TOMY GALLO

Col de Turini , France.
INTRODUCTION | page 6
Atlas | Gorges du Loup (France) | page 8
Workshop international | Helsinki (Finlande) | page 10
Brionne, Friche industrielle de la Risle? | Normandie (France) | page 16
Île Saint-Denis, Un parc dans la ville ? | Paris (Fr) | page 18
Rikers Island, Après l’île-prison ? | New York (USA) | page 20
Plateau de Saclay, Vers une ligne patrimoine. | Yvelines (Fr) | page 24
Renaturation du Riou de l’Argentière. | Mandelieu-la-Napoule (Fr) | page 28
Rooftop, Testimonio II. | Monaco (Mc) | page 30
Habitat(s), Parc Naturel Départemental. | Roquebrune-Cap-Martin (Fr) | page 32 Vallée de la Touques, Désir de rétro-littoral. | Pont-l’évêque (Fr) | page 34
Post-catastrophe, Géométrie des torrents. | St-Martin-Vésubie (Fr) | page 36
Les projets présentés dans ce portfolio sont le fruit de plusieurs années de réflexion et d’expérimentation au sein de l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles. Ils synthétisent l’ensemble des travaux réalisés tout au long de mon cursus, alliant fiction et réalité, pour répondre à des problématiques de paysage actuelles.
La plupart de ces projets sont issus de commandes fictives, élaborées dans le cadre d’ateliers pédagogiques. Ces exercices, imaginés pour répondre à des enjeux actuels tels que la résilience face aux changements climatiques, la gestion des risques naturels ou encore la réhabilitation urbaine, m’ont permis de développer une approche méthodique et créative. Chaque atelier m’a confronté à des défis concrets, me poussant à imaginer des solutions innovantes adaptées aux spécificités de chaque territoire.
Ce portfolio comprend également des projets réalisés lors de stages, où j’ai eu l’occasion de mettre en pratique ces compétences en contexte professionnel, en participant activement à des projets réels. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les enjeux de terrain et d’affiner ma capacité à répondre aux exigences des commanditaires.
Enfin, mon projet de fin d’études, portant sur la reconstruction post-catastrophe de SaintMartin-Vésubie, incarne l’aboutissement de mon parcours académique. Ce travail, choisi pour illustrer l’ambition du diplôme, a été exposé à l’École Nationale Supérieure de Paysage dans le cadre des présentations aux premières années et des journées portes ouvertes.
Tomy GALLO + 07 69 13 95 50 gallo0t0my@gmail.com
Dans un monde où la catastrophe semble annoncée, les territoires se transforment rapidement, et le paysage s’impose comme une discipline clé pour repenser cette crise des espaces physiques.
À travers ce portfolio, je souhaite illustrer l’émergence des idées qui nourrissent mes projets. En essayant d’intégrer une trame historique plus que jamais contemporaine, mon approche s’appuie sur une multiplicité d’outils au service des projets, combinant les concepts pour répondre à la pratique, et utilisant la pratique pour enrichir les concepts.
En conscience, je m’engage avec l’envie d’accompagner la transition spatiale de territoires vivants. Ce qui fonctionne ici peut servir ailleurs.
L’urgence d’une approche par le grand paysage permettra de régler un certain nombre de problèmes spatiaux, dont on sait qu’en découlent nombre de problèmes socio-naturels.
En essayant de rester attentif et curieux, j’ai la conviction que la conception de paysage peut être ludique, exigeante, et au service d’un meilleur futur partagé.
Les Gorges du Loup se caractérisent par une géomorphologie singulière qui attire l’attention grâce à la diversité de ses reliefs sur une distance relativement courte. En effet, la rivière du Loup traverse des territoires très contrastés en moins de trente kilomètres à vol d’oiseau, offrant ainsi un passage rapide du littoral ensoleillé de la Côte d’Azur à la moyenne montagne.
L’atelier Atlas est un exercice collaboratif d’analyse d’un paysage à l’échelle d’un territoire donné. L’objectif est de comprendre les différentes unités paysagères, les dynamiques en cours et les enjeux spécifiques qui façonnent le territoire. Ce travail d’investigation permet de dresser un portrait précis du paysage étudié.
L’Atlas des Paysages est conçu pour être accessible à tous. Il s’adresse aux habitants du territoire, aux visiteurs, ainsi qu’à tout acteur, qu’il intervienne ou non dans le domaine du paysage.
Workshop international Helsinki (Finlande)
Pendant deux semaines, lors d’ateliers et de voyages, j’ai représenté l’ENSP Versailles aux côtés d’une camarade. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer de nombreux intervenants et étudiants de différents pays (Delft/Université de Technologie de Delft, Londres/Royal College of Art, Mexique/Université de Monterrey, Milan/Politecnico Design, New York/Parsons School, Oslo/AHO, Singapour/SUTD, Versailles/ENSP, et Varsovie/Faculté de Design), chacun représentant différentes disciplines, telles que le Paysage, l’Architecture et le Design. Le thème de vivre avec le bois, ou plus précisément de construire avec lui dans une perspective écologique et durable, a suscité de nombreux échanges avec nos camarades et leurs professeurs.
Nous avons été divisés en petits groupes, et voici le projet que nous avons réalisé en collaboration avec Maribel Salazar (Aalto University/Finlande/Architecture), Pei Ying Lim (SUTD/Singapour/ Architecture), et Samuele Sala Veni (Politecnico Milano/Italie/Design). Notre projet visait à harmoniser les espaces délaissés sur le campus d’Aalto. Nous avons mené une réflexion sur ces espaces et leurs dimensions sensorielles et alternatives. En tirant parti de nos compétences variées, nous avons cherché à proposer un projet avantgardiste et collectif capable de faciliter la transition de cet espace vaste. Cette transition s’appuyait sur les dynamiques de régénération naturelle et l’utilisation de matériaux sur place pour créer des structures, des espaces de repos et diverses ambiances. La forêt boréale a été une magnifique source d’inspiration, et nous croyions qu’un projet de cette nature devait être ancré dans la forêt pour imaginer l’environnement de vie futur et placer la végétation au cœur du campus.
Forêt boréal campus Alvar
Helsinki (Finlande)
Aalto
Existant Helsinki (Finlande)
Projet Helsinki (Finlande)
Brionne, friche industrielle de la Risle ?
Normandie (France)
J’ai souhaité dans ce projet porter mon attention sur la Risle, composante essentielle du paysage de Brionne (une ville du bassin normand) et d’une friche industrielle en devenir.
Le bruit du cours de l’eau, les reflets sur la pierre, et la végétation spontannée buissonnante. Ce sont les nombreuses traces d’une grande invisible. De chaque côté la végétation s’est intallé petit à petit, à coup de pionnier. On y décèle une rivière plein de charme qui mérite bien qu’on s’y attarde.
