Les cinq diamants

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Margot SPANU

trois contes merveilleux Dessins par Petru Gheţoi Descrierea CIP a Camerei Naţionale a Cărţii Spanu, Margot Cele cinci diamante/Margot Spanu. - Prezentare grafică: Petru Gheţoi. - Chişinău.: Magna-Princeps SRL (Tipogr. ?????????????). S.n., 2011 -72 p. ISBN ???????????????????? CZU??????????????????? ????

1 Editura „Magna-Princeps”


L’élue de mon cœur l était une fois, dans un passé lointain, au temps où les braves chevaliers combattaient les dragons, où les jeunes demoiselles caquetaient dans leurs robes si belles, du temps où les riches prenaient des bains de lait, et les pauvres récoltaient le grain dans les champs... Dans ce temps-là, les gens se mariaient très tôt, et c’est à un très beau mariage où je vais vous amener. Je vais donc vous raconter ce que j’ai vu. Je suis entré dans une grande salle, et devant moi se dressait l’autel d’une chapelle blanche avec deux colombes, et chacune tenait dans son bec une violette. J’ai juste eu le temps de m’asseoir, que la musique commença: des frissons traversèrent mon corps, c’était la première fois que j’assistais à un mariage, car les gens de mon rang étaient censés se trouver aux champs. Deux jeunes gens s’avancèrent alors, la jeune femme était vêtue d’une magnifique robe blanche, avec une traîne qui effleurait légèrement le sol, elle avait également un voile de soie blanche, qui lui descendait jusqu’au bas des jambes. Elle était peu maquillée, même si cela était inutile tellement elle était belle, et je pèse mes mots, c’était une magnifique jeune fille aux yeux gris, à la chevelure blonde remontée en chignon, aux joues roses, 2


et aux lèvres d’un rouge clair. Elle tenait à la main un bouquet de roses blanches recouvertes de dentelles farfelues, elle avançait à pas lents, et à son passage toutes les têtes se tournaient. Quant au jeune homme, il n’avait rien de bien spécial: c’était un homme bien comme il faut, en costume noir, yeux bleus, cheveux bruns, un petit sourire charmeur lui pendait aux lèvres. Le mariage c’était très bien passé, il y eut le prône du prêtre, puis l’échange des alliances et enfin le baiser; une grande fête ensuite, mais je n’y suis pas allé.

Le jeune couple vécut heureux; ils vécurent heureux un an, deux ans, trois ans, mais à leur grand désespoir, ils n’avaient pas d’enfants. Emmanuel et Sophia (car tels était leurs noms) furent extrêmement déçus, et ils essayèrent tout: l’enchanteur du village, rien; la bohémienne de la ville, rien; le docteur de la contrée, toujours rien. Ils finirent par ne plus rien espérer, quand un beau jour, Sophia 3


donna naissance à un magnifique bébé, qu’ils appelèrent Michael. Le couple était tellement content qu’ils ne purent cacher leur bonheur, et, dès le lendemain, ils l’annoncèrent au village tout entier. Quelques semaines plus tard, ils durent annoncer une bien plus mauvaise nouvelle: l’enfant était muet. Ils firent le même chemin: l’enchanteur, la bohémienne, le docteur, mais toujours sans aucun résultat. Cette fois ils finirent par vraiment ne plus y croire. L’enfant ne se sentit pas différent, les premières années, mais vers l’âge de cinq ans, il se rendit compte que les enfants se moquaient de lui, qu’ils ne voulaient pas jouer avec lui; ils l’enfermaient dans les toilettes et partaient. Michael s’en fut se plaindre à ses parents. C’était un enfant extrêmement intelligent, il savait écrire, lire sur les lèvres et entendait parfaitement bien. Lorsqu’il dit, enfin écrivit tout cela à ses parents, ils décidèrent de ne plus l’envoyer à l’école. Sophia était une femme très intelligente, elle lui apprit tout ce qu’il devait savoir, et même ce qu’il n’aurait pas dû savoir. Il y avait, malheureusement, des secrets dans la famille, et Sophia était censée ne rien lui en dire, mais elle pensa que, d’une façon ou d’une autre, Michael saurait tout un bon jour. Une chose surtout l’intriguait, une chose qui s’était passée des siècles auparavant, et qui allait changer sa vie. J’aurais dû commencer par tout vous raconter. A 500 ans de là, Joël Debauvier (l’arrière-arrière-arrière grand-père de Sophia), qui était un commandant, possédait une armée incroyable, des gens forts, intelligents, bien entraînés, disciplinés, mais la seule chose qu’aucun membre de l’armée ne possédait, c’était la magie; et ce manque, malheureusement, les rapprochait chaque jour un peu plus de leur perte, parce que leurs adversaires possédaient la magie, et l’utilisaient extrêmement bien. Joël gagna six batailles sur douze, c’était maintenant que tout se jouait; soit il gagnait et rentrait avec la gloire, la reconnaissance du peuple, le plaisir du travail bien fait, la célébrité, soit il perdait et 4


donnait sa tête à couper. Le jeune commandant entraîna son armée jour et nuit, sans s’accorder une seule pause, et cela en valait la peine, car ils devinrent tellement bons qu’ils gagnèrent la guerre, la tête haute. Après la bataille le sorcier Horibilimus (chef de l’armée ennemie), s’approcha de Joël et lui dit: – Tu sais que je pourrais te tuer maintenant, même si la guerre est finie? – J’en suis conscient, répondit Joël. – Mais je ne vais pas le faire, vois-tu, je vis depuis six siècles, et je compte bien en vivre six de plus, et depuis le temps que je vis jamais personne n’a réussi à me battre. Aujourd’hui, j’ai l’honneur de me battre avec toi, j’ai été humilié, mais je te laisse la vie sauve, parce que tu le mérites. – Merci. 5


