Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus

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Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus

Un guide pour soutenir et inspirer les défenseurs qui cherchent à réduire le fardeau du cancer

Introduction

Le cancer du col de l’utérus est une maladie que l’on peut prévenir et que l’on peut guérir si elle est détectée à un stade précoce et prise en charge de manière efficace. Pourtant, il s’agit de la quatrième forme de cancer la plus répandue chez les femmes dans le monde. En effet, le cancer du col de l’utérus est responsable d’un décès toutes les deux minutes. En 2022, près de 94 % des décès dus au cancer du col de l’utérus sont survenus dans des régions disposant de faibles ressources. Ceci met en évidence les inégalités mondiales en matière d’accès aux services de santé publique et de mise en œuvre des programmes qui visent à réduire la mortalité liée au cancer du col de l’utérus. Les disparités régionales dans la charge du cancer du col de l’utérus sont influencées par des déterminants sociaux et économiques, notamment le sexe, les préjugés sexistes, la pauvreté et les facteurs de risque tels que le VIH. Les femmes vivant avec le VIH sont six fois plus susceptibles de présenter un cancer du col de l’utérus que la population générale .

En 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté la Stratégie mondiale en vue d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique (désignée sous le nom de stratégie mondiale de l’OMS dans le présent manuel). La stratégie fournit des orientations et des recommandations pour des interventions fondées sur des données probantes dans trois domaines : 90 % des filles vaccinées contre le papillomavirus avant l’âge de 15 ans, 70 % des femmes soumises à un test de dépistage performant avant l’âge de 35 ans et à nouveau avant l’âge de 45 ans, et 90 % des femmes dépistées pour un précancer du col de l’utérus ou un cancer invasif bénéficiant d’un traitement. La modélisation mathématique estime que la réalisation et le maintien des objectifs 90/70/90 permettront d’éviter 74 millions de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et 62 millions de décès dans 78 pays à revenu faible ou intermédiaire d’ici à 2030.

En quoi consiste le plaidoyer pour réduire le fardeau du cancer ?

Le plaidoyer pour réduire le fardeau du cancer est un processus stratégique qui consiste à inciter les gouvernements, les décideurs et d’autres acteurs clés à prendre des engagements, élaborer des plans et des politiques et allouer les ressources nécessaires pour réduire le nombre de diagnostics et de décès dus au cancer du col de l’utérus.

1. Global strategy to accelerate the elimination of cervical cancer as a public health problem. Genève Organisation mondiale de la santé 2020. Licence CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

La Stratégie mondiale pour l’élimination du cancer du col de l’utérus propose :

• la vision d’un monde où le cancer du col de l’utérus est éliminé en tant que problème de santé publique ;

• que tous les pays atteignent et maintiennent un taux d’incidence inférieur à 4 pour 100 000 femmes ;

• pour y parvenir, tous les pays doivent atteindre les objectifs 90/70/90 d’ici à 2030.

Pour soutenir les objectifs mentionnés ci-dessous, les efforts de plaidoyer doivent également prendre en considération les questions transversales ou les possibilités de renforcer les systèmes nationaux de santé pour le cancer. Ces efforts peuvent porter sur des domaines tels que la surveillance globale du cancer, l’élaboration de plans nationaux de prise en charge contre le cancer et la mise en place de cadres politiques favorables à l’élimination du cancer du col de l’utérus. S’assurer d’un financement durable pour un accès équitable aux soins et l’inclusion active des personnes ayant une expérience vécue du cancer sont des questions cruciales à aborder par le biais d’efforts de plaidoyer.

90 %

des filles sont entièrement vaccinées contre le papillomavirus à l’âge de 15 ans.

70 %

des femmes bénéficient d’un dépistage réalisé à l’aide d’un test de haute performance à l’âge de 35 ans et à nouveau à 45 ans.

90 %

des femmes chez qui une maladie du col de l’utérus à été diagnostiquée reçoivent un traitement (90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses sont traitées, et 90 % des femmes atteintes d’un cancer invasif sont prises en charge).

Vaccination contre le HPV

Dépistage

Traitement et soins palliatifs

Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus

Résumé

Le manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus est un guide pratique conçu pour accompagner et inspirer les organisations de la société civile (OSC) et les coalitions de plaidoyer dans la promotion de la prévention, du dépistage et du traitement du cancer du col de l’utérus, conformément à la stratégie mondiale de l’OMS. Il complète l’outil de plaidoyer de l’UICC, lequel fournit des conseils sur l’élaboration de stratégies de plaidoyer globales et comprend des exercices pratiques. Il est recommandé d’utiliser ces ressources ensemble pour disposer d’un cadre complet de plaidoyer en faveur de l’élimination du cancer du col de l’utérus.

Cette deuxième version du manuel s’appuie sur l’itération 2021 développée dans le cadre du projet SUCCESS financé par Unitaid, dirigé par Expertise France et mis en œuvre en partenariat avec Jhpiego. Cette version actualisée s’aligne sur les recommandations, les lignes directrices et les ressources publiées depuis 2021 pour soutenir la mise en œuvre de la stratégie mondiale de l’OMS.

Les organisations de la société civile jouent un rôle essentiel en traduisant les stratégies mondiales en actions locales, en garantissant la viabilité à long terme des investissements et en plaidant en faveur de politiques qui élargissent l’accès aux services essentiels. Ces organisations contribuent également à faire entendre la voix des populations mal desservies et difficiles à atteindre, à relever les défis locaux et à accroître la portée et l’impact des services grâce à une mobilisation communautaire efficace et à des efforts de sensibilisation.

Bien que des progrès aient été réalisés, le cancer du col de l’utérus reste un problème de santé publique important, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les victoires en matière de plaidoyer, telles que l’adoption d’une nouvelle législation, de politiques de soutien et d’un financement accru de la santé, sont cruciales pour accélérer les efforts d’élimination, mais la responsabilité des gouvernements et une mise en œuvre pérenne sont tout aussi importantes. Grâce à un plaidoyer stratégique et coordonné, la société civile peut jouer un rôle transformateur dans la réalisation des trois piliers de l’élimination, et ainsi réduire la mortalité due au cancer du col de l’utérus et garantir un impact à long terme.

Une étude de l’état des lieux 2023 a révélé que 97 % des OSC impliquées dans la vaccination contre le papillomavirus et l’élimination du cancer du col de l’utérus participaient également à des activités de plaidoyer connexes, ainsi qu’à des activités de mobilisation communautaire, de prestation de services ou de sensibilisation. L’étude a mis en évidence la profonde compréhension qu’ont les OSC des besoins locaux, notamment des défis, des perceptions et des opportunités, ce qui fait d’elles des interlocuteurs de confiance au sein de leurs communautés. Elle a également identifié des besoins clés qui, s’ils étaient satisfaits, renforceraient leur rôle dans la réalisation des objectifs d’élimination. Ce manuel vise à répondre à certains de ces besoins en fournissant des messages clés, des recommandations exploitables et des ressources adaptables pour aider à élaborer des stratégies de plaidoyer efficaces, alignées sur la stratégie mondiale de l’OMS et adaptées aux différents systèmes de santé et contextes de ressources.

Le manuel est organisé selon les sections suivantes :

La section 1 souligne l’importance de créer des coalitions, en explorant les partenaires clés et les compétences nécessaires au sein de celles-ci, et, dans le cadre d’une alliance plus large, pour informer les stratégies de plaidoyer et susciter des actions.

La section 2 se concentre sur les étapes clés de la planification de l’élaboration d’une stratégie nationale de plaidoyer. Elle décrit les objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS, présente un outil d’évaluation du contexte sociopolitique national et des conseils sur le choix d’approches efficaces en matière de sensibilisation. Elle présente également les efforts de plaidoyer fructueux déployés par les OSC et souligne l’importance d’inclure les voix des personnes ayant une expérience concrète.

La section 3 fournit des conseils sur la manière d’élaborer des messages de sensibilisation, ainsi qu’un exemple de campagne de sensibilisation réussie visant à inciter le gouvernement à agir en faveur de l’élimination du cancer du col de l’utérus. Elle propose également des ressources supplémentaires pour accompagner le suivi, l’évaluation et l’apprentissage.

Ce manuel sert de guide complet pour aider les organisations ou coalitions de la société civile à apporter des changements dans leur contexte national par le biais d’un plaidoyer conforme aux recommandations de la Stratégie mondiale de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus. Le manuel fait partie d’un portefeuille de ressources de l’UICC. Les documents complémentaires comprennent :

Traduire la stratégie mondiale de l’OMS en un plaidoyer national efficace exige une compréhension globale du contexte local ou national, notamment de la charge de morbidité, des tendances, des stratégies existantes et des opportunités de plaidoyer. À ces fins, le manuel est destiné à :

1. Doter les défenseurs des connaissances et des ressources nécessaires pour sensibiliser efficacement les acteurs politiques et faire du cancer du col de l’utérus une priorité nationale et mondiale en matière de santé ;

2. Proposer des idées concernant les personnes à impliquer dans les efforts de plaidoyer en tant que membres et partisans de la coalition, y compris parmi les décideurs politiques, les professionnels de la santé, les communautés et les personnes touchées par le cancer du col de l’utérus ;

3. Fournir des conseils sur la manière d’orienter les efforts de plaidoyer en faveur de la prévention, du dépistage, du traitement et des soins d’accompagnement du cancer du col de l’utérus, en fonction du contexte national ;

4. Mettre en lumière des campagnes et des initiatives de plaidoyer réussies dans le monde entier afin d’inspirer et d’informer les efforts en la matière.

→ un manuel de plaidoyer destiné aux défenseurs de la prise en charge contre le cancer comprenant des conseils et des exercices étape par étape, afin de concevoir et mettre en œuvre des stratégies de plaidoyer efficaces et suivre leurs avancées ;

→ le cours annuel de l’UICC « Plaidoyer pour une meilleure lutte contre le cancer » visant à aider les membres à développer des compétences de plaidoyer ;

→ des cours en ligne à rythme libre de l’UICC, qui présente l’initiative de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus et les objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS ;

→ des infographies sur le cancer du col de l’utérus, des messages dans les réseaux sociaux, des documents pertinents et d’autres ressources disponibles sur la page ressources pour l’élimination du cancer du col de l’utérus ;

→ le guide Plaidoyer dans la pratique : témoignages de prise en charge contre le cancer par les membres de l’UICC illustrant la manière dont les principes communs de plaidoyer peuvent être appliqués dans différents contextes et montrant l’impact potentiel qui peut être obtenu grâce aux efforts de plaidoyer

Une collection plus large de ressources pour soutenir le plaidoyer national pour l’élimination du cancer du col de l’utérus est disponible à la page 36.

