© andrew strasser
cultures MUSIQUE
agenda PAR E. Z.
eLECTRONIca
Oneohtrix Point Never
8 DÉC.
PAR WILFRIED PARIS
« Pour évoquer une civilisation extraterrestre dans une B.O. de film commercial, le choix le plus fréquent est celui d’une musique exotique, une sorte de musique du monde. Une fois repéré cet étrange phénomène socioculturel, on peut utiliser ce genre de musiques avec une compréhension plus profonde. Elles ne sont plus seulement les témoignages de leur culture d’origine ; d’autres sociétés leur ont donné d’autres sens et d’autres fonctions. » Le huitième album de l’Américain Daniel Lopatin, moins nostalgique que formaliste, fait tournoyer les gimmicks (arpégiateurs électroniques, chorales synthétiques eighties, percussions émulées en MIDI, voix pitchées à la Skrillex, fausses guitares metal saturées) comme autant de signes des temps, déconstruisant l’histoire de la musique à 10 000 tours/minute pour la rebâtir en un baroque fourmillement techno accélérationniste figeant l’évaporation de la culture en un instantané lumineux. À défaut d’une dénomination adéquate pour une œuvre aussi singulière, on l’assimilera à de l’electronica. « Je ne veux pas que mes auditeurs aient déjà eu une expérience de ce type de musique. Mon challenge est de créer une histoire qui soit la plus confondante possible, qui comporte plusieurs points d’entrée et génère de la variété, de la complexité. » Mission accomplie avec ce proprement inouï Garden of Delete, « jardin des effacés » où les déchets sonores (ici associés aux traumas enfantins), aussi obsolètes et oubliés que les bleeps de Windows 95, sont sauvés de l’ostracisme historique et deviennent de nouvelles, très belles et très étranges, plantes soniques – pour peu que l’on fasse l’effort de se laisser surprendre. Garden of Delete d’Oneohtrix Point Never (Warp) Disponible
CITIZENS! Trois ans après Here We Are et sa fusée « True Romance », les Londoniens reviennent conquérir les clubs et les cœurs avec leurs têtes d’ange et un deuxième album aussi redoutable que séduisant, European Soul (Kitsuné), parfait manifeste electro-disco-pop antimorosité. Citoyens du monde, dansez ! à La Cigale
à La Gaîté Lyrique
17 DÉC.
25 JANV.
PEACHES Toujours aussi (dé)culottée, la reine de l’electro-punk provoc est de retour, six ans après I Feel Cream, et elle a la pêche. Entre sexe débridé, gender et empowerment féministe, rap à la coule et beats hypnotiques, elle aligne les bombes sur Rub (I U She Music) et signe un show aussi mal léché que bien gaulé.
JEANNE ADDED Jolie métamorphose de l’impressionnante Parisienne : troquant lyrique et jazz pour un virage pop-rock mâtiné d’electro, elle fait sensation depuis cet été avec Be Sensational (Naïve), premier album frondeur et ébouriffant cosigné par Dan Levy (The Dø), et des concerts explosifs. « A war is coming… »
à La Cigale
à L’Olympia
DU 17 AU 20 DÉC.
30 JANV.
INFINÉ Focus sur la scène parisienne avec l’exposition « Paris Musique Club », qui convie l’élégant label ovni electro InFiné : conférences, boum de Noël pour les kids, projections (Arandel, Murcof) et lives excitants – Cubenx, Almeeva et son post-rock cinématographique, la techno magnétique de Gordon...
THE PEACOCK SOCIETY L’excellent festival electro lance sa collection hiver et nous gâte : trois dancefloors, une warehouse et un club pour une nuit fiévreuse, bercée par le parrain de la house from Detroit Theo Parrish, Motor City Drum Ensemble, DJ Koze, les Français Zombie Zombie, l’outsider techno Daniel Avery, Clara 3000…
à La Gaîté lyrique
106
14 JANV.
HYPHEN HYPHEN Après avoir écumé les scènes et lâché à la rentrée Times (Parlophone), premier opus léché au charme et aux titres ravageurs (« Cause I Got a Chance »), l’atomique quatuor niçois prêchera son electro-pop épique et survoltée lors d’un rituel de communion (maquillage inclus) jouissif et contagieux.
hiver 2015-2016
au parc floral de Paris