Recit sur Mon pays, le Burundi

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MON PAYS,

LE burundi MARIA SASTRE SACARÉS

Avant-propos MIQUEL RAYÓ Dessins CATI CÀNOVES



Pour les enfants avec lesquels nous avons travaillé pendant plus de dix ans dans le cadre de projets de coopération au développement


Titre original: EL MEU PAÍS, BURUNDI Édite: VOISINS SANS FRONTIÈRES Avec le soutien de - l’Agence de Coopération Internationale des Îles Baléares (ACIB), - la Caisse d’épargne « la Caixa » - la Mairie de Palma Auteur: Maria Sastre Sacarés Avant-propos: Miquel Rayó Dessins: Cati Cànoves Traduction du catalan: Jaime Maisonneuve Photocomposition et impression: Imprimerie Muro sl Dépôt legal: Palma 2.584/2009

Remerciements: Notre gratitude envers toutes les personnes collaboratrices de VOISINS SANS FRONTIÈRES qui ont participé à l’exécution de toutes les tâches que la publication de ce livre a comportées. Nous voulons remercier également toutes les collaborations individuelles et collectives qui, sans aucun doute, contribuent à maintenir notre association afin de pouvoir continuer à étendre la solidarité comme une tache d’huile.

La reproduction du contenu de ce livre ainsi que son traitement informatique sont interdits.


Ce n’est pas un hasard si les deux personnages principaux du récit que vous êtes sur le point de commencer à lire sont des femmes. Une fillette qui entrevoit, avec une précieuse fermeté ingénue, une petite lumière pleine d’espoir. Une marraine qui n’ignore pas, depuis un éloignement privilégié, son devoir humanitaire. D’autres personnages du conte, également positifs, sont des femmes : mères de famille. Ce n’est pas non plus une simple coïncidence. Quelqu’un a dit que la société durable et juste, que beaucoup, - combien vraiment ? – souhaitons pour le futur sera ou féminine ou elle ne sera pas. Et les hommes ? Je n’ai pas de réponse. Peut-être, quelle honte. Éducation, paix, eau et nourriture, amélioration matérielle partagée, fêtes, nature diverse. La fillette ne sait pas si la marraine peut comprendre les désirs si simples qui sont les siens. Elle espère, cependant, pouvoir l’embrasser. C’est avec cette espoir d’une embrassade que la solidarité devient puissante. Miquel Rayó, auteur de livres pour enfants, Juin 2009



Roy vit au Burundi dans une très petite hutte faite de branches d’arbres. Pour l’isoler du froid, Roy et ses frères aident à mettre de la boue sur les branches. La famille de Roy est très pauvre et pour cela, depuis quelque temps et par l’intermédiaire d’une ONG, Marguerite qui vit dans l’île de Majorque lui sert de marraine. Depuis lors, la mère de Roy reçoit l’aide économique de Marguerite qui lui permet de faire quelques petits travaux, et gagner ainsi l’argent dont la famille a besoin pour se nourrir et aussi pour envoyer Roy et ses frères à l’école.


Roy vit très loin de Marguerite, sa marraine majorquine. Avec l’aide de sa maîtresse d’école, elle écrit une lettre pour lui dire où elle vit et ce qui se passe dans son pays. La lettre dit ainsi : - Vous savez, marraine Marguerite, mon pays est très beau ...




Nous avons un grand lac. La maîtresse me dit que c’est comme la mer que vous avez à Majorque. Dans le lac il y a des crocodiles, des hippopotames, des poissons ... Le Burundi a beaucoup de montagnes et de parcs nationaux où il y a des singes, des antilopes, des lions ... C’est très chouette! Tu aimes que je te raconte tout ça, marraine ?


Roy ferme les yeux et écoute. Au début elle n’entend rien, mais lorsqu’elle est concentrée, il lui semble entendre la voix de sa marraine qui lui dit : «Oui, ma chérie ...» Roy est très émue et continue d’écrire: Au Burundi, il y a beaucoup de familles qui n’ont rien à manger, mais lorsque les parents ont la possibilité de faire un petit travail, ils peuvent alors acheter des bananes, des haricots, des patates douces ... et tous peuvent manger ainsi au moins une fois par jour.




