«impossible de s’entraîner pour de telles situations»

Avec le putt décisif, l’Allemand

Martin Kaymer a assuré à l’équipe européenne sa victoire sensationnelle. Rien ne pourra plus jamais être plus important pour lui que ce petit coup.

e ntretien Petra Himmel

Martin Kaymer, ce petit putt de deux mètres, est-ce que c’était le plus difficile et le plus important putt de votre carrière?

Martin Kaymer: c’était en tout cas le coup le plus important de ma carrière. Tout ce qui viendra par la suite ne pourra pas être comparable à l’intensité de ce moment-là. La situation était tout sauf facile ou habituelle, même si le putt lui-même n’était pas difficile. Si jamais je devais revivre quelque chose de semblable, ce sera toujours cette première fois qui m’aura démontré quelle pression je peux surmonter.

Cela vous a fait peur?

Non, je n’ai pas eu peur. Je savais ce que je devais faire. Je m’entraîne tous les jours pour de tels moments, même si on ne peut pas les planifier.

est-ce que vous auriez pu imaginer que l’entraînement au putting peut avoir autant d’importance?

Non, vraiment, on ne peut pas s’entraîner pour de telles situations, on peut simplement tout faire pour y être préparé le mieux possible. Un tel moment ne dépend ni de la technique, ni de l’entraînement au putting. Si on entre un tel putt, tout va bien, mais si jamais on ne réussit pas, tout ce qui s’est passé avant n’a plus d’importance. La marge entre devenir un héros ou un imbécile est infiniment petite dans ces situations. qu’avez-vous pensé dans les minutes avant le putt? avez-vous remarqué vos collègues au bord du green? si vous aviez dû donner le putter à quelqu’un d’autre à ce moment, à qui vous l’auriez donné? la première pensée après le putt? est-ce que ce putt changera votre carrière? a lors ce putt était encore plus important que celui qui vous a rapporté votre premier titre d’un grand chelem à Whistling straits? C’était sans aucun doute le putt le plus important de ma vie. Il y a deux ans, au PGA Championship, je n’ai rentré la balle de la victoire que pour moi. Les deux situations ne sont donc pas comparables. Ici, je savais que les gars de l’équipe attendaient tout de moi. En fait, je ne comprends que maintenant, à travers les réactions sur ma page Facebook, mon site web et même dans la rue ou lors du prochain tournoi, ce que ce putt a signifié pour beaucoup de gens. Cela me rend terriblement fier. C’est presque incroyable, des gens que je n’ai jamais vus viennent vers moi et me remercient. Absolument incroyable.

Je voulais ce point coûte que coûte. Pour moi, parce que je n’avais pas encore vécu une bonne Ryder Cup, mais aussi pour José Maria et notre équipe. J’ai appris à Medinah combien cette victoire était importante pour notre capitaine.

Oui, je savais que mon équipe était avec moi lors de ce putt, et qu’elle avait mis ses espoirs en moi. Jamais avant je n’avais fait l’expérience d’une telle solidarité, d’une telle cordialité et d’une telle confiance que le samedi soir et le dimanche.

Je n’aurais jamais renoncé volontairement à la possibilité d’exécuter un tel putt. C’était la pression ultime et le plus grand défi imaginable: notre capitaine, des milliers d’Européens sur place et des millions devant la télé. C’est exactement l’expérience qu’un sportif veut vivre.

Pensée, c’est beaucoup dire. On a pu voir à ma réaction que tout devait sortir, de façon incontrôlée et imprévue. Toute la tension amassée sur les derniers trous disparaissait d’un seul coup.

Peut-être pas la changer, mais dans tous les cas l’enrichir énormément. Enfant déjà, on rêve d’un tel moment. J’ai eu le grand honneur de pouvoir écrire le dernier chapitre de l’histoire sportive incroyable d’une équipe sensationnelle. Depuis lors, je sais que je pourrai maîtriser n’importe quel défi sur un parcours de golf. Et si ce n’est pas la première fois, ce sera la deuxième ou la troisième fois. Rien ne pourra jamais égaler l’intensité de ce putt.