UM2 Magazine n°8 février 2014

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Le magazine universitaire au cœur de science

www.univ-montp2.fr scribd.com/um2_montpellier

Numéro 8 Février 2014

Des matériaux de pointe nés à l'UM2

La Faculté d'Éducation forme les enseignants

l'

UM2 à la pointe

du

numérique

Un robot au service des archéologues 1 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES N°8 - 02.2014

MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE


Sommaire 4

Dossier

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 Rapprocher les deux rives

L'UM2 à la pointe du numérique

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Au cœur du campus

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À l’honneur à l’UM2  Bernard Gil, Docteur Honoris Causa de l’Université Meijo de Nagoya  Claude Sardet, Prix Rosen de la Fondation pour la Recherche Médicale  Danielle Laurencin, médaille de bronze CNRS  Sarah Grivot, un nez né à l’UM2  Maxime Derex planche sur l’évolution de la culture

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20

Innovation  Des matériaux de pointe nés à l'UM2

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Patrimoine  L'herbier livre ses secrets

Vie des labos  Un robot au service des archéologues  Le réchauffement climatique bouleverse la biodiversité

UM2 N°8 - FÉVRIER 2014

IMPRESSION Offset Deux Mille (France)

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert

UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr

RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions

Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : février 2014 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle).

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Formation  La Faculté d’Éducation, une composante spécialisée dans la formation des enseignants

 Art des formes  En direct des campus

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International

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Publications


Édito Innover et préserver avec le numérique Le numérique et sa vague d’innovations sont vecteurs de profonds changements dans les produits, les services et les usages, la production, les organisations ou les mises en réseaux.

1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Qrafter (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le Qrcode, 3. lire le contenu. 

De la génération de programmes, compilateurs, images, sons, jeux et autres « objets numériques » aux nouveaux outils comme les big-data et les cartographies de connaissances, cette source d’idées nouvelles pose néanmoins en retour des questions de nature philosophique, comme abordé par Stéphane Vial selon « comprendre comment le numérique change la perception que l’homme a du monde et de lui-même », ou d’ordre économique, comme évoqué par Jeremy Rifkin dans « comprendre comment le numérique produit la 3e révolution industrielle ». L’acquisition d’une culture numérique est devenue indispensable, afin d’appréhender ces mutations, le rôle de ces interfaces évolutives dans leur lien entre une activité de pensée et sa matérialisation dans les pratiques au travers d’objets numériques. Les compétences déployées à l’Université Montpellier 2 lui permettent ainsi de jouer un rôle central pour innover dans le numérique et avec le numérique, pour diffuser les savoirs et savoir-faire liés aux nouveaux dispositifs qui en résultent. Elle s’appuie aussi sur les atouts présents dans notre région : organismes de recherche et autres établissements, start-up créatives, soutien des collectivités, etc. Une des innovations pédagogiques dues au numérique réside dans le déploiement progressif des « MOOCs » (Massive Online Open Courses, cours en ligne ouverts et massifs) qui sont présentés dans le dossier de ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science. Véritable potentiel pour les universités, ces nouvelles formes d’enseignement exigent toutefois là aussi une réflexion en amont pour développer des stratégies pédagogiques concertées et adaptées. Il convient en effet de s’interroger sur l’encadrement des étudiants pour lutter contre l’échec à l’université, la place de ces nouveaux cours au regard des heures de présence effective, le rôle des enseignants autour de ces outils naissants, ou encore l’anticipation des effets à moyen et long termes sur l’élaboration et la transmission de la connaissance.

Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques

3 N°8 - 02.2014


Dossier

L'

UM2 à la pointe du

numérique

La révolution numérique est en marche Les accès à Internet se démultiplient, les réseaux sociaux sont devenus incontournables, les terminaux nomades de type tablette ou mobile explosent : la révolution numérique est aujourd’hui une réalité palpable. Une mutation qui porte un véritable défi pour les universités : intégrer le numérique au cœur de l’enseignement et de la recherche. Véritable pionnière en la matière, l’Université Montpellier 2 développe depuis de nombreuses années une stratégie globale de développement du numérique au service de la pédagogie. En 2012, l’UM2 a mis en place un comité dédié aux Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement comprenant des représentants de toutes les composantes pour développer cette stratégie du numérique en liaison avec les conseils centraux. Une stratégie qui a donné lieu à plusieurs actions phares qui vous sont détaillées dans ce dossier : MOOC en ligne sur la plateforme France Université Numérique, WebTV, opération iPad@Polytech, mise 4 N°8 - 02.2014

en place de plateformes de ressources numériques… Aujourd’hui toutes les composantes d’enseignement de l’établissement exploitent les usages du numérique dans leurs formation et dans leurs pratiques pédagogiques. Pour appuyer cette révolution douce et assurer un développement harmonieux du numérique, l'UM2 a instauré des dispositifs d'accompagnement et de formation des enseignants, des personnels et des étudiants. Le Département des Usages du Numérique assure un accompagnement direct des enseignants « à la demande » et des sessions de formation sur les usages du numérique à destination des enseignants et personnels. En 2013, 200 personnes ont ainsi été formées sur des thèmes variés : utilisation des plateformes pédagogiques, conception de ressources multimédia, animations interactives, visio et webconférence… Face à un public exigeant et en constante évolution, à l’ère de la fameuse « Génération C » (connectée), l’Université Montpellier 2 se devait de relever ce

défi. Elle y parvient en s’efforçant d’offrir des parcours plus personnalisés, et en s’ouvrant à d’autres horizons et à d’autres publics comme l’international ou la formation tout au long de la vie… Restons connectés. 

David Cassagne, Vice-président délégué au numérique


A

VEC PLUS d’un millier de vidéos à son actif, l’UM2 se positionne comme un leader dans l’utilisation de l’audiovisuel au service de la pédagogie. Un patrimoine numérique qui démultiplie les publics et booste la diffusion des savoirs. Comment utiliser au mieux tout le potentiel du numérique pour booster le rayonnement de l’université ? À l’UM2, la réponse passe par l’audiovisuel. Mis au service de la pédagogie, il permet de mieux diffuser les savoirs et de proposer des formules d’apprentissages novatrices et complémentaires des enseignements traditionnels. « Le patrimoine numérique de l’université, ce sont près de 1 150 vidéos réalisées par l’établissement », souligne Olivier Agussol, directeur de la Direction du Système d’Information. À la production, une équipe de 4 personnes qui mettent leurs compétences en audiovisuel au service des étudiants et du rayonnement de l’université. « Nous sommes sollicités par

des enseignants qui souhaitent que leurs cours soient filmés, par des chercheurs qui souhaitent rediffuser des conférences et des congrès scientifiques, mais également pour réaliser des reportages sur tous les évènements qui marquent la vie du campus », précise Guilhem Mouton, responsable du Département des Usages du Numérique. L’ensemble de ce patrimoine numérique est diffusé sur la WebTV de l’UM2 qui comptabilise plus de 5 800 visiteurs quotidiens. Mais pour rendre ce contenu plus visible et en faire profiter un public encore plus large, les vidéos made in UM2 sont plébiscitées sur de nombreux autres canaux de diffusion.

Un patrimoine numérique d’un millier de vidéos L’université est présente sur la plateforme France Université Numérique qui propose des MOOCs (Massive Open Online Courses), des cours en ligne ouverts à tous. Lancée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en octobre 2013, cette plateforme permet à

tous les publics d’accéder à des cours variés et de qualité partout dans le monde. Étudiants et simples internautes peuvent suivre ces cours de manière interactive et collaborative, à leur rythme. L’Université Montpellier 2 fait partie des 10 premiers établissements qui ont été sélectionnés pour offrir les premiers MOOCs. Proposé par deux enseignants de l’IUT de Béziers, le MOOC « Ville durable : être acteur du changement » commence début 2014 (lire encadré p.6). Pour assurer le développement et la création de ces cours, l’UM2 a créé un studio MOOC : une équipe professionnelle composée de réalisateurs photo-vidéos, infographistes, informaticiens et ingénieurs en techno-pédagogie qui accompagnent les enseignants dans la création et la valorisation de leur MOOC.

