Arch2025 FR

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Une architecture fondée sur le fibres-ciment

La construction dans l’existant a de nombreuses facettes. Elle va de l’intervention à peine perceptible à la transformation profonde. Mais il s’agit toujours d’une tâche à la fois exigeante et enrichissante sur le plan architectural.

TRANSFORMER

2 DOMINO

Pouvons-nous cohabiter en ville avec des animaux sauvages? L’écologiste urbaine

Annette Voigt fournit sa réponse.

4 FLASHBACK

Maison en forme de tente de Justus Dahinden.

6 SUR L A DIALECTIQUE DE LA CONSERVATION

Plaidoyer de la publiciste en architecture Gabriele Kaiser en faveur du changement de cap dans le domaine de la construction et recommandation à se pencher sur l’œuvre architectonique et théorique de Hermann Czech.

12 HABITER PLUTÔT QUE TRAVAILLER

MEIER HUG ARCHITEKTEN Á la Römerstrasse à Baden, les architectes ont transformé quatre immeubles de bureaux en immeubles d’habitation.

24 ENSEMBLE RÉSIDENTIEL À IMMENSEE LÜSCHER BUCHER THEILER ARCHITEKTEN

28 KUNSTHAUS BASELLAND BUCHNER BRÜNDLER ARCHITEKTEN

30 CITÉ LINDEND ORF À OSTERMUNDIGEN W2H ARCHITEKTEN

34 ÉCOLE RUD OLF STEINER À VIENNE DIETRICH UNTERTRIFALLER, ANDI BREUSS

36 IMMEUBLE D ’HABITATION À KANALSKI LOM OFIS ARCHITECTS

38 SAVOIR FAIRE

Modules solaires dotés de couleurs

40 DESIGN

Exposition permanente dans le Wien Museum

42 AU DÉPART

NONA Architektinnen à Dornbirn

Transformer

À première vue, les immeubles d’habitation à Baden peuvent paraître peu spectaculaires. Á partir de quatre immeubles de bureaux de forme identique fut créé un ensemble d’habitation. Là où autrefois se garaient les véhicules des employés de bureau se trouvent désormais des espaces verts. Une voie rectiligne de plain-pied passe sous les bâtiments, le long des entrées et des cours végétalisées et associe tous les bâtiments en un ensemble résidentiel. Que les bâtiments possédaient autrefois une autre fonction n’est en l’occurrence pas dissimulé, mais s’affirme comme une nouvelle qualité. Les plafonds à côtes filigranes dans les logements furent mis à nu et véhiculent un charme industriel, que l’on ne trouverait pas dans un bâtiment nouveau.

Une transformation en lieu et place d’un nouveau bâtiment n’est pas une question de peut-être, de ou bien ou bien, mais un impératif de notre époque. En raison du changement climatique et du fait que l’industrie du bâtiment est responsable de plus d’un tiers des émissions de CO2, un changement de cap est urgent. Ceci ne peut se concrétiser que si les bâtiments existants sont conservés dans une large mesure, rénovés et développés, afin d’échapper ainsi au cycle diabolique de la démolition et de la reconstruction.

La publiciste en architecture Gabriele Kaiser écrit dans son essai qu’il devrait de plus en plus s’agir de transformations d’œuvres et de zones bâties, y compris lorsqu’elles ne présentent pas un statut élevé de la culture du bâti. Un bel exemple est constitué par le nouveau Kunsthaus Baselland, un ancien dépôt, qui fut transformé en salle d’exposition par les architectes suisses Buchner Bründler. D’autres signes visibles sont incarnés par trois tours d’éclairage qui transpercent la toiture couverte de fibres-ciment.

Dans ce numéro, nous vous présentons des transformations, des extensions et des surélévations qui indiquent à quel point une intervention dans le tissu existant peut être diversifiée et quel potentiel de mise en forme et de traitement est offert par le matériau qu’incarne le fibres-ciment, que ce soit en tant que revêtement de façade, d’agrandissement ou de surélévation, présentant une excellente qualité en matière d’économie d’énergie.

Bâtir au sein de l’existant présente nombre de facettes, d’interventions modestes à des modifications profondes. Il s’agit là d’une démarche contemporaine, mais également d’un enrichissement architectonique.

Beaucoup de plaisir à découvrir cette parution, voilà le souhait que formule

Anne Isopp

Rédactrice en chef

COMMENT

Le garde-forestier et photographe de la nature allemand Klaus Echle a observé et photographié ces animaux à Fribourg. Comme tous ceux qui habitent dans des villes telles que Berlin, Vienne et Zurich rencontrent constamment des animaux sauvages. Celui qui le souhaite peut communiquer ses observations sur la plate-forme internationale consacrée aux animaux sauvages. nosvoisinssauvages.ch stadtwildtiere.at stadtwildtiere.de

DOMINO – Nous posons à une personnalité du domaine de l’architecture et du design une question qui préoccupe notre société. L’écologiste du paysage et de la ville Annette Voigt apporte une réponse à la question suivante:

POUVONS-NOUS VIVRE AVEC

LES ANIMAUX SAUVAGES EN VILLE?

Si l’on se promène les yeux et les oreilles ouvertes dans la ville, on découvre nombres d’animaux vivant en liberté. Durant la nuit, des renards parcourent leur territoire. Des fouines se faufilent sous les capots de moteurs chauds d’automobiles garées depuis peu. Dans les cimetières, des chevreuils et des hamsters communs trouvent protection et leur nourriture. Des poissons d’argent, des mites et des araignées utilisent nos logements. Des centaines de variétés d’abeilles sauvages bénéficient des conditions micro-climatiques et de la diversité des plantes à fleurs et des sites de nidification dans les jardins proches de la nature, sur des friches ou en jachère et des toitures végétalisées.

L’écologie urbaine a révélé que les structures urbaines considérées comme éloignées de la nature offrent de nombreux espaces de vie aux animaux. La plupart d’eux sont d’une grande flexibilité. Ils exploitent l’offre variée en nourriture et se sont adaptés. Des variétés spécialisées, telles que la chouette hulotte ou les scolytes ont besoin de vieux arbres, qu’ils trouvent davantage dans les cimetières urbains que dans les forêts exploitées.

Les animaux mènent une vie dangereuse en ville. Souvent, des conflits d’intérêt entre les hommes et les animaux sont résolus par un décès. Des pigeons à proximité de la gare et des insectes dans les logements passent pour « ne pas être à leur place », soit qu’ils soient « trop nombreux » ou passent pour être des « parasites ». Ceux qui planifient la ville ignorent les animaux. Des façades de verre réfléchissantes sont la cause en Allemagne du décès d’environ 100 millions d’oiseaux par année. Les infrastructures de déplacement empêchent l’errance, la recherche de partenaires et de nourriture. La réhabilitation des bâtiments et l’optimisation énergétique détruisent les habitats de nicheurs en bâtiment tels que les chauve-souris, les moineaux ou les martinets. L’image directrice du « développement intérieur avant celui vers l’extérieur » entraîne des densifications ultérieures, souvent au détriment de surfaces urbaines végétalisées ou en friche. L’utilisation intensive des espaces libres restants réduit ainsi l’espace de vie en ville.

Considérer les villes en tant que lieux de cohabitation, de partage entre l’homme et l’animal présuppose que nous apprenions à considérer les animaux comme des habi-

tants urbains, et que nous les respections. En même temps, c’est un défi de faire passer nos intérêts au second plan, d’élargir nos attentes en matière d’ordre et d’esthétique afin de tolérer par exemple que dans nos parcs urbains des sangliers retournent les surfaces vertes ou des castors attaquent les arbres. Nous devons également développer des solutions aux conflits, qui ne se limitent pas à l’homicide des animaux, mais se basent sur une modification de notre comportement. Si nous jetions moins de nourriture dans nos poubelles, les variétés telles que les rats qui en profitent seraient moins abondantes. De plus, nous devons utiliser le potentiel du développement bâti et intégrer tant les besoins des animaux que des êtres humains dès la phase de la conception. Des variétés protégées sur des terrains constructibles pourraient être considérées dès la phase de la planification, avant de les en chasser. Nous pourrions ainsi éviter des effets indésirables mortels de notre urbanisation, par exemple en concevant les surfaces vitrées de manière à ce que les oiseaux en prennent conscience ou concevoir l’éclairage de telle manière que pour les animaux actifs durant la nuit il ne se transforme ni en barrière, ni en piège mortel. Les enveloppes de bâtiments se transforment en habitat, grâce à des aides à la nidification, au choix de matériaux ainsi qu’à des végétalisations de façades couvertes. Par cette intégration, nous n’encourageons pas uniquement la biodiversité dans les villes, mais nous offrons également aux êtres humains la possibilité de découvrir les animaux dans l’espace urbain.

Annette Voigt travaille à l’université de Cassel dans le domaine de la planification des espaces libres au sujet des animaux en ville. Elle a étudié la planification paysagère, obtenu un doctorat dans le domaine de l’écologie et pratiqué la recherche et l’enseignement. Depuis 2024, elle participe au projet « PerspekTIERwechsel », visant à intégrer la thématique des animaux vivants librement en ville dans l’enseignement de l’architecture, de l’urbanisme et de l’architecture paysagère.

FLASHBACK – La maison en forme de tente sur le Rigi, le sommet panoramique suisse le plus célèbre, constitue la première réalisation de Justus Dahinden. Elle fit sensation auprès d’un large public et reçut également un accueil favorable chez les professionnels. Aujourd’hui encore, elle convainc par son élégance et sa fonctionnalité empreinte de raffinement.

UNE MAISON AU-DESSUS DES NUAGES

La maison se dresse en pleine nature sur les flancs de la montagne suisse la plus connue, à quelque 1400 au-dessus du niveau de la mer, à proximité d’une passerelle métallique de l’ancien chemin de fer Rigi-Kaltbad-Scheidegg. Le panorama sur le lac des Quatrecantons en direction des massifs alpins est impressionnante, la situation ensoleillée et relativement peu exposée. Justus Dahinden était parfaitement familier de ce lieu. En effet, sa grand-mère tenait un hôtel et participa de manière déterminante à la création du tourisme hivernal sur le Rigi. Son père fut un pionnier important du ski sur le plan suisse et exploitait le ski-lift Dossen à proximité. Durant l’hiver, il habita la maison de manière permanente, tandis qu’elle servait de maison de vacances à la famille de l’architecte.

