Tiger est le meilleur

Quand les amateurs observent les pros jouer au golf, ils disent souvent: «nous ne pratiquons pas le même sport.» Quand les pros regardent jouer Tiger Woods, ils disent exactement la même chose! Le Tigre domine le golf d’une manière qui impose le respect, que l’on soit un débutant, un joueur confirmé ou même le numéro 2 mondial. Non seulement son palmarès parle de lui-même, mais la façon dont il le construit établit de nouvelles références, de nouvelles méthodes, de nouveaux standards.

A mi septembre, le playoff de la FedEx Cup s’est terminé avec le Tour Championship, une épreuve qui n’avait pas particulièrement souri au numéro 1 mondial jusqu’à présent. Mais dans ce nouveau contexte sportif, Tiger a produit une démonstration qui confine à l’excellence, en s’imposant avec 8 coups d’avance sur l’élite mondiale. Il a bouclé une phase intensive de son calendrier en remportant quatre des cinq derniers tournois disputés, en portant son compteur à 61 victoires – soit à une seule longueur d’Arnold Palmer et à trois de Ben Hogan – propulsant le montant de ses gains à 76 millions de dollars pour toute sa carrière et à un peu plus de 10 millions de dollars pour la seule saison 2007 (16 tournois). Ah, on oubliait les 10 millions de dollars de bonus de la FedEx Cup… Au classement mondial, il a largement plus du double de points que son plus proche poursuivant. La concurrence s’essouffle derrière Woods et peine à lui trouver un véritable adversaire à sa mesure, faute de constance (Mickelson), d’habileté au putting (Singh), de confiance (Els), d’expérience (Garcia), de talent (Furyk). Une déclaration avait d’ailleurs piqué au vif le numéro 1 mondial: Rory Sabatini avait déclaré en juin dernier que jamais Tiger n’avait été aussi «vulnérable» que cette année. Le Sud Africain s’en est certainement mordu les doigts et s’est assurément fait sonner les cloches par ses collègues, car la réponse a été cinglante! Woods vient de prouver au contraire qu’il n’a jamais été aussi inaccessible.

Son swing est aujourd’hui un modèle de perfection, de mécanique bien huilée, après un changement de coach (de Butch Harmon à Hank Haney) qui semble être définitivement digéré. Tiger a démontré dernièrement qu’il touche plus de fairways que ses principaux concurrents, tout en se montrant largement plus puissant. Et lorsqu’il trouve sa balle sur l’herbe rase et qu’il a un fer ou un wedge en main, c’est systématiquement «birdie time». Il est également le joueur qui se trouve le plus près du trou sur les greens en régulation. Mais ce n’est pas tout: dès qu’il a son putter en main, la différence est encore plus évidente, avec un sens de la ligne et de la vitesse phénoménal. A 2 mètres, Tiger est imbattable. Cette combinaison de talent, de performance et d’opportunisme est appuyée par des capacités physiologiques et musculaires qui auraient pu en faire un athlète dans une kyrielle de disciplines. C’est du reste ce corps parfaitement sculpté et entretenu qui nous fait dire qu’il va falloir compter avec lui pendant de nombreuses années encore. On peut légitimement penser, au vu des récents résultats, que la prochaine saison pourrait être encore meilleure. Au niveau où il se trouve aujourd’hui, Tiger ne peut et ne doit penser qu’à une chose: le Grand Chelem, à savoir: l’US Masters (avril), l’US Open (juin), le British Open (juillet) et l’US PGA Championship (août). La première étape se déroule dans six mois et même un génie comme Tiger ne peut conserver sa forme aussi longtemps. Il va donc falloir planifier méticuleusement les périodes de repos, de détente et les entraînements, pour disposer des mêmes armes qu’aujourd’hui, au moment voulu. La gestion de sa préparation est la seule véritable inconnue le concernant.

Pour nous, le public, c’est une chance de faire partie de la génération qui aura assisté à l’éclosion et au développement du plus grand talent que le golf aura jamais connu.

■ Urs Bretscher, rédacteur en chef

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