Mais comment, en lui conservant son caractère, réinventer les abords de la Risle ?
1) Y dégager de franches ouvertures en bord de rive pour révéler le lieu et le rendre attractif.
2) Y guider les cheminements des usagers dans un parcours liant le site dans entier entre le bois et le pré pour s’affranchir du cloisonnment de certaines parties du site.
3) Y conduire le site selon une dynamique végétale existante (fauche - émancipation des essences pionnières | conduite en cépéé - taille fruitière). [gestion des taillis pour entretenir et concevoir les améagements en bois du site].
Où est la Seine sur l’ile St Denis ?
L’ile st Denis, au nord de la région parisienne, est un espace morcelé et cerné par l’expansion urbaine. Elle est représentative de ces espaces transformés, malgré eux, en tier lieux des franges urbaines.La Seine est une évidence dans la configuration et l’accès à cette île. En effet, elle contraint à ne pouvoir y accéder que par quelques ponts et entrées . Ce qui amène à un effet d’entonnoir inadéquat avec l’idée de mobilité douce. C’est une ile encombrée et en manque de visibilité.
Mais la Seine n’est pas un problème car c’est même un atout. En effet, en supprimant les obstacles aux circulations douces, tout en requalifiant des espaces occupés auparavant par la voiture pour les mettre au service d’un dialogue avec le fleuve, on peut amener à la création d’un parc dans la ville, et surtout, au coeur de la Seine. L’eau délimitant le contour de l’ile, elle conditionne sur ce site une gamme d’atmosphère unique qui ne demande qu’à être mise en valeur et valoriser dans son écologie. Marcher au bord de l’eau, accéder à de vastes points de vue aux grés des ambiances générés par les belvédères, les espaces ouverts et ceux fermés peuvent changer l’appréhension du site et permettre de dire : c’est un parc dans la seine. Le projet consiste en un parc aux multiples cheminements, en dialogue constant avec le fleuve (visible) par les vues qu’il propose de celuici. Le bâti correspond sur l’ile à des pratiques émancipatrices comme le sport (stade) et la musique (nef), c’est pourquoi ceux-ci sont conservés et leurs accès repenser pour permettre à chacun de s’exprimer et d’entrer comme avec le fleuve en dialogue.
Ainsi, ce projet est une réponse due à l’absence de programmation sur le devenir de ces tiers-espaces dans la ville-banlieu.
New York (USA)
Le projet de transformation de Rikers Island repose sur la fermeture de cette prison tristement célèbre et la réimagination de l’île en un centre d’infrastructures vertes, selon le « Renewable Rikers Act ». Située à un carrefour stratégique de services essentiels pour New York, l’île est vulnérable à la montée des eaux et aux événements climatiques extrêmes. Le projet vise à convertir Rikers en un site industriel vert avec des installations telles que des panneaux solaires, des centres de compostage et une nouvelle station de traitement des eaux capable de gérer les eaux usées et pluviales de près de 40 % de la ville.
Le projet comprend plusieurs espaces distincts, chacun ayant sa propre écologie et identité. Une attention particulière est accordée au traitement de l’eau, reflet d’une gestion durable des ressources. Des boisements seront créés pour offrir une protection naturelle contre les événements climatiques extrêmes, comme les tempêtes. Un vaste espace naturel, conçu à partir de la topographie du site, accueillera des marais salants. L’agroforesterie y sera utilisée pour expérimenter et valoriser les déchets issus de l’épuration. Un mémorial sera également présent pour rappeler l’histoire du site. En réponse à la montée des eaux, le projet propose une nouvelle manière d’habiter, tournée vers la résilience et l’adaptation aux transformations du territoire.
Par ailleurs, une grande place est accordée à la prospective. En prenant en compte les évolutions du trait de côte à l’horizon 2100, on peut envisager une montée du niveau de la mer d’un mètre cinquante.
Une partie de l’île sera alors sous le niveau de l’eau. En accompagnant cette nouvelle réalité, le projet parie sur la création d’un pré salé. Ce nouvel espace naturel apportera une réponse à cette montée des eaux en misant sur la renaturation et sur les services écosystémiques que cet espace seminaturel peut rendre.
Rikers Island, Après l’île-prison ?
New York (USA)
Le projet du plateau de Saclay avec comme trame la nouvelle ligne 18 du métropolitain parisien repose sur la mise en valeur d’un patrimoine architectural et paysager hétéroclite, perçu non pas comme un ensemble figé, mais comme un témoignage vivant des interactions entre l’urbain et le rural. Il propose un itinéraire de découverte qui relie les différents espaces bâtis et naturels du plateau. En intégrant des éléments paysagers tels que des cônes visuels, des haies bocagères et des corridors d’accès, le projet cherche à rationaliser la transition entre zones agricoles et urbaines, tout en respectant les atmosphères propres à chaque lieu. Ce dialogue entre l’architecture et le paysage structure la perception des espaces et valorise le patrimoine à travers un regard contemporain
La ligne 18 devient un élément central du projet, non seulement comme infrastructure de transport, mais aussi comme outil de mise en scène du paysage. Le paysage perçu depuis la ligne devient une alternative visuelle à l’enfermement spatial du métro, proposant à l’usager une évasion par une cinétique de la contemplation.
Le paysage comme échappatoire : Pour l’usager de la ligne 18, le paysage c’est là où tout se passe par les fenêtres. C’est là où il n’y a pas rien.
Le paysage comme alternative : Prendre le métro c’est ne plus être maître de sa trajectoire et l’accepter. Mais le paysage est une alternative visuelle à la compression, à l’espace fermé avec l’ouverture à l’horizon, à l’extérieur en soi.
Le paysage comme changement : Changement de rythme au fil des saisons, un cycle lent et inexorable s’étale dans le paysage.
La ligne 18 comme un manège : Les sensations et les sens sont mit au service d’une expérience cinétique du paysage
Yvelines (France)
Le principe est simple : la trajectoire d’un usager de la ligne 18 sera toujours la même, contrairement au paysage extérieur, en perpétuelle évolution. Au fil des saisons, les champs changent. On ne perçoit pas un paysage de colza de la même manière qu’un paysage en période de labour. Ces mutations créent des moments de paysage où on l’on le « voit » . Dans la voiture du métro, tout semble immobile, sans que le mouvement ou le bruit des rails ne crée cette impression de paysage. À l’inverse, le paysage se dévoile dans l’extérieur en mouvement. Le paysage est en dehors, là où tout bouge.
