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L’UMQ derrière une nouvelle impulsion pour le transport aérien régional

Le 7 août dernier, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ), le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) ont dévoilé un important mémoire qui propose de revoir de fond en comble le modèle d’exploitation des dessertes aériennes régionales. Retour sur un nouveau jalon de développement du transport aérien régional au Québec.

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Le transport aérien régional a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années : prix du billet d’avion, fiabilité, qualité du service et état des infrastructures aéroportuaires. En 2016, l’UMQ était la première organisation nationale à lancer une vaste réflexion sur le sujet, en mettant en place un comité sur le transport aérien. À ce moment, l’UMQ démontrait par le biais de plusieurs études que le prix du billet d’avion était 55 % plus cher au Québec qu’ailleurs au Canada, que le Québec était en situation monopolistique et que les aéroports municipaux avaient des besoins colossaux pour la mise à niveau de leurs infrastructures. Organisée par l’Union, une mission de 36 heures à Toronto et Calgary a démontré également les raisons pour lesquelles les transporteurs canadiens desservaient peu le Québec : la guerre de prix conforte le monopole. En 2018, le gouvernement du Québec faisait un sommet et répondait aux demandes de l’UMQ.

Aujourd’hui, la dynamique est différente. La nouvelle de la découverture des liaisons aériennes autrefois assurées par le transporteur Air Canada a laissé plusieurs régions du Québec sans service alors même que la saison touristique était menacée par la crise de la COVID-19. Soucieux de relancer le plus rapidement possible les activités aériennes, l’UMQ et des partenaires ont mis en place une cellule de crise. «Pour nous, la cellule de crise était essentielle pour coordonner tout le travail qu'il y avait à faire et tendre la main aux gouvernements afin qu’ils fassent partie de la solution », rappelle Daniel Côté, maire de Gaspé, premier vice-président de l’UMQ membre de la cellule de crise. « La relance est plus ardue en région en raison de sérieusement. l’importance du tourisme. La décision d’Air Canada a nui et nuit toujours à nos efforts pour relancer l’économie. Si les avions n’atterrissent plus dans nos régions, c’est la vitalité même de nos communautés qui est affectée » précise-t-il, mentionnant que la situation de quasi-monopole du transport aura créé cette situation difficile. Pour l’UMQ, la rupture de services est l’occasion de revoir les façons de faire et de régler pour de bon le dossier, afin d’éviter d’en parler à nouveau pour les mauvaises raisons dans deux ans ou dans 10 ans. Il est possible de régler le problème rapidement, pour le court terme et le long terme, selon l’Union.

Après plusieurs rencontres au courant de l’été, où des discussions avec des transporteurs aériens étaient à l’agenda, le dialogue s’est ouvert avec les gouvernements du Québec et du Canada. Huit conditions de succès pour la relance du transport aérien

La récente suspension par Air Canada de nombreuses liaisons régionales démontre encore une fois qu’il est plus que temps de sortir d’un système axé uniquement sur des considérations de marché. Il faut mettre en œuvre des solutions novatrices pour que le transport aérien devienne un véritable instrument de développement. C’est une nécessité vitale dans une région comme la nôtre. Dans cette optique, l’approche coopérative, fondée sur l’intérêt de ses membres, m’apparaît comme une avenue à envisager régional ont été identifiées : – Réjean Porlier, maire de Sept-Îles

La région de l'Abitibi-Témiscamingue, c'est plus de 300 000 mouvements passagers annuellement. Et pourtant, on peine à conserver nos acquis! Le transport aérien en région, c'est une priorité nationale. Nous sommes en droit d'avoir une desserte de qualité, à juste prix et surtout sécuritaire, d'où la nécessité aussi de conserver chez nous les services de NAV Canada. – Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