– Ne me remercie pas trop vite, je te laisse en vie, mais pas impuni. Après avoir dit cela, il ricana et sortit une de ces formules dont lui seul comprenait le sens. «Par les pouvoirs qui me sont conférés, que le temps referme toutes les plaies, que les maladies soient à jamais oubliées, que les douleurs soient pour toujours anéanties, mais dans 500 ans, un seul être sera à jamais châtié, et tout pourra recommencer». Sophia raconta cette histoire à son fils, pour passer le temps, elle le fit comme si c’était une légende, mais Michael ne le prit pas dans ce sens – là; il n’arrivait pas à dormir, ses pensées étaient toujours occupées par ce mystère. Il avait analysé chaque phrase, chaque mot, chaque lettre, et finit par conclure que ce n’était pas un conte, mais une énigme. Un jour, alors que Sophia était à la cuisine, elle vit son fils (alors âgé de 15 ans) courir vers elle avec un immense sourire aux lèvres, et une feuille de papier entre les doigts. Sur la lettre on pouvait lire: «Maman, j’ai tout compris à propos de l’énigme de ton aïeul: pendant ces 500 ans aucun membre de notre famille n’a été gravement malade, personne n’est mort de mort violente, personne n’était pauvre, les terres de nos ancêtres ont toujours été les plus réputées du pays et, enfin, personne n’est né avec un handicap quelconque. C’est moi la personne qui a été châtiée, et si je veux, je peux tout recommencer, comme le dit l’énigme, il suffit que j’aille voir ce sorcier et il me rendra ma voix». Des larmes coulèrent sur les joues de Sophia, elle se rendit compte que même si son fils avait l’apparence d’un jeune homme, au fond ce n’était qu’un tout petit enfant qui croyait encore aux contes de fées, et puisqu’il était ainsi, autant le laisser croire à cette légende. – Oui, mon chéri, bien sûr, dit-elle. Alors, on va demander à ton père d’aller voir ce magicien, s’il n’est pas déjà mort. 6


Michael prit alors un bout de papier, sa plume et écrivit: pas question, je vais y aller moi-même. Cela commença à inquiéter sérieusement Sophia, et elle décida qu’il était temps que son petit garçon arrête de croire au père Noël. – Ecoute, mon ange, je t’ai raconté cette histoire pour t’amuser, ce n’est qu’un conte, une légende; tu as 15 ans, il est temps d’arrêter de croire à toutes ces gamineries. Sans dire un mot, Michael se retourna et, en courant, partit dans sa chambre. Une fois là-haut il se dit qu’il devait y aller, trouver ce sorcier et 7


récupérer sa voix, et après, ses parents verraient qu’il avait raison! Il décida de monter dans le grenier pour trouver des objets qui pourraient l’aider dans sa quête. Pour lui, c’était plus un jeu très amusant qu’une mission importante. Michael commença par chercher dans les livres, mais après avoir ouvert une dizaine de romans il finit par se décourager. Soudain, sans savoir comment, il se retrouva avec un livre noir aux écritures argentées en main. Apparemment, il fut tout aussi surpris que moi, car d’un geste brusque il le jeta à terre, et le livre s’ouvrit; on ne pouvait rien comprendre à ce qui était écrit, des caractères baroques y résidaient. Mais Michael réussit cependant à déchiffrer quelques mots: «Tu trouves clef... et tu trouves... voie... de réussite»...

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Il resta abasourdi par ces paroles, prit le livre, une gourde d’eau, quatre pommes et douze pièces en or, dont il connaissait la cachette. Puis il partit sans rien dire à personne. – Bon, une clef, la voie de la réussite, c’était très vague, par où commencer? Les airs, les eaux, la terre, ou encore le feu? Et, ayant un grand choix, Michael finit par se dire que la meilleure chose serait de commencer par les livres, les parchemins et les autres paperasses. La plus grande bibliothèque du monde (à cette époque) se trouvait dans une petite ville, tout près de la Missirie du nord, la ville s’appelait Kenista. Dans cette bibliothèque se trouvait tout plein de livres, et les parchemins les plus rares, c’était le rêve de Michael. Il entra timidement et s’approcha du bureau d’accueil, puis se souvint qu’il ne pourrait rien dire, alors il fit vite demi-tour et commença à se promener dans la bibliothèque comme s’il était un habitué, même s’il ne savait pas ce qu’il cherchait. Lorsque soudain, une porte sortit de nulle part, elle se trouvait juste derrière le rayon «Contes et légendes». Elle était noire, d’un noir qui vous transperce jusqu’au fond de l’âme, rien que de regarder cette porte vous donne des frissons dans tout le corps, mais Michael ne se laissa pas décourager, et entra. A l’intérieur, on n’avait pas du tout la même impression. Tout était si beau: les murs d’un turquoise clair, beaucoup de miroirs, un tapis d’un bleu qui vous faisait penser à la mer et à ses vagues majestueuses, le plafond d’un blanc de neige; il y avait aussi une musique d’ambiance si belle, si douce, et à chaque pas que Michael faisait, elle devenait plus forte, mais tout en gardant cette finesse inouïe. Il se laissa alors guider par cette magnifique musique, qui finit par l’emmener dans une pièce entièrement blanche; un piano noir laqué s’y trouvait, et sur cet instrument, un homme extrêmement talentueux y exerçait sa passion. Michael fit un pas en arrière, mais sans se retourner, le mystérieux personnage dit: – Entrez, Michael, n’ayez pas peur. Notre jeune ami voulait lui demander comment il connaissait son nom, mais bon, vous connaissez son histoire. Il entra donc, intimidé bien sûr, et s’assit dans un fauteuil. L’homme arrêta alors de jouer, se leva et dit: – C’est difficile d’être différent des autres, toujours tout seul? Je 9