Création d’une coalition

La constitution de coalitions est essentielle pour un plaidoyer efficace. Cela permet à diverses organisations d’unir leurs voix, leurs ressources et leur expertise dans le but commun d’éliminer le cancer du col de l’utérus dans leur contexte. En formant des coalitions, les groupes de plaidoyer peuvent étendre leur impact, mettre en commun leurs forces et toucher des publics plus larges.

La liste de contrôle suivante propose des groupes clés que les OSC peuvent impliquer dans la prise en charge contre le cancer du col de l’utérus, tout en veillant à la diversité des compétences. La coalition sera constituée des membres les plus pertinents et les plus actifs, encadrés par une structure formelle et engagés sur le long terme. D’autres groupes et individus peuvent soutenir la coalition dans le cadre d’une alliance plus large. Ces partenaires amplifient l’influence de la coalition, améliorent la stratégie de plaidoyer et développent le réseau, afin de créer plus d’opportunités et un plus grand impact.

Lors de la formation d’une coalition, consultez le manuel de l’UICC pour la mise en place d’une coalition pour plus d’informations et des exercices d’accompagnement du processus. Les membres de la coalition doivent également procéder à une auto-évaluation pour identifier leurs points forts et leurs compétences, comprendre les rôles respectifs que les organisations peuvent jouer au sein de la coalition et identifier les questions clés que la coalition pourrait souhaiter aborder.

Création d’une coalition

Groupes de patientes et de survivantes : Un élément clé de toute stratégie de plaidoyer est l’inclusion de personnes ayant une expérience vécue du cancer. Leur voix offre un aperçu précieux de l’impact du cancer du col de l’utérus sur les personnes et aide à élaborer des politiques qui reflètent les réalités et les priorités des personnes directement touchées. Il est essentiel de faire participer les personnes ayant une expérience vécue du cancer à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de lutte contre le cancer pour défendre le droit à la santé et garantir l’accès à des soins de qualité contre le cancer.

Organisations non gouvernementales travaillant sur le cancer du col de l’utérus, l’aide aux patientes ou les cancers féminins : Ces organisations ont un rôle essentiel à jouer dans la fourniture de services et peuvent apporter des données, des informations et des témoignages pour étayer les efforts de plaidoyer. Elles peuvent également apporter leurs compétences en matière d’organisation des efforts de plaidoyer et de mobilisation des publics cibles.

Organisations non gouvernementales travaillant sur les droits des femmes et des adolescentes : Ces organisations peuvent apporter leur expérience et leur expertise en matière de défense de la santé et des droits des femmes et des adolescentes et contribuer à dissiper les mythes et la désinformation liés à la vaccination contre le papillomavirus.

Organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive et de la planification familiale, de la santé maternelle et infantile : Des synergies efficaces peuvent être exploitées avec les organisations qui travaillent dans ce domaine, à la fois pour la mobilisation au niveau national et pour l’organisation de campagnes de sensibilisation dans les zones rurales et urbaines.

Communauté du VIH, y compris les organisations non gouvernementales, les groupes de patients et les défenseurs individuels : La communauté du VIH s’appuie sur la richesse de l’expérience et de l’expertise de défenseurs dévoués dans le monde entier. Leur soutien, leurs conseils et leurs expériences vécues sont une source de connaissances inestimables pour les coalitions. Compte tenu du lien entre le VIH et le cancer du col de l’utérus, il s’agit d’une occasion unique d’adopter des approches intégrées pour relever des défis communs et renforcer l’impact collectif.

Groupes d’encadrement de jeunes : Ces groupes représentent la population cible du vaccin contre le papillomavirus. Leur participation garantit l’engagement des jeunes à sensibiliser, à lutter contre la désinformation et à défendre les politiques qui favorisent l’accès au vaccin contre le papillomavirus. Ils peuvent également soutenir les efforts de vaccination contre le papillomavirus en diffusant des messages adaptés au public visé.

Groupes pour l’égalité des genres : Ces groupes ont l’habitude d’impliquer différents sous-groupes de femmes et peuvent fournir des informations utiles sur les facteurs qui facilitent ou entravent les programmes de vaccination et la participation des femmes au dépistage du cancer du col de l’utérus et aux soins de suivi. Ils peuvent, par exemple, contribuer à l’inclusion et à l’engagement efficaces des hommes et des adolescents dans les activités de vaccination et de dépistage du cancer du col de l’utérus.

Création d’une coalition

Organisations non gouvernementales travaillant sur la santé des hommes et des garçons : La participation de ces organisations aux efforts de plaidoyer permet de mieux comprendre l’impact à long terme du cancer du col de l’utérus sur les familles et la société, et d’inciter les hommes alliés à soutenir l’accès à la prévention, au dépistage et au traitement dans l’ensemble de la communauté.

Communauté de vaccination : Les responsables des programmes nationaux de vaccination et les ONG locales ou internationales spécialisées dans la vaccination peuvent renforcer les efforts de sensibilisation à la vaccination contre le papillomavirus, améliorer l’accès à cette dernière et intégrer la prévention du cancer du col de l’utérus dans les efforts plus larges de vaccination.

Organisations qui soutiennent les personnes en situation de handicap : Ces groupes peuvent aider à obtenir à un accès équitable à la vaccination contre le papillomavirus, au dépistage et au traitement du cancer du col de l’utérus. Ils peuvent contribuer à lever les obstacles auxquels sont confrontées les personnes en situation de handicap, plaider en faveur de politiques de soins de santé inclusives et promouvoir des campagnes de sensibilisation qui tiennent compte de la diversité des besoins, favorisant ainsi un accès équitable pour toutes les femmes et les jeunes filles.

Associations de sages-femmes : Ces groupes jouent un rôle clé en promouvant la vaccination contre le papillomavirus, en sensibilisant la population cible au dépistage et en intégrant la prévention dans les soins de santé maternelle. Leur position de confiance au sein des communautés permet d’élargir la sensibilisation, d’influencer les politiques et d’améliorer l’accès aux services.

Experts en santé publique : Des universitaires, des spécialistes de la politique de santé publique et des défenseurs de la santé expérimentés peuvent soutenir la coalition et combler les lacunes en matière de connaissances, notamment sur la manière dont le système de santé peut être amélioré pour atteindre les objectifs de vaccination et faciliter le dépistage et le traitement du cancer du col de l’utérus dans les délais impartis. Ces personnes sont susceptibles de conseiller les gouvernements et les parlements sur les questions de santé nationale, ce qui permet d’étendre l’influence de la coalition et son réseau auprès des principaux décideurs.

Groupes de défense juridique des droits humains et de la santé : Dans un cadre fondé sur les droits humains, des experts juridiques peuvent fournir des conseils sur le respect des droits des patients et la protection de la santé des personnes touchées par le cancer. Les experts juridiques peuvent donner des conseils sur les stratégies à explorer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus au niveau national.

Parlementaires en exercice et retraités : Ces personnes ont une connaissance approfondie des cycles budgétaires nationaux, des relations établies avec les membres du Parlement (MP) et le personnel parlementaire. Ainsi, ils peuvent avoir l’influence nécessaire pour persuader les MP existants de défendre les questions relatives au cancer du col de l’utérus dans leur pays.

Création d’une coalition

Chercheurs et instituts universitaires : Les groupes de pression et les institutions universitaires peuvent former des partenariats de collaboration, les chercheurs acquérant des connaissances critiques sur leur travail et fournissant à leur tour des données fondées sur des preuves pour les groupes de plaidoyer, ainsi que des recommandations politiques. Il peut s’agir de centres nationaux de cancer, d’universités et de laboratoires. Ces collaborations facilitent les initiatives de recherche conjointes, où l’expertise universitaire aide la société civile à mener des études pertinentes qui renforcent les stratégies de plaidoyer. La recherche sur la mise en œuvre permet d’identifier et de surmonter les obstacles à l’extension de stratégies éprouvées, telles que la vaccination contre le papillomavirus et le dépistage du cancer du col de l’utérus, afin de garantir leur adoption et leur viabilité à long terme, en particulier dans les populations aux ressources limitées et diversifiées.

Professionnels et associations médicales : Les contributions de ces groupes peuvent se faire sous différentes formes, telles que l’apport de connaissances sur les recommandations cliniques, les lacunes actuelles du système de santé et les solutions d’accompagnement à l’élaboration de messages de sensibilisation.

Dirigeants religieux et communautaires : En raison de leur influence au sein de la communauté, les défenseurs du cancer du col de l’utérus doivent impliquer de telles personnes, y compris les chefs traditionnels, afin de s’assurer qu’elles transmettent des messages exacts et tirent parti de leur position de leader pour encourager l’adhésion aux vaccins et aux dépistages.

Groupes de parents et enseignants : Une meilleure sensibilisation des parents et des enseignants aux vaccins contre le papillomavirus et au dépistage du cancer du col de l’utérus peut accroître le recours au vaccin et réduire le risque d’infection par le papillomavirus et de cancer du col de l’utérus. Les personnalités de confiance de la communauté jouent un rôle essentiel dans l’éducation et l’influence des familles, et créent des voies pour une sensibilisation efficace dans les écoles, les églises et d’autres réseaux communautaires.

Médias : Associer les médias, tels que les journalistes, les organes d’information, les plateformes numériques et les influenceurs sociaux, amplifie la sensibilisation, façonne l’opinion publique et incite à l’action en soulignant l’importance de la prévention, l’impact sociétal à long terme et la nécessité d’un accès équitable au traitement. Les professionnels des médias peuvent être une force influente dans la communication des messages de plaidoyer.

Idée

Plaider en faveur d’approches intégrées visant à accroître l’utilisation du vaccin contre le papillomavirus et le dépistage par le biais d’un programme mère-fille. En savoir plus sur ces programmes ici.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Une fois la coalition formée, la question cruciale à aborder est la suivante : Que souhaitons-nous changer ? Pour répondre à cette question, la coalition doit évaluer les progrès accomplis par le pays vers la réalisation des objectifs de l’OMS en matière d’élimination du cancer du col de l’utérus, examiner les données relatives à la mortalité par cancer du col de l’utérus et comprendre le contexte sociopolitique. Cela permettra d’identifier les questions clés que la coalition souhaite aborder. Pour s’attaquer efficacement aux problèmes identifiés, il est essentiel d’en comprendre les causes profondes. L’arbre à problèmes du plaidoyer est un outil utile pour cartographier les facteurs sousjacents et leurs impacts. Cet outil, ainsi que d’autres modèles et conseils pratiques pour l’élaboration d’une stratégie de plaidoyer, se trouvent dans le manuel de plaidoyer de l’UICC. La boîte à outils aide les coalitions à développer des buts et des objectifs de plaidoyer, à identifier les partenaires clés, à élaborer des messages et à déterminer des activités spécifiques au contexte et sensibles aux ressources. Ce processus de planification est essentiel pour optimiser les ressources disponibles, surmonter les obstacles spécifiques, minimiser les risques et maximiser les opportunités.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Les données et les résultats concernant le cancer du col de l’utérus au niveau mondial et national peuvent être obtenus à partir de différentes ressources, notamment des publications fondées sur des données probantes, telles que le plan national de prise en charge contre les maladies non transmissibles ou le cancer (s’il existe), ou des plateformes telles que Globocan, l’Observatoire mondial de la santé de l’OMS et le VIEW-hub de l’International Vaccine Access Center (IVAC). Ces ressources fournissent des données mondiales et nationales interactives sur le cancer afin d’éclairer la prise en charge du cancer et la recherche. Dans les cas où les données manquent, il sera important de rassembler les informations nécessaires ou de collaborer avec des ONG, des hôpitaux, des groupes de recherche ou des universités pour construire la base de preuves.