1. Soutenir financièrement la consolidation des activités des transporteurs aériens régionaux; 2.Proposer un dédommagement viable aux clientes et clients qui ont acheté des billets pour les liaisons régionales qui sont actuellement en rupture de service ; 3. Ouvrir le dialogue avec Air Canada, Air Transat et WestJet pour faciliter les correspondances nationales, transfrontalières et internationales ; 4.Compenser les pertes de revenus des aéroports régionaux, qui se chiffrent à un manque à gagner de l’ordre de 1,4 M $ mensuellement; 5. Supporter le développement d’un plan intermodal afin de connecter les infrastructures de transports, dont les aéroports ; 6.Élargir les critères d’admissibilité du Programme québécois de réduction des tarifs aériens (PRTA) pour y inclure les touristes, les travailleuses et travailleurs et les étudiantes et étudiants; 7. Assouplir les règles d’admissibilité du Programme québécois d’aide pour les dessertes aériennes régionales (PADAR) afin de favoriser l’arrivée de nouveaux joueurs sur un marché ; 8.Demander à Transports Canada d’accélérer les autorisations pour les nouvelles dessertes, conformément au Règlement de l’aviation canadien et aux Normes de service aérien commercial.

«Les gouvernements partagent nos préoccupations et, comme les gouvernements de proximité, ils souhaitent une solution qui repose sur la durée, et ce le plus rapidement – Yves Montigny, maire de Baie-Comeau

possible », ajoute M. Côté. C’est maintenant chose faite. Le gouvernement du Québec a désormais en main un volumineux mémoire qui fait de l’appel d’offres public la base d’un nouveau modèle d’exploitation pour les dessertes aériennes régionales.

L’UMQ et ses partenaires suggèrent à Québec de s’inspirer du modèle qui prévaut aux États-Unis et en Australie occidentale. L’encadrement serait effectué par un organisme de gestion, en coopérative ou en régie. Il aurait pour objectif de mettre en place les meilleures conditions possibles pour assurer un service aérien de qualité et compétitif pour les citoyennes et les citoyens des régions du Québec. Il serait administré par un conseil d’administration compétent formé d’élues et d’élus municipaux, de membres de l’industrie ainsi que d’experts sectoriels. L’organisme serait responsable notamment de la gestion de l’offre des dessertes régionales (par attribution), de la négociation et de la coordination de la connectivité avec les transporteurs nationaux, de la gestion des réservations, des tarifs, des horaires, des fréquences et de la perception des revenus passagers ainsi que de la coordination des éléments de marketing. « On a fait notre travail sérieusement et cela a porté fruit. Nous avons confiance que les gouvernements seront maintenant

Est-ce possible de travailler efficacement sans Internet haute vitesse? Les avions, c’est le haute vitesse en transport. Sans lien aérien en région, notre développement demeure au ralenti. Du point de vue de l’expertise, de la main d’œuvre, de la technologie, des ressources, des communications... En fait, l’enjeu est pour l’ensemble du Québec, car on ne peut pas faire face à la concurrence si le transport aérien ne permet pas de rapprocher les grandes villes des municipalités régionales et vice versa. au rendez-vous », conclut le maire de Gaspé.

Entrevue avec Daniel Côté

Alors que le Québec et les partenaires des milieux municipal et socio-économique travaillent à relancer les services de dessertes aériennes en région, URBA s’est entretenu avec le président du Comité sur le transport aérien de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté, et le ministre des Transports, François Bonnardel, pour faire le point sur les enjeux et les pistes de solution envisagées.

QLa crise de la COVID-19 a entraîné des impacts importants pour les services aériens en région au cours des derniers mois. Selon vous, quels leviers devraient être priorisés pour relancer et mettre en place un réseau de transport aérien régional optimisé au Québec?

RIl y a différentes pistes de solutions sur la table présentement. Au moment où l'on se parle, nous sommes en train de faire l’analyse de tout ça. Jusqu’à preuve du contraire, il n’existe pas de modèle mais tout le monde s’entend : le contrôle de l’État est une condition de succès essentielle. Il faut un contrôle des dessertes et du prix des billets d’avion, un peu comme on voit au Québec avec la Commission des transports du Québec. Il faut ce type d’instances au fédéral ou à un autre palier afin de contrôler les dessertes et les prix.

Les enjeux auxquels faisait face le transport aérien régional étaient déjà nombreux avant la crise actuelle. Diriez-vous que celle-ci peut constituer une opportunité pour revoir le modèle en place? groupe d’intervention sur la relance des

Quelles sont les avenues qui peuvent être privilégiées à ce chapitre?