Pourquoi ne pas utiliser cette contrainte pour proposer une expérience nouvelle, en s’affranchissant des sentiers pédestres traditionnels ? Le projet propose un itinéraire à travers des espaces inaccessibles comme viaducs, toits ou champs, valorisant des points de vue uniques tout en permettant, depuis les gares, de découvrir le patrimoine du plateau.
En scénographiant ces grands cycles du train et des transformations végétales, le projet s’inspire des parcs d’attraction, où tout semble synchronisé, bien que des rythmes différents soient à l’œuvre.
Autrement dit, mon travail m’a amené à comprendre qu’il y avait là une tension que la ligne 18 avait exacerbée sur un territoire poudrière. Celui de savoir si nous pouvons aisément percevoir, sentir, juger et comprendre ce que c’était le plateau de Saclay si la ligne 18 suivait uniquement un développement linéaire, non dynamique et sans interaction d’événement entre eux.
Espaces à masquer (ZA, lotissements, etc)
Espaces à redéfinir
Espaces attractifs (bois, vallée, golf, etc)
Patrimoine bâti incongrus (moderne)
Patrimoine historique
Obstruction visuelle (avant-projet)
Routes
Ligne 18
TOUSSUS-LE-NOBLE
Espaces à masquer (ZA, lotissements, etc)
Espaces à redéfinir
Espaces attractifs (bois, vallée, golf, etc)
Patrimoine bâti incongrus (moderne)
Patrimoine historique
Obstruction visuelle (avant-projet)
Routes
Ligne 18
0
Guyancourt
Versailles
PARIS
Massy
Orly
Gares principales
Ligne 18
Limites départementales
EPAPS
OIN
ZPNAFF
Mandelieu-la-Napoule (France)
Le projet de renaturation du site, abandonné après une inondation en 2015, vise à restaurer son écosystème et à valoriser son potentiel paysager. Malgré l’impact de l’artificialisation liée aux anciennes infrastructures du camping, la végétation reprend peu à peu ses droits. Le projet se concentre sur la restauration du cours d’eau, élément central du site, et sur l’amélioration de la lisibilité des milieux naturels environnants.
Pour cela, plusieurs séquences écologiques ont été mises en place. D’abord, la création d’un atterrissement permet de stabiliser le lit du cours d’eau et de favoriser la sédimentation naturelle. Ensuite, une risberme végétalisée stabilise les berges et encourage le développement d’une végétation adaptée, tandis que le remaniement des pentes facilite l’accès à l’eau et crée des habitats propices
à la biodiversité. Enfin, la reconstitution d’une ripisylve, une bande boisée le long des rives, favorise la filtration des eaux de ruissellement, tout en recréant un habitat pour la faune et la flore locales.
Ces interventions sont le résultat d’une analyse approfondie de la littérature scientifique et d’une adaptation aux spécificités locales, garantissant que les solutions proposées respectent les dynamiques naturelles du site. En complément, des scénarios d’aménagement ont été élaborés pour intégrer des espaces de contemplation et valoriser des points de vue exceptionnels, notamment sur le San Peyre (volcan côtier étient et deux fois plus ancien que les Alpes). Le projet vise à redonner au site une écologie de rivière au service du paysage et de ses habitants
Testimonio
Les paysages ultra-urbains sont souvent associés aux centres-villes verticaux dans ces zones densément peuplées.
Dans le cadre de mon stage Land’Act Sud a été lauréate des aménagements extérieurs du projet immobilier Testimonio II.
Ce projet immobilier est varié, proposant une gamme allant des appartements aux villas de haut standing. Mon rôle spécifique a été de représenter en coupe les plantations et élaborer un plan de plantation sur l’une des villas du projet.
Habitat(s), Parc Naturel Départemental. Roquebrune-Cap-Martin, France.
Le projet vise à utiliser les structures de soutien existantes tout en les renforçant à des fins de conservation d’une espèce de lézard indigène. Il inclut une réflexion sur les types de soutènements qui peuvent servir d’habitat à l’herpétofaune et sur l’inclusion de ces structures dans un contexte semi-naturel (supervision d’un écologue). Le projet s’appuie sur des ajustements topographiques pour créer un espace fonctionnel pour toutes les parties prenantes, humains et non-humains, en redonnant une lisibilité à l’ensemble du site .
Vallée de la Touques, Désir de rétro-littoral. Pont-l’évêque (France)
Post-catastrophe, Géométrie des torrents
St-Martin-Vésubie (France)
429 900 ha
Pour débuter, il m’a semblé nécessaire de considérer que pour une majorité de personnes, la première fois qu’ils auront entendu parler de la Vésubie aura été lorsque les grands médias ont rapporté les difficiles premières nouvelles d’une tempête qui aura sinistré et fait le plus grand nombre de dégâts sur le territoire depuis la seconde guerre mondiale
les épisodes méditerranéens
« À l’origine, une dépression née à 600 km de la Bretagne qui s’est déplacée en direction de l’ouest pour stagner sur la Manche, avant d’être poussée vers le Sud par un courant d’air froid pour gagner Nice et son arrière-pays. Ce flux se caractérise par une grande quantité de vapeur d’eau. La température de la mer (22/23°) associée à cette vapeur (20°) et la quantité d’eau précipitable [...] poussée par un vent violent (100 km/h) a alors précipité ces masses d’air contre les reliefs alpins. »
Fournier Denise (dir.), Patrimoines du Haut Pays n°20 - Le Haut Pays face aux événements exceptionnels
Aperçu historique des alpes-maritime
L'histoire d'une région naturelle (celle du Comté de Nice) revêt une importance capitale pour saisir la profondeur des liens qui unissent ses habitants à leur territoire. À travers les siècles, les Alpes-Maritimes, enclavées dans la région Provence-AlpesCôte d'Azur, ont été façonnées par une mosaïque d'influences culturelles et politiques. Cette histoire complexe est le reflet de la création et de l'évolution d'un habitat humain sur ce territoire. Le territoire de la vallée de la Vésubie appartient à ce continuum culturel et ne peut être dissocié de Nice tant les liens qui les unissent sont ténus et en font des territoires miroirs. Comme l'eau coule des montagnes au littoral, la Vésubie influence directement Nice et viceversa.
1.
Ce concept souligne le rôle actif de l’humain dans la genèse des catastrophes, mettant en lumière les conséquences des décisions d’aménagement et de développement urbain sur la vulnérabilité aux aléas naturels.