Les pauvres ne peuvent pas aller chez le médecin quand ils tombent malades, ni non plus envoyer leurs enfants à l’école. Tu comprends, marraine Marguerite ? Je vais étudier dur et, quand je serai adulte, je serai maîtresse d’école, je pourrai aider ainsi les enfants à lire et à écrire. Roy se concentre encore une autre fois pour voir si elle entend de nouveau la voix de sa marraine et se l’imagine assise au pied d’un arbre, en train d’écouter tout ce qu’elle lui dit.



Il y a quelque temps, dans notre pays, le peuple a élu un président qui s’appelait Melchior. Ce président voulait qu’au Burundi il n’y ait pas de gens pauvres, que les mères puissent aller à l’hôpital pour y accoucher, que les malades puissent aller chez le médecin, et que tous les garçons et les filles puissent aller à l’école ... Mais Melchior n’a pas eu le temps de réaliser son projet car bien avant, il a été assassiné.



Certains au Burundi voulaient parler des problèmes et rechercher ensemble des solutions, mais il y en avait d’autres qui étaient hors d’eux et qui ne voulaient rien entendre. Il n’y avait pas moyen de parler avec eux, ils étaient seulement capables de crier et de faire du bruit ... et c’est ainsi qu’une guerre a commencé. Les gens s’enfuyaient sans avoir le temps de rien emporter avec eux et se cachaient pour ne pas entendre les coups de feu, ni les bombes. Nous n’avions pas de nourriture ou de vêtements pour nous habiller ou de savon pour nous laver, ni d’eau potable. Nous avions très peur !



La plupart des gens ne voulaient pas que la guerre continue, mais il y avait un groupe qui voulait commander et trompait les autres avec des mensonges. Tu sais bien marraine que pendant la guerre, les familles sont brisées, de nombreux enfants perdent leurs parents, il y a des blessés ... et à cause de cela, il est très difficile que les gens puissent continuer à être amis.



Mais il y eut un groupe de femmes très courageuses et très sages qui dirent: - Assez! C’est fini ! Peut-être y a-t-il des hommes qui veulent faire la guerre, mais nous les femmes, nous voulons la paix ! Sans que personne ne le sache, et alors qu’il faisait encore nuit, elles se levaient et allaient rendre visite à leurs voisines avec des cadeaux, manger, parler, chanter et danser ensemble.


Il ne faut pas croire que ce fut facile pour ces femmes! La guerre avait duré longtemps et il y avait beaucoup d’enfants et de jeunes gens qui n’avaient connu que la guerre. Ils ne savaient pas ce que signifiait vivre dans un pays en paix ! Des jeunes gens et des hommes, quand ils surent ce que ces femmes étaient en train de faire, leur dirent : - Vous êtes folles ! Pensez-vous qu’ils voudront nous écouter et être nos amis ? C’est impossible ! Vous ne voyez pas qu’ils nous haïssent ?




Les femmes expliquèrent à tout le monde qu’elles voulaient vivre en paix et en harmonie et dialoguer tous ensemble pour résoudre les problèmes. Beaucoup de gens était d’accord avec elles, mais, parfois, ne saisissaient. pas bien ce qu’elles disaient. Les personnes qui avaient été courageuses et sages dirent : - Vous souvenez-vous que le président Melchior voulait que tous les enfants puissent aller à l’école ? - Eh bien, il est temps que cela se fasse afin que tous puissent comprendre.



Marraine, tu le sais déjà, avant quand je ne devienne ta filleule, je n’avais jamais pu aller à l’école et, comme moi, de nombreux autres enfants. Maintenant que nous commençons à être en démocratie nous pouvons y aller.



Les maîtres nous enseignent notre histoire, nous pouvons apprendre la danse, partager la nourriture, apprendre des chansons et des dictons populaires ... Veux-tu que je te dise un dicton en kirundi, notre langue : - «Buhoro buhoro, ni rwo rugendo» qui signifie «petit à petit, l’oiseau fait son nid » Tu te souviendras que «Buhoro, buhoro» veut dire «petit à petit «? J’aimerais bien moi aussi que tu m’apprennes quelques mots de votre langue!



Ah! Ne pense pas qu’une personne toute seule peut faire tout ce travail ! La collaboration de tous dans le quartier, la ville, le pays est nécessaire ... Pour te donner un exemple : en classe, quand nous travaillons en groupe, nous obtenons un résultat meilleur et plus rapide que lorsque chacun travaille de son côté. Mes amis et moi-même nous sommes convaincus que, si nous collaborons ensemble, peu à peu, la paix reviendra au Burundi et nous cesserons d’être pauvres.



