n°296 - Points Critiques - mai 2009

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mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique mai 2009 • numéro 296

éditorial

Bureau de dépôt: 1060 Bruxelles 6 - mensuel (sauf juillet et août)

Moïse Rahmani présente ses excuses à l’UPJB

D

ans notre numéro 288 daté de septembre 2008, nous vous informions que nous avions décidé de porter plainte contre Moïse Rahmani pour injure et diffamation à l’égard de l’UPJB. Le fond de l’affaire ? Une carte blanche que nous avions publiée dans Le Soir daté du 14 mai et intitulée : « Des Juifs de Belgique ne célèbrent pas le 60e anniversaire de l’État d’Israël». Nous la concluions en ces termes : « Il est grand temps que la communauté internationale (...) ne se contente plus de belles paroles pour faire aboutir le second volet du plan de partage. Ce n’est qu’à cette condition que nous célébrerons l’anniversaire de l’État d’Israël, en même temps que le premier de

l’État palestinien, deux États dont tous les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique, devront jouir des mêmes droits. » Le même jour, Moïse Rahmani, personnalité en vue de la communauté juive et fondateur de l’Institut séfarade européen, se fendait d’un texte au picrate sur le site sefarad.org, intitulé « Les faussaires de l’histoire ». S’il s’était limité à la réfutation de notre argumentaire, nous n’aurions évidemment rien trouvé là d’offensant. La liberté d’expression n’est pas un vain mot pour nous tant qu’elle reste dans les limites de la correction. S’il s’était contenté de nous traiter d’« hurluberlus » et de « braillards », nous aurions réagi par un haussement d’épaules et lui aurions sans doute répondu avec l’ironie qui seyait

BELGIQUE-BELGIE P.P. 1060 Bruxelles 6 1/1511

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sommaire

éditorial ➜

éditorial

1 Moïse Rahmani présente ses excuses à l’UPJB..................................................

israël-palestine

4 Israël, un triumvirat pyromane...... ......................................... Henri Wajnblum

lire

6 Entre polar et politique-fiction...... .................................Tessa Parzenczewski

regarder

8 Welcome. Un film de salubrité publique ................................ Henri Wajnblum

diasporas

10 La Pologne et son travail de mémoire ............................... Roland Baumann

yiddish ? yiddish !

! widYi ? widYi

12 Hebreishe oysyes - Caractères hébraïques ... .........................Willy Estersohn

humeurs judéo-flamandes

14 Il y a communication et communication ..................................Anne Gielczyk

le regard 16 Le troisième enjeu des deux scrutins du 7 juin ..................... Léon Liebmann

cultes et laïcité

18 Le pape au parlement .......................................................... Caroline Sägesser

réfléchir

20 Otan y a voir été ................................................................ Youri Lou Vertongen 22

activités upjb jeunes

24 Le Bal du 21 mars 2009 .......................................................................................

hommage

26 David Lachman........................................ Johannes Blum et Adolphe Grégoire 28

les agendas

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à ce type d’outrance. Mais il ne s’est pas contenté de cela. Notre sang n’a en effet fait qu’un tour lorsque, poursuivant notre lecture, nous avons lu : « Qui sont ces quelques braillards sinon des Juifs honteux, emplis de haine de soi, dignes successeurs des Judenraat et des collaborateurs. Collaborateur, judenraat sont des mots lourds de sens mais comment qualifier autrement ceux qui se font les alliés des terroristes (...)». C’en était évidemment trop. Outre le fait que nous ne sommes en aucune manière honteux d’être Juifs et moins encore emplis de haine de nous ; que nous défions quiconque de nous avoir pris à un moment quelconque en flagrant délit de justifier ou de défendre le terrorisme d’où ou de qui il émane, ce sont ces accusations infamantes de « dignes successeurs des Judenraat et des collaborateurs » qui nous ont décidés à porter plainte. Cette plainte ne visait pas à obtenir une quelconque réparation financière, mais un jugement dont nous exigions qu’il soit publié sur le site de Moïse Rahmani, ainsi que dans les revues Regards, le mensuel du CCLJ et dans Contact J, celui du Cercle Ben Gourion. S’en sont suivis plusieurs échanges entre nos avocats respectifs desquels il est clairement ressorti que Moïse Rahmani préférait aboutir à un accord à l’amiable plutôt que de nous affronter devant un juge. À cela,


nous n’avons vu aucun inconvénient du moment que nos exigences de publication soient rencontrées et que le texte d’excuses que nous lui demandions nous agrée. C’est aujourd’hui chose fai-

te. Moïse Rahmani a en effet publié une mise au point sur le site sefarad.org (cliquez sur Moïse et ensuite, dans les rubriques, et sur les archives de la liste Belsef), ainsi qu’un communiqué sur

un quart de page dans Regards n°685 daté d’avril 2009, page 45, et un même quart de page dans Contact J n° 224 également daté d’avril, page 31. En voici la teneur :

MISE AU POINT CONCERNANT L’UPJB Dans une réponse à la carte parue dans le soir du 14 mai 2008 « Des juifs de Belgique ne fêtent pas les 60 ans d’Israël », j’ai vivement critiqué, par mon seul site web, la position historique de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique. Je maintiens cette critique sur le fond. Mais je reconnais avoir malencontreusement utilisé des termes tels « hurluberlus » et « braillards » et avoir eu recours à des expressions plus regrettables encore comme « collaborateurs dignes successeurs des Judenraat » et « alliés des terroristes », ce qui dépasse le cadre de la vérité historique que j’ai voulu défendre. Je suis le premier à reconnaître que nul n’a le droit d’accoler de tels termes à des Juifs. Je le regrette d’autant plus que j’ai toujours honoré les résistants juifs à l’occupation nazie, dont est issue l’UPJB, et que je m’incline devant leur combat. Mon « coup de sang » trouve son origine dans le fait que, réfugié juif d’un pays arabe, je ne pouvais admettre que mon histoire, qui reflète l’Histoire, soit occultée et remplacée par ce qui constitue à mes yeux la seule version palestinienne. C’est très naturellement que je présente publiquement mes excuses à ceux que mon texte a blessés et les informe que je l’ai spontanément retiré de mon site web. Moïse Rahmani

Nous espérons que nos membres, nos lecteurs et nos amis seront satisfaits du résultat auquel nous avons abouti. Nous avons toujours été ouverts au débat d’idées. Nous n’exigeons de personne qu’il partage nos positions sur quelque sujet que ce soit. La polémique ne

nous effraie pas et nous y sacrifions nous-mêmes dans les colonnes de Points critiques. Mais jamais nous n’avons porté d’accusations calomnieuses ou diffamatoires à l’encontre de quiconque, et nous attendons de nos interlocuteurs ou de nos adversaires qu’ils se plient aux mêmes règles

de correction. Nous ne laisserons plus jamais sans suite la moindre dérive du genre de celle à laquelle a succombé Moïse Rahmani. ■ Le Conseil d’administration de l’UPJB

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israël-palestine Israël, un triumvirat pyromane HENRI WAJNBLUM

Ils ont beau être trente-sept, trente ministres et sept sous-ministres, il n’y en a que trois qui comptent ; qui sont le nouveau gouvernement israélien à eux seuls : Benyamin Netanyahou, premier ministre, Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères et Ehoud Barak, ministre de la Défense. Un triumvirat de choc, dangereux, qui pourrait bien mettre rapidement le feu au ProcheOrient si on ne l’en empêche pas. Benyamin Netanyahou (Likoud) : Il ne veut à aucun prix entendre parler d’État palestinien aux côtés d’Israël. Ce qu’il propose c’est une « paix économique ». Vous savez ce que cela signifie ? Moi, je l’ignore. Son refus d’État palestinien ne l’empêche cependant pas d’exiger de l’Autorité palestinienne, qui n’a par ailleurs plus d’autorité que le nom, comme préalable à toute poursuite de négociations politiques, qu’elle reconnaisse Israël en tant qu’État juif. C’est ce qu’il vient en effet de déclarer à George Mitchell, l’envoyé spécial des États-Unis au Proche-Orient. Ehoud Barak (parti Travailliste) : Lui, ce qu’il voulait avant tout, c’était rester ministre de la Défense. Il y a réussi. Ça n’a pas été sans mal ; plusieurs députés travaillistes se sont violemment opposés à l’entrée du parti au gouvernement. Beaucoup de bruit pour rien cependant puisqu’il n’a pas manqué une voix travailliste pour lui voter la confiance. Politiquement, on ne sait pas très

bien ce qu’il veut… N’oublions pas qu’il avait voté contre les accords d’Oslo en 1993, et qu’il a lui-même reconnu qu’il était allé à Camp David en juillet 2000 pour démontrer qu’il n’y avait « pas de partenaire pour la paix », ce qui a provoqué l’effondrement du camp de la paix institutionnel incarné par Shalom Archav. Ce qu’on sait par contre, c’est qu’il rêve d’aller bombarder les installations nucléaires iraniennes avec les conséquences incalculables que cela pourrait avoir. Nous avons gardé Avigdor Lieberman (Israel Beiteinou) pour la bonne bouche : ce n’est pas la première fois que cet individu, viscéralement raciste, fait partie d’un gouvernement israélien. Fin 2006, il avait en effet rejoint le gouvernement Olmert-Peretz en tant que vice-premier ministre chargé des Affaires stratégiques… Le voici aujourd’hui à un niveau plus élevé encore. Et contrairement à ses deux acolytes, il sait très précisément ce qu’il veut. Avant de vous en dire plus, un conseil tout d’abord à ceux qui défendent l’idée de deux peuples pour deux États ou vice versa : qu’ils trouvent rapidement une autre formulation, parce que, sinon, Lieberman aura beau jeu de leur dire qu’ils mènent le même combat… Son programme est parfaitement clair à ce sujet : dans une interview publiée le 25 décembre 2004 sur www.hazofe.co.il , il déclarait en effet…