Dans un premier temps, le choix de cette forme inhabituelle fut justifié par des arguments pragmatiques. L’absence de parois permit un mode de construction d’une grande simplicité, rapide et économique, tandis que la séparation d’avec le sol écartait l’humidité et la vermine et permettait, durant la période hivernale, le glissement de la couche neigeuse crée un espace isolant sous la maison. Il est néanmoins évident que la forme de base archaïque a sa signification propre. Elle évoque une tente tout autant qu’une pyramide. De cette manière l’archétype de la toiture protectrice se combine à celui du corps cristallin. Par ailleurs, il en découle une relation avec la silhouette des montagnes et par conséquent un lien entre les traces de l’homme et celle de la nature. La rigidité de la

pyramide est animée par sa dissymétrie, son dépouillement rompu par un choix de teintes lumineuses. La paroi de l’entrée affiche un jaune vif, l’avant-toit un rouge accusé. Le triangle en tant que forme de base préoccupera Dahinden durant toute sa carrière, ainsi que nombre de bâtiments et de projets à différentes échelles. L’accès à la maison est disposé de manière axiale, depuis le sud. Sur la terrasse de taille généreuse, l’entrée est néanmoins disposée latéralement, déjà à moitié dans l’inclinaison du toit. Elle mène à un coupe-vent minuscule qui paraît annoncer des espaces étriqués, tortueux. La surprise est d’autant plus grande lorsque l’on pénètre dans la pièce principale. Rigoureusement orthogonale, sur un plan quadratique, un plafond plat élevé et des fenêtres de la largeur de la pièce, elle fait presque oublier la forme perçue de l’extérieur. Sous la fenêtre panoramique se dresse une table massive, entourée de chaises lourdes et dotées d’un dossier de grande hauteur. Face à ce dispositif se dresse une paroi en bois noble, une sorte d’autel profane, couronnée d’un ange baroque doré et encadré de rideaux rouges. A l’ouest, une alcôve s’ouvre sur une large fenêtre panoramique. Le fait que cette dernière soit une lucarne est souligné par les planches habillant les surfaces latérales, qui articulent l’écartement de la toiture.

La marque spatiale de la toiture ne ponctue l’espace que dans les chambrettes qui cernent la pièce principale et engendrent une transition climatique. Sont situées à cet endroit la salle de bain et la cuisine, un gardemanger ainsi que les niches destinées au sommeil, dans lesquelles les vacanciers peuvent se glisser. L’étage toiture est désigné sur les plans en tant que dortoir. On le rejoint par une échelle dissimulée, et ce n’est qu’à cet endroit que l’on perçoit la pyramide en tant qu’espace intérieur.

Après un changement de propriétaire, la maison en forme de tente fut adaptée à de nouveaux besoins. Ceci concerne principalement

«La forme cristalline de la pyramide se répète dans la silhouette de l’univers alpin échelonné en arrière-plan.»

Justus Dahinden

la cuisine et la salle de bain, avec leurs revêtements d’origine en fibres-ciment. La structure du bâtiment et nombre de détails, par exemple les fenêtres s’ouvrant vers l’extérieur, ainsi que la table et les chaises ont heureusement été conservés, de même que la couverture de la toiture marquante couverte d’ardoises de fibres-ciment. Le propriétaire actuel est en train de rétablir dans toute la mesure du possible l’état d’origine. Ceci concerne également les accents colorés accusés. Ont en revanche disparus la paroi en bois noble et l’ange doré. Un poêle à bois autour duquel on se regroupe constitue un nouvel élément. Ce dernier marque astucieusement le centre de la maison. Martin Tschanz

Références bibliographiques: ac 3, Internationale Asbestzement-Revue, juillet 1956, pp. 28–30. Das Werk 1956, numéro 7, pp. 218–219. Justus Dahinden, Architektur, Stuttgart 1987.

1 Terrasse

2 Coupe-vent

3 Salle à manger

4 Coin nid

5 Enfants

6 Salle de bain

7 WC et accès au grenier

8 Coin cuisine

9 Dépôt

10 Parents

11 Hôtes

12 Dortoir

La dialectique de la conservation conduit à une nouvelle esthétique

Travailler avec ce qui existe a toujours constitué un accès ambitieux sur le plan conceptuel dans le domaine de la construction – même lorsque le souci de sols imperméables et de ressources limitées ne présentaient pas encore leur violence actuelle. Cet essai incarne un plaidoyer de la publiciste d’architecture Gabriele Kaiser à propos du changement de cap dans le domaine de la construction et en parallèle une recommandation à se pencher sur l’œuvre architectonique et théorique de Hermann Czech.

Ancienne filature sur les terrains

Bühler, Winterthour

La transformation de l’ancienne filature à Winterthour Sennhof constitue un excellent exemple d’une approche respectueuse des ressources de l’existant. Les architectes de Winterthour RWPA ont transformé le bâtiment de l’ancienne fabrique et le dépôt attenant en un lieu moderne consacré au travail et à la production. Ils ont conservé dans toute la mesure du possible la substance existante et réutilisé certains éléments bâtis sur place. Ce fut également le cas de la façade. Une partie importante des plaques de fibres-ciment (plaques planes ou plaques ondulées, ainsi que des éléments Canaleta) furent réutilisés et servirent de référence conceptuelle aux architectes dans le cadre du traitement de nombreuses zones à réhabiliter. Afin de pouvoir concevoir de nouvelles ouvertures en analogie avec le détail d’origine, Swisspearl a produit les éléments d’angle indispensables.

Façade nord 1:1000 Façade sud-ouest

De nos jours, la poursuite de la construction sur le tissu existant en tant qu’alternative à la pratique liée à la démolition et à la reconstruction est devenue le paradigme de planification principal consommant des ressources. Avec une urgence qui s’impose, il faudrait que les « moratoires sur la démolition » suivent, avec des initiatives d’associations professionnelles, un mode de pensée radicalement différent. Et cela précisément du fait que les conditions cadres tant économiques, juridiques et politiques continuent à favoriser la culture de la tabula rasa, en opposition avec les mesures de réparation et de réutilisation du tissu existant. Le discours sur l’histoire architectonique (occidentale) du XXe siècle n’est pas étranger à cette hégémonie du bâtiment neuf. Avec ardeur, la réalisation d’œuvres architectoniques solitaires fut encouragée et la voie ouverte à une culture du bâti qui prône les nouveautés technologiques et formelles. La succession de plus en plus rapide des cycles de démolition et de reconstruction du fait de l’industrialisation transforma les rites de la démolition de notre société de consommation en norme; ainsi, à l’avenir, aucune chance ne fut offerte à la diversité, à la densité de l’information fournie et à la variabilité des structures en cours de développement – à l’écart des centres historiques et des monuments protégés.

Même si à toutes les époques précédentes, la transformation (radicale) du tissu existant fut la norme dans le domaine de la construction. L’architecte autrichien Hermann Czech, qui se préoccupe depuis les années 1970 du concept théorique de l’architecture de la transformation du tissu, se réfère dans ce contexte à la «Basilica Palladiana» de Vicenza, dans le cadre de laquelle Palladio enroba un noyau central gothique d’une strate de loggias à deux étages. En raison de l’incorporation de l’existant, il fut réalisé une œuvre architecturale de tout premier rang, qui répond à toutes les règles actuellement en vigueur d’une démarche constructive respectueuse du développement durable.

Tandis que, dans le cadre des thèses opposées à propos des démolitions brutales et des pratiques de reconstruction, dans lesquelles fut avant tout soulignée l’importance du tissu existant en tant que bien culturel et sauvegarde de mémoire, les facteurs écologiques (en tant qu’énergie grise) prennent peu à peu le dessus. En raison du changement de cap dans les domaines de la construction, de la circulation et de l’énergie, on sera de plus en plus confrontés à la transformation de constructions ou de zones obsolètes, qui ne revendiquent pas un statut culturel élevé. Nombre de réalisations actuelles révèlent dans leur échelle urbaine, mais également en ce qui concerne la transformation d’objets isolés, quelles réponses convaincantes apparaissent en raison de l’attention croissante accordée à la composition matérielle et à la «densité culturelle sur le plan de l’information» du tissu existant.

«Une transformation est plus intéressante qu’une nouvelle construction – dans la mesure où tout n’est fondamentalement que transformation.»
Hermann Czech,

1973

La transformation achevée en 2023 de la fabrique insérée dans la zone Bühler à Winterthour, réalisée par le bureau d’architecture RWPA incarne un exemple à grande échelle d’une approche intégrative du tissu existant. L’enveloppe des halles de fabrication des années 1980 fut ouverte en raison de diverses affectations et assainie sur le plan énergétique, son caractère spécifique étant souligné et complété par des éléments analogues. Des projets de ce type soulignent qu’un caractère ouvert par rapport au quotidien et à la normalité fait dorénavant partie des préalables de la pratique actuelle de la transformation. En effet, le changement de cap au sein du secteur de la construction ne réussira que si nous sommes prêts à nous confronter à des tissus standards et moyens. Même les bâtiments qui figurent à juste titre parmi les «péchés de construction» peuvent servir en tant que ressource et de dépôt de matériaux.

Face au pathos et à l’efficience des nouvelles constructions considérées comme un bien de consommation, le mouvement Moderne ne réussit pas à s’imposer, même s’il ne s’est jamais tu. Lorsque, au début des années 1970, les «limites de la croissance» s’imposèrent dans le domaine en crise de la construction, l’architecte viennois Wolfgang Mistelbauer rappela également la valeur des structures et du tissu existants, en indiquant qu’il s’agit en l’occurrence de «machines à remonter le temps», dans lesquelles certaines problématiques d’époques historiques ont laissé des traces de manière durable. Non pas toutes, mais certaines; notamment celles qui laissairent des traces ou qui furent reconnues pour len laisser ». Ne pas profiter de cette richesse incarnerait un appauvrissement de la culture du bâti.

Pour Hermann Czech, ce changement de cap dans le domaine de la construction (ou de la transformation), avec ses exigences écologiques de la réaffectation de bâtiments ou d’éléments de bâtiments, ne représente toutefois «ni un sacrifice, ni une solution de dernier recours, mais au contraire un enrichissement architectonique». En effet, précisément du fait que les transformations induites par la préoccupation de l’investissement de zones industrielles et de bâtiments obsolètes sont associées à une prise de conscience renforcée, elles offrent une chance d’intégrer dans un nouvel ensemble les éléments caractéristiques du tissu existant, tant sur le plan matériel que culturel. Dans la mesure où le changement de cap dans le domaine de la construction est associé à des changements sociaux de grande ampleur, au niveau de la dialectique de la sauvegarde et de la modification se modifieront l’esthétique et les citères d’évaluation.

Gabriele Kaiser

Dans les années 1970, l’architecte Hermann Czech commença à aborder la « transformation » en tant que problématique architectonique dans ses textes. Pour ce numéro, nous lui avons demandé un choix de citations. Ces dernières ne représentent pas une attitude ou une méthode appliquée à la transformation, mais une approche pluraliste et ouverte.

1977

«Le réemploi et la transformation incarnent une réinterpretation de la substance et nous rendent ouverts aux significations multiples et à la diversité. L’espace et le bâtiment sont créés sur la base de réflexions et d’approches multiples et souvent contradictoires, dont le réseau perceptible incarne la» densité informationnelle «esthétique. La multiplicité historique est le modèle pour d’autres modèles, par exemple l’ambiguïté spatiale, la superposition de diverses perceptions spatiales qui se rencontrent ou la diversité des significations des couleurs, qui incarnent d’une part un rôle abstrait dans la palette des teintes et, d’autre part, jouent un rôle concret dans le cadre de diverses associations.»