Nous avons également besoin de votre aide, marraine, de celle des habitants de Majorque et de ceux d’autres parties du monde, parce que nous devons tous apprendre à partager nos ressources avec ceux qui en ont moins. Marraine, à Majorque, les filles et les garçons apprennent aussi à travailler en groupe ou tout le monde fait les choses tout seul dans son coin ?

Marraine, crois-tu que, si nous collaborons tous ensemble, nous pourrons avoir la paix ? Que pourrions-nous faire pour que toutes les filles et tous les garçons puissent aller à l’école ? Que devrions-nous faire pour que tous les gens au Burundi puissent avoir ce dont ils ont besoin pour vivre ?.


Roy reste un moment silencieuse, espérant que sa marraine lui répondra, et comme elle n’entend rien, elle continue à écrire: Merci pour m’avoir écoutée. J’espère que tu as aimé en apprendre un peu plus sur où je vis et sur ce que je fais. J’espère que nous pourrons continuer notre amitié, et que, à ton tour, tu me raconteras des choses sur ton pays et que, si tu peux, tu m’aideras à trouver des réponses à ces questions. Je rêve du moment où nous pourrons nous rencontrer pour nous embrasser. Roy




Maria Sastre voit le jour à Muro (Majorque, Îles Baléares, Espagne) au sein d’une famille humble. Quand elle était petite, son grand-père maternel lui racontait des contes et elle en garde de merveilleux souvenirs : quand c’était l’époque de tuer le cochon, tous les enfants de la famille, en attendant l’heure de déjeuner, se réunissaient autour d’un brasero pour écouter le grand-père. Chaque année, il introduisait des variantes aux contes de l’année antérieure ou bien racontait de nouvelles historiettes qui, malgré les vicissitudes et les difficultés auxquelles leurs protagonistes devaient y faire face, s’achevaient toujours sur la victoire de celui qui s’était bien comporté. Dans sa jeunesse, elle milite dans des organisations politiques, syndicales et sociales et aujourd’hui poursuit son travail au sein de l’ONGD Voisins Sans Frontières (VSF). Après la naissance de ses deux filles, et avec le soutien de son compagnon de voyage, elle étudie à l’Université des Îles Baléares pour devenir assistante sociale. Mais c’est notamment au sein de l’association des parents d’élèves d’une école d’un quartier de Palma et de celui de la Fédération des Associations de Voisins de Palma, où elle coordonna un programme d’éducation pour adultes, qu’elle consolide ses compétences éducatives. Par la suite, alors qu’elle renforce son engagement en travaillant activement à VSF, elle obtient un diplôme de spécialiste en Coopération au Développement. L’idée d’écrire cette histoire lui est venue quand elle développait, au sein de la susdite ONGD, un travail de sensibilisation avec des enfants. Avec «MON PAYS, LE BURUNDI «, et avec le soutien d’une équipe d’experts de VSF, Maria tente d’initier les enfants à la connaissance d’un pays différent du leur, où des milliers d’enfants vivent dans des conditions inhumaines et très différentes de celles de la plupart d’entre eux. Mais son intention n’est pas de mettre les enfants devant un problème sans solution. Bien au contraire, elle souhaite encourager la solidarité comme un outil pour construire UN AUTRE MONDE POSSIBLE où l’équité et la justice seront les piliers d’une vie digne et pacifique pour tous les enfants dans le monde.


«MON PAYS, LE BURUNDI « est basé sur la vie d’une fillette burundaise, Roy, qui, comme beaucoup d’autres enfants dans le monde, est privée de ses droits les plus élémentaires : alimentation, santé, scolarisation. Roy raconte sa vie pour faire connaître à des enfants de son âge, qui vivent dans d’autres pays plus favorisés, une réalité bien différente de celle qu’ils connaissent. L’histoire peut être un outil pour que les personnes qui se dédient à l’éducation introduisent des concepts comme la pauvreté, la faim, la guerre ... sans tomber dans le pessimisme, car Roy est une fillette dynamique qui, malgré les difficultés qu’elle traverse, regarde l’avenir avec espoir. Les douces paroles de Roy veulent stimuler la nécessité de connaître d’autres lieux et les gens qui y vivent afin d’allumer la flamme de la solidarité pour qu’ UN AUTRE MONDE PLUS JUSTE SOIT POSSIBLE.

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