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Aérer, irriguer, engraisser

Bon an mal an, les greenkeepers entreprennent tout ce qui est nécessaire pour que les parcours soient dans le meilleur état possible. Nombreuses sont les mesures à prendre pour régénérer les plantes et assurer leur qualité à long terme. Mais ces travaux, qui sont bien visibles et ont forcément une incidence sur le jeu, ne sont pas du goût de tout le monde. Ils ne sont souvent pas appréciés à leur juste valeur et ses responsables se voient poser des questions désagréables, subissent les critiques ou même les plaintes des membres. Heureux donc le greenkeeper qui peut compter sur le soutien de son comité!

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Les plantes, dans notre zone climatique, ne poussent pas de manière identique toute l'année: cela va de la grande vitesse à l'immobilité. La croissance la plus rapide intervient naturellement au printemps et après les périodes de pluie, cependant que le froid et la sécheresse la retardent, voire même l'interrompent complètement.

C'est au printemps, mais aussi en automne, que les travaux nécessaires sont les plus importants sur un golf. Normal: il s'agit d'une place de sport, utilisée en certains endroits de manière intensive. Pas aussi intensive cependant qu'un terrain de football, sur lequel on trouve des zones –devant les buts par exemple – où l'herbe a parfois complètement disparu; les accélérations des joueurs, leurs courses, leurs brusques arrêts causent en outre des dégâts que l'on ne retrouve qu'à un bien moindre degré sur nos parcours.

Les parties les plus utilisées sont bien sûr les greens et les départs. Ils n'exigent pas seulement une attention particulière de la part des joueurs, mais aussi du greenkeeper. Nous autres golfeurs réagissons violemment si la surface des greens n'est pas à la hauteur des attentes. Il faut ici distinguer entre la vitesse et les trajectoires. S'agissant de la vitesse, on doit avoir une certaine tolérance. Car plus on coupe les plantes court, plus elles sont stressées, ce qui, sur un green, peut vite se traduire par une véritable abrasion. Pour les trajectoires, il est impératif que la balle tienne bien la ligne; et cela a bien moins à voir avec la hauteur de coupe qu'avec la qualité du sol. Des greens durs et secs avec une grande proportion de sable et un gazon aux racines profondes sont meilleurs que des greens mous, trop verts où apparaît du feutrage. Sur les départs, les balles sont en principe frappées sur tee. Les cicatrices faites dans l'herbe n'y jouent donc pas un rôle aussi important que sur les greens. Les départs doivent cependant être plats, dans l'idéal très légèrement inclinés vers l'arrière (ou, autrement dit, légèrement montant en direction du fairway). En aucun cas ils ne devraient descendre sur les côtés, donc être bombés, ce serait là un défaut majeur. Pour faire en sorte que les départs conservent longtemps leur forme, il faut qu'ils soient construits de la même manière que les greens: avec diverses couches de gravier et du sable par dessus. Il en va encore autrement pour les fairways. Ils n'ont pas, ou fort peu, de soubassements, mais disposent d'une couche de drainage ou à tout le moins de fouilles de drainages remplies de gravier. Sinon, ils sont faits de surfaces de gazon sur humus. Ils sont fauchés moins court et moins souvent que les greens selon la saison. Lors de la tonte, les résidus restent en général sur le terrain. Ils y pourrissent rapidement et servent ainsi d'engrais. Restent, enfin, les roughs. Ils sont fauchés plus hauts et ne nécessitent généralement pas d'autres soins. On ne leur donne pas d'engrais et on ne les arrose qu'exceptionnellement.

L'action des vers...

Dans une terre naturelle, la vie grouille. Des microorganismes et des bactéries pourvoient à un renouvellement ininterrompu du sol. L'oxygène nécessaire pour cela peut y pénétrer en grande quantité grâce à l'action de petits animaux, avant tout des vers, qui le remuent et le retournent constamment. L'air ainsi insufflé permet aux bactéries de faire leur travail, à savoir: minéraliser rapidement la biomasse, rendre inorganique les racines mortes, les feuilles et les brindilles tombées. Ces processus sont idéaux et ils produisent les meilleurs fairways, explique Beni Kreier. Le greenkeeper de Schönenberg n'a pas, sur son parcours, que des surfaces sans problèmes. Le sol est fait, dans ce paysage de haut marais, essentiellement de tourbe, un matériau organique imperméable à l'air et qui pose toute une série de problèmes. Les sols tourbeux sont en effet aussi peu adéquats pour des fairways que les sols argileux.