Oui, c’est une opportunité. L’éléphant dans la pièce était Air Canada. Personne n’osait bouger. Aucun transporteur québécois n’osait rivaliser avec Air Canada parce qu’ils savaient qu’ils se feraient écraser par le géant. Il y a bien des gens qui ne voulaient pas tasser gouvernement du Québec veut donc faire

Air Canada. En fait, Air Canada peut toujours nous offrir une desserte internationale. Air Canada étant partie, le géant étant tassé, cela nous offre un espace pour travailler, pour revoir le modèle.

Est-ce que des solutions émergent plus que d’autres ? Il y a des modèles qu’on voit apparaître qui méritent notre attention. Les principaux critères à considérer, c’est le temps nécessaire à leur mise en œuvre, leur viabilité, leur durabilité et le prix pour l’État. Bref, toutes ces questions doivent faire l’objet d’une analyse approfondie. C’est d’ailleurs pourquoi l’UMQ a réuni plusieurs a mandaté des firmes professionnelles pour analyser chacun des modèles en vue de répondre à l’appel du ministre Bonnardel et de lui proposer des pistes de solution. Nous avons donc non seulement proposé des pistes de solution sommaires mais chacune a déjà été analysée. Notre objectif est d’avoir des réponses le plus rapidement possible de la part des partenaires gouvernementaux.

Le gouvernement du Québec a annoncé, le 9 juillet dernier, la mise sur pied d’un dessertes aériennes régionales. Quel est votre compréhension du mandat et de l’échéancier du groupe d’intervention et quelles sont les prochaines étapes cruciales dans les prochaines semaines?

Après l’appel de mémoires auprès des parties prenantes et du grand public et une seconde réunion à la fin août, le ministre a prévu deux autres rencontres à la fin septembre et à la fin octobre pour clore les discussions. Le partenaires au sein d’une cellule de crise qui

avancer ce dossier rapidement. L’objectif a toujours été de ramener des dessertes pour les régions du Québec pour le mois de septembre. Dans certains cas, les lois du marché sont en train de s’appliquer. Par exemple, du côté de Gaspé et de Baie-Comeau, Pascan a bonifié son offre de services. D’autres entreprises ont également manifesté de l’intérêt à desservir ces régions et les autres.

Cependant, doit-on s’asseoir sur le statu quo et maintenir le système du libre marché, en encourageant nos petits joueurs québécois ? Nous avons une occasion de revoir le modèle, au bénéfice des citoyennes et des citoyens. Continuons donc la réflexion et si une intervention gouvernementale est nécessaire lorsqu’on va manquer de dessertes, tant mieux. L’enjeu du prix du billet n’est pas réglé non plus mais il y a une sensibilité comme jamais de la part du gouvernement du Québec à l’égard de la relance du transport aérien régional.

Le transport aérien relève de la compétence exclusive du gouvernement fédéral. Selon vous, quel rôle le gouvernement fédéral devrait-il jouer au sujet de la relance des dessertes régionales au Québec? Quelles actions pourrait-il mettre en place à court et à moyen terme à ce chapitre?

D’une part, il faut établir un canal de communication. Nous n'avons toujours pas eu de rencontre ou de contact direct avec le cabinet du ministre Garneau. On a parlé à d’autres gens, à d’autres ministres, mais on voudrait bien parler au ministre responsable du dossier. D’autre part, le gouvernement fédéral doit donner suite rapidement à toutes les demandes de permis ou d’autorisations qui seront adressées à Transport Canada dans les prochaines semaines de la part de transporteurs ou de pilotes. On n’a pas de temps à perdre à attendre des semaines ou des mois avant que les autorisations nécessaires soient délivrées. Il faut donc que le politique s’en mêle et pousse la machine à répondre rapidement. Il y a aussi la possibilité de créer une instance pour contrôler les dessertes aériennes et les tarifs, comme le fait la Commission des transports du Québec pour le transport par autocars. Ce serait une opportunité, pour le gouvernement fédéral, de mieux réglementer le marché. Bref, ce sont des pistes de solutions à explorer. On a une écoute, mais au-delà de l’écoute, il faudra de l’action.