(Mehrschichtigkeit, dans: Bauen + Wohnen, Zurich-Stuttgart, 4 / 1977, pp. 117 – 119.)

1988

«Qu’est ce qui est important dans une transformation? Je pourrais dire: il s’agit de respecter le bâtiment existant. Mais il est bien plus important de comprendre que chaque activité de projet est une transformation. On a toujours affaire à un champ de relations entre des conditions préalables. Par ailleurs, rares sont les architectes qui sont conscients du fait que leur activité, au fur et à mesure de l’avancement de chaque projet, revête de plus en plus le caractère d’une transformation. En effet, chaque décision individuelle, une fois prise, lie les décisions ultérieures, dans la mesure où cela représente un gros travail pour revenir en arrière. Cette compréhension du processus du projet est particulièrement claire dans le cadre d’une transformation, dans la mesure où, dans ce cas, une série de décisions sont prises au préalable. »

(Architektur und Kaffeehaus, dans: space design, Tokyo, Nr. 11/1988)

Petit café à Vienne: lorsque, en 1977, une partie du sol dut être remplacée, Hermann Czech reprit l’idée de l’artiste Karl Prantl. Ce dernier avait proposé de paver le Stephansplatz de dalles tombales déposées dans les cimetières viennois. Czech posa les pierres tombales, sans les modifier de manière importante, raison pour laquelle une partie centrale étroite, crénelée fut créée, qui suscite nombre d’associations.

1985

«La transformation incarne une thématique architecturale importante sur le plan théorique, voire la thématique centrale – dans la mesure où, fondamentalement, tout est transformation. Dans ce contexte se pose la question du rapprochement à l’existant. Quelque chose de nouveau est-il opposée à l’existant ou s’agit-il d’une poursuite de l’existant avec d’autres (ou les mêmes) moyens ? Il semble que la transformation doit contenir l’un et l’autre et que la poursuite de l’existant se situe dans la création d’une nouvelle entité à un niveau supérieur. Dans chaque transformation existent des exigences qui poussent à opérer contre l’existant, à le contrarier – en parallèle ou précisément dans ce cas l’existant ou les réflexions majeures à son sujet demeurent perceptibles. Par ailleurs, il arrive souvent d’insérer de manière imperceptible certaines interventions dans l’existant, de dissimuler les différences et la chronologie. Même sous cette dissimulation, l’existant peu clairement s’afficher»

(Wohnbau und Althaus, dans: Wiener Wohnbau Wirklichkeiten (Ausstellungskatalog); Vienne (Compress) 1985, pp. 52 – 55 )

1985/1990

«L’ancienne grande ville est une œuvre assemblant diverses échelles. Tout d’abord, elle constitue le réseau de ses voies de desserte, dans lesquelles est structuré le tissu bâti (par exemple sous forme de blocs et d’îlots). Elle est également une addition de structures bâties (par exemple des maisons). Sur le plan technique et juridique, on découvre dans la plupart des cas une troisième mesure constructive, celle de l’utilisation individuelle, des commerces, des cafés, du logement, des ateliers. Chacune de ces échelles est la formulation, la spécification de la suivante. L’ordre naît des décisions à propos de l’étape suivante, souvent sur la base des décisions prises dans les échelles plus réduites. Aux différentes échelles appartiennent divers horizons temporels. Les décisions, à ces échelles de plus en plus élevées, sont plus pérennes que celles prises à l’échelle inférieure. Non seulement le développement urbain, mais également la vie urbaine elle-même ne sont pas concevables sans les transformations.»

(Elemente der Stadtvorstellung, dans: Hannes Swoboda (Hg.): Wien – Identität und Stadtgestalt; Vienne-Cologne-Graz (Böhlau) 1990, pp. 205 – 218.)

Débat de planification de la participation autrichienne à la Biennale de l’architecture de Venise 2023; Hermann Czech (à gauche sur l’image) et le collectif d’architecture Akt souhaitaient transformer le pavillon de manière temporaire, en découpant une ouverture dans le mur entourant les terrains de la Biennale.

2024

«La destruction inutile du tissu bâti a de tout temps incarné un appauvrissement de la perception et du vécu. Par ailleurs, ce péril culturel est accompagné d’un péril physique – ainsi la poursuite de l’utilisation de bâtiments et de parties de bâtiments urgente dans le cadre de la protection climatique n’est ni une perte ou une solution urgente, mais – comme toujours –un enrichissement architectonique. La notion que la transformation n’est pas quelque chose de secondaire, mais le résultat d’une œuvre pleine et entière fut introduit par Adolf Loos dans le mouvement moderne, même si nous le trouvons déjà chez Palladio et dans d’autres cas. Aujourd’hui, nous avons une autre raison d’intégrer l’existant et d’accuser réception de ce niveau complémentaire d’information. Et cela même si vu l’époque, il paraît inférieur, mais présente au minimum d’être un élément caractéristique.»

Hermann Czech fait partie des architectes les plus renommés d’Autriche et a une voix dominante dans le discours actuel. Ses premières réalisations architectoniques furent réalisées à partir de 1960, tandis que ses premiers textes de critique architecturale furent rédigés de 1963 à 1967 pour « Die Furche ». En 2024, Hermann Czech fut lauréat du « Grossen Österreichischen Staatspreis ».

Documentation:

Hermann Czech, Architekt in Wien, Park Books, Zurich 2024

Les citations reproduites se trouvent également dans : Zur Abwechslung. Ausgewählte Schriften zur Architektur ; Vienne (Löcker & Wögenstein) 1978, pp. 75–78, nouvelle édition élargie: Vienne (Löcker) 1996, pp. 76–79.

Habiter plutôt que travailler

Á Baden, les architectes Michael Meier et Marius Hug ont transformé quatre bâtiments de bureaux en immeubles de logements. L’image de ces bâtiments implantés en contre-haut des berges de la Limmat et visibles de loin, se caractérise par les façades constituées de bandeaux clairs, habillés de fibres-ciment.

Texte: Werner Huber, illustrations: Niklaus Spoerri

Les quatres pavillons de bureaux suplombant la Limmat furent transformés en immeubles de logements. Lors de la transformation, la structure porteuse fut conservée et les lourds piliers en béton armé, au-dessus desquels planaient autrefois les immeubles de bureaux sur un rez-de-chaussée ouvert, furent intégrés dans l’espace intérieur.

Transformer au lieu de démolir, réutiliser, proposer un mode de construction circulaire. Une approche prudente des ressources est une priorité de notre époque. Á la Römerstrasse à Baden, Michael Meier et Marius Hug Architekten indiquent comment cela fonctionne. Dans le cadre de la transformation de quatre pavillons de bureaux du début des années 1960 en immeubles de logements, la structure porteuse fut maintenue et adaptée aux nouvelles exigences. Or, le squelette en béton, les poteaux élancés en façade, ainsi que, à divers endroits, les plafonds à côtes filigranes déterminent le caractère des logements. Á l’origine, les quatre bâtiments parallèles, largement identiques, se dressaient sur des poteaux situés dans un rez-de-chaussée ouvert. Il ne s’agissait pas en l’occurrence de suivre les principes de Le Corbusier, mais de maintenir le plus de place possible pour y loger un vaste parking. D’autres places de parking se trouvaient dans un parking intégré situé en sous-sol. Sur la façade pignon sur rue, chaque bâtiment était doté d’une cage d’escalier. Des garde-corps en béton de couleur blanche et des bandeaux de fenêtres ponctuaient les façade longitudinales, tandis que les pignons donnant sur la Limmat étaient aveugles.

«Sotoportego» servant d’épine dorsale Au début de la conception, le maître de l’ouvrage fit étudier soit l’option d’une transformation, soit celle d’une reconstruction. Dans la mesure où, en direction de la Limmat, le coteau en forte pente était occupé par une forêt, un nouveau bâtiment, en raison de la distance légale à respecter par rapport à la lisière, aurait du reculer d’au moins 18 mètres par rapport à l’arête du coteau. Ceci aurait sans doute conduit à réaliser un bâtiment en forme de barre et détruit la perméabilité selon l’axe nord-sud considérée comme particulièrement importante par l’office urbain de la planification. Dès lors, il fut décidé de maintenir la structure des bâtiments anciens. La transformation a fortement modifié l’aspect des bâtiments, de telle sorte que son ancienne fonction d’immeuble de bureaux n’apparaît qu’après un examen prolongé. Les architectes démolirent les cages d’escalier et agrandirent les étages, de manière à créer davantage d’espace réservé aux logements. Sur les trois niveaux existants aux étages est à chaque fois implanté un quatrième plateau, placé en retrait de la voie, tandis que le rez-de-chaussée à l’origine ouvert, est aujourd’hui en partie affecté à des surfaces de logement.

En vue d’assurer une nouvelle distribution, Meier Hug percèrent à travers chaque bâtiment deux nouveaux noyaux en béton avec escalier et ascenseur. Entre eux, ils créèrent à travers tous les pavillons un cheminement rattaché à la route aux deux extrémités. Les architectes ont baptisé cet élément du nom de «Sotoportego» en évoquant ainsi les passages publics qui, à Venise, relient sous les bâtiments les places et les ruelles. Dans le cas des immeubles de logements de Baden, ce cheminement constitue l’épine dorsale qui associe les quatre bâtiments individuels en un seul ensemble. Entre les bâtiments, le cheminement s’élargit à gauche et à droite en espaces verts évoquant des cours. Ainsi, le bureau d’architecture paysagère Müller Illien réalisa un exercice d’équilibrisme entre un accès semi-public et la sphère privée des logements particulièrement bien réussie. Chaque cage d’escalier dessert par étage deux à trois logements. Dans la zone centrale, ces derniers sont orientés à l’est et à l’ouest, sur les pignons des bâtiments soit en associant trois orientations avec vue sur les espaces verts dominant la Limmat ou, dans les angles, sur la ville. Des zones de plus grande hauteur doivent, dans le cas des logements en rez-de-chaussée, compenser une situation moins attrayante.

Déployé sous forme d’un tablier

Dans le cas de la nouvelle façade, Michael Meier et Marius Hug conservèrent la stratification horizontale caractéristique, tout en transformant l’expression de l’immeuble de bureaux. En ce qui concerne les bandeaux des fenêtres, la trame étroite des piliers de façade assure un rythme resséré. Les bandeaux des garde-corps forment un contraste marqué. Afin de renforcer la force des horizontales, les bandeaux des garde-corps des façades allongées sont déployés deux fois sous forme d’un tablier, tandis qu’un plié opposé ponctue le bord du toit. Comme matériau, Meier Hug choisirent des plaques de fibres-ciment de grande taille. Grâce à la fixation invisible, ces dernières sont quasiment dématérialisées et anoblies. La précision de la coupe et du montage, ainsi que stabilité formelle élevée, permet pleinement la mise en valeur du matériau.