L’aération des greens dans toutes les phases de travail. Les carottes sont rassemblées manuellement afin de faciliter le travail de ramassage de la machine.

Une carottes de contrôle après une aération et un sablage des greens montre comment le sable a pénétré. Ce qui permettra notamment de calculer l’arrosage de ces greens.

Mais même avec une couche d'humus optimale, le processus naturel de «remuage» d'un fairway ne se passe pas de manière aussi aisée que dans une prairie. Leur utilisation intensive peut modifier la chimie de la couche supérieure. Souvent, on doit avoir recours à des pesticides, ce qui détériore les bonnes conditions dans lesquelles évoluent normalement les vers. Une telle détérioration peut s'accélérer lorsque de longues périodes de sécheresse produisent une croûte superficielle très dure et extrêmement compacte. Le fait de marcher et de jouer sur le gazon a aussi un effet de compactage (plus ou moins prononcé selon le poids des joueurs, naturellement...).

Cela oblige le greenkeeper, sur bien des golfs, à procéder également à l'aération des fairways. Pour ce faire, il a à disposition, grosso modo, les même moyens mécaniques que pour les greens et les départs, à cette différence près que ce ne sont pas les même machines qui sont engagées. Voici quelles sont les mesures d'aération classiques sur les greens, les départs et les fairways: - Aérer. Le nom dit bien de quoi il s'agit: la perte d'aération des sols doit être compensée artificiellement, de telle sorte qu'il y ait suffisamment d'oxygène pour permettre le travail des bactéries. Si l'on aère avec de grosses «cuillères» (une sorte d'engin emporte-pièce), on a alors des «bouchons» bien connus, ou les «carottes» que l'on extrait de la couche supérieure. On répand ensuite du sable et on le fait pénétrer avec un outil spécial dans les trous. Le but de cette manœuvre est de rendre optimal le mélange sable-humus; car le sable a la propriété bienvenue de ne pas se laisser tasser. L'eau peut mieux circuler et les racines remplissent à nouveau progressivement les vides entre les grains. S'il y a beaucoup de sable dans la couche supérieure, cela ralentit aussi le phénomène de tassement dû aux pas des joueurs.

Après une aération des greens, il faut deux à trois jours jusqu'à ce que l'on puisse à nouveau tondre. L' «overseeding» (ensemencement) aide au rajeunissement et à la diversité des plantes. Ce n'est cependant pas nécessaire pour toutes les sortes de gazon. Le Poa Annua, celui que l'on utilise à Schönenberg, s'étend de lui-même assez rapidement. Après une semaine, au maximum dix jours, la surface se prête à nouveau parfaitement aux trajectoires des balles.

C'est un peu plus problématique d'aérer les fairways. Bien que cela soit dans bien des golfs une mesure souhaitable pour alléger la couche supérieure, on doit y renoncer pour des raisons d'économie. Car il faut avoir une machine spé- ciale, qui travaille beaucoup plus vite que l'engin utilisé sur les greens. S'ajoute la nécessité d'amener du sable pour améliorer durablement la croûte. Cela se solde par des factures à cinq chiffres, car il faut d'énormes quantités de sable pour assainir les 20 à 30 hectares de fairways d'un 18 trous. Pour 18 greens, il en faut environ 30 tonnes, à un prix moyen de 100 francs la tonne (Beni Kreier: «à Schönenberg, les greens engloutissent 60 tonnes de sable!"). Sabler 14 fairways exige au minimum 200 tonnes (à Schönenberg 600 tonnes) d'un sable de qualité inférieure dont le prix est divisé par deux. Cela démontre aussi à l'envi combien la qualité d'un parcours dépend du budget à disposition.

