24.07.21
Le règne de la confiance Whole Lotta Trust
James Gaffigan © Janosh Ourtilane
Le nouveau Directeur musical du Verbier Festival Junior Orchestra était plutôt branché rock avant de se mettre au basson à l’âge de 14 ans, « pour être aussi cool » que son idole Frank Zappa. « Avec Brahms et Mendelssohn, j’ai ressenti des émotions que je n’avais jamais eues en écoutant Led Zeppelin ou Jane’s Addiction. J’aime toujours énormément le rock et le jazz, mais le répertoire que je défends aujourd’hui porte en lui quelque chose de plus profond encore ». James Gaffigan a pris la baguette un peu par hasard avec son orchestre d’étudiants, alors que le chef habituel s’était assis en salle pour vérifier les équilibres sonores. « J’ai su à ce moment-là que je pouvais et voulais en faire ma vie. Cela me permettait aussi d’avoir une vision plus large, puisque le basson n’était qu’une petite partie du puzzle. Et j’aimais tellement la musique que je voulais lui donner vie ». Il perçoit sa mission en fédérateur : « Je suis très heureux de pouvoir rassembler les gens grâce à la musique. Je suis particulièrement sensible aux émotions et à l’humeur des personnes autour de moi. Je scanne toujours l’assemblée ». En particulier avec les jeunes, « il faut vraiment être à l’écoute pour pouvoir les aider.
La confiance est à la base de tout dans la musique. Si vous leur faites confiance, ils vous feront confiance ». La Bohème de Puccini couronnera le 1er août un travail au long cours avec le VFJO. « Le rubato, c’est-à-dire le fait de prendre des libertés avec le rythme, en fait l’un des opéras les plus difficiles du répertoire. C’est très compliqué à enseigner à de jeunes musiciens. Cela correspond à de la musique de chambre à très grande échelle et à l’un des plus gros défis de cet été ». Dans le programme qu’ils interprètent aujourd’hui, « le Poème de Chausson est lui aussi très exigeant, car il demande beaucoup de couleurs et de transparence. Chaque instrumentiste imagine qu’il joue piano, mais il faut jouer seize fois plus piano, en se mélangeant au son de ses collègues ». L’essence du VFO pour les jeunes instrumentistes est bien là : « les préparer à cette carrière en leur donnant les outils nécessaires pour rejoindre par la suite des orchestres professionnels ». Propos recueillis par Thibault Vicq