Ressources

canSCREEN et CanScreen5 accompagnent la collecte et l’utilisation de données sur le dépistage du cancer, ainsi que le développement global de cadres de surveillance du cancer. Ils permettent de standardiser la collecte de données, de suivre les performances des programmes, d’identifier les lacunes et d’élaborer des politiques fondées sur des données probantes, ce qui permet aux pays de mettre en place des stratégies de prise en charge contre le cancer robustes et fondées sur des données.

La section suivante présente les objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS et propose un outil permettant d’aligner les objectifs de sensibilisation possibles sur le contexte sociopolitique actuel d’un pays. Il est important de veiller à ce que les stratégies ou les recommandations soient adaptées aux défis spécifiques à chaque pays, par exemple un pays disposant de ressources limitées pour l’élimination du cancer du col de l’utérus.

Pour répondre aux objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS, il est également important d’envisager des actions de sensibilisation susceptibles d’appuyer les trois objectifs, tels que la création de registres nationaux du cancer, de registres de vaccination et de dépistage, la planification nationale de prise en charge du cancer du col de l’utérus, les programmes d’accès des patients, le financement de la santé et l’engagement des personnes concernées pour éclairer les politiques, les services et les systèmes de santé.

Par exemple, les coalitions peuvent demander au ministère de la santé du pays concerné de créer un plan de lutte contre le cancer du col de l’utérus qui comprend des politiques spécifiques alignées sur la stratégie mondiale de l’OMS. Ce plan pourrait ensuite accompagner et informer l’élaboration d’un plan national de lutte contre le cancer (PNLCC), s’il n’en existe pas déjà un.

Le International Cancer Control Partnership (ICCP) est une ressource en ligne pour les planificateurs de prise en charge contre le cancer. Il fournit une assistance technique aux pays pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des plans nationaux, et comprend plusieurs plans de l’élimination du cancer du col de l’utérus à titre de référence. Des outils adaptés peuvent contribuer à la réussite de la mise en œuvre des programmes afin de surmonter les obstacles potentiels.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Comprendre les objectifs de la stratégie mondiale

Pour concrétiser la vision d’un monde où le cancer du col de l’utérus n’est plus un problème de santé publique, tous les pays doivent atteindre et maintenir un taux d’incidence inférieur à 4 pour 100 000 femmes. Pour ce faire, les pays doivent atteindre les objectifs 90/70/90 d’ici à 2030 afin d’éliminer le cancer du col de l’utérus au cours du siècle prochain.

Pour plus d’informations, consultez le cours de base en autoformation en ligne de l’UICC sur l’initiative et la stratégie mondiale de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus.

Prévention primaire : Vaccination contre le HPV

Prévention secondaire : Dépistage Traitement du cancer invasif et soins palliatifs

Objectif :

90 % des filles sont entièrement vaccinées contre le papillomavirus humain à l’âge de 15 ans ;

Objectif :

70 % des femmes bénéficient d’un dépistage réalisé à l’aide d’un test de haute performance à l’âge de 35 ans et à nouveau à 45 ans ;

Objectif :

90 % des femmes chez qui une maladie du col de l’utérus a été diagnostiquée reçoivent un traitement (90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses sont traitées, et 90 % des femmes atteintes d’un cancer invasif sont prises en charge).

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Cartographier le contexte

L’évaluation du niveau de volonté politique est une étape cruciale dans l’élaboration d’une stratégie. Les messages de plaidoyer et les partenariats clés doivent être conçus de manière à tirer parti du soutien politique existant ou à susciter un nouvel élan. En fonction du paysage sociopolitique du pays, certains angles de plaidoyer peuvent être plus convaincants que d’autres. Parmi les approches potentielles, citons la mise en place d’interventions sur le cancer du col de l’utérus autour de la santé des femmes, des droits humains, de l’équité entre les genres ou du rapport coût-efficacité basé sur la charge de morbidité locale.

Les scénarios de la page suivante peuvent aider à évaluer les progrès actuels du pays et à identifier l’angle de plaidoyer le plus pertinent.

En 2020, plus de 200 000 enfants deviendront orphelins de mère à cause du cancer du col de l’utérus, la plupart d’entre eux dans des pays à revenu faible ou intermédiaire2.

2. Guida, F., Kidman, R., Ferlay, J. et al. Global and regional estimates of orphans attributed to maternal cancer mortality in 2020. Nat Med 28, 2563–2572 (2022). https://doi.org/10.1038/s41591-022-02109-2

Ressource

Une fiche d’évaluation développée par Economist Impact propose une série d’indicateurs dans cinq domaines du cancer du sein et du col de l’utérus. Les critères de notation peuvent être utiles pour déterminer où concentrer les efforts de plaidoyer.

Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus
Aperçu

Cartographier le contexte

Forte volonté politique

Mise en œuvre

S’il existe une forte volonté politique d’investir dans le cancer du col de l’utérus ou dans des domaines connexes tels que la santé sexuelle et génésique ou le VIH, mais que les progrès sont lents, il serait utile de se concentrer sur un petit nombre d’interventions à fort impact. Il pourrait s’agir d’introduire un programme de vaccination contre le papillomavirus ou d’améliorer les cadres juridiques et politiques existants concernant le cancer du col de l’utérus.

Dans ce contexte, la priorité en matière de plaidoyer pourrait être de mettre l’accent sur le rapport coût-efficacité des interventions recommandées et de recenser les éventuelles ressources disponibles ou d’identifier des opportunités spécifiques de réforme juridique ou politique qui contribueraient à garantir des soins équitables et en temps voulu, en s’appuyant sur des notes d’information. Ce contexte pourrait également être l’occasion de souligner les progrès accomplis par les pays qui appliquent des recommandations fondées sur des données probantes et qui défendent des programmes efficaces d’élimination du cancer du col de l’utérus.

Maintien de l’élan

Si la volonté politique d’investir dans les programmes de prise en charge du cancer du col de l’utérus est forte et si des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années, il sera important de maintenir l’élan et d’aider les décideurs à améliorer l’efficacité des interventions et à poursuivre le financement.

Dans ce contexte, la priorité en matière de plaidoyer pourrait être de souligner les progrès accomplis et de maintenir le cancer du col de l’utérus à l’ordre du jour, en reconnaissant les avancées politiques, les engagements publics et les étapes franchies. Plaider en faveur de systèmes de collecte de données solides et d’un cadre complet de surveillance du cancer, y compris des registres du cancer basés sur la population, peut aider à éclairer des décisions politiques efficaces et fondées sur des preuves et à identifier les disparités dans les soins du cancer du col de l’utérus afin d’assurer un accès équitable3 Les défenseurs peuvent également collaborer avec les décideurs sur le financement durable du cancer du col de l’utérus dans le contexte de la couverture sanitaire universelle.

Impulsion nationale

Si la volonté politique d’investir dans les programmes de prise en charge contre le cancer du col de l’utérus est faible, une impulsion nationale sera nécessaire pour insuffler un sentiment d’urgence. La sensibilisation du public et le soutien de personnes ou de groupes influents dans ce contexte contribueront à encourager les gouvernements à s’engager.

Dans ce contexte, la priorité en matière de plaidoyer pourrait être d’accroître la sensibilisation à l’impact national du cancer du col de l’utérus, en comparant les progrès réalisés dans la région pour souligner l’urgence d’améliorer les résultats au niveau national. Placer le cancer du col de l’utérus dans le contexte plus large de la santé des femmes pourrait aider à en faire une priorité dans le cadre d’une approche intégrée. Par ailleurs, la mise en évidence des possibilités d’élimination, du lien entre le VIH et l’augmentation du risque de cancer du col de l’utérus, ou de l’impact social de l’inaction, pourrait renforcer les arguments en faveur du changement. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les décès prématurés dus au cancer du col de l’utérus font des orphelins de mère et perpétuent les difficultés sociales et économiques, la mise en évidence de ces conséquences est susceptible d’attirer l’attention.

Tirer parti du progrès Si la volonté politique d’investir dans les programmes de prise en charge contre le cancer du col de l’utérus est faible, par exemple à la suite d’un changement de gouvernement ou d’une réorientation des priorités, mais que des progrès prometteurs ont été réalisés ces dernières années, il sera important de documenter les progrès et les résultats obtenus. Il sera également essentiel, conformément à la section sur la « dynamique nationale », de souligner l’impact et le coût de l’inaction.

Dans ce contexte, la priorité en matière de plaidoyer pourrait être de documenter les progrès réalisés à ce jour afin de démontrer les avantages des programmes de prise en charge du cancer du col de l’utérus pour l’ensemble du système de santé et de plaider en faveur de la préservation des progrès accomplis dans le domaine de la santé des femmes. Pour encourager la poursuite des investissements, les défenseurs peuvent également démontrer la contribution du pays aux objectifs régionaux et le positionner comme un modèle de réussite dans la région.

Volonté politique faible

Breast cancer advocacy Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Développer votre objectif de plaidoyer

Une fois que l’arbre à problèmes est complété et que la question clé est identifiée en fonction du contexte national, la coalition peut utiliser ses résultats pour définir un objectif de plaidoyer d’ensemble clair. La section suivante, structurée autour des objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS, fournit des exemples d’actions de plaidoyer, ainsi que des victoires réelles de membres de l’UICC en matière de plaidoyer concernant le cancer du col de l’utérus.