Devant les bandeaux des garde-corps gris clair et les cadres des fenêtres dotés d’un éloxage naturel, des marquises rouge foncé garantissent une animation supplémentaire. Le motif des stores exposés avait animé les architectes à la réalisation de garde-corps déployés.

Une zone présentant une histoire animée Avec la conservation du gros-œuvre, le maître de l’ouvrage et les architectes empruntèrent une démarche qui passe aujourd’hui pour être exemplaire. Ce ne fut pas toujours le cas. En lieu et place des pavillons de bureaux BBC se dressait autrefois la villa de Charles Eugene Lancelot Brown, l’un des fondateurs de la firme Brown Boveri & Cie. Il se fit édifier en 1898 par les architectes Robert Curjel et Karl Moser originaires de Baden sur la parcelle allongée la «Römerburg». Contrairement à la Villa Langmatt du frère de Brown Sidney, conservée jusqu’à nos jours, elle n’était plus en possession de la famille depuis 1920. Ainsi, à la fin des années 1950, rares furent ceux qui savaient qu’il s’agissait de l’une des réalisations principales

de Curjel & Moser. Les besoins de l’entreprise industrielle étaient prioritaires. Or, le principe de la réutilisation existait déjà à l’époque: «Vendre la Römerburg, Baden, en vue de sa démolition: une magnifique halle d’entrée, artistiquement sculptée en chêne, dépoli, impressionnant, réservé aux hôtels, aux villas, etc.» C’est ainsi que le transporteur Umbricht d’Ennetturgi offrit en 1957 dans la NZZ la vente d’éléments du Römerburg.

Aujourd’hui, la démolition de la villa serait impensable. Ceci étant, Michael Meier et Marius Hug réalisèrent presque soixante-dix ans plus tard un ensemble qui ne remplace certes pas la Römerburg, mais dont les qualités en font un digne successeur.

Lors de la transformation des immeubles de bureaux, le squelette en béton fut maintenu. Avec ses poteaux élégants en façade et son plafond à côtes, ce dispositif détermine le caractère des logements.

Coupe verticale 1:30

1 Plaque de fibres-ciment 8mm

2 Lattage, systeme d’agraffes Sigma 8

3 Ventilation arrière, tôle d’aluminium en grille

4 Bande de fassade

5 Isolation thermique, laine de verre

6 Béton (existant)

7 Niche à store (existant)

8 Stores à brats tombants

9 Moustiquaire

10 Gravier (demi-rond)

11 Scellage, bitumineux

12 Isolation thermique, panneau en mousse dure recouvert d’aluminium

13 Béton armé

14 Plafond à côtes, béton armé (existant)

15 Béton armé, sur existant, en adhérence

1 Swisspearl® LARGO Platte 8 mm (R-Color)

2 Unterkonstruktion, Agra ensystem Sigma 8

3 Hinterlüftung, Aluminium-Blech im Raster

4 Fassadenbahn

5 Wärmedämmung, Glaswolle

6 Beton (Bestand)

7 Storen-Nische (Bestand)

8 Fallarmstoren

9 Insektengitter

10 Kies, halbrund

11 Abdichtung, bituminös

12 Wärmedämmung, alukaschierte Hartschaumplatte

13 Stahlbeton

14 Rippendecke, Stahlbeton (Bestand)

15 Stahlbeton, auf Bestand, im Verbund

Immeubles d’habitation à la Römerstrasse

Situation: Römerstrasse 36A– 36H, Baden /CH

Maître de l’ouvrage: SGI – Schweizerische Gesellschaft für Immobilien AG, Zurich /CH

Architecture: Michael Meier Marius Hug Architekten, Zurich

Fin des travaux: 2023

Réalisation de la façade: Aepli Metallbau AG, Gossau /CH

Conception de la façade: Dr. Lüchinger + Meyer Bauingenieure AG, Zurich

Matériau de façade: Swisspearl Carat, Ivory 7090 HR (garde-corps), 7090 R-Color sur une plaque d’origine de teinte grise (toiture en porte-à-faux), le tout avec des fixations invisibles.

Baden_Roemerstr.

Verikalschnitt

Scale: 1:30

étage standard

Baden_Roemerstrasse 1 cm

Scale: 1:800

Baden_Roemerstrasse 1 cm

Scale: 1:800

rez-de-chaussée 1:800

«Le fibres-ciment possède des arêtes acérées et évoque le papier.
C’est ce que nous recherchions.»

Á destination d’ARCH, Werner Huber s’est entretenu avec les architectes Michael Meier et Marius Hug.

En 2001, vous avez fondé votre propre bureau. Comment collaborez-vous?

Chacun traite-t-il ses propres projets ou fonctionnez-vous en commun?

Marius Hug: Au début d’un projet, dans le cadre de concours, nous sommes impliqués au même niveau dans un projet. Lorsque ce dernier évolue correctement, il n’y a plus de raison que nous nous en occupions à deux. Ainsi, chacun d’entre-nous est alors rattaché à un projet. De manière intéressante, nous ne discutons pas du tout de leur répartition, qui se fait toute seule.

De quelle manière acquérez-vous vos mandats?

Michael Meier: Presque tous les mandats sont le résultat de concours ou de mandats d’étude. Nous n’avons que quelques mandats privés, relativement réduits. Le fait d’être contactés par des investisseurs n’existe pratiquement pas. Nous ne trouvons pas cela grave. En effet, lorsque nous sommes lauréats d’un projet de concours, nombre de questions sont résolues et nous bénéficions de la haute main sur le plan conceptuel.

J’ai l’impression qu’il existe deux stratégies différentes au niveau de la mise en œuvre des matériaux. Dans le cas de certains bâtiments, vous paraissez suivre des règles strictes, alors que dans d’autres, le traitement me paraît plus ludique. Est-ce vraiment le cas?

Marius Hug: Je ne ferai pas la même distinction. Dans le cas de l’ensemble de logements Bellariarain à Zurich, il existe des différences de niveaux, le tout est d’une certaine complexité et présente de ce fait un caractère quelque peu ludique. Nous visons naturellement la plus grande rigueur, de l’approche urbanistique à

la structure de base et la construction. Nous avons également l’ambition d’obtenir une certaine intemporalité.

Michael Meier: Dans le cas du Bleicherweg ou à la Zollstrasse, la trame était fournie par le bâtiment existant. C’est d’ailleurs ce que nous aimons, les trames, la structure, les régularités, avec certaines spécificités –c’est ce que nous apprécions.

Travaillez-vous sur la base de références?

Marius Hug: Parfois, nos collaborateurs nous prennent de haut en disant: voilà qu’ils nous bassinent avec Egon Eiermann ou Sepp Ruf. Ce n’est pas que les références soient au premier plan, mais elles résonnent en arrière-plan.

Michael Meier: On pourrait également mentionner Werner Stücheli nennen. Nombre de ces exemples présentent une certaine cohérence, un degré élevé de complexité, un caractère filigrane.

Ce qui est caractéristique dans le cas du projet de la Römerstrasse, c’est la façade avec les allèges pliées vers l’extérieur en fibres-ciment. Avez-vous également envisagé d’autres matériaux?

Marius Hug: Il s’est agi d’un long processus de conception. Nous étions confrontés à la problématique de l’approche d’une architecture industrielle rigoureuse, sans placer la pensée du loft au premier plan. Le bâtiment Ricola à Laufen présente éga-

lement quelque chose de filigrane, incluant le mouvement. Je ne dis pas qu’il s’agit de notre modèle, même si nous avons mené une recherche dans cette direction.

Michael Meier: Il y avait peu de matériaux en jeu. L’un d’eux fut la tôle, mais il faut la plier. Le fibres-ciment présente des arêtes vives et un caractère évoquant le papier. C’est ce que nous recherchions. En ce qui concerne la protection solaire, nous nous sommes interrogés: exposons-nous la ou pas? La façade nous paraissait toujours quelque peu plane. Nous avons alors conçu cette espèce de tutu, une sorte de petite robe. Cette mesure soutient la légèreté liée au caractère de papier, et la thématique de la protection solaire passait au second plan.

Vous avez d’ores et déjà transformés plusieurs bâtiment des années 1960 et 1970 L’immeuble de la Römerstrasse est-il le premier immeuble de bureau à être ainsi transformé en immeuble d’habitation?

Michael Meier: L’immeuble de grande hauteur à Baden, de l’autre côté de la ligne de chemin de fer, fut conçu en tant qu’immeuble de bureaux. Nous devions le transformer en immeuble d’habitation. Mais il n’était pas encore édifié.

Marius Hug: Fondamentalement, les structures de bureaux, avec leur trame de piliers et leurs vitrages en bande se prêtent bien à un changement d’affectation. Nous projetons également de plus en plus d’immeubles

Immeuble de grande hauteur à Baden: en collaboration avec pool Architekten, Meier Hug Architekten conçurent un immeuble de bureaux qu’ils firent ensuite évoluer en immeuble d’habitation.

d’habitation dotés de structures à base de piliers. Le plan libre garantit également une flexibilité à long terme.

Quel sera l’avenir de votre collaboration et de votre bureau?

Michael Meier: Travaillerons-nous jusqu’à 70 ans ou jusqu’à ce que nous nous écroulions? Il s’agit-là d’un processus complexe, que nous aborderons prochainement.

Marius Hug: Nous maîtrisons la gestion d’un bureau dirigé personnellement. Les maîtres de l’ouvrage sont ravis de s’asseoir en compagnie de l’un d’entre-nous autour d’une table. Pour nous, ceci est également enrichissant. En raison de notre taille, nous ne pouvons pas sans autres fermer notre bureau à n’importe quelle date. Ce dernier sera également difficile à vendre. Mais quoiqu’il en soit, nous portons la responsabilité de trouver une bonne solution.

de bureaux Bleicherweg à Zurich: Transformation d’un immeuble de bureaux des années soixante-dix en bureaux paysagers accueillant et ouvert.

Grand ensemble Stöckacker sud, Berne: En collaboration avec Armon Semadeni Architekten. Voir ARCH 2018-2

Immeuble

Lüscher Bucher Theiler Architekten

Habiter à proximité du cloître

Nombre de couvents, particulièrement en Suisse centrale, sont confrontés à la problématique de leur pérennité, respectivement à celle de leur éventuelle transformation. La maison de la mission à Immensee est exemplaire sur le plan d’un développement réussi. Au cours de plusieurs étapes, le complexe conventuel sera complété par des immeubles d’habitation de plusieurs niveaux.