connais cela, je suis aveugle, mais j’ai appris à vivre avec. Tu ne devrais pas en faire autant, car toi, tu as la possibilité de changer les choses! Mais pour moi, il est, malheureusement, trop tard. Depuis que je ne vois plus (car à une époque j’ai pu goûter ce privilège), et bien je m’abrite ici, et j’ai le temps de fabriquer beaucoup d’instruments. Ça ne fait pas très longtemps que j’ai fabriqué cette flûte, elle donne un son magnifique et je me suis rendu compte aussi qu’elle est magique. Lorsqu’on en joue, il suffit de penser très fort à ce qu’on aimerait bien dire, et la personne à qui c’est adressé, cette personne-là comprendra ce que tu veux dire. Je te la donne, tu en as sûrement plus besoin que moi. Michael sortit alors légèrement abasourdi par ce qui venait de lui arriver. Lorsqu’il se retourna pour être certain de ne pas avoir rêvé, la porte s’était évanouie dans le décor. Heureusement, il avait toujours la flûte, ce qui lui confirmait que cela c’était bel et bien passé. Maintenant qu’il pouvait communiquer, ce serait beaucoup plus facile de retrouver sa voix. Mais de nouveau se posait la question, il fallait faire un choix, par où commencer à chercher? Bien sûr, il pouvait maintenant demander l’avis des gens, mais ça ne facilitait pas la tâche pour autant. Michael se promena un peu dans le village, c’était le village le plus beau qu’il ait jamais vu, les gens étaient gentils et serviables, ils 10


ne se moquaient pas de lui, c’était bien la première fois. Michael décida donc de s’y installer. Un jour, alors qu’il se promenait au marché, il fut intrigué par une jeune femme qui passait par là, elle avait l’air pressé et effrayé, elle ne fit que passer, mais cela suffit pour envoûter Michael. Chaque jour il pensait à elle, il finit par devenir distrait et maladroit; ça ne pouvait plus continuer, il décida de la retrouver. 11


Mais la jeune demoiselle ne fut pas si facile à trouver, il lui fallut parcourir neuf terres et neuf mers pour la retrouver. – Comment vous appelez-vous? demanda la jeune femme. Michael prit sa flûte et lui chantonna une musique douce. – Mais dites-moi, avez-vous peur de me parler? C’est bizarre, mais je vous comprends. Michael, c’est un très joli prénom. Michael rougit un peu, prit sa flûte et lui chantonna: – Voulez-vous m’épouser, jeune étrangère, je vous promets le bonheur, car je vous aime. Anastasie, car tel était le nom de la jeune femme, lui dit: – Oui, je sais et je vous aime aussi, mais hélas, je suis la fille de la Lune et du Soleil, et s’ils n’apprécient pas mon mari, le Soleil ne brillera plus, ne chauffera plus nos terres et ne donnera plus de lumière, et la Lune ne sera plus Lune, elle ne viendra plus la nuit et se présentera en plein jour en tant que simple astre de vie. Michael prit alors sa flûte et commença une douce sonate: «Dites-moi ce que je dois faire, quel présent leur apporter, n’importe quoi, je le ferai!» – Si tu réussis à ramener la perle de Keris, c’est un joyau qui depuis longtemps est englouti dans l’Océan Atlantique, peut-être que mes parents voudront bien que tu m’épouses, c’est une pierre qui a énormément de valeur à leurs yeux, car c’est un cadeau de mariage qui symbolise tout leur amour et leur fidélité. Michael fit un signe de la tête et partit. Il partit vers l’Océan Atlantique, mais l’eau était trouble, et on n’y voyait rien, il réfléchit deux secondes et prit la route vers les étoiles. Une fois arrivé au plus profond de la nuit, Michael sortit sa flûte et commença une mélodie qui aurait presque pu vous faire pleurer. – Bonjour, les étoiles, vous êtes si belles dans la nuit noire,vous en faites suffisamment pour nous, les humains, si petits sur la terre, mais je me permets de vous demander un service; voilà, je suis amoureux… (et il leur raconta toute l’histoire). Les étoiles en restèrent émues et dirent: – Que veux tu que nous fassions? 12


