Trois Couleurs #74 – Septembre 2009

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Après un exil prolongé en belgique, le brestois CHRISTOPHE MIOSSEC rentre à bon port. son nouvel album, Finistériens, coréalisé avec Yann Tiersen, mesure le chemin parcouru depuis ses débuts arrosés (Boire, en 1995). L’auteur breton aurait-il, en cours de traversée, perdu de sa verve houleuse ? Nous sommes allés vérifier sur place... Reportage. _par Auréliano Tonet

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© René Tanguy

Ça va ? – Bah, nickel. Bas de Siam, quoi. – T’es venu faire un tour sur Brest, t’es venu te perdre ? – Non, j’fais gaffe, ça devient dangereux. – Tu t’es fait mal ? – Oh, des merdes. On s’fait vieux, quoi. » Nous sommes rue de Siam, l’artère principale de Brest. À peine commencée, notre interview avec Christophe Miossec s’interrompt quelques minutes, le temps qu’une vieille connaissance – un ex-barman – prenne des nouvelles de son ami chanteur. Lequel nous confie, peu de temps après : « La seule chose dont je me suis lassé, ce sont les nuits de bistrots, à enchaîner les « pistes ». À l’époque de mon premier album, il y a quinze ans, c’était carrément un style de vie. On était intenables. À la brestoise, t’as toujours l’impression que c’est plus à fond qu’ailleurs. » rangé des bouteilles, l’auteur de Boire ? On veut bien le croire, à le voir ainsi boitiller, canne à la main – une douleur au genou qu’il traîne depuis quelques saisons (« la scène », explique-t-il). Peur soudaine : et si l’ex-danger ambulant de la chanson française était en train de muer en sympathique curiosité locale, clopin-clopant son petit bonhomme de carrière ? En 2004, sur Brest, tube improbable et bouleversant, il soldait ses comptes avec la rue de Siam, « ses nuits d’ivresse » ; il y a deux ans, il publiait la compile Brest off ; l’hiver dernier, il faisait la tournée des salles bretonnes avec l’hommeorchestre yann tiersen ; cet automne, il sort avec le même tiersen Finistériens, septième album qu’il entend « vendre dans les bars-tabac pour touristes, l’été, au rayon musique bretonne ». rock indé – comme indépendantiste ? il s’en défend : «J’aime jouer avec ce côté local, mais j’ai horreur du folklore. Je voulais que le disque sente le coin, sans régionalisme. » ... WWW.MK2.COM


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