L’UM2 pionnière de l’enseignement numérique La présence de l’UM2 parmi les premières universités françaises choisies pour diffuser ses cours sur la plateforme 5 N°8 - 02.2014


Dossier

nationale FUN vient récompenser une politique d’investissement dans le numérique au service de la pédagogie développée par l’établissement depuis des années. L’UM2 est déjà présente sur iTunes U, plateforme spécialisée destinée aux étudiants et au grand public qui permet de consulter et de télécharger librement des documents audio, vidéo ou multimédia issus des universités. Elle est également un acteur incontournable du webmédia étudiant France Culture plus « le nouveau rendez-vous des amphis et des campus » lancé l’année dernière qui propose des productions universitaires en libre accès. Prochain objectif : créer une chaine pédagogique sur YouTube. Une logique d’hyperdiffusion qui accompagne une révolution en cours, celle du processus d’apprentissage : « désormais les étudiants ont accès à ces ressources numériques chez eux ou sur leurs mobiles, ces nouveaux moyens entraînent un changement des modes d’apprentissage dont nous devons être

acteur », souligne Olivier Agussol.

La pédagogie inversée est en marche Ces nouvelles pratiques risquent-elles de vider les amphis de leurs étudiants ? Aucune crainte selon David Cassagne, vice-président délégué au numérique. « C’est un mode d’enseignement nouveau qui prend naissance, un enseignement hybride qui allie présentiel et enseignement en ligne ». L’enseignement entre dans l’ère de la pédagogie inversée. Plutôt que de dispenser les cours théoriques en présence et de donner aux étudiants des exercices à faire à la maison, les enseignants proposent des ressources numériques à travailler en ligne et profitent des cours pour réaliser des exercices et des projets dans une logique qui met les étudiants en activité et favorise l’interaction avec l’enseignant et entre étudiants. Une révolution numérique est en marche et l’UM2 est en tête  Chrysta Pélissier au Studio MOOC

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du cortège. 

Un cours numérique pour devenir acteur du développement durable Porté par deux enseignants de l’IUT de Béziers : Chrysta Pélissier et Laurent Vassallo, le premier MOOC proposé par l’Université Montpellier 2 s’intitule « Ville durable : être acteur du changement ». Aspects règlementaires, normes applicables à l’environnement, gestion des déchets, lutte contre le changement climatique, lien entre environnement et santé, déplacements. Autant de thèmes abordés qui permettent de mieux appréhender les enjeux du développement durable dans un cadre quotidien, celui de la vie dans la cité. Avec un cours hebdomadaire pendant 6 semaines, composé de ressources numériques auxquelles sont associés des exercices et des productions collaboratives, le MOOC permet à tout le monde de devenir acteur du développement durable.

© UM2 -

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Aline Pér


 Les étudiants utilisent l'iPad en cours avec Eleonora Guerrini, enseignante à Polytech

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L'

iPad au service de la

line

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-A UM2

Péria

pédagogie

OLYTECH MONTPELLIER introduit le numérique dans la pédagogie de façon innovante en dotant chaque nouvel étudiant d’un iPad. Une initiative plébiscitée par les étudiants comme par les enseignants.

P

lement de casser la fracture numérique. « Nous sommes certains désormais que tous nos étudiants, quels que soient leurs moyens, ont un accès minimum aux ressources numériques, indispensables dans l’enseignement supérieur aujourd’hui ».

Dynamiser la pédagogie grâce au numérique, c’est le défi relevé par Polytech Montpellier. Depuis 2012, l’école a choisi de doter ses futurs ingénieurs d’une tablette iPad lors de leur rentrée en première année du cycle d’ingénieur. « La tablette numérique leur appartient pendant tout leur cycle d’étude à Polytech, ce qui leur permet de mieux s’approprier l’outil et de développer leurs propres usages, explique Clément Jonquet, responsable de la cellule iPad. L’idée du projet iPad est d’introduire pro-activement le numérique dans l’enseignement de façon à apprendre à le maîtriser et le valoriser pour la pédagogie, plutôt que de le subir ». Pour l’enseignant du département informatique et gestion, cette opération permet éga-

La réussite au bout des doigts Mais ce projet représente surtout une petite révolution dans l’enseignement présentiel. En cours, la tablette ouvre des possibilités nouvelles : les futurs ingénieurs sortent leur iPad pour suivre une présentation interactive, répondre à des QCM, annoter les supports pédagogiques, réaliser des comptes-rendus intégrant du multimédia, et tout ceci peut être discuté et analysé en direct avec les étudiants. « Autant de scénarios pédagogiques imaginés et développés par les enseignants qui se réunissent régulièrement en groupe de travail pour développer cette nouvelle façon d’enseigner », souligne Clément Jonquet. L’arrivée de

l’iPad permet par exemple d’intégrer de plus en plus de petits exercices dans les cours pour réconcilier théorie et pratique. Une opération qui crée du dialogue avec les étudiants et les rend plus participatifs. Bilan de la première année : « les étudiants et de nombreux enseignants s’enthousiasment de cette nouvelle pédagogie rendue plus dynamique grâce au numérique ». 

Des plateformes pleines de ressources Récupérer les informations sur un cours, télécharger des supports ou des présentations de l’enseignant, travailler à la maison, participer à des forums d’échange ou à des activités avec coévaluation entre étudiants… Grâce aux plateformes pédagogiques Claroline et Moodle, tous les étudiants de l’Université Montpellier 2 ont accès à des milliers de ressources numériques pour faciliter leur réussite.

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Au cœur du campus

Art des

formes

L’

UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 accueille en résidence Aurélie Mourier, une plasticienne venue cultiver son art en terre de sciences. Comment naissent les formes ? Comment se crée un arbre, une fleur, une formation rocheuse ? Si la question peut tarauder l’artiste dans sa démarche de création, elle est aussi au cœur de la problématique scientifique. Avec cette résidence d’artiste sur le campus Triolet, l’Université Montpellier 2 a voulu croiser les regards. « L’accueil d’artiste en résidence permet de réaliser des projets d’une nature nouvelle, hybrides nés des échanges entre la création artistique et la recherche scientifique », soulignent Anne Doteau et Caroline Dat du pôle culture.

Entre art et recherche scientifique

© H. Beurel

Aurélie Mourier développe un travail de sculpture à partir de formes pixellisées qu’elle modélise à l’aide d’un logiciel de dessin 3D. « Après avoir classé et reproduit des formes inertes, je souhaite m'intéresser aux formes biologiques, mouvantes », explique-t-elle. La démarche a séduit le jury qui a choisi

8 N°8 02.2014

Aurélie parmi les nombreux candidats à la résidence d’artiste. « Les connexions entre ses recherches et les domaines de la biologie, de l’écologie et de l’évolution étaient évidentes », précise Mélanie Debiais-Thibaud, chercheuse et enseignante au département de biologie-écologie. Cette spécialiste de la mise en place des structures au stade embryonnaire souligne le parallèle entre les questionnements qui émergent dans l’un et l’autre univers, celui de l’art et celui de la recherche scientifique. « Comment produire une œuvre quand on est plasticien ? Comment se construit une structure dans le monde du vivant ? Ces schémas sont souvent semblables », ditelle. La chercheuse et l’artiste ont souhaité mettre leurs approches en commun au service des étudiants qui suivent l’unité d’enseignement « sciences et culture ». « Nous mettons en parallèle le travail d’Aurélie Mourier avec les objets biologiques qu’ils étudient, cette approche attise leur curiosité », précise Mélanie Debiais-Thibaud.

