n°340 - Points Critiques - novembre 2013

Page 1

mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique novembre 2013 • numéro 340

éditorial

Bureau de dépôt: 1060 Bruxelles 6 - P008 166 - mensuel (sauf juillet et août)

Asile. Une politique européenne toujours plus cruelle daniel liebmann

A

ref était un jeune demandeur d’asile afghan. Il affirmait être en danger dans son pays, comme le sont de façon générale les hommes en âge de combattre. À quatre reprises, les autorités belges ont donné une réponse négative à sa demande d’asile. En désespoir de cause, il a fini par accepter le « retour volontaire » qui lui était imposé, tout en déclarant à ses amis qu’il craignait pour sa vie. Nous apprenons à présent qu’Aref a été tué par balles dans la région d’Afghanistan que le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides) prétendait pourtant « sûre ». Largement médiatisé, ce cas ex-

trême illustre bien l’arbitraire qui préside aux décisions de cet organe prétendument indépendant qui décide de la vie et parfois de la mort de tous les demandeurs d’asile en Belgique. Interrogé par la VRT, le commissaire général Dirk Van den Bulck refuse de remettre en question la décision de son administration: « ce n’est pas nécessairement un signe que la politique doit être revisée » prétend-il. Plus qu’absurde, cette politique est criminelle. Le fond de l’affaire est que les autorités belges et plus généralement européennes font peser sur les demandeurs d’asile un soupçon permanent de fraude et les considèrent a priori comme des men-

BELGIQUE-BELGIE P.P. 1060 Bruxelles 6 1/1511

novembre 2013 * n°340 • page 1


sommaire

éditorial

1 Asile. Une politique européenne toujours plus cruelle........ Daniel Liebmann

israël-palestine

4 Israël, Syrie, Iran... Et la Palestine ?........................................ Henri Wajnblum 6 Procès du CAS, suite et fin?.......................................................Youri Vertongen

politique d’asile

lire

7 Edna Noy. La vie d’après..................................................Tessa Parzenczewski

histoire(s)

8 Une philosioniste de l’ombre........................................................ Jacques Aron

mémoire

10 Tranzit Antwerpia.....................................................................Roland Baumann

yiddish ? yiddish ! !‫יִידיש ? יִידיש‬ 12 In der Fintster - Dans l’obscurité...............................................Willy Estersohn

humeurs judéo-flamandes

14 Le bonheur du gouvernement belge...........................................Anne Gielczyk

écrire

16 Les débuts de la modernité bretonne............................................... Willy Kalb

science(s)

18 Le boson d’Englert.................................................................. Sender Wajnberg

21 activités vie de l’UPJB 24 21 septembre 2013, soirée de rentrée................................................................. 26 Les activités du club Sholem Aleichem..............................Jacques Schiffmann upjb jeunes 28 Un jardin pour Nina............................................................Maroussia Toungouz

artistes de chez nous

30 Le rock de la crise ..................................... Red and Black – Alain Lapiower

32

éditorial

les agendas

novembre 2013 * n°340 • page 2

teurs. C’est ainsi que sont établis des rapports, souvent en contradiction avec ceux du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies), fixant des listes de pays « sûrs » vers lesquels ont peut rapatrier sans problème les déboutés du droit d’asile. Cette politique est la négation même du droit d’asile et ne peut conduire qu’à des drames comme celui d’Aref. C’est parce que la communauté afghane est particulièrement visée qu’elle s’est organisée et a été capable de mettre en lumière ce cas qui aurait dû rester caché. Convaincus à juste titre de la légitimité de leurs revendications, les Afghans manifestent depuis des semaines, occupent des bâtiments dont ils se font expulser, sont victimes d’une répression aveugle (gaz lacrymogène même sur des enfants) et tentent par tous les moyens à leur disposition d’infléchir la politique de la secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations, Maggie De Block (Open VLD), qui mène une politique systématique de refus entièrement assumée par le Premier ministre PS Elio Di Rupo. La question n’est pas neuve. En 2003 déjà, le ministre de l’Intérieur Patrick Dewael (également Open VLD) avait l’intention d’organiser une vaste expulsion collective vers l’Afghanistan. À l’époque, une grève de la faim des demandeurs d’asile afghans et le soutien que leur avait apporté l’Assemblée des Voisins d’Ixelles avaient fait plier le ministre qui avait dû suspendre les expulsions vers ce pays. Cette victoire était exceptionnelle, d’autant qu’elle allait à contre-courant de décisions prises à un niveau euro-

péen, les Afghans faisant office de cobayes d’une politique générale de rapatriement. Les Afghans sont victimes de choix politiques basés sur des calculs cyniques qui ne les concernent pas. L’enjeu, aux yeux de Maggie De Block, c’est la surenchère aux sondages en Flandre : en se montrant inflexible elle veut détrôner Bart De Wever dans le rôle de politicienne la plus populaire. C’est ce qui motive les responsables de la politique d’immigration depuis les années Tobback et Vande Lanotte (SPa), à l’époque en pleine course contre le Vlaams Blok. C’est cette chasse à l’électorat raciste qui avait conduit en 1998 à l’assassinat de Semira Adamu qui était le résultat d’un acharnement inouï sur un dossier individuel qui symbolisait à lui seul la fameuse « misère du monde » contre laquelle il conviendrait de se protéger. Là non plus, la mort d’une demandeuse d’asile n’avait pas conduit à un infléchissement de la politique : au contraire, la réponse gouvernementale allait être l’instauration des expulsions collectives par vols spéciaux, sans témoins. Mais ne nous y trompons pas : la xénophobie de la classe politique flamande n’est pas seule responsable. Les partis gouvernementaux francophones, y compris le PS, ont voté toutes les lois qui durcissent la politique des étrangers. L’image « multiculturelle » de la gauche gouvernementale n’implique en rien une politique des droits de l’Homme. Les migrants sont en permanence victimes d’arrangements douteux où la volonté de rester au pouvoir prime sur les beaux principes : c’est ce qui explique la surdité d’Elio Di Rupo aux revendications, pourtant minimales, des demandeurs d’asile afghans, reçus dans un premier temps avec des lacry-

mogènes alors qu’ils ne demandaient qu’une entrevue avec le Premier ministre.

Forteresse Europe La Belgique n’est évidemment pas seule à fermer ses frontières aux victimes des guerres et de la misère. Les suites du drame de Lampedusa sont un autre exemple flagrant de ce durcissement qui vient répondre à la mort, cette fois massive, de candidats à l’immigration et à l’asile. Nous reproduisons ici des extraits du communiqué publié le 9 octobre par le réseau associatif Frontexit, qui milite contre la politique de répression de l’immigration aux frontières de l’Europe, assumée notamment par l’agence européenne Frontex : « Six jours après le ‘drame de Lampedusa’, alors que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter (…), la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, transmet un message hypocrite et mensonger : la solution pour prévenir les morts en mer serait d’accélérer la mise en place d’Eurosur pour mieux surveiller les bateaux de réfugiés, et d’investir des ressources supplémentaires afin de lancer une grande opération de sauvetage en Méditerranée sous l’égide de l’agence Frontex. Mais à quoi sert Frontex ? Pourquoi aucun secours n’a-t-il été porté au bateau qui a fait naufrage le 3 octobre à à peine un kilomètre de Lampedusa ? (…) L’Italie et les institutions européennes indiquent qu’il est temps de ‘réévaluer’ le rôle de l’agence Frontex et de lui donner plus de moyens. Mais qu’on ne s’y trompe pas  ! L’agence Frontex a pour mandat la lutte contre l’immigration dite ‘clandestine’ et non le sauvetage en mer. Augmenter ses opérations dans le canal de Sicile

ne réduira pas le nombre de morts en mer : 3300 personnes auraient déjà trouvé la mort aux abords de l’île de Lampedusa depuis 2002, alors que l’agence est en fonction depuis 2005 et que ses moyens sont passés de 19 millions d’euros en 2006 à environ 85 millions d’euros en 2013. (…). Qui doit prendre en charge les migrants interceptés ou sauvés ? Qui, des États membres, de l’UE ou de Frontex, est garant du respect du droit d’asile et du principe international de non refoulement ? Ces incertitudes, et l’absence de procédures clairement définies, fragilisent gravement les opérations de sauvetage en laissant dans l’ombre la question des responsabilités. (…) À l’heure où, une fois de plus, les responsables politiques des États membres et de l’Union européenne considèrent que la leçon à retenir du naufrage survenu à Lampedusa le 3 octobre est la nécessité de renforcer la surveillance des frontières, il est temps de s’élever contre cette fuite en avant et d’affirmer haut et fort : ‘surveiller’ n’est pas ‘veiller sur’. On ne peut à la fois ‘surveiller’ les migrants en tant que flux à stopper et ‘veiller sur’ les migrants en tant qu’humains ayant besoin de protection. Dès lors, jamais une politique de lutte contre l’immigration dite ‘clandestine’ ne pourra être une politique respectueuse des droits des personnes. » Il fut un temps où les frontières européennes se fermaient aux Juifs victimes de l’antisémitisme. Aujourd’hui un arsenal policier encore plus puissant et efficace se met en place contre ceux et celles qui fuyent les regions les plus déchirées du monde. La solidarité et la résistance sont plus que jamais d’actualité. n

novembre 2013 * n°340 • page 3


israël-palestine Israël, Syrie, Iran... Et la Palestine ? Henri wajnblum

S

eul le maintien de sanctions permettra d’aboutir à une solution politique… Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas d’une déclaration issue de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) à l’encontre d’Israël, mais de celle du cabinet de sécurité israélien à propos de l’Iran suite au dégel des relations entre Washington et Téhéran. Un dégel qui fait lui-même suite à l’élection à la présidence de Hassan Rouhani et à ses discours apaisants – notamment devant l’Assemblée générale des Nations unies – concernant le programme nucléaire de l’Iran. Israël ne peut cacher aujourd’hui son énorme frustration… Binyamin Netanyahu avait promis une guerre à son peuple. Cette promesse lui permettait de cimenter la grande majorité de la classe politique, qu’elle soit de droite ou de gauche. Dame, on ne fait pas de la basse politique lorsque l’avenir du pays est en jeu. Mais voilà que la guerre s’éloigne à grands pas… Oui, la frustration est énorme. Comme l’écrit très justement, et avec la dose d’ironie mordante qu’on lui connaît, Uri Avnery (Gush Shalom, 16 septembre)… « Si quelqu’un vous vole quelque chose de pré­ cieux, par exemple un diamant, vous pouvez être en colère. Et voilà que quelqu’un nous a volé quelque chose de bien plus pré­cieux qu’un diamant. Une guerre. Peut-​​ être même deux guerres. Nous avons donc toutes les raisons d’être furieux.

Hassan Rouhani, l’aritsan du dégel entre Washington et Téhéran

La guerre n°1 devait se dérouler en Syrie. Les États-​​ Unis devaient attaquer le régime de Bachar El-​​Assad. Une opé­ration médicale : courte, propre, chirurgicale. Lorsque le Congrès mani­ festa de l’hésitation, les chiens de l’enfer furent lâchés. L’AIPAC (le puissant lobby pro-israélien) envoya ses rott­weilers par­le­men­ taires mettre en pièces tout sénateur ou tout membre du Congrès qui avait des objec­tions. » Mais rien n’y a fait. La population américaine est en effet lasse des guerres dans lesquelles elle a été entraînée et dont les résultats sont plus que douteux (Irak, Afghanistan, Lybie). Alors, Barack Obama doit être reconnaissant à la Russie de lui avoir enlevé cette épine du pied en obtenant de Bachar el-Assad qu’il accepte la destruction de ses armes chimiques.

novembre 2013 * n°340 • page 4

De toute façon, n’en déplaise à Netanyahu, le scénario était écrit d’avance… Car comme l’écrit encore Uri Avnery… « Les Amé­ri­cains avaient déclaré qu’ils n’avaient pas pour objectif de ren­verser le régime d’Assad, loin d’eux cette idée. Au contraire, Assad était supposé rester en place. Il ne s’agissait pas seulement de pré­ férer le démon que vous connaissez à celui que vous ne connaissez pas  –  il était clair que le second démon était bien pire. Alors, attaquer quelqu’un dont vous voulez en réalité qu’il reste au pouvoir ? Cela n’a guère de sens. Par consé­quent, pas de guerre. »

Une deuxième guerre volée La seconde guerre qui a été volée aux Israéliens c’est celle contre l’Iran. Et c’est plus grave encore aux yeux de Netanyahu.

