Leif Elggren

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le début et la fin. La musique, une boucle obsédante et entêtante, soulignait le propos de la voix à fort accent suédois, et c’est par cette question, « Is There a Smell on the Other Side ? » que je suis entrée dans l’œuvre. Tout comme quand j’ai vu ses courts-métrages pour la première fois, j’ai eu cette sensation que quelqu’un avait réussi à mettre en mots ou en images toutes les questions essentielles qu’on se pose sans vraiment réussir à les formuler. Les réponses à ces questions, personne ne les a, pas même les grands artistes, mais certains arrivent à capturer l’angoisse immense qu’elles peuvent susciter, et semblent parfois dire : « regardez, on est tous des enfants terrorisés face à notre destin, ne détournez pas le regard, car même les danses macabres peuvent être fascinantes ». Il suffit de regarder « As If I Was My Father », où il se démène pour se lever de sa chaise, comme il a dû voir son père, en fin de vie, se battre pour accomplir des mouvements qu’il connaissait pourtant par cœur. La vidéo est simple, comme beaucoup d’œuvres de Leif Elggren, sans artifices compliqués, sans effets de style baroques, directes. Un homme tente de se lever de son fauteuil, et le tout évoque une danse macabre, une gesticulation d’adulte abimé, mais il fait aussi penser aux débuts des êtres, quand, enfants, ils apprennent avec peine à se lever, se tenir droits, puis marcher. La fin et le début,

Laura Daengeli


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