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Hole 19.

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MARCHÉ GOLFIQUE

MARCHÉ GOLFIQUE

Il y a deux ans, André Bossert, fêtait en petit comité ses vingt ans d’ancienneté dans la profession. «Je fête aussi ma mi-temps» a expliqué le joueur professionnel, né à Zumicon et qui a grandi en Afrique du Sud, «il n’existe en effet pas de vie plus belle que celle d’un golfeur professionnel». C’est avec le même enthousiasme qu’il débute sa 22ème saison comme professionnel, en 2011. Il répond aux questions de Golf Suisse sur ses objectifs, sur le golf professionnel suisse et sur le boom actuel du golf, en Italie.

André Bossert, comment vous êtes-vous préparé à votre 22ème saison de golf comme joueur professionnel?

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André Bossert: Pour des raisons familiales, je suis rentré plus tôt que d’habitude de mon entraînement d’hiver en Afrique du Sud, où j’ai participé à deux tournois, malheureusement avec des classements peu satisfaisants. Les semaines supplémentaires passées en Suisse ont eu l’avantage de me donner le temps de peaufiner ma technique.

Est-ce encore vraiment nécessaire, chaque année, pour un pro expérimenté comme vous l’êtes?

Bien entendu, ça ne s’arrête jamais. Il faut toujours contrôler ses basics et les améliorer. Je me suis placé, par exemple, sur une plaque métallique, dans mon club d’origine à Zumikon, elle indique la répartition du poids, électroniquement et en détail, lors du swing, ce qui a été très utile.

Quels sont vos projets et vos objectifs pour 2011?

J’ai prévu un mélange de tournois du Challenge Tour, de l’European Tour et des tournois suisses. Mon objectif principal est de commencer, à 50 ans, à participer au Senior Tour. C’est pourquoi je voudrais rester compétitif.

Cela semble peu attrayant après avoir été en attente plusieurs années. Que ferez-vous si, par exemple, vous arrivez en tête du classement ou si vous obtenez la victoire au Challenge Tour?

Il est évident que j’essaierai de jouer pour décrocher le droit de participer à l’European Tour, mais je pense que montrer que je suis, en principe, encore assez bon pour le golf de tournois, est un objectif exigeant et légitime.

Au Kenya, vous avez démarré la série du Challenge Tour, 3ème au classement. Cela va-t-il changer quelque chose à vos plans? Non, pas en principe. Je me suis inscrit à un tournoi en France et, si, plus tard, au cours de la saison, je suis toujours assez bien classé pour faire de grands tournois, alors j’essaierai tout ce qui est possible pour obtenir l’entrée. Mais, pour l’instant, je n’y pense pas encore, je me concentre sur le prochain tour.

Comment vous expliquez-vous le bon départ à Nairobi – après sept semaines sans tournoi?

J’ai vraiment bien frappé la balle, j’ai bien réussi à appliquer les nouveautés technologiques; je me positionne plus près de la balle et je suis moins sur la pointe des pieds. Les trois coups que j’ai perdus sur le premier neuf, le dernier jour, sont principalement dus à trois putts.

Vous allez avoir 48 ans cette année, avez-vous prévu votre entrée dans le Senior-Golf pour 2013?

En Europe, je n’aurai le droit d’y jouer qu’à partir du 14 novembre 2013. Mais en tant qu’ancien vainqueur de tournoi, je n’ai pas besoin de participer à la Qualifying School pour le tour européen pendant la première année. Mais j’envisage aussi d’essayer l’US-Senior-Tour.

Où les gains sont plus importants, mais le niveau aussi très élevé.

C’est vrai, mais le challenge me tente. Je ne sais pas encore exactement quand je pourrai essayer de m’y qualifier.

Vous avez mentionné votre titre sur le grand Tour. En 1995, vous avez gagné à Cannes un tournoi de l’European Tour. Mais la grande carrière présumée a fait défaut. Êtes-vous parfois nostalgique?

C’est exact, il n’y a pas eu de grande carrière. A l’époque, je faisais partie des Top-100 du classement international et j’étais persuadé que cela allait progresser à partir de là. A cause de douleurs dorsales, je n’ai pas pu le prouver. Après avril 1997, je n’ai pas pu jouer aux tournois pendant deux ans et demi, suite à une opération.