Car cette guerre, il l’avait formellement promise à son opinion publique et Obama lui avait finalement emboîté le pas. Et voilà que Hassan Rouhani vient faire s’écrouler tout ce bel édifice – à la grande fureur des va-t-en guerre israéliens - en acceptant d’entamer des négociations sur son programme nucléaire. Un programme qui, aux yeux d’Israël, n’a pour seul objectif que de doter l’Iran de l’arme nucléaire. Une affirmation construite sur un pur fantasme martèle encore Uri Avnery… « Les Ira­ niens sont très loin d’être un peuple pri­mitif, auto­ des­ tructeur. Ils sont plei­ nement conscients d’être les héri­ tiers d’une civi­li­sation glo­rieuse, au moins aussi ancienne et riche que le passé juif. L’idée d’un échange de reines – nous vous détruisons, vous nous détruisez – est ridicule, en par­ ti­ culier parce que les échecs sont un jeu persan. (On pense que le mot ‘échecs’ lui-​​ même vient du persan Shah, roi). En réalité, les diri­ geants ira­ niens sont des gens très prudents, réfléchis. Ils n’ont jamais attaqué leurs voisins. La ter­rible guerre de huit ans avec l’Irak avait été déclenchée par l’imprudent Saddam Hussein. L’impulsion pour construire la bombe est venue lorsque les néo­ con­ser­va­teurs ivres de pouvoir de Washington, pour la plupart des Juifs sio­nistes, ont parlé très clai­ rement d’attaquer l’Iran, tout de suite après la courte, petite, guerre qu’ils envi­sa­geaient contre l’Irak voisin. Il semble que les diri­ geants ira­ niens aient décidé qu’il était beaucoup plus important de relever l’économie que de jouer avec la bombe. Étant com­mer­çants par nature – bazar est un mot persan –  ils pour­raient bien renoncer à la bombe en contre­partie de la le-

vée des sanc­tions, et uti­liser les richesses de leur pays pour le bien de leurs citoyens, les­ quels aspirent à faire partie d’une société moderne avancée. Voilà pourquoi Kha­menei et le peuple ont élu une per­sonne comme Rouhani.  Cela fait deux guerres volées – volées à ceux qui s’accrochent à l’idée pri­mitive que la seule solution à n’importe quel pro­blème est le recours à la force brutale. »

Et la Palestine dans tout ça ? Vous l’aurez remarqué, il est très peu, pas du tout, question de la Palestine dans cet article. C’est que la Palestine a cessé de faire la Une des médias, remplacée par l’Iran et la Syrie. Voilà qui devrait mettre un peu de baume au cœur du gouvernement israélien qui peut continuer de coloniser à tout va l’État de Palestine, en ce compris Jérusalem-Est, et à mettre au point son programme de déplacement de 80.000 Bédouins du Negev, citoyens d’Israël, de leurs villages vers des townships, c’està-dire de véritables réserves. Et qu’en est-il des recommandations européennes relatives à l’étiquetage des produits provenant des colonies et de la suppression du financement des «  entités israéliennes ayant leur adresse au-delà des lignes d’armistice de 1949, et aussi aux entités israéliennes dans tout le pays réalisant des activités au-delà des lignes d’armistice de 1949 » ? Nous attendons avec impatience qu’elles deviennent effectives et contraignantes. Ce ne sera pas facile, car les instances européennes sont soumises à de vives pressions de la part d’Israël et aussi de divers groupes de pression. Ainsi, nous apprends le site JForum, un site entièrement acquis à

la politique israélienne de colonisation, une lettre vient d’être envoyée aux instances et aux parlementaires européens, pour les «  inviter  » à ne pas concrétiser ces recommandations, ce qui est somme toute de bonne guerre. Mais c’est l’argumentation développée qui mérite le détour et vaut son pesant de Shekel. Jugez-en… « Concernant l’illégalité supposée des implantations israéliennes, l’UE a mal interprété les lois internationales, depuis de nombreuses années, maintenant, et ce y compris l’article 49 de la Convention de Genève. L’origine de cet article était la nécessité de traiter des déportations, des migrations forcées, de l’évacuation, du déplacement et de l’expulsion de plus de 40 millions de personnes, par les nazis, durant la Seconde Guerre mondiale. Cela n’a aucune pertinence, en ce qui concerne les implantations juives de Judée-Samarie . La légalité de la présence israélienne dans cette zone découle des droits historiques, ancestraux et juridiques du peuple juif de s’installer dans ce secteur, tels qu’ils sont conférés par des outils juridiques internationaux contraignants et valides, reconnus et acceptés par la communauté internationale (sic). Ces droits ne peuvent faire l’objet d’un déni ni être remis en question. Cela inclut la Déclaration de San Remo de 1920, adoptée à l’unanimité par la Ligue des Nations, affirmant l’instauration d’un foyer national pour le peuple juif sur la surface de la Terre d’Israël (y compris dans les aires de Judée et Samarie, et à Jérusalem), autant que le droit d’y installer une implantation juive pérenne à travers tous ces territoires. » Un vrai tour de passe-passe… Espérons que cette lettre aura bien fait rire ses destinataires. n

novembre 2013 * n°340 • page 5


politique d’asile

lire

Procès du CAS, suite et fin? youri vertongen

E

n avril 2008, débutait sur le campus universitaire de l’ULB, une lutte de migrants « sans papiers  ». Selon une longue tradition, celle-ci s’est rendue visible, entre autres, par l’occupation de plusieurs bâtiments du campus du Solboch (129 av. Buyl et Hall des sports) et celui de la Plaine (garage de la VUB). Au cœur de la construction d’un rapport de force pour obtenir des autorités belges le droit de vivre et de travailler sur le territoire, un Comité d’Actions et de Soutien (CAS) aux sans papiers s’est constitué autour de ces occupations pour porter avec elles une lutte politique qui durera plus de deux ans. De nombreuses autres occupations verront le jour dans d’autres endroits partout en Belgique et d’autres CAS seront également constitués. C’est au sein d’un vaste champ de subversions multipolaires, de résistances, d’insubordinations, de désobéissances, de manifestations, de blocages qu’il faut comprendre les diverses actions menées par le CAS. Ces actions contre les politiques migratoires belges et européennes ont pris place au sein d’une ligne politique qui se constitue autour de trois objectifs stratégiques : la régularisation de tous les sans papiers, l’arrêt des rafles et des expulsions,

la destruction des centres fermés (camps pour étrangers). De semaine en semaine, c’est tout un dispositif de surveillance qui va prendre en engrenage les militants du Comité d’Actions et de Soutien : présence policière systématique aux abords du campus universitaire (facilitée par la collaboration du service de sécurité de l’ULB  !), lignes téléphoniques mises sur écoute, mailing list placée sous surveillance, judiciarisation des arrestations,... En queue de comète du mouvement, cette stratégie aboutira à enfermer huit d’entre nous dans les méandres d’une procédure judiciaire initiée en octobre 2008 pour faits de «  rébellion  » et de «  violences contre policiers en fonction » et dont l’appel, après condamnation de six inculpés, se tiendra le 27 novembre prochain (9h devant la Cour d’appel de Bruxelles). Au cours de la première instance, la violence exercée par les policiers lors des arrestations s’est vue renversée dans un dossier exclusivement versé à charge des inculpés du CAS. Dans de nombreuses autres affaires, comme dans celle-ci, les policiers ont couvert leurs exactions en portant plainte pour coups et blessures contre les inculpés, présentés dans la plaidoirie comme un noyau

novembre 2013 * n°340 • page 6

dur anti-police. Ce processus de délégitimisation est doublé d’une temporalité juridique largement en aval de la temporalité du mouvement (soit cinq ans plus tard). Pour lutter contre ces mécanismes d’isolement, un comité de soutien aux inculpés du CAS s’est créé. Celui-ci vise à faire communauté autour des inculpés à l’endroit même où la procédure judiciaire tente, à l’inverse, de les isoler du reste du mouvement de lutte des migrants « sans papiers  ». En conséquence, le comité de soutien aux inculpés du CAS organise, le 16 novembre à partir de 19h, une soiréerepas-concerts de soutien pour récolter des fonds servant à financer les frais de justice et les potentielles condamnations. La soirée se tiendra au croisement de la rue des Coteaux et de la rue Van Hoorde (Schaerbeek) : grande porte bleue en face du magasin Aldi (tram 25 et bus 59, 65, 66, arrêt Coteaux). n

Edna Noy. La vie d’après tessa parzenczewski

E

n ces temps-là, on y arrivait par bateau. C’est ainsi que Csillag débarque à Haïfa en 1957, venant de Hongrie. Douze ans que la guerre est finie et douze ans que Csillag parcourt

villes et campagnes, une photo jaunie à la main, pour essayer de retrouver sa fille dont elle a été séparée au moment de monter dans le wagon… Expulsée de Hongrie après avoir séjourné en prison, elle compte poursuivre sa quête en Israël. Elle est seule au monde, toute sa famille a disparu. Par chance, elle retrouve à Haïfa deux amis de jeunesse, deux frères, Laszlo et Iszer, dont elle avait été très proche. Eux aussi ont tout perdu, femmes et enfants. Sur les cendres du passé,

ils essaient de recomposer une nouvelle vie, nouvelles femmes, et même pour l’un, nouvel enfant, la petite Ziva. Bleu intense du ciel et de la mer, soleil radieux, Csillag au corps délabré, insoucieuse de son apparence, habitée par son idée fixe, ne s’intègre pas dans le paysage. La langue, le mode de vie, tout lui est étranger. Photo à la main, elle recommence son errance obstinée, interpellant les passants, dans un espoir fou. Et ses amis, dans une sorte d’instinct de survie, essaient de la tenir à distance, de tenir à distance ce passé qui ressurgit, qui cause toujours cauchemars et panique. Car si l’on connaît bien l’expression : « Comme des moutons à l’abattoir » utilisée par les Israéliens envers les rescapés, on connaît peutêtre moins ce silence des survivants, érigé comme une digue dont il faut colmater les brèches, afin que les nouveaux enfants n’apprennent rien du passé de leurs parents. Vœu pieux. La petite Ziva, surprotégée à l’extrême, grandit dans une sorte d’angoisse permanente communiquée par sa mère et dont seule l’école la protège. Et dans ses jeux innocents, pleins de fraîcheur, se glisse parfois un épisode étrange : jouer « voyage ». Emmitouflées dans des manteaux d’adultes, en plein été, elle et sa copine traînent des valises imaginaires, une poupée soigneusement cachée sous le manteau, vers un improbable train… Un récit éclaté ou passé et pré-

sent s’entrechoquent, où des détails paisibles de la vie quotidienne voisinent avec les évocations précises des camps, et l’on se dit avec effroi, que malgré tous les écrits parus, on découvre toujours des cruautés inédites. Des mots en yiddish et en hongrois parsèment le texte et des passages dans un hébreu maladroit, truffé de mots déformés, excellemment traduits, illustrent la grande difficulté à s’approprier une nouvelle langue, il n’y a pas de miracle. Tous ceux qu’elle aimait est le premier roman, largement autobiographique, d’Edna Noy, née en Israël en 1950, de parents hongrois, tous deux rescapés. C’est la voix de la deuxième génération, et plus particulièrement de celle née en Israël, censée écrire un nouveau chapitre, loin des persécutions en diaspora. Mais le passé , même tu, se fraie un chemin et mine lentement les certitudes de façade. C’est ce que nous dit Edna Noy, parfois avec la voix de l’enfant qu’elle a été, qui tente de décrypter les signes envoyés malgré eux, par ces étranges adultes. n Edna Noy Tous ceux qu’elle aimait Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz Éditions Fayard 339p. 22,45 €

novembre 2013 * n°340 • page 7


histoire(s) Une philosioniste de l’ombre jacques aron À Jeannette pour ses 80 ans