3. Piñeros M, Saraiya M, Baussano I, Bonjour M, Chao A, Bray F. The role and utility of population-based cancer registries in cervical cancer surveillance and control. Prev. Med. 2021.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Plaidoyer pour la prévention primaire (90 % des filles vaccinées contre le papillomavirus à l’âge de 15 ans) :

→ Pour les pays où la volonté politique et les progrès sont faibles (phase de l’impulsion nationale), par exemple, lorsqu’il n’existe pas de programme national de vaccination contre le papillomavirus. Les efforts de plaidoyer peuvent se concentrer sur l’intégration de la vaccination contre le papillomavirus dans les plans nationaux pour les filles de 9 à 14 ans, en appliquant un protocole à dose unique. L’adoption d’une loi visant à inclure la vaccination contre le papillomavirus dans le protocole national des vaccinations peut garantir une disponibilité à long terme et le soutien du gouvernement. Le plaidoyer peut commencer par la sensibilisation, qui est essentielle pour faire face à l’hésitation vaccinale, aux barrières culturelles et à la stigmatisation, avec des messages axés sur la prévention du cancer du col de l’utérus plutôt que sur la santé sexuelle. Les efforts de plaidoyer devraient également mettre en évidence les données relatives aux avantages à long terme, en soulignant que la vaccination contre le papillomavirus pourrait permettre d’éviter plus de 45 millions de décès au cours du siècle4. Lorsqu’il existe des plans de prise en charge contre le cancer et de vaccination, mais qu’ils sont peu coordonnés, le fait d’unir les communautés du cancer et de la vaccination peut contribuer à harmoniser les efforts, à optimiser les ressources et à renforcer les stratégies d’élimination du cancer du col de l’utérus.

→ Dans les pays où la volonté politique est forte et les progrès solides (phase de maintien de l’élan), par exemple lorsqu’il existe un programme de vaccination contre le papillomavirus mais que les taux de couverture sont faibles. Les efforts de plaidoyer peuvent se concentrer sur la nécessité de revoir et d’investir dans la refonte du programme contre le papillomavirus. Dans les pays disposant d’un protocole de vaccination multidose, les efforts de sensibilisation peuvent se concentrer sur l’alignement du programme national sur les recommandations les plus récentes de l’OMS concernant l’utilisation d’un protocole à dose unique, en s’appuyant sur les données factuelles pour démontrer l’efficacité et la portée potentielle d’un protocole à dose unique5. Dans les pays où un programme de vaccination à dose unique a déjà été adopté, les efforts de sensibilisation peuvent se concentrer sur l’extension de la couverture dans les populations difficiles à atteindre, telles que les filles non scolarisées, ou pour une cohorte multi-âge afin de permettre de prendre en charge les filles qui n’ont pas été vaccinées auparavant. La recherche sur la mise en œuvre peut aider à comprendre le faible taux d’utilisation du vaccin et générer des données permettant d’adapter les demandes de plaidoyer. Ressource

Conquering Cervical Cancer in the Commonwealth: Addressing Myths & Misconceptions

4. Impact of HPV vaccination and cervical screening on cervical cancer elimination: a comparative modelling analysis in 78 low-income and lower-middle-income countries. Brisson, Marc et al. The Lancet, Volume 395, Issue 10224, 575 – 590.

5. Organisation mondiale de la santé (OMS), Human papillomavirus vaccines: WHO position paper, December 2022, Weekly Epidemiological Record, vol. 97, no. 50, 16 December 2022, pp. 645–672, https://iris.who.int/handle/10665/365350.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Étude de cas d’une OSC : Malawi

Au Malawi, pays dont le taux de mortalité lié au cancer du col de l’utérus est le deuxième plus élevé au monde, les OSC ont joué un rôle crucial dans la promotion de la mise en place du vaccin contre le papillomavirus en misant sur des partenariats solides avec le gouvernement, les prestataires de soins de santé et les communautés. S’appuyant sur des relations de proximité et sur son expertise en matière de défense de la santé, la Women Coalition Against Cancer (WOCACA) a entrepris une approche sur plusieurs fronts. Ses membres ont participé activement aux dialogues politiques et ont exploité des données pour peser sur les stratégies gouvernementales en matière de vaccination contre le papillomavirus, en apportant une contribution technique aux stades de la planification et de la mise en œuvre, notamment en ce qui concerne la gestion de la chaîne du froid et les solutions de stockage des vaccins. Compte-tenu des obstacles à l’adoption du vaccin, la mobilisation de la communauté était essentielle et l’organisation a donc également mené des programmes de sensibilisation, afin de dissiper les mythes et éduquer les communautés sur les avantages de la vaccination contre le papillomavirus. Après le lancement du programme de vaccination, WOCACA continue à participer activement à la sensibilisation, au suivi de la distribution et de l’administration des vaccins et à fournir un retour d’information en temps réel afin d’améliorer le processus.

Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Campagnes de vaccination contre le papillomavirus sans distinction de genre

Si la focalisation des programmes de vaccination sur les filles en tant que premières bénéficiaires, conformément aux recommandations de la stratégie mondiale de l’OMS, est considérée comme l’approche la plus rentable et la plus efficace du point de vue de la modélisation, les pays peuvent envisager de vacciner également les garçons si les ressources le permettent et si cela ne détourne pas lesdites ressources de la vaccination de la population cible principale.

Une approche sans distinction de genre de la vaccination contre le papillomavirus peut contribuer à accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en augmentant la couverture vaccinale globale. Toutefois, son intérêt varie en fonction du contexte national, et les défenseurs doivent tenir compte d’un certain nombre de facteurs pour déterminer si une campagne de vaccination contre le papillomavirus sans distinction de genre (VSDG) est adaptée.

→ Réduire la stigmatisation : Une approche sans distinction de genre peut contribuer à normaliser la vaccination et à réduire la stigmatisation liée au fait que le papillomavirus est perçu comme un virus touchant exclusivement les femmes.

→ Immunité collective : Si les ressources sont disponibles, la vaccination des garçons contribue à l’immunité collective, ce qui peut profiter aux populations dont la couverture vaccinale féminine est faible. Cependant, il est important de noter que les approches VSDG peuvent concerner des garçons appartenant au même groupe sociodémographique que les filles vaccinées et donc ne pas permettre d’étendre la portée ou l’impact global, ni de résoudre les problèmes d’inégalités.

→ Réduction des cancers liés au papillomavirus : Le papillomavirus est à l’origine de nombreux types de cancers autres que le cancer du col de l’utérus, notamment les cancers oropharyngés, anaux et péniens, ce qui rend la vaccination bénéfique pour

les garçons également, en particulier dans les régions où la charge de morbidité liée au papillomavirus est élevée.

→ Infrastructure et approvisionnement : Des programmes de vaccination efficaces peuvent soutenir la VSDG sans compromettre la couverture féminine ; toutefois, si l’approvisionnement et l’accès au vaccin sont limités, par exemple dans un contexte de faibles ressources, ou si l’inclusion des garçons dans les programmes de vaccination prive les filles de leur accès, la priorité doit être donnée à la vaccination des filles.

La vaccination à dose unique permet aux pays disposant de peu de ressources d’introduire ou d’étendre les programmes aux garçons et/ou aux cohortes plus âgées de femmes et d’hommes. Les données de modélisation montrent que la stratégie la plus efficace pour la vaccination contre le papillomavirus est l’administration d’une dose unique aux filles de neuf ans. La deuxième meilleure approche consiste à étendre la vaccination à une cohorte multi-âge (MAC) pour les filles jusqu’à l’âge de 20 ans, suivie de la vaccination MAC des femmes âgées de 21 à 25 ans, puis de la vaccination des garçons6. Dans les pays à revenu élevé, la vaccination des garçons contre le papillomavirus est considérée comme rentable7, bien que l’augmentation de la couverture vaccinale des filles soit uniformément plus efficace et doive être considérée comme une priorité8. Dans certains cas, cependant, une approche sans distinction de genre peut être considérée comme un moyen efficace d’accroître l’acceptation de la communauté ou de faire face à la stigmatisation, même si elle n’est pas la plus rentable.

6. Benard, Elodie et al. (2024). Prioritizing HPV vaccination strategies in 67 low- and lower-middle income countries (LMICs) based on efficiency at preventing cervical cancer: a modelling study. [Manuscrit soumis pour publication]

7. Simms, K et al. (2020). Cost-effectiveness evaluation of HPV vaccination strategies accounting for secondary prevention in the context of cervical screening: A transmission-dynamic modelling study. Vaccine, 38(41), 6392-6403.

8. Burger EA, Sy S, Nygård M, Kristiansen IS, Kim JJ. (2014) Prevention of HPV-related cancers in Norway: costeffectiveness of expanding the HPV vaccination program to include pre-adolescent boys. PLoS One.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Vaccination contre le papillomavirus à dose unique et sans distinction de genre au Cameroun

En 2020, le Cameroun a introduit la vaccination des filles contre le papillomavirus à l’échelle nationale, conformément aux recommandations de l’OMS, dans le cadre de son programme élargi de vaccination (PEV). Le programme s’est heurté à la résistance de certaines parties prenantes, notamment les institutions religieuses. Après un bilan à l’échelle nationale montrant une faible utilisation du vaccin et des recommandations révisées par le Groupe consultatif technique national sur la vaccination (NITAG), le Cameroun a élargi la vaccination contre le papillomavirus en 2023 aux garçons. Cette initiative visait à accroître la couverture vaccinale et à réduire la stigmatisation associée à la vaccination contre le papillomavirus. Parallèlement à l’engagement communautaire et à l’intensification périodique de la vaccination de routine, le programme a donné des résultats prometteurs, la couverture vaccinale des filles ayant été multipliée par trois en moins de six mois. En savoir plus ici.

Si le Cameroun peut servir d’exemple aux pays qui envisagent une approche sans distinction de genre, donner la priorité vaccinale aux filles reste la stratégie la plus efficace pour éliminer le cancer du col de l’utérus. Les défenseurs doivent examiner les circonstances locales, notamment la couverture vaccinale, les attitudes sociales et la disponibilité des ressources, afin de déterminer la stratégie la plus efficace.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Plaidoyer pour la prévention secondaire (70 % des femmes dépistées par un test de haute performance à l’âge de 35 ans et à nouveau à 45 ans) :

→ Dans les pays où la volonté politique est forte et les progrès solides (phase de maintien de l’élan), par exemple, lorsqu’il existe un programme de dépistage bien établi. Les efforts de plaidoyer peuvent se concentrer sur la responsabilisation des gouvernements par rapport aux engagements existants et sur l’élargissement de l’accès aux populations difficiles à atteindre et aux femmes vivant avec le VIH. Les organisations de plaidoyer peuvent générer des données sur les obstacles au dépistage, évaluer l’intérêt de la communauté pour les méthodes d’autocollecte (auto-échantillonnage) afin d’encourager la participation au dépistage.

Les efforts de plaidoyer peuvent également promouvoir l’introduction de programmes mère-fille qui intègrent la vaccination et le dépistage pour renforcer la prévention primaire et secondaire. Un autre domaine clé est la mise en œuvre d’un registre de dépistage numérique harmonisé, tel que canSCREEN ; un exemple de plateforme spécialement conçue pour accompagner les programmes de dépistage au niveau des populations. Alors que les registres papier sont encore largement utilisés, les registres numériques permettent aux prestataires de soins et aux techniciens de laboratoire d’avoir une visibilité totale complète sur les antécédents des patients, ce qui facilite la formulation de recommandations cliniques adaptées tout au long de la chaîne de soins. Ils peuvent également être intégrés à d’autres plateformes pour faciliter la communication directe avec les participants par le biais de rappels de rendez-vous et d’invitations au dépistage, améliorant ainsi l’engagement global et le suivi des soins.