De l’arborescence à l’« accrétion » Si cette immersion dans l’environnement scientifique lui a permis de rencontrer des dizaines de chercheurs issus de toutes les disciplines, Aurélie Mourier a particulièrement puisé son inspiration auprès des spécialistes de la biologie du développement. « Je m’inspire des mécanismes de croissance des organismes pour développer des générateurs de formes », souligne l’artiste. Le développement en arborescence et en accrétion, un accroissement par agglomération de matière, inspire la plasticienne dans sa création de formes. Pour couronner cette imprégnation dans l’univers scientifique, Aurélie Mourier va produire une sculpture issue de son expérience qui sera exposée sur le campus au printemps.   Auré li 05981 e Mourier, Fo .001, p roduc uille envelo tion Le p Bon A pe - Surface ccueil , 2010


 Michel Robert, Président de l'UM2, interviewé par Damien Conaré sur le plateau de Campus Mag

En

direct des campus

L’

ACTU scientifique et universitaire de Montpellier a son magazine télé : nomade et tous azimuts, Campus Mag, ça bouge ! Campus Mag ? Un plateau télé nomade qui change de site pour rester au cœur de l’actu. On y a entendu les chercheurs de l’IRD évoquer la découverte d’un moustique nouveau, ceux du CNRS parler de poissons élevés sur terre pour mieux survivre en mer. On y a vu Michel Robert ou Anne Fraïsse évoquer l’actualité à chaud, croisé une diététicienne de l’UM1, accueilli une délégation québécoise de l’Université de Sherbrooke, les moustachus de "l’Agro's Moustache", les jeudis en musique de l’UM3 ou encore des nanosatellites made in UM2.

Pari collectif Au départ de l’aventure, une idée simple : mutualiser les ressources de la communauté scientifique et universitaire. Porté par la Communauté d'Universités et d'Établissements "Sud de France" (COMUE, ex PRES), le projet reçoit le soutien actif des

3 universités de Montpellier, de l’IRD, de la Maison des sciences de l’homme, ainsi que du CNRS, de Montpellier SupAgro et du CROUS. Début 2013, sans budget mais avec le plein de motivation, les professionnels de l’audiovisuel et de la communication du réseau font l’inventaire des matériels et des compétences disponibles, avant d’imaginer un plateau télé qui sera présenté chaque mois sur un site partenaire différent : Campus Mag-LR est né.

Vie des campus et recherche Diffusée sur Internet, l’émission s’attache à montrer toute l’actu scientifique et universitaire, sur le terrain comme en coulisses. Et donne la parole aux acteurs eux-mêmes : enseignants, chercheurs et étudiants, pour faire connaître leurs travaux ou leurs assos. L’émission cartographie ainsi un territoire dont la vie des campus et la recherche scientifique sont les principaux continents. Impliquée dès les premiers pas, la Web TV de l’UM2 a permis par ses moyens humains et techniques la naissance de la

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première émission à l’UM2, en avril 2013. Signe d’une synergie qui fonctionne, Campus Mag est aujourd’hui autonome et prêt à répondre à des sollicitations extérieures. « On est désormais capable d’assurer la couverture d’un événement en direct et en haute définition » explique Yann Huot, responsable communication de la COMUE. Pari réussi après cinq émissions au compteur ? Pas tout à fait. Si l’aventure s’affirme comme « une vraie réussite technique et humaine », ce magazine TV cherche encore son public. Et demain ? Plutôt qu’une chaîne télé régionale, l’équipe Campus Mag imagine un centre de ressources audiovisuel universitaire mettant à disposition ses compétences, ses moyens de tournage et de diffusion. Avec un projet qui reste d’actualité : confier les clefs de l’aventure aux étudiants. 

... www.campusmag-lr.tv ... www.webtv.univ-montp2.fr

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À l’honneur à l’UM2

Bernard Gil, Docteur Honoris Causa de l’Université Meijo de Nagoya

Claude Sardet, Prix Rosen de la Fondation pour la Recherche Médicale

Le 29 novembre 2013, Bernard Gil, directeur de recherche au Laboratoire Charles Coulomb, recevait le titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Meijo de Nagoya. Cette distinction vient récompenser ses travaux scientifiques dans le domaine des semi-conducteurs à large valeur de bande interdite.

Le Prix Raymond Rosen de la Fondation pour la Recherche Médicale, destiné à des chercheurs en cancérologie, a été décerné cette année à Claude Sardet de l'Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier (IGMM) pour l'ensemble de sa carrière et ses contributions remarquables dans ce domaine.

Ces matériaux sont à la base de la fabrication d’émetteurs de lumières bleues et blanches, diodes électroluminescentes (LEDs) qui sont actuellement de plus en plus utilisées pour l’éclairage domestique. Ils permettent aussi de réaliser des lasers bleus, point de départ de la technologie Blu-ray. Enfin dans le domaine sanitaire les émetteurs de lumière ultraviolette en cours de développement seront particulièrement précieux pour le traitement des eaux, l'éradication de certaines bactéries et de multiples applications médicales. 

À plusieurs reprises au cours de sa carrière, Claude Sardet a contribué à des découvertes sur les facteurs et processus cellulaires impliqués dans le contrôle de la prolifération et de la survie des cellules de mammifères. En dehors de son laboratoire, Claude Sardet est fortement impliqué dans l'animation de la communauté scientifique française travaillant sur les bases fondamentales de la cancérogénèse. 

Danielle Laurencin, médaille de bronze CNRS Chercheuse en chimie moléculaire et chimie des matériaux à l’Institut Charles Gerhardt de Montpellier (ICGM), Danielle Laurencin a reçu la médaille de bronze 2013 du CNRS. Son travail porte sur la synthèse et la caractérisation de matériaux hybrides organique-inorganique pour des applications biomédicales.

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Elle s’est notamment penchée sur le développement de nouvelles voies de formulation de principes actifs contenant du bore, et sur la mise au point de techniques de caractérisation de ces molécules au sein de matériaux complexes, en ayant recours en particulier à la spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) à l’état solide. La médaille de bronze récompense le premier travail d'un chercheur, qui fait de lui un spécialiste reconnu dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes. 


Sarah Grivot, un nez né à l’UM2

Maxime Derex planche sur l’évolution de la culture

Diplômée en 2012 du master Ingénierie des cosmétiques, arômes et parfums, Sarah Grivot a été primée au concours de jeunes parfumeurs du salon Esxence où le jury lui a décerné le Noise choice awards.

Doctorant à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (Isem), Maxime Derex a montré que la capacité d'une population à innover dépend aussi de sa taille.

Parfumeur, c’est le métier qui la faisait rêver depuis le collège. Après une licence de chimie, Sarah intègre donc le master Ingénierie des cosmétiques, arômes et parfums à l’Université Montpellier 2. Diplôme en poche, elle effectue un stage chez « Les Parfums Berdoues » auteurs des célèbres parfums Chantal Thomas, IKKS, et Jacadi. « C’est là que j’ai appris qu’il y avait un concours de jeunes parfumeurs à Milan à l’occasion de la 5e édition du salon Esxence », explique Sarah. Le thème du concours était l’étoile à cinq branches. « Je me suis inspirée du tableau de Degas "L’étoile" qui représente une jeune ballerine sur scène. C’est un pastel dans les tons ocre, blanc, orange. J’ai imaginé un parfum poudré, avec du caractère ». Une note de tête composée d’osmanthus, de citron, mandarine et gingembre, un cœur du parfum composé de pêche, narcisse et magnolia et un fond musqué, ambré, poudré qui vaudront à la jeune parfumeuse d’être plébiscitée par le jury qui lui décerne le prix des nez. Une belle performance face à une centaine de concurrents. L’ancienne étudiante occupe désormais un poste de parfumeur junior dans une société Grassoise, Ipra Fragrances. « C’est un métier dans lequel je m’épanouis complètement. Le plus beau métier du monde ! ». 

