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JEUNES ET POLITIQUE

L’implication politique des jeunes : un élément essentiel pour la démocratie

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La campagne «La démocratie dans le respect, par respect pour la démocratie » met de l’avant comment la démocratie est mise à mal par les incivilités, le manque de respect et l’intimidation que subissent les élues et élus municipaux. Le monde municipal s’entend pour dire que le débat respectueux est essentiel à une démocratie saine. Un autre facteur non négligeable pour la santé démocratique de nos institutions est celui de la représentativité de la population, ce qui inclut entre autres d’avoir davantage de femmes, de personnes issues de la diversité et de jeunes siégeant sur les instances municipales.

Par Alex Miller-Pelletier, chargée de projet à la Direction des politiques de l’UMQ Au Québec, il reste beaucoup à faire pour que davantage de jeunes se présentent aux fonctions de mairesse, maire, conseillère et conseiller. En effet, lors des élections municipales de 2017, seulement 8,3 % des personnes élues avaient entre 18 et 34 ans1 . En vue des élections municipales de novembre prochain, il faudra intéresser davantage de jeunes, puisque les 18 à 34 ans représentaient 20,9 % de la population en 2020, ce qui est plus du double du taux atteint en 2017 2 . Atteindre un meilleur taux de représentativité est l’un des objectifs de la Commission des jeunes élues et élus de l’UMQ qui mettra en place cette année une campagne visant à encourager les jeunes de 35 ans et moins à présenter leur candidature, ainsi qu’à aller voter en novembre 2021.

Anne Mévellec, professeure agrégée à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa

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Dans le but de poursuivre la réflexion autour de la place des jeunes au palier municipal et afin d’aiguiller les élues et élus en place, URBA s’est entretenu avec Anne Mévellec, professeure agrégée à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, qui est spécialisée en gouvernance municipale et qui travaille notamment sur les profils et les trajectoires du personnel politique municipal. Elle collabore également à un projet de recherche portant sur les villes et les jeunes, piloté par la professeure Stéphanie Gaudet.

QEn observant la participation politique des jeunes, est-ce que certains éléments ressortent comme étant propres au palier municipal?

RAlors que le palier municipal est souvent considéré comme l’école de la démocratie, il faut constater que les électeurs votent tendanciellement moins au municipal qu’aux paliers provincial et fédéral. Les jeunes ne dérogent pas à cette tendance.

Deux principaux éléments pourraient participer à expliquer plus spécifiquement ce phénomène. Il est d’abord possible que le palier municipal ne soit pas identifié comme un palier d’intérêt, car il est encore trop souvent associé aux services à la propriété – même si dans la réalité les services à la personne sont déployés par les municipalités. Moins souvent propriétaires que leurs aînés, les jeunes auraient donc moins d’intérêt à la chose municipale. Une deuxième explication est plutôt associée au déficit informationnel : en dehors des grandes villes, la couverture médiatique des enjeux municipaux n’est pas toujours au rendez-vous ; l’absence de partis politiques ne permet pas non plus aux néophytes de décoder facilement les positions des candidats aux élections. Il est donc plus difficile pour les jeunes électeurs de faire leur choix entre des candidatures dont les programmes semblent se ressembler. Ces deux pistes explicatives ont d’ailleurs été confirmées dans une étude récente menée à Montréal par Sandra Breux et Salomé Valette.

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Au cours de son mandat, qu’est-ce qu’une élue municipale ou un élu municipal peut faire pour aller chercher davantage l’intérêt et la participation des jeunes dans les projets de la municipalité?

De nombreuses municipalités ont mis en place des dispositifs spécifiquement dédiés à la participation des jeunes. Le budget participatif dont un volet est spécialement consacré aux jeunes de Saint-Basile-le-Grand, les projets pilotes mis de l’avant dans la stratégie jeunesse de l’UMQ ou la Commission jeunesse de la ville de Gatineau3, sont autant d’exemples qui peuvent inspirer les élues et élus municipaux quelle que soit la taille de leur municipalité.

