D Festival 6 // Happy Hour // Mauro Paccagnella & Alessandro Bernardeschi

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Mauro Paccagnella & Alessandro Bernardeschi 10 & 11.06.16 20:30 - Théâtre Les Tanneurs Conception, chorégaphie et interprétation Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella / Cie Wooshing Machine Musique C. Monteverdi, Kessler, B. Dylan, S. Baier, A. Lear, Siuxie and the Banshees Lumières et direction technique Simon Stenmans Une production de Wooshing Maschine Accueil Studio : ALDES, S.P.A.M., Italie; VOLTERRA TEATRO, Italie; ACS TERAMO, Italie; TANZHAUS ZÜRICH, Suisse; GARAGE29, Belgique; CHARLEROI DANSES, Belgique; GRAND STUDIO, Belgique Réalisée avec le soutien du Ministère de la culture de la Fédération WallonieBruxelles, Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse, Wallonie-Bruxelles International et King’s Fountain. Wooshing Machine est accompagnée par Grand Studio & est en résidence administrative au Théâtre Les Tanneurs.

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© Jean Poucet

Happy Hour


Happy hour. Heure de bonheur. Un temps au-delà du quotidien, où le jeu se situe sur un fil infime tendu entre danse et amitié, fiction et réalité. Une heure seulement dans laquelle se donne à voir ce bonheur et où l’on s’interroge : où commence la danse ? A quel endroit se déploie l’amitié ? Où débute la fiction et où s’égare la réalité ? Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella travaillent ensemble et sont amis depuis près de 20 ans : à eux deux, ils ont maintenant un siècle d’existence. Avec la volonté de réaffirmer leur condition d’humain et de créer à partir de là, ils nous invitent à cette Happy Hour : on paie pour le premier, le second est gratuit !

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Entretien avec Mauro Paccagnella et Alessandro Bernardeschi Nous avons constaté que, dans les spectacles programmés pour cette édition du D Festival, la dimension politique de l’art vivant est plus présente que jamais. Comment vous situezvous en tant qu’artistes par rapport à cette dimension politique ? Comment l’abordez-vous dans votre pratique, et dans Happy Hour en particulier ? Alessandro & Mauro : Il n’y a pas de discours proprement politique dans ce spectacle, tout du moins pas dans le sens d’une revendication ou d’un message. HAPPY HOUR est un acte qui parcourt et questionne nos histoires personnelles, notre relation d’amitié, la danse, le plateau, la matière, le corps. C’est un regard qui part de soi pour s’ouvrir au monde. A l’ici et maintenant. Quand tu danses encore sur scène à 50 ans, le geste et le témoignage que tu apportes sont peut-être forcément politiques! Notre désir est de partager une prise de parole avec le spectateur, en toute simplicité, sans hiérarchisation des points de vue. Godard disait qu’il n’existe pas de film politique, mais seulement une façon politique de faire un film. On peut remplacer ici le terme film par celui de spectacle. Il y a une forme de démocratisation intrinsèque dans la manière de construire et de présenter cette création et le partage avec le public se passe toujours de façon très naturelle et légère. La politique, c’est vaste, ça a mille significations, mais c’est avant tout la possibilité du vivre ensemble, ça détermine la façon d’être à soi et aux autres. Notre présence sur le plateau est peut-être politique dans ce sens-là.

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Cette création s’inspire du Combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi, vous dansez sur des chansons de Bob Dylan et sur de la pop italienne des années 70. Est-ce une façon de revenir en arrière ? Une danse nostalgique pour se remémorer votre jeunesse ? Les références musicales du spectacle seront-elles accessibles aux spectateurs d’autres générations ? La musique souligne les différentes matières proposées dans le spectacle. Nous l’avons choisie car elle entre effectivement en résonnance immédiate avec notre expérience et donc celle que nous voulons transmettre au public. Certains de ces titres sont ceux qui nous ont accompagnés au cours des années de notre vie racontées dans cette création. La variété italienne des années ’60 et ’70 par exemple s’est imposée à nous naturellement, tout comme Bob Dylan ou Amanda Lear. Sous un certain aspect, la musique se positionne comme une matière indépendante qui tisse des liens subtils entre les divers événements présentés sur le plateau. Elle ne détient cependant pas un contenu spécifique que nous voulons mettre en évidence à tout prix. Elle demande à être entendue, comme une ponctuation de la temporalité de la représentation, un autre temps de l’émotion partagée entre les spectateurs et nous.

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Ce spectacle est le quatrième volet du projet Conti Sparsi. Dis m’en un peu plus : en quoi cela consiste exactement ? De quoi étaient composés les autres volets ? Y a-t-il dans des différents projets des récurrences, une manière de travailler ? Qu’est-ce que cette création a de particulier et comment celle-ci s’inscrit-elle dans ton parcours ? Le projet Conti Sparsi a débuté en 2013. Il s’inspire des récits de l’écrivain italien Italo Calvino qui se construisent à partir de la figure formelle de la contrainte. Les différents Conti Sparsi se définissent pour moi comme un lieu de recherche chorégraphique et performatif, une série d’études sur la relation entre le corps et un espace donné. Le premier volet de ce cycle - « Bloom #1» et « Bloom#2 » - a été réalisé en collaboration avec la danseuse anglaise Lisa Gunstone. Sur le plateau, nous étions chacun à notre tour confrontés à la géométrie d’un carré dessiné au sol. A l’intérieur de cette forme naissait alors une quête du juste équilibre entre intime et désordre environnant. La seconde proposition, Moonwalk - La Fonction Forme, a été conçue avec l’artiste plasticien français Eric Valette. Cette conférence dansée interroge notre façon moderne d’habiter l’espace, de confronter un corps à sa fonction, notamment à partir des idées du Bauhaus, des constructivistes russes, de Stijl,... En 2014, nous avons ensuite créé avec Gaëtan Bulourde et Tijen Lawton Harsh Songs. Cette pièce met en scène trois expressions possibles du corps-rock confrontées à la contrainte physique d’un parallélépipède blanc en scène. C’est en 2015 que Happy Hour a vu le jour. Bien que cette forme ait avec le temps reçu une emprunte plus spécifique, cette création s’associe aux Conti Sparsi par la présence de notre mémoire partagée comme espace imposé. Overthetop, 5ème volet de ce cycle, se propose comme une réponse au féminin à Happy Hour. Réalisé et interprété par la comédienne et chanteuse Ina Geerts et la danseuse

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chorégraphe Ayelen Parolin, Overthetop met en scène la vérité d’une expérience féminine à l’intérieur d’un huis clos abstrait rythmé par la musique des icônes rock des années ’70 et ’80.

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