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« Ce que je veux c’est une vraie solution et non une solution comme celles qu’on a cherchées par le passé. Dans les accords d’Oslo I et II on a rétrocédé des territoires et on a autorisé la présence de forces militaires pour garantir le respect des engagements pris. Ce que je veux, moi, c’est un échange de territoires et d’habitants. Il faut retracer toute la région entre le Jourdain et la mer de façon à avoir les Juifs d’un côté et les Arabes de l’autre. La solution que je propose prévoit la modification des frontières de sorte à exclure de nos territoires les agglomérations des Arabes israéliens qui seraient placées sous autorité palestinienne, et à y inclure la plupart des agglomérations juives, notamment celles du Triangle qui seraient placées sous souveraineté israélienne ». Deux États ethniquement homogènes pour parler en termes diplomatiques, voilà le credo de Lieberman qu’il n’a cessé de répéter tout au long de la dernière campagne électorale et qui l’a propulsé au troisième rang en importance des partis politiques israéliens

L’UE TOUJOURS AUX ABONNÉS ABSENTS ? En novembre 2006, peu avant son entrée dans le gouvernement Olmert-Peretz, un député européen avait posé la question de savoir si l’UE imposerait des sanctions à Israël au cas où Avigdor Lieberman, rejoindrait le


gouvernement Olmert-Peretz, à quoi Cristina Gallach, porte-parole de Javier Solana, avait répondu : « Vous comprendrez que nous ne pouvons pas nous immiscer dans la constitution d’un gouvernement étranger. C’est là une matière dont seul l’État concerné est responsable ». Nous écrivions alors, dans Points critiques daté de décembre 2006, quelques mois après la constitution d’un gouvernement palestinien dirigé par le Hamas et aussitôt boycotté par l’Union européenne et par les États-unis… « Si nous comprenons bien, l’UE considère qu’elle n’a pas le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un État comme l’est l’État d’Israël, mais qu’elle peut parfaitement le faire dans celles d’un non-État comme l’est le nonÉtat de Palestine. Peu lui importe que si Gaza et la Cisjordanie ne constituent toujours pas un État, c’est uniquement parce qu’Israël n’en veut pas ». La question posée alors à Javier Solana est plus d’actualité que jamais. Gageons cependant qu’avant de prendre position, l’UE attendra celle qu’adoptera la nouvelle administration américaine. Celle-ci, jusqu’à présent, s’est contentée de rappeler, énergiquement il est vrai, qu’Israël restait lié par la Feuille de route et par les décisions du Sommet d’Annapolis. Ce n’est pas vraiment de nature à nous rendre espoir. Ces deux paramètres ne correspondent plus du tout à la réalité sur le terrain. Plus intéressante est la déclaration de Barack Obama selon laquelle il inclurait dans sa politique

proche-orientale l’Initiative de paix arabe. Initiative à laquelle, rappelons le, nous avons consacré une journée de réflexion de haut niveau le 20 décembre dernier qui, malheureusement, a été occultée par l’agression israélienne sur Gaza intervenue quelque jours plus tard. Nous avons hâte que Barack Obama précise ses intentions.

LA GAUCHE ? QUELLE GAUCHE ?

Les trente ministres du nouveau gouvernement israélien. Source : Ha’aretz

En attendant, la Knesset se retrouve avec une forte coalition de droite extrême, la présence travailliste n’y changeant strictement rien, et une opposition audible réduite à Kadima (droite), 28 députés, et au Meretz (centre gauche), 3 députés. Attendez avant de hurler… J’ai parlé d’opposition audible… Parce que personne en Israël, ni la presse (juive), ni les politiques (juifs), ni le public (juif), ne prête la moindre attention aux 11 députés arabes, un de plus que dans la Knesset précédente… Lorsqu’on fait le décompte, dans les milieux précités, de l’importance de la gauche, on en arrive toujours à 16 dépu-

tés : 13 travaillistes (sic) et 3 députés Meretz. Or, la plupart des élus sur les listes arabes sont de gauche. Cela en dit long sur le sens que le public juif israélien donne au mot démocratie. L’amer constat que l’on est contraint de faire aujourd’hui, c’est que l’option à deux États démocratiques dans lesquels les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique, seraient égaux en droit, a du plomb très lourd dans l’aile. Or, en dehors de cette solution, c’est l’aventure assurée, une aventure dramatique vers laquelle semble se diriger sans états d’âme ce triumvirat pyromane. ■

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lire Entre polar et politique-fiction. Yiddishland en Alaska TESSA PARZENCZEWSKI

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t si… Et si à l’été 1948, les armées arabes avaient gagné et mis fin ainsi à l’existence de l’État d’Israël à peine né ? C’est le scénario qu’imagine Michael Chabon. S’inspirant d’une idée envisagée par Roosevelt dans les années quarante, accueillir les Juifs fuyant l’Europe en Alaska, Chabon prend l’hypothèse à la lettre et nous emmène dans un délire vertigineux. Après la défaite d’Israël, deux millions de Juifs se sont installés en Alaska. La langue officielle est le yiddish. Un Israël à l’envers, en quelque sorte. Au centre de l’intrigue, un meurtre commis dans un hôtel minable du district de Sitka. La victime, un drogué joueur d’échecs. Deux policiers enquêtent, Meyer Landsman et Berko Shemets. Et comme souvent dans les polars, la vie intime des policiers se mêle aux méandres de l’enquête. Et le crime, qui semblait banal, mène à des ramifications inattendues, où la religion côtoie des intérêts d’État, où s’ourdissent des complots délirants, et où pointe encore le rêve de la Terre promise. Dans des paysages sinistres et glauques, Michael Chabon campe

une faune qui semble tout droit sortie du shtetl. Mais ce n’est qu’un leurre. Ici les chapeaux noirs, les rabbins et leurs disciples, s’adonnent à des activités pas très casher, comme une quelconque maffia. Sans parler des redoutables Verbovers, secte venue d’Ukraine. De temps en temps, apparaissent quelques autochtones, ces Indiens Tilingit, qui attendent la rétrocession de leur terre, car rien n’est éternel… Écrit dans une langue imagée, qui charrie le pire et le meilleur, des pépites mais également quelques lourdeurs, le récit est émaillé de mots yiddish mais laisse aussi la place à un argot, du yiddish détourné, particulièrement savoureux. Quant à l’idée initiale, audelà du jeu, elle ouvre une cascade de réflexions, selon nos rêves ou nos cauchemars. Né en 1963 à Washington, Michael Chabon est l’auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles dont Des garçons épatants (Robert Laffont, 1995) et La Solution finale (Robert Laffont 2007). Il a reçu le prix Pulitzer pour Les Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay (Robert Laffont 2003). Le Club des policiers yiddish a reçu le prix Hugo 2008. ■

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Michael Chabon Le Club des policiers yiddish Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle. D. Philippe Robert Laffont « Pavillons » 482 p., 23,65 EURO


Communiqué de presse du 7 avril 2009 Un « Livre Événement » pour commémorer le 15ème anniversaire du génocide des Tutsi Mouvement IBUKA - Mémoire et Justice, Belgique Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie - MRAX Le 7 avril 1994, débuta le génocide des Tutsi au Rwanda (avril-juin 1994). La formule « N’épargnez pas les enfants ! » fut alors maintes fois répétée. En plus d’être lapidaire, elle fut pédagogique et efficace : en trois mois à peine, plus d’un million de Tutsi furent exterminés par le régime « hutu power » rwandais! Leur crime : exister comme Tutsi. Qu’est-ce qu’un génocide ? Comment le génocide des Tutsi a-t-il pu se produire dans la totale indifférence de la communauté internationale ? L’ONU est-elle responsable ? Et la Belgique ? Qui cherche aujourd’hui à nier la réalité de ce génocide ? Par quels procédés ? Faut-il pénaliser ce négationnisme ? En quoi le génocide des Tutsi est indivisible de celui des Arméniens et des Juifs ? Pourquoi faire œuvre de mémoire ? Un « livre événement » incontournable, publié aux Éditions ADEN, pour répondre à ces questions, pour en comprendre bien d’autres et pour commémorer le 15e anniversaire du génocide des Tutsi. « N’épargnez pas les enfants ! ». Mémoire d’un génocide de proximité Ouvrage collectif sous la direction de Radouane BOUHLAL, Président du MRAX Placide KALISA, Président honoraire d’IBUKA