Ses travaux lui ont valu une publication dans la prestigieuse revue Nature. Sous la direction de Michel Raymond (UM2/CNRS) et Bernard Godelle (UM2), Maxime Derex a prouvé par l'expérience l'hypothèse selon laquelle la taille d'une population influait directement sur sa capacité à développer une culture complexe. Plus une population est grande, plus elle est capable de transmettre des savoirs et des techniques mais aussi d'innover ; plus elle est petite, plus elle risque de perdre son savoir-faire et de régresser. « Le développement d'outils ou de techniques d'une remarquable complexité a permis à notre espèce de coloniser une gamme d'environnements plus large qu'aucune autre espèce de vertébrés n'a pu le faire », explique l’auteur. Un succès largement attribué à la capacité à améliorer progressivement des traits culturels (outils, savoir-faire, technologies...) au fil des générations, un concept connu sous le nom de culture cumulative. « Il a été proposé, sans que cela puisse être jusqu'ici validé, que la taille de population joue un rôle dans le maintien et l’évolution de la culture. L'étude publiée dans Nature vient de confirmer cette hypothèse », souligne Maxime Derex.  Référence : Experimental evidence for the influence of group size on cultural complexity, Nature, Maxime Derex, Marie-Pauline Beugin, Bernard Godelle & Michel Raymond.

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Un

robot au service des archéologues

L

ES CHERCHEURS du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (Lirmm) développent le robot sous-marin qui a participé aux fouilles archéologiques dans le lac Titicaca en Bolivie, mettant au jour des trésors précolombiens.

 Une tête de puma en céramique au fond du lac Titicaca © Jean Triboulet

Des plaques d’or taillées en forme d’animaux, des têtes de pumas sculptées dans la pierre, des vases en céramique… ces vestiges archéologiques d’une immense valeur ont été remontés du fond du lac Titicaca en Bolivie, lors d’une campagne de fouilles sous-marines menée au cours de l’été 2013. Une mission délicate pour les archéologues car avec une altitude de 3800 mètres, le lac Titicaca est le plus haut du monde. « Plonger à 10 mètres de fond à cette altitude équivaut à plonger à 20 mètres au niveau de la mer, ce qui réduit de moitié le temps de prospection sous l’eau », explique Jean Triboulet, plongeur et chercheur au Lirmm. Comment dans ces conditions explorer les profondeurs lacustres sans mettre en danger les plongeurs ? La solution s’appelle Jack. Un plongeur chevronné ? Non, un robot mis au point par les chercheurs du Lirmm.

Un robot envoyé en exploration sous-marine « Il y a quelques années j’ai eu l’opportunité de participer aux fouilles archéologiques qui se sont déroulées dans le Rhône, raconte Jean Triboulet. Je me suis alors rendu compte des problématiques spécifiques liées à ces plongées dans des milieux souvent difficiles à explorer pour des plongeurs, notamment en raison d’une visibilité particulièrement mauvaise ». Pour le chercheur qui travaille au sein de l’équipe Explore, consacrée à la robotique mobile pour l’exploration de l’environnement, la solution est évidente : pourquoi ne pas envoyer un robot en exploration sous-marine ? Il planche avec ses collègues sur le projet REEA, robotique d'exploration de l'environnement aquatique, qui aboutit à l’arrivée de Jack,

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© Jean Triboulet

JACK À LA RECHERCHE DE L’OR BLEU

le fameux robot qui a exploré le fond du lac Titicaca, développé en partenariat avec l’industriel Ciscrea. « Grâce à Jack nous avons pu réaliser des explorations jusqu’à 40 mètres de fond alors que les plongeurs ne sont pas descendus en dessous de 20 mètres », souligne le chercheur-plongeur. Comment Jack aide-t-il les plongeurs dans leurs explorations ? « Il est destiné à faire de la fusion multimodale, explique Jean Triboulet. Grâce à deux caméras embarquées sur le robot, on peut reconstituer en 3D le paysage sous-marin et ainsi identifier les sites potentiellement intéressants pour les fouilles archéologiques, si la visibilité le permet ». Mission accomplie pour Jack qui s’est révélé d’une aide précieuse lors de la mission bolivienne. « Le robot sous-marin a permis d’accéder à des zones profondes inaccessibles aux plongeurs afin de récolter des données sur le fond lagunaire », témoigne Christophe Delaere, l’archéologue de l’Université Libre de Bruxelles, responsable de la mission.

Un défi technologique pour les chercheurs Prochaine étape pour les chercheurs du Lirmm : optimiser Jack pour le rendre encore plus performant. « Pour l’instant le robot est télé-opéré avec un câble, nous travaillons à développer une version autonome sans fil », explique Lionel Lapierre. Un véritable défi technologique compte tenu des contraintes liées aux difficultés de communication en milieu sous-marin. Autre défi à relever : permettre à Jack d’opérer en flottille, en lien avec d’autres robots, afin de couvrir des zones d’exploration plus étendues. « Nous planchons également sur un modèle équipé d’un sonar sédimentaire qui permettra de repérer les objets recouverts par les couches de sédiments au fond de l’eau », complète Jean Triboulet. La collaboration entre les chercheurs du Lirmm et les archéologues va se poursuivre pour la plus grande satisfaction du ministre de la Culture bolivien, Pablo Groux, qui a souligné que ces découvertes exceptionnelles témoignent « de la grandeur, de l’importance et de la transcendance historique au temps de la civilisation de Tiahuanaco ». 

Si le robot sous-marin se révèle une aide précieuse pour les archéologues, il intéresse également les hydrogéologues. Les chercheurs de l’équipe Explore collaborent avec Hervé Jourde, du laboratoire Hydrosciences Montpellier (HSM) dans le cadre du projet KARST soutenu par le laboratoire d’excellence NUMEV (solutions numériques, matérielles et modélisation pour l’environnement et le vivant). Objectif : développer l’exploration des karsts, ces gruyères souterrains constitués de conduits et de cavités qui recèlent les précieuses réserves d’eau de notre région. Précieuses et dangereuses, lorsque le karst sature et restitue brusquement le trop plein d’une forte pluie. Problème : ce réseau souterrain est mal connu et sa dynamique difficile à prévoir. « Les spéléo-plongeurs réalisent des exploits, au prix de risques démesurés, mais les données profondes manquent, souligne Lionel Lapierre, nous proposons donc d’utiliser Jack pour établir une cartographie des réseaux karstiques ». Les chercheurs collaborent sur ce projet avec l’industriel Cénote, spécialisé dans la recherche et l’expertise dans le domaine des karsts pour mettre au point un système spécialisé pour l’exploration karstique immergée. « La transdisciplinarité est le terreau des projets KARST et ARCHEO. Lâcher un robot dans le karst soulève un tas de questions scientifiques et technologiques passionnantes. C’est dans la spécialisation du système aux méthodes, modèles, outils et objectifs des partenaires qu’on les résoudra. HSM nous apprend l’hydrogéologie et Cénote en tire des services qui impactent le territoire. Nous tenons à cet ancrage dans les problématiques locales ».