Au cours des dernières semaines, le milieu municipal s’est rapidement mobilisé pour mettre en place des pistes de solution pour rétablir l’offre de services aériens dans les régions. À votre avis, quel impact le monde municipal peut-il exercer dans cet effort de relance collectif du transport aérien régional ?

Les élues et élus municipaux sont, à la base, les porte-parole de leurs milieux. À ce titre, ils connaissent les besoins de leurs communautés (citoyennes et citoyens, entreprises, secteur touristique, services sociaux, etc.) et

sont, en quelque sorte, la porte d’entrée de chacun des aéroports régionaux. Les municipalités agissent même bien souvent comme propriétaires et gestionnaires d’aéroports et sont donc bien au fait du trafic aérien et de l’affluence. C’est pourquoi le Comité sur le transport aérien de l’UMQ a pour mandat de coordonner les représentations du milieu municipal sur cette question et de faire le pont avec les autres partenaires. Donc, connaissant les besoins, on peut mieux alimenter le dossier et amener de meilleures solutions. Au-delà de l’engagement marqué des différents acteurs, un des principaux défis en matière de transport aérien régional demeure de convaincre un plus grand nombre de québécois, des visiteurs du reste du pays, ou même de l’étranger, d’utiliser le transport aérien pour venir dans les régions du Québec plutôt que d’autres modes de transport comme l’auto solo par exemple. À votre avis, quelles seraient les conditions de succès à réunir pour que la clientèle soit au rendez-vous? Quelles initiatives pourraient être mises en place à cet effet?

Il y a plusieurs conditions de succès, la principale étant de rendre le prix des vols régionaux plus attrayants. Les gens ne prennent pas l’avion parce que le prix du billet est trop cher. C’est carrément ça ! Les gens souhaitent voyager rapidement, on est dans une société de performance, donc les gens veulent aller rapidement. Faire un allerretour Gaspé-Montréal, c’est cinq heures en avion, mais c’est 22 heures en voiture. En termes de performance et d’efficacité, le transport aérien répond donc aux besoins. Les gens sont tous d’accord avec ça. Là où le bât blesse, c’est le prix du billet.

Pourquoi le prix du billet d’avion est si élevé? C’est la poule ou l’œuf: il n’y a pas beaucoup de gens à bord, donc il n’y a pas beaucoup de gens pour répartir les coûts reliés aux aéroports et aux avions, ce qui contribue à maintenir le prix des billets élevé, ce qui fait qu’il n’y a pas beaucoup de gens à bord des avions. Nous sommes donc dans un cercle vicieux qui nous nuit. Pour ramener un prix de billet d’avion à un niveau suffisant, on a eu de belles aventures au niveau du programme de remboursement des billets d’avion, le PATA. On avait eu une avancée pour les citoyens des régions du Québec. Si on était capables d’élargir ce type d’initiative là, au-delà des résidents des régions du Québec, ça faciliterait le fait que les gens embarqueraient dans l’avion.

D’un autre côté on peut agir d’une autre manière en soutenant davantage les aéroports. Si on soutient ces derniers, on n’aura plus besoin de facturer autant de droits d’atterrissage, des frais d’amélioration d’aéroportuaires (FAA) et autres aux transporteurs pour utiliser les aéroports. En tant que gestionnaire des aéroports municipaux, notre objectif n’est pas de faire du profit avec les aéroports, c’est de couvrir les coûts liés à ce service. Pour cela, on a besoin d’un support gouvernemental, au lieu de facturer des FAA et des droits d’atterrissage. Pour nous, le résultat est le même au niveau budgétaire, mais si on détaxe le prix du billet d’avion, ça peut avoir une incidence. Qu’on arrête de considérer le transport aérien comme un produit de luxe et qu’on se mette à le considérer comme un service essentiel et ça va tout changer au système de tarification et de taxation, l’impact va être direct sur le billet d’avion. Si on baisse de cette manière le prix du billet d’avion, il y a plus de gens à bord, s’il y a plus de gens à bord, on répartit davantage les coûts fixes et on tombe dans un cercle vertueux où il y a des gens à bord des avions, comme c’est le cas en Ontario. En Ontario, c’est le jeu de la concurrence entre Air Canada et Porter qui a fait son œuvre. Au Québec, le système de concurrence est difficile à établir. Mais si l’État intervient pour mettre des gens à bord des avions, en jouant notamment sur les tarifications dans les aéroports pour créer une forme artificielle de concurrence d’ici à ce qu’une vraie concurrence s’installe, ça va régler une bonne partie de la situation. La problématique demeure cependant complexe et est liée à une multiplication de facteurs.