Mercredi 8 avril 2009

Appel urgent à un soutien médical pour les occupants du hall des sports de l’ULB

HELP, URGENCE !!! 280 occupants du hall des sports de l’ULB ont entamé une grève de la faim il y a 40 jours (le 27 février). Ils n’ont aucun soutien médical et toujours pas de prise en charge AMU. Leur situation devient catastrophique. Àpres 40 jours de grève de la faim, et pour certains plusieurs jours de grève de la soif, ils sont actuellement dans la « période à risque ». Cela ne se passe ni au Darfour, ni en Palestine ni au Tibet ; nous ne comparons pas ceci avec cela, et la situation est évidemment plus dramatique dans d’autres parties du monde. Mais ceci se passe au cœur de l’(encore) riche Europe, quasi sous nos yeux, chez nous. Nous pouvons être concrets et faire peut-être oeuvre plus utile que de signer une pétition. Vous êtes médecins, psychiatres/ ologues ou infirmiers/ères ? 1 à 2 heures par semaine seraient déjà un apport important. Des bonnes volontés pour une administration sommaire seraient aussi bienvenues. Si vous n’êtes pas professionnels de la santé, parlez-en à vos amis médecins, infirmiers, aides soignants et venez sur place rendre visite aux occupants qui, totalement abandonnés par les pouvoirs politiques, n’ont plus d’autre choix que de se laisser mourir. Des vies sont en jeu. http://cas-ulb.over-blog.org/article-30028417.html” \o “Appel urgent à un soutien médical pour les occupants du hall des sports de l’ULB”

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regarder Welcome. Un film de salubrité publique HENRI WAJNBLUM

N

ous sommes à Calais, une ville où survivent péniblement, grâce à l’aide de bénévoles, des illégaux, originaires d’Irak, d’Afghanistan, de Somalie, d’Érythrée… Leur seul rêve est de passer en Angleterre pour rejoindre des membres de leurs communautés respectives, trouver du travail et envoyer un peu d’argent à leurs proches restés au pays. Mais pour cela ils ont besoin de passeurs et de 500 euro pour avoir le droit de se faufiler dans un camion. Nous assistons à l’arrivée de Bilal, un adolescent originaire du Kurdistan irakien. Lui, ce n’est pas tant l’idée de trouver du travail outre-Manche qui le pousse, mais celle de rejoindre la jeune fille qu’il aime. Il se joint à un groupe qui a trouvé un passeur. Mais les contrôles sont extrêmement sévères ; les policiers disposent de détecteurs de CO2 pour, précisément, détecter des présences humaines dans les camions. Pour déjouer ces contrôles, les candidats au passage sont obligés de se couvrir la tête de sacs-poubelles afin d’y maintenir enfermé le CO2 qu’ils exhalent. L’opération va échouer à cause de Bilal qui étouffe littéralement sous son sac-poubelle et qui se l’arrache au moment où le contrôle bat son plein. Il faut dire que Bilal a déjà payé un lourd tribut au sac-poubelle ; lorsqu’il a quitté l’Irak, il

a été arrêté en Turquie, jeté au trou et, régulièrement, durant huit jours, on lui a mis un sac-poubelle sur la tête au point que la simple vue de ce morceau de plastique le fait suffoquer. Voilà donc nos candidats à la traversée revenus à leur point de départ, chacun plus pauvre de 500 euro. Bilal sait désormais qu’il n’a aucune chance de pouvoir effectuer la traversée dans un camion. Et c’est alors que germe en lui une idée folle : traverser à la nage les 32 km qui le séparent de son Eldorado. Mais encore faudraitil qu’il sache nager. Il commence donc par aller à la piscine et y rencontre Simon, un maître-nageur, ancien champion, qui fait son métier machinalement, plongé dans ses problèmes personnels : principalement la rupture avec sa femme dont il ne se remet pas, sa femme qui fait partie de ce groupe de bénévoles qui sert des repas aux illégaux le long du port. Rien ne prédispose Simon à s’intéresser au sort de Bilal dont il devine néanmoins les motivations qui le poussent à nager et à nager encore. Et pourtant, petit à petit, Simon va faire bien plus que

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lui apprendre à nager : il va l’héberger, l’entraîner comme un forcené… Bref, il va tout simplement le préparer à traverser la Manche. Et de ce fait, verser dans l’illégalité la plus totale car la loi française stipule que « toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison » ! Quand sa femme lui demande pourquoi il fait cela, il lui répond qu’il ne sait pas, mais en fait il sait et il se dévoile lorsque, songeant au jour où elle l’a quitté, il lui dit « quand je pense que je n’ai même pas eu le courage de traverser la rue pour te rattraper… ». Cette fois, en prenant conscience, à travers Bilal, de ce qui se passe à deux pas de chez lui, de la violence dont les forces de l’«ordre» font preuve à


l’encontre des illégaux, de l’indifférence générale et même de la délation, ce sont tous les interdits qu’il va avoir le courage de transgresser. Ne vous attendez pas à un happy end, c’aurait été hors de mise car c’est rarement ce qui arrive aux sans papiers, que ce soit en France ou ailleurs, chez nous en l’occurrence. Avec Welcome, Philippe Lioret a réalisé un film de salubrité publique. Pas un film militant, mais un film de militant, et en même temps, un film grand public qui ne pourra laisser personne, parmi ceux qui l’auront vu, et ils sont déjà fort nombreux, indifférents au sort de ceux qui, poussés par la misère économique ou morale, par l’insécurité qui règne dans leurs pays d’origine, viennent vers nous pour trouver un peu de mieux-être.

UNE POLÉMIQUE TRÈS POLITIQUE Dès sa sortie, Welcome a suscité une polémique venue d’où on ne l’attendait pas, mais peut-être aurait-on dû s’y attendre. C’est en effet le ministre français de l’Immigration, Éric Besson, anciennement socialiste et aujourd’hui sarkozyste convaincu, qui l’a provoquée. Lors d’une avant-première à Douai, Philippe Lioret avait en effet exprimé sa colère, relayée par La Voix du Nord… « Ça m’a tellement scié de voir ça. De voir qu’un brave mec, d’un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu’il peut aller en taule. C’est dingue. J’ai l’impression qu’on est en 1943 et qu’on a planqué un Juif dans la cave. » À quoi Éric Besson réagissait sur RTL : « Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggé-

rer que la police française, c’est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu’ils sont l’objet de rafles, etc., c’est insupportable. » Et c’est dans Le Monde que Philippe Lioret lui a vertement répliqué : « Sachez qu’en l’occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d’hommes et de femmes face à cette répression. Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu’illustrer ce genre de fait divers. La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l’égaler et c’est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu’aujourd’hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C’est cela que vous devriez trouver inacceptable ». Il n’en a pas fallu plus pour remplir les salles, ce à quoi Éric Besson ne s’était certainement pas attendu, sinon il se serait sagement abstenu de chercher noise à Philippe Lioret..

ET CHEZ NOUS ? Quelqu’un pourrait-il être poursuivi pour avoir aidé une personne en séjour illégal ? Non mais oui. En effet, « les personnes qui offrent aide ou assistance aux étrangers pour des motifs purement humanitaires » ne sont en principe pas passibles de poursuites pénales. Le sont par contre les personnes qui, « sciemment, offrent une as-

sistance aux étrangers pour entrer illégalement sur le territoire belge ou le territoire Schengen ». Ainsi, lorsque, à l’UPJB, nous avons accueilli et hébergé, durant six semaines, 35 Indiens désireux, tout comme Bilal, de rejoindre l’Angleterre, nous ne risquions pas d’être embarqués par la police. Mais imaginez un instant que certains de nos invités, se rendant compte que le passage était par trop aléatoire, nous aient fait part de leur désir de rejoindre des amis à Paris, Amsterdam ou Francfort et que l’un, ou plusieurs, d’entre nous les y ait conduits par simple solidarité, il serait immédiatement passé dans la catégorie des passeurs et aurait été passible des foudres de la justice. Quoi qu’il en soit, chez nous comme en France, on assiste à une véritable tentative de discréditation de la solidarité. N’est-ce pas notre ministre de la non assistance à personnes en détresse, Annemie Turtelboom, qui, lorsque des illégaux ont commencé à entamer des grèves de la faim, a accusé les associations de soutien aux sans papiers de les y pousser, alors que celles-ci avaient au contraire tenté de les en dissuader, même si elles ne s’en sont pas désolidarisées ? Et n’est-ce pas cette même ministre qui nous promet une circulaire depuis plus d’un an ? Mais c’est tellement plus simple sans… Puisque cela permet à l’Office des étrangers d’expulser à sa guise des familles qui seraient parfaitement régularisables si cette circulaire avait vu le jour. Courez voir, ou même revoir Welcome. Parlez-en autour de vous. C’est un film qui ébranle notre bonne conscience. ■

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diasporas La Pologne et son travail de mémoire ROLAND BAUMANN

L

e premier avril dernier, à Bruxelles, au Parlement européen, une exposition temporaire sur l’histoire des Juifs polonais était inaugurée par Marek Siwiec, vice-président du parlement européen, et député socialiste, membre de l’Alliance de la gauche démocratique (Sojusz Lewicy Demokratycznej, SLD). Singulière manifestation d’unité nationale autour de la mémoire juive polonaise ? L’initiateur de cette exposition, Ryszard Czarnecki est un parlementaire du parti conservateur Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwosc, PiS), élu au parlement européen en 2004, à Wrocław, sur la liste du parti populiste Samoobrona, (Autodéfense). Pour cet homme de droite, il faut montrer que les Juifs polonais font intégralement partie de l’histoire de la Pologne et faire connaître leur histoire aux Européens de l’Ouest, qui, en général ne savent rien de l’histoire polonaise ! Eleonora Bergman, directrice de l’Institut Historique Juif, chargé de la réalisation de l’exposition, précise : « L’an dernier, Ryszard Czarnecki nous a proposé de monter cette exposition au Parlement européen. La difficulté a été de sélectionner quelques thèmes représentant plus d’un millénaire d’histoire juive en Pologne. Nous avons choisi la notion de

