McDonald Magazine–Pesach 5780/2020

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Nos ennemis n’ont pas réussi à nous détruire par Gérard Fulop* English follows. Translation by Monique Korolnyk

Mes parents Germaine et Zoltan de mémoire bénie se sont mariés le 2 novembre 1941. Le 19 décembre à l'aube, des coups retentissent à la porte de leur logement. Ce sont les Allemands qui viennent arrêter mon père. Les autorités allemandes ont pris prétexte, soit de l'assassinat d'un officier soit de la déclaration de guerre des Etats-Unis à l'Allemagne pour arrêter 1000 Juifs Français. Il était prévu d'arrêter des notabilités, mais il y a eu "des fuites" et ils se sont contentés des artisans. Mon père, après avoir reçu un coup de crosse, est monté dans un autobus, en direction du camp de Royal-Lieu, dans les faubourgs de Compiègne, laissant ma mère sans nouvelles. Beaucoup de semaines plus tard, mon père a réussi à faire passer un message: il fallait aller au consulat de Hongrie pour rapporter des documents prouvant sa nationalité hongroise. Or, il avait fait l'armée en France et était naturalisé Français. A l'époque, il n'existait pas de double nationalité. Ma mère, accompagnée de mon oncle qui parlait hongrois, se sont présentés au consulat de Hongrie. Après de longues minutes de palabres, ma mère a obtenu le précieux "sésame", le certificat de nationalité hongroise. A peine sortie du Consulat, elle s'est

précipitée à la gare du nord, en direction de Compiègne. A Compiègne, ma mère a rencontré une dame dans la même situation qu'elle. Elles ont pris un fiacre, faute de taxi, en direction du camp de RoyalLieu (que les père et fils Drucker ont bien connu). Arrivées à l'entrée du camp, l'officier de garde les informe qu'elles doivent s'adresser à la Kommandantur, au centre ville. Aussitôt, elles se précipitent dans le fiacre en direction de la Kommandantur. Un officier supérieur de la Wehrmacht les reçoit, les écoute attentivement, en examinant les documents. Puis, il attrape le téléphone et discute en allemand avec un interlocuteur, d'abord doucement, ensuite beaucoup plus autoritairement. Quelques longues minutes plus tard, un véhicule arrive et décharge deux hommes amaigris. Les deux couples reprennent le train vers Paris. C'était le 19 mars 1942, quelques jours plus tard, les autres internés sont partis vers une destination inconnue … Ma mère a redonné un peu de santé à mon père qui ne pesait plus que 35 kg, avant de partir en fraude en zone libre. A Marseille, ils ont obtenu, grâce à des faux papiers, un statut de réfugiés pour partir en Auvergne. Avec l'aide de ‫ | פסח תש׳׳פ‬47


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