À

l’ e x c e p t i o n de quelques initiés, les lecteurs de Die Welt, l’hebdomadaire du mouvement sioniste alors dirigé par Theodor Herzl, durent être surpris de découvrir dans leur édition du 6 septembre 1901 l’article d’une certaine Paula Winkler, intitulé : « Considérations d’une philosioniste ». « Je suis très heureuse », commençait-elle, « de me situer depuis ma jeunesse à l’égard du judaïsme autrement qu’il n’est donné ou permis à la plupart d’entre nous de le faire. Ma mère a vécu quand elle était jeune à proximité d’une petite colonie juive, dont la vie a laissé en elle des impressions fortes et durables. Immature, imaginative et isolée dans son monde intérieur comme presque toutes les jeunes filles, son esprit très alerte semble avoir trouvé refuge un moment sur cette petite île étrangère dans la mer de sa vie quotidienne. Elle qui avait un véritable don de conteuse parla souvent plus tard avec une chaleur émue de ce petit milieu. Et cette image peinte avec amour tranchait fortement avec ce que j’entendis et vis ultérieurement de la vie des Juifs. Je voyais apparaître devant moi une petite bourgade, des maisons soignées, de grandes fenêtres, des jardins bigarrés, beaucoup de lumière et de propreté, une aisance modeste, un grand amour porté aux

choses, des enfants bien élevés et des matrones bienveillantes. Les maris et les pères parcouraient la région en marchands ambulants, bien accueillis et y trouvant, semble-t-il, un revenu suffisant. Et par-dessus tout le charme de l’étrangeté, des paroles et des rites bizarres et merveilleux, le décor obscur d’un passé douloureux, des histoires de soupçons affreux et de fuite désespérée, des histoires d’héroïsme et de tolérance infinie. Un monde enchanté de cérémonies et de fêtes particulières, aperçues à moitié, comprises à moitié, mais d’autant plus attirantes. » La jeune Paula, née en 1877, issue d’une famille catholique aisée de Munich, éprouvée par la mort prématurée de cette mère qui a éveillé sa curiosité pour le judaïsme, cette jeune fille romantique, manifestement attirante, libre et sportive – elle parcourra les Alpes à vélo – devient à 19 ans la secrétaire d’un couple étrange de la bohème littéraire. Un érudit des cultures orientales, qui s’est converti à l’Islam pour épouser une seconde femme et se fait appeler depuis lors Omar al Rashid Bey ; une romancière talentueuse dont elle corrige les épreuves, Helene Böhlau. L’homme, toujours habillé à la turque, est séduisant ; en 1898, elle fugue avec lui à Zurich, où elle veut entreprendre des études de philologie germa-

novembre 2013 * n°340 • page 8

nique. De tout cela, le lecteur de Die Welt ne saura rien. Pour Paula Winckler, cet épisode sans lendemain appartient déjà au passé.

la rencontre « À cette époque, le sionisme m’apparut pour la première fois de façon plus concrète. Le Troisième Congrès tenait ses assises à Bâle. Je n’en connaissais alors que le nom et j’ignorais tout de sa signification. C’est alors qu’un homme m’en parla avec une merveilleuse éloquence. Il en parlait timidement, comme un enfant, hésitant, doucement, craignant de ne pas trouver l’écho souhaité. Et par moment, la rougeur pudique d’une âme innocente recouvrait son visage. Et ce fut comme si mon cœur s’arrêtait, ému et sanctifié. Et quand il reprenait d’une voix d’airain, toutes les cloches du monde retentissaient au-dessus de moi. Ce n’était plus un homme isolé ; il émanait de lui comme le désir immense, l’aspiration et la volonté de tout un peuple, et dans toute leur puissance. » On l’aura compris sans peine, l’amour, cet « enfant de Bohème qui n’a jamais connu de loi », venait de convertir Paula au sionisme ; elle passerait désormais sa vie aux côtés de l’homme exceptionnel dont la parole chaleureuse incarnait pour elle la souffrance juive. « Comme s’il flottait

Paula Buber

sur chaque tête juive une couronne d’épines. Dans les yeux de chaque petit enfant scintille le feu secret d’une douleur millénaire. Et son sourire trahit des larmes contenues. Et chaque âme est irrésistiblement enserrée dans un solide diadème – le vieux désir de la terre ancienne. Chaque Juif est sioniste. Cela est vrai – mais tout Juif ne le sait pas, ne l’avoue pas. Mais au plus profond de tous les cœurs se tient le pays désiré – un royaume invisible. Ils ne doivent que s’en saisir, le mettre à jour, et le voilà, et le parfum monte de sa terre, puissant remède miraculeux qui guérit tes blessures ancestrales, toi, vieux et noble peuple malade ! »

l’adhésion Paula Winkler allait désormais partager la vie et les combats, les espoirs et les déceptions de Martin Buber. Leur fils nait en 1900, leur fille l’année suivante, où paraît cette profession de foi qui clôture son article : « Comme je t’aime, toi

peuple de tous les peuples, je te bénis. ». Vu leurs nationalités, aucun mariage civil ne leur est alors accessible et ce n’est qu’en 1907, à Berlin, que Paula, convertie au judaïsme, épouse Martin le 20 avril. Sa famille la rejette complètement. Quelques mystères entourent leur étroite collaboration. Son apport aux récits hassidiques qui feront la réputation de Buber et à sa traduction nouvelle de la Bible ne sera pas rendu public ; ils paraissent sous son seul nom. Dès 1912, ses récits et romans connaissent un succès tel, qu’ils feront un moment bouillir la marmite du couple. Mais peu de gens savent à l’époque qui se cache sous le pseudonyme masculin qu’elle s’est choisi : Georg Munk. «  Georg  », comme George Sand ou George Eliot ; Munk rappelant sans doute un spécialiste connu de la Kabbale. Partage des tâches, crainte de voir une femme convertie associée à l’œuvre controversée du penseur sioniste ? En 1916, quand paraît son roman Irregang (Errements), ils s’installent dans la petite ville d’Heppenheim. Après leur difficile émigration en Palestine en 1938, Paula, qui n’a pas appris l’hébreu, consacrera à la nazification rampante de cette petite cité hessoise une œuvre qui aura de la peine à trouver aprèsguerre un éditeur allemand. Leur maison d’Heppenheim abrite aujourd’hui le Conseil International des Chrétiens et des Juifs (ICCJ). Les voies de l’histoire sont impénétrables. En 1928, à l’occasion de son 50e anniversaire, Buber publia un poème dédié à sa femme dans l’organe sioniste Jüdische Rundschau. De ce poème philo-

sophico-amoureux, dans lequel la « présence » de Paula incarne l’unité du corps et de l’esprit chère à Buber, j’ai tenté de vous livrer cette transposition :

Rétrospection L’errant léger me dit : Je suis l’Esprit. Le chatoyant me dit : Je suis le Monde. Et l’un volait en cercles au-dessus de ma tête. Et l’autre m’entourait de ses reflets de feu. Déjà je succombais à les servir tous deux, Et mon cœur affolé sombrait dans la folie, C’est alors qu’apparut au-devant des démons Une présence. Au misérable errant elle dit : Tu n’es qu’un songe. Au chatoyant elle dit : Toi, tu n’es que mensonge. Ainsi s’ouvrirent à moi et l’Esprit et le Monde. Le mensonge céda et ce qui subsista Suffit. Tu fis en sorte que je voie. Tu fis ?, non tu te contentas de vivre, Femme essentielle, Âme et nature. Paula Buber mourut en 1958, lors d’un voyage du couple à Venise. Buber publia encore une anthologie de ses récits et mourut à Jérusalem en 1965. n

novembre 2013 * n°340 • page 9


mémoire Tranzyt Antwerpia roland baumann Publié à l’occasion de l’ouverture du musée de la Red Star Line, Tranzyt Antwerpia de Pascal Verbeken et Herman Selleslags explore les paysages de la mémoire juive, du Yiddishland vers l’Amérique, via Anvers.

O

uvert depuis le 28 septembre, le Red Star Line Museum retrace l’histoire de la célèbre compagnie maritime qui, de 1873 à 1934, emporta quelque 2,5 millions de passagers en Amérique. Installé quai du Rhin, dans les bâtiments rénovés, où jadis, les passagers de 3e classe devaient passer une série de contrôles sanitaires et administratifs avant de pouvoir s’embarquer, le nouveau musée redonne vie à tout un passé du grand port, « sur le lieu même ou l’histoire a été écrite ». Une histoire « très simple  », «  d’hommes qui vont chercher ailleurs le bonheur ». Une histoire belge, de « gens simples » partis chercher fortune en Amérique. Mais surtout, une histoire européenne d’émigrants venus en majorité de l’empire russe ou de l’empire austro-hongrois et parmi lesquels les émigrés du Yiddishland sont surreprésentés, constituant quelque 25% du total des passagers de la Red Star Line ! Et bien entendu une histoire américaine, celle des ancêtres des Américains d’aujourd’hui et de leurs parcours d’émigrés. Le parcours du nouveau musée situe cependant d’emblée ces récits historiques dans le contexte mondial, « universel et intemporel » des migrations et de « la mobilité humaine » . Racontant l’histoire « du

point de vue des émigrants » le parcours se termine sur un panorama anversois des migrations contemporaines, mettant en valeur le caractère multiculturel de la métropole flamande Premier espace que découvre le visiteur entrant au musée, la salle multifonctionnelle dite le Loods (hangar) accueille jusqu’au 1er mars 2014 l’exposition temporaire Tranzyt Antwerpia. Reis in het spoor van de Red Star Line, sélection d’une trentaine de photographies grand format prises par Herman Selleslags dans le cadre du reportage qu’il a réalisé avec Pascal Verbeken, sur les traces de Benjamin Kopp, venu de Pologne à Anvers pour s’embarquer à destination de New York sur le SS Finland le 9 septembre 1911. Publié aux éditions De Bezige Bij, le récit du voyage en Pologne de Pascal et Herman, évoque le monde disparu du judaïsme polonais, tout en nous confrontant aux enjeux présents de cette mémoire juive longtemps occultée. Célèbre photographe de presse flamand, Herman Selleslags capte avec talent les temps forts de ce voyage de la mémoire que nous raconte Pascal Verbeken, talentueux journaliste, écrivain et réalisateur TV, auteur du livre et de la série documentaire télévisée « La terre promise », évoquant l’histoire de l’immigration ouvrière flamande en Wallo-

novembre 2013 * n°340 • page 10

nie.