Et aujourd’hui, vous n’avez plus mal au dos? Après l’opération qui s’est bien passée, j’ai réussi à contrôler, parce que je fais régulièrement du fitness.

Alors, on peut dire que vous êtes meilleur athlète qu’il y a quinze ans?

Sans aucun doute. Si, à l’époque, j’avais appliqué au domaine athlétique préventif ce que je sais aujourd’hui...

Et maintenant, cela fait dix ans que vous êtes au Challenge Tour, entouré de joueurs qui pourraient être vos enfants et qui ont des coups bien plus longs. N’êtes-vous pas frustré, surtout quand on pense que les dotations, au deuxième Tour européen, sont plutôt modestes? L’ambiance des tournois de l’European Tour me manque, même si, au moins un quart des tournois du Challenge Tour continue à m’emballer. C’est bien que je puisse presque toujours concurrencer la jeunesse, pas sur la longueur c’est vrai, mais justement les chamboulements dans le classement international montrent que tout n’est pas qu’une question de réclament qu’on élargisse plutôt la base de la pyramide par un travail suivi pour générer ainsi une nouvelle élite de joueurs. Qu’en pensez-vous?

Je ne suis pas expert des générations montantes. Mais je suis convaincu que nous avons au moins une poignée de joueurs qui disposent de tous les atouts golf pour participer à l’European Tour. Et je ne crois pas à une reconstruction seulement par en bas, il faut qu’elle se fasse aussi par le haut. Pour ainsi dire, une philosophie commune. L’information doit venir d’en haut, car ce qui est parfait pour l’élite doit pouvoir convenir à tous les autres.

L’Italie, un pays comparable à la Suisse est actuellement au top avec les Molinaris parmi les meilleurs joueurs de classe internationale et longueur. Il est évident qu’on ne peut pas vraiment gagner d’argent au Challenge Tour, parce qu’en fait, son rôle est celui d’une étape de passage.

Mais vous avez une famille à nourrir. J’ai la chance d’avoir de bons associés comme la «Zürcher Schulthess-Klinik». Et j’ai d’autres missions. J’organise avec d’autres associés des journées exclusives de golf pour les entreprises et je travaille toujours dans le domaine du design du golf. Et j’aimerais bien m’engager dans le sport en Suisse, rendre au golf local un peu de ce qu’il m’a apporté pendant toutes ces années. Je suis chargé par Swiss Golf Pro Supporter Club de coacher les jeunes professionnels suisses.

Comment se fait-il que la Suisse n’ait plus de joueur sur l’European Tour et que, même au Challenge Tour, personne ne se distingue vraiment durablement?

Je ne peux parler que du domaine que je connais bien: le golf professionnel. Jusqu’alors, il n’y avait pas d’encadrement, pas de coaching spécial des jeunes professionnels. Ils faisaient tant d’erreurs et personne n’était là pour les reprendre en main. Sans vouloir manquer de respect, mais les fautes que je constate sont parfois incroyables.

Certains, même insiders, ne misent plus sur la génération actuelle des professionnels et

Manassero, le talent du siècle. Que font-ils mieux que nous?

Il y a cinq ans, j’ai fait quelques recherches sur les pays limitrophes. A cette époque, les Italiens ont retrouvé un nouvel élan grâce à un nouveau coach national et un responsable pour les professionnels, deux choses dont nous disposons aussi désormais. Avec Steve Rey, nous commençons à voir le bout du tunnel. Son engagement comme encadreur des pros est un renouvellement prometteur de Swiss Golf.

Alors la Suisse devrait pouvoir réussir la même chose que les Italiens?

Pourquoi pas? Le golf s’est bien développé chez nous, le nombre de joueurs a augmenté et il y a plus de parcours. Mais ce qui manque au golf professionnel suisse ce sont les visions. Il faudrait, avec les nouveaux acteurs, se fixer des objectifs clairs et ambitieux; par exemple avoir trois joueurs à l’European Tour dans cinq ans, un dans dix ans à la Ryder-Cup-Team et ensuite, un qui participe aux Jeux Olympiques. Et il faudrait résolument tout faire pour atteindre ces objectifs.

Stefan Oswalt, collaborateur au «Tages-Anzeiger» et au «Neue Zürcher Zeitung», entretient, depuis des années, des contacts avec les grands noms nationaux et internationaux du golf et du ski.

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