Texte: Dieter Geissbühler, photographies: Daniela Burkart

Étape 1: 51 logements (achèvement en 2021)

Étape 2: 51 logements (achèvement en 2026)

Étape 3: 51 logements

Étape 4: 31 logements

Extension du Bethlehemhof à Immensee

La Suisse centrale recèle un paysage conventuel de tout premier plan et très varié, avec diverses typologies de complexes fermés, qui correspondent à la représentation habituelle d’un bâtiment conventuel, tel que les couvents d’Einsiedeln ou d’Engelberg, jusqu’à des ensembles bâtis apparemment normaux, tels que la maison Berg Sion à Horw caractérisée par une approche brutaliste. Même si les édifices d’Engelberg et d’Einsiedeln ne sont pas encore menacés, la majorité des couvents, notamment en Suisse centrale, sont confrontés à la question de leur avenir, respectivement à celle de décider s’ils devaient faire l’objet de transformations. Nombre de couvents devraient continuer à se prêter à accueillir des logements, même si la recherche d’un modèle d’habitation se révèle souvent difficile. C’est sans doute dû au fait que la qualité d’un mode de vie collectif – et pas uniquement dans le

cadre de sa propre communauté – constitue une thématique centrale pour la plupart des communautés religieuses. Un certain nombre de processus actuels de transformation de couvents sont dès lors d’un intérêt majeur, par exemple la nouvelle construction de Boltshauser Architekten pour la maison de retraite St. Josef à Ingenbohl, l’immeuble d’habitation de Marques Architekten destiné au couvent Wesemlin à Lucerne ou le projet «Im Bethlehem» de Lüscher Bucher Theiler Architekten à Immensee.

Dans le dernier cas, ce qui est marquant, c’est la volonté des membres du collectif de l’ordre de poursuivre leur quotidien de croyant, tout en s’ouvrant au monde «normal». Ainsi, il ne s’est pas uniquement agit de concevoir une offre la plus large possible en logements, mais également de développer un processus permettant d’identifier et de sélectionner les personnes intéressées adéquates. Ce qui était exigé,

c’est un mélange de toutes les générations, ainsi que la constitution d’un large segment de revenus différents, tout en intégrant l’offre résidentielle de la communauté. Ainsi, le processus de planification d’Immensee fut considéré sous l’angle d’un processus de recherche intensif de la part de la communauté et par conséquent étendu à quatre étapes de transformation. Le postulat d’un mode de vie contemporain fait partie d’une approche ouverte à diverses issues de la procédure, qui est mise en œuvre avec une minutie quasi scientifique.

L’extension planifiée tente de prendre en compte le caractère public d’une collectivité conventuelle au niveau de ses positions de base. Á partir d’une partie de l’ensemble placé sous protection du patrimoine, réalisée par Otto Glaus entre 1957 et 1959, le projet regroupe un ensemble de bâtiments de quatre à cinq niveaux regroupés autour du site conventuel historique. Ainsi, le «Bethlehemhof» évoquant un cloître, détaché de l’ensemble existant devient un espace libre marquant la communauté et un symbole d’un mode de vie de voisinage recherché. Dès lors, l’ensemble reprend le modèle quasi emblématique de la maison mère du couvent de Baldegg, dans lequel Marcel Breuer a célébré le fait d’habiter dans un couvent ouvert à la population. Á Immensee aussi, l’ordre géométrique relativement rigoureux, mais bien disposé, offre un large choix d’utilisations. En ce sens, la première étape de 51 logements répond à l’offre résidentielle exigée.

Situation: Immensee

Maître de l’ouvrage: Association de la maison des missions Bethlehem, Immensee

Architecture: Lüscher Bucher Theiler Architekten

Réalisation de la façade: Alex Gemperle AG, Hünenberg

Matériau de façade: Ondapress 36 , Nobilis N513, N514, N312 , N212 , N915; Swisspearl Largo, Nobilis N 811

rez-de-chaussée 1:1000

Vue dans la cour: L’ancien parcours du bréviaire, le coeur de la maison des missions, devient un lieu de rencontre du quartier.

Les nouveaux immeubles d’habitation sont habillés de plaques ondulées vertes et rouges. Des bandes de couleur claire, peintes à la main sur les ondes furent développés en collaboration avec l’artiste Angelika Walthert et confèrent aux plaques de fibres-ciment un caractère textile.

Buchner Bründler Architekten Kunsthaus Baselland

Durant plus d’un quart de siècle, de 1997 à 2024, le Kunsthaus Baselland occupa une surface commerciale à proximité du stade St. Jacques. Afin de professionnaliser l’institution et de la renforcer, il fut décidé de procéder à un déménagement dans la zone de développement Dreispitz s’étendant par-delà les frontières cantonales. La zone des dépôts est dans une large mesure propriété de la fondation ChristophMerian et est transformée par étapes depuis la réalisation d’une première étude due à Herzog & de Meuron, l’art jouant dans ce contexte un rôle majeur. En 2003 s’ouvrit au sud le dépôt d’exposition (Schaulager) d’Herzog & de Meuron, tandis que plus au nord fut crée en 2014 un cluster hébergeant le siège de la HES des beaux-arts (Morger + Dettli), le cabinet des archives Kabinett (Herzog & de Meuron) et une halle de dépôt transformée en vue d’accueillir la maison des arts électroniques. Dans cet ensemble s’insère dorénavant le Kunsthaus Baselland ouvert en avril 2024

Buchner Bründler furent en 2015 lauréats du concours avec comme parti de renoncer à une démolition dont on avait débattu, de conserver dans une large mesure la structure existante des halles de dépôt et de la compléter par une structure en béton interne. L’élément le plus visible à l’extérieur est composé de trois tours prismatiques sur plan carré et de 25 mètres de hauteur, qui furent ancrées sur des fondations ponctuelles traversant le niveau du socle existant. Elles sont percées d’ouvertures de grande taille en partie haute destinées à capturer la lumière et à projeter une lumière zénithale dans les espaces d’exposition. Ces derniers, en collaboration avec le nouveau niveau en retrait, participent à la rigidification – et assurent au bâtiment du Kunsthaus Baselland, qui se situe en quelque sorte en second rang de l’ensemble des bâtiments liés à l’art, une forte présence visuelle et une iconicité quasi symbolique. Le bâtiment fut utilisé à l’origine en tant que dépôt de champagne. Les livraisons se faisaient depuis l’est, à travers le domaine ferroviaire, et par-dessus la Helsinkistrasse avec des fourgonnettes. Au cours des transformations furent conservés le socle et ses rampes et – chaque fois que cela fut

possible – les parois extérieures qui, comme l’enveloppe et la toiture sont dorénavant isolées. De même, la structure porteuse de la toiture fut conservée. Quant à la couverture, en raison de son état de conservation, elle fut remplacée par des plaques ondulées en fibres-ciment identiques, non traitées. Un vaste foyer vitré, qui va jusqu’au toit et est accessible des deux côtés forme au sud le départ du rez-de-chaussée. Cet espace est également ouvert aux gens ne possédant pas de billet d’entrée et invite à la lecture, aux rencontres ou à s’attarder. Derrière le comptoir de réception débute la séquence des cinq salles d’exposition logées dans une structure orthogonale, formant un léger méandre. Ce dispositif dévoile un autre potentiel des tours. Ces dernières articulent la succession des espaces, avec la possibilité d’isoler certaines salles, tandis que la surface de l’étage supérieur sous la toiture est principalement perçu en tant que continuité spatiale.

Hubertus Adam

Au lieu de démolir les halles de dépôt, les architectes ajoutèrent trois tours en béton prismatiques, qui se dressent loin au-dessus de la toiture couverte de fibres-ciment. Sur la façade est suspendue une création de Tony Cokes, réalisée en 2024 en collaboration avec MOS Architects de New York City.

En haut à gauche: «Altar für das Prekäre», un travail de Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger (2024)

rez-de-chaussée 1:750

W2H Architekten

110 logements posés dessus

Á Ostermundigen, une commune du canton de Berne, une cité résidentielle des années 1980 fut densifiée ultérieurement. Sept des douze bâtiments firent l’objet de surélévations de deux et trois niveaux, habillés de plaques de fibres-ciment. La nouvelle architecture réussit de manière exemplaire à jeter un pont entre les époques et les nombreux propriétaires.

Texte: Marion Elmer, illustrations: Rolf Siegenthaler, Rene Dürr, Thomas Telley

La cité Lindendorf est implantée en limite rurale d’Ostermundigen.

Dans un virage accentué, la Unterdorfstrasse serpente autour de la cité. La teinte jaune de la nouvelle surélévation brille à travers les couronnes des arbres.

Les douze immeubles de la cité possèdent dix propriétaires différents. Quatre bureaux d’architecture ont d’ores et déjà réhabilités et surélevés sept bâtiments:

W2H Architekten

HPAG Architektur

Nissille Architekturbüro

Trachsel Steiner + Partner

Au niveau du détail, les diverses surélévations et les réhabilitations des façades se distinguent légèrement. Tous les bureaux d’architecture sont néanmoins restés fidèles à une apparition unitaire.

A gauche sur l’image figure une réhabilitation de W2H Architekten, tandis que les deux autres bâtiments furent réhabilités par Hpag Architektur.

Surélévation

rez-de-chaussée 1:500

Réhabilitation et surélévation Lindendorf, Ostermundigen, 2021–2024

La cité Lindendorf est implantée à la limite rurale d’Ostermundigen. Le Pappelweg rectiligne se faufile entre les champs jusqu’à la cité. Á travers les couronnes des arbres brille le jaune des nouvelles surélévations. La densification couronnée de succès de l’ensemble résidentiel a débuté il y a de cela environ 10 ans avec la maison jumelle 35 / 37. W2H Architekten, mandatés pour une réhabilitation, proposèrent une surélévation. Dans la mesure où l’ordonnance sur les surélévations ne le permettait pas, la propriétaire s’adressa à la commune. Á ce niveau, son idée fut accueillie à bras ouverts. D’une part, la commune attendait pour 2025 une croissance à 18 000 habitants, tandis que d’autre part, les terrains cultivables alentour ne devaient pas être urbanisés. W2H Architekten furent dès lors chargés d’une étude de faisabilité sous forme d’atelier englobant toute la cité, dont les douze immeubles appartiennent à dix propriétaires différents. L’objectif était de protéger l’aspect caractéristique de la cité, tout en créant 110 nouveaux logements. Le résultat de l’atelier conduisit à l’élaboration d’un nouveau règlement de construction qui, en 2020, entra finalement en vigueur, suite à une procédure participative et une votation populaire. Dans la mesure où chaque propriétaire pouvait choisir librement ses concepteurs en vue de réaliser un assainissement et une surélévation, un concept de planification fixa les directives d’une démarche conceptuelle commune. Ainsi, les saillies, les retraits et la bordure

du toit en béton lavé devaient rester visibles, tandis que les surélévations ne devaient pas être trop élevées, notamment en bordure de la cité. Le choix des matériaux demeura flexible, quoique la pose d’un enduit sur l’existant et des plaques de fibres-ciment destinées aux surélévations – planes ou ondulées – furent prescrits. W2H Architekten choisirent des plaques de fibres-ciment ondulées. «Avec les façades ondulées, nous souhaitions fournir un nouvel habillage aux bâtiments», explique Andreas Wenger de W2H.