Page de droite :
Cadre géographique de la vallée de la Vésubie 1:100 000e
dans
La vallée de la Vésubie appartient à un continuum de paysages répartis en différentes unités paysagères. Ces unités sont caractérisées en étages de végétation. Leurs étendues vont de l’étage collinéen méditerranéen jusqu’à l’étage nival. Ces différents étages sont liés et témoignent d’un séquençage altitudinal de la vallée. Si l’origine de la catastrophe est d’origine naturelle ou socio-naturelle lorsqu’il s’agit d’évoquer les destructions vécues dans la vallée. Le relief lui joue un grand rôle dans la configuration de tels événements Ce n’est pas un cas isolé. A l’échelle des Alpes, de nombreuses vallées sont similaires à la configuration spatiale de la Vésubie. La vallée de la Roya, sœur jumelle de la vallée et qui est située à l’extrême est du parc du Mercantour a elle-même subi des destructions avec autant d’émotions qu’elles furent identiques dans la gravité à celles subies dans la Vésubie et dans une moindre mesure à l’échelle des vallées des montagnes méditerranéennes Françaises. Ce que nous disons n’est pas qu’il y a seulement ressemblance entre ces vallées, mais qu’elle comporte puisque issues d’un même continuum géomorphologique, les dispositions générales à voir de tels événements se reproduire et les toucher ensemble. Ainsi, si la notion de risque naturel prédomine lorsqu’il s’agit de crues, la dimension anthropique qui fait qu’on choisit d’établir la ville au risque de l’eau et dans une moindre mesure les infrastructures exprime une autre réalité, celle de risques socionaturels (Picon, Allard et al., 2006).En effet, les choix d’aménagement effectués par l’humain contribuent à créer les risques auxquels il s’expose, donnant lieu à ce que l’on pourrait qualifier de «human made catastrophe 1» Dans le cas de la Vallée de la Vésubie, bien que les événements catastrophiques ne puissent être imputés uniquement à l’action humaine comme dans le cas des catastrophes technologiques, il est indéniable que des choix imprudents ont été faits. L’aménagement du territoire dans cette région reflète ainsi les politiques publiques et les pratiques adoptées. Il est donc essentiel de reconnaître la dimension politique inhérente aux décisions d’aménagement, qui impliquent la participation et la responsabilité des paysagistes, des ingénieurs et des urbanistes, souvent en concertation avec les autorités politiques.
Dans ce contexte, mon PFE en paysage s’inscrit dans l’acte de reconstruction de cette vallée post-catastrophe mais en contre-point d’une logique actuelle interventioniste du torrent Vésubie. En imaginant un futur alternatif avec pour objectif une réflexion sur les espaces publics et infrastructures autour des torrents à St-Martin-Vésubie, mon projet consiste dans ce territoire de montagne qui dispose de grandes ressources, mais qui est aussi contraint avec la quasitotalité des problèmes d’aménagement présent, de faire s’incarner spatialement un projet de cohérence en postulant que ce qui fonctionnera ici servira ailleurs.
Parce qu’en remontant le cours de l’eau, on y entrera par un verrou géographique à la confluence de la Vésubie et du fleuve Var celui qui ne connaît pas la Vésubie passera par des gorges encaissées où seule une route à double sens se faufilera. Le long de la route, des résurgences de sources sortiront des affleurements rocheux pour rejoindre en contrebas le torrent qui se déchirera contre la pierre plus dure. On n’en verra ni les sommets, ni la distance qui nous séparera du début et de la fin de ce chaos de roche. Et dès la sortie des gorges, il se présentera une vallée ouverte cintrée de montagnes arrondies où se concentreront les premiers villages de la vallée. Tous seront placés en hauteur, craignant les destructions d’un torrent silencieux. Les humains auront terrassé les montagnes pour y faire apparaître de splendide restanque, territoire de l’olive où pousse l’or de méditerranée. Ensuite, en s’enfonçant vers le haut-pays apparaîtra au loin les premières cimes enneigées du massif de l’Argentera. Les feuillus laisseront peu à peu leur place aux résineux. De nouveaux paysages apparaîtront jusqu’à l’ancien village de St-Martin-Vésubie. Extrémité habitée de la vallée que l’on devine sur un promontoire entre deux vallées courbées. Par les moraines caractéristiques qui ont façonné la géologie du lieu, on comprendra que ce qui s’est joué là n’est autre que la route du sel qui longtemps a alimenté le commerce transalpin. Plus haut encore, et seule la randonnée pourra y conduire, le territoire des marmottes et des loups. Là, les lacs du Mercantour et les glaciers éternels bruissent et irriguent jusqu’au littoral niçois. On lira 300 millions d’années d’évolution de la chaîne des Alpes sur un horizon de 50 km.
N E O S
La Vésubie naît de la confluence de deux vallons, au niveau de Saint-Martin de Vésubie : le Boréon à l’ouest qui draine un bassin versant de 65 km² et la Madone de Fenestre à l’est qui draine une partie du massif du Mercantour sur un bassin de 37 km². Cette dernière présente la particularité de détenir des glaciers souterrains relictuels des dernières glaciations, dissimulés sous les pierriers d’éboulis. Le bassin versant est limité au nord par les cimes du Gélas (3 143 mètres) et du Mercantour (2 772 mètres).
S O E N
1/7500 e | 1/2500 e
Saint-Martin-Vésubie
Le village de St-Martin-Vésubie, la suisse niçoise de la Vésubie
Le village de St-Martin-de-Vésubie est le centre historique de la vallée de la Vésubie. Situé dans le Haut-Pays niçois, à 1000 m d'altitude, à l'entrée du Parc National du Mercantour, on y observe une grande fréquentation touristique. Il est le départ du torrent Vésubie, dont la confluence avec les affluents boréon et Madonne des Fenestres a subi de nombreux dégâts lors de la crue torrentielle de 2020.
Historiquement , il était un « important entrepôt sur la route ” du Sel ” reliant Nice au Piémont, assurant sa prospérité jusqu’au XVIIIème siècle.
[mais] Ce n’est qu’en 1860 que le village est annexé à la France. Dès lors, Saint-Martin devint un lieu idéal de villégiature des aristocraties. La ”Suisse Niçoise” était née. Saint-Martin reste un lieu de séjour prisé pendant la période estivale comme hivernale. »12
12. Métropole Nice Côte D’Azur. St-Marin-Vésubie - Métropole Nice Côte d’Azur. https://www.nicecotedazur.org/metropole/territoire/ les-communes/saint-martin-vesubie/[consulté le 23/04/24]
Le paysage est parcouru et reste à parcourir. Mille choses y fourmillent et s’expriment chaque fois différemment. Il y a des paysages qui seuls sont évocateurs d’images d’Epinal, d’images qui nous sont connues d’avance. Mais peu sont les paysages que nous connaissons par réminiscence. Certains détiennent une célébrité à l’échelle de l’humanité et d’autres une célébrité des initiés. Parfois même, personne ne les connaît et ils sont les trésors de ceux qui ne sont personne.