Michael continua alors sa chanson: – Et bien, si une de vous pourait plonger dans l’océan et l’illuminer pendant quelque temps, je pourrais peut-être retrouver cette perle, et en retour, je vous promets que de temps en temps, la lune et le soleil s’uniront, et vous pourrez assister à ce spectacle. Aussitôt, la plus grande et la plus lumineuse étoile de la nuit plongea dans l’océan, et y resta pendant 24 heures pour retrouver la perle, pendant que les autres se promenaient dans le ciel, jusqu’au moment où ils finirent par la trouver. Michael fit la révérence aux étoiles et partit. Maintenant qu’il savait où e'tait la perle, il lui fallait juste trouver un moyen de la récupérer. C’était plus facile à dire qu’à faire, mais vu que le hasard n’est pas une légende, en passant par- ci, par- là, Michael vit une île flottante, avec un palmier sûrement assez long pour attraper la perle; il plongea alors dans l’océan, grimpa sur l’île, prit sa flûte et commença un air plaisant:

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– Bonjour l’île, tu es si belle, et tu as une de ces chances de flotter sur l’eau, et ton palmier, si beau et si touffu, avec tous ces dons que tu as reçu de la nature, tu ne voudrais pas me rendre un service? Voilà, je suis amoureux… (et il lui raconta toute l’histoire). Si tu pouvais attraper, avec ton palmier, la perle, je te promets que moi, l’élue de mon cœur et nos enfants viendrons vivre avec toi, cultiverons tes terres et prendrons soin de toi jusqu’à la fin des temps. L’île s’approcha de l’endroit indiqué, plia son palmier et attrapa la perle. Michael la remercia mille fois et partit vers le Soleil. Le voyage fut difficile et long, mais une fois arrivé, lorsque Michael remit la perle au Soleil, il retrouva, ou plutôt découvrit sa voix. C’était sûrement le plus beau jour de sa vie. Depuis, la Lune et le Soleil se réunissent de temps en temps autour de la perle pour montrer leur amour à la terre entière. Anastasia vint le rejoindre, et le Soleil lui-même les maria. Ils s’en allèrent vivre sur l’île miraculeuse et eurent beaucoup d’enfants. 10 ans plus tard environ, Michael retrouva le fameux livre. Certains mots illisibles avaient reparu. Maintenant on pouvait lire: – Trouve la clef du bonheur, de l’amour et de la paix, et tu verras la voie de la réussite s’allonger devant toi. Tout était clair maintenant, le mystère était résolu, et il était heureux.

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La nostalgie du soleil a vie existe partout sur terre, même au Pôle Nord, c’est là que se passe ma petite mais très intéressante histoire. Comme je disais, il était une fois au Pôle Nord une petite famille d’esquimaux qui vivaient très heureux dans leur igloo. La maman s’appelait Kianitia, c’était une jolie femme, bien intentionnée, gentille, et qui adorait ses enfants; elle restait toute la journée à la maison et s’occupait de ses enfants et de son igloo. Le papa s’appelait Khianto, c’était un homme bien comme il faut, qui allait tous les jours à la pêche dans la glace pour ramener de quoi manger à la maison. Il y avait aussi les enfants, une fille et un garçon, Liangoua et 16


Kimly. Liangoua avait 4 ans, et son frère 2 ans. Ils étaient tous les deux extrêmement gentils et mignons. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais un jour, la glace se mit à fondre, il faisait de plus en plus chaud, les igloos se détruisaient, et Khianto fut séparé de sa femme et de ses enfants. Il n’y avait presque plus de surface où la glace était encore visible, de l’eau s’étendait jusqu’à l’horizon. Que fallait-il faire??? Khianto décida d’aller voir le Soleil et de lui demander pourquoi s’était-il tellement rapproché de la terre. Il était furieux contre lui: comment avait-il pu faire ça? Faire fondre la glace, tuer sa femme et ses enfants, tout çà parce que Monsieur le Soleil en avait envie... Ah, s’il le voyait, il pourrait le tuer de ses propres mains, mais le problème, c’est qu’il ne le voyait pas. La nuit tombait et Khianto se retrouva sur une île. C’était la première fois qu’il voyait de la terre, cela l’avait un peu surpris – pourquoi ne faisait-il pas froid? Une fois sur l’île, il se construisit une barque et continua son chemin. Tout en navigant, il passa près de la Lune. 17


– Bonjour la Lune, tu n’aurais pas vu le Soleil? Je le cherche car il a causé beaucoup de dégâts chez moi. – Hélas non, répondit la Lune, moi et mon frère, nous sommes séparés depuis longtemps, mais, pour t’aider dans ta quête, je te donne un peu de mon éclat de Lune. Khianto remercia la Lune et partit où bon lui semblait, lorsqu’il eut une idée: – Bonjour les étoiles, n’auriez-vous pas vu le Soleil? Je le cherche car il a causé beaucoup de dégâts chez moi.