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ressources

Le réchauffement

climatique

bouleverse la biodiversité

L

A MONTÉE des températures constatée ces dernières décennies affecte les oiseaux et les papillons qui ne se déplacent pas assez rapidement pour suivre ce changement. C’est ce qu’a démontré une vaste étude réalisée par l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (Isem).

Des arbres qui fleurissent de plus en plus tôt. Des poissons tropicaux qui font leur apparition en Méditerranée. Certaines espèces qui remontent en altitude. Qu’estce qui entraîne ces bouleversements du vivant ? Réponse : le réchauffement climatique. « Les données sont irréfutables : en 20 ans, la température globale a augmenté d’un degré en Europe », explique Vincent Devictor, écologue à l’Isem. Comment les espèces s’accommodentelles de cette hausse de température ? Pas toujours très bien d’après les travaux du même Vincent Devictor. Pour évaluer l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité, l’écologue a piloté une vaste étude portant sur les oiseaux et les papillons.

Oiseaux et papillons paient la facture climatique « Chaque espèce a une température préférée, souligne le chercheur, s’il se met à faire plus chaud là où elle vit, elle va avoir tendance à se déplacer vers le Nord pour retrouver sa température idéale ». 1 degré de hausse des températures correspond à un déplacement de 250 kilomètres vers le Nord. En clair si le réchauffement climatique continue à progresser à cette vitesse, dans 80 ans il fera à Paris les températures affichées actuellement à Montpellier. Retrouvera-t-on alors les oiseaux et papillons qui s’épanouissent sous le climat montpelliérain aux portes de la capitale ? Pas si simple.

Comment les chercheurs ont-ils mesuré le déplacement des papillons et des oiseaux ? « Grâce à des milliers de bénévoles qui ont réalisé des observations sur le terrain et nous ont ensuite communiqué ces informations via des bases de données », répond Vincent Devictor. 18 000 volontaires dans toute l’Europe et près de 1 800 en France ont passé des milliers d’heures à compter oiseaux et

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papillons. De 1990 à 2010, près de 10 000 communautés d’oiseaux et plus de 2 000 communautés de papillons ont été suivies à la trace. L’étude n’aurait pas pu voir le jour sans ces ornithologues amateurs, ces naturalistes éclairés et ces amoureux de la nature qui se lancent dans l’aventure de la science citoyenne. Une démarche qui réjouit l’écologue : « il faut rapprocher le monde scientifique du grand public, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres ».

© Pierre Gaüzère

DES MILLIERS DE BÉNÉVOLES AU SERVICE DE L’ÉCOLOGIE


 Le moineau domestique (Passer domesticus) vit en petites colonies souvent proches des habitations  L'Argus Bleu Nacré (Lysandra Coridon) s'observe aussi bien en région parisienne qu'en zone de montagne

Une course d’obstacle remportée par les papillons qui se déplacent plus vite que les oiseaux. « Ce décalage dans le déplacement des espèces est loin d’être sans conséquence, explique Vincent Devictor. Certains oiseaux se nourrissent des chenilles de papillon qui eux se sont déplacés plus loin, ils risquent donc de se retrouver à court de ressources alimentaires. Nous

assistons à une désorganisation des interactions entre les espèces provoquée par le réchauffement climatique. »

© Laurent Godet

« On constate en effet que les oiseaux et les papillons se déplacent eux aussi vers le Nord pour fuir la chaleur, mais on s’est aperçu qu’ils ne progressent pas aussi vite que le déplacement des températures, les espèces se réorganisent avec retard », explique Vincent Devictor. Au cours de ces vingt dernières années, les papillons se sont déplacés de 115 kilomètres vers le nord et les oiseaux seulement de 35 kilomètres, un décalage que les chercheurs nomment la « dette climatique ». Pourquoi ce décalage ? « Parce que ce déplacement est un vrai parcours du combattant, les oiseaux et les papillons doivent traverser des zones urbanisées, semées d’embûches, qui rend la progression des populations plus difficile ».

Un appauvrissement de la biodiversité Quelles conséquences sur la biodiversité ? « Toutes les espèces ne sont pas égales face à ces bouleversements », explique le chercheur. Certaines espèces très adaptables s’en accommodent sans trop de difficultés, se contentant par exemple de se nourrir différemment si leurs chenilles préférées ne figurent plus au menu. D’autres en revanche sont plus sensibles à ces changements, moins capables de s’adapter, et vont décliner. « La conséquence, c’est une homogénéisation du vivant, explique Vincent Devictor, et donc un appauvrissement de la biodiversité. » Cette érosion de la diversité biologique qui a débuté il y a 100 000 ans est devenue exponentielle avec la destruction des habitats naturels, l’urbanisation, le développement démographique… et le réchauffement climatique. Un processus inéluctable ? « Pas nécessairement, répond l’écologue, il y a aussi beaucoup de success stories en

biologie de la conservation et l’on assiste parfois au retour progressif de certaines espèces qui avaient décliné après des mesures de protection. Mais au-delà des solutions techniques, ces problématiques soulèvent surtout des questionnements éthiques et philosophiques ». 

UNE ÉTUDE PRIMÉE Le magazine La Recherche qui récompense chaque année des équipes de chercheurs dont les travaux sont jugés particulièrement performants a décerné pour sa 10e édition le Prix spécial du jury à Vincent Devictor et son équipe pour leur étude Réponse de la biodiversité au changement climatique : les oiseaux et les papillons sont en retard.

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International

Rapprocher les deux rives ONSTRUIRE l’Euroméditerranée de la recherche et de la formation : un projet ambitieux auquel l’UM2 apporte une contribution majeure notamment à travers divers programmes européens, et grâce à l’aide active de la Région Languedoc-Roussillon.

C

vivier d’expertises hors du commun et une plateforme internationale d’actions de coopération. Signe de la crédibilité de ce qu’on appelle désormais le « label Averroès », c’est à ce réseau que le gouvernement algérien s’est récemment confié pour placer à l’étranger l’élite de ses doctorants bénéficiant de bourses nationales.

En septembre 2008, l’Université Montpellier 2 donnait naissance au programme Averroès d’échanges académiques entre l’Europe et le Maghreb, et entrait ainsi dans la galaxie Erasmus Mundus : des programmes mis en place par l’Europe pour « permettre d’initier les échanges avec les pays hors union européenne » explique François Henn. Une opportunité largement saisie par l’UM2 sur l’arc méditerranéen, selon le Vice-président délégué aux relations internationales : « aujourd’hui, le réseau Averroès est en pleine expansion et bénéficie d’une reconnaissance internationale ».

Un réseau très actif : près de 15 projets européens Tempus ont récemment vu le jour en son sein, parmi lesquels trois projets pilotés par l’Université Montpellier 2. Menés en collaboration avec les ministères et les branches industrielles, ces projets structurels, créés à la demande des partenaires Averroès du Sud, sont complémentaires des échanges universitaires et scientifiques.

Des programmes aux réseaux Le réseau Averroès ? 65 universités, 5 collectivités territoriales, 16 entreprises et 7 réseaux internationaux sur les deux rives de la Méditerranée. Un 16 N°7 - 11.2013

Ils sont aussi le signe d’une orientation nouvelle. « Nous sommes en train de passer de l’ère des programmes à celle des réseaux multilatéraux et pérennes : c’est l’âge de maturité des échanges internationaux, poursuit François Henn. Au-delà de la recherche ou de la formation initiale, il faut désormais répondre aux besoins concrets des pays tiers en matière d’employabilité des étudiants, de gouvernance, de formation continue… ».