- Scarifier. Là aussi, le terme dit bien de quoi il s'agit: des couteaux rotatifs font des incitions perpendiculaires dans le sol. Combinée avec le fauchage, la scarification est la mesure adéquate pour briser la croûte, amincir les touffes trop denses ou trop feutrées du gazon. Certaines espèces ont tendance à feutrer, notamment la famille des Agrostis. On doit en outre enlever les plantes mortes qui ne pourraient pas être détruites suffisamment rapidement. Il peut y avoir menace d'attaques de champignons ou de bactéries lorsque la minéralisation ne se fait pas.

Après la scarification, on répand généralement sur les greens un sable fin. C'est ce qu'on appelle le «top-dressing». - Taillader. Il s'agit, au moyen d'accessoires spéciaux lors du fauchage, de pratiquer, surtout dans les fairways, de petites rainures ou des trous dans la couche supérieure. Ils pourvoient à l'aération à court terme. On ne met pas de sable. Outre une amélioration de l'oxygénation, ils servent aussi à une meilleure irrigation du sol. Car une surface dure ne laisse qu'à peine pénétrer l'eau. Celle des sprinkler a souvent, sous nos latitudes, une forte teneur en calcaire; elle est donc relativement dure et a une forte tension superficielle. Elle n'est pas bien absorbée par la terre et c'est pourquoi il faut parfois avoir recours à un adoucisseur d'eau. L'eau de pluie est en revanche beaucoup plus douce; elle est donc de bien meilleure qualité pour le gazon.

L'action de l'eau...

La Suisse se trouve dans une zone climatique où l'on enregistre des extrêmes: chaleur, froidure, sécheresse, inondations se suivent. L'entretien des golfs doit tenir compte de ces conditions-là. Car le but est bien d'obtenir une bonne et constante qualité de parcours. Pour le greenkee- per, des difficultés supplémentaires peuvent venir de sols aux propriétés inadéquates et de variétés de gazon mal adaptées aux conditions locales que l’on a choisies un peu au hasard lors de la construction, sans lui demander son avis. Et il est pratiquement inenvisageable de changer après coup la terre et le gazon sur la totalité d'un parcours.

Le greenkeeper doit donc vivre avec ce qu'il a, ce qui n'est pas si simple dans le cas de Schönenberg, comme le confesse Beni Kreier. Une large partie du parcours repose sur de la tourbe, ce qui rend la maîtrise de l'irrigation particulièrement difficile, ce matériau étant imperméable. Un excès d'eau provoque des flaques à la surface et donc un manque d'oxygénation et un tassement rapide. Il empêche aussi l'air de circuler et nuit aux plantes. Il n'y a cependant pas que sur les sols tourbeux que Béni Kreier recommande d'arroser parcimonieusement. Une humidité permanente trop forte dans la couche supérieure empêche les racines de pousser en profondeur, car la plante prend ses aises. Si elle doit, en cas de manque, aller chercher l'eau plus profond pour satisfaire ses besoins, elle survivra d'autant mieux lors des périodes sèches grâce à ses longues racines. Il convient en tout cas de privilégier l'eau de pluie. L'idéal pour le gazon est la pluie fine régionale. Mais avec les caprices dont la météo nous gratifie par les temps qui courent, on en a le plus souvent de fortes et bien localisées, voire des orages, de ces pluies qui mettent sous l'eau fairways et greens. Les périodes sèches sont aussi devenues plus fréquentes et plus longues, ce qui rend l'arrosage incontournable. On peut cependant compter à de nombreux endroit sur la nappe phréatique. Car l'eau monte dans le sol par capillarité jusque dans les couches supérieures.

S'il y a trop d'eau de manière régulière, cela peut avoir des effets néfastes. Par le fait que les racines ne poussent pas en profondeur, le gazon sera d'autant plus sensible lorsque l'eau manquera et d'autant plus vulnérable aux attaques de parasites et de champignons.

L’action des engrais...

Les couches porteuses du terrain de sport – départs, greens – sont plutôt maigres. On n'y trouve pas ou peu la vie naturelle que l'on a dans les rough tout proches. Il y a beaucoup de sable et peu d'humus. Si cela favorise de bonnes conditions pour la pratique du golf, cela en revanche rend plus difficile la survie des plantes car elles ne sont pas

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