le parcours de l’émigrant J’ai rencontré Pascal Verbeken à Gand, sa ville natale. Il a découvert le récit de Benjamin Kopp par le truchement des chercheurs du musée de la Red Star Line. Rédigé à la fin des années 1950 et conservé dans les archives du YIVO à New York, ce manuscrit typographié d’une centaine de pages décrit en détail le parcours de l’émigrant. Pascal explique : C’est un récit très fort, épique, d’un jeune qui se voit contraint de couper ses attaches avec sa communauté d’origine pour survivre. Benjamin Kopp y évoque la vie juive locale dans sa communauté d’origine à Nowe Miasto nad Pilica, 80 kilomètres au sudouest de Varsovie, une bourgade commerçante dont la moitié des quelque 4000 habitants étaient juifs. Il explique aussi les raisons de son départ : je pense qu’il voulait d’abord éviter le service militaire. Dans son témoignage il déclare avoir treize ans lors de son départ mais selon le service généalogique de l’Institut historique juif de Varsovie, il devait avoir en réalité 17-18 ans au moment de son départ. Il évoque aussi la peur des pogroms et le manque de perspectives économiques. De plus, il supporte mal le poids de

la tradition religieuse et son père s’est remarié après la décès de sa mère. Située sur la Pilica, un affluent de la Vistule, la localité était aussi un lieu de cure, attirant une clientèle bourgeoise et citadine. Et, intrigué par ce milieu mondain flânant au bord de l’eau pendant l’été, Benjamin récupérait les livres qu’abandonnaient parfois ces touristes cultivés dans leurs promenades le long de la rivière. Son frère aîné, Simcha qui avait émigré aux USA, un mois après la mort de leur mère lui a envoyé les tickets nécessaires à son départ. Il est parti seul, en charrette, jusqu’à la gare de Tomaszow Mazowiecki. Il est ensuite entré en Allemagne, passant clandestinement la frontière, qui se trouvait alors près de Czestochowa. Benjamin ne savait pas que le monde qu’il venait de quitter allait disparaître à jamais ! Son frère cadet et sa jeune soeur sont restés au shtetl avec le père qui était opposé à leur départ craignant qu’ils ne perdent leur judaïsme. Ils sont tous morts de faim et de maladie pendant la guerre de 1418 lorsque la localité s’est trouvée sur la ligne de front ! En 1942 toute la communauté juive locale a été exterminée à Treblinka. Son monde a entièrement disparu  ! J’ai été bouleversé par cette réali-

té qui donnait une toute autre dimension à son « histoire de migration ». Et ces faits renforcent aussi l’importance historique de la Red Star Line, si étroitement associée à la survie de ces masses d’émigrants juifs partis d’Europe centrale en Amérique du Nord. Richement illustré par les images d’archives et les photographies d’Herman Selleslags, l’ouvrage évoque fidèlement l’enquête des deux voyageurs à la recherche des traces du passé, aujourd’hui à Nowe Miasto, mais aussi à Treblinka et Auschwitz, une localité qui était aussi un point de passage majeur pour les émigrants juifs, souligne Pascal. Et puis il y avait aussi un bureau de la Red Star Line à Oswiecim... Aujourd’hui, à Oswiecim, on trouve encore des gens qui fouillent la terre, là où on été déversées les cendres des victimes des crématoires... Ils cherchent de l’or en plein jour, à proximité de la voie de chemin de fer menant à la Judenrampe ! Incroyable !

amnésie volontaire Pascal évoque avec émotion sa recherche des traces de la vie juive à Nowe Miasto, une visite éprouvante dans la localité d’origine de Benjamin Kopp : Plus nous nous promenions dans

les rues de l’ancien shtetl, plus les Juifs devenaient visibles. Mais il n’y a plus rien pour évoquer cette communauté juive qui, à la veille de la Seconde guerre mondiale représentait près de la moitié des habitants de la localité. Pas de monument, pas de petite plaque commémorative ; ce n’est qu’au cimetière juif de Radom, à des kilomètres de là, qu’on trouve une plaque du souvenir pour les dizaines de communautés juives éradiquées dans la région. Et j’ai demandé aux gens si ils ne sentaient pas l’absence des Juifs mais ils ont répondu évasivement. J’en conclus que les juifs ne sont pas regrettés ici. ... J’étais à peine un jour dans la localité que je me trouvais face à toute la pesanteur de l’histoire polonaise. . Tu y seras confronté tôt ou tard m’avaient avertis des amis polonais à Anvers. Ce passé occulté et dont on ne parle pas. Je ne suis pas venu pour émettre des jugements, ce qui m’intéressait c’était le monde de Benjamin Kopp et ce qu’il en restait, mais tandis que certains villageois avaient encore des souvenirs très vivaces des Juifs, les autorités locales les avaient entièrement effacés. Beaucoup d’habitants sont des arrivés récents, venus s’établir ici après la guerre avec l’ouverture d’une base de la force aérienne polonaise et ils n’ont donc pas de liens avec l’histoire ancienne de la localité. La plupart ne savent même pas qu’il y avait jadis des Juifs ici. Je suis parti profondément troublé par cette amnésie volontaire ! n Pascal Verbeken et Herman Selleslags, Tranzyt Antwerpia : Reis in het spoor van de Red Star Line, Antwerpen, éditions De Bezige Bij, 2013 Musée Red Star Line, Montevideostraat 3, 2000 Anvers ; ouvert mardi-vendredi 10-17h et samedi-dimanche 10-18h. www. redstarline.be

novembre 2013 * n°340 • page 11


! ‫יִידיש ? יִידיש‬

Yiddish ? Yiddish ! par willy estersohn

‫אין דער ֿפינצטער‬

Traduction

In der Fintster Dans l’obscurité

L’auteur de ce poème, Zishe Landau (‫ זישע לַאנדוי‬Zishe Landoy), est né en Pologne, à Plotsk (polonais : Plock), en 1889. Arrivé à New York en 1906, il entamera une carrière littéraire qu’il poursuivra jusqu’à sa mort en 1937. Il rejoindra les jeunes auteurs qui se sont regroupés sous l’appellation Di Yunge. Ce groupe entendait rompre avec la poésie prolétarienne de ses prédécesseurs, les poètes-ouvriers écrivant la nuit et travaillant le jour dans les sweat shops, les immondes « ateliers de la sueur ». Les Yunge refusaient, selon leur expression, le rôle de « détachement de la rime  du mouvement ouvrier juif ». Leur credo : « l’art pour l’art » et la poésie pure. Par ailleurs, Landau a traduit des poèmes anglais, allemands, russes et français. Ces traductions ont été publiées après sa mort dans un volume intitulé ‫ּפָאעזיע‬-‫ ֿפון דער װעלט‬Fun der velt-poezye (« De la poésie mondiale »).

Dans l’obscurité – tes yeux sont plus beaux/Dans l’obscurité – tes petites mains sont plus menues/Dans l’obscurité – loin de toi, en repos silencieux/Dans l’obscurité – tu es plus tendre, plus douce, plus cambrée. Dans l’obscurité – ton visage est plus blème, plus blème/Dans l’obscurité – tes doigts sont plus doux/Dans l’obscurité – lorsque tu fermes le volet/Dans l’obscurité – tu es plus tendre, plus douce, plus cambrée. Dans l’obscurité – ton visage est plus caressant, plus caressant/Dans l’obscurité – ton coeur bat de plus en plus sauvagement/Dans l’obscurité – tu m’appelles, je ne sais où/Dans l’obscurité – tu es plus tendre, plus douce, plus cambrée.

,‫דײנע אויגן שענער‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–זענען‬ shener oygn dayne zenen

fintster

der

in

fintster

der

in

fun vayt

fintster

der

in

veykher

fintster

der

in

,‫דײנע הענטלעך קלענער‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–זענען‬ klener

hentlekh dayne zenen

,‫ֿפינצטער–װײט ֿפון דיר מיט שטילער רו‬ ַ ‫אין דער‬ ru

shtiler

mit

dir

.‫בויגזאמער ביסטו‬ ַ ,‫צארטער‬ ַ ,‫אין דער ֿפינצטער–װײכער‬ bistu

boygzamer

tsarter

,‫ בלײכער‬,‫דײן ּפנים בלײכער‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–איז‬ bleykher bleykher ponem dayn

iz

fintster

der

in

finger dayne zenen

fintster

der

in

makhst du ven

fintster

der

in

tsarter

fintster

der

in

,‫דײנע ֿפינגער װײכער‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–זענען‬ veykher

,‫לאדן צו‬ ָ ‫מאכסט די‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–װען דו‬ tsu lodn di

.‫בויגזאמער ביסטו‬ ַ ,‫צארטער‬ ַ ,‫אין דער ֿפינצטער–װײכער‬ bistu

boygzamer

veykher

,‫ מילדער‬,‫דײן ּפנים מילדער‬ ַ ‫אין דער ֿפינצטער–איז‬ milder

milder ponem dayn

iz

fintster

der

in

klapt

fintster

der

in

rufstu

fintster

der

in

veykher

fintster

der

in

,‫הארץ ַאלץ װילדער‬ ַ ‫דײן‬ ַ ‫ֿפינצטער–קלאּפט‬ ַ ‫אין דער‬ vilder

alts

harts dayn

,‫ איך װײס ניט װּו‬,‫אין דער ֿפינצטער–רוֿפסטו מיך‬ vu nit veys ikh

mikh

.‫בויגזאמער ביסטו‬ ַ ,‫צארטער‬ ַ ,‫אין דער ֿפינצטער–װײכער‬ bistu

boygzamer

tsarter

novembre 2013 * n°340 • page 12

remarques

‫ שענער‬shener : comparatif de ‫ שײן‬sheyn = beau. ‫ הענטלעך‬hentlekh : plur. de ‫ הענטל‬hentl : dim. de ‫ הַאנט‬hant = main. ‫ קלענער‬klener : comp. de ‫ קלײן‬kleyn = petit. ‫ בויגזַאמער‬boygzamer : comp. de ‫ בויגזַאם‬boygzam = pliant, de ‫ בויגן‬boygn = plier, pencher. ‫ ּפנים‬ponem (hébr.) = visage.

novembre 2013 * n°340 • page 13


anne gielczyk

Le bonheur du gouvernement belge

C

’était en 1986, j’étais encore journaliste militante en herbe et Miet Smet venait d’être nommée secrétaire d’État à la condition féminine du gouvernement Martens VI. En fait, ça ne s’appelait pas « condition féminine » mais « émancipation sociale » et celà englobait bien d’autres choses dont des thèmes aussi variés que la lutte contre la pauvreté et l’environnement. N’oublions pas que c’est Miet Smet qui a du gérer la crise de Tchernobyl en mai 1986. Nous avions déambulé joyeusement ce 1er mai 1986 dans les rues de Bruxelles, mes camarades et moi, scandant des slogans contre Martens VI, ne nous doutant de rien, pendant que le nuage de Tchernobyl survolait la Belgique, mais ça c’est une autre histoire. Schoppenvrouw, mon journal, m’avait envoyée faire une interview de cette féministe de la première heure. Je me souviens que nous n’étions pas d’accord sur deux choses essentielles concernant les femmes, la question de la politique d’austérité des gouvernements Martens qui visait surtout les plus démunis dont les femmes et la question de la dépénalisation de l’avortement. Pour les chômeuses, cohabitantes, c’était

regrettable, mais il n’y avait pas d’argent (« les caisses de l’État sont vides, c’est aussi simple que ça » répétait-elle inlassablement) et pour l’avortement, disons qu’elle suivait la ligne de son parti, le CVP. L’avortement oui, mais seulement en cas d’inceste et de viol et de préférence les deux à la fois. Et ça en 1986, alors que partout en Europe sauf peut-être en Irlande, ça faisait belle lurette que l’IVG était autorisée par la loi. Mais bon, c’est quand même à Wilfried Martens – « des morts, rien que du bien » comme on dit en néerlandais (et en yiddish) – que nous devons in fine l’approbation de cette loi. Puisque c’est lui qui a convaincu le roi Baudouin de prendre quelques jours de congé, le temps de la faire voter enfin cette loi. Le roi fut donc déclaré « dans l’impossibilité de régner » ce 3 avril 1990 et rétabli dans ses fonctions 36 heures plus tard, et pas une voix au Parlement pour voter contre son rétablissement, pas un seul député pour manifester son amour de la République ! Il avait de la poigne Martens. Pour arriver à ses fins, il n’hésitait pas à utiliser les grands moyens (fédéralisme, dévaluation du franc) jusqu’à explorer les limites de la démocratie parlementaire

novembre 2013 * n°340 • page 14

(pouvoirs spéciaux, impossibilité de régner). Pour le bien de la Belgique bien sûr. Raison d’État oblige.

