21.07.21
Les silences éloquents The sound of silence
Benjamin Appl © Louis Michel
« Verbier a tout ce qu'on peut attendre d'un festival : un lieu magnifique et des invités fantastiques », s'exclame le baryton lyrique, enjoué de sa première fois dans la station. Il a élaboré ses deux programmes de concerts en étroite collaboration avec Martin T:Engstroem, « un grand promoteur de répertoire ». « Les programmateurs souhaitent en général m'entendre chanter dans ma propre langue, l'allemand, mais j'aimerais chanter un peu plus en français, en anglais ou en italien ». Demain, il interprétera une sélection de songs (« Le répertoire anglais possède de nombreux joyaux méconnus ») et de lieder à l'Église aux côtés de la violoncelliste Anastasia Kobekina, de l'Esmé Quartet et du pianiste James Baillieu. « Au Conservatoire, l'enseignement se concentre presque exclusivement sur l'opéra. Chanteur de lied, c'est presque un métier de niche ! ». Pourtant, Benjamin Appl a en grande partie emprunté cette voie grâce à sa rencontre avec Dietrich Fischer-Dieskau. « J'aime particulièrement la liberté qu'apporte le lied. On est son propre chef d'orchestre, son propre dramaturge, son propre costumier ». Ce grand pouvoir a beau impliquer de grandes responsabilités, « c'est très gratifiant de sentir quand cela fonctionne. Un musicien ne doit jamais se reposer sur ses lauriers. Il faut créer à chaque concert, penser à la structure de la musique, faire des recherches, et ne pas uniquement délivrer la musique ». Ses premières amours chambristes le mènent à Schubert, qu'il interprète au début de sa carrière avec Graham Johnson dans un catalogue de plusieurs centaines de lieder.
« Il connaît ce répertoire comme personne, il comprend comment fonctionne la voix, et j'ai eu une chance extraordinaire d'être aidé par une personne si expérimentée ». Dans un monde où la musique est omniprésente, au centre commercial ou au restaurant, Benjamin Appl chérit le silence : « Quand je rentre chez moi, je ne mets pas de musique car le silence est une denrée rare. Un récital de lieder est le moment idéal pour le silence et les pauses ». Il appelle les jeunes artistes à travailler cette composante : « Le travail d'un chanteur ne consiste pas uniquement pas à créer des sons et à travailler sa voix. Il s'agit de placer les sons et d'ajuster le volume, de produire une variété de nuances, mais aussi d'être suffisamment courageux pour prendre son temps entre les phrases ou entre les lieder ». Il n'est pas adepte du « c'était mieux avant », car « il est difficile de comparer les époques. Aujourd'hui, on en demande de plus en plus aux chanteurs : communication, organisation, préparation, travail en équipe, maîtrise des langues étrangères... On ne peut pas vraiment dire quel aspect est le plus important. Je pense qu'il faut surtout réfléchir à soi, et trouver le bon équilibre pour ne pas devenir trop autocentré ». Thibault Vicq "Verbier has everything you would expect from a Festival: beautiful venues and fantastic artists," exclaims the lyric baritone, excited about his first time in the resort. He has put together two concert programmes in close collaboration with Martin Engstroem, who he describes as "a great promoter of repertoire". "Programmers usually want me to sing in my own language, German, but I would like to sing a little more in French, Italian or English the English repertoire has many little-known gems". Tomorrow, he will perform a selection of songs and lieder in the Church, alongside cellist Anastasia Kobekina, the Esmé Quartet and pianist James Baillieu. "When you study at music college, the teachers and professors focus almost exclusively on opera. As a lieder singer, you are really in a niche". Yet Benjamin Appl largely explored this route of lieder through his meeting with Dietrich Fischer-Dieskau. "What I particularly