2 minute read

caPtain’s c orner

Frank Baumann est «entertaining-pro» et auteur de deux bestsellers sur le golf, «Partherapie» (jeu de mot: thérapie du couple et… du par) et «Single in 365 Tagen» (single en 365 jours). Entre 2009 et 2014, il était aussi capitaine au Buna Vista Golf à Sagogn. Il espère disposer d’un peu plus de temps désormais – pour jouer au golf et pour écrire.

Advertisement

www.frankbaumann.ch

MadaM e Muggli e T le poinT «g» frank Bau Mann

madame Muggli prétend savoir très précisément où se trouve le point G. Bon, on ne peut pas vraiment parler de point G. On devrait plutôt dire un cercle G, une région G, en endroit où surgit automatiquement le vrai point G, au moment où on est prêt à le trouver. Comme le sweetspot lors d’un coup de golf parfait. Car tout est une question de feeling. Et de style. Il y en a qui l’ont et d’autres qui ne l’ont pas, comme le dit le rappeur Bligg dans son tube «Manhattan»: «Mode cha mä chauffä, aber Stil das muss mä ha!» (la mode on peut se l’acheter, mais le style, on l’a ou on ne l’a pas!)

Et ce n’est pas faux. Regardons ça de plus près. Par exemple le gars qui, du tee 11, crie à travers deux trous au golfeur se rendant d’un pas décidé sur le green du 17 un GRÜEZI sonore et bien intentionné. Dans ce cas particulier, il serait amplement suffisant de faire un signe de tête amical au moment du contact visuel. Ou bien supposons qu’un golfeur entre sur la terrasse du clubhouse. En théorie, il est censé soulever sa casquette et adresser un salut poli. Et la personne saluée est censée répondre amicalement à ce geste (même si elle le fait du bout des dents, tout occupée qu’elle est à ruminer son jeu). Ça, c’est la théorie. Celle que l’on apprend déjà au jardin d’enfant. Ou, au plus tard, lors de l’examen d’autorisation de parcours (pratique), pour autant qu’on ne l’ait pas obtenue gratuitement dans un pays de l’Est, achetée pour 33 euros sur internet ou trouvée dans une pochette surprise. Et pourtant Madame Muggli ne peut que constater que le point G reste, pour de nombreux golfeurs, un complet mystère.

Une autre situation est celle du joueur, qui, fesses serrées sur le départ, se prépare à jouer un drive du tonnerre, les yeux fixés sur la balle, le regard comme perdu dans une profonde méditation tantrique. La bonne idée, bien entendu, c’est d’aller lui taper sur l’épaule en lui assénant un «G-rüäzi» à déchirer les tympans.

En général, dans cette situation, il est recommandé de fermer son clapet, de ne pas chuchoter, ne pas secouer ses clubs dans son sac ou triturer sa fermeture éclair. Et s’il est évident que notre co-compétiteur est en train de se préparer à rater son troisième putt, évitons de poser de question, restons immobiles et attendons, figés comme l’himalayiste congelé sur le Mont Everest, s’apprêtant à franchir l’«Hillary Step», à 8760 mètres d’altitude.

Madame Muggli a encore une autre théorie. L’absence de point G tient peut-être au fait que beaucoup de dames au golf ne sont tout simplement plus en état d’exprimer d’émotions humaines, avec leurs visages tellement tirés et repassés par le chirurgien-esthétique, et leurs lèvres gonflées comme des paires de saucisses de Vienne ou le bateau pneumatique dans l’obstacle d’eau du trou no 7 (168 mètres) au Golf de Sierre… Un club où, bien entendu, il est encore de bon ton de se lancer d’amicaux «bonjours».

This article is from: