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madame m uggli et le sale type caPtain’S c orner e

n tant que capitaine, j’en vois de toutes les couleurs au cours d’une longue saison. Certes, on a entendu parler de scouts qui campent au bord du lac devant le green du 12, de parapentistes qui atterrissent dans le bunker, de vététistes qui traversent des fairways comme des dingues, de biches, d’hippopotames ou de crocodiles… Mais, régler le comportement de drôles de touristes venus des pays voisins s’avère parfois être un vrai challenge. Des fous qui pensent que l’on peut se comporter sur notre parcours de golf comme dans un jardin d’enfants… Des gens qui n’ont pas encore entendu parler de la sévérité de notre règlement. Dernièrement, quelqu’un que j’ai dû prier de s’habiller correctement par une température de plus de 33 degrés à l’ombre, a répondu que chez nous on était plus sévère qu’à l’école de recrues des grenadiers d’Isone. Eh bien, malheureusement, ce n’est pas possible autrement. Si l’on ne veille pas catégoriquement à l’observation des différentes règles, si on laisse passer la non-observation d’indications claires, alors le terrain de golf devient un jardin d’enfants, l’effet boule de neige s’installe et le tour dure six heures. Personne ne crie «Fore!», les divots ne sont pas replacés et les impacts de balles ne sont plus réparés. Dès lors, nos greenkeepers feront leur travail tant glorifié pour des prunes et la réputation d’avoir un parcours très difficile, mais impeccable, sera fichue. Dernièrement, après le Birdie Open, nous avons même dû expulser un joueur. C’est vraiment ennuyeux pour un capitaine d’avoir à faire ce genre de chose, à côté de toute sa paperasse, c’est-à-dire de se réunir avec la commission de jeu, d’interroger les témoins, et de taper des rapports résolument catégoriques à la machine. C’est vrai, après coup on peut en rire, parce que l’on sait que les choses sérieuses d’aujourd’hui seront en fait l’humour de demain. Mais sur le moment, on a envie de sauter à la gorge du coupable. Il faut dire que cet énergumène-là avait le culot, entre ses accès de colère, de «shooter loin la balle d’une co-compétitrice sur le green» (parce qu’elle ne pouvait plus faire de point), «jurer comme un charretier», «jeter balles et clubs autour de lui», «exposer à plusieurs reprises sa virilité pour se soulager allègrement sur les départs des dames». Mais oui, vous avez bien lu!

Quand les trois dames, toutes des honorables membres de notre club, ont raconté l’étrange comportement de leur partenaire de flight en rendant leurs cartes de score, ce dernier avait déjà pris la poudre d’escampette et le directeur était stupéfait. Au secrétariat, on n’y comprenait rien. Quant au head greenkeeper, il était comme fou parce qu’il prenait un tel comportement comme une insulte personnelle. Pour lui, c’était une atteinte irrespectueuse, «un attentat terroriste à l’acide, probablement d’origine politique, envers son gazon sacré». Madame Muggli, quant à elle, a remarqué sèchement que ce qui l’avait le plus dérangée, c’est que le sale type ne s’était même pas lavé les mains après son forfait!

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