– Nous le voyons rarement, car il ne se montre pas très souvent la nuit, mais nous pouvons te donner un peu de notre éclat d’étoiles pour que tu puisses continuer ton chemin en toute sûreté. Khianto accepta volontiers et poursuivit sa route. Soudain, un dauphin sortit sa tête hors de l’eau et dit: – Si tu cherches le Soleil, je l’ai trouvé, moi: il est tombé au fond de l’océan. Même si Khianto était très fâché contre le Soleil, il ne voulait pas que celui-ci se noie. Il plongea alors dans l’eau pour le sauver, mais ses mains passèrent à travers le Soleil. Il essaya plusieurs fois, mais sans succès: ses mains passaient toujours à travers le Soleil. Khianto leva alors la tête au ciel pour implorer le dieu Syliva de sauver le Soleil, et se rendit compte qu’il était perché là-haut comme d’habitude. Il venait de tout comprendre, c’était bête de se faire piéger ainsi par un simple reflet, mais bon, ça arrive. Khianto reprit ses esprits et dit: – Bonjour les nuages, ne voudriez-vous pas m’amener jusqu’au Soleil, j’ai à lui parler, en échange, je vous donnerai un peu d’éclat 18


d’étoiles. Les nuages acceptèrent et l’amenèrent au Soleil. Une fois là-haut Khianto lui dit: – Bonjour le Soleil, pourquoi es-tu descendu si bas? La glace fond, ma femme et mes enfants sont morts, les ours blancs et les phoques se noient comme beaucoup d’autres animaux. Tu sèmes le malheur et le désespoir, pourquoi fais-tu çà? – Et bien, je suis depuis longtemps séparé de ma sœur la lune, et

je me sens seul et triste. Alors j’ai essayé de me rapprocher de la Terre, la magnifique planète bleue. – Je te donne un peu d’éclat de lune, dit alors Khianto, ainsi tu pourras être en permanence avec ta sœur. Le Soleil accepta et monta plus haut. La glace revint et Khianto construisit un autre igloo. Les années passèrent et il ne vit pas l’ombre d’un autre humain, jusqu’au jour où... une jeune fille vint pêcher par là. – Jeune fille, cria Khianto, y a-t-il d’autres personnes là d’où vous venez? – Bien sûr, je viens du village, mais nous ne sommes pas beaucoup. Venez donc vous installer avec nous, moi, je vis avec ma mère et mon frère. Khianto accepta. Une fois arrivé au village, il reconnut sa femme et se rendit compte que la jeune fille en question était sa fille. Ils étaient de nouveau réunis et vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie. 19


Les cinq diamants l était une fois, au plus profond d’une grande forêt, un bûcheron qui vivait avec son épouse dans une jolie petite maison de bois. Chaque matin il se rendait à son travail en chantant, et le soir, une bonne soupe fumante l’attendait. Le bûcheron s’appelait Edouard et sa femme Elisa. Edouard était un fort bel homme, il était grand et beau, ses cheveux châtains soigneusement peignés en arrière, et ses yeux verts scintillants 20


rendaient les autres femmes du village d’une jalousie folle envers Elisa. Mais Edouard n’avait d’yeux que pour elle. Comme tous les bûcherons, Edouard portait une chemise rouge à carreaux, retroussée jusqu’aux coudes et un pantalon brun. Quant à Elisa, c’était de loin la femme la plus belle de tout le village, elle était mince, son visage inspirait confiance; elle avait les yeux noirs en amande, et ses longs cheveux bruns ornés de rubans multicolores lui donnaient un air farfelu et joyeux. Elle avait les lèvres d’un rouge clair, et la robe pourpre qu’elle portait tout le temps soulignait les traits si purs de son visage. C’était la parfaite petite famille du village, mais derrière ce joli 21


tableau, peint de joie et de bonheur, se cachait un secret lourd à porter. Certains très vieux habitants du village connaissaient le secret, ils le connaissaient et avaient très souvent envie de le dire à tout le monde, pas pour ennuyer Edouard et sa femme, au contraire; si tout le monde l’avait su, chacun aurait pu les aider... mais le couple ne voulait rien savoir. Vous vous demandez sûrement ce qu’est ce fameux secret... et bien... dans la cave de la petite maisonnette vivaient deux chats et un renard. Pas si terrible, me direz-vous. Laissez-moi vous raconter l’histoire dès le début, vous comprendrez mieux.

Une cinquantaine d’années auparavant, dans l’Olympe, la déesse de la curiosité (la déesse Elisabeth) regardait à travers l’œil céleste (c’est comme un énorme télescope) ce qui se passait sur terre lorsqu’elle vit un bûcheron qui la charma tout de suite. Elle descendit le voir, et il s’avéra qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, car il devint sur-le-champ amoureux d’elle. Chaque jour Elisabeth descendait sur terre pour rejoindre son bien-aimé. Et un jour, elle laissa l’œil céleste pointé vers l’endroit où elle se rendait. Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, se détacha de son miroir pour regarder s’il existe quelqu’un de plus belle qu’elle parmi les humains. Sa surprise fut aussi grande que la nôtre lorsqu’elle vit Elisabeth en compagnie d’un mortel! Son côté malicieux la trahit, et elle alla tout raconter à Zeus (le dieu suprême). Celui-ci se mit dans une colère folle. Des étincelles jaillirent de ses yeux à l’ordinaire bleus et limpides, mais en cet instant, noirs et troublants. D’un geste brutal