Visiter les pyramides de Gizeh ou voir la vallée de la Touques. Ou encore, se figurer les vestiges Héllènes en Argolide et les
étranges peintures rupestres de la Vallée des Merveilles.
Combien est-ce qu’il est difficile de s’en défaire, de ces images ? Difficile de l’inconnu de s’en faire des images ? La série photographique suivante est un pari.
L’idée est de laisser le lecteur vivre un moment solitaire, une captation éphémère d’un paysage. De lui proposer l’immersion des premiers moments, remonter le fil de l’eau, comme ce qu’il ferait physiquement. Comme la majorité des premières perceptions d’un paysage, elles seraient sensorielles et visuelles. Trouver ses marques, se forger un
discours positionnel sur ces images afin que les éléments qui vont être proposés par la suite viennent s’emboîter au savoir personnel du lecteur.
En créant ce dialogue, par une forme d’objectivité scientifique et de subjectivité sensible, trouverons-nous peut-être le moyen de traduire la réalité d’un projet de paysage.
Un bassin versant aux reliefs diversifiés de 300 à 3000m
39 200 ha
Comprendre la relation entre la configuration géographique d’un territoire et les événements catastrophiques qui s’y produisent est essentiel pour anticiper les risques naturels. Dans le contexte de la Vallée de la Vésubie, la particularité du relief, notamment la forme et l’étendue du bassin versant, joue un rôle crucial. La cartographie du bassin versant montre un fond de vallée étroit, dans une vallée caractérisée par des contraintes géographiques fortes. Le développement et l’aménagement se concentrent dans cette zone critique au bord du torrent. Cela accentue les risques tout en ce que paradoxalement, les infrastructures se retranchant contre le torrent, se trouvent dans le lit de celui-ci. Les coupes de morphologie du bassin versant révèlent l’interaction entre les pentes abruptes et le torrent qui parcourt la vallée. Dans le cadre de mon projet, je m’efforce de retrouver une épaisseur perdue . Dans ce contexte, la présence de torrents alpins et subalpins, ainsi que de lacs d’altitudes et de vestiges de glaciers souterrains, renforcent le risque de crues soudaines et d’inondations lors d’événements météorologiques extrêmes.
MASTERPLAN 1/2500 e Un tracé des nouvelles routes dessiné en économie du risque naturel lié à l’eau
On observe que le système routier a été replacé à l’endroit des dernières destructions. Ainsi, en place du lit mineur, on voit des routes et ponts qui sousévaluent le risque et se font dégradés progressivement à chaque crue.
Le projet consiste à déplacer le système routier sur les hauteurs en économie des risques liés aux crues.
Le schéma proposé permet de reconnecter l’entièreté du réseau sur des routes existantes nécessitant d’être réadaptées pour l’occasion. Seul 200m de route nécessitent d’être construite.De nouveaux ponts calibrés à partir des limites du lit majeur sont proposés. D’autres viendront en franchissements des torrents secs si dévasteurs et pourtant silencieux hors période de crue. La destruction du bâti endommagé et des habitats en périls sont représentés et forme un nouvel espace non aedificandi en bordure du torrent. Par ailleurs, les nouvelles routes et ponts seront conçus pour contourner les zones inondables, garantissant ainsi une accessibilité continue même en période de crue.
Bâti détruit / vestige de 2020
Bâti conservé et protégé Trait de côte actuel Grande zone d’érosion
Bâti à déconstruire
MASTERPLAN 1/750 e
Dessein pour une adaptation à la géométrie des torrents Boréon et Madonne des Fenestres
13 ha
Le projet se décompose en quatre espaces traités différemment. Ce masterplan les unis à travers une figure territoriale qui consiste à dire qu’un projet des rives ne suffira pas à faire paysage dans le contexte d’une approche post-catastrophe du village. L’emprise du projet s’appuie sur les limites de la crue de 2020 et ne dépasse pas cette ligne invisible, laissant au torrent son lit majeur. Ce choix restreignant la possibilité d’aller chercher une épaisseur dans le lit majeur, oblige à repenser les abords et délaissés urbains ou naturels à l’intersection du village bâti et du torrent. Il oblige aussi à mettre en lumière les qualités architecturales et urbanistiques inhérentes à ce village qui importe dans l’échiquier historico-culturel du comté de Nice. Il oblige également, à s’emparer de la question de l’espace public comme moyen de constituer une épaisseur piétonne et désirable. Pour autant, si chaque partie du projet s’appuie sur des armatures géographiques, symboliques et pratiques. L’ensemble de la figure se veut cohérente et penser non pas en vase clos mais en relation des membres entre eux. Ce desein cinétique et organique de l’expérience que l’on pourra avoir de ce projet vient d’une approche plus générale de dépassement de la question du risque pour aborder celle du cadre de vie, en postulant qu’elle permettra de se tourner vers l’avenir et de panser plus efficacement les plaies du passé pour les Saint-Martinois.
VARIATION D’UN PAYSAGE
Existant: étiage normal et crue 2024
Visuels
Ruissellement
Torrent sec
Bâtiment menacé
Existant
Illustration de Saint-Martin-Vésubie en 2024
Route détruite
Moraine Torrentielle
Zone expansion Lit majeur
Verrou infrastructurel
L’image montre le paysage torrentiel de Saint-Martin-Vésubie, avec ses torrents secs. Le cours d’eau serpente sur un lit de pierres érodées, menaçant des bâtiments en aval et une route détruite par une crue. Les rives, bordées d’une moraine instable, risquent de se détacher lors de fortes pluies. Un verrou infrastructurel obstrue partiellement le torrent, augmentant le risque d’inondation. Autour, la zone d’expansion des crues, avec de nombreux vestiges abandonnés, déconnectés de la trame urbaine post-catastrophe.
Existant (période de crue)
Illustration de Saint-Martin-Vésubie en 2024
Ruissellement
Mise en charge
Enclavement du quartier
Erosion des berges (ablation)
Inondation bâti
Mouvement de terrain
Zone de dépôt (accrétion)
Zone expansion Lit majeur
Destruction ripisylve
Intensité critique exercée sur l’ouvrage
des Fenestres
L’image montre Saint-Martin-Vésubie sous une crue intense et soudaine semblable à la tempête Alex, où les torrents secs se transforment en redoutable formation fluviale, inondant le lit minérale et balayant les cônes de déjection de nouveaux sédiments. Les bâtiments et routes en aval sont submergés, les rives instables s’effondrent, et le verrou infrastructurel aggravé par les débris contribue aux inondations.
ha
Ruissellement
Ouvrage de limitation du risque torrentiel
Projet (théorique 2070)
Illustration de Saint-Martin-Vésubie en 2070
Accueillir les ruissellements (Diffusion des flux / réactivation des canaux)
Équipement stratégique protégé (exception)
Restauration en génie naturel
Zone expansion Lit majeur
Boréon
Projet: étiage normal et crue 2070 (maturité du projet)
Visuels
Madone des Fenestres
Le projet inclut la stabilisation des rives par génie végétal et l’installation d’ouvrages perméables pour améliorer l’écoulement des eaux. De nouvelles routes et ponts contourneront les zones inondables, tandis que la zone d’expansion des crues sera aménagée en espace non aedificandii pour absorber les débordements. Les espaces publics le long du lit majeur valoriseront la saisonnalité du torrent avec des motifs vernaculaires, reflétant les caractéristiques de la Vésubie et du village.