D’Averroès à Alyssa Héritier direct du programme Averroès, le programme d’échanges avec la Tunisie Alyssa accueille cette année ses premières vagues d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs. Coordonné par l’Université Montpellier 2 et l’Université de Tunis El Manar, Alyssa donne l’exemple d’un projet européen mené en totale coopération. « 80% des bourses ont été réservées à 9 domaines d’enseignement définis par nos partenaires de Tunisie en concertation avec leur ministère. Quant au processus décisionnel, choix des thématiques, constitution du consortium, tout a été piloté collégialement avec Tunis El Manar » explique Ambar Gonzalez Bouab, chef de projet Alyssa. Particularité du projet : « c’est le seul en Tunisie à intégrer 4 Instituts Supérieurs des Etudes Technologiques (ISET), l’équivalent des IUT français », affirme Henda El Fekih, Vice-Présidente de l’Université de Tunis El Manar, et responsable Alyssa côté tunisien. « L’objectif est de favoriser l’employabilité de nos étudiants, notamment en valorisant les formations technologiques à bac +3. Et en leur donnant l’opportunité de découvrir les établissements technologiques européens ».


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 Étudiants Averroès à l’Université Montpellier 2

Pour Henda El Fekih, si l’Euroméditerranée est une évidence économique (« 80% des échanges de la Tunisie se font avec l’Europe » note-t-elle), c’est d’abord par le contact interculturel qu’elle doit se construire. « Les échanges Alyssa se font dans les deux sens, ce qui permet bien sûr de nouer des contacts utiles. Mais aussi de s’ouvrir au monde ! La rencontre avec l’autre permet de mieux se construire soi-même. Apprendre à se connaître : c’est la première pierre de la maison commune ».

Déferlante de projets UM2 sur la Méditerranée Nombreux sont les projets auxquels l’UM2 participe au Sud de la Méditerranée. Plusieurs d’entre eux ont été rendus possibles grâce aux financements de la commission européenne :  Coordonné par les universités Montpellier 2 et Tunis El Manar (Tunisie), le projet Alyssa (2013-2017) doit organiser 122 mobilités sur 3 ans entre Tunisie et

Europe. L'Université Montpellier 2 est également partenaire d’un autre projet Erasmus Mundus : Dunia Beam, coordonné par l'Université de Pavie (Italie), qui organise des échanges académiques avec la Jordanie, le Liban, la Palestine et la Syrie. Bénéficiaires des bourses Erasmus Mundus : étudiants, doctorants, post-doctorants et personnels académiques.  Les projets Tempus COMPERE-Averroès et Semsem sont pilotés par l’UM2. Le premier doit aider les acteurs du Sud à participer activement aux programmes académiques européens. Le second veut améliorer l’employabilité et la mobilité des étudiants au Maghreb et au Machrek par des stages de qualité effectués en entreprises.  Porté par l’UM2, le projet Tempus DEFI Averroès (Développer l’Employabilité des Filières d’Ingénierie) a obtenu le « Prix du meilleur projet européen 2011 » de l’Agence Europe Education Formation France (2e2f). 

LIBAN AU CŒUR Au-delà des financements européens, l’UM2 finance plusieurs projets sur fonds propres. Citons à titre d’exemple les échanges de bourses avec le CNRS Liban. Avec ce pays francophile qui est au cœur de l’espace méditerranéen, l’UM2 construit depuis longtemps une coopération privilégiée. Grâce à son Observatoire de Recherche Méditerranéen de l’Environnement (OREME), l’UM2 participe à la création d’un Observatoire Franco-Libanais de l’Environnement reconnu par le CNRS via un Laboratoire International Associé auquel participe aussi l’IRD. Un premier pas dans la construction d’un réseau d’observation international construit dans le cadre du programme euro-méditerranéen MISTRALS, et qui aidera à préserver un environnement méditerranéen remarquable mais fragile et menacé.

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Formation

La

Faculté d’Éducation,

une dans la

composante spécialisée

formation des enseignants

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EPUIS la dernière rentrée, une nouvelle composante a vu jour au sein de l'UM2, la Faculté d’Éducation. Sa vocation : permettre aux enseignants d’acquérir les compétences nécessaires pour enseigner et répondre aux défis que doit relever l’école au quotidien.

La Faculté d’Éducation qui regroupe les personnels de l’ancien IUFM est une structure originale car elle est également une composante de l’École Supérieure du Professorat et de l’Enseignement Languedoc-Roussillon (ESPE-LR) qui a été créée au niveau de la Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE, exPRES) « Sud de France » pour organiser au niveau régional la formation des enseignants. Pourquoi une nouvelle composante ? Sa naissance est consécutive à la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République. Cette dernière a en effet acté la disparition des IUFM et la mise en place des Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation qui ont vu le jour au 1er septembre 2013. La mise en place de ces ESPE s’est concrétisée au cas par cas, chaque académie bénéficiant d’une certaine autonomie pour le choix du scénario. Avec cependant un point commun : toutes les ESPE se sont créées dans le cadre d’un partenariat entre les universités présentes dans l’académie et le rectorat. L’offre de formation proposée par les ESPE a ainsi été élaborée conjointement par tous les acteurs participant à la formation des enseignants.

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Priorité à la professionnalisation En Languedoc-Roussillon, les 5 universités partenaires (Université Montpellier 1, Université Montpellier 2, Université Paul Valéry Montpellier 3, Université de Nîmes et Université de Perpignan Via Domitia) ont ainsi opté pour un rattachement de l’ESPE à la COMUE « Sud de France ». Cette dernière n’ayant pas vocation à gérer des ressources humaines, l’UM2 qui dès 2008 avait intégré en son sein l’IUFM de l’Académie de Montpellier, a opté, en accord avec ses partenaires, pour la mise en place d’une nouvelle structure : la Faculté d’Éducation. Cette nouvelle Unité de Formation et de Recherche prend sa place dans le paysage universitaire montpelliérain et rayonne dans toute la région grâce à son implantation à Carcassonne, Mende, Montpellier, Nîmes et Perpignan. « La spécificité de la Faculté d’Éducation est la formation professionnelle des enseignants. Nous préparons aux concours d’enseignement bien entendu et nous sommes attachés à avoir les meilleurs résultats possibles, mais nous nous efforçons aussi de former des enseignants de qualité capables de s’adapter à toutes les exigences de ce métier complexe » déclare Jean-Paul Udave,


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directeur de la FdE, élu début janvier 2014. « De ce point de vue, la nouvelle réforme de la formation des enseignants qui place les concours en Master 1 et permet de consacrer le Master 2 à la formation professionnelle, notamment grâce à un stage important, est une bonne mesure car elle autorise une formation professionnelle fondée sur l’alternance ».

Des étudiants mieux préparés aux concours et à l’exercice du métier

de la région : ces dernières prennent en charge la formation scientifique et la FdE s’occupe de la formation didactique et pédagogique. La FdE forme aussi aux métiers et aux concours de professeur des écoles, de conseiller principal d’éducation et de professeur en lycée professionnel et en enseignement technique grâce au Master Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF). « Ces parcours de master répondent à la nécessité de s’adapter aux exigences du système éducatif et aux changements de modalités de recrutement des enseignants », souligne Jean-Paul Udave. Pour le directeur, le plus important est de permettre aux étudiants d’avoir les meilleures conditions de travail possibles pour réussir leurs concours et devenir des enseignants compétents. Une formule dont l’efficacité est éprouvée : la FdE affiche un excellent taux de réussite de ses étudiants. En 2013, 75 % des admis au concours de professeur des écoles sont passés par cette structure. L’académie affiche également le deuxième meilleur taux de réussite pour le concours de CPE, juste après Paris.