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de la main, il fit paraître devant lui Elisabeth et son soupirant. Sans les laisser s’expliquer, il dit de sa voix pleine de haine: – Les règles sont claires et les mêmes pour tout le monde, pas de contact quel qu’il soit avec les mortels. Il s’avança d’un air menaçant et continua: – Je vous envoie, toi et ton bien-aimé, sur terre. Vous vivrez comme n’importe quel humain, sauf que votre corps ne connaîtra ni vieillesse, ni mort, et chaque fois que vous aurez un enfant, celui-ci se transformera: les filles en chats et les garçons en renards. Sur ces mots, Elisabeth ne put s’empêcher d’éclater en pleurs. Devant son visage en larmes, Zeus s’amadoua et dit: – Mais si quiconque réussit à trouver la fée Ana, à lui dérober les 5 diamants de la vie éternelle et à me les apporter sur un plateau d’argent orné d’écailles de sirènes, à ce moment-là, les portes de l’Olympe s’ouvriront à toi et à ta famille, et vous pourrez y vivre jusqu’à la fin des temps... D’après moi, reprit Zeus, seul un dieu serait capable d’un tel acte, et j’interdis personnellement à tout dieu d’aider Elisabeth, y compris à toi Désobéyva (la déesse de la désobéissance). Après avoir dit cela, il les renvoya sur terre, et la suite, vous la connaissez. Un jour, alors qu’Elisa tricotait sur la terrasse, une jeune fille s’approcha d’elle et lui dit: – Je sais tout, Elisabeth! C’était la première fois depuis qu’elle se trouvait sur terre qu’on l’appelait par son vrai prénom. Elisa la fit alors entrer sans dire un mot et, une fois à l’abri des regards indiscrets et des oreilles qui traînent, engagea la conversation et découvrit que la jeune femme s’appelait Meridiana, qu’elle avait 17 ans et demi, que même si sa chevelure blonde disait exactement le contraire, c’était une véritable japonaise, et aussi que, d’une façon ou d’une autre, elle savait tout à propos de tout. Après une longue conversation et quelques verres de jus de citrouille, Meridiana annonça à Elisa qu’elle voulait l’aider, qu’elle voulait le faire et qu’elle le ferait. Notre amie s’était montrée tellement persuasive, qu’Elisa ne sut quoi dire, alors elle dit tout simplement Merci! et lui donna quelques objets qu’elle avait gardés depuis l’époque où elle-même était une déesse:

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– un pendentif qui avait le pouvoir d’invoquer le pouvoir du feu; – un petit flacon contenant une potion grisâtre; – un cheval blanc; – un casse-croûte. Et avant de lui donner un horrible bonnet couleur rose bonbon, elle lui dit: – Si par malheur tes souvenirs prennent froid, enfile ce bonnet et il te réchauffera. Avant qu’elle ne parte, Elisa ajouta: – Le moment venu, tu sauras ce qu’il faut faire. – Je n’en doute pas une seconde, répondit Meridiana. Après de courts adieux, Elisa put la voir galoper à toute vitesse droit devant elle, elle la regarda jusqu’à ce que sa silhouette ne soit plus qu’un nuage de poussière. Meridiana décida d’aller au pays de ses ancêtres pour leur demander conseil. Mais sur son chemin, elle vit un vieux monsieur assis au bord de la route, il semblait déshydraté et affamé. Elle descendit de son cheval, prit son pique-nique, et comme si c’était un vieil ami, commença à partager son repas avec lui. Après l’avoir remercié mille fois, le vieillard lui dit: – Je suis vieux, et je connais les environs. Quand je t’ai vue arriver sur ton cheval blanc, je me suis tout de suite dit que tu n’avais pas emprunté ce chemin pour rien; dis-moi ce que tu cherches, et j’essayerai de t’aider. – Et bien... répliqua Meridiana d’un ton hésitant, je cherche la fée Ana. – Ah-h-h, je te dis où elle est si tu promets de garder le secret. – C’est promis, répondit Meridiana d’un ton surexcité. – Sa maison se trouve de l’autre côté de la forêt interdite, derrière un mur de buissons dont les pétales de roses sont en cristal, mais pour y arriver, il faudra que tu traverses le chemin de l’oubli, ensuite le 24


lac rempli de créatures aquatiques les plus féroces, et une fois devant le BON mur, si tu es pure et innocente, le mur s’ouvrira pour te laisser passer, mais dans le cas contraire… dans ce cas, il vaut mieux que tu n’y ailles pas. Quelques instants après, Meridiana s’en est allée dans la direction indiquée, s’enfonçant de plus en plus dans la forêt sombre et effrayante. Tout en avançant aveuglément, Meridiana fut fort surprise de la quantité d’arbres que l’on peut trouver dans une forêt, et au fur et à mesure qu’elle avançait, elle se souvenait de moins en moins pour quelle raison elle avançait droit devant elle. Au bout de quelques minutes, son propre nom lui paraissait étranger; alors, prise de panique, elle décida de s’arrêter pour mettre les choses au point. De son pas élégant, elle s’avança vers un peuplier, et de sa voix la plus douce demanda: – Excusez-moi, brave homme, pourriez-vous m’indiquer le nord?... Devant le silence troublant de son interlocuteur, quelques mots lui revinrent en tête: «Si par malheur tes souvenirs prennent froid, enfile 25


ce bonnet, il te réchauffera»… Et justement, elle vit au fond de son sac, qui en tombant s’était ouvert, un affreux bonnet rose bonbon. A contrecœur elle l’enfila, et tout à coup elle se souvint de tout. Quelques pas plus loin, elle vit une pancarte sur laquelle on pouvait lire:

Quelques secondes après que Meridiana ait passé l’écriteau, les lettres de la pancarte se transformèrent, apparurent, disparurent, pour former au final un tout autre accueil: BRAVO, VOUS ETES LE PREMIER A ETRE SORTI DU CHEMIN DE L’OUBLI D’un ton plus étonné qu’effrayé, notre jeune amie enleva son horrible couvre-chef et continua son chemin. Après avoir galopé une bonne demi-heure, elle vit de plus en plus clairement à l’horizon un étang. De plus près c’était plutôt un lac, le plus grand lac qu’elle ait jamais vu... Ce fameux lac rempli de créatures féroces. D’un air décidé, et sans crainte, elle s’avança vers le lac et y plongea la main. Une douleur aiguë lui traversa le corps accompagnée de frissons qui la firent tressaillir. La douleur fut si soudaine, qu’elle ne put déterminer si l’eau était trop froide ou trop chaude, mais, en tout cas, une chose était certaine, il était impossible de traverser le lac à la nage, et encore moins de le contourner, il était beaucoup plus 26


large que long. Elle décida alors de regarder si l’un des objets donnés par Elisabeth pourrait l’aider. En plongeant la main dans son sac, elle en sortit le petit flacon contenant une potion grisâtre. Sur l’étiquette on pouvait lire: SI SOUS L’EAU SANS RESPIRER IL FAUT RESTER, TU BOIS UNE GORGEE SI AUX POISSONS IL FAUT PARLER, TU NE BOIS QU’UNE CUILLEREE SI UNE SIRENE IL FAUT TROMPER, ALORS TU BOIS UNE TASSE A THE MAIS SI TU NE PEUX TE DECIDER, ALORS BOIS TOUT SANS HÉSITER ET QUAND TU VEUX TE RETROUVER, IL SUFFIT JUSTE DE CHANTER ! Meridiana pensa qu’elle aurait besoin de rester sous l’eau sans respirer si elle voulait traverser le lac, puis parler aux poissons pour demander son chemin, mais aussi avoir quelques écailles de sirène pour Zeus; elle but donc tout le flacon, et quelques instants plus tard, d’un geste plus méfiant que tout à l’heure, elle alla plonger à nouveau sa main dans l’eau, et le résultat ne fut pas du tout le même, l’eau lui parut très agréable, ni chaude ni froide, mais tout simplement parfaite. Elle attacha donc son cheval à un arbre, mit son sac à dos en place et plongea dans l’eau. Au moment même où ses pieds heurtèrent l’eau, à la place des jambes, elle eut une queue de poisson, et ses longs cheveux blonds noués se détachèrent, flottant majestueusement dans l’eau. Et elle n’éprouva nulle gêne à y respirer. Elle s’était transformée en sirène, et à chaque coup de queue, elle avançait d’au moins trois mètres, parsemant son passage d’un nuage d’écailles colorées qu’elle ramassa et rangea dans son sac. Tout en nageant elle s’émerveillait de la beauté des profondeurs, et notre sirène échangeait quelques mots avec des carpes et deux, trois brochets, mais la chose la plus magnifique qu’elle vit depuis le début de son périple fut sûrement cette splendide 27


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créature aux cheveux couleur argent et à la queue orange étincelante de mille feux dès qu’un rayon de lumière parvenait à caresser ses écailles. Cette sirène chantait une magnifique chanson tout en taillant quelques pierres lumineuses: jour et nuit nous chantons, que voulez-vous, c’est un don ce qui brille nous attire, tout comme l’or et le diamant mais le plus dur à acquérir, c’est le cristal avec lequel nous construisons un château pour le roi et ses quatre garçons Meridiana put entendre cette chanson tout au long de sa promenade, et à force de l’entendre, elle la connaissait par cœur. Mais, voilà, à quelques mètres déjà on voyait l’autre rive, il était temps de partir... Une fois en dehors de l’eau, elle se mit à chanter d’une voix qui ne semblait pas être la sienne... jour et nuit nous chantons, que voulez-vous, c’est un don... et quelques secondes plus tard, elle retrouva sa forme d’origine (et sa voix) et continua son chemin à pieds. Après une demi-journée de marche, elle se retrouva devant mille et un murs de buissons, plus beaux les uns que les autres; certains étaient ornés de tulipes, d’autres de coquelicots, d’autres encore de marguerites, et puis des roses, des roses rouges, roses, des roses en or et en argent. Meridiana tenta alors de se souvenir des paroles du vieillard: «… une fois devant un mur de buissons dont les pétales de roses sont en cristal,… si tu es pure et innocente, il te laissera entrer...» Elle scruta alors la multitude de merveilles présentes à ses yeux et vit tout au bout du jardin le plus majestueux de tous les murs, grand et beau avec des roses aux pétales transparents et brillants. C’était lui, sans aucun doute, et tout en traversant d’un pas lent la vingtaine de 29


mètres qui la séparaient du mur, des idées traversèrent son esprit: «Qui suis-je pour dire que je suis pure et innocente? Est-ce que je pourrais être juge envers moi-même? Après tout, je me sens capable de tuer quiconque s’interposera entre moi et les diamants?» Avant de se poser une autre question qui aurait pu la décourager elle s’élança, se mit juste devant le mur, en gardant toute sa peur à l'intérieur d’elle-même. Le mur se fracassa alors en deux morceaux, laissant juste la place à notre amie de passer. A l’intérieur d’elle, des cris de joie résonnèrent: JE SUIS PURE ET INNOCENTE! Meridiana se reprit en main et avança. Après avoir traversé l’étroit passage, le mur se referma en un bruissement sonore, et elle vit une très belle femme assise dans un fauteuil d’or. Elle lui demanda alors d’une petite voix timide: – Vous êtes Ana, la fée? – En personne, répondit froidement la jolie dame. – Je viens pour... entreprit Meridiana mais la fée Ana lui coupa la parole: 30