Projet en période de crue (théorique 2070)
Illustration de Saint-Martin-Vésubie en 2070
Ruissellement
Mise en charge prévue (ouvrage de limitation de la vitesse de l’eau)
Redirection du ruissellement qui limite les mouvements de terrain
Équipement stratégique protégé (exception)
Accessibilité du quartier
Intensité exercée acceptable (peu ou pas d’érosion)
Zone de dépôt (accrétion montrée)
Zone expansion Lit majeur
Intensité prévue exercée sur l’ouvrage
des Fenestres Submersion
En cas de crue intense, des ouvrages limiteront la vitesse de l’eau et redirigeront le ruissellement pour réduire l’érosion. De nouvelles routes et ponts amélioreront l’accessibilité, tandis que la zone d’expansion des crues absorbera les débordements. Les espaces publics, conçus pour résister aux crues, seront partiellement inondés, permettant de gérer le phénomène sans causer de destruction.
MASTERPLAN 1/250 e Donner l’épaisseur d’une rencontre entre le village de St-Martin-Vésubie et la confluence de la Vésubie en s’appuyant sur un système de terrasse utilisant comme vocabulaire le motif agricole vernaculaire de la restanque
0.8 ha
A l’entrée du village de Saint-Martin-Vésubie, en franchisssement d’un pont, le promontoire rocheux sur lequel s’est installé le village. Le site, autrefois point d’interface entre le village et les torrents qui forment la Vésubie, se trouve aujourd’hui enfoui sous un enchevêtrement de friches, rochers et déblais de la catastrophe. Cerclé par une fine bande de terre constituant la limite des débords du lit majeurs, il se trouve dans un état de semi-abandon.
Pourtant, c’est un élément important et reconnaissable de l’entrée de village. Sa position stratégique le place à la fin ou au début de tout parcours de celui ou celle qui visite le village le long de sa longueur historique, au fil d’un canal qui coule le pavé, lou bial. C’est aussi comme de nombreux espaces dans la Vésubie le lieu d’un inexorable effacement, celui de ce terrassement historique des cultures sur le relief des Alpes qui partait des villages historiques en hauteur pour se propager soit vers les cimes, soit vers le torrent, à la limite d’une frontière invisible où le risque de crue commence.
Nous proposons de remonter par quelques coupes cette généologie avant d’arriver au projet qui vise à donner l’épaisseur d’une rencontre entre le village de St-MartinVésubie et la confluence de la Vésubie en s’appuyant sur un système de terrasse utilisant comme vocabulaire le motif agricole vernaculaire de la restanque.
MASTERPLAN 1/250 e
Donner l’épaisseur d’une rencontre entre le village de St-Martin-Vésubie et la confluence de la Vésubie en s’appuyant sur un système de terrasse utilisant comme vocabulaire le motif
agricole vernaculaire de la restanque
MASTERPLAN 1/250 e
Donner l’épaisseur d’une rencontre entre le village de St-Martin-Vésubie et la confluence de la Vésubie en s’appuyant sur un système de terrasse utilisant comme vocabulaire le motif agricole vernaculaire de la restanque
ST-MARTIN-VÉSUBIE
Le village historique sur son promontoire
M. 2565
Route principale
TERRASSE SINISTRÉE Effondrement des
Actuellement, seule une petite partie de cette confluence est aménagée et permet d’accueillir du public à proximité du soutènement de la route. Quelques potagers privés subsistent mais la plupart ont été emportés par la tempête, si bien que nombre de restanque déjà abîmés par le temps, on finit par céder lors de la tempête. La vue est cachée par l’enfrichement progressif du site et l’on ne perçoit plus ce qui se joue là à l’interface du village et de ses torrents qui finissent de former ici le début de la Vésubie.
500 mm de pluies à Saint-Martin-Vésubie en 24 heures
MASTERPLAN 1/250 e
Donner l’épaisseur d’une rencontre entre le village de St-Martin-Vésubie et la confluence de la Vésubie en s’appuyant sur un système de terrasse utilisant comme vocabulaire le motif agricole vernaculaire de la restanque
Le dessin de ce nouvel aménagement pour la confluence du village de Saint-Martin-Vésubie doit son origine à la stratification en restanque du relief dans cette vallée. En effet, le modèle de la culture en terrasse offre la possibilité de construire en bonne intelligence avec la forte déclinivité des Alpes tout en permettant de cultiver sur des parcelles idéalement servies en eau par le ruisellement laissé possible par la pierre sèche. Cette partie du projet est très importante, car elle rend possible une continuité de cheminements venus du village médiéval, donne à voir la confluence et la naissance de la Vésubie et offre un verger communal à l’endroit où 100 ans plus tôt, toutes les pentes étaient gonflées de restanque jusqu’à 1800m.
MASTERPLAN 1/250 e
Créer un grand espace public aux vertus mémorielles à l’endroit de la zone d’activité
sinistrée Prà d’agout devenue vestige post-catastrophe
1.4 ha
Cette portion du projet prend place à l’endroit d’une ancienne zone d’activité, Prà d’agout. Littérallement le pré de la famille Agoult. Si le passé agricole de Saint-Martin-Vésubie a laissé successivement sa place au développement d’activité économique tertiaire et de service, la catastrophe n’a pas épargné cette partie du village. On pourrait tracé une ligne invisible entre le mur de soutènement du cimetière et le début du Mountain park, elle symboliserait la limite du lit majeur. A partir de cette ligne, en dedans ne reste que des bâtiments éparses et peu intégrés au paysage, au-delà s’étend le paysage minéral du torrent qui a emporté le reste de la zone d’activité. Autrement dit, pas de quoi motiver le maintien de cette zone d’activité qui devra être déplacée ailleurs dans le village comme un projet de la mairie le prévoit.
