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Relâchement et petit jeu

Les joueurs de club essaient, avec plus ou moins de succès, de frapper la balle sur le départ avec la meilleure technique, le mental le plus solide, la concentration la plus extrême. Ces joueurs qui, quand ils montent à Crans-Montana suivre l’Omega European Masters, ne sont pas seulement excités par les duels que se livrent les champions, mais aussi fascinés par la capacité des pros à effectuer correctement l’ensemble des gestes que nécessite le golf.

Le fait que les pros frappent tous ou presque la balle à des kilomètres – grâce au nouveau matériel, mais aussi à une préparation physique de plus en plus poussée – ne provoque plus aucun murmure dans le public. C’est acquis et la longueur n’est d’ailleurs plus recherchée systématiquement. En fait, sur le tee, on remarque que les stars utilisent de plus en plus un bois de parcours plutôt qu’un driver. Le Coréen Yong-eun Yang a réussi à placer sa balle directement sur le green du 5 (par 4 de 310 mètres) lors du premier tour – il faut préciser qu’un fort vent arrière l’a aidé. Il a dû ensuite aller s’excuser auprès du flight qui le précédait, car les joueurs étaient en train de putter quand sa balle a atterri au milieu d’eux…

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Le public a réagi avec beaucoup de retenue – soit très différemment de la fois où Sergio Garcia avait réalisé le même exploit.

Le meilleur enseignement pratique est venu le dimanche matin, sur le driving range, alors que ce dernier était pour ainsi dire déserté. Eduardo Romero est arrivé très décontracté, pour se préparer pour le dernier tour. Son attitude était étrange, ou plutôt, pour employer un mot plus précis, inattendue. Avec son caddy et un autre joueur, il est arrivé en plaisantant, avant de donner un petit coup de pied dans la pyramide de balles, d’attraper son pitching wedge et de frapper quelques coups. Il s’est arrêté très vite pour reprendre sa conversation avec ses deux acolytes, changeant de club et frappant de nouvelles balles, ainsi de suite jusqu’au driver. Deux coups lui suffisaient pour ce dernier club et le caddy pouvait remballer le matériel, avant de quitter le practice en continuant de plaisanter. Ils laissaient derrière eux un amateur très troublé par ce qu’il venait de voir: bien entendu, chaque balle volait parfaitement en direction de la cible, avec une aisance et une décontraction idéales – soit un monde en comparaison des coups crispés, tendus, désordonnés que lui-même effectue lorsqu’il s’entraîne avant une compétition. Au final, Edurado Ro- mero, 53 ans, allait ramener une carte de 65 pour terminer au 8ème rang d’un Open qu’il a déjà gagné deux fois…

Qu’est-ce qui a donc décidé de la victoire ou de la défaite? Un chip chanceux ou des capacités énormes? Bien entendu, le sort était favorable à Brett Rumford lorsqu’il a «enfilé» son approche de 12 mètres pendant le playoff. Mais sa victoire ne se résume pas uniquement à ce coup. Et ceux qui l’ont suivi ont pu remarquer son extrême habileté autour et sur les greens. Ce spécialiste du petit jeu avait commencé par un incroyable chip au 3, depuis un rough dense et épais, pour un superbe par. On remarquait aussi son putt compliqué de 8 mètres réussi pour le par au 13. C’est donc avec surprise qu’on le voyait manquer une approche à priori facile au 17. Mais il expliquait ensuite que le lie de sa balle était très mauvais et qu’il ne savait pas si elle allait finir courte ou longue. Toutefois, avant le dernier tour, il avait déclaré qu’il se sentait en confiance, car il pouvait s’appuyer sur un petit jeu affûté.

En redescendant de Crans, le joueur de club s’est fait la réflexion que le petit jeu est vraiment la clé du succès, ce qui est valable pour tous les types de golfeurs. Il a aussi noté que la décontraction est positive: mieux vaut être détendu et libéré dans le swing plutôt que de chercher cette longueur inutile et de toute façon inaccessible. D’ailleurs, l’exemple des pros est frappant: ils étaient tous sur le putting-green, sur le chiping green ou dans le bunker plutôt que sur le driving range! L’utilité d’un bon petit jeu a encore été démontrée «financièrement» par Antony Wall. Lors des trois premiers tours, il a réussi à jouer le par sur les six trous où il s’est retrouvé dans le bunker. Ce qui lui a permis de terminer au 8ème rang avec 45’000 euros de gains. Sans un sandwedge aussi efficace, il n’en aurait gagné que la moitié!

■ Martin Schnöller

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