– Elisabeth…, les diamants… cela fait un moment que je t’attendais. Ecoute petite, je ne vais pas me battre contre toi, me battre contre un enfant serait... salir ma réputation en quelque sorte, mais ne crois pas que tu auras les pierres sans aucun effort. Nous allons tester ta logique et ton intelligence, et si tu résous mon énigme, je te donne les diamants et tu t’en iras, sinon, tu seras livrée à mes lions. Un sentiment de terreur traversa Meridiana de la tête aux pieds. Quelques instants plus tard la fée Ana entama son récit: Sans contradiction, paraît une vraisemblance, Mais pourtant pèse lourd sur la conscience. Peut être mis en doute, ou cru sur parole, Dit sans aucun scrupule, ou alors par peur. C’est un fait, et la plupart en payent les conséquences Et après cela, perdent toute confiance. Ces paroles s’emmêlèrent dans le tête de Meridiana: tout paraît vrai si personne ne dit le contraire, qu’est-ce qui pèse lourd sur la conscience? Les mauvaises choses, les secrets... Quand on a peur... on ne dit pas toujours la vérité, parfois, on ment... et si on a menti sur quelque chose d’important, ça finit par nous retomber dessous... les conséquences?... une fois qu’on a menti, plus personne ne nous croit, on perd la confiance de tout le monde. – LE MENSONGE!!! s'écria Meridiana… Le visage de la fée Ana fut redessiné par un petit sourire malicieux... – Tu es beaucoup plus maline que je ne le croyais, dit-elle. Alors, tu as rempli les clauses de notre marché, et tu pourras avoir les cinq pierres. Ana lui donna cinq grosses pierres de la taille d’une souris et lui montra la sortie. Meridiana, abasourdie par ce qui lui était arrivé, alors qu’elle s’attendait à prendre un bain de sang, elle qui imaginait la fée comme une petite créature aux ailes multicolores, elle était très fière d’ellemême. Et tout en avançant elle ne savait où, la jeune fille s’arrêta 31


brusquement devant une boutique d’antiquaire, sortit le pendentif que lui avait donné Elisabeth et entra. Elle s’approcha du vendeur et lui demanda, en agitant le bijou devant son nez: – Vous m’en donnez combien? Le vieux monsieur attrapa l’objet de ses doigts crochus et le scruta attentivement... – Cet objet vaut 30 kinings, pas plus, dit-il d’un ton indifférent, mais de toute façon, je ne suis pas prêt à vous en donner plus de 25. Meridiana s’approcha alors tout près de lui et dit: – Vous et moi connaissons la valeur inestimable de cet objet. Les joues du vieillard devinrent roses, mais Meridiana continua: – Et vous et moi connaissons les lois de ce pays, et si vous essayez de m’arnaquer, vous serez obligé de me verser la somme exacte de cette merveille. A présent le visage entier du vendeur devint rouge. – Mais, heureusement pour vous, continua Meridiana, je ne dirai 32


rien, je ne vous le vendrai même pas, je vous l’échange contre le plateau d’argent que je vois là. En signe d’accord le monsieur hocha la tête. Meridiana prit le plateau, déposa le pendentif et s’en alla. Elle avait tout à présent. Peu avant le lever du soleil elle déposa le plateau, les écailles de sirène et les 5 diamants sur la plus haute montagne de la côte. Zeus accepta le présent, et toute la famille se vit réunie là-haut. Pour la première fois, Elisa vit le visage de ses enfants, ce fut le plus beau jour de sa vie, le plus beau jour de leurs vies à tous. Quant à Meridiana, les légendes à son sujet sont nombreuses, mais ma préférée est la suivante: lorsqu’il était jeune, Zeus se prit d’amour pour une mortelle dont la beauté était sans égale (une japonaise), et comme on dit, l’amour rend aveugle, car Zeus ne remarqua pas que le cœur de sa bien-aimée était de pierre, ne contenant pas un geste de sentiments sincères. Mais leur union donna tout de même naissance à une très jolie petite fille qui fut nommée Meridiana. Malheureusement, la jeune japonaise alla se ranger du côté du pire ennemi de Zeus, Harrès, le dieu des ténèbres, laissant le nouveau-né à Zeus. C’est après cette aventure que Zeus décida que plus aucune liaison ne serait acceptée entre un dieu et un mortel. Meridiana fut conduite sur terre et confiée à un brave couple de fermiers. On en conclut donc que Meridiana est un demi-dieu... Quant à ce jour, Elisabeth n’eut même pas le temps de remercier la jeune femme, car celle-ci s’était évaporée à l’horizon.

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