« journée » , [l’anglais journey : voyage, parcours, périple] comme fil rouge de l’exposition. Comme le dit son titre, They came to stay : Polish Jews, les Juifs sont venus en Pologne pour s’y établir, devenant une composante majeure de la société polonaise. Nous avons donc voulu placer l’accent sur les contributions juives à l’histoire nationale et à la culture mondiale. Nous évoquons ensuite le contexte historique du large mouvement de population qui, à partir de la fin du dix-neuvième siècle pousse les Juifs polonais à émigrer en masse vers l’Ouest et les Amériques. Nous documentons aussi la prodigieuse vitalité culturelle du judaïsme polonais dans l’entre-deux-guerres. Un monde englouti par la Shoah et dont la mémoire est ensuite volontairement occultée en Pologne communiste que la plupart des survivants fuient ou d’où ils sont forcés d’émigrer, en 1968...» L’exposition est le fruit du travail de Robert Lewandowski et Olga Zienkiewiecz. Cette dernière précise : « Nous évoquons l’arrivée des Juifs, liée au commerce médiéval et aux persécutions qu’ils subissent en Europe de l’Ouest, l’autonomie juridique dont ils jouissent sous la protection royale : en 1264 le roi Boleslas le Pieux accorde à la communauté juive de Kalisz un statut inspiré des droits des Juifs

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du Saint-Empire germanique leur assurant la liberté de culte et de commerce. Cet acte fondateur assure l’essor du judaïsme en terres polonaises. L’exposition se concentre sur les temps modernes : le shtetl, les métiers caractéristiques, les synagogues en bois. Nous illustrons aussi la vie juive dans la ville moderne, à Varsovie, à Lodz, l’essor des clubs sportifs juifs, l’explosion de la presse yiddish. Nous mettons en valeur de grandes figures historiques : Elimelech, le Baal Shem Tov, mais aussi Berek Joselewicz, héros des luttes pour l’indépendance de la Pologne, Israel Poznanski, artisan du développement industriel à Lodz, le banquier Jean de Bloch, auteur pacifiste de La guerre future, Henryk Berlewi, artiste d’avant-garde, formé à Anvers et associé à la renaissance culturelle yiddish. Nous terminons par des images de la renaissance de la vie juive après 1989 et de l’intérêt croissant de nombreux polonais pour l’histoire et le patrimoine juifs en Pologne, lors du festival annuel de culture de Cracovie, dans la restauration de cimetières juifs, etc. » Notons qu’en 1994-1996, Ryszard Czarnecki était président de l’ Union chrétienne nationale (Zjednoczenie Chrzescijansko-Narodowe, ZChN), parti de la droite nationale-catholique. Absorbé en 2007 par la Ligue des


Exposition sur l’histoire des Juifs Polonais. Panneau consacré à la presse yiddish. Photo Roland Baumann

familles polonaises (Liga Polskich Rodzin, LPR), ce parti a été présidé en 2002-2006 par Jerzy Kropiwnicki, maire (« président ») de la ville de Lodz depuis 2002, lui aussi investi aujourd’hui par PiS (Droit et Justice). Or, c’est ce maire « national-catholique » qui a soutenu, en 2004, l’organisation d’un important programme de commémorations du soixantième anniversaire de la liquidation du ghetto de Lodz, puis la création, en 2005, du mémorial à la gare de Radegast, lieu de déportation des Juifs de Lodz en 42-44, jusqu’alors tout a fait oublié et négligé par les autorités polonaises. Kropiwnicki a été réélu à la présidence de Lodz en 2006 ! Dans La fin de l’innocence, Jean-Yves Potel analyse ce cas et conclut : « On sent dans ce geste la nécessité pour la société polonaise d’aujourd’hui, et pas

seulement pour la jeune génération, de reconstruire son histoire, de retrouver un récit cohérent avec un projet de société ouverte, pluraliste et libérale, alors qu’il y a à peine soixante ans elle était témoin de ce crime. » (p.140). Potel nous offre un panorama lucide et honnête de l’imposant travail de mémoire accompli en Pologne depuis l’affaire Jedwabne en 2001 et le débat national suscité alors par la publication du livre de Jan Gross sur ce « pogrom oublié » commis à l’été 1941 par les habitants polonais d’un shtetl de l’Est de la Pologne contre leurs voisins juifs. Juifs et Polonais 1939-2008, édité sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, donne un aperçu des travaux récents de « nouveaux historiens » polonais qui, depuis l’avènement de la démocratie, sont de plus en

plus nombreux à porter leurs regards sur les pages obscures de l’histoire nationale. Délation, chantage, solitude des Justes, assassinats des survivants du génocide après la guerre, antisémitisme en Pologne communiste, cet ouvrage collectif nous fait entrevoir l’intensité des débats publics et historiographiques qui agitent la Pologne ces dernières années et, comme le livre de Potel, montre la réalité du travail de la société polonaise sur ellemême et son passé. ■

Jean-Yves Potel, La fin de l’innocence. La Pologne face à son passé juif, Éditions Autrement (Coll. Frontières), 2009. Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka (éds.), Juifs et Polonais 1939-2008, Éditions Albin Michel (Bibliothèque Histoire), 2009.

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ANNE GIELCZYK

Il y a communication et communication

J

e reviens d’une semaine de vacances à la montagne. Ça m’a complètement vidé la tête. Ça m’a tellement vidé la tête que je ne vois pas très bien à vrai dire de quoi je vais bien pouvoir vous entretenir. Je peux vous dire qu’il s’agissait d’un voyage d’agrément et pas d’une mission et que ça m’a coûté 491 euros. Tout compris : voyage en bus aller-retour et avec séance de cinéma en prime (Fantomas à l’aller, Rabbi Jacob au retour), sans oublier le logement, le ski, la neige, l’air pur, le ciel étoilé et la raclette. Bon, ce n’est pas donné, mais ça vaut le coup. D’ailleurs il n’y avait pas que nous, c’était plein de Belges là-haut, Wallons et Flamands, à croire qu’il n’y a pas de crise chez nous hein dites. Pendant que nous nous égaillions joyeusement sur les pistes de ski savoyardes, le Bureau du Parlement wallon présidé par José Happart est parti lui en Californie. Ils sont allés étudier le fédéralisme à l’américaine. Avec travaux pratiques le long du Grand Canyon. Comme le dit Van Cau, secrétaire dudit Bureau, un voyage « intéressant et sans luxe excessif ». Un petit

80.000 euro. C’est beaucoup je trouve pour un voyage sans luxe excessif. Mais bon c’était all inclusive et puis il y avait également les épouses des membres de la délégation (elles aussi étaient très curieuses d’étudier de près le fédéralisme américain), et pour aller en Californie, on ne peut déjà pas prendre le bus, donc forcément l’avion, ça coûte plus cher, surtout en classe business. Sur place, les distances étant quand même assez grandes, rebelote, il faut prendre l’avion. Dans ces conditions-là, la note monte vite et l’empreinte écologique itou. Hum, pas bon tout ça. Enfin, heureusement que c’était intéressant. Intéressant mais tout en anglais quand même. Donc il a fallu prévoir des interprètes. Comme le dit Van Cau, « faut pas pousser quand même ». Ben non, on ne va pas exiger qu’Happart comprenne l’anglais maintenant ! Tout le monde ne peut pas être polyglotte comme le pape. Et puis à quoi ça sert d’être polyglotte, je vous le demande, si c’est pour dire des conneries ? Enfin ce n’était pas vraiment des conneries, il s’agirait plutôt d’un problème de communication.

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Ce genre de problème, on ne l’a pas avec un Happart par exemple, lui il dit clairement et en français, « si c’était moi je ne rembourserais pas un sou de ce voyage ».

T

andis que Benoît XVI, lui il répond en italien à une question en français alors qu’il est allemand. Les journalistes n’ont sans doute pas bien compris, surtout que ça se passait dans un avion et qu’avec le bruit des moteurs et quelques trous d’air, on a vite raté une nuance. Et lui, c’est un intellectuel, il s’exprime de façon nuancée. Le Vatican est formel, il n’a pas dit que le port du préservatif aggravait le problème du SIDA, il a dit « on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, ils augmentent le problème. »1 Alors vous pensez, quelle n’a pas été sa « stupéfaction » quand il a appris que le Parlement belge avait condamné ses propos. Il a été « frappé de stupéfaction » a déclaré Frederico Lombardi son directeur de communication, dans une interview à Radio Vatican. Voilà une image qui


“ Le site papal, ça c’est de la com ! ”

parle, une parole qui porte. On l’imagine bien, le soir devant un frugal repas, écoutant d’une oreille distraite les nouvelles à la radio, quand tout à coup la nouvelle tombe : « Le Parlement belge a adopté jeudi par 95 oui, 18 non (VB) et 7 abstentions (LDD et N-VA) la proposition de résolution « demandant au gouvernement belge de condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique, et de protester officiellement auprès du Saint-Siège ». C’était comme si la foudre lui tombait dessus, il est resté le bras suspendu, cuiller de soupe en main, yeux écarquillés, tétanisé, tout pâle. Il était scié le Pape. Frappé de stupéfaction. Et puis quand il a repris ses esprits il a appelé son directeur de communication qui a mobilisé les 18 personnes de son service presse, qui ont rédigé un communiqué de presse envoyé illico presto urbi et orbem. Ensuite le directeur

de communication s’est fait interviewer à Radio Vatican pour annoncer au monde que le pape avait été « frappé de stupéfaction ».