Au sein de l’UM2, la Faculté d’Éducation travaille en partenariat avec la Faculté des Sciences. Cette dernière est responsable de la préparation des CAPES scientifiques. Ces concours préparent au métier de professeur des collèges et lycées en physique-chimie, sciences de la vie et de la terre ou mathématiques. « La FdE participe à la formation de ces futurs profs de sciences, non seulement pour organiser leurs stages, mais également pour leur apporter tous les outils didactiques nécessaires pour faire d’eux de bons enseignants, souligne Jean-Paul Udave. Pour leur apprendre à gérer une classe, mettre en œuvre une démarche pédagogique, créer un climat propice aux apprentissages, autant d’atouts qui feront d’eux des enseignants compétents. »

De la formation initiale à la formation continue

Dans les autres disciplines (lettres, langues, arts sciences humaines, etc.) la FdE coopère avec les autres universités

Elle leur offre la possibilité d’acquérir des compétences nouvelles dans le cadre de masters spécialisés ou de diplômes d’uni-

versité dans différents secteurs : l’adaptation scolaire des élèves handicapés, l’ingénierie de la formation, l’enseignement des langues, la formation de formateurs ou encore la relation éducative. La Faculté d’Éducation organise aussi des stages de formation continue à la demande du rectorat et de l’ESPE. Par ailleurs, la FdE permet aux enseignants déjà en poste d’accéder au niveau master. « Il y a 3 ans les enseignants qui obtenaient le concours étaient titulaires d’une licence, nous leur proposons dans le cadre d’une procédure de validation d’acquis de compléter leur formation pour accéder au niveau master et faciliter leur poursuite de carrière », explique le directeur. 

LA FDE EN CHIFFRES Acteur incontournable de la formation à l’enseignement, la Faculté d’Éducation accueille plus de 1 900 étudiants dans les formations qu’elle porte et participe à la formation de plus de 1 000 autres étudiants inscrits à la FdS et dans les autres universités. Elle forme également, sur des durées courtes, plusieurs centaines d’enseignants en poste, représentant environ 10 000 heures de formation.

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Innovation

Des

matériaux de pointe nés à l'UM2

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ES MATÉRIAUX VERTS aux matériaux hautes performances, les chercheurs de l’Institut Charles Gerhardt conçoivent toute une gamme de polymères aux propriétés innovantes. Quel peut-être le point commun entre une voiture, un avion, une chaise design, un moule à gâteau et une coque de bateau ? Tous ces objets contiennent des matériaux polymères made in UM2. Les chimistes et physico-chimistes de l’équipe Ingénierie et Architectures Macromoléculaires de l’Institut Charles Gerhardt en ont fait leur spécialité. Leur talent : définir de nouvelles macromolécules pour satisfaire de nouvelles fonctions. Un savoir-faire couronné par une quarantaine de brevets déposés ces cinq dernières années par l’équipe IAM.

L’avenir est aux matériaux verts Parmi les défis relevés par les chercheurs, la mise au point de matériaux biosourcés. « Nous utilisons des ressources naturelles pour développer et optimiser des matériaux polymères qui peuvent en particulier remplacer des matières très diverses mais issues de la pétrochimie », explique Jean-Pierre Habas. La plupart des matériaux utilisés à l’heure actuelle sont en effet fabriqués à partir de ressources pétrolières. Une filière qui pose de multiples problèmes. Premièrement : la raréfaction de la res20 N°8 - 02.2014

source fossile est inéluctable, ce qui engendre dès aujourd’hui un coût de revient des matériaux pétrosourcés de plus en plus élevé. « Nous proposons des alternatives économiquement intéressantes car avec la biomasse nous ne sommes pas confrontés à une telle fluctuation du prix de la ressource », répond Jean-Pierre Habas. Mais surtout certains matériaux issus de la filière pétrole contiennent des composés potentiellement toxiques. Ces produits sont dans le collimateur des autorités européennes qui font la chasse aux polluants chimiques. Ils sont mis sous l’étroite surveillance du règlement Reach qui vise à sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne. « Il y a une réelle attente de produits "verts" performants, innovants et permettant de respecter les contraintes environnementales, souligne Jean-Pierre Habas. Les polymères biosourcés peuvent répondre à ces critères de manière très satisfaisante ».

Des débouchés importants pour les polymères biosourcés L’équipe IAM travaille entre autres sur une gamme de résines fabriquées notamment à partir d’huiles végétales comme le lin ou les pépins de raisin et déclinée avec divers durcisseurs. « Nous obtenons une résine époxy très réactive qui peut durcir à faible température ». Résultat : un matériau non toxique, léger et dont

les propriétés mécaniques peuvent être modulées. Il est ainsi possible de produire des matrices très souples ou inversement des matériaux dotés d’une haute rigidité mécanique. Une aubaine pour le secteur automobile qui y voit la possibilité d’alléger ses véhicules pour diminuer leur consommation. « Ces polymères peuvent mimer le comportement des matériaux pétrosourcés, "époxy biosourcée" n’est absolument pas synonyme de matériau au rabais », précise Jean-Pierre Habas. Les industriels ne s’y trompent pas : les planchers amovibles de coffre de divers véhicules de constructeurs automobiles sont en cours de qualification avec l’emploi de ce nouveau matériau. D’ores et déjà protégé par des brevets, le concept fait l’objet de partenariats avec d’autres grands groupes industriels. Le groupe Alstom Transport va lui aussi utiliser une formulation biosourcée développée à l’Université Montpellier 2 pour fabriquer des éléments composites de ses futurs TGV. L’entreprise Corima spécialisée dans le mobilier de luxe s’intéresse elle aussi aux matériaux made in UM2, notamment pour fabriquer du mobilier design. Et ce n’est qu’un début : « Pour l’instant les matériaux de type résines époxy proviennent à 99% du marché de la pétrochimie, explique le physico-chimiste, il y a un vrai marché et des débouchés importants pour les matériaux issus de la biomasse à condition de ne pas négliger le coût de production ».


Spécialistes des matériaux hautes performances Si l’UM2 s’illustre dans les matériaux verts, les compétences des chimistes de l’ICGM sont également largement reconnues dans le domaine des polymères hautes performances. « Ces matériaux sont conçus à base d’hétéroéléments comme le fluor, le phosphore ou le silicium, ils présentent des propriétés très supérieures à celles des polymères conventionnels », explique Jean-Pierre Habas. Exemple ? Les polymères fluorés. Résistants aux UV, ils sont utilisés comme revêtement pour limiter la dégradation des matériaux exposés à l’humidité et au soleil. Inertes chimiquement, ils sont employés depuis quelques décennies dans l’industrie alimentaire pour les revêtements anti-adhésifs des ustensiles de cuisine. On les utilise également comme revêtement intérieur des citernes de stockage des fluides agres-

sifs ou encore pour fabriquer les joints d’étanchéité en contact avec ces acides. « Nous développons également des polymères de type silicone qui ont aussi des propriétés atypiques », poursuit JeanPierre Habas. Ces matériaux peuvent rester très souples même à basse température et gardent une bonne stabilité de leurs caractéristiques physiques et chimiques jusqu’à 250 °C. Ils sont utilisés pour fabriquer notamment des moules à gâteau en silicone et interviennent dans la conception des inverseurs de poussée des avions en tant que matériau d’encapsulation électrique dont la souplesse doit rester élevée même lors de l’exposition à des températures de l’ordre de -60°c en plein vol. Autres matériaux hautes performances développés au sein de l’équipe IAM : les polymères à base de phosphore. Ils présentent une résistance au feu hors du commun. Entrant dans la composi-

tion de peintures techniques, ils offrent des caractéristiques très intéressantes telles que la résistance à la corrosion ou à la colonisation indésirable d’organismes aquatiques et sont donc utilisés pour protéger les coques des bateaux. « Ces matériaux semblent également afficher un réel potentiel pour la dépollution des eaux usées car ils ont la capacité de piéger les métaux lourds ». Ils peuvent avoir un intérêt pratique notamment en Guyane où les rivières sont fortement polluées par le mercure utilisé par les chercheurs d’or. « Notre équipe a déposé de nombreux brevets sur ce secteur des polymères hautes performances et affiche une solide reconnaissance internationale », se réjouit Jean-Pierre Habas. Autant de contrats potentiels à l’horizon et d’actions futures pour cette équipe de serial-breveteurs.  © Jean

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Patrimoine

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herbier livre ses secrets

HERBIER de l’Université Montpellier 2 passe au numérique : une aubaine pour les botanistes et les amateurs du monde entier, qui vont avoir libre accès à ses collections.