C

eci dit, les choses, la question de l’avortement mise à part, ne se sont pas beaucoup améliorées depuis. La réforme de l’État, n’en parlons pas, nous sortons d’une crise qui a duré 541 jours et une autre nous attend peut-être après les élections du 25 mai. Quant à la situation économique et sociale, elle est dramatique, les inégalités se creusent et pendant que les CEO prospèrent, de plus en plus d’enfants viennent à l’école avec des boîtes à tartines vides. Des fleurons de notre industrie délocalisent, laissant derrière eux des ouvriers désespérés dont plusieurs déjà se sont donné la mort. Nous connaissons l’histoire tragique d’Alain Vigneron, cet ouvrier d’Arcelor Mittal, mais de façon plus discrète, à Ford Genk, 38 ouvriers se sont suicidés depuis la fermeture annoncée de l’usine.

E

t pourtant, s’il faut en croire Di Rupo lors de la récente déclaration gouvernementale de politique générale, la Belgique ne s’est jamais mieux portée.

de la « Belgique », « prête à repartir de l’avant ». Les Diables Rouges, Stromae, Englert, tous formidables ! Le Nouvel Obs nous consacre un supplément et sa couverture sous le titre « Le génie des Belges », excusez du peu. Tout nous réussit. Nous étions au plus bas, nous voilà sur un petit nuage.

L

a Belgique seraitelle bipolaire ? Mais non, notre gouvernement travaille et cela porte ses fruits, nous dit-on. « L’heure n’est pas aux envolées électorales. L’heure est toujours au travail », a déclaré Di Rupo. Selon Di Rupo I, la Belgique ne s’est jamais Le travail, voilà le maîtremieux portée mot. Les beaux parleurs « Une Belgique plus moderne, n’ont plus la cote. Et en un pays mieux dans sa peau, effet, Bart De Wever rame, prête à repartir de l’avant ». un coup à droite, un coup au De quoi, de qui parle-t-il, centre, et celà se ressent dans de lui, du gouvernement ou les sondages. On ne le suit plus. de la Belgique ? Car, c’est Prenez Maggie De Block, en vrai il a gagné en assurance voilà une qui trace. Elle ne cause Elio, même son néerlandais pas, elle, elle travaille. Elle se porte bien, nous disent les travaille tellement bien qu’elle commentateurs flamands, « il vient de reverser 45 millions devient petit à petit le Premier dans la caisse de l’État. Et ça ministre de tous les Belges ne rapporte pas que des sous. (…) il n’est plus ce bonhomme Elle cartonne dans les sondages, étrange venu de l’autre côté Maggie. Deuxième après Kris de la frontière linguistique » Peeters et devant Bart De Wever (De Morgen, 16 octobre). au hit-parade des politiques en Après sa déclaration, il a été Flandre ! Grâce à elle, son parti, applaudi pendant une minute l’Open VLD, est remonté de 10 sur les bancs de la majorité. à 14% des intentions de vote. Selon le dernier sondage en Alors, ouste !, renvoyez-moi date, la confiance dans ce tous ces demandeurs d’asile qui gouvernement n’a jamais été nous coûtent de l’argent et des aussi grande alors que le mois voix. D’ailleurs, ne venez pas dernier encore, la N-VA était me dire que c’est inhumain, s’ils déclarée « incontournable » et on rentrent volontairement, nous ne parlait que de « séparation » leur offrons l’accompagnement et de « confédéralisme ». et nous payons leur voyage. Aujourd’hui Di Rupo nous parle L’Afghanistan, un pays

dangereux ? Pensez-vous, c’est très exagéré. La province de Kaboul par exemple n’est plus du tout dangeureuse. Vous me demandez d’intervenir pour Navid Sharifi, mais je ne suis pas une impératrice romaine qui d’un geste décide de la vie ou de la mort de ses sujets. Je suis mon administration qui se conforme à la loi. Aref Hassanzada, tué par balles à Pagham dans la Province de Kaboul, une erreur d’appréciation de mon administration ? Ça reste à prouver. Il n’était pas net cet homme, mon administration a jugé que son histoire n’était pas crédible. Et maintenant il est mort et nous serions indirectement responsables ?  Mais nous n’y sommes pour rien, il est rentré volontairement !

E

t pas une voix ne s’élève dans la majorité, pour s’émouvoir de tant d’« humanité ». Sacrifiés sur l’autel de la coalition gouvernementale, les demandeurs d’asile. Pour les partis flamands, la tendance se retourne enfin, ce n’est plus Bart De Wever qui tire profit de leur participation à ce gouvernement. L’opinion publique flamande semble s’être partiellement détournée de lui au profit des « travailleurs » du gouvernement. Quant au PS, c’est ça ou le gouvernement socio-économique sans eux, que la N-VA appelle de ses vœux et qui pourrait tenter le MR. Souvenons-nous du fameux repas Reynders-De Wever chez Bruneaux. Alors, continuons le travail et en route pour Elio II. « La Belgique » vaut bien le silence sur un mort par balles à Pagham dans la province de Kaboul, retourné librement mais peut-être pas de son plein gré dans son pays. n

novembre 2013 * n°340 • page 15


écrire Les débuts de la modernité bretonne willy kalb

C

onnaissez-vous la Bretagne ? Les Côtes d’Armor, le Finistère  ? Camaret n’a plus de secret pour qui que ce soit. Les filles du bourg restent en nos mémoires tel un mythe décisif. Paimpol et ses falaises balaises, d’où partaient les pêcheurs d’Islande. Pierre Lotti en a laissé un souvenir inoubliable pour les gosses rêveurs que nous étions. Son voyage en Terre sainte est un témoignage étonnant. La vie foisonnante, les vergers, les sources jaillissantes et les jardins verts de Palestine. Les « amas de pierres taillées sous les foins et les fleurs », les orangers. Point de pays à l’abandon ! Vous connaissez Brest et son tonnerre Haddockien, Ploumanach et ses rochers de granit rose. Plougastel, son calvaire et ses fraises. Plouagat, Plouaret, encore

Plou ? Sans doute, ne connaissez-vous pas Ploudalmezeau-Portsall (1978 Amoco Cadiz !) Quelques savants obscurs et désintéressés se sont chamaillés autour de l’étymologie de son nom. Le vieux curé, l’instituteur pensionné, l’infirmière (disciple des piqûres), son mari, l’ambulancier indépendant (le panseur), le médecin, etc. Récemment encore, l’instituteur opposait sa version à celle de l’ancien curé en prenant à témoin une paysanne du lieu. « Qu’est-ce que vous v’lez qu’ça m’fasse ! » avaitelle répondu. L’instituteur, froissé, s’était alors lancé dans une violente diatribe contre un siècle matérialiste, qui n’engendre que des crétins connectés entre eux, sans aucune autre ambition que celle de faire pousser des cochons

ou de s’enrichir en exploitant autrui. Le village est coquet, l’église ne manque pas de cachet, le centre culturel est superbe et d’aucuns peuvent vivre en ce beau village à perpétuité. C’est qu’il s’en passe des choses à Ploudalmezeau.

Libre Panzer La guerre est passée par là, et sur les plages, quelques souvenirs en témoignent. L’organisation Todt, en charge de la construction du mur de l’Atlantique, avait mobilisé 45.000 hommes sur les côtes. Et ce, non compris, les habitants, prisonniers et esclaves victimes du travail obligatoire. La Bretagne est une terre de résistance. Trois organisations armées étaient implantées des Côtes du Nord (Côtes d’Armor) au Morbihan. L’AS, Armée Secrète, créée en mars 1943 comptera quatre bataillons début 1944. Les Franc-Tireurs et Partisans français créés début 1941 par le Parti communiste. Et l’ORA (Organisation de la Résistance de l’Armée) créé en 1943 et constituée de débris de l’armée française. Cette résistance jouera un rôle important le 6 juin 1944 en ralentissant de manière décisive les mouvements des troupes allemandes vers la Normandie.

B(r)etons armés Contrairement à la Belgique, la France n’a pas détruit « son » mur

novembre 2013 * n°340 • page 16

de l’Atlantique. De Bray-Dunes (ne manquez pas la brasserie Didier, simple et délicieuse) à la frontière espagnole, murs, bunkers, s’exposent de plages en prairies, de falaises en villages. Depuis le mur d’Hadrien et la muraille de Chine, il y eut le rideau de fer, dont le mur de Berlin. (Je l’avoue sans regret, j’étais à Berlin-Est les 12 et 13 août 1961 et nous avons fait la fête, certitudes de jeunesse...), la ligne verte à Chypre, la muraille israélienne etc., j’en passe, la liste est dantesque.

Murs intérieurs Un ami me disait jadis : «  le monde est horrible, je ne veux pas en faire partie mais il est trop fort. Il sort vainqueur, toujours. Peutêtre y a-t-il un autre monde qui ne s’accommode pas aux circonstances, qui lutte pied à pied. Un monde d’amitié, de proximité, de sécurité ». Sécurité-maître-mot. L’intolérance et la tolérance molle sont les deux branches d’un même arbre. Le but inavoué : accroissement de la sécurité. La peur, qui choisit aussi l’hermétisme et Dieu où l’esprit s’égare et se perd. Marx disait : «  Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience. » Vivre puissamment, à l’écoute, sans démagogie ni complaisance, sans recettes, sans trucs ; cultiver le consensus et savoir y renoncer, sans onctuosité frileuse ni « intolérable tolérance ». Place à la réalité et à l’injustice. Souvent, les hommes refusent de s’emparer de ce qu’il ont conquis de haute lutte. À la Commune de Paris, ils choisissent la sécurité de Pétain, à la Révolution russe, ils préfèrent Staline. Souvent on ouvre sa porte et on s’ef-

face devant ce qu’on croit être son destin. Derrière cet accablement, transpire une vérité étouffée. La meilleure victime que l’on ait sous la main c’est toujours soi. L’économie de marché s’est généralisée sous le nom pudique de mondialisation. Puissance et volatilité d’énormes flux de capitaux, internationalisation des actionnariats, pouvoir de décisions supra nationaux, politiques nationales castrées et marges de manœuvres restreintes. Le sentiment d’impuissance et de confusion s’est peu à peu étendu. Laïcité en danger, athéisme condamné de mort dans une partie du monde, explosion des nationalismes et des intégrismes, grandes migrations. Les maîtres de la terre n’ont jamais été aussi peu nombreux et aussi puissants. Le rabbin Dov Ber de Mezeritch disait : « L’homme doit se maîtriser : il doit apprendre l’orgueil et ne pas s’enorgueillir, le colère et ne pas s’irriter, la parole et ne pas parler, le silence et ne pas se taire. » Au-delà de leurs discours sur la liberté, les hommes adorent leurs chaînes, leur obscurité et leurs symptômes. Ils en jouissent même. Ils se protègent, se cachent, construisent des murs,

des lois qui enferment. Grillages, barbelés, murs, barrières électrifiées, aucune pourtant n’a résisté à l’irrépressible volonté ou nécessité de passer outre. Il n’est de frontière qu’on n’outrepasse. Penser en homme d’action, agir en homme de pensée, rebelle, explorateur, résistant, perfectible, vivant.