Ç

a, c’est de la communication ! D’ailleurs en matière de com, ça va chauffer dans les semaines qui viennent. Faut qu’on se remette un peu à jour les amis. Finies les vacances. Le 7 juin, il va falloir voter. Leterme et Verhofstadt ont déjà fait leur comeback, terug van weggeweest comme on dit chez eux. Rentrée totalement ratée pour Leterme et très réussie pour Verhofstadt. Nouvelles lunettes, cheveux au vent, une valise pleine de littérature latino, un livre sur l’Europe, des projets avec Justine, des interviews dans tous les journaux et sur tous les plateaux télé qui comptent, un film très réussi tourné par une jeune femme dans les coulisses du 11 rue de la loi durant sa

dernière année mouvementée de « règne ». BHL, version flamande en quelque sorte, mais sans la chemise ouverte. Leterme par contre, ressemble de plus en plus à lui-même, crispé, méfiant, rancunier, la bouche de travers et le teint terne. Il est grand temps qu’il se reprenne car sinon ses 800.000 voix subiront le même sort que les actions de Fortis en 2008 et m’est avis qu’elles non plus, ne remonteront plus jamais. ■

Texte officiel de la conférence de presse aérienne diffusé par le Vatican http:// www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/ speeches/2009/march/documents/ hf_ben-xvi_spe_20090317_africa-interview_fr.html” http://www.vatican.va/ holy_father/benedict_xvi/speeches/2009/ march/documents/hf_ben-xvi_spe_ 20090317_africa-interview_fr.html).

1

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LE

DE LÉON LIEBMANN

Le troisième enjeu des deux scrutins du 7 juin

U

ne campagne électorale fort terne qui s’approche de son terme dans l’indifférence quasi-générale : telle est la morne et décevante impression qui s’en dégage. Elle risque cependant de déboucher sur une profonde recomposition du paysage politique belge dans la perspective d’une autre consultation du corps électoral, celle-là sur le plan fédéral. Fixée en juin 2011, elle pourrait être anticipée en cas de crise gouvernementale qui s’ouvrirait précisément dans ce but, ce que les observateurs les plus avertis sont loin d’exclure. Tout cela, exprimé de façon aussi abrupte, peut paraître purement conjoncturel, voire même utopique. Je me propose dès lors d’étayer et de justifier mon propos pour que vous puissiez juger de sa teneur et de sa pertinence. Faisons tout d’abord un sort aux élections européennes auxquelles nous sommes conviés le 7 juin prochain. Sur les 750 députés qui composeront le Parlement européen, notre pays en élira 22 (au lieu de 24 précédemment), dont 13 Flamands, 8 francophones et un germanophone. Ces seuls

chiffres révèlent le faible poids que représenteront nos députés et l’importance - osons le mot - secondaire du rôle qu’ils pourront jouer dans une assemblée où sont regroupées les grandes familles politiques européennes. S’agissant plus particulièrement de « nos » députés européens francophones, on pronostique généralement qu’ils seront 3 socialistes, 3 MR, un ECOLO et un CDH, score confirmé par tous les sondages les plus récents. Le très relatif suspense qui subsiste porte sur les places (premier, deuxième, etc...) qu’obtiendront les partis en compétition (le MR dépasserat-il le PS ou inversement ? Les ECOLOS précéderont ou suivront-ils le CDH ?) et le nombre des votes nominatifs qui se porteront sur les « ténors »... et les « premières soprani » des listes en présence, test de popularité « grandeur nature », dont se délecteront les mieux pourvus. La course aux voix et aux sièges sera beaucoup plus disputée en région flamande où deux partis - le CD&V et l’Open VLD - se disputeront (tout comme pour les élections régionales sur lesquelles nous reviendrons) la première place « toutes tendances confondues » et deux autres

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partis - la Lijst De Decker et le Vlaams Belang - la première place parmi les partis ultranationalistes. Dans ces deux cas, les premiers nommés font nettement figure de favoris.

L

’intérêt intrinsèque des élections régionales, est bien sûr, infiniment plus grand : la composition des parlements régionaux pèsera, en effet, ,beaucoup plus dans la balance lorsqu’il s’agira de former les trois gouvernements régionaux. La majorité gouvernementale qui dirigera la région flamande est aisément prévisible : elle restera inchangée (CD&V, Open VLD et SP.A) et cela pour deux raisons. D’une part, l’existence du « cordon sanitaire » tendu par les partis démocratiques à l’encontre de leurs adversaires extrémistes et, d’autre part, la poussée de ces partis que tous les sondages accréditent de nettement plus de 35% des voix et le dernier en date même de 38,4% ! Le sérieux tassement des partis de l’actuelle majorité empêchera en tout état de cause la formation d’un gouvernement bipartite qui ne pourrait, sauf en les regroupant tous les trois, s’assurer une majorité parlementaire, fût-elle réduite à sa plus simple expression.


L

es jeux sont un peu plus ouverts dans la région bilingue de BruxellesCapitale. Si la première place semble devoir revenir au MR, en revanche il est plus que problématique que ce parti puisse diriger une majorité dont ne ferait pas partie le PS. Tout au contraire, on prévoit que c’est ce dernier parti qui, comme sous la présente législature, formera le gouvernement bruxellois avec ses alliés francophones actuels, ECOLO et le CDH sous la présidence de l’inusable Charles Picqué, rompu de longue date aux affaires bruxelloises. Un scénario presque identique se dessine dans la région wallonne, à une différence près : c’est le PS qui semble devoir occuper la première place au vu des derniers sondages connus. Comme à Bruxelles, les ECOLOS et le CDH paraissent plus enclins à s’allier aux socialistes qu’à procéder, avec et sous le MR, à un renversement des alliances. Si donc les résultats de ces deux scrutins devaient confirmer les prévisions des spécialistes, une lourde incertitude continuera à peser sur la direction de l’État fédéral, empêtré dans un immobilisme et une impuissance à régler les grands problèmes qui sont de sa compétence.

C’est là tout le troisième enjeu des deux scrutins du 7 juin prochain : vont-ils rendre plus « sages » et plus audacieux les partis démocratiques flamands et francophones ? Leurs dirigeants se mettront-ils enfin d’accord sur des solutions de compromis pouvant rallier une majorité parlementaire dans notre pays ? Un échec du gouvernement Van Rompuy sur le dossier communautaire et (ou) sur les problèmes financiers, économiques et sociaux auxquels est confrontée la Belgique dans un monde en pleine crise nous plongerait dans une crise politique sans précédent, dont le premier acte ne pourrait être que la convocation du corps électoral à des élections anticipées. Il est à craindre et à prévoir que les partis nationalistes flamands en tireraient parti et profit. La question ne se pose heureusement pas du côté des partis francophones où le Front National, d’extrême droite, a perdu tout crédit en raison de ses divisions internes et de ses chamailleries étalées, même devant la justice.

L

a question qui se posera - et se pose déjà - aux partis flamands, qui se présentent euxmêmes comme démocratiques,

est de savoir s’ils donneront la préférence à une coalition excluant la participation du courant hyper-nationaliste flamand et donc de chacune de ses composantes ou si l’un ou l’autre de ses partenaires actuels décidera de rompre le pacte tacite qui les lie entre eux. Au-delà de la thématique et de la phraséologie pré- et postélectorale, c’est ce choix qui sera décisif pour la pérennité ou le démembrement de l’État belge. C’est au CD&V qu’il appartiendra d’éviter ou de résoudre cette crise majeure et cela en raison du fait indiscutable qu’il sortira du scrutin du 7 juin prochain en tête des partis flamands et, partant, de l’ensemble des partis de notre pays. Pourra-t-il surmonter ses propres divisions et voudra-t-il cumuler les charges, mais aussi les avantages, de l’exercice du pouvoir dans « sa » région et au niveau de l’État fédéral ? On le voit, si le troisième enjeu des toutes prochaines élections ne sera traité qu’en dernier lieu, son importance sera capitale pour l’avenir de la Belgique. Préparons-nous y tous en pleine connaissance de cause. ■

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cultes et laïcité Le pape au Parlement CAROLINE SÄGESSER