→ Dans les pays où la volonté politique est faible mais où les progrès sont prometteurs (phase de tirer parti du progrès), par exemple, lorsque des avancées ont été constatées vers les objectifs d’élimination du cancer du col de l’utérus fixés par l’OMS, mais que l’évolution des priorités en matière de santé a entraîné une réduction des investissements dans les programmes de prise en charge contre le cancer. Les efforts de plaidoyer peuvent se concentrer sur la redéfinition des priorités du dépistage du cancer du col de l’utérus en l’intégrant dans les programmes de santé, de droits et de soins de santé sexuelle et reproductive des femmes, tout en soulignant le coût de l’inaction et le retour financier sur l’investissement. Bien que le dépistage du papillomavirus soit recommandé par l’OMS en tant que méthode plus précise et plus fiable que la cytologie ou l’inspection visuelle à l’acide acétique (IVA), il peut être considéré comme trop coûteux dans certains contextes. Les défenseurs peuvent faire pression pour obtenir une augmentation des droits d’accise afin de soutenir le financement de la santé ou promouvoir des mécanismes d’achat rentables en sollicitant le soutien du bureau national de l’OMS. En définitive, les stratégies doivent équilibrer la disponibilité des ressources tout en garantissant les diagnostics les plus précis et une mise en œuvre durable.

Idée

Consulter le modèle du programme Rose pour le dépistage communautaire, rendu possible par la technologie mobile et l’autocollecte. Le taux de conformité au suivi est de 88 %, y compris dans les communautés rurales et religieuses difficiles à atteindre.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Un guide pour augmenter la participation au dépistage du cancer dans les populations difficiles à atteindre et la vaccination de rattrapage contre le papillomavirus, par la Société suédoise du cancer.

Étude de cas d’une OSC : Guatemala

Au Guatemala, La Instancia por la Salud y Desarrollo de las Mujeres (ISDM) a joué un rôle déterminant dans l’élaboration des politiques, la sensibilisation, la mobilisation des communautés et l’obtention de financements pour la prévention primaire et secondaire du cancer du col de l’utérus grâce à des actions de plaidoyer et à des partenariats stratégiques. En tant que membre clé et coordinateur du groupe de travail technique sur le cancer du col de l’utérus pendant de nombreuses années, l’ISDM a dirigé l’élaboration du plan national de cancer du col de l’utérus 2023-2030, lequel comprend un dépistage de haute précision, un accès élargi au test ADN du papillomavirus et des recommandations pour une couverture accrue de la vaccination contre le papillomavirus. Ces efforts de plaidoyer ont également permis d’obtenir un financement pour le dépistage du papillomavirus dans 10 départements par le biais du budget de la santé génésique, soutenu par une taxe d’accise de 15 % sur les boissons alcoolisées. En outre, par l’intermédiaire du groupe de travail technique, l’ISDM a collaboré avec le Fonds stratégique de l’OPS afin d’identifier des mécanismes d’achat rentables pour les tests de dépistage. Leur action soutenue a contribué à l’adoption d’une nouvelle loi sur le traitement du cancer, qui renforce le système de santé guatémaltèque en améliorant la prévention, la détection précoce et le traitement du cancer. Idée

Idée : Des droits d’accises peuvent être appliqués sur les produits qui nuisent à la santé publique, tels que le tabac et l’alcool. De telles taxes sont considérées comme des politiques gagnant-gagnant car elles contribuent à prévenir les maladies, à sauver des vies et à générer des fonds pour appuyer d’importants programmes de santé, tels que ceux destinés à la santé des femmes. En savoir plus ici.

Ressource

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Plaidoyer pour le traitement et les soins palliatifs (90 % des femmes atteintes de lésions pré-cancéreuses sont traitées et 90 % des femmes atteintes d’un cancer invasif sont prises en charge) :

→ Dans les pays où la volonté politique est forte mais où les progrès sont lents (phase de mise en œuvre), par exemple lorsque des recommandations adaptées aux ressources existent mais que les systèmes de santé ont besoin d’être renforcés. Les efforts de plaidoyer devraient mettre l’accent sur la nécessité éthique de fournir un traitement parallèlement au dépistage. Il est important de noter que cet objectif concerne à la fois le traitement des lésions préinvasives et celui des cancers invasifs, mais que leurs exigences diffèrent considérablement. Le plaidoyer pourrait donc se concentrer sur la mise en place d’infrastructures adaptées à chacun, garantissant des soins opportuns et adaptés une fois le diagnostic posé. Il s’agit notamment de renforcer les registres du cancer, les réseaux d’orientation et les soins de soutien afin d’améliorer l’accès et l’adhésion au traitement. Les lésions pré-invasives nécessitent l’accès à la cryothérapie, à l’ablation thermique ou aux procédures d’excision électrochirurgicale à l’anse (LEEP) avec des prestataires de soins de santé qualifiés. La prise en charge du cancer invasif du col de l’utérus nécessite des installations bien équipées avec des spécialistes qualifiés, des services de pathologie et d’imagerie, et des traitements essentiels tels que la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Les efforts de plaidoyer peuvent soutenir les programmes de formation des professionnels de santé et lever les obstacles à l’accès aux soins. Il peut s’agir d’obtenir un financement pour des subventions de traitement et d’aider les patients à se rendre dans des centres spécialisés. Il est essentiel d’éliminer les obstacles liés aux patientes et au système pour améliorer les taux de traitement et les résultats à long terme en matière de survie.

Idée

Découvrez Rays of Hope, une initiative lancée en 2022 par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour améliorer l’accès à la radiothérapie pour les patients atteints de cancer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

→ Dans les pays où la volonté politique est forte et les progrès solides (phase de maintien de l’elan), par exemple, dans un contexte où des programmes de vaccination contre le papillomavirus, des systèmes d’orientation et un traitement accessible du cancer du col de l’utérus à un stade précoce ont été mis en place. Les efforts de plaidoyer pourraient se concentrer sur la suppression des carences en matière de soins complets et de soutien. Les recommandations en matière de traitement devraient inclure les soins de fin de vie et la gestion de la douleur, ainsi que l’ensemble des services de soutien, par exemple l’accompagnement du patient, le transport, l’hébergement, la traduction, le soutien psychosocial et spirituel. Très peu de pays à revenu faible ou intermédiaire disposent de programmes structurés de soins palliatifs, ce qui souligne la nécessité urgente de développer de tels services. Le renforcement des soins palliatifs ne profite pas seulement aux patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus, mais peut également être étendu à d’autres cancers avancés et maladies débilitantes. Il est également important de plaider en faveur de l’inclusion du traitement du cancer du col de l’utérus, y compris des soins palliatifs intégrés, dans le cadre de la couverture sanitaire universelle (CSU), afin de réduire le reste à charge et la lourde charge financière pour les familles.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Étude de cas d’une OSC : Burkina Faso

Reconnaissant la nécessité d’une approche unifiée et stratégique du plaidoyer sur le cancer, les organisations de la société civile du Burkina Faso se sont réunies pour former la Coalition Burkinabè Contre le Cancer (COBUCAN), une coalition dédiée à l’impulsion de changements politiques et à l’amélioration de l’accès aux services. En réunissant des partenaires clés, notamment des responsables communautaires, des médias et des professionnels de la santé, la coalition a joué un rôle essentiel pour que le cancer du col de l’utérus reste une priorité nationale. Une réalisation importante est l’obtention de la gratuité de la radiothérapie pour le cancer du col de l’utérus, rendue possible grâce à un dialogue soutenu avec le ministère de la santé. Cette étape de plaidoyer a abouti à un décret présidentiel, supprimant l’obstacle financier au traitement pour les femmes. COBUCAN a joué un rôle clé dans l’élaboration de la politique nationale, en contribuant au projet de recommandations concernant le cancer du col de l’utérus grâce à sa participation dans le groupe de travail technique et en veillant à ce que la société civile reste un acteur clé de la politique et de la prise de décision. Cette influence est confirmée par la nomination ultérieure du président de COBUCAN en tant que coordinateur du programme national de lutte contre le cancer au ministère de la santé, qui permet de renforcer le rôle des coalitions de plaidoyer et leur crédibilité dans l’avancement de la lutte contre le cancer.

Pour rester informé des dernières recommandations, consultez les Recommandations de l’OMS pour le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus en vue de la prévention du cancer du col de l’utérus. Il convient de noter que les recommandations de l’OMS concernant les stratégies de prévention du cancer du col de l’utérus diffèrent selon qu’il s’agit de la population générale des femmes ou des femmes vivant avec le VIH.

Ressource

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Approches intégrées pour accélérer l’avancée vers la réalisation des objectifs :

L’accélération de l’avancée vers l’élimination du cancer du col de l’utérus nécessite une approche globale et intégrée des cibles et des multiples secteurs du système de santé. La section suivante comprend des considérations sur la manière d’accompagner davantage les progrès dans les trois objectifs.

L’intégration de la prévention, du dépistage et du traitement dans des cadres plus larges de santé et de vaccination est essentielle pour surmonter les difficultés de mise en œuvre et mettre en place des systèmes de santé durables et efficaces. Le programme de vaccination offre un point d’entrée naturel pour l’intégration, tandis que le fait de lier le dépistage du cancer du col de l’utérus aux programmes de lutte contre le VIH permet une double approche. L’utilisation de l’infrastructure des cliniques et des services de lutte contre le VIH peut aider à canaliser efficacement les fonds, mais il est important de prendre en compte et de traiter les problèmes potentiels de stigmatisation qui peuvent survenir lors de l’intégration des services.

Comme le souligne le rapport de l’UICC sur les approches intégrées des cancers féminins, l’intégration intersectorielle est essentielle pour faire progresser la santé des femmes. Il s’agit notamment de coordonner les efforts entre les ministères, tels que ceux de la santé et de l’éducation, et de s’aligner sur les initiatives existantes en matière de santé, notamment les services de santé sexuelle et reproductive, les programmes de prise en charge contre le VIH et les stratégies de vaccination.

Un cadre robuste de surveillance du cancer est essentiel pour des interventions fondées sur des données probantes. Cela inclut des registres nationaux de dépistage, de vaccination et de cancer afin de suivre les progrès et d’orienter les décisions politiques. S’il n’existe pas encore de registre établi, plaider pour sa mise en œuvre peut permettre de générer des données précieuses et une volonté politique. L’Initiative mondiale pour le développement des registres du cancer (GICR) est une ressource essentielle pour le renforcement des capacités dans ce domaine. De même, si un plan ou une stratégie nationale de prise en charge contre le cancer du col de l’utérus est obsolète ou qu’il n’en existe pas, le plaidoyer peut donner la priorité à son élaboration ou à son actualisation. Le Partenariat international pour la prise en charge contre le cancer (ICCP) gère une base de données des plans nationaux de prise en charge contre le cancer et les maladies non transmissibles afin d’aider à évaluer la situation d’un pays. En outre, l’outil de planification de l’élimination (EPT) peut être utilisé pour informer les politiques et les efforts de plaidoyer.