Qu’est-ce que représente pour vous le transport aérien régional au Québec? Quelle est votre vision de cet enjeu d’ici les prochains cinq, 10, 15 ou 20 ans?

D’une part, quand on aura compris que c’est un service essentiel pour les régions, pour les acteurs de la santé, les acteurs de l’économie, les citoyens, quand on aura compris que c’est un service essentiel, on va être capables de prioriser cela, on va être capables d’offrir un meilleur encadrement, une meilleure desserte, un meilleur prix du billet. Si on comprend ça dans les prochaines semaines, les prochains mois ou les prochaines années, je pense qu’il y aura plus de gens à bord des avions et en conséquence, les régions du Québec seront mieux connectées. À la base, il faut comprendre la notion de service essentiel qui est derrière ce type de transport et je souhaite qu’on finisse par le comprendre.

Entrevue avec François Bonnardel, ministre des Transports

QLa crise de la COVID-19 a entraîné des impacts importants sur les services aériens en région, ce qui a forcé Air Canada à suspendre indéfiniment 30 dessertes régionales, dont huit au Québec, et à fermer huit de ses escales dans les aéroports régionaux, dont quatre au Québec. Selon vous, quels leviers devraient être priorisés pour relancer et mettre en place un réseau de transport aérien régional optimisé au Québec?

RNotre priorité demeure toujours que les gens de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, du Saguenay – Lac-Saint-Jean et du Nord-du-Québec puissent avoir accès à des vols régionaux. En ce qui concerne les leviers qui devraient être priorisés pour relancer l’industrie, toutes les options et les avenues possibles sont sur la table actuellement. Le groupe d’intervention que notre gouvernement a mis en place travaille actuellement à dégager justement une solution viable, à court, moyen et long terme. Bien avant la crise, les enjeux auxquels fait face le transport aérien en région étaient déjà nombreux: prix élevé des billets, manque de concurrence dans le marché, déficit d’investissements dans les infrastructures et les équipements, etc. Diriez-vous que la crise actuelle peut constituer une opportunité pour revoir le modèle? Quelles sont les avenues que privilégie le gouvernement du Québec à ce chapitre? Est-ce que certaines pistes de solution en vue de l’établissement d’une stratégie de desserte pérenne sur tout le territoire québécois ressortent davantage ou semblent faire consensus?

Tout d’abord, je peux vous affirmer que lors des dernières semaines, j'ai bien entendu les préoccupations des acteurs concernés. Je partage d’ailleurs les mêmes préoccupations. Notre gouvernement est en action pour maintenir les dessertes aériennes en région. Comme je l’ai dit, le groupe d’intervention mis en place par notre gouvernement dégagera des propositions pour l’avenir de nos dessertes régionales aériennes.

Vous avez annoncé, le 9 juillet dernier, la mise sur pied d’un groupe d’intervention sur la relance des dessertes aériennes régionales. Quel est le mandat et l’échéancier de ce groupe d’intervention ? Quelles seront les prochaines étapes?

Le groupe d'intervention a tenu sa première rencontre le 16 juillet dernier. Il a comme objectif d'identifier et d'analyser des pistes de solution pour l'avenir des dessertes aériennes régionales. En complément, afin de soutenir le comité et dans le but d’explorer toutes les solutions envisageables pour la relance du transport aérien régional, nous avons invité toute personne ou tout groupe souhaitant déposer un mémoire auprès du ministère des Transports du Québec. Une deuxième rencontre a eu lieu dans la semaine du 24 août.

