAM – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean

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Musée Dräi Eechelen

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Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain

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MUDAM – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean

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A walk throughii 400 years of historyii

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© LFT 2024 Tous droits réservés. Toute utilisation ou reproduction, totale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation écrite au préalable de l’éditeur. ISSN 2716-7313

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Rédaction Tom Jutzler Sieglinde Marx Birgit Pfaus-Ravida Carole Theisen Photographes Pancake! Photographie (cover) Tom Jutzler André Schösser Alfonso Salgueiro Mike Zenari Autres photos publiées avec l’accord des partenaires Traductions & Corrections Cécile Balavoine Jess Bauldry Rachel Ezard Clément Guélé Sieglinde Marx Peggy Nickel Sarah Pitt Kerstin Philippi Birgit Pfaus-Ravida Dr. Sebastian Reddeker Hélène Rybol why vanilla? Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch

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Tirage Tirage total : 40.000 Édition française : 12.000 Langues français, allemand, anglais, luxembourgeois Publicité brain&more brain@brain.lu

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