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COIN C

DE NOM !

POUR TOUS LES « OUI-OUI » QUI OPINENT DU BONNET À LA MOINDRE DEMANDE, VOILÀ QUELQUES EXPLICATIONS POUR NE PAS RESTER COINCÉ DANS UN SCHÉMA PROGRAMMÉ ET APPRENDRE À REFUSER, POSER, HAUT ET CLAIR, LE « NON » DE LA DÉSOBÉISSANCE. VIVE LA RÉBELLION ! Par Nolwenn Huyart Illustration Sophie Caquineau

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2-3 ans, le bambin est cloué entre la prise de conscience de son autonomie qui l’amène à s’opposer à ses parents et l’angoisse de perdre leur amour. Pour peu que l’éducation soit rigide ou qu’il soit soumis à des chantages affectifs - “si tu n’es pas gentil, tu vas rester tout seul” -, l’enfant modélisera que mieux vaut ne pas trop la ramener, que d’être abandonné de ceux dont il veut être le plus aimé. Il se place alors dans la fonction de l’enfant à jamais obéissant, “avec lequel on n’a jamais eu de problème”. Quand il sera adulte, ses relations en seront imprégnées et son rapport à l’autre, notamment à l’autorité, reposera sur des peurs infantiles : en bon petit soldat, s’opposer serait de prendre le risque de fâcher, donc d’être mésestimé, voire rejeté. Et il n’y a rien de plus affectant que de perdre un amour.

LE DÉNI DE SOI Dans l’incapacité à dire non, se dessine aussi une nette tendance à davantage privilégier les désirs des autres que les siens. Au démarrage, il y a toujours une image négative de soi-même. Or, cette façon de se comporter est une double peine : non seulement, on reste à côté de soi-même en se dévalorisant, mais on subit, en plus, les frustrations, voire les colères que cette attitude implique, et qui peuvent être projetées vers celle/celui qui a obtenu gain de cause : “j’ai fait de l’escalade avec mon mari malgré mon mal de dos. Et il s’en fout !” Si la volonté de ménager l’autre peut sembler louable, elle dissimule, inconsciemment, une quête de toute puissance. Même si la personne a une mauvaise estime d’ellemême, son inconscient n’a jamais renoncé à satisfaire un sentiment de suprématie.

L’EGO TOUT-PUISSANT C’est, en effet, un sacré bénéfice secondaire (c’est-à-dire un avantage non-conscientisé) à être celui qui sera corvéable, disponible à la moindre demande, celle à qui on pourra glisser un énième dossier. Dire « oui » à tout permet de renforcer son sentiment de toute puissance et de gonfler les batteries de l’estime de soi. Il faut prouver aux autres, et à soi-même, qu’on est le sauveur sur qui on peut compter en toutes circonstances, le brave garçon ou la brave fille qui doit rester bon(ne) pour être aimé(e). Se sentant valorisé, l’ego se croit unique et irremplaçable. S’instaure alors une boucle d’habitudes, une dépendance à l’autre au risque de ne pas exister par soi-même.

S’ENTRAÎNER À DEVENIR SOI Dire « non », ça s’apprend. C’est tout d’abord prendre conscience de l’enfermement dans lequel on se trouve, de faire le point de toutes les situations où on s’est senti coincé, engourdi, frustré et déçu. Pour ne pas s’accrocher aux blessures imaginaires, devenant aveugle aux choses telles qu’elles sont réellement, explorer l’émotion qui surgit dans la difficulté à « dire non » favorise la conscience bienveillante de soi-même. Et, quand on peut en parler à l’autre, un lien complice et authentique s’instaure dans la relation. Nous souffrons tous, peu ou prou, du désir d’être vu, ou de ne pas exister (à suivre dans un prochain N° !), inconscients de notre véritable potentiel. Que serait la vie si nous étions libérés de nos peurs ? A quoi ressemblerait le monde si nous pouvions nous rencontrer dans la similitude des blessures de nos cœurs, plutôt que de croire que nous sommes seuls et imparfaits ? + d’infos : S’affirmer et oser dire non de Christel Petitcollin - Ed. Jouvence Petit cahier d’exercice - s’affirmer et oser dire non de Anne Van Stappen - Ed. Jouvence

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