Ressource

L’outil de planification de l’élimination du cancer du col de l’utérus (EPT), hébergé par le CIRC, est un outil interactif destiné à aider les décideurs et les partenaires clés à élaborer leurs stratégies d’élimination du cancer du col de l’utérus. L’outil permet aux utilisateurs de sélectionner différents scénarios pour chaque pays disponible et de prédire l’impact de ces stratégies, en fournissant des estimations sur le taux d’incidence et les décès évités, les calendriers d’élimination prévus, les estimations budgétaires, les besoins en ressources et le retour sur investissement. Cet outil permet de prendre des décisions fondées sur des données probantes en vue de l’élimination du cancer du col de l’utérus.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Un financement durable est essentiel pour maintenir les programmes de prévention, de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus. L’UICC propose des rapports et des études de cas sur le financement de l’élimination du cancer du col de l’utérus, disponibles sur sa page de ressources. Les efforts de plaidoyer peuvent également soutenir des approches d’achats groupés afin de réduire les coûts et d’élargir l’accès aux vaccins contre le papillomavirus et aux outils de diagnostic. Le succès du modèle d’achat groupé de l’UNICEF par l’intermédiaire de Gavi, l’Alliance du vaccin, a montré que les achats groupés peuvent faire baisser les prix des vaccins et améliorer leur disponibilité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Pour soutenir ces efforts, TogetHER for Health a publié un rapport sur les stratégies d’achat groupé pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Ce rapport fournit des informations précieuses aux décideurs et aux défenseurs de l’élimination du cancer du col de l’utérus.

L’expertise des personnes concernées fait partie intégrante de tous les efforts de plaidoyer. La participation active des personnes touchées par le cancer du col de l’utérus à l’élaboration des politiques et des systèmes de santé permet d’aligner les interventions sur les besoins de la population. Le passage de la conception traditionnelle des patients comme bénéficiaires passifs des services de santé à celle d’experts de leur propre santé est essentiel pour garantir un accès équitable aux soins contre le cancer dans le cadre du droit à la santé.

En définitive, une stratégie de plaidoyer intégrée et intersectorielle est essentielle pour faire progresser les efforts en vue de l’élimination du cancer du col de l’utérus. L’harmonisation de la politique de santé, de l’affectation des ressources et de la mise en œuvre des programmes permettra d’atteindre les objectifs d’élimination de l’OMS et d’avoir un impact durable.

Ressource

Cadre de l’OMS pour assurer la participation significative des personnes vivant avec des maladies non transmissibles et des problèmes de santé mentale et neurologiques

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Étude de cas d’une OSC : Philippines

Cancer Coalition Philippines, une coalition de la société civile de premier plan, a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre de réformes politiques et la promotion de partenariats pour l’élimination du cancer du col de l’utérus dans le cadre d’efforts plus larges de prise en charge contre le cancer. Grâce à un plaidoyer suivi, la coalition a joué un rôle clé dans la mise en place du Plan national de prise en charge contre le cancer en 2018, et continue d’influencer cette politique en tant que membre du Conseil national intégrée contre le cancer (NICCA). La cartographie stratégique des parties prenantes a permis à la coalition de nouer des alliances avec des associations médicales, les ministères de la santé et de l’éducation, le secteur privé et des partenaires internationaux, renforçant ainsi la portée de son action de plaidoyer.

En organisant des événements clés tels que le sommet national sur le cancer et des forums médiatiques, la coalition a fait avancer les discussions sur l’extension de la vaccination contre le papillomavirus et l’augmentation du financement de la prise en charge contre le cancer. La coalition identifie et mobilise activement des « champions de la législation » - des membres du Congrès et du gouvernement ayant une expérience du cancer en tant que patients, survivants, entourage d’un malade ou aidants - qui ont joué un rôle déterminant dans l’obtention d’un soutien gouvernemental pour ces initiatives.

Les efforts de plaidoyer ont été renforcés par la présentation et la diffusion de déclarations de plaidoyer clés, notamment « Together, We Can Beat Cancer » (Ensemble, nous pouvons vaincre le cancer) et « We Can Eliminate Cervical Cancer » (Nous pouvons éliminer le cancer du col de l’utérus). Ces déclarations ont été présentées aux législateurs, aux agences gouvernementales, aux dirigeants du secteur privé et aux décideurs politiques, et elles ont réussi à provoquer des changements de politique aux Philippines.

Victoires clés en matière de plaidoyer

1. Vaccination scolaire contre le papillomavirus et action politique locale

→ En partenariat avec les ministères de la santé et de l’éducation et les collectivités locales, la ville de Quezon a lancé un programme de vaccination contre le papillomavirus dans les écoles, soutenu par la première ordonnance locale du pays visant à faire progresser l’élimination du cancer du col de l’utérus. En tant que ville la plus peuplée des Philippines, avec une proportion plus élevée de femmes de moins de 15 ans, Quezon sert de modèle évolutif pour une mise en œuvre à l’échelle nationale.

2. Augmentation du financement de la prise en charge contre le cancer et élargissement de la couverture

→ Le budget du Fonds d’aide au cancer a été doublé, ce qui a permis d’améliorer l’accès aux traitements pour les patients atteints de cancer, y compris le cancer du col de l’utérus ;

→ La Philippine Health Insurance Corporation (PhilHealth : le régime national d’assurance maladie créé pour mettre en œuvre la CMU) s’est engagée à étendre la couverture du traitement du cancer du col de l’utérus, à intégrer le dépistage de l’ADN du papillomavirus dans son programme de prestations ambulatoires et à améliorer le programme de prestations Z, qui offre une protection contre les risques financiers aux patients qui doivent faire face à des coûts médicaux élevés ;

→ Dans le cadre d’un changement de politique majeur en faveur des patients atteints de cancer, PhilHealth a supprimé la limite de 45 jours pour les prestations, garantissant ainsi des soins continus sans plafonds restrictifs.

3. Élaboration d’une politique et d’un cadre nationaux

→ La division du cancer du ministère de la santé s’est engagée à élaborer un cadre national pour la prise en charge contre le cancer du col de l’utérus et son élimination, marquant ainsi une étape importante vers une action politique à long terme.

Plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

Au-delà des politiques nationales, la coalition a mené des initiatives locales, en soutenant le développement d’outils de navigation pour les patients dans les établissements et en élargissant l’accès aux services d’aide aux personnes atteintes d’un cancer et aux soins palliatifs. Les dirigeants régionaux et locaux ont exprimé leur intérêt pour l’adoption de modèles similaires, amplifiant ainsi l’impact de la coalition.

Une étape importante a été franchie en mars 2024 lorsque le ministère de la santé a lancé un programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus, soutenu par un financement de 1,5 million d’USD. Cette initiative renforce les efforts de prévention et permet à un plus grand nombre de femmes de bénéficier d’un dépistage précoce et d’un traitement opportun.

Cancer Coalition Philippines mène des actions de plaidoyer percutantes et fondées sur des preuves, en orientant les politiques nationales, en garantissant un financement durable et en élargissant l’accès aux services de prévention et de traitement du cancer du col de l’utérus qui sauvent des vies. En harmonisant les efforts des agences gouvernementales, des prestataires de soins de santé, du secteur privé et de la société civile, la coalition contribue à créer un modèle évolutif et durable pour l’élimination du cancer du col de l’utérus aux Philippines.

Développer des messages de plaidoyer

Une fois les objectifs et les activités de plaidoyer définis, il est essentiel d’élaborer des messages clairs et fondés sur des données probantes afin d’impliquer et d’influencer les partenaires clés. Pour être efficaces, les messages doivent être adaptés au public cible, en tenant compte du contexte culturel, des croyances religieuses et des langues locales, afin d’en garantir l’accessibilité et l’impact.

Les messages de plaidoyer peuvent être utilisés à deux fins distinctes : influencer les décideurs par le biais du plaidoyer politique et sensibiliser le public pour stimuler l’engagement de la communauté.

Les messages de plaidoyer politique devraient se concentrer sur la défense des intérêts politiques, en mettant l’accent sur des arguments fondés sur des preuves, sur les avantages économiques et sur les solutions politiques. Les messages doivent souligner l’impact en santé publique, le rapport coût-efficacité et l’alignement sur les engagements nationaux et mondiaux en matière de santé. En ce qui concerne le cancer du col de l’utérus en particulier, il est également important de souligner qu’il s’agit d’un cancer tout à fait évitable. Pour susciter l’intérêt des décideurs politiques, il faut une communication concise, axée sur les solutions, souvent formulée en termes de croissance économique, d’efficacité du système de santé et d’avantages sociétaux à long terme. Par exemple, les décideurs politiques peuvent réagir à des messages qui démontrent comment l’investissement dans la vaccination contre le papillomavirus et dans le dépistage et le traitement du cancer du col de l’utérus réduit les coûts des soins de santé à long terme tout en renforçant les systèmes de santé nationaux. Pour obtenir des informations sur les cas d’investissement par région, consultez les rapports disponibles pour l’Afrique, la Méditerranée orientale et l’Asie Pacifique. Les stratégies d’engagement pour les décideurs comprennent souvent des notes d’information, des réunions avec des fonctionnaires et la collaboration avec des champions législatifs.

Développer des messages de plaidoyer

En revanche, les messages de sensibilisation du public pourraient être axés sur un engagement inclusif et communautaire, garantissant que les femmes et les jeunes filles (en particulier celles qui vivent dans des zones reculées où l’accès aux soins de santé ou la connaissance de leurs droits sont limités) ont accès aux informations et aux services dont elles ont besoin. Les messages doivent s’attaquer aux obstacles tels que la stigmatisation, la désinformation et le manque d’accès aux soins, tout en encourageant les communautés à défendre leur santé. Si certains milieux peuvent réagir à des messages sur la santé en tant que droit humain, d’autres peuvent se sentir plus concernés par des messages axés sur la protection de l’avenir de leurs filles. Les initiatives de sensibilisation et l’engagement des communautés peuvent renforcer l’impact du plaidoyer en garantissant que les voix et les préoccupations des femmes et des filles influencent les discussions avec les décideurs.