L

a presse a largement fait écho à l’adoption par la Chambre d’une résolution qui condamne les propos tenus par le pape Benoît XVI à propos de l’inopportunité de promouvoir l’utilisation du préservatif pour lutter contre le sida. Le texte voté le 2 avril 2009 demande au gouvernement fédéral de protester par voie officielle et diplomatique, via notre ambassadeur au Saint Siège, suite aux propos tenus par Benoît XVI, « qui portent atteinte aux engagements de la communauté internationale et aux efforts de la communauté scientifique en vue de prévenir et de lutter contre la propagation du sida, notamment via des moyens de prévention dont l’efficacité est scientifiquement reconnue ». On a même entendu une demande de rappel de l’ambassadeur de Belgique au Saint Siège, ce qui n’est pas sans rappeler une autre crise, plus grave, dans les relations entre la Belgique et le Vatican. Lorsque le cabinet libéral Frère-Orban/Van Humbeek décida de laïciser l’enseignement en 1879, l’opposition de l’Église belge fut tellement violente qu’en rétorsion le cabinet décida de rompre les relations diplomatiques avec le Saint Siège en juin 1880. Mais, le paysage politique belge n’est plus du tout le même en ce début du XXIème siècle : le vieux clivage « partis chrétiens / partis laïques » s’est considérable-

ment émoussé. Les députés CD&V et cdH, bien que formulant des objections quant à la rédaction du texte proposé, s’y sont ralliés après amendement, peut-être pour ne pas donner l’impression de se joindre à l’opposition du Vlaams Belang. Ce dernier s’est en effet posé en défenseur des valeurs chrétiennes défendues par le pape, mais il a également saisi l’occasion de défendre le principe de séparation de l’Église et de l’État auquel la résolution proposée était contraire, Francis Van den Eynde déclarant même lors de la séance plénière qu’il critiquait le texte « en temps que libre penseur ». Un sentiment partagé par Bart De Wever, qui a jugé la proposition de résolution contraire à la liberté d’expression et au principe de non ingérence de l’État dans les affaires de l’Église. Non sans humour, le président de la N-VA a estimé que si, ainsi que les auteurs du texte le soutenaient, la résolution s’adressait au pape en temps que chef d’État, il fallait comprendre que son autorité de chef d’État se limitait aux habitants de la Cité du Vatican, un endroit où il croyait savoir que la problématique du sida n’était pas très aigüe... On peut remarquer qu’a contrario, JeanMarie Dedecker figurait parmi les signataires de la proposition. Cependant, in fine, lors du vote en séance plénière, il s’est abstenu, « quelques intervenants éminents ayant pu le convaincre que la sé-

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paration de l’Église et de l’État est une nécessité absolue et qu’il faut respecter la liberté d’expression, même lorsqu’il s’agit d’âneries monumentales comme les propos tenus par le pape ».

L’INDIGNATION Les députés de la majorité, plus ceux du sp.a et des partis verts, ont donc obtenu que le gouvernement dirigé par le CD&V Herman Van Rompuy, catholique pratiquant et auteur notamment du livre Het christendom : een moderne gedachte, proteste officiellement contre les propos tenus par le chef de l’Église catholique. L’événement est, au regard de l’histoire politique de la Belgique, peu banal. Il permet de mesurer toute l’importance de l’indignation suscitée par les propos du pape, et, sans doute, de l’opposition à Benoît XVI qui atteint, tant au sein du monde catholique qu’à l’extérieur de celui-ci, des proportions elles aussi inédites. À noter que si le vieux clivage catholiques/anticléricaux a disparu dans l’enceinte parlementaire, il n’en est pas de même extra muros. Après le vote de la résolution, on a vu Michel Konen, dans La Libre Belgique, railler « l’infaillibilité parlementaire », tandis que Ricardo Gutiérrez, dans Le Soir, se moquait plutôt du Vatican, selon qui « seule l’extrême droite flamande aurait compris le vrai message du pape ». Que retenir de l’adoption de cet-


te résolution à la Chambre ? On est tenté de voir, dans le soutien apporté au pape par le Vlaams Belang et par le député du FN, la confirmation d’une proximité idéologique entre l’extrême droite et le chef de l’Église catholique, qu’un autre dossier est venu confirmer, à savoir la révélation de la publication d’un texte de Benoît XVI alors qu’il n’était pas encore pape, dans la revue autrichienne Die Aula, proche de l’extrême droite, et dans laquelle auraient été publiés des articles négationnistes. Dans le vote de la résolution par les députés CD&V et cdH, on observe également la confirmation de la prise de distance de l’opinion catholique, mais aussi de l’Église belge, vis-à-vis du leadership romain, un écart qui est observé, en fait, depuis la naissance de l’État belge, mais se marque davantage depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et se creuse rapidement depuis l’accession de Ratzinger au trône papal.

LE PRINCIPE DE SÉPARATION Cependant, en tant que laïques et défenseurs d’une stricte séparation de l’Église et de l’État, on ne peut s’empêcher d’être mal à l’aise vis-à-vis de la démarche de nos parlementaires. Il est évident que c’est comme chef spirituel que le pape s’est exprimé, et non comme chef d’État, alors que c’est cette dernière qualité qui a

été mise en avant pour justifier la protestation officielle du gouvernement. La séparation des sphères politique et religieuse doit être observée de part et d’autre. Par exemple, c’est avec raison que l’on s’était offusqué, en son temps, de voir Hans-Gert Poettering, président du groupe parlementaire du PPE, (et actuel président du Parlement européen), s’excuser à Rome parce que son groupe n’avait pas réussi à inscrire une référence à Dieu dans le projet de Constitution européenne. La stupidité et l’immoralité des propos tenus par le pape justifiaient-elles que l’on foule aux pieds ce principe de séparation ? Rien n’est moins sûr, l’utilité de la démarche de protestation officielle de la Belgique restant à démontrer. En effet, c’est surtout dans les pays développés où l’autorité du pape est déjà fortement remise en cause, que les propos de Benoît XVI ont été médiatisés. Ils ne semblent pas destinés à avoir un impact sur les politiques de lutte contre le sida, y compris celles menées par des ONG d’obédience catholique. En revanche, il n’est pas certain du tout que la majorité des populations africaines à qui s’adressait ce message l’ait entendu, et il est plus que douteux que la protestation belge, elle, parvienne à leurs oreilles… Bien évidemment, on est aussi très mal à l’aise d’avoir vu la défense de ce principe de sépara-

tion de l’Église et de l’État laissée à l’extrême droite, à qui on a permis de se poser en défenseur de la libre pensée …

LE PRINCIPE DE LAÏCITÉ Nos parlementaires seraient sans doute mieux inspirés d’en revenir à un vieux projet, celui de l’inscription du principe de laïcité dans la Constitution belge, où il ne figure pas. Le seul article qui traite du sujet, en effet, enjoint à l’État de ne pas se mêler de la nomination des ministres des cultes. Rien n’est prévu pour assurer l’émancipation de l’État de la tutelle du religieux. Si aujourd’hui la sphère politique échappe très largement à l’influence de l’Église, il n’en reste pas moins que sur le plan du principe, on gagnerait certainement à affirmer clairement la séparation de l’Église et de l’État et le caractère laïque de ce dernier. Peut-on espérer que la prochaine proposition en ce sens rencontre, enfin, un écho favorable, y compris au sein des partis chrétiens ou ex-chrétiens qui se sont aujourd’hui montrés prêts à rejoindre leurs collègues « laïques » dans une condamnation du chef de l’Église catholique ? Rien n’est moins sûr. Condamner le pape, aujourd’hui, ce n’est plus guère risquer de se mettre à dos une bonne partie de l’opinion, au contraire… Défendre la laïcité de l’État, en revanche, n’est sans doute pas aussi porteur électoralement… ■

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réfléchir OTAN y avoir été YOURI LOU VERTONGEN

D

u Monde au Soir et de France 2 à Stras-TV1, il n’a rien manqué aux grands quotidiens européens pour faire mousser le spectateur-citoyen. Tous ont répercuté, dans une neutralité médiatique forcée, les poignées de mains du pont de l’Europe et les dégradations dans la banlieue strasbourgeoise du Neuhof qui accueillait le contre-sommet de l’OTAN. À l’encontre de la subjectivité journalistique, il nous semble impératif de revenir sur les faits vécus par les contre-manifestants pendant ces cinq jours de non-droit. Tant pour apporter un témoignage, que pour opérer une catharsis, Nous déchargeons, ici, les images et les sensations humiliantes. Certes, à Strasbourg du 1er au 5 avril, les manifestations sauvages se sont démultipliées, certes nous avons vu fleurir les barricades « bloquant la route et ouvrant la voie », fuser les protestations No Army et nous avons ri de voir les murs se couvrir de slogans et retrouver ainsi leur verve d’antan. Certes, dans la capitale alsacienne, en ce début de printemps, chaque téléspectateur a pu déplorer (ou cautionner) les affrontements urbains opposants les forces d’un « ordre » aux forces d’un autre. Beaucoup ont « découvert », en même temps que les chroniqueurs, le groupuscule nouvellement identifié : Black Block.

« Jeunes, cagoulés, casseurs apolitiques, trop lâches de s’attaquer à un symbole du « Bloc » capitaliste sans défense dans cette période de désuétude économique », voilà quelques qualificatifs dont les journalistes les ont affublés. N’est-ce pas un peu monolithique et simpliste pour alimenter la réflexion d’une quelconque « opinion publique »?