Breizh - Braise La Bretagne n’est pas que paysages lumineux et houles folles. Elle vit au rythme de ses artistes, créateurs de vie. Ecrivains, peintres et... habilleurs de bunkers. Bunker ciao, et le voilà devenu multicolore et rayonnant. Il devait disparaître sous les tissus, il devient mémoire et beauté. Etaient présents, le curé, l’instit, l’infirmière et, passant par là, un vieux Juif et sa compagne allemande, lui né dans un camp de réfugiés en Suisse et elle, dans les décombres de Düsseldorf. Émotions, larmes, et l’artiste, la Bretonne, n’avait pas prévu ce couplà. Elle ne savait pas ce qui lui tombait dessus. La réalité. Le rêve dépassé. Quoi ? L’obscure et banale réalité ? Amis français... et bretons, ne détruisez pas les bunkers, décorez-les. La mémoire est à ce prix. Vive la vie. n

novembre 2013 * n°340 • page 17


science(s) Le boson d’Englert sender wajnberg

F

rançois Englert reçoit le prix Nobel pour sa co-découverte théorique du boson dit de Higgs, cela vous le savez tout le monde le sait, mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer ce qu’est le boson. D’abord, le boson de Higgs n’est pas le seul, de boson, puisque toutes les particules élémentaires découvertes à ce jour sont soit des bosons, soit des fermions. Ensuite ce boson dit de Higgs, du nom de son co-découvreur-théoricien (nom qui entre si bien en assonnance avec celui de l’inconnue x qu’il a fait la fortune du terme), est appelé dans certains cercles belges (et c’est de plus en plus repris ailleurs) le boson de B.E.H., pour Brout, Englert & Higgs (Robert, François & Peter). Ne comptez pas sur moi pour vous expliquer ce qu’est le boson, d’ailleurs vous aurez lu les unes de votre quotidien préféré, vous aurez googuelé comme des malades, et vous allez vous ruer sur les mensuels scientifiques de novembre (Pour La Science, La Recherche, Ciel & Espace, Scientific American, The American Scientist, The New Scientist, Science et BBC Focus magazine, les autres sont moins bons) pour parfaire votre culture d’honnête homme du XXe siècle + I.

La classe de particules Disons seulement que les bosons en général représentent une classe de particules qui pos-

sèdent des propriétés de symétrie particulières qui s’expriment lors de l’échange de particules. Lorsqu’ils sont nombreux, ils ont tendance à s’agréger (au contraire

boson dit de Higgs dont la découverte expérimentale a été officiellement annoncée au CERN le 4 juillet 2012. D’ailleurs à la récente conférence de presse qui, dans

boulot à sa place), Englert donc répondit : « non, impossible ; en dix-quinze minutes, je pourrais vous esquisser quelques aspects de la chose, et encore... ». Donc si l’auteur lui-même s’estime incapable d’expliquer sa découverte en deux minutes à des ignorants du domaine — et il est prix Nobel — qui serais-je, moi, pour prétendre faire mieux que lui, je vous le demande !

Le Modèle standard Disons seulement que notre boson improprement nommé partout de Higgs alors que Higgs publia son article après celui de Brout & Englert (mais bon, on va pas pinailler sur quelques semaines de décalage à 48 ans de distance entre la prédiction théorique d’existence d’une particule et sa vérification expérimentale — un record absolu), il complète le tableau. Quel tableau ? Vous connaissez le tableau de Mendeleïev : tous les atomes de l’univers y sont classés par propriétés (masse, nombre d’électrons, etc.) dans un ordre croisEnglert et Higgs au CERN

des fermions). Par exemple, à basse température, l’hélium devient superfluide, ou certains matériaux deviennent supraconducteurs. Les scientifiques expriment cette propriété générale en disant qu’ils « obéissent à la statistique de Bose-Einstein ». Le terme de boson provient du nom du physicien indien Satyendranath Bose, qui en fit la première description. Son article fut rejeté par le Philosophical Magazine, mais sauvé par Einstein qui le traduisit en allemand et le fit publier dans le Zeitschrift für Physik... Mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer ce qu’est le

novembre 2013 * n°340 • page 18

le Grand Hall « des Marbres » de la fac de Philo & Lettres, réunissait les huiles de l’ULB et du gouvernement — ces dernières toutes heureuses d’encore montrer leurs tronches à la télé en ce jour d’allégresse et en si noble compagnie —, François Englert notre prix Nobel (le sixième prix Nobel scientifique belge et quatrième de l’ULB, excusez du peu) répondit à un journaliste de RTL qui lui demandait s’il pouvait « en une minute trente ou deux minutes donner une explication claire de ce qu’était son boson » (RTL évidemment : le journaliste voulait que l’homme de sciences fasse son

Élement de détecteur CERN

sant, et cela guida la découverte des derniers atomes inconnus, ceux qui allaient boucher les trous du tableau. C’est pareil pour le tableau des particules élémentaires et qu’on appelle le Modèle standard, sauf que c’est différent. Les particules élémentaires sont soit les « sous-sous-atomes » dont sont composés les atomes (on est à une échelle encore inférieure à celle des neutrons et des pro-

tons), soit des entités ineffables qui se baladent dans l’espace : les quarcks, l’électron, les neutrinos d’une part, et le gluon, le boson Z°, le boson W, le photon d’autre part ...tout ce qui forme la matière ordinaire quoi. Les bosons ont des spins entiers, les fermions des spins demi-entiers (ne me demandez pas). Le boson de BroutEnglert-Higgs est donc l’objet qui manquait dans le tableau et que les équations de Brout & Englert (et Higgs) ont permis de concevoir. Et son spin ?! Entier ? Demi-entier ? ...il est de spin zéro. — Ça alors ?!1

Question de masse

Simulation du résultat d’une collision

Le B.E.H. est sensé donner leur masse à toutes les autres particules — en fait il compte pour une petite fraction de leur masse mais ne comptez pas sur moi... Je peux juste répéter, sans comprendre et en me trompant (comme la plupart de mes collègues journalistes qui n’ont pas étudié la mécanique quantique dans les textes), que c’est une histoire de champ présent partout (comme un champ magnétique ou

novembre 2013 * n°340 • page 19


activités

➜ gravitationnel mais encore différent de ceux-là), champ appelé le champ «de Higgs ». Il interagit avec les particules qui s’y baladent, et il interagit différemment selon la nature desdites. Cette interaction, un genre de freinage, donne la masse aux particules : les particules massives sont massives justement parce qu’elles sont fort «  freinées  » par ce champ alors que les particules non massives comme les photons n’ont pas de masse (ou quasi) parce qu’elles ne le sont pas, freinées. C’est ce qu’on appelle le mécanisme de Brout-Englert-Higgs. Une des images données par les chercheurs est celle du cocktail (par exemple le drink de première à la Monnaie). Les gens sont là (=le champ de Higgs) dans le Grand Foyer et dès qu’un des artistes entre (=la particule), un groupe se forme autour de lui pour l’applaudir, lui serrer la pince ou se faire voir, ce qui ralentit considérablement sa progression vers le bar, et cela revient à une augmentation de sa masse. Les artistes célèbres sont des particules massives. Au contraire de votre serviteur obscur qui a donc réussi à vite se glisser là où ça se passe parce qu’il est inconnu et léger, grâce à quoi il a déjà son verre à la main. Merci au mécanisme de B.E.H., il y a une justice.

Prouesse techno/logique La preuve expérimentale de l’existence du boson de Brout-Englert par deux expériences « concurrentes » réunissant chacune 3 à 4000 chercheurs du monde entier (y compris des Belges flamands et des Belges francophones) a été une entreprise théorique et technique unique dans l’histoire de l’huma-

Robert Brout, co-découvreur

nité, un exploit comparable à l’envoi de l’homme sur la Lune ou à la fabrication de la première bombe atomique : un tunnel circulaire de 26,5 km de circonférence creusé à 100 m sous terre, 1 milliard de km de fibres supra-conductrices, un vide ausi vide que dans l’espace, une température proche du zéro absolu, des détecteurs gros comme une cathédrale, une structure d’ordinateurs révolutionnaire, etc. On traquait le boson (par collisions frontales de protons) dans le Grand Collisionneur de Hadrons du CERN, et ceci à travers ses produits de désintégration dont la théorie avait établi les caractéristiques. Comme on n’avait aucune idée a priori de la masse qu’il pouvait avoir (contrairement à l’heuristique mendeleïevienne pour les atomes), il a fallu chercher (par essai et erreur) à toutes les masses... Donc, parmi les milliards de milliards de sous-particules produites lors des milliards de milliards de collisions de protons contre des protons, il a fal-

novembre 2013 * n°340 • page 20

lu collectionner les particules qui pouvaient éventuellement provenir du boson-cherché-en-supposant-sa-masse-a-priori, et ainsi accumuler les indices pour sortir du bruit de fond expérimental. C’est comme chercher une émission en yiddish à la radio sans connaître la station, tu essayes telle longueur d’ondes (telle masse), tu attends que la musique s’achève et que le speaker il parle, et évidemment c’est de l’espagnol, alors tu recommences un peu plus loin, et cætera. Si la musique est de la musique klezmer, tu as une chance mais très faible, parce que le klezmer est à la mode... alors tu dois rester plus longtemps sur cette chaîne pour voir si un des speakers il va se décider à parler yiddish, ou si aux infos on parlera plus d’Israël que de Molenbeek, ou si le samedi c’est un programme de musique non stop etc., et finalement tu accumules les indices qui, à la longue, vont constituer une preuve statistique que tu es bien sur une station où, trop rarement,

on parle yiddish (le boson) ! Gevaaaald ! S’iz geshen ! 2 Bon, je n’ai encore rien dit de la judéité de François. Mais si déjà je ne vous ai rien dit de son boson, vous comprendrez que je ne puis en faire davantage en ce qui concerne son judaïsme. D’abord franchement on s’en fiche même si on est content (cette année « on » en a six sur sept : deux en médecine, un en physique et trois en chimie — les complotistes d’extrême droite vont encore s’étrangler devant leur tasse de thé sans citron). Ensuite, la grandeur de l’Homme (Robert, François, Peter ou les autres) ne tient pas à sa carte d’identité ni à son territoire, mais à ses réalisations. Enfin, je ne sache pas qu’il en fît état hors de la sphère familiale — dont on ne sait rien, à part que ses petits-enfants l’ont intronisé «  prix Nobel des toast aux bananes  », a-t-il dit. Mais bon, si Points critiques s’y intéresse, ce n’est sans doute pas seulement par hasard ou parce qu’il habite à quelques rues du « local » hein. Il a aussi été enfant caché, mais çà, il le dira dans son discours de réception du prix, le 10 décembre. — Nu, vos makht a yid ? — A yid makht a Nobel-priz ! Vos andersh ? 3 n Et c’est un boson parce que zéro est bien un nombre entier. Paradoxe apparent : dans la suite composée des nombres entiers et des demi-entiers, ces derniers alternent ; zéro est à la place d’un entier. 2 Super ! C’est arrivé ! 3 Jeu de mot sur une expression idiomatique de salutation : — Alors. Que fait un Juif ? [= Comment ça va ?] — Un Juif fait un prix Nobel ! Quoi d’autre ? 1

club Sholem-Aleichem Sauf indication contraire, les activités du club Sholem Aleichem se déroulent au local de l’UPJB tous les jeudi à 15h (Ouverture des portes à 14h30)

Jeudi 7 novembre Après avoir écrit Estoucha, le récit bouleversant de la vie de sa mère, Georges Waysand, né dans la tourmente des années 40, fils de parents juifs, résistants communistes (mère médecin, père élève ingénieur agro-alimentaire) nous parlera de son parcours d’homme de sciences et de gauche. Il sera présenté par José Gotovitch, historien, professeur émérite de l’ULB.