Unité malgré la diversité

En 2021, W2H réalisa la première surélévation, tandis que deux autres suivirent en 2023 Les architectes posèrent les structures en bois de deux ou trois niveaux directement derrière les allèges de l’existant remis en état et les habillèrent de plaques de fibres-ciment ondulées de couleur jaune. De ce fait, l’extension se détache clairement de l’existant, tandis que la couronne en béton lavé d’origine demeure visible. Les bureaux d’architecture Nissille et Trachsel Steiner + Partner suivirent dans une large mesure la démarche de W2H.

Ce n’est qu’au second regard que des petites différences deviennent visibles sur les façades. Tandis que le bureau Nissille a légèrement foncé la teinte de l’existant, les architectes de Trachsel Steiner + Partner décidèrent de peindre le béton lavé en gris. Les architectes d’HPAG s’éloignèrent le plus du concept formel dans la maison jumelle 47 / 49. Non seulement les plaques de fibres-ciment jaune verticales, lisses paraissent plus statiques que les plaques on-

dulées des bâtiments voisins, mais l’existant fut également dissimulé derrière une façade compacte. Dans le cas de la réhabilitation la plus récente, ils se sont aussi décidés à laisser apparent les éléments visibles en béton lavé. Dans ce cas, HPAG habillèrent la surélévation de plaques ondulées d’un vert olive d’une grande noblesse. Malgré ces mises en œuvre variées, le caractère et l’unité du Lindendorf sont conservés. Á cela contribue également l’espace extérieur nouvellement conçu, avec un traitement généreux, qui appartient en commun à tous les dix propriétaires.

Architecture: W2 H Architekten AG, Berne

Situation: Unterdorfstrasse 15/17, 31/33, 35/37, Ostermundigen /CH

Maître de l’ouvrage: UBS Investment Foundation, Bâle (Unterdorfstr. 35/37 ); Gebäudeversicherung Berne (Unterdorfstr 31/33 ); Pensionskasse der Bernischen Kraftwerke (Unterdorfstr. 15/17 )

Fin des travaux: 2023

Réalisation des façades: Wirz Holzbau AG, Berne (Unterdorfstr. 35/37, 31/33 ), Zaugg AG Rohrbach, Rohrbach /CH (Unterdorfstr. 15/17 )

Matériau de façade: Ondapress 36 , Linears (balcons et allèges de fenêtres)

Architecture: HPAG Architektur, Kirchberg Situation: Unterdorfstrasse 39/41, 47/49, Ostermundigen /CH

Maître de l’ouvrage: Assetimmo ImmobilienAnlagestiftung, Zurich (Unterdorfstr. 47/49 ); Pensimo Anlagestiftung, Zurich (Unterdorfstr. 39/41 )

Fin des travaux: 2023, 2024

Réalisation des façades: Bauimpuls, Heimberg Matériau de façade: Swisspearl Largo Bernstein 7080 et Cristal 7010, sur les rives de la toiture ( 47/49 ); Ondapress 36 , Nobilis Jade 521 R et bandeaux de la surélévation / balcons Terra Amber 723 ( 39/41 )

Architecture: Nissille Architekturbüro, Berne Situation: Unterdorfstrasse 27/29, Ostermundigen /CH

Maître de l’ouvrage: Pensionskasse Coop, Bâle

Fin des travaux: 2023

Réalisation des façades: Gerber Holzbau, Berne, et Beer Holzbau, Ostermundigen

Matériau de façade: Ondapress 36 , jaune N 611 R

Architecture: Trachsel Steiner + Partner, Berne Situation: Unterdorfstrasse 7/9, Ostermundigen /CH

Maître de l’ouvrage: Valora Pensionskasse, Muttenz

Fin des travaux: 2023

Réalisation des façades: Stuberholz, Schüpfen

Les immeubles d’habitation des années 1980 avant leur réhabilitation.

Matériau de façade: Ondapress 36 , jaune N 611 R, une partie des balcons en Swisspearl Largo, Nobilis Granite 624

Dans cette réalisation, le tissu ancien et nouveau est habilement relié par un vaste toit. Côté jardin, la couverture habille également les façades aux étages.

Dans les salles de classe, la qualité des surfaces en bois et en argile s’exprime tout particulièrement et crée une atmosphère accueillante.

École Rudolf Steiner à Vienne

L’école Rudolf Steiner à Vienne-Mauer est la plus ancienne école Waldorf d’Autriche. Elle est logée dans deux bâtiments historiques implantés en face l’un de l’autre, le Maurer Schlössl et une ancienne maison de maître. Ce bâtiment de style classique était devenu trop petit et présentait une substance bâtie trop médiocre pour y poursuivre un enseignement contemporain. Le concours destiné à sa réhabilitation et à son extension eut comme lauréat le bureau d’architecture Dietrich Untertrifaller, en coopération avec le planificateur viennois et expert de la construction en argile Andi Breuss. Le bâtiment ancien fut réhabilité, tandis que, côté jardin, les architectes éliminèrent des parties du bâtiment ne justifiant pas une conservation et réalisèrent une extension hébergeant des salles de classe, des locaux utilitaires et des espaces destinés à la crèche, ainsi qu’une salle de gymnastique en sous-sol. Tout à fait sur le modèle de la philosophie waldorfienne, on fit prioritairement appel à des

matériaux naturels tels l’argile et le bois. L’annexe est bâtie hors sol en bois, tandis que les surfaces intérieures des parois étant habillées d’enduits ou de plaques à base d’argile.

En ce qui concerne l’enduit en argile, il fut possible d’utiliser la terre extraite sur place – une autre spécificité du projet. Côté rue, le bâtiment ancien s’insère harmonieusement dans le site en raison de ses façades fraîchement enduites, de teinte beige clair, et de sa toiture à croupe recouverte de plaques en fibres-ciment. L’annexe en bois est à peine visible depuis la rue, tout au plus que la toiture qui s’étend dans le jardin, signale un volume arrière important. L’entrée de l’école est située latéralement, à la transition avec le nouveau bâtiment, qui est relié en équerre au bâtiment ancien. Depuis là, il est également possible de jeter une coup d’œil dans la salle de gymnastique, qui est à moitié située en sous-sol, tout en étant, grâce à des bandeaux de fenêtres d’une hauteur d’étage,

inondée de lumière du jour au niveau du rez-de-chaussée. Les salles de classe et les espaces destinés à la crèche au premier étage sont desservies directement depuis le jardin grâce à des pergolas. La couverture existante du bâtiment ancien fut démontée et remplacée par une nouvelle toiture. Cette dernière relie les bâtiment anciens et nouveaux et est couverte d’ardoises de toiture losangées de 40 par 44 centimètres en fibres-ciment, ainsi que par une végétalisation extensive, au-dessus de laquelle, dans certaines zones, sont installés des panneaux photovoltaïques. Ce qui caractérise le projet, c’est le fait que les plaques de fibres-ciment n’habillent pas seulement le toit, mais également les façades. Vu depuis le jardin, la toiture et l’étage forment un ensemble homogène, qui se détache clairement du rez-de-chaussée en grande partie transparent et habillé en partie de lattes en bois verticales.

Á l’intérieur, toutes les parois séparatives sont réalisées sous forme d’ossatures en bois, avec des isolations phoniques à base de bois et des surfaces en argile. Une surface importante de 2500 mètres carrés a pu être crépie grâce à l’argile des fouilles, des plaques en argile préfabriquées complétant le dispositif.

Le bois des sols et des plafonds associés aux surfaces en argile habillant les parois n’est pas seulement esthétique, mais engendre en outre une ambiance accueillante. L’argile régule en effet l’humidité de l’air de manière naturelle, possède une importante masse de stockage et contribue ainsi à améliorer le climat spatial. Ainsi, l’association scolaire de l’école Rudolf Steiner à Mauer, près de cent ans après sa fondation, engendre de nouveaux critères, cette fois-ci dans le cadre d’une réalisation respectueuse du développement durable et de la santé de ses utilisateurs.

Anne Isopp

Situation: Endresstrasse 113, Vienne

Maître de l’ouvrage: Association de l’école Rudolf Steiner, Vienne

Planificateur général: Dietrich Untertrifaller, Vienne et Andi Breuss, Vienne

Fin des travaux: 2024

Entreprise générale: Handler Bau, Bad Schönau /AT

Matériau de façade: Swisspearl Rhombus Schablone

rez-de-chaussée 1:400 étage

Un mélange habile entre ancien et nouveau. Les plaques de fibres-ciment sont parfaitement adaptées sur le plan des teintes aux anciens murs en pierre. A l’intérieur, les surfaces en pierre, en bois et en béton apparent fusionnent.

Ofis Architects

Immeuble d’habitation à Kanalski Lom

La maison d’habitation de Kanalski Lom est la résidence d’une famille nombreuse russo-américaine comptant huit enfants qui fait la navette entre New-York et Moscou. Elle est implantée dans un village éloigné et perdu dans les montagnes slovènes, là où le climat alpin rencontre le climat méditerranéen et où la famille trouve un contrepoint marqué à l’agitation des capitales. Les architectes se fixèrent comme objectif ambitieux de relier dans un espace paysager intact deux maisons en pierre existantes par le choix de toitures en forte pente typiques, de manière à offrir un mode de vie contemporain, à l’écart du confort urbain. Les bâtiments en pierre furent profondément rénovés et renforcés sur le plan structurel, dans la mesure où les murs furent enduits et renforcés sur le plan structurel grâce à la pose de plaques de béton armé. Les volumes existants sont complétés par un volume réservé à l’entrée présentant la même forme de toiture caractéristique que les maisons en pierre et par des annexes qui relient les divers volumes. Contrairement aux maisons en pierre à l’aspect archétypique, très marquées au niveau du choix des matériaux, les nouveaux volumes habillés de fibres-ciment gris produisent un effet plus abstrait. Les architectes choisirent ce matériau en

raison de sa durabilité et de la possibilité d’habiller tant la façade que la toiture. Ainsi, les nouveaux volumes bénéficient d’un aspect homogène, contemporain sur le plan architectonique. Á l’intérieur, on découvre des matériaux totalement différents. Á cet endroit domine le bois, en combinaison avec les murs en pierre existants et les nouvelles parois en béton apparent. La maison conserve sa robustesse typique et crée en même temps une atmosphère accueillante, intime. Étant conçue avec soin jusque dans le moindre détail et dotée de toutes les commodités de notre époque, elle offre un havre de paix idéal pour une famille. En même temps, elle conserve la mémoire de son passé, qui lui servit de source à son inspiration.

Situation: Kanalski Lom, Slovénie Maître de l’ouvrage: privé

Architecture: Ofis Architects, Ljubljana

Date d’achèvement: 2022

Couvreur: P. Jacev

Couverture: Swisspearl Largo, Nobilis N214 R-color

Matériau de façade: Swisspearl Largo, Nobilis N214

KNOW-HOW – Depuis longtemps, non seulement les toitures, mais également les façades sont utilisées en vue de permettre des économies d’énergie. Afin que les architectes et les planificateurs bénéficient dans ce domaine d’un important espace conceptuel, Swisspearl offre dorénavant les modules solaires en couleur destinés aux façades et à la toiture. Á cet effet, on découvrit une technologie respectueuse du développement durable, tout en assurant une performance élevée du module et une stabilité colorimétrique sur le long temps.