CRIER CE QUE LE MASS MÉDIA A TU ! Nous n’avons remarqué aucun dossier didactique pour une information objective quant à la nature et la mission de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Par exemple, rappeler qu’elle appartient à une période aujourd’hui révolue, à un moment de l’histoire où la folie de l’homme l’avait mené à s’opposer en deux blocs antagonistes. À une époque où la légitimité du « Bouclier OTAN » se fondait sur la « prévention » d’une menace de l’Est, aujourd’hui dissoute. Comprend-t-on que depuis 1989, date de la chute du Mur de Berlin, de la dissolution du Pacte de Varsovie2 et plus largement du Bloc Soviétique, le « Bouclier » s’est métamorphosé en « Epée » ? Une « Epée » qui largue ses bombes et porte la guerre au delà des frontières qu’elle était tenue de protéger. À l’origine, le Traité portait exclusivement sur la protection des frontières des pays membres et n’autorisait aucune ingérence

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à l’encontre du reste du monde. Aujourd’hui, l’OTAN est le symbole de la toute puissance militaire et de l’hégémonie occidentale qui outrepasse ses prérogatives originelles. TF1 s’est-il forcé de ne pas rapporter cette semaine encore ce que chaque jour il feint d’oublier : les images des amputés de Kandahar et des lambeaux de Kaboul ? Où sont les flashs des photographes lorsque, sous l’égide de NATO, transitent, sur le sol européen, des centaines d’armes qui alimenteront le massacre Irakien auquel Louis Michel jure ne pas contribuer ? Qui osera dénoncer cette « Alliance des Démocraties » (26 au total) qui englobe les trois plus guerrières d’entre-elles (USA, UK, France), toutes unies, agissant de manière aussi transnationale que leurs « terroristes » ?

UNE VILLE EN ÉTAT DE SIÈGE… ET DES ÊTRES QUI S’ORGANISENT ! Certains l’on fait ! Mais a-t-on assez décrit le dispositif sécuritaire censé protéger le Spectacle diplomatico-militaire des alter-mondialistes en « furie »3 ? Un Strasbourg gelé. Des barrières grillagées, signe de fermeture temporaire, masquaient la devanture de nombre de commerces. Des routes barrées par quelques 10 000 unités en uniforme, bardées de protections renforcées, de Flash Ball et de gaz lacrymogènes, régulant les artères et les trottoirs.


Ils veillaient, ils contrôlaient. Sans cesse. Plus pour afficher leur écusson galonné, pour criminaliser la moindre intention et opposer à la joie colorée de l’alter-mondialiste, la tristesse de l’homogénéité bleue dont l’agent regrette, peut-être chaque jour, d’être le modèle. Moins pour découvrir si, dans ces champs d’alternatifs, se terrait vraiment le nouveau Ben Laden. Parce que nos pattes n’étaient pas assez blanches, nos papiers pas assez plastifiés et nos yeux pas assez baissés, Nous fûmes fouillés, parfois trois fois par jour mis à genoux, les mains sur la tête, parfois pendant des heures. À-t-on fait état de ces scènes d’humiliation subies par les militants ? De la confrontation de la tête pleine de rêve contre la tête casquée d’obéissance ? De la consolidation de la pratique Big Brother, renforçant la surveillance télévisuelle de 600 unités ? Qui n’a pas éprouvé le rugissement des six hélicoptères frôlant le village autonome 24h/24, imposant le climat de guerre à des êtres qui la rejettent en bloc ? Faut-il expliquer au monde que les « politiques d’exception » que créent chaque jour l’obsolescence mondiale sont dignes d’une Babylone autoritaire ? Enfin, où étaient les caméras de télévision lorsqu’il s’agissait de saluer l’autogestion des quelques 5000 activistes s’organisant en parallèle de la Machine Ca-

pitaliste en perdition ? Assurant son existence embryonnaire et sa pérennité, repensant en quasi autarcie les frontières de l’existence, de l’utile et de l’agréable, du superflu et de l’offensant, des êtres créaient le germe d’un monde à venir, à deux pas des Sourires grimaçants du Vieux Monde, ceux de Sarko, du Duce italien et de la révolution Obama. Que faisaient les pigistes lorsqu’il fallait décrier l’autodafé de centaines de tracts et journaux brûlés, la confiscation des drapeaux PEACE déchiquetés par la prévôté française et la mortification subie par les centaines de pacifistes, forcés à l’immobilité, à subir les mains baladeuses gantées et conditionnés au « Merci » une fois le palpation terminée ? À Strasbourg, la confiscation de l’expression s’est matérialisée dans la répression policière. Nous témoignons de nos bleus engendrés par la matraque de la réprimande, de la crise d’asthme qui perdure des minutes après la bouffée des gaz, du tympan perforé trop près duquel a retenti la bombe étourdissante jetée au hasard au travers des enjambées affolées. Du 1er au 5 avril, à Strasbourg, la violence était présente, tangible et réelle. Comment pouvaitil en être autrement alors que s’y planifiaient les exactions internationales futures ? Il s’agit ici pour tout militant de sonder quel-

ques remarques élémentaires à la constitution d’une lutte. Comment s’établir dans un rapport de force défavorable ? À quoi sert de lutter avec des calicots ou des cailloux lorsqu’ils se fracassent sur des chars ? Comment maintenir l’unité de l’objectif dans la multiplicité des méthodes ? La communion du groupe protestataire dans la division de la stratégie ? Comment ne pas servir de caution démocratique à un monde qui s’en éloigne chaque jour ? Il s’agit surtout de ne pas se tromper d’ennemi. Nous ne sommes pas dupes du dressage médiatique dont nous sommes les premières victimes. Du 1er au 5 avril à Strasbourg, l’ennemi n’était ni noir, ni cagoulé. Du 1er au 5 avril à Strasbourg, l’ennemi était le même qu’aujourd’hui, il était en costard et serrait les mains. ■

Petite télé locale. Version soviétique de l’OTAN. Alliance militaire entre l’URSS et les pays satellites. 3 On remarque ici l’anthologie. 1 2

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activités mardi 5 mai à 20h15 - exceptionnellement

L’Iran, son rôle sur l’échiquier international et la question du nucléaire Conférence-débat avec

Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique PAF : 6 EURO, 4 EURO pour les membres, tarif réduit : 2 EURO Petite restauration de 19 à 20h

vendredi 8 mai à 20h15

Trois courts-métrages israéliens De réalisateurs issus de l’École de cinéma Sam Spiegel de Jérusalem, récompensés par un jury de 60 grands réalisateurs issus de 17 pays. Ils s’appellent Nir Bergman, Sigalit Lifshitz et David Ofek. Les films sont sous-titrés en français. Suivis d’un film muet étonnant de Michal et Uri Kranot : « Le coeur d’Amos Klein » 62 minutes de programme Collation dès 19h (2 EURO). Entrée libre à partir de 20h15 Prière d’avertir le 6 mai au plus tard pour la collation

Rectificatif

Mehmet A. Saygin, auteur de la « Tribune libre » publiée dans le précédent numéro de Points critiques sous le titre « Davos, Erdogan et propagande », nous demande de préciser que l’organisation dont il est le secrétaire général (Union of European Turkish Democrats - Brussels) n’est pas « liée », comme nous l’avons écrit, au parti AKP du premier ministre turc Recep Erdogan. Dont acte.

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vendredi 15 mai dès 19h 5ème « Soirée - Lokshn »

Soirée « jeux »

Nous avons chanté, assisté à un spectacle génial, « La Commission Centrale » de et avec David Lescot (les absents ont raté quelque chose !), dansé (le bal 2009 fut un grand cru), dégusté la cuisine juive préparée par des apprenti(e)s doué(e)s. Après le désormais traditionnel bouillon juif, adrénaline et créativité garanties. « Ambassadeur », « Pierre Paul », « la vache qui tache », « pauvre petit chat », le jeu des « neuf cases », « football intellectuel » (oui oui ça existe !), etc.., etc... et s’il y a assez de jeunes, pourquoi pas se lancer dans un « Loup garou »... Ceux qui connaissent, ceux qui n’ont jamais joué, ceux qui ont oublié, les lents, les rapides, les jeunes et les un peu moins jeunes, les futés et les un peu moins futés, ... vous êtes tous invités à participer à cette gigantesque

« Spiel lokshn party » Les Lokshn people, Ariane, Nathalie D., Nathalie W., Gilles, Musa, Jacques, Catherine

vendredi 29 mai à 20h15 Projection du film documentaire

Avec un seul poumon « Les conditions de travail en Palestine occupée » montage: Céline Darmayan images : Pierre lempereur réalisation : Michèle Seutin Ex-secrétaire permanente du syndicat socialiste (SETCa), Michèle Seutin s’est rendue, avec son complice et cameraman-délégué, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Pendant trois semaines, sans aucune autorisation, ils ont sillonné la région et ont rencontré des ouvriers, des agriculteurs, des conducteurs d’autobus, des patrons d’entreprises, des responsables syndicaux ou d’ONG palestiniens. Le thème du film, « un travail décent », s’est vite transformé en « quel travail possible ? » Voire : « plus de travail du tout ». « Nous travaillons avec un seul poumon » dit le patron d’une petite manufacture, « et encore, ce poumon il est en très mauvais état ». Ce film de 42 minutes sera suivi d’un film d’animation « Le cerf volant » (12 minutes), réalisé par la monteuse et le cameraman (et d’autres) dans le cadre de « Artistes contre le mur ». Des enfants d’une dizaine d’années vivent « enfermés » dans Kalkilya. Ils expriment librement leurs rêves, leurs espoirs et leurs angoisses.