Jeudi 14 novembre Durant leurs incessantes pérégrinations, les Juifs ont subi l’influence d’innombrables cultures . Il en a résulté un judaïsme multiculturel riche en diversité, des musiques ashkénaze, séfarades, profanes, sacrées, folkloriques, engagées… André Reinitz (orchestre Krupnik) nous ouvre quelques portes de cet univers musical juif si riche et diversifié. Son exposé : « Musiques juives de la tradition à la révolution » s’inspire d’une étude de Willy Kalb.

jeudi 21 novembre Jean-Michel Decroly, géographe, professeur à l’ ULB, enseigne entre autres la géographie humaine générale. Il nous entretiendra du sujet suivant : « 7 milliards d’êtres humains et après ?... »

jeudi 28 novembre Tessa Parzenczewski, chroniqueuse littéraire à Points critiques, nous parlera d’Esther Kreitman, la soeur méconnue d’Isaac Bashevis Singer et d’Israël Joshua Singer, elle-même écrivaine et dont les nouvelles traduites du yiddish viennent de paraître.

novembre 2013 * n°340 • page 21


activités samedi 9 novembre à 10h30

Visite culturelle de la ville de Malines proposée par le Club Sholem Aleichem et l’UPJB 10h30 : la Manufacture de tapisseries De Wit, ses collections, ses ateliers de tissage et de restauration, son bâtiment classé (refuge de l’Abbaye de Tongerlo, 1484) 14h00 : promenade-découverte avec Jacques Aron

vendredi 15 novembre à 20h15

Gaza dans l’étau. Un témoignage et une réflexion Conférence-débat avec

Marianne Blume

membre de l’Association Belgo-Palestinienne (ABP) Nombre de places limité. Inscription obligatoire auprès du secrétariat : upjb2@skynet.be / tél : 02.537.82.45 Les inscrits recevront tous les renseignements utiles : rendez-vous, trains, etc. PAF: 10-12 € selon le nombre de participants

« Deux visites récentes à Gaza, de nombreuses lectures et des contacts suivis avec mes anciens étudiants et amis et l’envie de faire le point, de mettre mes idées en place. » La conférence sera un mélange de témoignage et de réflexions, une sorte de rapport en cours de réalisation. Entre les ambiguïtés et les contradictions de la situation vécue et la réalité du blocus israélien et de la fermeture de Rafah. PAF: 6 €, 4 € pour les membres, tarif réduit: 2 €

dimanche 17 novembre à 16h L’UPJB s’associe au Week-end du Doc

et aussi... lundi 11 novembre de 10 à 19h How do you Jew ? Le festival Juif inattendu ! @ FLAGEY Depuis plusieurs mois, des membres de la communauté juive, de tous les âges et de tous les horizons, se sont rassemblés avec une volonté d’organiser quelque chose de neuf. Résultat ? Un festival éclectique et innovant. Une pléiade d’activités – débats, ateliers, projections, travaux créatifs, musique etc. – avec la volonté de brasser tous les styles et toutes les générations. Programme détaillé sur le site : www.howdoyoujew.be

novembre 2013 * n°340 • page 22

Aux côtés d’autres associations, bibliothèques, centres culturels, médiathèques, centres d’art, musées, cafés-restaurants, salles de cinéma, l’UPJB projette, en présence de leurs réalisateurs, deux documentaires tout juste terminés.

Karaoké domestique, de Inès Rabadan (26’) Le premier est un film riche sur les questions d’asservissement. Le dispositif, au-delà de son tour de force formel, mène le spectateur au cœur des rapports d’exploitation dans le cadre domestique. Les potagistes, de Pascal Haas (52’) Le second, raconte la saga du Potager Ernotte à Ixelles, et le combat des habitants du quartier pour le sauver. Deux films qui sont plus directement liés qu’on ne le croit aux questions qui font battre le cœur de notre association. Car, comme le dit le Prophète « Quand on va tout seul, on va vite, quand on va à plusieurs, on va loin ». PAF: 6 €, 4 € pour les membres, tarif réduit: 2 €

novembre 2013 * n°340 • page 23


vie de l’UPJB 21 septembre 2013. Une soirée de rentrée pleine d’entrain et de vrais talents maison

Adeline

Henri G.

Noé

Revue en images par ordre d’entrée en scène

Sacha

Photos : Henri Wajnblum

Alexandre et Sigrid

Carine et Anne, nos co-présidentes

Lara, notre Madame loyale

Ariane, coordinatrice de la soirée

Aristide

Maroussia et Ivan

Alain

Henri W.

Alexandre

gérard W. et Henri G.

Michèle et carine

Simon

novembre 2013 * n°340 • page 24

novembre 2013 * n°340 • page 25


vie de l’UPJB Les activités du club Sholem Aleichem jacques schiffmann

12 septembre : rentrée en chansons par Maroussia Buhbinder accompagnée par André Reinitz 33 personnes ont fait l’ouverture de la saison au Club avec Maroussia qui, de sa belle voix chaude, nous a livré une belle interprétation de nombreux chants gais, tristes et nostalgiques, des répertoires yiddish, slave et africain. André l’accompagnait avec ses allant et talent habituels, y compris pour ses intermèdes-blagues. Excellente celle du rabbin et de la vache de Kiev ! Goûter particulièrement goûteux grâce aux copines hôtesses. Rentrée très réussie. 19 septembre : récit de son parcours engagé par Anne Herscovici Anne a grandi dans une famille construite sur fond de résistance, unie par des combats et des espoirs communs : papa avocat engagé et sa maman Andrée Geulen, dont l’action dans le sauvetage des enfants juifs est bien connue de tous. Imprégnée par cette maison ouverte qui vibrait des bruits du monde, et où on discutait avec passion de l’actualité, Anne s’est intéressée à la politique depuis son enfance. Sociologue et criminologue de formation, elle a été permanente et militante du Parti communiste. Et présidente d’une section locale de la Ligue des familles. Elle a vécu la chute du Communisme, la fin du PC, les espoirs

déçus suscités par Berlinguer et Gorbatchev. Et s’est interrogée sur comment rassembler la gauche et le courant marxiste. Mais le cœur n’y était plus. De 1990 à 1999, elle sera chercheuse au centre de sociologie de la santé de l’ULB, active dans les colloques, le milieu associatif, le Mrax… Elle sera contactée en 1994 par Ecolo-Ixelles pour figurer comme

candidate indépendante sur ses listes, et, grâce à son bon score, entrera dans la vie politique en devenant d’abord conseillère communale, puis, en juin 1999, députée régionale. Son action visera alors à faire bouger les choses, en les sortant du microcosme politique pour mobiliser l’action directe des citoyens. Suite aux élections communales qui ont vu une majorité « olivier » se mettre en place à Ixelles, Anne renoncera au parlement pour se consacrer à plein temps à sa tâche de présidente du CPAS d’Ixelles : six ans d’un mandat passionnant et éprouvant, où son action est en prise directe avec le réel et avec la vie des gens. Suite au changement de majorité politique, elle perdra son

novembre 2013 * n°340 • page 26

mandat et fera l’expérience du chômage. Ceci jusqu’au moment où elle sera engagée comme directrice d’une asbl créée en Région bruxelloise pour coordonner et appuyer la politique de l’aide aux sans-abri, tout en restant depuis 2009 simple conseillère CPAS. Elle sera, dans ce dur mandat, confrontée à la misère des gens, dans un secteur où les différents acteurs, CPAS et Samu social, ne collaborent pas bien. La même année, devenue membre d’Ecolo et candidate aux élections, elle redeviendra députée régionale. Anne ne supporte pas plus aujourd’hui qu’hier, le règne du profit, les discriminations, la loi du plus fort, l’exploitation, l’indifférence à l’avenir des enfants. Membre d’Ecolo après l’avoir été du Parti communiste, elle estime avoir eu la chance, à travers ses mandats, de peser un tout petit peu sur le réel. Elle n’a pu parcourir ces chemins, dit-elle, que parce qu’elle a eu la chance de rencontrer des femmes et des hommes hors du commun, généreux et intelligents, qui l’ont aidée à réfléchir et à se construire. En guise de bilan, elle nous dit sa satisfaction « d’avoir semé des cailloux dans le bon sens, pas dans l’eau et d’avoir ainsi tracé des chemins ! » Le débat qui suit éclaire le découragement actuel et la difficulté des courants de gauche et marxistes à exister. Comment pourrait-on rester communiste  ? Chacun est cependant conscient

des catastrophes sociales et environnementales qu’entraînent crise et recherche effrénée du profit. Après la faillite du communisme, comment construire une réflexion théorique d’avenir de gauche ? Anne Herscovici, « la démocrate », y réfléchit au sein d’Etopia, le groupe d’études d’Ecolo, où des chercheurs planchent sur une grille d’analyse du monde d’aujourd’hui et de demain. 26 septembre : Images d’un voyage au Laos en 2011 par Edna et Fima Bratzlavsky C’est confortablement installés que nous avons pu suivre nos amis, grands voyageurs dans les pays lointains, dans leur périple au Laos. Edna nous conte ce parcours, depuis le triangle d’or à la jonction entre Birmanie, Thaïlande et Laos, en voguant sur le Mekong vers le Sud et le Cambodge : haltes-visites dans les multiples sites, temples et villages, tout au long du fleuve et rencontres conviviales avec les populations locales.

S’ils voyagent moins à la dure qu’auparavant, ils privilégient toujours un tourisme hors des sentiers battus où Edna la prof, peut enrichir ses connaissances ethnographiques et Fima, son fidèle « accompagnateur », immortaliser tout cela sur la pellicule (sic), pour notre plus grand plaisir, car grâce à tous deux, nous avons fait

nous aussi, un beau voyage. 3 octobre : Tessa Parzenczewski nous a parlé de Ville des Anges le dernier roman de Christa Wolf (2010) Curieux parcours que celui de Christa Wolf, née en 1929 en Prusse, décédée en 2011 à Berlin, et dont le dernier livre, Ville des Anges éclaire, au travers de la vie de cette Allemande non juive, toutes les interrogations du siècle. Écrivain la plus célèbre de RDA, la partition de l’Allemagne et ses interrogations sur le régime communiste imprègnent son œuvre. Jeunesse dans l’Allemagne nazie, où la haine du juif était enseignée à l’école : elle est enrôlée dans la Hitlerjugend, croit tout ce qu’on lui enseigne, et admire son institutrice, fervente nazie ! En 45, les soviétiques occupent la région qui deviendra la RDA. Agée alors de 16 ans, elle s’engage à fond et sincèrement pour la RDA. Études de lettres, puis elle travaillera à l’Union des écrivains et publiera plusieurs romans sur des personnages historiques. Ce n’est que bien plus tard, que Christa Wolf explorera sa propre mémoire, dans Trames d’enfance, livre autobiographique où elle se demandera enfin pourquoi elle s’est laissée embrigader, comme tant d’autres, qui, par indifférence ne voulaient pas voir ni parler de ce qui se passait. Et bon nombre se firent collaborateurs occasionnels de la Stasi. Elle même fût inquiétée après la chute du mur, suite à un rapport fait sur un collègue dans les années 60. Profitant d’une bourse de recherche, Christa Wolf se rendit en 92 à Los Angeles pour un séjour qui fournit la trame de Ville des Anges, livre où s’expriment des mémoires diverses, par flashs entre passé

et présent. Sont évoqués beaucoup d’émigrés allemands ayant fui le nazisme, qui ont trouvé refuge à Los Angeles, B. Brecht, Th. Mann.., ainsi que les rencontres avec d’anciens enfants juifs allemands cachés, ainsi que celles avec d’anciens expatriés de RDA, ce pays qui n’existe plus. Ce livre décrit la vie derrière le Mur, les rêves et cauchemars qui l’ont accompagnée, les espoirs et les peurs et sa propre ambivalence vis-à-vis du régime. Se livrant à une sorte d’errance dans le temps et dans les souvenirs, Christa Wolf signe une confession sans fard, douleureux travail sur elle-même que l’éloignement temporaire à L.A., la Ville des Anges, a enfin permis. Bon anniversaire Bobby ! Au cours du goûter qui a suivi, Boris Gvirtman a été chaleureusement fêté par une nombreuse assistance, à l’occasion de ses 82 ans. Succulent gâteau d’an-

Photo Ariane Bratz

niversaire, cadeaux du Comité de l’UPJB et projection d’un diaporama retraçant son long parcours, ses multiples talents et son activité inlassable au service du 61 rue de la Victoire. n

novembre 2013 * n°340 • page 27


Carte de visite

UPJB Jeunes

L’UPJB Jeunes est le mouvement de jeunesse de l’Union des progressistes juifs de Belgique. Elle organise des activités pour tous les enfants de 6 à 15 ans dans une perspective juive laïque, de gauche et diasporiste. Attachée aux valeurs de l’organisation mère, l’UPJB jeunes veille à transmettre les valeurs de solidarité, d’ouverture à l’autre, de justice sociale et de liberté, d’engagement politique et de responsabilité individuelle et collective.