Il est aussi possible d’avoir des stratégies plus souples si de tels dispositifs n’existent pas dans les municipalités. Ainsi, les rencontres avec les élèves des écoles secondaires, autour d’enjeux qui les intéressent m’apparaît aussi être une avenue intéressante. Les élues et les élus pourraient ainsi s’appuyer sur les comités environnement, culture, etc. qui existent généralement dans les écoles ou encore les CÉGEP. Pour que ces rencontres ne soient pas seulement symboliques, il importe de pouvoir lier la démarche (rencontrer les « jeunes »), avec un dispositif (où, quand, comment), avec un résultat (qu’attendez-vous de cette rencontre, de ces échanges, comment alimenteront-ils la réflexion voire la décision ?), et peut-être un suivi. Plus les jeunes auront l’occasion de se socialiser aux affaires municipales, plus ils risquent de s’y intéresser sur le moyen et long terme.

En ayant en tête les élections de novembre prochain, qu’est-ce que vous pourriez recommander à des élues et élus qui aimeraient avoir davantage de jeunes sur leur conseil municipal, mais qui ne savent pas par où commencer? Dans mes recherches, j’ai montré qu’il y avait plusieurs types de trajectoires qui peuvent mener à l’hôtel de ville : parfois c’est l’engagement associatif qui est transformé en engagement politique, parfois ce sont des dossiers précis qui poussent des femmes ou des hommes à poser leur candidature pour les défendre. Mais, quelle que soit la trajectoire, le plus souvent, les candidatures sont sollicitées par des élus déjà en place4 . Il faut donc chercher dans les forces vives présentes dans la municipalité, dans les réseaux peut-être moins traditionnels que ceux des gens d’affaires ou des anciennes commissions scolaires. Les « jeunes » qui ont été impliqués dans les conseils jeunesse constituent un bassin intéressant. À Gatineau, le conseiller municipal Cédric Tessier est, par exemple, un ancien membre de la Commission jeunesse qui a fait le saut en politique très rapidement. Ensuite, je crois que les expériences de formation et de mentorat développées pour inciter les femmes à se lancer en politique municipale pourraient être adaptées pour soutenir les jeunes candidats et candidates.

La question est donc de savoir où trouver des « jeunes » ! Recruter la relève en politique municipale tient souvent de la gageure, car l’image des mandats n’est pas toujours attractive pour tout le monde.

Il n’existe pas de compétence formelle requise, comme un diplôme, une accréditation, pour devenir une élue ou un élu municipal. Quels que soient leur profil et leur trajectoire, les élus et élues qui rentrent en poste disent souvent que la première année du mandat leur sert à trouver leur marque. Cela est vrai, qu’importe leur âge !

Par contre, le défi des jeunes élues et élus est certainement celui de devoir démontrer leur crédibilité auprès de leurs homologues plus âgés. Elles et ils doivent être capables de montrer que leurs idées ne sont pas « jeunes» mais bonnes pour l’ensemble de la municipalité. Pour cela, ils peuvent mobiliser leurs connaissances, souvent impressionnantes, sur les dossiers qui les passionnent, en mettant de l’avant les dimensions économiques, sociales et environnementales qui s’y logent. Sur un autre plan, les élues et élus devraient aussi développer leurs habiletés en communication (avec les médias traditionnels et évidemment sur les médias sociaux) afin de s’assurer de bien faire passer leurs messages, que ce soit en campagne électorale ou au fil des mandats. Finalement, je dirais qu’ils devraient peut-être s’intéresser de près aux différents outils de consultation publique qui deviennent un passage obligé dans bien des projets et politiques municipales. Ceci étant dit, je suis assez confiante : ce sont les savoir et savoir-faire de leur génération qui vont venir alimenter la réflexion des conseils municipaux. En cette année électorale, l’UMQ travaillera activement à la représentation des jeunes en mettant en place une campagne qui visera à intéresser ceux-ci à la politique municipale et à rappeler que les municipalités ont des responsabilités de plus en plus grandes et variées.

1- Ministère des Affaires municipales et de l’habitation,

«Données relatives à l’élection municipale de 2017 : compilations et traitement statistique», 2020. 2- Institut de la statistique du Québec, «Le bilan démographique du Québec», 2020. 3- À ce sujet, on peut consulter le rapport sur l’expérience de la Commission jeunesse de

Gatineau, gratuitement disponible à ce lien. 4- Mévellec, Anne et Manon Tremblay. «Genre et professionnalisation de la politique municipale au Québec». 2018. Montréal :

Presses de l’université du Québec.

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