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d’euros : 1,5 million de planches sur 5 ans. Ce projet national prévoit aussi la création d’un portail collaboratif offrant aux amateurs éclairés la possibilité d’enrichir les données en ligne. Début du chantier : 1er semestre 2014.

Au cœur de Montpellier, l’Institut de botanique est le gardien du jardin des plantes de la ville, le plus ancien de France. Propriété de l’UM2, il recèle un trésor dans ses murs vénérables : le prestigieux herbier de Montpellier, deuxième de France après celui du Muséum national d'Histoire naturelle.

Outil vital pour les botanistes

L’herbier de Montpellier ? 1 500 m² répartis sur 6 étages, un labyrinthe de 5,5 km d'étagères métalliques où sont conservés 3,5 millions d’échantillons, herbiers, vélins, aquarelles… Un trésor qui sort de l’ombre grâce à deux projets de numérisation. Premier en date, le programme international Global Plants Initiative (GPI) a déjà permis de numériser, avec l’aide de l’association Tela Botanica, 26 000 documents choisis pour leur intérêt scientifique.

À LIRE

Avec le projet E-RecolNat porté par le Muséum national d'Histoire naturelle dans le cadre des Investissements d’Avenir, c’est une numérisation massive qui est prévue, grâce à une aide de 7,5 millions

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@UM2

3,5 millions d’échantillons

La perspective d’un libre accès à ces collections encore peu exploitées n’a pas manqué d’éveiller l’attention des chercheurs, pour qui l’herbier constitue « une banque de données primordiale » explique Véronique Bourgade, conservateur du patrimoine en charge des collections scientifiques. « C’est un n outil vital, confirme Jérôme Munzinger, nger, botaniste à l'Institut de recherche che pour le développement (IRD). L’herbier herbier de Montpellier contient de nombreux "spécimens types", ayant nt servi à décrire une espèce nouvelle velle : ils sont la référence pour identifier dentifier une plante ». C’est aussi la masse des informanformations conservées qui fait la valeur scientifique de l’herbier er : le nombre d’échantillons présents sents pour une même espèce, mais aussi les données recueillies illies lors de la récolte – la répartiartition géographique, l'écoloologie ou le cycle de vie de la

« Collections taxonomiques, collections vivantes es eet ressources génétiques pour la biodiversité », », uun dossier spécial d’Agropolis International qqui présente plus de 40 collections de rréférence développées et maintenues au ssein de la communauté scientifique de la rrégion Languedoc-Roussillon. .... http://agrop.fr/collections

plante, ainsi éventuellement que ses noms vernaculaires ou encore ses propriétés. Au détour d’un herbier, le chercheur peut tomber sur cette pépite : une plante inconnue. À l’heure où la biodiversité est menacée, l’herbier peut aussi constituer la seule source d’information sur une espèce éteinte, conservée sèche entre deux feuilles de papier. Mais que l’on peut avoir l’heureuse surprise de retrouver un jour sur le terrain, en chair et en fleurs.  Liens utiles : ...www.collections.univ-montp2.fr ...www.tela-botanica.org  Dom be (type no ya acutangula m C Île de la enclatural) - C av. o Réunio n. 18 e s mmerson iècle


Publications

Un primate fossile bouscule l’histoire des Lémuriens et des Loris On l’appelle Djebelemur. Ce petit primate vivait il y a 50 millions d’années environ. Sa découverte en Tunisie par une équipe franco-tunisienne de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (CNRS, UM2, IRD) et de l’Office national des mines de Tunis pourrait remettre en question plusieurs hypothèses sur l’origine de certains primates. D’après les paléontologues, il constituerait une transition vers l’apparition des primates à peigne dentaire, apparus au moins 15 millions d’années plus tôt. Djebelemur remet donc en question les hypothèses avancées par la biologie moléculaire. …Djebelemur, a Tiny Pre-tooth-combed Primate from the Eocene of Tunisia : a Glimpse into the Origin of Crown Strepsirhines, Laurent Marivaux, Anusha Ramdarshan, El Mabrouk Essid, Wissem Marzougui, Hayet Khayati Ammar, Renaud Lebrun, Bernard Marandat, Gilles Merzeraud, Rodolphe Tabuce, Monique Vianey-Liaud, Plos One, 4 décembre 2013

Des scientifiques identifient les aires protégées les plus irremplaçables dans le monde Quelles sont les aires protégées les plus importantes pour empêcher l’extinction d’espèces de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens dans le monde ? Une étude pilotée par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS, UM1, UM2, UM3, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD, Inra, EPHE) a identifié 78 sites, comprenant 137 aires protégées dans 34 pays. Parmi eux, deux aires protégées sur le territoire français : le Parc naturel régional de la Martinique et le Parc national de la Guadeloupe. Cette étude publiée dans la revue Science fournit des conseils pratiques pour améliorer l’efficacité des aires protégées dans la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale. …Protected Areas and Effective Biodiversity Conservation, Soizic Le Saout, Michael Hoffmann, Yichuan Shi, Adrian Hughes, Cyril Bernard, Thomas M. Brooks, Bastian Bertzky, Stuart H.M. Butchart, Simon N. Stuart, Tim Badman, Ana S.L. Rodrigues, Science, 15 novembre 2013

Amborella a survécu aux dernières glaciations au sein de deux refuges Arbuste endémique de la Nouvelle-Calédonie pouvant atteindre 12 mètres de haut, Amborella est considéré par les botanistes comme l'ancêtre vivant de toutes les plantes à fleurs, sa lignée existant depuis plus de 160 millions d'années. En analysant sa génétique et en modélisant sa niche écologique, des chercheurs des laboratoires « Diversité adaptation et développement des plantes » et « Botanique et bioinformatique de l’architecture des plantes » (UM2, IRD, Inra, CNRS, Cirad) ont montré qu’Amborella a survécu aux glaciations du Pléistocène au sein de deux refuges. Cette étude est la première qui démontre l’existence de ces refuges, et elle contribue à la réflexion sur la conservation des forêts humides calédoniennes. …Phylogeography and niche modelling of the relict plant Amborella trichopoda (Amborellaceae) reveal multiple Pleistocene refugia in New Caledonia, V. Poncet,, F. Munoz, J. Munzinger, Y. Pillon, C. Gomez, M. Couderc, C. Tranchant-Dubreuil, S. Hamon, and A. de Kochko, Molecular Ecology, décembre 2013

Flore de la France méditerranéenne continentale Fruit de plus de dix années de collaboration entre Jean-Marc Tison et Philippe Jauzein, deux botanistes réputés, et le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, cet ouvrage publié chez Naturalia Publications constitue la première synthèse sur l’ensemble des fougères et des plantes à graines ou à fleurs de la France méditerranéenne continentale. L’herbier de l’UM2 représente une source essentielle pour cette flore exhaustive sur la région Languedoc-Roussillon, qui intègre également la partie méditerranéenne de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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@UMONTP2

Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE

www.univ-montp2.fr


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