Pour renforcer les efforts de plaidoyer, il faut également collaborer avec des personnes influentes, notamment les chefs religieux et traditionnels, qui peuvent contribuer à instaurer un climat de confiance et à accroître la pression sur les décideurs politiques. Dans les contextes où les hommes jouent un rôle prépondérant dans les décisions des femmes en matière de soins de santé, les coalitions devraient inviter à participer à leurs efforts les groupes de promotion de l’égalité des genres, les défenseurs de la santé masculine et les dirigeants communautaires afin de contribuer à lever les obstacles et à améliorer l’accès aux services. Une étude systématique menée dans les pays arabes et de la Méditerranée orientale a révélé que le taux de dépistage du cancer du col de l’utérus n’était que de 18,2 %, la peur, la stigmatisation et le manque d’information étant considérés comme des obstacles majeurs9. Cela souligne la nécessité de déployer des stratégies de plaidoyer adaptées au contexte, et qui remettent en cause les idées fausses et incitent les communautés à améliorer l’accès aux services.

Il est essentiel d’aligner les messages sur le public pour renforcer l’engagement politique et progresser vers l’élimination du cancer du col de l’utérus. Les arguments fondés sur des données probantes à l’intention des décideurs associés à un engagement public culturellement pertinent garantissent que les politiques soient à la fois efficaces et adaptées aux besoins de la communauté.

L’approche en quatre volets suivante peut être adoptée pour élaborer des messages de plaidoyer solides :

• Déterminer les obstacles : Utiliser les données pour identifier le contexte national par rapport aux objectifs de la stratégie mondiale ;

• Raconter une histoire : Donnezlui vie en incluant les voix et les expériences des personnes concernées par le cancer ;

• Décrire l’action : Détaillez les interventions précises, rentables et pertinentes au niveau local qui peuvent contribuer à améliorer les systèmes de santé et à promouvoir un accès équitable ;

• Présenter le résultat : Mettez en avant les bénéfices sanitaires et économiques de telles interventions.

9. Ahmed, H.A.A., Abbas, M.H., Hussein, H.A. et al. Cervical cancer screening uptake in Arab countries: a systematic review with meta-analysis. BMC Cancer 24, 1438 (2024). https://doi. org/10.1186/s12885-024-13204-7

Développer des messages de plaidoyer

Les efforts de plaidoyer peuvent avoir un impact plus important lorsqu’ils sont organisés autour de dates et d’événements clés qui suscitent un intérêt national, régional et mondial. Il s’agit notamment de moments clés tels que les journées internationales de sensibilisation, le cycle budgétaire annuel national, les réunions régionales de l’OMS et les conférences pertinentes ou les réunions de haut niveau des Nations Unies. En outre, il est également possible d’exploiter les approches suivantes :

La Journée mondiale contre le cancer du 4 février motive une action collective réunissant la société civile, les gouvernements et le secteur privé autour d’un objectif commun ;

Le Congrès mondial sur le cancer, tous les deux ans, permet à la communauté mondiale du cancer de présenter les progrès accomplis, de partager les connaissances et les bonnes pratiques, et d’élargir les réseaux ;

Le mois de sensibilisation au cancer du col de l’utérus, en janvier, est l’occasion de sensibiliser le public à la santé du col de l’utérus. L’UICC dispose de cartes et de messages prêts à l’emploi pour les réseaux sociaux ici ;

La Journée d’action pour l’élimination du cancer du col de l’utérus, le 17 novembre, marque l’anniversaire du lancement de la stratégie mondiale et peut être exploitée pour sensibiliser le public à la stratégie et à ses objectifs ;

La Journée internationale de sensibilisation au papillomavirus, le 4 mars, est l’occasion de sensibiliser le public et de plaider en faveur de la vaccination contre le papillomavirus, conformément au thème de la campagne annuelle.

La liste ci-dessus n’est pas exhaustive ; un certain nombre de journées internationales et locales peuvent être mises à profit, comme la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, la Semaine mondiale de la vaccination et la Semaine africaine de la vaccination, qui se déroulent toutes deux la dernière semaine d’avril, pour plaider en faveur de la réalisation des objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS.

Les médias et les réseaux sociaux sont des outils puissants pour influencer les décideurs, façonner l’opinion publique et stimuler la demande de services. Une stratégie de plaidoyer bien conçue, qui inclut l’engagement des médias, peut amplifier les messages clés, contrer la désinformation et réduire la stigmatisation, comme cela a été démontré dans le domaine du VIH. La mobilisation en amont des journalistes, des diffuseurs et des influenceurs numériques garantit la précision des informations et favorise les partenariats à long terme. La formation des professionnels des médias à la question de l’élimination du cancer du col de l’utérus peut contribuer à éviter les récits stigmatisants et à encourager des discussions éclairées. Le choix du moment est également crucial : les journées de sensibilisation à la santé ou les fenêtres politiques peuvent optimiser l’impact. Le manuel de plaidoyer de l’UICC offre des conseils pour mobiliser efficacement les médias afin qu’ils soutiennent les objectifs de plaidoyer et élaborent des messages de plaidoyer.

Développer des messages de plaidoyer

Exemple illustratif

En août 2024, la Société du cancer de Nouvelle-Zélande (Cancer Society of New Zealand), aux côtés de partenaires clés Hei Āhuru Mōwai, le Collège royal australien et néo-zélandais des obstétriciens et gynécologues, et Te Tātai Hauora o Hine (Centre national de recherche sur la santé des femme, Aotearoa), a publié une lettre ouverte exhortant le ministre de la Santé à prendre des mesures en vue d’éliminer le cancer du col de l’utérus.

Sur cette lancée, les partenaires ont lancé en novembre 2024 la deuxième phase de la campagne invitant les Néo-Zélandais à contribuer à rédiger le manuel pour éliminer le cancer du col de l’utérus, en mettant en avant les voix des personnes ayant une expérience vécue du cancer. Dans le cadre de cet effort, ils ont préparé un rapport complet soulignant la nécessité urgente d’une action gouvernementale.

Ce rapport est un bon exemple de la manière dont les recommandations et les actions de ce manuel peuvent être mises en œuvre. Il permet de faire état des progrès récents tout en soulignant la nécessité d’une couverture équitable, en utilisant des données pour mettre en évidence les disparités persistantes dans les taux de dépistage du cancer du col de l’utérus et de vaccination contre le papillomavirus en fonction de l’origine ethnique. Il aborde également les principaux obstacles à l’accès, tels que le financement gratuit du dépistage, qui est inadéquat et non garanti, ce qui crée une certaine confusion parmi les prestataires de services. Il explore aussi les possibilités d’amélioration, notamment le passage à un protocole de vaccination contre le papillomavirus à dose unique.

En comparant les progrès de la Nouvelle-Zélande à ceux de l’Australie, qui est en passe de devenir le premier pays à éliminer le cancer du col de l’utérus, le rapport souligne la nécessité absolue d’une stratégie nationale spécifique pour l’élimination du cancer du col de l’utérus et d’un financement dédié et durable pour parvenir à un succès similaire.

La page suivante présente un extrait illustratif du rapport et de The Book That Ended Cancer. Pour obtenir un accès complet au rapport et aux détails de la campagne, cliquez sur les liens fournis.

Développer des messages de plaidoyer

Déterminer les obstacles

Pour la première fois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fixé l’objectif ambitieux d’éliminer un cancer en tant que problème de santé publique. Aotearoa New Zealand (NZ) s’est engagé à atteindre cet objectif en 2020. Quatre ans plus tard, la Nouvelle-Zélande a fait de grands progrès, mais elle est encore loin d’atteindre les objectifs de 2030 nécessaires pour la mettre sur la voie de l’élimination complète de la maladie. Chaque année, en Nouvelle-Zélande, environ 175 personnes se voient diagnostiquer un cancer du col de l’utérus et 55 en meurent10. Une étude récente a montré que les coûts du système de santé pour la colposcopie et les traitements du cancer du col de l’utérus dirigés par colposcopie en Nouvelle-Zélande s’élevaient à 49 millions de dollars pour la période 2019-202211.

Présenter le résultat

L’élimination est possible car presque tous les cas de cancer du col de l’utérus sont causés par le papillomavirus. Nous disposons aujourd’hui des outils nécessaires pour prévenir le cancer du col de l’utérus grâce à la vaccination contre le papillomavirus, au dépistage primaire du papillomavirus et au traitement des modifications anormales des cellules du col de l’utérus. Si toutes les femmes et les personnes ayant un col de l’utérus peuvent y avoir accès, le cancer du col de l’utérus sera éliminé en Nouvelle-Zélande au cours de la vie des enfants d’aujourd’hui.

Décrire l’action

L’OMS fixe l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique à moins de quatre cas pour 100 000 annéesfemmes. Pour y parvenir, l’OMS a fixé trois objectifs que les pays doivent atteindre d’ici à 2030 pour être sur la voie de l’élimination du cancer du col de l’utérus. Les ONG, les chercheurs et le public demandent au gouvernement d’agir maintenant pour mettre la NZ sur la voie de l’élimination du cancer du col de l’utérus et contribuer à créer un avenir où presque personne ne mourra de ce cancer qui peut désormais être évité.

Cette action comprend :

• une stratégie d’élimination du cancer du col de l’utérus équitable et entièrement financée pour Aotearoa ;

• l’extension du dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus à toutes les personnes éligibles ;

• l’accroissement d’urgence de l’accès à la vaccination contre le papillomavirus chez les écoliers afin d’atteindre un taux de 90 %.

Raconter une histoire

Elle était seule, sa mère avait été emportée par le cancer.

Partout dans le motu (pays), des vies étaient fauchées par cet assassin silencieux.

La tragédie, elle le sait, c’est que les décès peuvent désormais être évités et le cancer vaincu à jamais.

Il suffirait que les dirigeants agissent.

Le bout du tunnel est en vue, mais elle sait qu’elle ne pourra pas l’atteindre seule.

Pour que les dirigeants l’entendent, il faut que les citoyens se rassemblent et fassent entendre leur voix.

Elle a lancé un appel général : « Qui va m’aider ? Qui aidera à mettre fin à ce cancer ? »

Il y eut un silence.

Il ne faut pas que ce soit la fin. Prêtez votre voix à cette histoire et aidez-nous à tourner la page du cancer du col de l’utérus.

10. Te Whatu Ora. https://www.tewhatuora.govt.nz/for-healthprofessionals/data-and-statistics/cancer/data-web-tool. 2024. Cancer web tool.

11. Sapere. Economic Burden of HPV-related Cancers Final report [Internet]. Wellington; 2024 Jul. Disponible ici : www. thinkSapere.com

Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus
Manuel de plaidoyer

Suivi, évaluation et apprentissage

Un cadre de suivi, d’évaluation et d’apprentissage (SEA) bien structuré est essentiel pour suivre les progrès, mesurer l’impact et assurer la durabilité d’une stratégie de plaidoyer.

Au fond, le cadre SEA aide les organisations et les coalitions à déterminer si elles atteignent leurs objectifs de plaidoyer et à comprendre les facteurs qui favorisent ou entravent le changement au niveau national.