Un jardin pour Nina maroussia Toungouz (Suni)

Chaque samedi, l’UPJB Jeunes accueille vos enfants au 61 rue de la Victoire, 1060 Bruxelles (Saint-Gilles) de 14h30 à 18h. En fonction de leur âge, ils sont répartis entre cinq groupes différents.

Bienvenus

Q

uelle nostalgie, mais quelle joie de faire découvrir à Nina, ma petite soeur de six ans, mon jardin secret, celui où j’ai passé les plus beaux moments de ma vie. Je l’ai redouté souvent, ce premier samedi upjibien sans moi. Et je l’ai attendu longtemps, le premier samedi upjibien de ma mini-moi, à qui j’allais laisser la place, pour qu’elle y trouve la sienne. Pour qu’elle y rencontre, elle aussi, une deuxième famille. Tania, de trois ans ma cadette, et moi lui parlions souvent de l’UPJB. On lui montrait des photos, des vidéos, on lui chantait des chansons. Elle avait l’air intriguée mais pas particulièrement tentée d’y mettre les pieds. « Roh, vous m’énervez avec votre upjb ! » nous lançait-elle. Quand on lui demandait si elle irait un jour à l’UPJB, elle disait non. Et puis, là, l’y voilà quand même. En route pour la rue de la Victoire, une chose la perturbait : pourquoi la Marou qui avait passé tant d’heures à lui parler de ce petit bout de paradis, d’un coup, n’y viendrait plus ? Je lui dis alors que j’avais fait

Les Bienvenus

mon temps et que, désormais, c’était au groupe des Jospa, celui de Tania, de prendre la relève. Ces Jospa, que j’avais moi-même monités pendant trois ans, et que j’étais curieuse de voir à l’oeuvre. Nous n’étions pas encore devant la porte du 61 que Nina me demandait si « moi aussi je serai mono après ? » Arrivées, je lui présentai July et ses premiers moniteurs : Leïla, Aristide, Salomé. Puis, pour la voir aux côtés de ses nouveaux camarades, je n’ai pas pu m’empêcher de l’accompagner faire son premier « U ». Ce joli rituel qui consiste à se pla-

novembre 2013 * n°340 • page 28

cer en demi-cercle, dans le jardin, avant que les activités ne commencent. Les plus petits à la gauche de July, les plus grands à sa droite. Difficile de quitter les lieux et d’accepter que l’UPJB était en train de reprendre son cours sans les Mala, mon groupe d’antan. Sans moi. Sur le chemin du retour, pour me réconforter, j’imaginais ma Nina, ma petite soeur. Elle découvrirait son local, puis irait toquer aux autres portes, pour demander un pinceau, une chaise, un morceau de papier. Elle apprendrait à dévaler les escaliers du 61, de

plus en plus vite, comme je l’ai moi-même appris. Un jour, elle connaîtrait les moindres recoins de cette maison. Un jour, ça serait « sa » maison. Toute l’après-midi, j’ai guetté son retour, impatiente qu’elle me raconte cette première expérience. Un peu après 18 heures, elle était là, toute excitée, en criant : « Marou, Tania, vous devez mettre une musique parce que j’ai appris à danser ‘Ouh Hi Ouh Ah ah’ ». Cette musique amusante sur laquelle, depuis quelques années, nous dansons à chaque boum ou après un repas. J’étais émue de la voir emballée à ce point. En me décrivant les autres enfants de son groupe, elle pouvait déjà me dire qu’elle en aimait certains plus que d’autres. Ce à quoi j’ai rétorqué : «  tu verras, dans dix ans, ce seront tes plus grands amis ! » Elle m’a regardé d’un air perplexe. Oui, quelle nostalgie, mais quelle joie de faire découvrir à Nina, ma petite soeur de six ans, mon jardin secret, celui où j’ai passé les plus beaux moments de ma vie… n

Les pour les enfants nés en 2006 et 2007 Moniteurs : Salomé : 0470.82.76.46 Leila : 0487.18.35.10 Aristide : 0488.03.17.56

Juliano Mer-Khamis

Les pour les enfants nés en 2004 et 2005 Moniteurs : Léa : 0487.69.36.11 Selim : 0496.24.56.37 Samuel : 0475.74.64.51 Hippolyte : 0474.42.33.46

Marek Edelman

Les pour les enfants nés en 2002 et 2003 Moniteurs : Tara-Mitchell : 0487.42.41.74 Luna : 0479.01.72.17 Felix : 0471.65.50.41 Simon : 0470.56.85.71

Janus Korczak

Les pour les enfants nés en 2000 et 2001 Moniteurs : Jeyhan : 0488.49.71.37 Andres : 0479.77.39.23 Eliott : 0488.95.88.71 Laurie : 0477.07.50.38

Émile Zola

Les pour les enfants nés en 1998 et 1999 Moniteurs : Totti : 0474.64.32.74 Tania : 0475.61.66.80 Théo : 0474.48.67.59

Informations et inscriptions : Julie Demarez – upjbjeunes@yahoo.fr – 0486.75.90.53

novembre 2013 * n°340 • page 29


est le mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique (ne paraît pas en juillet et en août)

Le rock de la crise

L’UPJB est soutenue par la Communauté française (Service de l’éducation permanente)

Red and Black 1977 alain Lapiower

En faisant des rangements chez moi, j’ai découvert des textes de chansons. Chansons écrites, composées et chantées par leurs créateurs, à l’occasion de soirées, de fêtes, de spectacles et de camps de vacances. Drôles, touchantes, impertinentes, émouvantes et/ou provocantes, elles ont jalonné la vie de l’USJJ et de l’UPJB pendant de longues années. Je me propose de vous présenter chaque mois le texte d’une chanson et son auteur. Lisez-les, avec curiosité et un brin de nostalgie.* Rosa Gudanski

Oui c’était la belle vie y a quelques temps d’ici C’était la belle époque pour les industries Le PDG de mon quartier était crevé Tellement l’argent rentrait dans ses caisses dorées Et puis soudain voilà que ça n’va plus du tout L’argent s’est envolé c’est la merde partout R : C’est le rock de la crise économique… Le chômage s’étend les chomeurs sont légions Ya des licenciements dans toutes les régions Les prix augmentent à 180 à l’heure Tandis que sur les routes maximum 120 à l’heure R. On veut diminuer les avantages sociaux Et faire des économies sur notre dos Pendant ce temps les flics reçoivent de l’argent Les multinationales ne desserrent pas les dents R.

novembre 2013 * n°340 • page 30

Bien du temps a passé rythmé par ce refrain Qui hante les chaumières et les salles de bains Les années 2000 n’engraissent que les rats Mais ça te fait marrer alors chante ce truc là… R. …C’est le rock de la crise la dépression du siècle Tout va mal tout va mal Mais peut-on parler d’une crise quand ça dure depuis tant de temps… et bla et bla bla bla

Alain Lapiower, dit « Fouine », fut actif au sein de l’UJJP dans les années ‘60-70, puis membre de l’UPJB jusqu’à aujourd’hui. A partir de 1974, il fut le leader du groupe rock “Red & Black”, qui édita en 1978 le 45 tours « autoproduit » sur lequel figurait ce Rock de la Crise, morceau emblématique du band. Etonnamment visionnaire et même politique, cette chanson fut pourtant écrite de façon bonhomme et légère, à propos de la situation qui s’est installée en Europe vers la fin des années ‘’70. L’idée consistait simplement à évoquer une vraie et dure question mais avec un demi-sourire et la volonté de faire écho à une génération déjà passablement dépitée par le reflux des mobilisations et des résultats politiques emportés par les mouvements gauchistes. Entre dérision, dépit, dénonciation et charge festive, le morceau reflète assez bien la sensibilité culturelle dominante parmi la jeunesse engagée au seuil des noires années ‘80.

Secrétariat et rédaction : rue de la Victoire 61 B-1060 Bruxelles tél + 32 2 537 82 45 fax + 32 2 534 66 96 courriel upjb2@skynet.be www.upjb.be Comité de rédaction : Henri Wajnblum (rédacteur en chef), Alain Mihály (secrétaire de rédaction), Anne Gielczyk, Carine Bratzlavsky, Jacques Aron, Willy Estersohn, Tessa Parzenczewski Ont également collaboré à ce numéro : Roland Baumann Ariane Bratz Rosa Gudanski Willy Kalb Alain Lapiower Noé Preszow Youri Vertongen Jacques Schiffmann Maroussia Toungouz Sender Wajnberg Seuls les éditoriaux engagent l’UPJB. Compte UPJB IBAN BE92 0000 7435 2823 BIC BPOTBEB1 Abonnement annuel 18 € ou par ordre permanent mensuel de 2 € Prix au numéro 2 € Abonnement de soutien 30 € ou par ordre permanent mensuel de 3 € Abonnement annuel à l’étranger par virement de 40 € Devenir membre de l’UPJB Les membres de l’UPJB reçoivent automatiquement le mensuel. Pour s’affilier: établir un ordre permanent à l’ordre de l’UPJB. Montant minimal mensuel: 10 € pour un isolé, 15 € pour un couple. Ces montants sont réduits de moitié pour les personnes disposant de bas revenus.

novembre 2013 * n°340 • page 31


agenda UPJB

Sauf indication contraire, toutes les activités annoncées se déroulent au local de l’UPJB, 61 rue de la Victoire à 1060 Bruxelles (Saint-Gilles)

samedi 9 novembre à 10h30

Visite culturelle de la ville de Malines (voir page 22)

vendredi 15 novembre à 20h15

Gaza dans l’étau. Un témoignage et une réflexion. Conférence-débat avec Marianne Blume, membre de l’Association Belgo-Palestinienne (voir page 23)

dimanche 17 novembre à 16h

L’UPJB s’associe au Week-end du Doc (voir page 23)

club Sholem Aleichem Sauf indication contraire, les activités du club Sholem Aleichem se déroulent au local de l’UPJB tous les jeudi à 15h (Ouverture des portes à 14h30).

jeudi 7 novembre

Georges Waysand nous parlera de son parcours d’homme de sciences et de gauche. Il sera présenté par José Gotovitch, historien, professeur émérite de l’ULB (voir page 21)

Éditeur responsable : Henri Wajnblum / rue de la victoire 61 / B-1060 Bruxelles

jeudi 14 novembre

« Musiques juives de la tradition à la révolution » par André Reinitz (orchestre Krupnik), sur un texte de Willy Kalb (voir page 21)

jeudi 21 novembre

« 7 milliards d’êtres humains et après ?... » par Jean-Michel Decroly, géographe, professeur à l’ ULB (voir page 21)

jeudi 28 novembre

« Esther Kreitman » par Tessa Parzenczewski, chroniqueuse littéraire à Points critiques (voir page 21)

et aussi du 8 au 28 novembre

L’Atelier du Lundi expose au Club Amitié, 68 avenue Ducpétiaux, 1060 Bruxelles. Peintures et dessins des participants réalisés avec Dina Kathelyn. Vernissage le jeudi 7 novembre de 19h à 21h

lundi 11 novembre de 10h à 19h

How do you Jew ? Le festival Juif inattendu ! @ FLAGEY (voir page 22)

samedi 16 novembre à 19h

Prix : 2 €

Soirée-repas-concerts de soutien au CAS. Croisement rue des Coteaux – rue Van Hoorde, (Schaerbeek) (voir page 6) Les agendas sont également en ligne sur le site www.upjb.be


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.