COMMENT LA COULEUR ARRIVE-T-ELLE SUR LE VERRE ?

En règle générale, les modules solaires sont noirs. Cela fait d’ailleurs sens, dans la mesure où ce choix engendre une réflexion minimale de la lumière, ce qui garantit la performance la plus élevée. Or, au plus tard depuis que non seulement les toitures, mais également les façades sont utilisées en vue de la récupération de l’énergie, il existe le souhait de disposer des modules solaires de couleur. En fin de compte, les architectes et les maîtres de l’ouvrage ne peuvent pas, malgré tous leurs efforts pour répondre au tournant des réalisa-

tions et des changements énergétiques et à l’exigence d’économiser le CO2, perdre de vue la conception de notre environnement bâti. Pour cette raison, Swisspearl offre depuis début 2025 des modules solaires en couleur. Pour le moment, il existe neuf teintes standard pour les façades et trois pour les toitures. La palette des teintes va du gris clair à un violet foncé. De même, des teintes spéciales sont possibles à la demande. Le lancement du produit début 2025 fut précédé d’une période intense de recherche et de nombreux tests. Il s’agissait de trouver le processus de coloration adéquat. Il existe de nombreuses sortes de procédés permettant de colorer les modules solaires, à commencer par un film teinté, qui remplace l’un des deux films transparents de protection, sur la base d’une impression numérique ou sérigraphiée jusqu’au processus de pulvérisation cathodique, grâce auxquels des ions sont projetés sur la face en verre extérieure. Chez Swisspearl, la couleur est appliquée sur le verre frontal par sérigraphie avant le processus de durcissement. Cela offre un résul-

Cet immeuble de dix étages situé à Jona, au bord du lac de Zurich, fit l’objet d’une rénovation énergétique. La nouvelle façade en fibres-ciment et l’installation photovoltaïque intégrée à la façade ont la même teinte gris-verdâtre.

tat colorimétrique particulièrement régulier, reproductible. La couleur est posée sur la face arrière du verre extérieur, de manière à être protégée et de garantir sa durabilité. La recherche d’une teinte adéquate a également nécessité du temps. Sur son propre site de production à Niederurnen, se dresse le projet pilote d’une façade solaire colorée. En 2023, Swisspearl avait posé sur la façade d’une nouvelle halle de fabrication des modules solaires d’un vert mat. Contrairement aux panneaux solaires dorénavant disponibles, on utilisa encore dans ce cas des teintes issues du domaine de la céramique. Ces teintes sont couvrantes. De telle manière que suffisamment de lumière atteigne les cellules solaires, la couleur ne peut pas être posée sur toute la surface, mais exige une trame en pointillé. Puis on découvrit chez Swisspearl en commun avec le fabricant du verre une couleur assurant le passage de la lumière, permettant ainsi une pose sur toute la surface. Elle est également plus performante que les couleurs pour céramiques et davantage respectueuse du développement durable, dans la mesure où elles ne contiennent ni cadmiun, ni métaux lourds.

La règle de base est que plus la teinte est claire et plus la performance du module est médiocre. Par ailleurs, l’orientation de la façade joue naturellement un rôle primordial. Une façade orientée au nord ou une zone constamment ombragée par les bâtiments voisins ne se prêtent en règle générale guère à la production énergétique. Pour des raisons de coût et d’efficience, des modules solaires ne sont posés que là où suffisamment de soleil les atteint.

Sur le plan conceptuel, il s’agit d’intégrer les modules solaires en tant qu’éléments de construction autonomes dans l’image d’ensemble, par exemple en tant que surfaces de toiture ou de balcons en porte-à-faux, ou encore comme un habillage autonome d’éléments classiques dans l’image d’ensemble. Dans la mesure où Swisspearl n’offre pas seulement des modules individuels, mais offre des systèmes entiers, il existe pour chaque panneau solaire en couleur des produits en fibres-ciment adaptés sur le plan colorimétrique. De cette manière, les deux démarches se prêtent idéalement à être combinées.

Anne Isopp

La couleur est appliquée sur le verre frontal par sérigraphie avant le Processus de durcissement. Cela offre un résultat colorimétrique particulièrement régulier, reproductible.

Les nouveaux panneaux solaires de Swisspearl sont disponibles en neuf couleurs standard pour les façades. La palette de couleurs va d’un gris clair à un violet foncé.

DESIGN – Dans le cadre de la nouvelle exposition permanente du musée de Vienne, chaque époque possède sa propre matérialisation. Dans les salles consacrées à la Renaissance et au Moyen-Âge, les objets exposés sont entourés de fibres-ciment clair.

VOYAGE DANS LE TEMPS AU MOYEN-ÂGE

Dans l‘atrium, le coeur du musée, le visiteur peut se reposer sur un banc avec une perspective sur des statuettes en plomb du Donnerbrunnen ou sur des gradins face à la maquette du Stephansdom.

Tant le socle que les gradins sont protégés par des plaques de fibresciment et s’intègrent bien dans l’ambiance offerte par le béton apparent.

En 2023, le musée municipal de Vienne, plus connu sous le nom de «Wien Museum», fut réouvert après une longue phase de transformations. Le collectif d’architectes Ferdinand Certof, Klaudia Ruck et Roland Winkler réhabilita et agrandit le bâtiment muséal des années 1950 d’Oswald Haerdtl placé sous protection du patrimoine. Un élément particulièrement marquant découle du nouveau réhaussement, un cube en béton apparent dépourvu de fenêtres, doté de nervures verticales, qui semble planer au-dessus de l’ancien bâtiment muséal. Le bâtiment ancien et la surélévation sont en réalité séparés l’un de l’autre sur le plan statique. La charge complète de la construction métallique en large porte-à-faux et sa façade en béton apparent est reprise à l’intérieur à la hauteur de l’ancien atrium. Dans cette ancienne cour intérieure se trouve dorénavant la halle centrale, qui incarne le nouveau cœur du musée. Il s’agit d’un espace allongé qui, avec ses parois de grande hauteur en béton apparent dépourvues de fenêtres évoque sur le plan spatial une église. Un banc invite à s’asseoir face aux objets de collection les plus précieux du musée, les statuettes en plomb du Donnerbrunnen. Ou l’on s’assied sur les marches devant la maquette d’une hauteur de cinq mètres, enfoncée dans le sol, du Stephansdom.

Peu de temps après la réouverture du Wien Museum, le New York Times lista la ville de Vienne parmi les lieux qu’il fallait absolument visiter en 2024. Il mentionna à ce propos notamment le musée suite à sa réouverture et tout particulièrement à la nouvelle exposition permanente, que l’on pouvait visiter gratuitement. En 13 chapitres est documentée chronologiquement l’histoire de Vienne, des origines au temps présent. Le bureau de Berlin Chezweitz a conçu la scénographie de l’exposition permanente, tandis que les réalisatrices d’expositions viennoises Irina Koerdt et Sanja Utech du bureau viennois koerdtutech concrétisèrent et matérialisèrent cette idée en collaboration avec leur collègue, le concepteur d’exposition Robert Rüf. L’exposition permanente se développe du rez-de-chaussée au deuxième étage. Chaque époque présente sa propre conception et matérialisation, par exemple le cuivre pour l’époque correspondante ou encore le fibres-ciment pour la période du Moyen-Âge et de la Renaissance. Le choix se porta sur le fibres-ciment, dans la mesure où l’histoire de la ville en devenir de cette période correspond particulière -

Pour la période Moyen-Âge et Renaissance, le choix porta sur du fibres-ciment, dans la mesure ou l’histoire en mouvement de la ville se laisse particulièrement bien narrer à l’aide d’un matériau clair, avec un aspect minéral et haptique.

ment bien à un matériau clair, présentant un aspect et un toucher minéral. Au-delà, il se marie particulièrement bien avec les parois en béton apparent de l’architecture du bâtiment. Au rez-de-chaussée, l’ensemble des parois et du mobilier d’exposition de cette période, dans la halle le socle avec les figures originales du Donnerbrunnen, le socle réservé au cheval de Waldheim, ainsi que les marches destinées à s’asseoir placées devant la maquette du Stephansdom sont habillés de fibres-ciment.

Les plaques de fibres-ciment furent collées sur des plaques en tri-pli et purent ainsi être montées de manière invisible sur la structure porteuse en bois. Les plaques présentent une tonalité claire et sont dotées d’un traitement de surface. «La finition est veloutée et présente une finition valorisante», affirme le concepteur d’expositions Robert Rüf. «On pourrait également imprimer directement les plaques de fibres-ciment», précise la conceptrice Sanja Utech. Elle dit l’avoir déjà réalisé dans le cadre d’autres expositions, mais que l’exposition permanente de Vienne devait être intemporelle, modifiable et adaptable. Afin de pouvoir ajouter des résultats de recherches futures sans grande difficulté, on recourt dans ce cas avec des porteurs de textes indépendants. Quoique les plaques de fibres-ciment ne constituent pas véritablement un revêtement de sol, il fut possible de recourir à ce matériau avec le traitement de surface adéquat sur le sol entourant les figures de la fontaine, ainsi que sur les gradins destinés à s’asseoir. Au-dessus de la cage d’escalier, qui se développe de manière sculpturale dans la halle, on rejoint le troisième étage et, de là, une terrasse depuis laquelle on bénéficie d’une vue magnifique sur la Karlskirche. Le tout incarne un cadeau superbe offert à toutes les Viennoises et à tout les Viennois. En effet, tant la terrasse que l’exposition permanente peuvent être visitées gratuitement.

Anne Isopp

Scénographie: chezweitz, Berlin

Conception: koerdtutech, Vienne, et Robert Rüf, Vienne

Construction de l’exposition: Winter Artservice GmbH Saral

Architecture de l’agrandissement du musée: Winkler + Ruck, Klagenfurt, et Ferdinand Certov, Graz

Maître de l’ouvrage: Musées de la ville de Vienne, Vienne

AU DÉPART – NONA Architectes est un jeune bureau d’architecture du Vorarlberg qui transforme des bâtiments existants à l’aide d’interventions précises. Les deux fondatrices Nora Heinzle et Anja Innauer accordent dans leur démarche une grande importance à une idée de départ convaincante et à la matérialisation.

Toutes nos félicitations pour avoir reçu le prix des maîtres de l’ouvrage autrichien, qui vous a été décerné en commun avec votre client, la firme Haberkorn pour le nouvel univers de bureau à Wolfurt. Quelle particularité présente donc ce projet?

Nora Heinzle: Le maître de l’ouvrage avait demandé dès la phase du concours d’utiliser une halle inutilisée. Il s’agissait en l’occurrence d’un volume désaffecté, d’un bâtiment sans caractéristiques particulières.