L’équipe répondra ensuite aux questions du public PAF : 6 EURO, 4 EURO pour les membres, tarif réduit : 2 EURO Petite restauration de 19 à 20h

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UPJB Jeunes 21 mars 2009, nos jeunes, et nos moins jeunes aussi d’ailleurs, se déchaînent au Bal de l’UPJB

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Carte de visite

JB

L’UPJB Jeunes est le mouvement de jeunesse de l’Union des progressistes juifs de Belgique. Elle organise des activités pour tous les enfants de 6 à 15 ans dans une perspective juive laïque, de gauche et diasporiste. Attachée aux valeurs de l’organisation mère, l’UPJB jeunes veille à transmettre les valeurs de solidarité, d’ouverture à l’autre, de justice sociale et de liberté, d’engagement politique et de responsabilité individuelle et collective. Chaque samedi, l’UPJB Jeunes accueille vos enfants au 61 rue de la Victoire, 1060 Bruxelles (Saint-Gilles) de 14h30 à 18h. En fonction de leur âge, ils sont répartis entre cinq groupes différents.

Bienvenus pour les enfants de 6 ans ou qui entrent en

Les 1ère primaire Moniteurs :

Félicia : 0472/62.06.95

Morgane : 0478/64.79.40 Les

Photos Ariane Bratz

Janus Korczak pour les enfants de 7 à 8 ans

Moniteurs : Max : 0479/30.75.71 Mona : 0487/35.77.15 Les

Émile Zola pour les enfants de 9 à10 ans

Moniteurs : Sheva : 0499/27.80.50 Lucas : 0476/56.72.37 Valentine : 0494/59.43.09 Les

Yvonne Jospa

pour les enfants de 11 à 12 ans

Moniteurs : Ivan : 0474/35.96.77 Léone : 0479/36.17.44 Cyril : 0474/26.59.09 Les

Mala Zimetbaum

pour les enfants de 13 à 15 ans

Moniteurs : Alice : 0476/01.95.22 Théo : 0485/02.37.27

Informations : Noémie Schonker - noschon@yahoo.fr - 0485/37.85.24

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hommage David Lachman

S

a présence reste fortement gravée en nous. Il est né de parents juifs à Lodz, en Pologne, le 1er janvier 1924. En 1928, avec ses parents, il émigre en Belgique. Il gardera toujours un bon souvenir de ses années d’enfance dans notre pays. Son intégration y est heureuse. Très tôt, cependant, il est éveillé à la vigilance politique. À 10 ans, il fait partie des Jeunes Gardes socialistes, avec pour moniteur Arthur Haulot. Dans cette mouvance, en 1937, il se solidarise avec les Brigades internationales de la guerre d’Espagne - « le début de la deuxième guerre mondiale », expliquera-t-il plus tard aux jeunes auprès desquels il témoignera dans les écoles. À 14 ans, il fait la quête au profit des combattants républicains d’Espagne. Plus tard, il participe à l’opposition « musclée » aux fascistes du mouvement Rex qui se réunissaient au Théâtre flamand de la rue de Laeken à Bruxelles. Résistant dès son jeune âge donc, il maintient le cap en 1940. À 16 ans, il s’engage dans l’Armée belge des partisans. Il fait le coup de feu contre l’occupant allemand, à Bruxelles, dans les régions d’Ottignies, d’Ath. Il «s’occupe» des gestapistes et des collaborateurs, participe à des attaques de postes de police pour y prendre des armes, à des attaques d’hôpitaux pour libérer des camarades juifs, etc., etc. Arrêté et torturé, il se retrouve à Auschwitz. En 1945, avant d’être libéré, il connaît les

18 novembre 1945. Enterrement du commandant des Partisans Armés Abrasha Goldgewicht, décédé quelques semaines après son retour des camps et enterré à la pelouse d’honneur du cimetière de Woluwe. David Lachman, en uniforme, est un de ceux qui portent le cercueil. Juste devant lui, on reconnaît Jacob Gutfraynd, autre commandant de P.A.

marches de la mort. Résistant dès avant la guerre, résistant durant la guerre, il continuera à être résistant après la guerre. Très tôt en effet, il témoignera de son expérience de résistant armé et de déporté auprès d’innombrables jeunes dans les écoles et auprès de groupes d’adultes (des assemblées de délégués syndicaux, par exemple). Et il le fera inlassablement jusqu’aux dernières extrémités de ses forces, peu avant son décès. La résistance ne se réduisait pas pour lui au souvenir d’un passé « historique » révolu. Le témoignage qu’il en donnait faisait sentir combien sa nécessité est toujours actuelle, contre les multiples formes de l’écrasement de l’homme par l’homme qui sans cesse

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ressurgissent. La vigilance qu’il s’était forgée avant et durant la guerre, il brûlait de la transmettre pour aujourd’hui. Et il y réussissait : le prouvaient surabondamment l’accueil attentif et chaleureux que lui réservaient les élèves - tant belges qu’issus d’autres cultures - et leurs nombreuses réactions écrites à ses récits. C’est que ses récits de résistance et de déportation, sans cesse repris au fil des années n’étaient jamais répétitifs, mais animés de sa vie totalement engagée, toujours neufs, toujours recréés - vraiment « inspirés ». Sa parole était forte de conviction et tranchantes étaient les formulations de ses options pour la liberté et la dignité humaines. Et, en même temps, on était frappé


est le mensuel de l’Union des progressistes juifs de Belgique (ne paraît pas en juillet et en août) L’UPJB est membre de la Fédération des Juifs européens pour une paix juste (www.ejjp.org) et est soutenue par la Communauté française (Service de l’éducation permanente)

Sur les deux photos de cette page : 19 avril 2008. David devant le Monument aux résistants juifs avec l’UPJB dont il était un membre fidèle, lors de la Commémoration du 65ème anniversaire de l’Insurrection du Ghetto de Varsovie

par « l’humilité » de son témoignage. Pas de sentiment de supériorité : il s’adressait aux jeunes en aîné qui avait confiance en eux, en leur capacité de résister eux aussi comme lui l’avait fait. Pas de complaisance égocentrique non plus, pas d’idéalisation ni d’héroïsation de ses actes. Lorsqu’il parlait, on le sentait habité de la voix de tous ses camarades solidaires dans les combats et dans les camps. C’était un « Mensch » qui s’exprimait au

nom des autres, et non un individu isolé. Vraiment, il était porté par une vision collective de l’humain. Les mots « solidarité », « fraternité », « amitié » revenaient sans cesse dans son message. Son témoignage était un fervent hymne à la Vie. Merci, David : le relais sera pris. ■ Johannes Blum et Adolphe Grégoire, membres des Compagnons de la Mémoire

Secrétariat et rédaction : rue de la Victoire 61 B-1060 Bruxelles tél + 32 2 537 82 45 fax + 32 2 534 66 96 courriel upjb2@skynet.be www.upjb.be Comité de rédaction : Henri Wajnblum (rédacteur en chef), Alain Mihály (secrétaire de rédaction), Anne Gielczyk, Carine Bratzlavsky, Jacques Aron, Willy Estersohn, Sender Wajnberg, Caroline Sägesser, Tessa Parzenczewski Ont également collaboré à ce numéro : Roland Baumann Johannes Blum Ariane Bratzlavsky Adolphe Grégoire Léon Liebmann Youri Lou Vertongen Conception de la maquette Henri Goldman Seuls les éditoriaux engagent l’UPJB. Abonnement annuel 18 EURO Abonnement de soutien 30 EURO Devenir membre de l’UPJB Les membres de l’UPJB reçoivent automatiquement le mensuel. Pour s’affilier: établir un ordre permanent à l’ordre de l’UPJB (CCP 000-0743528-23). Montant minimal mensuel: 10 EURO pour un isolé, 15 EURO pour un couple.

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agenda UPJB Sauf indication contraire, toutes les activités annoncées se déroulent au local de l’UPJB, 61 rue de la Victoire à 1060 Bruxelles (Saint-Gilles)

mardi 5 MAI à 20h15

L’Iran, son rôle sur l’échiquier international et la question du nucléaire. Conférence-débat avec Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique tique (voir page 22)

vendredi 8 mai à 20h15

Projection de courts-métrages israéliens (voir page 22)

vendredi 15 MAI dès 19h

5ème « Soirée - Lokshn ». Soirée « jeux » (voir page 23)

vendredi 29 mai à 20h15

Projection du film documentaire « Avec un seul poumon. Les conditions de travail en Palestine occupée ». En présence de l’équipe du film (voir page 23)

club Sholem Aleichem Éditeur responsable : Henri Wajnblum / rue de la victoire 61 / B-1060 Bruxelles

Sauf indication contraire, les activités du club Sholem Aleichem se déroulent au local de l’UPJB tous les jeudi à 15h (Ouverture des portes à 14h30)

jeudi 7 mai

« Le procès du procès de Galilée » par Pierre Marage, professeur de physique et d’histoire des sciences à l’ULB

jeudi 14 mai

« Mon expérience professionnelle au CPAS de Jette » par Jacob Israël Kamuanga , chef de cabinet de la présidente

jeudi 21 mai

Pas d’activité

jeudi 28 mai

« Mon activité de militante (pas seulement) féministe » par Fotoula Ioannidis, coordinatrice du Mouvement de Femmes, 29 rue Blanche à Bruxelles

jeudi 4 juin

« L’hypnose, thérapie à part entière ou (et) thérapie d’appoint » par Adeline Liebman


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