Le transport aérien relève de la compétence exclusive du gouvernement fédéral. Selon vous, quel rôle ce dernier devrait-il jouer dans la relance des dessertes aériennes régionales au Québec? Quelles actions pourrait-il mettre en place à court et à moyen terme?

Le gouvernement fédéral est très silencieux dans ce dossier et nous voulons de leur part un engagement ferme. Nous nous attendons également à une participation de leur part pour les régions éloignées et enclavées, mais aussi pour les régions qui sont touchées par l’abandon des lignes d’Air Canada. Des discussions sont toujours en cours, mais nous avons besoin d’une décision rapide et d’un plan de match clair de leur part!

Je rappelle que de notre côté, notre gouvernement a récemment prolongé jusqu’au 31 octobre 2020, le Programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels en période d’urgence sanitaire que nous avions mis en place le 1 er avril dernier. Nous parlons ici d’une somme de 40 M $.

Au cours des dernières semaines, le milieu municipal s’est rapidement mobilisé afin d’identifier des pistes de solution pour rétablir les services aériens en région. Selon vous, quels impacts les élues et élus municipaux peuvent-ils exercer dans cet effort de relance collectif du transport aérien régional ?

Je suis fier de voir l’implication des municipalités dans ce dossier. Pour moi, il est primordial qu’elles fassent partie de la solution et que nous puissions entendre ce qu’elles ont à dire et à proposer et comment elles peuvent s’engager pour la reprise des services. C’est en travaillant tous ensemble que nous allons mettre en place la meilleure solution possible.

Au-delà de l’implication des différents acteurs, l’un des principaux défis nombre de Québécoises, de Québécois et de visiteurs du reste du pays ou de l’étranger à utiliser davantage le transport aérien pour visiter les régions du Québec, plutôt que d’autres modes de transport comme l’auto solo, par exemple. Selon vous, quelles seraient les conditions de succès à réunir pour que la clientèle soit au rendez-vous ? Quelles initiatives pourraient être mises en œuvre à cet effet?

Il est certain que pour favoriser les déplacements aériens, trois conditions devront être réunies ; la fréquence, la tarification et l'achalandage. Nous devrons trouver l’équilibre entre les vols intérieurs, les vols internationaux, les fréquences de ceux-ci et une tarification qui permettra d’offrir aux Québécois un service de qualité, entre chacune des régions à des prix concurrentiels. Pour ce faire autant le secteur du tourisme, des affaires que les déplacements sporadiques des Québécois devront passer par demeure de convaincre un plus grand

une desserte organisée afin de bien desservir notre population.

Certains parlent d’un monopole d’Air Canada qui serait la source des prix élevés des billets d’avion. Au-delà de l’urgence actuelle créée par le retrait de l’entreprise de certaines dessertes, croyez-vous qu’il faille consentir de nouveaux efforts pour baisser le prix des billets d’avion?

J’aimerais d’abord rappeler que le gouvernement du Québec s’implique déjà beaucoup en matière de transport aérien régional. Nous avons un programme simple et accessible de réduction des tarifs aériens qui permet de rembourser aux Québécois vivant en région une partie importante du prix d’un billet d’avion. Dans certains cas, on parle d’un remboursement jusqu’à 3 000 $ par année !

Je suis également confiant que le groupe d’intervention que nous avons mis en place travaillera à trouver la meilleure recette et le point d’équilibre entre des prix concurrentiels et la fréquence optimale.

Que représente pour vous le transport aérien régional au Québec? Quelle est votre vision pour ce service dans cinq, 10, 15 ou 20 ans?

Le Québec est riche de l’immensité de son territoire, et comme ministre des Transports, c’est important pour moi que les Québécois y aient accès. Il faut pouvoir assurer la mobilité des personnes et des marchandises, et le transport aérien régional est un incontournable aujourd’hui et dans l’avenir.

Le succès de ce mode de transport passera notamment par la participation des milieux desservis pour répondre aux enjeux et aux besoins des voyageurs. Évidemment, notre gouvernement travaillera toujours de concert avec les acteurs impliqués afin d’offrir la meilleure offre de service possible aux usagers.

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