Cependant, l’opportunité d’une surface assez plane et en défens du lit majeur, permet d’imaginer un espace public de continuité piétoonne entre la confluence et le grand complexe sportif du village. L’opportunité aussi de mettre en scène cette mémoire du risque en prenant le temps de s’y arréter et d’observer la saisonnalité de ce torrent. Comme dans tous les villages des alpes-maritimes, l’apport que revêt la création d’un tels espaces publics est significatif pour permettre de concevoir des transitions et variations d’un espace fermé vers un espace ouvert mais aussi dans la recherche d’une épaisseur perdue avec les contraintes de la géométrie des vallées maralpines.
En annexe, la place de l’ancienne gare témoigne de la ligne de tramway qui relia Nice à Saint-Martin-Vésubie entre 1909 et 1926. Aujourd’hui à l’abandon et décrépie, la place est devenue un parking. Pourtant idéalement située, on peut imaginer là, un nouveau musée, une résidence d’artiste et un parc qui fasse signe vers ce passé.
MASTERPLAN 1/250 e
Créer un grand espace public aux vertus mémorielles à l’endroit de la zone d’activité sinistrée Prà d’agout devenue vestige post-catastrophe
Un nouveau théâtre plein air pour observer la saisonnalité du torrent, des espaces ouverts pour voir loin les montagnes du Mercantour, des espaces fermés conçus selon une palette végétale issue d’un arpentage ethno-botanique. Et puis, de drôles de cheminements, très divers, qui serpentent, se quittent et se rejoignent le long de ce parc tout en longueur. Peut-être le tracé théorique de dérivation naturelle du torrent. Plus haut, une voie de passage existante, remis au goût du jour, où on voit loin et parfois comme un écurueil dans les arbres. D’un bout à l’autre, on retrouve le chemin du bourg historique, regarde les demeures de villégiature niçoise du XXeme siècle et puis on rejoint le complexe sportif. Parfois également la possibilité de descendre dans le torrent et si la saison est belle : Pourquoi ne pas s’y baigner un peu ?
MASTERPLAN 1/250 e
Restructurer le délaissé post-catastrophe d’une moraine torrentielle sur la rive gauche du
Boréon et de la Vésubie en génie naturel
6.5 ha
La restauration de la bande active de la Vésubie durant la catastrophe a permis la réouverture du lit majeur. Cependant, des formes résiduels, comme les morraines torrentielles, sont apparues. Elles posent des questions de stabilité autant que de risque. En cas de nouvelles crues ce sont autant de matériaux disponibles qui seront charriés par le torrent, répétant un schéma de destruction entamés 4 ans plus tôt. La mise en place d’une restauration des berges ainsi que de techniques de renforcement apparaît comme nécessaire.
Le choix de la nature de ces techniques dépend du degré de sollicitation visé. Deux typologies de techniques sont proposées :
• Renfort de l'existant par la mise en œuvre d'un schéma naturel de cours d'eau et son ralentissement dynamique par du génie végétal.
• Stabilisation des berges pour une protection accrue face à l’érosion subie lors des épisodes de débordements par des ouvrages mixtes de génie végétal et de soutènement.
Les deux options ayant leurs spécificités (coût, techniques utilisées, ...), elles ont pour objectif commun l'usage parcimonieux de solutions douces en techniques de génie végétal et mixte pour la restauration des morraines torrentielles du Boréon.
MASTERPLAN 1/250 e
Restructurer le délaissé post-catastrophe d’une moraine torrentielle sur la rive gauche du
Boréon et de la Vésubie en génie naturel
ZOOM SUR LA RIVE NATURELLE DU BORÉON
La nature même d’une restauration de rive sous-entend de la flexibilité sur le dessin de projet. Cependant, faute dans cette phase d’esquisse d’avoir pu obtenir un relevé topographique assez précis des structures rivulaires résiduels post-tempête, le plan de projet a pour lacune de lier 3 km de berge comme une seule continuité. À cela, nous proposons une alternative, qui consiste en un ensemble de coupes morphologiques de projet interchangeables calibrés pour s’adapter aux aspérités du terrain lors d’une phase ultérieur de relevé plus précis. Ces coupes sont à la manière de schéma issue d’un CCTP, conçu pour être à destination de l’opérateur de travaux dans un contexte où le projet se dessinerait en grande partie dans la phase chantier selon une emprise projet définie préalablement.
Ce lot de restauration en contexte semi-naturel fait le pari d’un projet qui se dessinerait en partie sur le terrain, incluant des savoirs diversifiés propres au corps des chantiers, mais aussi à partir de l’archéologie de ces moraines torrentielles riches de sédiments diversifiés et qu’aucun relevé ou sondage ne permet de déterminer.
MASTERPLAN 1/250 e
Restructurer le délaissé post-catastrophe d’une moraine torrentielle sur la rive gauche du
Boréon et de la Vésubie en génie naturel
Un attérrissement ou banc alluvial est un amas de sédiments apportés par les eaux, créés par diminution de la vitesse du courant.
Ce phénomène naturel participe à la vie de la rivière, permet la recharge du cours d’eau en matériaux et limite les effets d’érosion.
"Granulats grossiers»
Les atterrisement de type «gravière» forment des habitats de reproduction ou des aires de repos pour de nombreuses espèces animales protégées et contribue efficacement à la bonne santé de la rivière.
Ainsi, la renaturation de ces " gravières" colonisés par des herbacées favoriserait la mise en place de la première strate de succession écologique.
Cette installation nécessitera d’être révisée à chaque crues, nécessitant au cas pas cas la pose de nouveaux granulats pour compenser ceux que la rivière aura charrié.
"Gabion" végétalisé"
Dans le cas d'une forte sollicitation, le gabion a l’avantage de stabiliser les berges sans avoir recours aux techniques lourdes de génie civil (enrochements, béton, …).
Leurs structures les rendent compatibles avec un développement de la végétation et de la microfaune, on peut imaginer maintenir par ce procédé l'intérêt écologique des attérrissement, tout en limitant le phénomène d'érosion.
Granulats grossiers et développement possible d'une végétation pionnière de graminées et d'hélophytes. Si l'atterrissement se maintient une végétation ligneuse notamment arbustive puis arborescente pourra se mettre en place.
Les atterrissements le long des cours d'eau sont signes de bonne santé de la rivière. Riches en biodiversité, ils sont des espaces libres de transition de la berge à l'eau.
Attérrissement "Granulats grossiers"
Plantation d'herbacées hélophytes diversifiées et adaptées à de fortes contraintes hydrauliques.
Structure en gabion plus résistant à l'affouillement (crue), elle participe à l'engraissement de l'atterrissement et à la ré hausse de la berge, nécessitant un entretien pour limiter son accroissement.
Atterrissement "Gabion"
Berge "Plantation extensive" 0 1 2 3 4 5m 0 1 2 3 4 5m
Les plantes hélophytes ont la particularités de vivre les pieds sous l'eau. Leurs systèmes racinaires permettant de limiter le phénomène d'érosion et d'arrachage (crue), elles sont des alliées précieuses. Les techniques végétales efficaces font très souvent appel à ce type de végétation.