Le plaidoyer n’est pas un processus linéaire ; il exige des efforts constants, de la capacité d’adaptation et de la persévérance pour surmonter les difficultés et maintenir l’élan vers la réalisation d’objectifs à long terme. En établissant des indicateurs et des activités

clairs, le cadre SEA fournit une approche structurée pour évaluer le succès, affiner les stratégies et procéder aux ajustements nécessaires pour maximiser l’impact du plaidoyer au fil du temps.

Pour aider les OSC à optimiser l’impact de leurs organisations, le cours en ligne de l’UICC « Le leadership et la gestion des organisations de la société civil dans la lutte contre le cancer » propose une formation dans les domaines clés du leadership et de la gestion, y compris des modules sur la communication stratégique, la collecte de fonds, ainsi que le suivi, l’évaluation et l’apprentissage.

Plan d’action de plaidoyer en 10 points

La réalisation des objectifs d’élimination du cancer du col de l’utérus nécessite des efforts de collaboration au sein de la communauté de prise en charge contre le cancer et au-delà. La société civile joue un rôle essentiel dans la conduite du changement en influençant les politiques, en obtenant des ressources et en demandant aux gouvernements de rendre compte de leurs engagements. En adoptant une approche stratégique et bien coordonnée, les OSC peuvent créer une dynamique en faveur de politiques de santé plus fortes, de ressources accrues et, en fin de compte, de meilleurs résultats pour les personnes exposées au risque de cancer du col de l’utérus ou touchées par cette maladie.

En appliquant le plan d’action en 10 points suivant, avec l’aide des boîtes à outils de l’UICC, les organisations et les défenseurs peuvent structurer leurs efforts pour avoir un impact maximal. Ces étapes constituent une approche structurée pour susciter des changements significatifs en vue de la réalisation des objectifs de la stratégie mondiale de l’OMS. Les étapes suivantes ne doivent pas nécessairement être abordées dans un ordre précis, mais il est important de bien les comprendre afin d’identifier les objectifs les plus pertinents et les actions les plus efficaces.

Former ou rejoindre une coalition 1

Identifier la problématique du plaidoyer 2

Développer l’objectif de plaidoyer 3

Définir les objectifs du plaidoyer 4

Cartographier les décideurs et les influenceurs 5

Rédiger des messages convaincants 6

Déterminer les activités et les jalons 7

Analyser les besoins en ressources 8

Élaborer une stratégie de collecte de fonds 9

Appliquer un cadre de suivi, d’évaluation et d’apprentissage (SEA) 10

Le Stratégie mondiale en vue d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique propose une vision pour l’élimination du cancer du col de l’utérus et décrit les objectifs 90-70-90.

Le guide de l’OMS pour le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus pour la prévention du cancer du col de l’utérus fournit des recommandations actualisées pour la prévention du cancer du col de l’utérus.

Le cadre de l’OMS pour le renforcement et l’extension des services de prise en charge du cancer invasif du col de l’utérus fournit des conseils aux pays pour atteindre l’objectif de traitement.

Le cadre de l’OMS pour un engagement significatif aide l’OMS et les États membres à cocréer et à améliorer les politiques, les programmes et les services avec les personnes concernées.

L’Observatoire mondial du cancer (Globocan) et VIEW-hub de l’IVAC sont des plateformes interactives sur le web qui présentent des statistiques mondiales sur le cancer. VIEW-hub s’intéresse spécifiquement à la vaccination contre le papillomavirus.

Le Partenariat international pour la prise en charge contre le cancer (ICCP) gère une base de données où les utilisateurs peuvent rechercher et accéder aux profils des pays, aux plans nationaux de cancer et aux plans de lutte contre les maladies non transmissibles.

L’Initiative mondiale pour le développement d’un registre du cancer (GICR) est une ressource clé pour le renforcement des capacités de mise en œuvre d’un registre du cancer.

canSCREEN et CanScreen5 accompagnent le développement de cadres de surveillance du cancer en normalisant la collecte de données, en suivant les performances, en identifiant les lacunes et en informant les politiques fondées sur des données probantes.

Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé intitulé « Best Buys » fournit aux décideurs politiques une liste d’interventions recommandées pour prise en charger contre les MNT.

Les profils de produits cibles pour les tests de dépistage du papillomavirus afin de détecter les lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus de l’OMS peuvent contribuer à éclairer les décisions politiques et les efforts de sensibilisation.

Le manuel de plaidoyer de l’UICC est destinée aux défenseurs de la prise en charge contre le cancer. Elle leur permet d’obtenir des conseils étape par étape pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies de plaidoyer efficaces, et de suivre leurs progrès.

Le manuel pour la mise en place de coalitions de l’UICC aide les défenseurs du cancer à cartographier les membres de la coalition, à façonner un programme commun et à déterminer une structure de gouvernance et des canaux de communication pour la coalition.

Les infographies de l’UICC sur le cancer du col de l’utérus, les messages diffusés sur les réseaux sociaux, les documents pertinents et les autres ressources disponibles sur la page ressources pour l’élimination du cancer du col de l’utérus

L’offre de formation en ligne de l’UICC permet aux membres de l’UICC d’accéder à des connaissances spécialisées et à l’expertise de leaders internationalement reconnus dans leur domaine sur des sujets prioritaires de la prise en charge contre le cancer.

Le rapport de l’UICC sur l’engagement de la communauté du cancer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus met en évidence l’engagement actuel et potentiel des OSC dans la vaccination contre le papillomavirus, identifie les obstacles et les facilitateurs, et souligne les principaux besoins d’accompagnement pour les futures opportunités d’apprentissage et de développement.

Ressources

La ressource Conquering Cervical Cancer in the Commonwealth: Addressing Myths & Misconceptions de l’UICC fournit une aide à l’élaboration de messages fondés sur des données probantes pour la prise en charge contre les mythes et les idées fausses.

Le rapport de l’UICC sur les approches intégrées des cancers féminins met en lumière les meilleures pratiques, des études de cas et les opportunités de faire progresser la santé des femmes.

La Commission Lancet sur les femmes, le pouvoir et le cancer et son cours connexe, organisé par l’UICC, sur l’influence de la dynamique du genre dans la prévention, le traitement et les soins du cancer, et sur la manière de plaider pour le changement.

L’outil de planification de l’élimination du cancer du col de l’utérus (EPT), hébergé par le CIRC, crée des stratégies sur mesure pour la prise en charge contre le cancer du col de l’utérus et calcule les coûts et le retour sur investissement estimé.

La plateforme d’apprentissage du CIRC propose des ressources d’apprentissage et de formation en accès libre pour accompagner le développement professionnel des chercheurs en cancérologie et des professionnels de la santé.

Des profils de pays développés par ThinkWell fournissent des informations aux OSC et aux décideurs pour éclairer les échanges concernant les politiques fondés sur des données probantes et s’engager dans le plaidoyer pour le financement de la santé.

Des rapports sur les cas d’investissement sont disponibles pour un certain nombre de régions : Afrique, Méditerranée orientale et Asie-Pacifique.

L’article de PATH sur le rapport coût-efficacité du vaccin contre le papillomavirus, y compris des études menées en Mongolie, aux Philippines, au Mozambique, au Kenya et au Burkina Faso.

PATH a créé une série de notes d’information sur le coût et le contexte opérationnel des programmes de vaccination contre le papillomavirus, y compris des notes d’information par pays pour l’Éthiopie, la Guyane, le Rwanda, le Sénégal, le Sri Lanka et l’Ouganda.

Une boîte à outils de TechNet, le réseau mondial de vaccination, pour soutenir l’introduction nationale du vaccin contre le papillomavirus, depuis la prise de décision et les demandes auprès de Gavi jusqu’au suivi et à l’évaluation.

Un rapport de TogetHER for Health sur les stratégies d’achats groupés pour accompagner les décideurs et les défenseurs de l’élimination du cancer du col de l’utérus.

Le calculateur de coût du vaccin contre le papillomavirus de PATH aide les décideurs politiques au niveau national à comparer les produits et à estimer les coûts des programmes de vaccination pour différents vaccins contre le papillomavirus.

Le Single-Dose HPV Vaccine Evaluation Consortium, coordonné par PATH, rassemble les dernières données sur la vaccination à dose unique et fournit des ressources pour les défenseurs, notamment une note d’information et des FAQ en plusieurs langues.

Un guide de la Société suédoise du cancer pour augmenter le recours au dépistage du cancer dans les populations difficiles à atteindre et la vaccination de rattrapage contre le papillomavirus.

La boîte à outils de L’Initiative fournit des ressources d’auto-formation pour accompagner la mise à jour des plans stratégiques nationaux, la rédaction de demandes de financement et la réalisation d’études pour un plaidoyer fondé sur des données, en mettant l’accent sur l’intégration avec les efforts de lutte contre le VIH et le sida.

Le rapport d’Unitaid sur le paysage technologique concernant le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses pour la prévention secondaire du cancer du col de l’utérus.

Remerciements

L’UICC tient à remercier le groupe de travail pour sa contribution et son soutien dans l’élaboration du manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus : Meenu Anand, Société américaine du cancer ; Fanette Caudron, Société suédoise du cancer ; Jen Denofrio, Fondation Gates ; Ibtihal Fadhil, Alliance sur les MNT en Méditerranée orientale ; Sharon Kapambwe, Organisation mondiale de la santé ; Mirna Monténégro, La Instancia por la Salud y Desarrollo de las Mujeres (ISDM) ; Carol Naidu, Société fidjienne du cancer ; Annet Nakagada, Centre Ananda pour la recherche sur le cancer ; Hope Randall, PATH ; Natalie VarneyHopkins, Cancer Research UK (CRUK) ; Cécile Yougbaré, Médecins du Monde.

L’UICC reconnaît également les contributions des différentes organisations qui ont partagé leur expérience en matière de plaidoyer pour l’élimination du cancer du col de l’utérus afin de fournir des exemples illustratifs : Cancer Coalition, Philippines ; Cancer Society of New Zealand, Nouvelle-Zélande ; Coalition Burkinabè Contre le Cancer (COBUCAN), Burkina Faso ; ISDM, Guatemala ; et Women Coalition Against Cancer (WOCACA), Malawi. L’UICC exprime également sa gratitude aux membres de l’UICC travaillant dans le domaine du cancer du col de l’utérus, au programme Cancer Advocates et au programme Patient Group Mentoring qui ont participé au processus de consultation pour examiner et apporter leur contribution au manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus.

Ce travail a été rendu possible grâce au soutien des partenaires de l’UICC dans le domaine du cancer du col de l’utérus : Expertise France, MD Anderson, Swedish Cancer Society et Hologic.

Manuel de plaidoyer sur le cancer du col de l’utérus

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