URBAIN Tanger - n°6 - JUIN 2013

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Urbain : Vous êtes arrivé à Tanger en 1999. Racontez-nous dans quelles circonstances. Pierre Boussel : Je sortais d’années mouvementées. Une vie de dingue à cavaler partout. Journaliste, je couvrais le tout-venant de l’actu. Somalie, Rwanda, Mali, Sarajevo. Certains rêvent d’être rock-star, moi, c’était photographe de presse. Par fatigue, par usure et qui sait, peut-être par peur d’être tué ou, pire, blessé, je me suis installé au Maroc. J’y ai trouvé une stabilité. Un axe. En passant moins de temps dans les aéroports, j’ai pu réorganiser mon temps de travail. Être plus efficace. De 17 à 33 ans, j’ai vécu dans le « ventre de la bête ». À Tanger, j’ai trouvé un lieu où faire fructifier mes expériences. Les restituer. URbain : Quand vous a pris le virus du journalisme ? Pierre Boussel : À 17 ans. Un jour, en sortant du lycée, je vais jouer au flipper dans un café situé près des locaux du quotidien Libération à Paris. Un type

discute avec moi, sympa, cool. Il me demande ce que je veux faire après le bac. Je réponds à l’arrache : « Journaliste ». Il me dit : « Ok, Envoie-moi un papier ». Pris au jeu, j’écris un article qui sera publié sous un pseudo. Le démon du journalisme ne me lâchera plus. URbain : Vous avez eu de la chance… Pierre Boussel : Oui et non. Dans ma vie, je me suis bagarré pour tout. Rien n’a été gratuit. Personne ne m’a pistonné ou soutenu. Très vite, j’ai compris qu’il fallait coincer son pied dans l’entrebâillement des portes. Provoquer le hasard. URbain : Dans le fond, ne pas être aidé, ça donne du nerf aussi, non ? Pierre Boussel : Ne pas être attendu a été ma chance. Le jour où j’ai voulu faire de la musique, j’en ai fait. Quand j’ai voulu écrire, pareil. Idem pour la photographie.

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