1/250 e
MASTERPLAN
Restructurer le délaissé post-catastrophe d’une moraine torrentielle sur la rive gauche du
Boréon et de la Vésubie en génie naturel
La risberme est un ouvrage qui vient à l’appui des atterrissements (bancs alluviaux). Ensemble, ils constituent une technique de restauration qui consiste à recréer des morphologies de migration des alluvions sur les cours d’eau.
L’objectif poursuivi est donc à la fois d’améliorer la diversité des écoulements du lit majeur, d’en augmenter la profondeur et de recréer des habitats rivulaires.
Nous proposons deux typologies de risbermes végétalisées répondant à des sollicitations moyennes et hautes :
Risberme
"Pente végétalisée"
Le choix d'une pente végétalisée et l'usage de technique de génie végétal accompagnent la transition de l’atterrissement vers la risberme par une gestion douce du talus. C'est un modelé qui se rapproche du modelé naturel répondant à une sollicitation moyenne.
Risberme
"Terrasses végétalisées"
L'usage de gabion répond à la problématique du soutènement contre l'arrachement en cas de crue. Il a l'avantage de la résistance tout en permettant l'expansion de la rivière. Cependant, il a l'inconvénient d'empêcher la rivière de méandrer et d'évoluer librement dans son lit majeur. C'est un ouvrage qui pourrait répondre à une forte sollicitation.
La protection de couverture qu'offre la partie aérienne de la plante et le rôle d'armature du système racinaire aide à protéger le sol de l'érosion.
Sujet à la submersion et à la sécheresse le mélange grainier devra s'adapter spécifiquement pour végétaliser la risberme.
Talus planté
4m 1m
Terrasse plantée "Ensemencement pleine terre" 5m
Risberme "Pente végétalisée"
Le gabion et la technique végétale de création d'une station risberme herbacée constituent une technique mixte de protection végétale et de soutènement.
La végétation herbacée joue un rôle essentiel d’ancrage superficiel des particules du sol. On distingue deux familles d'herbacées : les poacées et les légumineuses. Les poacée sont des espèces qui se dévelloppent et colonisent la surface rapidement et les légumineuses sont des espèces qui structurent le sol en profondeur avec un dévelloppement plus long.
Un mélange grainier composé de graminées et de légumineuses est préconisé. Leur système racinaire, à la fois traçant et profond, permettront une colonisation rapide et une plus grande résilience aux aléas.
Terrasse niveau 0 "Ensemencement gabions"
Risberme "Terrasse végétalisée"
Terrasse niveau 1 "Ensemencement pleine terre"
L'aptitude au tallage de la famille des poacées, lui permet de coloniser rapidement du terrain en surface et le système racinaire profond de la famille des légumineuses, lui conférant une résistance accrue au stress hydrique, fait qu'ensemble ils constituent un milieu autonome et résilient.
MASTERPLAN 1/250 e
Restructurer le délaissé post-catastrophe d’une moraine torrentielle sur la rive gauche du
Boréon et de la Vésubie en génie naturel
Plan de plantation Principe mélangeant des carreaux monospécifiques d’essences locales.
Ce format de plantation et le texte cité sont issus des recherches de Gabriel CHAUVEL et Olivier JACQMIN dans Les Boqueteaux de la ville moderne, mode d’emploi (2015).
Les noms des essences ont été modifiés et sont issus d’un arpentage ethno-botanique dans le lit du torrent Vésubie pour constater les espèces pionnières qui y prospèrent postcatastrophe (t+4 ans).
«Les densités de plantation
Nous recommendons volontairement des densités très fortes parce que nous en avons vérifié plusieurs fois le succès. (...) Il faut rechercher la proximité des arbres entre eux, qui leur est si bénéfique pour croître ensemble et modifier d’autant mieux les conditions stationnelles. Ainsi, un jeune plant ou une bouture par mètre carré est un compromis intéressant. Rien de comparable aux pratiques actuelles, compliquées, coûteuses et souvent décevantes, de plantation de gros sujets. Rappelons qu’il s’agit d’obtenir le plus rapidement possible un couvert et une opacité.
Les mélanges d’espèces
Sur la base de très forte densités, il est toujours difficile ou très contraignant de mélanger les espèces pied à pied, les plus rapides étant voués à étouffer les plus lentes. Et les entretiens juvéniles sont rarement réalisés convenablement pour profiter à l’ensemble des sujets. Aussi recommendonsnous les plantations en bouquets d’arbres monospécifiques («carreaux») juxtaposés, pour homogénéiser et faciliter les conditions de croissance. Ces dispositifs permettent par la suite d’espérer garder au moins un représentant de chaque espèce par carreau.»
1m 5m
Frêne à fleur
Fraxinus ornus
Caryer glabre Aulne glutineux
Carya glabra
Alnus glutinosa
Chataignier
Saule pourpre
Noisetier
Castanea sativa Salix purpurea Corylus avellana
Chêne faginé
Saule à grande feuille
Saule noircissant
Quercus faginea Salix appendiculata Salix myrsinifolia
Dans l’ordre des successions écologiques de la forêt alluviale, la strate arbustive préarborescente composée de saules et pionniers est une formation végétale essentielle. Constituant la ripisylve, les saules sont des ligneux dont le chevelu racinaire important crée un ancrage très puissant leur permettant de résister à l’immersion et aux crues. Ces caractéristiques en font un atout pour la protection et la fixation des berges. Deux techniques en génie végétal s’appuyant sur le Saule :
Implantation de jeunes plants choisis pour leur fort potentiel de développement racinaire
Reprofilage 15%
«Lits de plants en carreaux»
Pour que le tapis de branches à rejets ne soit pas emporté par le courant, une fascine de protection de pied est préconisée. Elle sert de transition entre la risberme et le boisement
La sélection de bouture ou plantation de jeunes plants au patrimoine génétique diversifié permet d'augmenter la résilience d'un boisement.
Reprofilage 30%
«Tapis branches à rejets» Fascine
"Transition vers le boisement"
10m 10m
Mise en place branches vivantes capables de faire des rejets
La ripisylve est indispensable au bon fonctionnement d’une rivière. De nombreuses espèces animales et végétales y sont inféodées. Elle aide à l'épuration, la fixation des sédiments et des polluants, la dissipation du courant, l'ombrage des eaux, la création d'un effet corridor, etc.
Exposition photographique Projet de fin d’étude : Post-catastrophe, nouvelle géométrie des torrents à Saint-Martin-Vésubie, 2024, ©GALLOTomy