Anja Innauer: Il s’agissait d’un concours ambitieux. La firme Haberkorn avait besoin de cent nouvelles places de travail. Il aurait été possible de surélever le bâtiment administratif existant. Or, ce n’est pas ce qu’elle souhaitait, non pas une structure de bureau classique, avec des parois de séparation en verre et des bureaux individuels. Ce que notre projet présente de particulier, c’est l’idée d’implanter ce bâtiment en bois de deux niveaux dans la halle. Ce parti de base d’une grande simplicité et la réalisation en bois incarnent les points forts de ce projet. C’est pour cette raison que nous avons été lauréats du concours.

En tant que jeune bureau, n’est-il pas tout simplement difficile d’être invité ainsi à un concours?

Anja Innauer: Que nous ayons été invités à ce concours nous a très surpris. Nous sommes en effet un petit bureau. Mais le Vorarlberg est également de taille réduite. Nous avons transformé le garage postal de

Nouvel univers de bureau de la société Haberkorn GmbH: un volume en bois de deux niveaux implanté dans l’ancienne halle de dépôt divise cette dernière en espaces de taille variable destinés à accueillir des bureaux, des salles de réunion et des locaux communs de taille variable.

Dornbirn – une thématique analogue. Et à Rankweil, nous avons pu concrétiser un projet abordant la problématique d’un nouveau mode de travail. Ces choses circulent ensuite dans le milieu.

Est-ce principalement la thématique de la construction dans l’existant qui est abordé par votre bureau? Vous avez également réalisé de nouveaux bâtiments, même si les transformations et les assainissements dominent.

Nora Heinzle: Construire dans le tissu existant est une démarche qui est de plus en plus fréquente. Il s’agit en outre souvent de projets dans le cadre desquels le maître de l’ouvrage souhaite procéder à de nouvelles démarches. Dans le Vorarlberg, il existe de nombreux bureaux connus et de qualité. Or, dans le cadre de ces nouvelles thématiques telles que les réalisations dans le tissu existant, on fait souvent appel à de jeunes architectes. Nous avons ainsi réalisé plusieurs mandats dans ce domaine. Et cela même si nous ne souhaitons pas uniquement intervenir dans le tissu existant.

Qu’est ce qui est le plus important dans votre architecture?

Anja Innauer: Nous attachons de l’importance au fait que notre projet apporte une amélioration pour les maîtres de l’ouvrage, ainsi que pour l’environnement.

Nora Heinzle: ce qui est magnifique dans la construction au sein de l’existant, c’est

Changement de génération à l’hôtel Hirschen à Schwarzenberg. Pour le jeune maître de l’ouvrage, NONA architectes ont assaini le bâtiment d’origine, transformé le pavillon dans les bois et y ont ajouté une nouvelle installation de bains.

que, pour des raisons d’efficience et de coûts, on subit souvent des conditions cadres préexistantes qui n’ont jamais été acceptées dans les nouvelles constructions. Il est possible dans ce cas de se permettre une certaine générosité, ce dont découlent des espaces et des ambiances passionnants.

Vous avez d’ores et déjà transformés plusieurs bâtiments. Quelles leçons en avez-vous tiré?

Nora Heinzle: Dans le cadre de réalisations dans le tissu existant, il est constamment nécessaire d’accepter des compromis, et ces derniers doivent également être gérés par le maître de l’ouvrage.

Anja Innauer: L’accompagnement du processus, la gestion du maître de l’ouvrage, ainsi que des futurs utilisateurs et utilisatrices constitue un facteur essentiel. La communication est extrêmement importante pour que nous puissions conserver notre vision du projet. Cette dernière doit être communiquée de bonne manière et dans une langue compréhensible. Les maîtres de l’ouvrage jouent un rôle central dans la réussite d’un projet. Sans maître de l’ouvrage de qualité, il n’existe pas de bon projet.

Dans quelle mesure le débat sur le changement climatique influence-t-il votre approche, ainsi que peut-être votre choix des matériaux?

Nora Heinzle: Dans le nouvel univers du bureau Haberkorn, le maître de l’ouvrage avait formulé la notion du développement durable dans son programme de concours. Il souhaitait conserver la halle et l’utiliser en bureau. Nous recevons régulièrement des demandes dans lesquelles il n’est pas clair s’il s’agit d’un nouveau bâtiment ou d’une transformation d’un bâtiment existant. Dans ce cas-là, nous incluons la réflexion sur le développement durable et évaluons dans quelle mesure il est possible de continuer à travailler sur l’existant.

Anja Innauer: Dans le Vorarlberg, nous nous trouvons dans le pays de la construction en bois. Le bois joue un rôle central. Nous construisons volontiers avec du bois, même si ce matériau n’est pas toujours la seule réponse. Précisément lorsqu’il s’agit de développement durable, la première étape constitue pour nous une bonne planification.

Le débat fut mené par Anne Isopp.

NONA ARCHITEKTINNEN

Nora Heinzle et Anja Innauer se sont connues à Vienne dans le cadre de leurs études d’architecture. En collaboration avec des camarades étudiants, elles y fondèrent leur premier atelier. Après cela, leurs chemins se séparèrent: Anja Innauer retourna dans le Vorarlberg, tandis que Nora Heinzle se rendit à Londres, sans que les deux citoyennes du Vorarlberg n’oublient leur vision commune. En 2016, elles fondèrent enfin le bureau NONA architectes à Dornbirn.

Chères et chers lecteurs,

Parmi les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui en tant que société, mais également en tant que entreprise, figurent la préoccupation face à notre environnement et la finitude de nos ressources.

Swisspearl s’engage depuis des années intensivement et à tous les niveaux en faveur d’un développement respectueux du développement durable. Ceci ne réussit pas dans le cadre d’un pas important, mais dans une démarche fondée sur nombre de petits pas, de la production d’énergie alternative sur le propre terrain de la firme jusqu’à la recherche de modes de production respectueux du développement durable.

La thématique de la transformation que nous avons choisie pour ce numéro s’y intègre parfaitement. Les bâtiments que nous vous présentons ne révèlent pas uniquement des solutions architectoniques de grande qualité dans le domaine de réalisations dans le tissu existant. Ils prouvent également que nous pouvons offrir avec nos produits une prestation permettant de découvrir des solutions de qualité dans le cadre de réhabilitations ou de transformations.

Tout à fait dans le sens d’une réflexion respectueuse du développement durable, nos produits Swisspearl sont de grande qualité et durables. En raison de la variété de nos teintes et des diverses taille et formes de nos panneaux que nous offrons au sein de notre production, nous diffusons un large éventail qui permet aux architectes et aux planificateurs de réagir en adéquation avec l’existant.

Nous suivons une démarche analogue dans le cadre du développement de nos modules solaires colorés. La recherche d’une couleur respectueuse du développement durable, résistante, robuste et efficiente nous a mis face à un défi majeur.

Notre équipe en charge du domaine solaire a poursuivi le développement de modules solaires en couleur et a recruté des partenaires externes lorsque cela se justifiait. Aujourd’hui, tous les composants de nos systèmes solaires – à l’exception des cellules solaires –, sont exclusivement fabriqués en Europe pour nous (cf. p. 38).

Il s’agit-là de l’une des multiples étapes que nous entreprenons en tant que prestataires créatifs offrant des solutions globales, afin d’engendrer une démarche positive aujourd’hui et pour les générations futures, ainsi que nombre d’impulsions en faveur du développement durable.

Je vous souhaite une lecture stimulante.

Marco Wenger, CEO Swisspearl Group

ARCH. Architecture à base de fibres-ciment

Commandes/changements d’adresse arch@ch.swisspearl.com

ISSN 2673-8961 (allemand)

ISSN 2673-8988 (français)

Éditeur

Swisspearl Group AG, Niederurnen www.swisspearl-group.com

Conseillers

Martin Tschanz, enseignant ZHAW

Gabriele Kaiser, journaliste d’architecture

Hans-Jörg Kasper, Swisspearl Group SA

Marco Pappi, Swisspearl Suisse SA

Direction du projet: Gabriella Gianoli, Berne

Rédaction: Anne Isopp, Vienne

Révision et production: Marion Elmer, Zurich

Traduction: Jean-Pierre Lewerer, Genève

Relecture des textes: Carine Dell’Antonio, Zurich

Conception graphique: Schön & Berger, Zurich

Graphisme des plans: Deck 4, Zurich

Impression: Galledia, Flawil

Illustrations

JP Niklaus Spoerri, Tomaz Gregoric, Lucas Peters, Kurt Hörbst p. 2 Klaus Echle p. 3 Annette Voigt pp. 4, 5 gta Archive/ETH Zurich, succession J. Dahinden pp. 6–7, 8 Lucas Peters/RWPA p. 10 Architekturzentrum Wien, collection, photographie: Hermann Czech p. 11 Theresa Wey

pp. 12–13, 16, 17, 18, 22–23 Niklaus Spoerri pp. 14, 20, 21 en haut à gauche Markus Bertschi pp. 15 en haut, 21 à gauche Roman Keller pp. 15 en bas Meier Hug Architekten pp. 17 architecture d’intérieur: Christine Tschan VSI pp. 21 en bas à gauche Jürg Zimmermann pp. 24, 25, 27 Daniela Burkart pp. 28, 29 Rory Gardiner pp. 30, 31 Rolf Siegenthaler p. 32 Rene Dürr p. 33 Thomas Telley p. 34 Kurt Hörbst pp. 36, 37 Tomaz Gregoric p. 38 en haut Meraner & Hauser p. 38 en bas, 39 Swisspearl pp. 4o en haut, 41 Lisa Rastl, Wien Museum p. 40 en bas Swisspearl p. 42 à gauche David Schreyer p. 42 à droite Adolf Bereuter p. 43 Darko Todorovic

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L’ensemble des textes, illustrations et documents graphiques figurant dans cette publication sont protégés par la loi sur le droit d’auteur. Aucun contenu de cette publication ne peut être copié, diffusé, modifié ou rendu accessible à des tiers. L’éditeur ne peut pas garantir l’absence d’erreurs et la justesse des informations qui y figurent. Les plans ont été aimablement mis à disposition par les architectes. Les plans de détail ont été revus dans le but d’en améliorer la lisibilité.

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Canaleta – une plaque de toiture emblématique

Sous le nom de Canaleta – qui signifie gouttière en espagnol –Eternit, la firme précédent Swisspearl, fabriquait des plaques de grande dimension destinées à couvrir les toitures et dotées d’un profil très affirmé. L’architecte Max Bill conçut ces éléments de toiture de grande taille au milieu des années 1960. Lorsque quelque chose présente une forme aussi réussie, les architectes trouvent volontiers des applications non standard.

Sur les terrains Bühler à Winterthour, ces éléments de forme spéciale habillent la façade de la filature. Aujourd’hui encore, après une large réhabilitation des halles de la fabrique, il est toujours possible d’admirer ces plaques. Elles ont en outre servies aux architectes de RWPA de référence pour de nouveaux détails, devenus nécessaires en cours de transformation.

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